1858
16 janvier 1858
Présents : MM. Lenormant, de Laborde, Questel, Paul Lacroix, du Sommerard, Vaudoyer et Courmont.
Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur.

MM. Mallay et Dauvergne, auteurs du projet de décoration de l'église d'Issoire, sont introduits. Ils montrent à la Commission les dessins qui composent leurs études sur la décoration proposée de l'église d'Issoire, et font connaître dans quels édifices de l'Auvergne ils ont pris les éléments des divers motifs employés dans les différentes parties de l'édifice.

M. Lenormant est d'avis qu'avant de commencer la décoration peinte on fasse des moulages des chapiteaux du choeur. Passant à l'étude du projet il propose de prendre pour point de départ la simplicité de l'ornementation de l'église de Sainte-Nectaire, d'arrêter quelques observations générales qui feront la base de l'examen approfondi qui devra être fait du projet, et pour les détails, de renvoyer à une commission d'architectes qui ferait un rapport.

Comme observations générales, M. Lenormant est d'avis, autant que possible, de ramener les études destinées à être exécutées à l'unité et à la simplicité de l'architecture de l'édifice. 80/15/009/75 Ainsi il voudrait qu'on substituât des tons unis au bariolage des colonnes, et autant que possible de tons uniformes pour toutes les colonnes. Il désirerait également qu'on ramenât toutes les voûtes de la nef et du choeur à un effet plus simple. En troisième lieu, un point sur lequel M. le président appelle l'attention de la Commission, c'est que les chapiteaux du choeur n'ont jamais reçu d'ornementation peinte et qu'il est à souhaiter qu'ils restent toujours tels qu'ils sont. En somme, il demande que l'on ne fasse pas plus que ce qui a existé et qu'on a retrouvé sous le badigeon.

La Commission approuve les propositions du président et est d'avis qu'elles devront être pour les deux auteurs des projets, présents à la délibération, le thème qu'ils devront suivre dans la rectification du projet qu'ils ont soumis à la Commission.

Tombes de l'église de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain)

M. le préfet de l'Ain et Monseigneur l'évêque de Belley demandent un secours pour les réparations à faire au caveau sépulcral qui, dans l'église de Brou, renferme les restes des Ducs de Savoie, pour l'approprier d'une manière convenable à sa destination et renouveler, ou pour mieux dire remplacer, les cercueils en plomb des deux princesses, la clôture du caveau, et faire, en un mot, tout ce qui doit prévenir désormais les délibérations que l'ouverture du caveau a mis à jour.

Le devis de la dépense s'élève à 4 000 Francs, et le préfet annonce que le ministre des Cultes consent à prendre à sa charge le tiers de la dépense.

M. Mérimée, rapporteur, trouve impossible que la dépense de cette réparation soit prise sur le fonds des Monuments historiques. C'est au ministère des Cultes, peut-être au ministère des Affaires étrangères qu'il croit devoir renvoyer l'affaire.

La Commission, contrairement à l'opinion du rapporteur, est d'avis d'allouer une somme de 2 000 Francs sur le fonds des Monuments historiques, en demandant au ministère des Cultes d'allouer les deux autres mille francs, qu'il ne peut refuser à aucun titre.

Château de Bayard à Pontcharra (Isère)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le préfet de l'Ain demande que dans le but de conserver les souvenirs que rappellent les ruines du château où naquît Bayard, le gouvernement de l'Empereur veuille bien accueillir la demande tendant à ce que la Propriété Bayard soit acquise par l'État, que cette propriété acquise et restaurée également par l'État devienne l'Asile des vieux capitaines qui auraient le mieux marché sur les traces du héros. Cette demande du préfet n'est que l'expression des voeux du Conseil général de l'Isère.

Le rapporteur est d'avis que l'administration des Monuments historiques n'a pas à intervenir dans cette affaire : il n'y a plus de monument, et le service des Monuments ne peut acheter des prés et des vignes qui ont appartenu au Chevalier Bayard. 80/15/009/76

Sur les observations de M. Lenormant, la Commission est d'avis de demander au préfet quel serait le concours du département de l'Isère dans cette affaire, en restreignant la portion de l'immeuble à acheter aux ruines proprement dites, et en laissant tout le reste de la propriété à vendre au propriétaire. Bien entendu, la Commission n'entendrait pas proposer au ministre de donner suite aux projets relatifs à la restauration et à l'usage proposé, qui ne lui paraissent convenables ni l'un ni l'autre.

Église de Tilloloy (Somme)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne lecture d'une lettre par laquelle M. Le baron de Schulembourg sollicite un secours pour commencer les restaurations de l'église de Tilloloy.

Le rapporteur rappelle à la Commission qu'une somme de 8 600 Francs a déjà été consacrée aux réparations de ce monument dont l'importance est véritablement secondaire.

La Commission, considérant que les secours donnés jusqu'ici sont en proportion avec l'intérêt que présente l'édifice et qu'il n'y a pas lieu de les dépasser, est d'avis de rejeter la demande.

23 février 1858
Église Sainte-Amable à Riom (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur.

Le secrétaire donne connaissance à la Commission d'une lettre par laquelle M. le préfet du Puy-de-Dôme signale la nécessité de démolir la tour extérieure de l'église Saint-Amable de Riom et demande qu'un inspecteur des Monuments soit envoyé à Riom pour reconnaître l'urgence de cette mesure proposée par M. Mallay.

Le rapporteur est d'avis qu'il n'y a pas lieu de s'opposer à ce qu'il soit procédé à la démolition demandée, si cette mesure paraît nécessaire au préfet du Puy-de-Dôme et au maire de Riom pour prévenir les accidents ; mais que, dans l'état de l'instruction où se trouve cette affaire, il doit être bien entendu que la démolition du clocher ne devra pas avoir pour conséquence la reconstruction immédiate aux frais de l'État d'un nouveau clocher. C'est donc à l'autorité municipale qu'appartiendra de donner les ordres nécessaires pour prévenir tout accident 80/15/009/77 et la dépense qui résultera sera supportée par la caisse municipale qui devra y affecter les ressources encore à la disposition de la Ville et qui proviennent des subventions accordées précédemment sur les fonds de l'État.

