1947
24 janvier 1947
Assistaient à la séance :

M. Danis, directeur général de l'architecture, M. Perchet, directeur des Monuments historiques, Madame de Maillé, vice-présidente de La Sauvegarde de l'art français, M. le président de la section de l'Intérieur du Conseil d'État, M. Paul Léon, membre de l'Institut, directeur général honoraire des Beaux-arts, M. Bollaert, idem, M. Vendryes, doyen honoraire de la faculté des lettres, M. Auguste Perret, membre de l'Institut, M. Vallery-Radot, conservateur du département des Estampes à la bibliothèque nationale, M. Gasquet, président du Touring-club de France, M. Raval, président du comité directeur de La ligue urbaine et rurale, M. Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, M. Debidour, Inspecteur général des services de protection historique et esthétique de la ville de Paris, M. Paquet, Inspecteur général des Monuments historiques, M. Verdier, idem, M. Herpe, idem, M. Huignard, idem, M. Trouvelot, adjoint à l'inspection générale des Monuments historiques, M. Gélis, idem, M. Bray, idem, M. Chauvel, idem, M. Planchenault, Inspecteur général des Monuments historiques, M. Lestel, Inspecteur général des Sites, perspectives et paysages, M. Renaud, Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, M. Pontremoli, Inspecteur général des Bâtiments civils, M. Collin, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, M. Sallez, idem, M. Schommer, représentant M. le directeur général des Arts et Lettres, M. Sorlin, chef du bureau des travaux et classements, Mademoiselle Clausse, sous-chef du bureau des travaux et classements, M. Houlet, idem,

La séance était présidée par M. Danis, directeur général de l'architecture 80/15/031/1

Excusés : Monseigneur Chevrot, M. Jaujard, M. Lavedan 80/15/031/2

Seine - Paris - église Saint-Merri

Rapporteur : M. Paquet.

M. Balley, architecte en chef, a été chargé d'étudier la démolition des anciennes constructions établies au-dessus du bas côté nord de la nef de l'église Saint-Merri à Paris, ainsi que d'établir un projet de restauration de ce même bas côté.

M. Paquet présente à la Commission trois propositions différentes pour l'arrangement et pour la couverture du bas côté, après suppression des constructions très vétustes et inoccupées, dont la démolition est demandée.

A : -couverture du bas côté avec des toitures en pavillons s'amortissant sur des pignons.

B : -couverture du bas côté avec des toitures en pavillons

C : -couverture du bas côté par une toiture en terrasse constituée par des dalles en béton armé.

M. Paquet fait part du voeu émis par le comité tendant à adopter la solution B modifiée par la suppression de la balustrade prévue dans le projet de M. Balley.

de Maillé pose la question de savoir s'il ne serait pas possible de conserver ce qui existe actuellement.

M. Paquet répond qu'on ne peut l'envisager en raison de l'état de délabrement dans lequel se trouvent les bâtiments en question.

Revenant à l'étude des projets, il suggère de faire procéder à la construction des pavillons prévus dans le projet B et lorsque cette opération aura été réalisée d'examiner s'il y a lieu de mettre ou non une balustrade.

M. Pontremoli fait remarquer que ce bas côté de l'église est très peu visible et qu'étant donné l'étroitesse de la rue les pavillons seront cachés par la balustrade qui sera plus en saillie. Il estime qu'il serait préférable de procéder à un simple dégagement de la façade plutôt que de faire de nouvelles constructions qui du point de vue archéologique, ne pourront être considérés que comme une déformation.

M. Paquet estime que si la Commission se range à l'avis 80/15/031/3 émis par M. Pontremoli. Il y a lieu d'adopter la solution C c'est-à-dire couverture et terrasse avec balustrade.

Sur la demande de M. Debidour, M. Paquet ajoute que les travaux qui seront exécutés sur le bas côté nord de l'église ne peuvent gêner les projets établis par la Ville de Paris en vue de l'élargissement des rues entourant l'édifice.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à l'exécution du projet portant le n° C soit l'établissement d'une couverture en terrasse avec balustrade.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/4

Calvados - Lisieux - église Saint-Pierre

Rapporteur : M. Huignard.

Au cours des bombardements du mois d'août 1944, l'église Saint-Pierre de Lisieux a été endommagée en plusieurs endroits : les fenêtres et les vitraux des chapelles, notamment, ont été entièrement détériorés.

Un devis de restauration des baies des chapelles latérales sud (3è et 9è travée) a déjà été approuvé.

En ce qui concerne la réfection de la fenêtre de la 2è travée du bas-côté sud. M. Huignard pose la question de savoir s'il convient de reconstituer le réseau qui existait auparavant et dont l'aspect n'était pas très agréable ou s'il vaut mieux faire un autre réseau dont le dessin s'harmoniserait mieux avec les fenestrages des baies voisines.

M. Danis se montre partisan de reconstituer le réseau dans son état ancien.

M. Vallery-Radot est également de cet avis et ajoute que ce réseau exécuté à une époque différente doit être considéré comme un témoin de l'histoire de l'édifice et, à ce titre, doit être conservé.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu de refaire ces fenestrages dans l'état où ils se trouvaient avant les destructions de 1944.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/5

Puy-de-Dôme - Montferrand - Maison de l'Éléphant

Rapporteur : M. Chauvel.

Cet immeuble du XIIIe siècle est la propriété de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Clermont-Ferrand qui désirerait y installer des collections de poteries anciennes et de mobiliers de différentes époques qui lui ont été léguées récemment.

L'intérieur de cet édifice a été modifié, remanié, des planchers ont été ajoutés et des baies ouvertes postérieurement à la construction.

Les sondages qui ont été faits permettent de retrouver toutes les dispositions anciennes tant pour la distribution des locaux que pour la charpente dont il subsiste des éléments moulurés tels que les poinçons.

M. Creuzot présente un devis de restauration qui comprend la remise en état des couvertures ainsi que le rétablissement des dispositions primitives tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

La question se pose de savoir s'il y a lieu de procéder à la restauration de la façade en lui rendant son état ancien ou s'il est préférable de lui conserver son caractère actuel.

M. Vallery-Radot se montre nettement opposé au rétablissement des dispositions primitives. A son avis cette maison doit être considérée comme un document que l'on ne peut modifier et dont il faut respecter les témoins de l'architecture des différents siècles qui sont parvenus jusqu'à nos jours.

M. Pontremoli demande si l'on ne pourrait aménager l'intérieur sans toucher à la façade.

M. Chauvel répond que cela serait parfaitement réalisable.

Madame de Maillé fait alors remarquer qu'il serait préférable, en tout état de cause, de ne procéder pour le moment qu'aux travaux les plus urgents, les difficultés financières actuelles ne permettant pas d'entreprendre des travaux qui, à juste titre, pourraient être considérés comme somptuaires. 80/15/031/6

M. Paquet suggère de faire procéder simplement à l'ouverture de la baie du milieu actuellement bouchée et de laisser le reste de la façade dans son état actuel.

La Commission se range à l'avis émis par M. l'Inspecteur général Paquet. Il convient de demander à l'architecte de présenter un projet simplifié ne prévoyant pour la façade que l'ouverture de la baie du milieu. Seuls les travaux urgents de couverture et d'aménagement indispensables devront être exécutés.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/7

Seine-et-Marne -Fleury-en-Bière - château

Rapporteur : M. Paquet.

Le château de Fleury en Bierre, l'un des plus importants de l'Île-de-France, date des XVIe et XVIIe siècles. Son architecture très sobre est surtout bien proportionnée, son ordonnance par une heureuse répartition des pleins et des vides donne à l'ensemble une grande allure et beaucoup de noblesse.

La Commission, à l'unanimité, donne un avis favorable au classement du château, intérieur et extérieur, ainsi qu'au parc qui entoure l'édifice.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/8

Seine-et-Oise - Asnières-sur-Oise - château abbatial de Royaumont

Rapporteur : M. Paquet.

Le château abbatial de Royaumont est une belle demeure du XVIIIe siècle où se manifeste déjà une évolution très marquée de l'architecture vers des formes nouvelles.

La Commission, à l'unanimité donne un avis favorable au classement du château, du parc et des deux pavillons des gardes.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/9

Ardennes - Sapogne - château de Tassigny

Rapporteur : M. Herpe.

Le château de Tassigny, inscrit sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, est le type parfait de la demeure fortifiée du commencement du XVIIe siècle dans l'Est de la France.

L'édifice a subi pendant la guerre des dommages qui nécessitent une restauration dont le montant est évalué à 1 100 000 Francs.

Le propriétaire demande le bénéfice de la loi du 12 juillet 1941.

