École des chartes » ELEC » Architectes diocésains » DANJOY Jean-Charles (Léon Jean Charles, dit)

DANJOY Jean-Charles (Léon Jean Charles, dit)

1806-1862.

Il fut l'un des premiers architectes attaché aux Monuments historiques ; il restaura en 1840 le château de Falaise, l'église Saint-Pierre de Lisieux, puis le château de Saint-Sauveur le Vicomte (Manche), la tour Pey-Berland à Bordeaux et de nombreux édifices en Normandie ; il restaura également la collégiale de Braisne. Il obtint une médaille d'or pour le concours ouvert pour le tombeau de Napoléon Ier, fut l'auteur du tombeau du prince Demidoff au Père-Lachaise et de projets pour un château à Marseille. Il réalisa un projet de restauration de la Basse-œuvre de Beauvais.

Il entra aux Édifices diocésains vers 1843 en se voyant confier la restauration de la cathédrale de Meaux, qu'il conserva jusqu'à sa mort. En même temps, il participa au concours organisé en vue de la restauration de Notre-Dame de Paris. En 1850, il exposa un projet de restauration de la cathédrale de Metz pour lequel il obtint une médaille d'or ; en 1853, il fut nommé architecte diocésain de Coutances et de Bordeaux où il décora une chapelle de la cathédrale aux frais de la fabrique et fit d'importants travaux de restauration. À Coutances, il fut chargé de la construction du grand séminaire mais la mort l'empêcha de poursuivre cet édifice.

Viollet-le-Duc écrit à son sujet (compte-rendu du personnel) :

M. Danjoy est, comme chacun sait, l'un de nos plus habiles architectes et les travaux qu'il a fait exécuter à Meaux au milieu des difficultés les plus sérieuses font connaître le soin que M. Danjoy apporte dans les ouvrages qu'il dirige. M. Danjoy a rendu de véritables services aux arts et il me paraît que l'administration devrait, par une marque toute particulière, reconnaître le mérite de cet architecte chargé aujourd'hui par elle de travaux très importants. M. Danjoy, après les études sérieuses auxquelles il s'est livré, après les services qu'il a rendus, devrait être décoré. Cette marque de distinction si bien méritée serait pour M. Danjoy une juste récompense et un puissant encouragement pour le corps des architectes diocésains qui, jusqu'à ce jour, n'ont eu à recueillir dans leurs fonctions que des difficultés et ont dû faire des sacrifices souvent au-dessus de leur position. Je ne doute pas que tous les confrères de M. Danjoy n'applaudissent à cette distinction.

M. Danjoy m'a dit être satisfait de son inspecteur que je n'ai pas vu à Meaux.

Quant à Reynaud, il écrit de son côté (compte-rendu du personnel) :

M. Danjoy est un artiste de premier ordre ; le sentiment de la forme est développé chez lui à un très haut degré et il abonde en idées poétiques qu'il sait exprimer avec un charme et une distinction rare. C'est un esprit original, chercheur, éminemment consciencieux et toutes ses compositions portent le cachet de son individualité. Peut-être, ne sait-il pas toujours maintenir en de justes limites les qualités qui le distinguent tout particulièrement. Peut-être a-t-il quelque tendance à engager l'architecture dans une voie pleine de dangers et doit-on regretter qu'un jugement plus sûr ne vienne pas toujours s'opposer aux écarts de son imagination ? Mais, malgré ces doutes qu'il était de mon devoir de vous soumettre, M. le ministre, je regarde M. Danjoy comme l'un de nos architectes les plus remarquables. J'ajouterais que c'est un homme très honorable qui étudie ses projets et dirige ses travaux avec la plus grande sollicitude et qu'il a déjà donné de nombreux témoignages de son talent et de son mérite, tant à votre administration qu'à celle des Monuments historiques. M. Danjoy, par ses bons services aussi bien que par son talent, me paraît avoir des droits à la décoration de la légion d'honneur et j'estime, M. le ministre, que vous ferez acte de justice en même temps que de bonne administration en lui faisant obtenir cette distinction.

Danjoy passa pour un excellent dessinateur, un artiste fantaisiste et plein d'imagination, mais peu pratique. Hamille écrivait de lui :

J'ai pensé, les années précédentes, qu'il n'y avait pas lieu d'accorder à M. Danjoy la croix de la légion d'honneur. Ce n'est pas que je méconnaisse le talent artistique et l'érudition réelle de cet architecte mais il avait jeté l'administration dans de tels embarras qu'il lui était fâcheux de faire suivre un blâme sévère d'une récompense éclatante. Je constate, avec empressement et satisfaction, que l'administration de M. Danjoy est meilleure et qu'il a tenu compte des avertissements de Son Excellence. Toutefois, le moment est-il venu de proposer M. Danjoy à Sa Majesté ? La question est délicate. D'une part, cet architecte est fort intéressant et ne mérite pas tous les reproches qui lui sont faits et qu'il faut attribuer à un manque de tact et nullement à la mauvaise foi. Je suis convaincu que M. Danjoy a pu se tromper dans ses relations avec les autorités administratives et qu'il a toujours cru et voulu agir très honorablement. Mais, d'autre part, il a excité dans le département de la Manche des irritations et des défiances qui ne sont point encore calmées et ce serait peut-être les raviver que de hâter la nomination de M. Danjoy dans l'ordre de la légion d'honneur. Je serais donc d'avis de faire comprendre à cet architecte qu'on est disposé à lui faire obtenir la récompense qu'il désire mais qu'il y a trop peu de temps qu'il s'est élevé des réclamations fondées et ardentes contre ses travaux.

Voir aussi : ABADIE Paul ; BÉRARD Étienne, Désiré ; DANJOY Eugène, Gustave, Édouard ; LABBÉ Pierre, Auguste ; OHNET Léon ; REYNAUD François, Léonce ; SAVARD Jules, Prosper ; VIOLLET-LE-DUC Eugène, Emmanuel.