Quant à l'envoi à Riom d'un inspecteur ou d'un architecte, le rapporteur pense que cette mesure n'est pas nécessaire pour fixer l'administration sur la question, car elle a été étudiée par M. Viollet-le-Duc qui en a rendu compte au ministre dans un rapport du 30 juillet 1855.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Église de Kermaria à Plouha (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission qu'il résulte d'un rapport de M. Geslin de Bourgogne, transmis par M. le préfet des Côtes-du-Nord, que l'église de Kermaria à Plouha renferme des peintures murales qui paraissent présenter un grand intérêt archéologique, entre autres, une Danse macabre, puis des figures de Prophètes, du Martyre de sainte Marguerite et les Sept Péchés capitaux. Le correspondant du ministère appelle vivement l'intérêt du ministre sur ces peintures.

M. Mérimée est d'avis que cette découverte est de la plus grande importance. Il croit nécessaire d'envoyer sur les lieux, conformément aux conclusions de M. Geslin de Bourgogne, un artiste qui dessine ces curieuses peintures et qui avise aux moyens de détacher le badigeon qui existe encore sur une partie des murs. Peut-être serait-il possible de fixer la peinture au moyen d'un vernis à la cire comme on l'a fait avec beaucoup de succès au Puy.

Le rapporteur pense que M. Denuelle qui a dirigé cette opération pourra donner tous les renseignements à cet égard et peut-être se charger de l'exécution des dessins.

La Commission approuve les conclusions du rapport de M. Mérimée et pense que le choix de M. Denuelle est le meilleur qu'on puisse proposer au ministre.

Église du Lion-d'Angers (Maine-et-Loire)

M. Lenormant, rapporteur, demande qu'on veuille bien charger M. Denuelle de passer par le Lion-d'Angers lorsqu'il ira en Bretagne, pour y voir les peintures que renferme cette église.

La Commission partage cet avis.

Théâtre de Champlieu (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission qu'il résulte d'un rapport de M. Viollet-le-Duc au sujet des restes qui recouvrent le territoire de Champlieu qu'il serait fort intéressant de fouiller complètement le Théâtre et le Temple et que ces fouilles n'occasionneraient qu'une dépense peu importante. Les déblais du Théâtre et la clôture coûteraient environ 2 500 Francs, les déblais du Temple et sa clôture 2 800 Francs. Quelques travaux de conservation 80/15/009/78 seraient nécessaires pour prolonger la durée des maçonneries du Théâtre fort médiocrement exécutées. Ces ouvrages occasionneraient une dépense de 500 Francs, en tout 5 500 Francs. Quant à l'acquisition du Théâtre, M. Viollet-le-Duc l'estime de 1 800 Francs à 2 000 Francs et celle du Temple à la somme de 7 à 800 Francs. Ce serait au total une dépense de 8 600 Francs environ.

Le rapporteur pense que, quant au Temple, il n'y aura pas lieu d'acheter le terrain, le propriétaire paraissant disposé à autoriser les fouilles et même à accéder aux bas-reliefs. Il croit qu'il serait possible de reconstruire le Temple qui fut bâti de très gros blocs encore assez bien conservés, et dont il ne paraît pas qu'on ait enlevé d'autres fragments qui sont dans la cour de M. Caillette de l'Hervilliers.

M. Mérimée et M. Viollet-le-Duc ont constaté qu'aucun bloc du Temple n'avait été employé dans la construction du Théâtre, d'où l'on peut conclure que le premier de ces monuments existait et se trouvait même en assez bon état de conservation lorsque le Théâtre a été élevé.

Les conclusions du rapporteur sont adoptées. La Commission propose de réserver une somme de 8 000 Francs environ.

Église de l'abbaye du Ronceray à Angers (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur.

Par un rapport en date du 16 décembre 1857, M. Godard-Faultrier, correspondant des Monuments historiques dans le département du Maine-et-Loire, a signalé à l'attention du ministre d'État la découverte qui venait d'être faite dans l'ancienne basilique du Ronceray, aujourd'hui École des Arts et Métiers, des cryptes de cette église.

M. Joly-Leterme, architecte, instruit de la même découverte, vient d'adresser au ministre un travail sur ces mêmes découvertes auquel il a joint un devis des dépenses qu'occasionnerait la réparation du monument s'élevant à 7 442 Francs 30.

Mais il existe un grave obstacle non seulement à la réparation mais même à la conservation de ces restes antiques. D'après les informations fournies par M. Godard-Faultrier l'architecte chargé des travaux de l'École des Arts et Métiers vient de donner l'ordre de procéder de suite à la construction des bâtiments qui doivent amener la destruction des cryptes, et l'administration de l'École vient d'écrire au ministre de l'Agriculture et du Commerce pour être autorisée à faire passer des matériaux sur l'endroit même où se trouvent les restes de la crypte.

Le rapporteur est d'avis de remercier M. Godard-Faultrier des renseignements qu'il a fournis. Il lui semble que dans aucun cas, il n'y aurait lieu de prendre sur le fonds des Monuments historiques l'appropriation au culte des cryptes du Ronceray. Il pense que, si la Ville d'Angers et la Fabrique contribuaient aux réparations du monument, peut-être le ministre pourrait-il leur venir en aide.

La Commission approuve les conclusions du rapport et est d'avis d'intervenir auprès du ministre de l'Agriculture pour obtenir qu'il soit donné des ordres pour la conservation des cryptes ; sans cette mesure préalable, rien de tel ne pourrait être fait.

Église de Culhat (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commune de Culhat est en instance auprès du ministre pour obtenir le classement de son église et un secours pour sa restauration. Pour donner une preuve de sa bonne volonté elle s'engage à faire la moitié de la dépense portée au devis de M. Mallay qui s'élève à 24 677 Francs.

Le rapporteur est d'avis que cette Commune est véritablement digne d'éloges, mais il lui semble que la restauration proposée ressemble un peu à une reconstruction.

La Commission partage l'avis du rapporteur et propose de ne pas classer le monument qui lui paraît tellement mutilé qu'il a perdu son intérêt.

Église de Vernon (Eure)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que la Ville de Vernon offre de contribuer à la dépense de restauration de son église qui s'élève à 78 000 Francs pour 30 000 Francs. Elle demande au ministère d'État 35 000 Francs. et au ministère des Cultes 12 000 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder une somme de 30 000 Francs. persuadé que la Commune qui a déjà montré beaucoup d'empressement à contribuer à la dépense du monument consentira à s'imposer un nouveau sacrifice de 6 000 Francs. dès qu'elle pourra compter sur le concours de l'État.