M. Herpe propose le classement afin d'assurer dans l'avenir la conservation de cet édifice.

M. Danis fait remarquer qu'il est difficile dans les circonstances actuelles, d'augmenter les charges de l'administration par le classement de nouveaux châteaux alors que nous ne pouvons pas assurer l'entretien de ceux qui bénéficient déjà de cette mesure.

M. Perchet propose de ne classer que les façades et les toitures.

La Commission donne un avis favorable à la proposition de M. le directeur. Le classement ne devra porter que sur les façades et les toitures.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/10

Oise - Saint-Étienne - église

Rapporteur : M. Herpe.

L'église de Saint-Étienne a été gravement endommagée pendant la guerre. Le choeur et la croisée du transept sont les seules parties de l'édifice classée.

M. Herpe demande que la mesure de classement soit étendue aux autres parties de l'église et que les travaux de restauration soient pris en charge par l'État.

La Commission donne un avis favorable au classement de l'ensemble de l'édifice.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/11

Calvados - Ferrières - la Grange aux Dîmes

Rapporteur : M. Huignard.

La Grange aux Dîmes de Ferrières, inscrite sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, a été assez gravement endommagée pendant la guerre.

L'édifice appartient à deux propriétaires qui se désintéressent de ce bâtiment et ne paraissent pas vouloir bénéficier des avantages de la loi du 12 juillet 1941. Aussi M. Huignard propose-t-il de prononcer le classement de cette grange.

La Commission donne un avis favorable au classement proposé.

En cas de refus d'adhésion de la part des propriétaires, il y aura lieu de prononcer un classement d'office.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/12

Manche - Cherbourg - abbaye du Voeu

Rapporteur : M. Huignard.

L'ancienne abbaye Notre-Dame du Voeu à Cherbourg a été presque complètement détruite pendant la guerre.

La question se pose de savoir s'il convient d'assurer la conservation de ces restes en les protégeant par des toitures provisoires ou s'il y a lieu de procéder au déclassement de l'édifice.

M. Danis, après examen des photographies estime qu'étant donné l'état actuel de l'édifice il est impossible d'envisager la construction de toitures provisoires, opération qui occasionnerait une dépense beaucoup trop considérable.

M. Huignard suggère de demander à la Ville s'il ne serait pas possible de conserver ces bâtiments à l'état de ruines dans un square public.

Madame de Maillé fait connaître que la Municipalité de Cherbourg a protesté contre un déclassement éventuel de l'ancienne abbaye et a émis le voeu que ces ruines soient sauvegardées.

M. Paquet propose d'intervenir auprès de l'Urbanisme qui nous fera connaître qu'elles sont ses intentions à l'égard de l'édifice en question.

La Commission, après délibération, approuve la proposition de M. Paquet. L'Urbanisme, après accord avec la Ville, devra faire parvenir à l'administration le projet d'aménagement du quartier où se trouve l'abbaye du Voeu.

La mesure de déclassement primitivement envisagée est ajournée.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/13

Sarthe - Saint-Symphorien - château de Sourches

Rapporteur : M. Huignard.

Le château de Sourches à Saint-Symphorien se compose d'un corps de logis principal et de deux courtes ailes prolongées elles-mêmes par deux pavillons. En avant de cette luxueuse demeure s'étend du côté de l'entrée une vaste esplanade entourée de douves sèches.

L'édifice a servi pendant la guerre de dépôt d'oeuvres d'art, il se trouve en bon état de conservation.

M. Paul Léon estime que ce château possède une architecture imposante par sa masse mais qui n'est pas d'un intérêt de 1er ordre.

M. Paquet est du même avis et pense qu'il est difficile en ce moment où les crédits manquent de procéder à de nouveaux classements.

M. Perchet fait remarquer que l'on risque de s'exposer à cette critique qui a déjà été formulée que le service des Monuments historiques ne protège pas les édifices civils. De plus, même dans les circonstances actuelles, l'on peut exécuter quelques travaux d'entretien qui permettent d'éviter dans l'avenir des dépenses beaucoup plus importantes par suite de l'aggravation des dégâts.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable au classement des façades et toitures du château, de la cour d'Honneur, des douves et de la chapelle. Le parc devra être classé au titre des sites.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/14

Maine-et-Loire - Champigne - Manoir de la Hamonnière

Rapporteur : M. Trouvelot.

Le Manoir de la Hamonnière est un très bel ensemble de ces petits manoirs de la Renaissance qui étaient fréquents dans l'Ouest il y a encore quelques années et qui disparaissent rapidement faute d'entretien ou parce que les propriétaires préfèrent les transformer.

Le propriétaire de la Hamonnière envisage la démolition de cet édifice et refuse de donner son adhésion au classement.

M. Trouvelot est d'avis de procéder à un classement d'office.

M. Verdier demande que des documents graphiques et photos graphiques soient présentés sur l'intérieur du manoir.

La Commission donne un avis favorable au classement des façades et toitures du manoir de la Hamonnière. L'architecte en chef est invité à fournir une documentation supplémentaire concernant l'intérieur de l'édifice.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/15

Sarthe - Le Grand-Lucé - château

Rapporteur : M. Trouvelot.

Le château et le parc du Grand Lucé forment une belle composition du XVIIe siècle digne d'intérêt, et dont il serait souhaitable d'assurer la sauvegarde.

Une société a acquis, il y a quelques années, le parc planté de hautes et belles futaies pour l'exploiter.

La Commission, à l'unanimité, donne un avis favorable du classement du château (intérieur et extérieur) et du parc qui l'entoure.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/16

Vendée - Bessay - Tour du château

Rapporteur : M. Trouvelot.

Le propriétaire de la Tour du château de Bessay, classée parmi les Monuments historiques a toujours refusé de verser la moindre participation à la dépense que nécessitaient les travaux de restauration de cette construction. Ceux-ci n'ont donc pu être exécutés. Leur réalisation entraînerait aujourd'hui une dépense de deux millions et demi.

M. Perchet souligne les difficultés financières actuelles et estime qu'il ne semble pas possible de prendre à notre charge les travaux en question. Une nouvelle intervention auprès de la propriétaire a obtenu une fois de plus un résultat négatif.

M. Trouvelot demande alors le déclassement.

M. Raval estime qu'il serait préférable de classer cette tour comme ruine.

M. Sorlin craint que dans ce cas nous soyons accusés d'impéritie.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu de modifier l'arrêté de classement en spécifiant classement "comme ruine".

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/17

Vienne - Charroux - Halles

Rapporteur : M. Trouvelot.

La Municipalité de Charroux avait demandé en 1938 de la travée nord-est des Halles communales pour mesure d'alignement.

L'autorisation lui avait été accordée.

Aujourd'hui c'est la démolition complète des Halles qu'envisage la Municipalité.

M. Trouvelot estime que cette halle présente un intérêt particulier qui peut justifier une mesure de classement d'autant plus qu'elles sont un des rares exemples subsistant de ces vieilles halles.

La Commission donne un avis favorable au classement.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/18

Classement

La Commission, après examen des documents photographiques présentés, donne un avis favorable au classement des édifices dont les noms suivent :

Seine-et-Oise - Arpajon - pavillons

Loir-et-Cher - Averdon - église

Seine-et-Marne - Guercheville - église

Eure-et-Loir - Châteaudun - parcelles cadastrales 699-700-701 et 702

Meurthe et Moselle - Cons-la-Grandville - château : classement des façades et des toitures du bâtiment en aile à droite dans la cour d'honneur ainsi que des cheminées dans la salle d'honneur et au rez-de-chaussée dans le corps de logis principal. Inscription à l'Inventaire supplémentaire de l'ensemble de l'édifice.

Pas-de-Calais - Aire-sur-la-Lys - Hôtel de ville

Somme - Saint-Maxent - Moulin à vent

Yonne - Auxerre - Maison de l'Arquebuse

Calvados - Port-en-Bessin - Tour Vauban

Finistère - Berrien - cimetière

Ille-et-Vilaine - Rennes - hôtel de Blossac

Morbihan - Hennebont - remparts

Seine-Maritime - Le Havre - Muséum : façade et escalier

Hérault - Montpellier - chapelle de l'hôpital général

Vaucluse - Bédoin - chapelle de la Madeleine

Côte-d'Or - Dijon - hôtel Nicolas Rolin

Indre-et-Loire - Tours - ancienne abbaye Saint-Julien : anciens celliers, sol de la cour du cloître, dortoir

Indre-et-Loire - Tours - hôtel de Beaune-Semblançay : façade nord de l'ancienne chapelle du 16è et de la façade sud de la galerie reliant l'hôtel Dunois à l'hôtel de Beaune-Semblançay, déjà inscrites à l'Inventaire supplémentaire

Maine-et-Loire - Avrillé - ancien prieuré de la Haye aux Bonshommes

Sarthe - Le Mans - hôtel Petot 80/15/031/19

Vendée - Jard - église

Allier - Moulins - Immeuble rue des Orfèvres : façades et toitures

Dordogne - Sarlat - Hôtel de ville

L'assemblée, d'autre part, donne un avis favorable au déclassement des Halles de Montréjeau (Haute-Garonne)

La Commission, enfin estime que la Tour de la Prison à Sarrancolin (Hautes-Pyrénées) ne présente pas un intérêt suffisant pour être classée et qu'il y a lieu seulement de l'inscrire sur l'Inventaire supplémentaire.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/20

Côte-d'Or - Dijon - hôtel de la Mare

Rapporteur : M. Gélis.

M. Gélis demande la protection au titre des Monuments historiques de l'immeuble sis 7 rue Barbisey à Dijon, afin d'éviter l'établissement d'un magasin au rez-de-chaussée. En effet la façade ordonnancée, de style classique, mérite d'être conservés sans modification.

Les membres de la Commission se montrant unanimement opposés à la réalisation d'un tel projet.

M. Perchet propose d'inscrire l'édifice à l'Inventaire supplémentaire ce qui permettra de profiter du délai de 4 mois pour s'opposer au projet du propriétaire. L'administration verra alors s'il y a lieu d'ouvrir une instance de classement.

La Commission adopte les conclusions de M. le directeur.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/21

Bas-Rhin - Neuwiller-lès-Saverne - Monument du Général Clarke

Rapporteur : M. Gélis.

M. Gélis propose le classement du Monument du Général Clarke à Neuwiller-lès-Saverne. Son intérêt historique et ses qualités architecturales permettent, à son avis de justifier cette mesure demandée par la Municipalité ainsi que la prise en charge par l'État des travaux de restauration qu'il exige.

M. Danis ne se montre pas partisan de classer ce genre de monument. Tout au plus pourrait-on envisager de donner une subvention à la commune pour la remise en place du monument.

M. Gélis souligne que la population alsacienne serait très désireuse que ce classement soit prononcé.

M. Danis propose de faire une enquête auprès du préfet et demande que la Commission fasse confiance à l'administration pour statuer, après avoir eu connaissance des résultats de cette enquête, sur l'opportunité ou non de classer le monument en question.

La Commission approuve la proposition de M. le directeur général.

Pour extrait conforme, la secrétaire, L. Clausse. 80/15/031/22

28 mars 1947
Liste des présents :

M. Danis, directeur général de l'architecture, Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, M. le Commissaire général au Tourisme, M. le directeur général de l'Urbanisme, Renaud, Inspecteur general des Ponts et chaussées, Herpe, Inspecteur général des Monuments historiques, Huignard, idem, Verdier, idem, Verrier, idem, Formigé, idem, membre de l'Institut, Planchenault, idem, Lestel, Inspecteur général des Sites, Trouvelot, adjoint à l'Inspection générale des Monuments historiques, Bray, idem, Chauvel, idem, Prieur, idem, Bonnet, Inspecteur général des Bâtiments civils, Jacques Dupont, Inspecteur principal des Monuments historiques, Sallez, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, Brunet idem, Perret, inspecteur général honoraire des Bâtiments civils, Taralon, inspecteur des Monuments hiostoriques, Mathey, idem, Marcel Aubert, conservateur en chef du département de la sculpture au Musée du Louvre, membre de l'Institut, Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, Vallery-Radot, conservateur du département des Estampes à la Bibliothèque nationale, Raval président du comité directeur de La ligue urbaine et rurale, Mlle Bromberger, chef du bureau de la documentation générale, fouilles et antiquités, M. Patouillard Inspecteur général des Bâtiments civils.

Seine - Paris - Place des Victoires

Rapporteur : M. Lavedan.

M. Lavedan, dans un long exposé, présente le projet d'aménagement de la Place des Victoires élaboré par M. Danis, en sa qualité d'architecte de l'îlot dans lequel se trouve cette Place.

Ce projet a pour objet de rétablir dans son état ancien, en l'adaptant aux exigences de la vie moderne, une des Places à laquelle se rattache les plus glorieux souvenirs de notre histoire militaire et dont l'ordonnance primitive de plus fut l'une des plus belles créations du XVIIe siècle.

Au cours du XIXe siècle, cette ordonnance a été complètement détruite, d'une part, par la percée de la rue Étienne Marcel, véritable éventrement de l'ensemble prévu par Mansart, d'autre part, par l'introduction d'un nouvel immeuble sur plan circulaire qui a définitivement dénaturé le caractère initial de la Place.

M. Danis a estimé qu'il pouvait être remédié à cette situation et que le tracé en fer à cheval figurant dans le plan établi en 1686 pourrait être reconstitué tout en assurant l'importante circulation de la rue Étienne Marcel. La base rectiligne de la Place serait en effet reculée d'une vingtaine de mètres et l'on utiliserait comme guichets les arcades des extrémités du fer à cheval. La circulation pourrait s'effectuer librement, puisque le flot des voitures montant et descendant serait canalisé.

d'autre part, le plan des différents immeubles de la Place a fait l'objet d'une étude spéciale notamment en ce qui concerne les immeubles occupant le quadrilatère formé par la rue Vide-Gousset, la rue du Mail et la rue d'Aboukir où pourrait être installée la nouvelle mairie du 2ème arrondissement.

Ce projet de plus pourra prendre place dans le vaste programme d'aménagement du quartier établi par les services de la préfecture de la Seine, programme qui prévoit la création entre les grands boulevards et les Tuileries une seule grande voie, le Mail constitué par la réunion en une 80/15/031/23 seule avenue des rues d'Aboukir et du Mail.

Les membres de la Commission à l'unanimité soulignent l'intérêt que présente ce projet qui permettra de rendre à la Place des Victoires son ancienne noblesse et de compléter très heureusement un plan général d'embellissement de Paris.

M. Marcel Aubert, se plaçant du point de vue artistique pur estime que le reculé de 20 mètres prévu risque de diminuer l'échelle de la place et d'en modifier les proportions.

M. Danis fait remarquer que les besoins de la circulation actuelle exigent cette modification.

La Commission donne son avis le plus favorable à la réalisation du programme de travaux proposé par M. Danis. Il y aurait lieu de saisir de ce projet le service de plan d'aménagement de la préfecture de la Seine.

Pour extrait conforme : le secrétaire J. Houlet. 80/15/031/24

Seine - Paris - Immeuble Place des Victoires n°6

Rapporteur : M. Paquet.

M. Creuzot, architecte en chef, a transmis pour approbation un projet d'aménagement de l'immeuble situé 6 Place des Victoires, bordant en fond la rue des Petits-Pères dont il porte également le n°6.

M. Paquet, dans son rapport estime que ce projet pourrait être autorisé en principe sous les réserves suivantes :

- sur la Place des Victoires, la toiture devra conserver sa disposition primitive et la coupure prévue dans le terrasson être supprimée

- le débadigeonnage de la pierre sera fait au moyen d'un lavage à l'exclusion de tout ravalement pouvant dénaturer le parement

- sur la façade rue des Petits-Pères, après la réparation des enduits, il devra être fait une patine générale dans le ton de l'ensemble des immeubles de la Place.

M. Paquet ajoute toutefois que la réalisation du projet général d'aménagement établi par M. Danis ne permettrait pas de donner cette autorisation. Ce projet en effet prévoit le rétablissement dans ses dispositions primitives de la Place des Victoires et son exécution aurait entr'autre pour conséquence la modification de la façade rue des Petits Pères de l'immeuble en question.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu de donner une autorisation de principe sous les réserves formulées par M. Paquet, mais il convient d'aviser la Société propriétaire qu'elle sera tenue, au cas où les travaux d'aménagement prévues dans le programme de M. Danis viendraient à être exécutés, de procéder aux modifications qui lui seront imposées, étant entendu que l'autorisation accordée aujourd'hui n'entraînera pour l'État aucune obligation ni le versement d'une indemnité.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/25

Seine - Paris - hôtel Hérouet

Rapporteur : M. Paquet.

L'hôtel Hérouet est l'une des plus anciennes maisons de Paris ; il appartient vraisemblablement au 1er quart du XVIe siècle.

Ses deux façades ont subi de nombreuses modifications pour être adaptées à l'utilisation du moment, mais la tourelle d'angle qui fait tout le charme de ce petit immeuble a conservé son caractère ancien.

L'immeuble ayant été endommagé pendant la guerre, M. Chauvel présente un programme de restauration et de remise en état de l'édifice. Des documents anciens ont permis de retrouver la disposition des petites lucarnes des fenêtres et de nombreux détails d'architecture, ce qui permettra d'obtenir une restitution aussi approchante que possible de l'état ancien.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à la réalisation du projet établi par M. Chauvel.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/26

Aube - Arcis-sur-Aube - église

Rapporteur : M. Herpe.