Cette opinion est partagée par la Commission.

Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

Sur les observations présentées par M. Mérimée, la commission adopte le second projet de décoration proposé par M. Dauvergne pour l'église d'Issoire. Le président demande seulement qu'on ait soin de faire mouler les chapiteaux du choeur avant de les décorer.

Église Saint-Vincent de Mâcon (Saône-et-Loire)

M. le préfet de Saône-et-Loire demande un secours au ministre pour aider la Ville de Mâcon à payer de très mauvais travaux qui ont été exécutés dans l'ancienne église Saint-Vincent à Mâcon.

Sur les observations de M. Mérimée, rapporteur, la commission est d'avis d'adresser un blâme sévère de ce qui a été fait sans l'approbation du gouvernement qui n'est aucunement en rapport avec le style de ce monument qui méritait d'être traité avec plus de soin et par des artistes plus habiles que ceux qui ont dirigé ce travail. 80/15/009/80

Église d'Auvers (Seine-et-Oise)

Sur le rapport de M. Mérimée, la commission est d'avis qu'il y a lieu d'allouer une somme de 5 000 Francs pour la réparation de l'église d'Auvers.

1er mai 1858
Mosaïque découverte à Vésone (Dordogne)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. l'abbé Audierne sur des découvertes faites récemment aux environs de Périgueux par suite des travaux du chemin de fer et du canal qui s'exécutent aux abords de cette ville.

Il résulte de ce rapport que l'on vient de découvrir dans la tranchée du chemin de fer, à 500 mètres environ de la tour de Vésone et à 40 cm de profondeur environ, une mosaïque qui s'étendait sur un [ ?] d'environ 8 à 9 M.

Cette mosaïque, inférieure à d'autres déjà trouvées à Vésone, formait un tapis limité par une large bordure offrant au milieu un encadrement orné de dessins composés d'enroulements de feuillages dont les tiges principales revenaient au centre avec des fleurs des rosaces et des fleurons. La bordure du pourtour présentait comme une chaîne de vases les uns sur les autres et produisait à l'oeil un effet gracieux. Cette mosaïque dont le fond était blanc parsemé d'étoiles régulièrement espacées, offrait cinq couleurs, le noir ou le gris qui composaient toutes les lignes et les enroulements, le jaune et le rouge qui entraient dans la composition des fleurs et le blanc servant de fond. La grandeur des cubes était généralement d'un centimètre. Cette mosaïque n'a malheureusement pas pu être conservée.

M. l'abbé Audierne cite encore dans son rapport des débris trouvés dans la même habitation dont faisait partie la mosaïque : un chapiteau d'ordre composite, 80/15/009/81 un vaste bassin en ciment rouge, une clef de robinet en bronze et une série de monnaies de Nîmes (deux Néron grand et moyen bronze et deux Hadrien) un petit vase en poterie et plusieurs fragments de poterie offrant des dessins variés, l'un d'eux représentant un Hercule terrassant l'Hydre et un autre morceau orné de fleurs portant des traces de dorure.

A cette description sont joints des dessins de la mosaïque, du robinet et des empreintes des médailles.

La Commission est d'avis de remercier M. Audierne de sa communication.

Correspondant pour le département du Rhône

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle M. le préfet du Rhône annonce au ministre la mort de M. de Comarmond, correspondant du ministère, et propose pour le remplacer M. Chenavard, professeur d'architecture à l'École des Beaux-arts de Lyon. Le préfet insiste pour que le choix du ministre se porte sur M. Chenavard par les motifs suivants :

Le département du Rhône, dit-il, possède des Monuments historiques d'une grande importance dont l'entretien et la conservation exigent le concours simultané de l'architecte et de l'archéologue. Il lui a paru que cette fonction serait avantageusement réunie dans les mains du nouveau conservateur.

La Commission, sur les observations du rapporteur, est d'avis d'écrire à M. le préfet du Rhône que pour donner satisfaction au désir qu'il exprime, il y aurait lieu de nommer de préférence M. Desjardins, architecte, qui remplit déjà les fonctions d'architecte attaché à la Commission dans le département du Rhône ; que, dans le cas où il n'aurait pas envie de porter atteinte à la situation de M. Desjardins, il veuille bien donner des explications qui précisent d'une manière exacte la mission qu'aurait à remplir le nouveau correspondant.

Château de Fère-en-Tardenois (Aisne)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, fait connaître qu'il résulte d'une lettre au ministre adressée par M. Prioux, correspondant du ministère de l'Instruction publique, que le 20 du mois de mai, le Château de Fère-en-Tardenois et ses dépendances vont être mis en adjudication. Comme ce château est classé parmi les Monuments historiques et qu'il renferme des parties de ruines d'un haut intérêt, le correspondant croit devoir prévenir le ministre.

Le rapporteur expose que déjà, en 1852, cette propriété a été mise en vente sans que le ministre ait cru pouvoir l'acquérir ; que des démarches ont même été faites en 1853 pour savoir du vendeur s'il consentirait à séparer les ruines du restant du domaine, seul cas dans lequel le gouvernement pourrait intervenir, ce à quoi M. Elbouin Marès, 80/15/009/82 propriétaire, n'avait pas cru devoir consentir. Par ces motifs, le rapporteur est d'avis qu'il n'y a pas lieu de proposer au ministre de faire l'acquisition de ce domaine qui occasionnerait une dépense de plus de 50 000 Francs.

Cette opinion est partagée par la Commission.

Abbaye d'Hambye (Manche)

M. Courmont, rapporteur.

M. l'évêque de Coutances adresse au ministre d'État un devis de 20 000 Francs pour la restauration de l'église de l'abbaye de Hambye qu'il a achetée pour y établir une succursale de la paroisse de Hambye. Un rapport très détaillé de M. [V.] Ruprich-Robert, rédigé en 1846, et des dessins fournis à l'appui établissent d'une manière certaine tout l'intérêt qui s'attache à la conservation de cet édifice, mais donnent en même temps la certitude que ce ne serait pas une somme de 20 000 Francs qu'il faudrait consacrer à cette restauration, mais une somme dix fois plus considérable. En outre, le rapport de M. [V.] Ruprich-Robert fait connaître qu'une grande partie de l'édifice est encore entre les mains de particuliers et qu'une partie seulement de l'église appartient à M. l'abbé Delamare, aujourd'hui évêque de Luçon. Par ces motifs, le rapporteur croit qu'il n'y a pas lieu de donner suite aux propositions de Mgr l'évêque de Coutances.