L'église d'Arcis sur Aube classée parmi les Monuments historiques a été gravement endommagée par faits de guerre en 1940. La presque totalité des voûtes s'est effondrée à la suite de l'incendie qui a entièrement détruit les combles. Actuellement elle est abritée par une couverture provisoire.

Avant de présenter un projet définitif pour la reconstruction des toitures qui abritaient les bas côtés de l'édifice, M. Halley demande qu'on lui fasse connaître la partie qu'il devra adopter c'est-à-dire : soit reconstituer l'ancien dispositif avec combles en pavillons, soit établir une couverture en dalles de pierre ou de béton armé posées sur une ossature en béton armé.

M. Herpe estime qu'il y aurait lieu de reconstituer des combles en pavillons disposés dans l'axe de la travée et non, comme ils existaient autrefois, dans l'axe des arcs-boutants.

La Commission, avant de statuer sur cette affaire, demande que M. Halley soit invité à présenter un projet dans le sens indiqué par M. l'Inspecteur général Herpe.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/27

Vosges - Champ-le-Duc - église

Rapporteur : M. Herpe.

L'église de Champ-le-Duc a un clocher carré du XIIe siècle édifié sur la croisée du transept et couronné par une flèche en charpente couverte d'ardoises remontant probablement au XVIIIe siècle.

Au moment de la Libération, le clocher servant d'objectif aux batteries alliées a été atteint par un projectile de petit calibre. 3 de ces arrêtes ont été brisés, la couverture en ardoises endommagée.

Une pétition a été adressée à l'administration en faveur de la suppression de la cloche qui couronne le clocher.

M. Texier, architecte en chef, présente un projet en vue de remplacer cette flèche par un comble bas en pavillon qui serait couvert en lave de grès.

M. Danis donne un avis favorable de principe à la réalisation de ce projet, il estime en effet que la flèche qui existait sur le clocher a été construite au XVIIIe siècle par les officiers d'État- Major qui faisaient la Carte de France, ces clochers pointus devant alors servir de repaire.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu d'approuver le projet de M. Texier sous la réserve toutefois que la toiture de la pyramide est une pente plus rapide analogue à celle de l'abside.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/28

Morbihan - Josselin - château

Rapporteur : M. Huignard.

Au début de l'année 1941 le mur soutenant du côté des jardins la terrasse dominant au nord du château de Josselin, la Vallée de l'Oust, s'est écroulé sur une longueur d'environ 18 mètres.

M. Cornon présente un devis en vue de la reconstruction de ce mur et la reconstitution dans sa partie effondrée de la galerie et de ses escaliers qui permettait de descendre de la terrasse à la route en contre bas. En outre, une poutre en ciment armé formant chaînage est prévue pour relier le mur en question à une tour située de l'autre côté de la terrasse.

La Commission donne un avis favorable à l'exécution des travaux de reconstruction du mur, mais estime qu'en raison des difficultés actuelles, il n'y a pas lieu d'entreprendre la reconstitution de la galerie et de ses escaliers ni l'exécution du chaînage en ciment armé à travers de la terrasse.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/29

Manche - Coutances - projet d'aménagement des abords de la cathédrale

Rapporteur : M. Huignard.

Les terrains avoisinant de la cathédrale de Coutances étaient utilisés avant la guerre comme jardin public. Ils sont limités à l'est par les anciens remparts et au sud par une terrasse portant en surélévation un jardin dépendant de l'évêché.

Cet espace ravagé par les bombardements présente actuellement l'aspect d'un terrain vague.

M. l'architecte Froidevaux a établi un projet en vue de la création d'un jardin planté d'arbres, la suppression de la grille qui entoure la cathédrale et la réduction de la terrasse de l'évêché.

M. Huignard signale que l'enclos qui, dans ce projet, constitue un musée lapidaire pourrait être supprimé sans inconvénient. D'autre part, la nouvelle forme donnée en plan à la terrasse de l'évêché manque d'ampleur. Il conviendrait d'élargir l'avancée centrale en hémicycle et d'assouplir son tracé.

M. Danis estime qu'il serait préférable de conserver le plan ancien en supprimant seulement les grilles autour de la cathédrale. Le plan présenté est à son avis trop compliqué. Le jardin semble-t-il pourrait être constitué seulement par deux tapis verts avec une allée centrale et une allée conduisant à l'abside.

La Commission, après délibération, se range à l'avis émis par M. le directeur général. Il serait préférable de conserver l'ancienne terrasse et d'y aménager un jardin très simple rappelant les clos normands. M. Froidevaux est invité à présenter différents projets en ce sens.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/30

Bouches-du-Rhône - Tarascon - église Sainte-Marthe

Rapporteur : M. [Jules] Formigé.

M. Colas présente un devis en vue de la restauration de l'église Sainte Marthe à Tarascon, endommagée par la guerre. Ce devis prévoit notamment la reconstitution des couvertures à leur niveau primitif en dalles de pierre.

M. [Jules] Formigé pose la question de savoir si l'on doit, comme le propose M. Colas, remplacer les anciennes couvertures par des dalles en pierre ou s'il convient de refaire les couvertures en tuiles. Il signale qu'il est à craindre que la couverture en pierre occasionne des fuites.

La Commission, après délibération, en raison d'une part du manque de documents sur l'état ancien de l'édifice, d'autre part des inconvénients de la couverture en pierre signalés par M. [Jules] Formigé estime qu'il y a lieu de refaire une couverture en tuiles.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/31

Haute Vienne - Limoges - orgues de la cathédrale

Rapporteur : M. Chauvel.

En vue de l'installation de grandes orgues dans la cathédrale de Limoges, M. l'architecte en chef Creuzot a étudié un buffet d'orgues indépendant de la tribune ancienne de l'édifice. La réalisation de ce projet d'un intérêt artistique remarquable entraînera une dépense de plus de 5 millions. Le clergé n'aurait pas l'intention de participer financièrement à ces travaux.

La Commission, après examen de la maquette estime qu'en raison de l'intérêt exceptionnel de cette réalisation il y a lieu de donner un avis de principe favorable à la mise en place de cet instrument.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/32

Gironde - Bordeaux - hôtel des Douanes

Rapporteur : M. Bray.

Les façades et couvertures de l'hôtel des Douanes à Bordeaux, installé dans la partie sud des bâtiments de la place Royale, ont été gravement endommagées au cours des bombardements de 1941.

Un devis s'élevant à 11 millions est présenté par M. Prieur en vue de la réfection des lucarnes de la réparation des charpentes et de la remise en état des façades et de leurs sculptures.

En ce qui concerne les lucarnes, M. Prieur propose de poursuivre la réalisation du programme qui prévoit l'unification de ces lucarnes en les restituant dans la forme et la dimension de celles qui figurent dans la gravure de Patte. Ces dernières sont plus importantes que celles existantes et sont au rythme de 1 toutes les deux travées.

La Commission donne un avis favorable à la réalisation du programme de travaux envisagés dans le devis établi par M. Prieur.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/33

Seine - Paris - hôtel Montmorency

Rapporteur : M. Paquet.

L'instance de classement ouverte au sujet de l'hôtel Montmorency à Paris le 5 avril, la question se pose de savoir s'il y a lieu de poursuivre le classement de cet édifice.

Des négociations ont déjà été entamées avec la Société propriétaire qui accepterait un classement partiel de l'hôtel mais demanderait sûrement une indemnité importante.

M. Verdier estime qu'il conviendrait de réaliser un classement amiable plutôt qu'un classement d'office.

M. Perchet se range à cet avis et demande que l'on communique au propriétaire des précisions sur l'étendue du classement envisagé par l'administration ainsi que le cahier des servitudes qui résulteront de l'application de cette mesure.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu avant d'envisager le classement d'office de cet édifice de prier M. Chauvel d'établir d'accord avec M. l'Inspecteur général Verdier, un cahier des charges et un plan délimitant très exactement les parties à classer, documents qui devront être communiqués au propriétaire. Il conviendrait également que ce dernier fasse connaître le montant de l'indemnité qu'il compte exiger de l'État.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/34

Indre - Argenton-sur-Creuse - ancien collège

Rapporteur : M. Chauvel.

La Municipalité d'Argentan sur Creuse demande le classement de l'ancien collège de la ville dans lequel elle envisage l'installation d'un musée.

M. Chauvel estime que cet édifice ne présente pas un intérêt de 1er ordre mais qu'il se trouve dans un site qui mérite d'être conservé.