La Commission est d'avis de faire connaître à Monseigneur de Coutances le désaccord qui existe entre les documents qu'il envoie et ceux que le gouvernement a fait préparer, de lui signaler l'intérêt que présentent la salle capitulaire et la salle des morts, les deux parties les plus intéressantes à conserver, et de lui annoncer que le gouvernement ne peut se hasarder à prendre part à une opération dont le résultat est aussi aventureux.

Château du Vivier à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne)

M. Courmont, rapporteur.

Sur la proposition du secrétaire, la Commission décide que les membres désignés pour visiter le château du Vivier se rendront dans cette localité le jeudi 6 mai à midi. Les membres désignés sont MM. Questel, de Longpérier, du Sommerard et Vaudoyer. Le secrétaire se joindra à la sous-commission.

Château de Torigny à Torigni-sur-Vire (Manche)

M. Courmont, rapporteur.

Le préfet de la Manche transmet au ministre un projet de réparations du château de Torigny en lui demandant une subvention. La Commission a déjà émis l'opinion que la réparation de la grande façade, qui consiste en enduits et mortier en imitation de pierre de Caen, n'était pas un travail nécessaire et que, quant au rejointoiement proposé, c'était une opération qui, si elle n'était pas exécutée avec 80/15/009/83 beaucoup de soins pourrait altérer le caractère de l'édifice. Lorsque la Commission refusait d'autoriser les travaux projetés, la Commune, loin de demander une subvention, annonçait qu'elle avait les ressources pour les exécuter. Aujourd'hui, la situation est bien différente, la Commune n'a pas été autorisée à faire l'emprunt qu'elle voulait affecter à cette dépense et elle vient demander à l'État d'y pourvoir.

Comme le château de Torigny ne présente qu'un intérêt très secondaire et en outre qu'il est affecté aux services de la mairie et de la Justice de Paix de la Commune de Torigny, le rapporteur propose de rejeter la demande.

La Commission partage l'avis du rapporteur et regrette même que des allocations anciennes aient consacré le classement de l'édifice qui ne lui paraît ne mériter que très médiocrement cette faveur.

Église du Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, expose qu'il reste encore dû sur les travaux de l'église du Puy-Notre-Dame une somme de 6 320 Francs. Ce chiffre ne constitue pas en entier un déficit dans l'entreprise. En effet, le devis approuvé par la Commission s'élevait à 28 000 Francs. Sur ce chiffre, le ministère d'État a accordé 10 000 Francs, le ministère des Cultes, 8 000 Francs et la Commune 5 300 Francs ; ce qui a donné pour l'opération des ressources s'élevant à 23 300 Francs. Le montant des travaux a été de 29 620 Francs soit 1 620 Francs au-delà du devis approuvé.

Comme l'architecte, M. Joly, justifie d'une façon très concluante la nécessité dans laquelle il s'est trouvé de continuer les travaux jusqu'à l'achèvement des réparations comprises dans son devis, le rapporteur propose d'allouer la moitié du montant des 6 320 Francs qui lui sont encore nécessaires pour solder l'entreprise en demandant au ministre des Cultes de vouloir bien contribuer au paiement de la dette pour l'autre moitié, ainsi qu'il a contribué à la première dépense.

Cet avis est partagé par la Commission.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. de Chergé, correspondant du ministère, sur un projet formé par lui au sujet du dégagement du Temple Saint-Jean à Poitiers.

La Commission approuve en principe le projet proposé par M. de Chergé, mais elle pense qu'il n'y aura lieu de sa part à soumettre des propositions au ministre que quand le projet aura été accepté par la Ville de Poitiers et qu'elle aura fait connaître quel concours elle compte donner dans cette opération. 80/15/009/84

28 mai 1858
Présents : MM. Lenormant, Caristie, du Sommerard, Mérimée, Duban, Vercollier, de Laborde, Vaudoyer, Paul Lacroix de Contencin, de Longpérier, Courmont.
Église de La Canonica (Corse)

Le sieur Romagnoli signale à l'attention du ministre le mauvais état de l'église de La Canonica, classée parmi les Monuments historiques, et envoie des dessins du monument.

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que les restes de l'église de La Canonica, tout intéressants qu'ils sont, ne peuvent être conservés qu'à l'état de ruines et qu'on peut d'autant moins songer à les réparer pour les rendre au Culte qu'elles sont en dehors de tout centre de population. Dans tous les cas, le ministre ne pourrait statuer que sur la vue de documents mieux étudiés.

Le rapporteur propose en conséquence, l'ajournement de cette affaire.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Temple de Diane à Nîmes (Gard)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, rapporteur, la Commission est d'avis d'allouer pour l'achèvement de la clôture du Temple de Diane une somme de 1 252 Francs 90 en considération des sacrifices que s'imposent la Ville de Nîmes et le département du Gard pour contribuer à la même opération.

Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne lecture à la Commission des propositions qu'adresse M. Révoil, architecte, dans l'intérêt de la continuation des travaux de clôture et de fouilles du Théâtre antique d'Arles.

Sur les conclusions du rapporteur, la Commission approuve la proposition de l'architecte et est d'avis d'allouer les 10 213 Francs demandés pour cette restauration. 80/15/009/85

Abbaye de Montmajour à Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant signale à la Commission l'urgence qu'il y aurait à acheter la salle capitulaire de l'abbaye de Montmajour qui va se trouver en vente prochainement, ce qui rendrait la Ville d'Arles propriétaire de cet intéressant édifice en entier. Il ne pense pas que le gouvernement puisse y contribuer, puisque les ressources sont affectées à la restauration et au déblaiement des abris du Théâtre, mais il croit qu'il y aurait lieu d'encourager la Ville d'Arles à faire cette acquisition en lui mettant sous les yeux les sacrifices que l'État s'impose pour ses autres monuments.

La Commission partage cet avis. 80/15/009/85

Église Saint-Salvy d'Albi (Tarn)

M. Courmont, rapporteur.

Le préfet du Tarn adresse avec diverses pièces à l'appui une demande de secours pour aider la Ville d'Albi à pourvoir au paiement des dépenses de dégagement de l'église Saint-Salvy aux côtés nord et ouest de l'édifice, et des réparations que nécessite l'état du monument. Le préfet rappelle qu'une subvention de 40 000 Francs avait été promise à la Ville d'Albi pour le dégagement de la façade occidentale du monument, mais que la dépense trop considérable qui serait résultée pour la Ville par suite de cette mesure, n'a pas permis à la Ville de donner suite à ce projet.