M. Perchet fait remarquer que le classement parmi les sites permettra peut-être de verser une subvention à la Ville en vue de la remise en état de cet édifice.

La Commission, après délibération estime que l'édifice ne présente pas un intérêt suffisant pour être classé parmi les Monuments historiques.

L'assemblée donne un avis favorable au classement parmi les sites de l'ancien collège et de la place sur laquelle il se trouve. Il y aura lieu d'examiner si une subvention au titre des sites pourrait être accordée à la ville pour la restauration de l'édifice.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/35

[L'art du vitrail]

Avant d'examiner l'ordre du jour, M. Paquet retrace rapidement l'évolution de l'art du vitrail et évoque le problème de la restauration des vitraux anciens.

M. Danis pose alors la question de savoir si nous avons le droit d'introduire dans les édifices anciens des matériaux nouveaux au détriment de l'unité architecturale de l'oeuvre. Les vitraux doivent être composés en fonction de l'architecture ; il s'agit de réaliser des compositions et non de l'imagerie religieuse qui ne tient aucun compte du cadre où elle est placée.

M. Marcel Aubert souligne la nécessité d'encourager un art caractéristique du génie français et l'intérêt qu'il y a à ne pas ramener l'art du vitrail à un simple travail archéologique qui consisterait en une copie des vitraux du XIIe ou du XIIIe siècle.

Dans une époque d'art vivant, il est bon de faire une oeuvre dont la composition corresponde à la composition ancienne et dont la technique ne soit pas étrangère à la technique ancienne, mais il est également souhaitable que le dessin des vitraux soit exécuté dans un esprit plus actuel afin de mieux frapper les foules.

Aux XIIe et XIIIe siècles les foules étaient frappées par les vitraux représentants des personnages souvent mal dessinés et mal composés mais pleins de lumière. Le but recherché était d'attirer les fidèles et les intéressés aux miracles dont on leur lisait les histoires. Pourquoi aujourd'hui les vitraux ne chercheraient-ils pas à intéresser les fidèles à des sujets actuels qu'ils connaissent ?

Outre ce point de vue logique, il y a lieu d'envisager également le point de vue artistique et la nécessité de faire un art vivant. Malgré les fautes commises il ne faut pas renoncer aux efforts déjà faits.

M. Danis proteste contre la trop grande liberté accordée au peintre verrier qui ne se soucie pas assez du cadre dans lequel les vitraux seront placés.

M. Verrier rappelle que les architectes en chef ont reçu toutes instructions utiles pour que les projets de vitraux soient établis suivant un programme précis qui doit être 80/15/031/36 présenté au comité accompagné d'un plan d'ensemble de l'édifice et d'un plan coloré. Les dispositions permettent de faire une oeuvre ayant plus d'unité et dont la réalisation peut s'échelonner sur de longues années, les différents peintre verriers étant guidés par les verrières maîtresses déjà exécutées.

M. Paul Léon estime qu'on ne peut empêcher de procéder au remplacement des vitraux réclamé par le clergé et l'opinion publique, et que dans ces conditions, il est préférable que ce soit le service des Monuments historiques qui en dirige l'exécution.

La Commission, après une longue délibération, donne un avis de principe favorable à la restauration des vitraux anciens. Les peintre verriers devront pour l'établissement de leurs maquettes se tenir en liaison très étroite avec les architectes en chef des Monuments historiques.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/37

Seine-et-Oise - Essones - église

Rapporteur : M. Paquet.

M. Paquet présente à la Commission les maquettes de vitraux établis par M. Lardeur en vue du remplacement des deux verrières de l'église d'Essones.

M. Danis émet certaines réserves quant à la coloration de ces vitraux.

M. Verrier fait remarquer que l'on doit tenir compte que ces maquettes sont exécutées sur du papier et qu'il serait préférable pour juger de demander au peintre verrier de faire un essai.

La Commission approuve la proposition de M. l'Inspecteur général Verrier. Le peintre verrier devra être invité à faire un essai.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/38

Ardennes - Charbogne - église

Rapporteur : M. Verrier.

M. Verrier présente des maquettes de vitraux exécutées par M. Couturat en vue de l'achèvement de la réfection des vitraux endommagés en 1940 dans l'église de Charbogne.

M. Danis estime que ces maquettes, à l'exception d'une seule, manque de composition architecturale.

La Commission, après délibération, donne un avis de principe favorable à la réalisation de ces maquettes. Toutefois les travaux ne pourront être exécutés que sous le contrôle très étroit de l'architecte en chef de l'édifice.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/39

Ardennes - Voncq - église

Rapporteur : M. Verrier.

M. Verrier présente des maquettes de vitraux exécutées par M. Jacques Simon et destinées à l'église de Voncq.

M. Danis estime que ces maquettes peuvent être approuvées sauf la maquette à personnages portant le n°11.

La Commission donne un avis favorable à la réalisation de ces maquettes. Toutefois la maquette n°11 devra être modifiée et simplifiée.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/40

Côte-d'Or - Flavigny - église

Rapporteur : M. Verrier.

M. Verrier présente des maquettes établies par M. Barillet destinées à l'église de Flavigny.

M. Danis estime que l'on pourrait accepter la maquette de la crucifixion mais se montre tout à fait défavorable à la maquette représentant Sainte-Reine et Saint-Genest.

M. Verrier, dans son rapport, trouve que ces maquettes sont trop brutales de dessin et de coloris. Toutefois l'exécution, suivie de près par l'architecte maître de l'oeuvre, doit permettre de remédier à ces défauts comme à celui de la trop grande échelle des coupes de verre.

La Commission donne un avis de principe favorable à l'exécution de ces maquettes sous réserves de modifications de détail qui seront indiquées à l'architecte en chef par M. l'Inspecteur général Verrier.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/41

Tarn-et-Garonne - Montauban - cathédrale

Rapporteur : M. Bray.

Les maquettes présentées ont été exécutées par M. Chigot et sont destinées à la cathédrale de Montauban.

Madame de Maillé estime que les tonalités rouges sont trop brutales.

La Commission, après délibération, donne un avis de principe favorable à la réalisation de ces maquettes. Toutefois il y aurait lieu de demander au peintre verrier d'atténuer la coloration afin d'obtenir des tonalités plus chaudes.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/42

Station de tourisme

La Commission donne un avis favorable à l'érection en stations de tourisme des communes de Valras-Plage (Hérault),

Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales),

La Grave (Hautes-Alpes),

Saint-Grions (Ardèche),

Saint-Céré (Lot),

Louvesc (Ardèche),

Sainte-Enimie (Lozère).

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/43

2 mai 1947
[Il n'y a pas de liste des présents]
Eure - Radepont - abbaye de Fontaine-Guérard

Rapporteur : M. Huignard.

L'abbaye de Fontaine Guérard à Radepont classée parmi les Monuments historiques se trouve actuellement dans un état lamentable ; les arbustes poussent sur la nef de l'église et disloquent les maçonneries supérieures, un jambage de baie s'est écroulé récemment, la salle capitulaire a été remblayée sur une longueur d'environ 60 cM. Les colonnettes des piliers de cette salle ont été arrachés par des véhicules allemands, le réfectoire à certaine époque de l'année se trouve inondé, la chapelle voisine enfin tombe en ruines.

M. Marcel Aubert souligne l'intérêt que présente cet édifice, seule abbaye de femmes qui ait été conservés dans son état d'origine est l'un des rares témoins d'abbaye cistercienne.

M. Verrier estime qu'il y a lieu de procéder d'urgence aux travaux de conservation de ces ruines et qu'il convient de demander dès maintenant leur cession à l'État.

M. Prieur signale que l'Armée du Salut, propriétaire, se désintéresse totalement de cette abbaye et qu'il conviendrait d'obtenir son accord afin qu'elle permette à nouveau la visite du monument.

M. Perchet demande que des négociations soient entamées d'une part avec la direction française de l'Armée du Salut, d'autre part avec la direction générale de cette administration en Angleterre en vue d'obtenir une cession gratuite de ces ruines à l'État français.

La Commission après délibération estime qu'il y a lieu de procéder dès à présent aux travaux de conservation des ruines de l'abbaye. A cet effet l'architecte en chef est invité à adresser dans le moindre délai possible toutes propositions utiles à l'administration ; 80/15/031/44 d'autre part les négociations devront être entamées en vue de l'acquisition par l'État des restes de cette abbaye.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/45

Yonne - Tanlay - château

Rapporteur : M. Herpe.

M. Trouvelot présente un programme de travaux en vue de poursuivre la restauration du château de Tanlay. Ce programme comprend notamment :

- la réfection de la couverture sur une charpente remise en bon état d'une partie du bâtiment principal et de la tour dite du Nord

- la restauration des lucarnes et de la corniche avant la réfection de la couverture également prévue de la dernière partie du bâtiment ouest des communs.

M. Herpe, dans son rapport estime que la valeur architecturale du château de Tanlay mérite qu'un effort tout particulier soit fait en sa faveur et demande que les travaux prévus soient entrepris dès que possible afin d'empêcher de plus graves dégradations.

M. Marcel Aubert rappelle que l'on avait envisagé précédemment d'établir une liste des châteaux les plus intéressants et de choisir, parmi eux, ceux dont il convenait d'assurer la conservation en premier.

M. Perchet fait connaître qu'une liste de cent châteaux a été dressée et que le château de Tanlay figure au 1er rang de cette liste. Il signale de plus que le propriétaire mérite d'être aidé par l'État cer lui-même a déjà fait de très gros efforts et vient d'aliéner une de ses propriétés pour en affecter le prix à l'exécution des travaux projetés.

Toutefois si pour Tanlay il y a lieu de poursuivre notre effort, la question se pose pour les autres châteaux de savoir dans quelle mesure l'État peut contribuer à la restauration d'un domaine privé.

M. Paul Léon rappelle que le classement consistait autrefois en un contrat passé avec le propriétaire et souhaite qu'on rétablisse cette disposition.

M. Danis signale que le propriétaire du château / 80/15/031/46 de Vaux-le-Vicomte a déjà fait une proposition en ce sens tendant à affecter une partie des revenus de ses fermes aux dépenses que nécessite la conservation du château mais il est à craindre que les propriétaires de ces grands domaines ne puissent plus dans peu de temps faire face aux frais considérables d'entretien de ces châteaux.

M. Verdier fait remarquer que l'État sera obligé de devenir propriétaire de ces édifices.

M. [Jules] Formigé estime qu'il n'est pas souhaitable d'acquérir ces édifices car nous n'avons pas la possibilité de les faire vivre.

M. Verrier rappelle que les Anglais ont résolu le problème d'une part en affectant leurs châteaux à des oeuvres sociales, d'autre part grâce à la mise en commun des domaines par les grands propriétaires groupés en une association générale qui reçoit l'aide de l'État : le National Trust.

M. Perchet estime qu'il est difficile dans les conditions politiques actuelles d'établir un tel régime en France, et qu'il convient pour le moment de continuer l'examen de cas d'espèces en portant nos efforts sur les châteaux présentant un intérêt exceptionnel.

La Commission se range à l'avis émis par M. Perchet. En ce qui concerne le château de Tanlay, l'assemblée est unanime pour approuver le devis de travaux présenté par M. Trouvelot. Une participation du quart devra être demandée au propriétaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/47

Manche - Montebourg - église

Rapporteur : M. Huignard.

Les dommages les plus importants subis pendant la guerre par l'église de Montebourg concernent le croisillon sud du transept qui a été presque entièrement détruit et le clocher élevé sur la croisée dont la façade méridionale et la flèche en pierre se sont écroulées.

M. Huignard présente un devis établi par M. Jullien en vue de la reconstruction du bras sud du transept et des parties détruites du clocher. La dépense s'élèverait à plus de 14 millions.

M. Vallery-Radot demande si la dépense serait considérablement diminuée si l'on ne reconstruisait pas la flèche.

M. Huignard estime qu'il serait regrettable de ne pas procéder à cette opération mais que l'on pourra la réaliser plus tard.

La Commission après délibération, donne un avis favorable à l'exécution du devis présenté sous les réserves formulées par le comité dans sa séance du 17 mars.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/48

Vaucluse - La Tour-d'Aigues - ruines du château

Rapporteur : M. [Jules] Formigé.

M. Jullien, architecte en chef, a établi un devis en vue de la restauration des maçonneries du château de la Tour d'Aigles.

M. [Jules] Formigé dans son rapport souligne l'intérêt de cet édifice qui rappelle dans de nombreuses dispositions les pavillons du Louvre et demande que l'on intervienne d'urgence pour arrêter la ruine qui devient de plus en plus menaçante.

La Commission approuve le devis présenté mais estime qu'il y a lieu de préciser à l'architecte en chef de ne faire que des travaux de consolidation sans reprise de parements neufs.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/49

Calvados - Caen - église Saint-Sauveur

Rapporteur : M. Huignard.

L'église du Vieux-Saint-Sauveur est l'une des quatre anciennes paroisses de Caen. Dans cet édifice désaffecté depuis longtemps se tenait avant la guerre la halle au beurre ; dans le choeur on avait installé des logements et le tout fort délaissé était dans un état général assez lamentable. Les opérations de guerre en occasionnant des dégâts très importants n'ont fait qu'aggraver la situation. Ceux-ci sont évalués à plus de 30 millions.

M. Danis estime que, dans les circonstances actuelles, l'État ne peut prendre à sa charge une dépense aussi considérable pour un édifice ne présentant pas un intérêt exceptionnel.

La Commission, après délibération, se range à l'avis émis par M. le directeur général. L'édifice devra être maintenu sur l'Inventaire supplémentaire et le bénéfice de la loi du 12 juillet 1941 ne pourra être accordé à la Ville propriétaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/50

Côte-d'Or - Dijon - hôtel des Barres

Rapporteur : M. Gélis.

L'ancien hôtel des Barres à Dijon peut être donné comme une des très intéressantes demeures du vieux Dijon. Malheureusement les toitures de cet immeuble viennent d'être fortement endommagées par un incendie et les dégâts sont estimés à plusieurs millions de francs.

L'hôtel étant seulement inscrit sur l'Inventaire supplémentaire, M. Chauliat, architecte en chef estime qu'il serait préférable qu'il soit classé afin que les réparations soient exécutées avec tout le soin désirable.

MM. Marcel Aubert et Verrier soulignent l'intérêt que présente cet édifice qui tient une place importante dans la silhouette de la ville ancienne.

La Commission donne un avis favorable au classement des façades et des toitures de cet immeuble. L'État pourra participer à la dépense qu'entraîneront les travaux de réfection de la toiture pour une somme forfaitaire de 500 000 Francs.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/51

Sarthe - Le Mans - chapelle des Missions

Rapporteur : M. Trouvelot.

La chapelle des Missions au Mans est une grande et belle salle du XIIe et XIIIe siècles formée de 3 nefs égales séparées par des colonnes portant de très belles voûtes.

La Commission à l'unanimité donne un avis favorable au classement de cet édifice parmi les Monuments historiques.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/52

Moselle - Hombourg-Budange - château

Rapporteur : M. Herpe.

L'arrêté portant classement général du château de Hombourg Budange englobe également les dépendances et la chapelle.

Or, cette chapelle est de construction récente et ne présente aucun intérêt. Cependant elle abrite des fonts baptismaux de 1566 et trois pierres tombales de 1565, 1577 et 1587.

Le château lui-même n'a qu'une minime valeur architecturale.

M. Herpe propose de restreindre l'étendue du classement du château aux façades et aux toitures de l'édifice.

La Commission après délibération estime qu'il n'y a lieu de faire bénéficier de la mesure du classement que la façade principale du château et le portail d'entrée.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/53

Seine-maritime - Le Havre - 3 quai de l'Isle

Rapporteur : M. Huignard.

L'immeuble, sis 3 quai de l'Isle au Havre, inscrit sur l'Inventaire supplémentaire a été détruit pendant la guerre sur un quart de sa surface et sa façade haute de 15 à 20 mètres subsiste complètement isolée.

M. Perret signale que c'est le seul édifice qui demeure de cette rue et que sa conservation à cet emplacement risque de gêner considérablement le nouveau plan d'urbanisme.

M. Danis propose que M. Perret soit chargé d'étudier cette affaire et d'examiner les moyens de sauver l'édifice dans les meilleures conditions.

La Commission approuve la proposition de M. le directeur général.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/54

Aveyron - Flaujac - enceinte

Rapporteur : M. Bray.

M. Bray propose le classement de l'enceinte fortifiée de Flaujac, croix de carrefour intérieure, croix de chemin extérieure et linteaux de portes à l'intérieur du village de Flaujac qui constitue un exemple du village fortifié construit d'un seul jet et présentant d'intéressants détails.

M. Perchet estime qu'il serait préférable de faire porter le classement sur des éléments précis plutôt que de procéder à un classement général.