Le rapporteur pense qu'il n'y a pas lieu d'accueillir la proposition du préfet : l'intérêt que le ministère d'État attache à l'isolement de l'église Saint-Salvy, concerne sa façade occidentale ; sans doute il est désirable que l'édifice soit dégagé sur toutes ses faces ; mais le but que poursuit en ce moment la Ville d'Albi a plutôt pour objet de pourvoir à des besoins de voierie qu'à la conservation de l'église. Et quant aux travaux proposés pour l'édifice lui-même, ce sera plutôt des travaux d'entretien négligés depuis longtemps que des travaux de restauration auxquels il s'agit de pourvoir.

Par ces motifs, le rapporteur propose de rejeter la demande.

Cet avis est adopté.

Église de La Ferté-Bernard (Sarthe)

M. le préfet de la Sarthe rappelle au ministre d'État que, par une dépêche de 1852, une somme de 7 000 Francs a été accordée conditionnellement par le ministre de l'Intérieur pour la restauration de l'église de La Ferté-Bernard. Comme le montant des travaux nécessaires s'est augmenté depuis cette époque, tout en réclamant l'exécution de la promesse faite à la Ville de La Ferté-Bernard, le préfet demande que l'allocation promise soit portée à 10 000 Francs.

M. Mérimée, rapporteur, pense que le ministère est engagé par la promesse faite en 1852, bien que le délai de 6 ans que la Ville a mis à remplir la condition proposée puisse être considéré comme un motif pour refuser aujourd'hui le concours offert en 1852. L'importance réelle de l'édifice et aussi la réputation qu'on lui attribue doivent être prises en considération. Toutefois, en accordant une subvention de 10 000 Francs au lieu de 7 000 Francs offerts autrefois, le rapporteur croit qu'on devrait stipuler que cette allocation ne s'appliquera en aucune façon à des travaux déjà faits et qu'il en sera de même des ressources locales, enfin, que les travaux ne seront exécutés que sous la direction d'un architecte désigné par le ministre.

Cet avis est adopté par la Commission qui désigne M. Lambert pour diriger l'entreprise. 80/15/009/86

Église de Montbenoît (Doubs)

Une demande est adressée par le préfet du Doubs en faveur de l'église de Montbenoît.

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église dont il s'agit est d'un très médiocre intérêt. Elle a déjà reçu des subventions peut-être supérieures à son importance. Aujourd'hui, il s'agit de travaux d'entretien qui dans aucun cas ne doivent retomber à la charge de l'administration des Monuments historiques.

Cet avis est partagé par la Commission.

Porte de Brest à Dinan (Côtes-du-Nord)

M. le ministre des travaux publics demande au ministre d'État de lui faire connaître son opinion sur la proposition faite par les ingénieurs des Côtes-du-Nord de démolir les tours de l'ancienne Porte de Brest.

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis qu'il y a lieu d'instruire de nouveau cette affaire et que, vu l'intérêt que présente le monument, il y a lieu d'aviser aux moyens de détourner la route de façon à ménager la tour.

Avis adopté.

Église de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission est d'avis d'allouer une somme de 3 587 Francs pour la continuation des travaux de restauration de l'église Saint-Bertrand-de-Comminges.

Fortifications de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte d'une dépêche de M. le ministre de la Guerre qu'il y aurait lieu d'établir sur de nouvelles bases les conventions faites entre son administration et le ministère d'État, relativement à la restauration de l'enceinte extérieure de la Cité de Carcassonne.

L'administration de la Guerre serait d'avis que

1° désormais les travaux de la première enceinte devront être poursuivis par les soins des architectes civils, lesquels resteront également chargés de l'entretien ultérieur de cette enceinte

2° que le service militaire contribuera pour un tiers dans toute la dépense jusqu'à concurrence de 40 000 Francs

3° qu'il contribuera dans la même proportion aux frais ultérieurs d'entretien des fortifications

4° les projets dressés par les architectes civils devront être soumis à l'approbation des ministres d'État et de la Guerre.

M. Mérimée est d'avis d'adopter les propositions du ministère de la Guerre, sauf les réserves en ce qui concerne l'entretien des fortifications telles que M. Viollet-le-Duc les a suggérées dans un rapport qu'il a adressé 80/15/009/87 au ministre sur cette question.

Cet avis est partagé par la Commission.

Tour Blanche à Issoudun (Indre)

M. Mérimée, rapporteur.

Une demande de secours a été adressée par le préfet de l'Indre en faveur de la Tour Blanche d'Issoudun.

M. Mérimée, rapporteur, pense que le projet de couverture en fer et zinc avec tuyaux de descente est barbare. Il ne comprend pas trop au reste ce que l'on entend par la restauration de cet édifice. A son avis, cette Tour mérite d'être conservée, mais il ne pense pas qu'on doive chercher à la rétablir dans son état primitif. Ce qu'il faut faire d'abord, c'est s'assurer de sa situation, examiner les mesures à prendre pour empêcher sa ruine, et surtout aviser à ce que des travaux inintelligents ne lui fassent pas perdre son caractère.

Sur ces observations, la Commission est d'avis de charger M. Mérindol de visiter ce monument.

Église de Faverney (Haute-Saône)

M. Mérimée, rapporteur.

La Commune de Faverney, bien que très pauvre, a voté une somme de 6 000 Francs pour l'exécution des travaux de son église évalués à 14 000 Francs. Elle demande que l'administration prenne à sa charge les 8 000 Francs qui doivent compléter le montant du devis.

Le rapporteur serait très disposé à proposer l'allocation demandée en considération du sacrifice consenti par la Commune, s'il ne s'étonnait pas de voir que M. [Émile] Boeswillwald, chargé des travaux précédemment exécutés, est étranger au devis joint au dossier.

En conséquence, le rapporteur demande que M. [Émile] Boeswillwald soit consulté sur la restauration proposée, et qu'il soit demandé au préfet pourquoi cet architecte n'a pas été chargé de préparer le devis des travaux.

Avis approuvé.