La Commission se range à l'avis émis par M. le directeur. L'architecte en chef est invité à établir une liste précise des éléments à classer après avoir pris l'avis du service des sites.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/55

Classement

La Commission donne un avis favorable au classement parmi les Monuments historiques des édifices suivants :

Seine-et-Oise - Epône - pavillon de David

Nord - Flaumont-Waudrechies - chapelle Duchesne

Nord - Liessies - chapelle Sainte-Hiltrude

Nord - Ramousies - chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours

Alpes-Maritimes - Entraunes - chapelle Saint-Sébastien

Alpes-Maritimes - Roubion - chapelle Saint-Sébastien

Alpes-Maritimes - Sahors - plaque commémorative

Aude - Fitou - parcelle de la voie domicienne

Aude - Trebes - pont-acqueduc sur l'Orbiel

Gard - Villeneuve-lès-Avignon - motif d'architecture

Vendée - Fontenay-le-Comte - maison Henri IV

Pyrénées-Atlantiques - Bayonne - fontaine Saint-Léon

Haute-Garonne - Pibrac - château (pavillon d'entrée)

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/56

29 mai 1947
Liste des présents :
MM. Danis, directeur général de l'Architecture, le président de la section de l'Intérieur au conseil d'État, le directeur général des Arts et lettres, [Perchet] le directeur des Bâtiments, palais et ordonnances urbaines, Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, le directeur général de l'Urbanisme et de l'habitation, le directeur des Musées de France, Renaud, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, Paquet, inspecteur général des Monuments historiques, Herpe, idem, Huignard, idem, Verdier, idem, Verrier, idem, Formigé, idem, membre de l'Institut, Planchenault, idem, Lestel, idem, Trouvelot, adjoint à l'Inspection générale des Monuments historiques, Bray, idem, Chauvel, idem, Prieur, idem, Pontremoli, inspecteur général honoraire des Bâtiments civils, Auguste Perret, idem, Sallez, inspecteur général honoraire des Monuments historiques, Taralon, inspecteur des Monuments historiques, Mathey, idem, de Ségogne, maître des requêtes au Conseil d'État, Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, Madame de Maillé, vice présidente de La Sauvegarde de l'art français, Vendryes, doyen honoraire de la Faculté des lettres de Paris, de Saint-Jean, contrôleur général des travaux d'Architecture.
Seine : Paris - école nationale des Beaux-arts

Rapporteur : M. Paquet.

Depuis quelques années, des mouvements se sont produits dans les fondations de la chapelle de l'école nationale supérieure des Beaux-arts. Il a été reconnu, après sondages que les mouvements constatés étaient vraisemblablement dus au mauvais état de la grande galerie d'égout à proximité des fondations.

Les devis présentés comportent dans leur première partie la remise en état des fondations à la suite des sondages effectués et la réfection de la grande galerie d'égout.

L'architecte en chef prévoit, en second lieu la restauration de la charpente ancienne et de la couverture. Cette réfection permettra la dépose du grand parapluie en charpente placé il y a de nombreuses années et qui constitue un danger permanent.

Pour extrait conforme, le secrétaire, signé J. Houlet

Seine : Neuilly - La Folie Saint James

Rapporteur : M. Paquet

La Folie Saint-James à Neuilly-sur-Seine a été classée en 1922 sur la demande de son propriétaire M. Lebel. A l'origine l'hôtel était situé dans un grand parc dont une partie a été lotie il y a quelques années avant le classement ; il en reste encore une étendue de 3 hectares suffisante pour lui constituer un joli cadre. Jusqu'en 1939, immeuble et parc ont été parfaitement entretenus, mais pendant la guerre ils ont été occupés par les Allemands et ensuite les Américains qui les ont laissés en assez mauvais état.

Depuis, M. Lebel étant décédé, une société civile immobilière, ayant pour objet l'administration et la mise en valeur de la propriété a été créée et Madame Lebel qui en est la gérante demande le déclassement d'une partie du jardin afin de pouvoir le lotir et ainsi trouver les ressources nécessaires pour réparer et entretenir convenablement ce qui resterait.

M. Paquet, dans son rapport, estime qu'il est difficile de donner satisfaction à la société immobilière de la Folie-Saint-James. Il serait infiniment regrettable, en effet, de diminuer le parc qui a été considérablement amputé il y a quelques années par des lotissements très fâcheux. Ce qu'il en reste est indispensable pour constituer le cadre de cette jolie demeure.

M. Perchet rend compte de l'entretien qu'il eu avec Madame Lebel à ce sujet. Celle-ci a insisté sur le fait qu'elle ne pourrait pas assurer l'entretien du domaine si elle ne le louait pas, opération indispensable à son avis, si une superficie de 3 ha demeure attachés à la demeure.

M. le directeur rappelle, d'autre part, qu'il y a plusieurs années, la Ville avait projeté d'exproprier pour son compte une partie du parc. Il semble que la Municipalité n'ait pas complètement abandonné son projet.

M. Schommer fait remarquer que si nous donnons satisfaction à Madame Lebel, cela créera un précédent et nous risquons de ne pas pouvoir nous opposer, le cas échéant, à ce que la Ville poursuive son plan primitif d'expropriation.

M. Danis estime que le parc a déjà été beaucoup trop souvent amputé et que ce qui reste doit être absolument conservé

M. Pontremoli pense qu'un refus pur et simple pourrait apparaitre comme une mesure un peu trop sévère. Peut-être, y aurait-il lieu d'envoyer sur place une délégation de la Commission et d'exposer à la propriétaire les arguments de l'administration notamment l'éventuelle réalisation du projet d'expropriation de la Ville si nous permettons une nouvelle amputation du parc.

Madame de Maillé craint que la Commission en allant sur place soit à meme de faire des concessions.

La Commission, unanime, donne un avis défavorable à un nouveau morcellement du domaine de la Folie-Saint-James. L'assemblée émet le voeu qu'une visite de courtoisie soit faite à Madame Lebel par quelques membres de la Commission.

Pour extrait conforme, le secrétaire, signé J. Houlet.

Seine-Maritime : Rouen ; Porte Guillaume-Lion

Rapporteur : M. Paquet

Cette porte se trouve sur un emplacement où la chaussée doit être surélevée de 3m 25 : elle va donc se trouver enterrée. D'autre part, le nouvel axe de la rue Molière sur laquelle elle s'ouvre nécessite son déplacement de quelques mètres sur la gauche.

Ce déplacement rendu couteux par l'établissement de fondations profondes va couter plus de 5 millions.

M. Chauvel fait connaitre que les Ponts-et-Chaussées seraient disposés à prendre à leur charge les travaux de fondation. La restauration de l'édifice pourrait incomber à notre service, mais il serait souhaitable que les frais qu'entrainera le déplacement de la porte soient assumés par la Reconstruction qui impose cette opération.

M. Pontremoli demande si un emplacement a été fixé pour cette porte dans le plan d'aménagement de la ville.

M. Chauvel fait savoir que le nouvel emplacement de la porte a été fixé en accord avec le service d'architecture des Monuments historiques et est située à 25 m de l'emplacement actuel. Cette porte fait partie de la composition du plan adopté par l'urbanisme. Il est à craindre que l'abandon d'un monument classé dans une ville aussi éprouvée que Rouen entrainerait une violente campagne de presse.

M. de Ségogne pense que cette porte ne présente pas un intérêt tel qu'on puisse distraire de nos crédits une somme aussi importante pour son déplacement.

M. Paquet fait observer que l'on pourrait en attendant des jours meilleurs procéder à la dépose de la porte.

M. Renaud fait remarquer que dans ces conditions les Ponts-et-Chaussées pourraient faire les assises de la porte au moment où ils construiront la nouvelle rue. Le service des Monuments historiques pourrait alors attendre quelques temps avant de procéder à la repose sans crainte d'être obligé de défoncer et de refaire la route.

M. Pontremoli craint que les pierres ne soient pas assez solides pour pouvoir faire cette dépose.

M. Perchet serait d'avis de la laisser en place.

La Commission, après une longue délibération, ajourne sa décision. Des négociations devront être poursuivies avec les Ponts-et-Chausses et surtout avec la Reconstruction en vue de connaitre avec précision quelles sont leurs intentions à l'égard de ce monument.

Pour extrait conforme, le secrétaire, signé J. Houlet.

Érection de communes diverses en stations de tourisme

La Commission donne un avis favorable à l'érection en station de tourisme des communes suivantes :

Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

Barbizon (Seine-et-Marne)

Saint-Germain-l'Herm (Puy-de-Dôme).

L'assemblée donne également un avis favorable au classement parmi les stations de tourisme de

Salers et de Montbrun-les-Bains mais sous la réserve que la Municipalité consacrerait une partie des sommes ainsi prélevées sur les touristes à l'entretien et à la préservation du site urbain protégé dans ces deux villes.

Pour extrait conforme, le secrétaire, signé J. Houlet.

L'ordre du jour signale deux communications absentes du procès-verbal :

Dordogne : Beynac - Château [rapporteur] : M. Chauvel]

Travaux : Indre et Loire : Luynes - Château [rapporteur] : M. Trouvelot.