Palais épiscopal de Laon (Aisne)

Sur la proposition de M. Mérimée, rapporteur, la Commission approuve les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald relatif aux projets d'aménagement de certaines parties de l'ancien palais épiscopal, actuellement palais de justice de Laon.

Château du Vivier à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne)

M. Vaudoyer, rapporteur, rend compte à la Commission de la visite que la sous-commission, chargée d'aller au Vivier, a faite de ce monument. Le rapporteur expose que les ruines de ce château ne sont pas d'un intérêt de premier ordre, que cependant quelques parties sont assez bien conservées pour mériter l'attention du gouvernement. La Princesse Bacciocehi désirait qu'on restaurât une certaine tour : la sous-commission a pensé qu'une autre tour, située près de marais et beaucoup mieux conservée, serait d'une restauration plus facile et plus intéressante. 80/15/009/88 Une glacière, placée au rez-de-chaussée de cette tour empêche de se servir de la partie basse de l'escalier. La sous-commission a été d'avis qu'on pourrait arriver au 1er étage au moyen d'un escalier extérieur, et que la réparation de cette partie du château suffirait pour donner une idée de l'ancien état des choses. Quant à la chapelle, on ne peut penser à la restaurer, ce serait une reconstruction qu'il faudrait faire. Une autre tour est prête à tomber en ruines, il y aurait lieu de faire quelques travaux pour empêcher sa chute.

Le rapporteur conclut en disant que ce sont des ruines qu'il est bon d'empêcher de tomber, et qu'on peut empêcher ce dommage en dépensant une somme de 10 à 15 000 Francs.

La Commission adopte les conclusions du rapporteur et est d'avis de proposer au ministre d'allouer 15 000 Francs en deux exercices.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. Duban, rapporteur, expose que la porte biaise qui va de la place des Jésuites à la place du Château va tomber, l'accès de cette partie de la ville est d'ailleurs presque impraticable. La Ville de Blois désire vivement que cette annexe du château disparaisse pour rendre la viabilité de cette partie de la ville plus facile.

M. Duban, loin de voir un inconvénient à ce projet serait d'avis de l'appuyer par la suppression de cette porte et des autres parties inachevées par Gaston : à la partie droite de la partie de Louis XII, on dégagerait la Salle des États et cette portion du château prendrait un aspect tout à fait intéressant.

M. Duban n'a pas encore tous les renseignements qu'il voudrait produire à la Commission à l'appui de sa proposition ; dès qu'il les aura entre les mains, il priera la Commission de prendre une décision sur cette question.

Palais de justice de Rennes (Ille-et-Vilaine)

M. Duban, rapporteur, fait connaître à la Commission que le préfet d'Ille-et-Vilaine a traité avec un restaurateur de peinture pour la réparation des dorures et arabesques qui entourent les tableaux placés dans l'ancien Palais des Ducs de Bretagne à Rennes. Cet artiste a exécuté un travail d'une manière déplorable. Ainsi à la belle dorure qui existait, il a substitué un certain bronze doré du plus mauvais goût, mais ce qui est le plus fâcheux et ce qui est irréparable, c'est qu'il a détruit entièrement l'effet des arabesques en les entourant et les cernant par un ton crû qui les perd entièrement. Or ces arabesques étaient infiniment 80/15/009/89 plus beaux que ceux de la Galerie d'Apollon au Louvre. M. Duban ajoute qu'il a adressé à ce sujet, à titre d'inspecteur des Bâtiments civils, un rapport au ministre de l'Intérieur.

Pour que ce rapport soit suivi de quelque effet, M. Duban demande que le monument soit classé et que le ministre d'État veuille bien appuyer son dire auprès de son collègue.

Ces conclusions sont adoptées.

12 juin 1858
Arc de Triomphe de Reims (Marne)

M. Caristie rend compte à la Commission des travaux exécutés sous la direction de M. Millet pour la consolidation de la Porte de Mars à Reims. Les travaux de soutènement, de l'avis du rapporteur, sont bien faits, mais on ne doit les considérer que comme des étaiements. La sous-commission s'est convaincue qu'avec quelques travaux dont le mode a été indiqué à l'architecte, on pourrait enlever le contrefort qui fait saillie pour le remplacer par une construction en sous-oeuvre qui serait définitive ; cette opération faite, on pourrait successivement et de la même manière remplacer tous les contreforts qui ont été placés sur la face postérieure.

M. Lenormant appuie l'opinion de M. Caristie : tel qu'il est actuellement, le monument est des plus laids et ne peut rester dans la situation où il se trouve.

M. Millet pensait, en procédant de la manière qu'il a adoptée, qu'on ne pouvait aller trop loin dans la voie de la restauration, que la solidité de l'édifice pourrait en être compromise. On doit cependant se rappeler que M. Brunette a exécuté la restauration d'un des côtés ; ce qu'il a fait est une restauration fâcheuse au point de vue de l'art, mais on eût pu faire mieux tout en consolidant.

La sous-commission est d'avis en conséquence qu'on peut consolider, et qu'on peut sans inconvénient relaxer des pierres pour soutenir l'angle contre lequel est appuyé le contrefort en saillie. Le nouveau travail à faire consisterait donc à remplir les parties manquantes par des constructions analogues à celles de l'arc et du même échantillon. La masse entière de l'arc serait ainsi en pierres de taille ; s'il y a lieu on ferait 80/15/009/90 même des chaînages pour augmenter la solidité et on conserverait avec soin toutes les indications d'ornementation ; de cette façon, on arriverait à un très bon effet.

M. Mérimée pense que le monument est très intéressant, mais il trouve que les sacrifices que demanderait une restauration semblable sont peut-être au-dessus de son importance.

Après ces observations, la Commission est d'avis de demander à M. Millet le devis des travaux rédigé suivant les indications que la sous-commission lui a données sur place.

Etoffes anciennes

M. l'abbé Bok fait passer sous les yeux de la Commission un certain nombre d'étoffes anciennes.

La Commission exprime le voeu que ces fragments soient achetés pour figurer dans la collection de l'Hôtel de Cluny.

11 décembre 1858
Église de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'en admettant comme exact le rapport de M. de La Morandière sur l'état où se trouve l'église de Selles-sur-Cher, il est impossible de ne pas déplorer le manque de prévoyance avec laquelle les travaux de la dernière restauration auraient été exécutés. D'un côté, l'architecte félicite l'administration municipale d'avoir supprimé le cloître, et d'un autre côté, il attribue en très grande partie à sa suppression les déchirements qui ont eu lieu dans la construction.

Quoi qu'il en soit, la situation de cette intéressante église est très alarmante. Le devis s'élève à 33 000 Francs dont 10 000 Francs seulement sont assurés par la Commune et la Fabrique. Le devis qui d'ailleurs n'est pas divisé par catégorie présente trois genres de travaux, les premiers, de consolidation, semblent monter à 7 et 8 000 Francs. Les sommes plus considérables ont pour but de réparer le transept, dont, dit l'architecte, les murs ont été détruits en partie et remplacés par un toit en appenti. Ce remplacement est apparemment d'une date ancienne et par conséquent la restauration proposée, tout utile et désirable qu'elle soit, n'a pas le même caractère d'urgence que les premiers travaux. Ainsi, avec les 10 000 Francs votés par la Commune il n'y a pas péril en la demeure.

En conséquence, le rapporteur propose de faire examiner l'église par un architecte de la 80/15/009/91 Commission qui révisera le devis avec soin et classera les travaux par degré d'urgence. Lorsque l'affaire sera complètement instruite, le rapporteur proposera une allocation, la plus large possible, pour une restauration définitive.

La Commission approuve les conclusions du rapporteur et propose de charger M. Lambert de la mission définie par M. Mérimée.

Église de Trie-Château (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait l'analyse d'un rapport de M. Verdier sur la situation de l'église de Trye-Château. Il résulte de ce rapport que ce qui constitue le principal mérite du monument dont il s'agit, c'est la façade occidentale et surtout la partie basse de cette façade, que l'architecte regarde comme le type le plus fleuri de l'architecture romane dans le département de l'Oise. Malheureusement, cette partie du monument est dans le plus déplorable état. Les soubassements sont complètement rongés et bientôt ils seront insuffisants pour soutenir la partie supérieure du portail ; en outre, plusieurs colonnes manquent ou sont gravement endommagées. Il faudrait, ajoute l'architecte, commencer par enlever un porche hideux en bois et plâtre qui masque complètement le portail, puis démolir entièrement ce portail, ainsi que les deux arcades qui le flanquent à droite et à gauche. Le devis des travaux s'élève à la somme de 8 492 Francs 19.

Le rapporteur est d'avis qu'effectivement il y a lieu d'enlever le porche qui précède le portail qui serait entièrement perdu si l'on faisait le travail de restauration de la sorte.

En conséquence, il propose de demander à M. Verdier si la dépose est absolument nécessaire. Dans le cas où M. Verdier affirmerait que cette mesure est indispensable, il proposerait de ne pas donner suite au travail proposé.

La Commission partage cet avis.

Cathédrale de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur.

En considération des sacrifices faits par la Ville de Toul pour isoler son église et du concours qu'elle offre pour la continuation des travaux, le rapporteur propose d'accorder la somme demandée qui forme la moitié de la dépense portée au devis de M. [Émile] Boeswillwald.

Il pense que cette allocation de 6 195 Francs pourrait être accordée sur le crédit de 1859.

Avis partagé par la Commission.

Église Saint-Sauveur de Dinan (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux proposés pour l'église de Dinan sont très utiles, et rendront à cet édifice remarquable l'aspect monumental que le bouchement des fenêtres et le délabrement de ses façades lui ont fait perdre.

Le rapporteur fait observer que la Fabrique de l'église de Dinan offre de payer la moitié de la dépense. Par ces motifs, M. Mérimée propose d'accorder la somme demandée, soit 17 712 Francs, moitié du devis de M. [V.] Ruprich-Robert ; toutefois, il propose de répartir les allocations sur plusieurs exercices de manière à ne pas sacrifier d'autres travaux également urgents.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission que M. Laval, architecte, a adressé au ministre un devis des travaux que réclame encore l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges et s'élevant à 3 000 Francs.

Le rapporteur pense qu'il y a lieu d'autoriser les travaux proposés par l'architecte aux contreforts de l'église Saint-Bertrand, façade nord. Quant au déplacement de la sacristie, il le considère comme avantageux et la dépense en est supportée par la Fabrique.

La Commission propose en conséquence d'allouer les 3 000 Francs demandés.

Église de Plailly (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'allouer, sur le crédit de 1859, les 2 000 Francs demandés par la Commune de Plailly pour son église, et cela d'abord parce que l'édifice est digne de l'intérêt des Monuments historiques, et, en second lieu, en considération du sacrifice fait par la Fabrique de Plailly en faveur de l'Hôtel de Cluny.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Michel de Bordeaux (Gironde)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission les projets de la Ville de Bordeaux, pour la restauration de la tour et de la flèche de l'église Saint-Michel et les sacrifices faits dans ce but qui ont déjà produit 135 000 Francs pour l'exécution du devis de M. Abadie s'élevant à 19 224 Francs 66.

Le rapporteur croit bien difficile, dans l'état des fonds attribués aux Monuments historiques, de sacrifier une somme de 56 000 Francs à des travaux sans urgence et qui n'ont d'autre utilité que de restituer une flèche très pittoresque, à la vérité, mais d'un style d'architecture très contestable.

La Commission, partageant l'avis du rapporteur, ne pense pas qu'il y ait lieu d'accéder à la demande du préfet de la Gironde.

Église de Saint-Michel de l'Aiguille au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur.

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de proposer à M. le ministre d'État de consentir au paiement des dépenses faites par la restauration de la chapelle de Saint-Michel de l'Aiguille et de l'escalier qui y conduit. Quant à la main courante que la Commune demande pour cet escalier, la Commission pense que c'est une dépense qui ne peut en aucune façon être supportée par l'administration des Monuments historiques. 80/15/009/93

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Mérimée, rapporteur, expose que trois affaires distinctes sont réunies dans la dépêche du préfet du Rhône relativement à l'église d'Ainay. Il demande

1° de faire un choix entre plusieurs projets proposés pour la reconstruction du porche d'Ainay

2° d'accorder une subvention égale à la moitié de la dépense de cette réparation

3° d'accorder une autre subvention de 25 000 Francs applicable à des travaux à exécuter dans la chapelle de la Vierge.

Le rapporteur est d'avis que le projet le plus simple, c'est-à-dire le seul qui consiste à placer des pilastres cannelés aux retombées de l'archivolte est préférable aux deux autres qui sont moins conformes au style de l'édifice. Quant à prendre part à la dépense, M. Mérimée trouve difficile d'admettre le devis de M. Benoît tel qu'il est présenté. En effet, plusieurs articles tels que des peintures ou des mosaïques ne peuvent être mis à la charge de l'administration des Monuments historiques.

La Commission s'en tient sur [sic] les propositions du rapporteur et de son avis au sujet du projet à exécuter pour le porche, elle préfère le [barré : qui consiste, manque] ; quant à la dépense de ce travail s'élevant à 13 150 Francs ; comme sur cette dépense une somme de 8 000 Francs a pour but des travaux de pure décoration, elle pense que le ministère d'État ne peut y entrer, et elle croit qu'il ne peut prendre à sa charge qu'une somme de 2 600 Francs formant la ½ de la dépense utile. Pour les travaux relatifs à la restauration de la chapelle de la Vierge, comme ce devis comprend à la fois, comme celui des porches, des dépenses de simple décoration, la Commission est d'avis de renvoyer le devis au préfet, pour que l'architecte soit chargé de donner à son devis une nouvelle division qui comprendra en première ligne les travaux de reconstruction et en 2e les travaux de décoration.

Abbaye de Beaumont-le-Roger (Eure)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission pense qu'il n'y a pas lieu de proposer au ministre de faire droit à une demande du maire de Beaumont-le-Roger, tendant à obtenir de l'État l'abandon à la Ville de Beaumont d'une parcelle du terrain compris dans la portion que les Monuments historiques ont achetée avec les ruines de l'abbaye pour y construire une maison d'école.

Église de Mouzon (Ardennes)

M. Courmont, rapporteur.

Le secrétaire expose que jusqu'à ce jour M. le ministre d'État n'a pas cru qu'il fût possible de commencer l'entreprise de la restauration de l'église de Mouzon, dont le devis s'élève à plus de 400 000 Francs, le Conseil municipala voté 30 000 Francs mais en présence du chiffre restant à parfaire, l'administration 80/15/009/94 n'a pas osé s'aventurer dans une opération aussi considérable. Depuis deux ans le Conseil général fait des voeux qui sont transmis au ministre pour demander que la restauration soit mise en train. Comme ces voeux ne sont accompagnés d'aucun vote de subsides, l'affaire reste toujours dans le même état.

Le rapporteur est d'avis qu'il y aurait lieu de faire savoir au Conseil général que l'État ne peut faire à lui seul tout le travail et que, s'il persiste à ne pas accorder son concours, la réparation de l'église de Mouzon ne pourra peut-être pas avoir lieu.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire)

[M. Courmont, rapporteur].

Le secrétaire fait connaître à la Commission que la Commune de Preuilly vient de faire l'acquisition d'une maison qui était adossée au nord de l'église de la Commune. Cette maison qui anciennement servait de demeure au sacristain avait été vendue comme bien national avec le dessous du clocher. Le maire de Preuilly demande au ministre d'État d'accorder à la Commune une subvention pour l'aider à payer le prix de cette acquisition qui s'est élevée à 8 000 Francs environ.

Le rapporteur ne pense pas qu'il y ait lieu de proposer au ministre d'accorder son concours. L'église de Preuilly a reçu déjà des secours assez importants du ministère, 15 000 Francs, et la Commune lors des premiers travaux n'a fait que des sacrifices insignifiants pour son église.

La commission adopte les conclusions du rapporteur.

Château d'Angers (Maine-et-Loire)

M. Courmont, rapporteur.

Le ministre de la Guerre a adressé au ministre d'État plusieurs communications au sujet de la démolition projetée par le service du Génie militaire, d'un pan de muraille ancienne dépendant du château d'Angers. Ces communications avaient pour objet de mettre le ministre à même de statuer au sujet des réclamations élevées contre cette démolition par les archéologues de la localité, et d'aviser, s'il y avait moyen, à la conservation de tout ou partie de la muraille attribuée au IXe siècle.

Le ministre de la Guerre concluait en disant que, dans le cas où l'administration des Monuments historiques persistait à conserver intact le pan de mur en question, elle devait prendre à sa charge les dépenses qui en résulteraient dans le travail de restauration du château ; que, dans le cas où elle consentirait à voir démolir une partie de ce mur, environ 25 m à partir de l'extrémité sud, c'est-à-dire de la moitié la plus escarpée de l'escarpe, le Génie militaire, malgré la gêne qui en résulterait pour ses travaux, pourrait entreprendre lui-même l'exécution des restaurations projetées, enfin que, dans l'un et dans l'autre cas, il serait juste que l'administration des Monuments historiques restât seule chargée des soins et frais afférents à cette muraille qui sera toujours gênante pour le service militaire.

Avant de prendre un parti définitif dans cette question, le ministre a consulté M. Joly. Il résulte du rapport de cet architecte que la proposition de M. l'Inspecteur général des Fortifications contenue dans le 2° (47) de ses conclusions est de nature à concilier tous les intérêts.

M. Joly ne pense pas qu'il y aurait de graves inconvénients à démolir la portion du mur désigné par le Génie, ce qui restera debout conservera assez de vestiges de l'ancien mur.

Le rapporteur croit devoir se ranger à l'opinion de l'architecte. Toutefois, il serait d'avis de demander au ministre de la Guerre de ne pas insister sur la demande contenue dans le 3° 80/15/009/95 de ses propositions tendant à laisser à la charge des Monuments historiques l'entretien de cette muraille qui ne peut occasionner de grandes dépenses au service de la Guerre.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Église Notre-Dame de Beaune (Côte-d'Or)

M. Courmont, rapporteur.

Le ministre est informé par M. Bigorre, membre correspondant de la Commission des antiquités de Dijon, de l'intention où serait la Ville de Beaune d'éclairer au gaz l'église Notre-Dame. Le rapporteur se demande si un semblable mode doit être autorisé. Les inconvénients qu'il présente pour un monument historique lui paraissent s'y opposer et comme cet exemple pourrait être suivi, il pense qu'il y aurait lieu de recourir au ministère des Cultes pour avoir son appui en cette circonstance.

La Commission ne partage pas l'avis du rapporteur, elle ne croit pas qu'elle doive s'opposer à la mesure proposée par la Ville de Beaune ; seulement elle pense que le travail doit être fait sous la direction de l'architecte des Monuments historiques du département.


47signe cabalistique