A Perpignan, le 3 juin 1947
La délégation de la Commission des Monuments historiques qui s'est rendue à Perpignan sur l'ordre de M. le ministre de la Jeunesse, des Arts et des lettres, pour étudier sur place les problèmes très délicats que posent l'affectation et la restauration du Palais des Rois de Majorque, cédés par l'autorité militaire, comprenait MM. Danis, directeur général de l'Architecture, Perchet, directeur des Monuments historiques, Paul Léon, membre de l'Institut, [Jules] Formigé, membre de l'Institut et Inspecteur général des Monuments historiques, Verdier, Verrier, Herpe et Planchenault, Inspecteurs généraux des Monuments historiques, May, Inspecteur principal des Monuments historiques, ainsi que MM. Stym-Popper, architecte en chef des Monuments historiques et Joffre, architecte des Bâtiments de France.
Chapelle du Dévot-Christ

A son arrivée à Perpignan, les membres de la délégation profitèrent d'un court répis pour visiter la cathédrale et la chapelle où est exposé le Dévot Christ. Cette oeuvre d'art extrêment connue est actuellement présentée dans un cadre qui n'est pas en harmonie avec lui. Le Christ est sur une tenture rouge, 80/15/031/57 un chemin de croix monumental attire fâcheusement l'attention sur les murs de la chapelle au lieu de la conduire vers l'oeuvre centrale, un carrelage de cuisine déshonore le sol.

M. Stym-Popper, architecte en chef de l'édifice, propose plusieurs solutions. D'abord il établirait une voûte en berceau et ferait disparaître les niches existantes. Un formeret, seulement indiqué, décorerait le mur du fond, et le Christ serait simplement posé sur le nu du mur. Une autre solution consisterait à le poser sur un panneau très légèrement saillant. Le mur lui-même serait revêtu d'un crépis légèrement ocré qui remplacerait le crépis d'un blanc désagréable qui existe actuellement.

M. Danis estime que le Christ posé simplement sur le mur aurait un grand caractère.

M. Stym-Popper craint que, si cette solution est suivie, le Christ ne soit dévoré par le mur.

M. Herpe préférerait le panneau saillant.

Après discussion, les membres de la Commission adoptent l'avis de M. Danis.

M. Verrier demande si l'architecte en chef a prévu le remplacement de l'affreux dallage. Il pose également la question des portes en plein cintre qui sont de chaque côté du panneau où sera posé le crucifix.

M. Stym-Popper répond qu'il n'a rien prévu pour le dallage mais que celui-ci ne pourra être exécuté qu'une fois tous les autres travaux terminés.

Quant aux portes en plein cintre, il propose de leur conserver leur forme actuelle, mais d'avancer très sensiblement l'enduit sur la pierre de l'encadrement de façon à ne laisser qu'une bande de pierre qui compterait peu. Cela réduirait l'importance des portes. 80/15/031/58

L'accord se fait sur les solutions suivantes : le Christ sera posé sur le mur nu, sans aucun panneau supplémentaire ; une voûte en berceau sera établie ; la marge de pierre nue des portes en plein cintre sera diminuée ; le chemin de croix figurera sur de simples métopes ; M. Stym-Popper est invité à soumettre des projets pour le remplacement des caneaux du sol.

Conférence à la Préfecture

La délégation s'est ensuite rendue à la préfecture des Pyrénées-Orientales où M. le préfet avait convoqué les autorités militaires et M. le maire de Perpignan.

Après les présentations d'usage, M. Danis prononça une petite allocution, en guise d'entrée en matière, pour dire dans quel but la Commission des Monuments historiques venait à Perpignan, et pour souligner l'intérêt que la direction générale de l'Architecture portait à la restauration d'un monument aussi considérable que le Palais des Rois de Majorque.

Le général Péchaud du Rieu, au nom du ministre de la Guerre, déclara que son département était tout prêt à céder le Palais à la direction générale de l'Architecture.

De son côté, le maire de Perpignan déclara que ce qui intéressait la Municipalité, c'était la remise en état du Palais, et que les questions de propriété importaient peu. Un point qui ne fut jamais mis en discussion fut la cession inconditionnelle du Palais lui-même à la direction générale de l'Architecture. Mais la cession des terrains entourant le Palais et occupé par les remparts souleva une vive discussion.

Les généraux présents - il y en avait trois - voulaient bien céder ces terrains à la Ville, mais à condition que celle-ci leur en donne d'autres d'une valeur équivalente. 80/15/031/59

Le maire de Perpignan déclara que, sur ce point, il n'y avait rien à faire, qu'il ne céderait pas de terrains pour la raison qu'il n'y en avait pas. Mais en aurait-il eu, qu'il ne les aurait pas donnés non plus.

M. Perchet, envisageant alors la question différemment demanda au maire quelle somme il était disposé à verser à la Guerre pour l'indemniser de la perte de ces terrains. Le maire répondit qu'il serait d'une impardonnable naïveté d'acheter des terrains qui lui reviendraient un jour ou l'autre pour rien, car ils étaient sans aucune utilité pour l'Armée.

Le résultat de la discussion fut le suivant : le ministre de la Guerre céderait le Palais de Jacques de Majorque et ses fossés au ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres ; il céderait les terrains qui l'entourent ainsi que les fortifications à la Ville de Perpignan à charge pour elle d'y installer un jardin et de lui concéder 10 logements dans les immeubles d'habitation à bon marché qui vont être incessamment construits. La direction générale de l'Architecture se chargerait de déplacer le hangar situé actuellement dans les courtines des fortifications et de le réédifier là où le demanderait l'autorité militaire.

L'Armée conserve jusqu'à nouvel ordre la caserne construite à côté du Palais, et qui figure sur les plans sous le nom de casernement casematé et qui est indiqué sur le plan ci-joint par une teinte jaune. La cession de cette caserne ne peut être envisagée pour l'instant, mais pourra l'être dans l'avenir, lorsque le programme de construction de casernes modernes dans la région sera exécuté. 80/15/031/60

Les protocoles de cession préciseront les divers points relatifs aux accès indépendants et aux murs de clôture.

Visite du Palais des Rois de Majorque

Dans l'après-midi, la délégation s'est rendue au Palais des Rois de Majorque et a procédé à une visite détaillée de l'édifice.

M. Stym-Popper présenta ses projets, et la discussion s'institua pour savoir si on reconstruirait les arcades qui manquent à la galerie donnant accès à la chapelle. Il est certain que l'état actuel n'est pas l'état ancien. En effet, la trace d'un pignon sur la façade de la chapelle indique qu'elle était la disposition primitive du toit. D'autre part, l'espace actuellement démuni d'arcades correspond exactement à 6 travées, soit une de plus que du côté où les arcades sont conservées.

Les avis furent très partagés, et l'accord ne se fit pas.

Les uns pensaient avec MM. Paul Léon et Verrier qu'il fallait laisser les choses dans l'état où elles se trouvent actuellement, les documents manquant sur l'état ancien du monument, et l'arrangement présent n'étant pas tellement défectueux. Les autres estimaient avec MM. Danis et [Jules] Formigé que l'on pourrait envisager le rétablissement des arcades.

M. Stym-Popper montra, ensuite, l'intérieur de la chapelle, et fit remarquer que les éléments qui existaient permettaient la reconstitution exacte de l'état primitif du bâtiment. L'avis de la délégation fut de commencer la restauration du château par la chapelle haute et la chapelle basse.

L'avis fut unanime pour la réfection des fenêtres de la cour centrale. Les services du Génie déformèrent les baies, mais ce qui pouvait sembler hasardeux de l'extérieur, ne l'est 80/15/031/61 absolument pas lorsqu'on examine les embrasures intérieures : elles sont toutes conservées sous la maçonnerie moderne.

Vauban, dans son mémoire sur la citadelle de Perpignan, parle de la loggia qui se trouvait à l'entrée du château, sur la façade ouest. Les éléments, subsistants sont tels qu'ils permettent la restitution de cette loggia sans risque d'erreur, aussi l'avis de MM. Danis et [Jules] Formigé prévalut-il, et il fut décidé qu'elle serait restaurée.

Enfin, le projet de M. Stym-Popper d'installer l'agence des Bâtiments de France dans l'ancienne cour du Roi fut approuvé.

Ces importantes restaurations devront être exécutées en plusieurs tranches et permettront de rendre à cette demeure royale d'un type unique en France toute sa splendeur passée.

Chapelle des Carmes

La délégation de la Commission des Monuments historiques visita la chapelle des Carmes au sortir du Palais. Cet édifice d'un style très particulier, qui s'apparente à l'architecture mozarabe, avait été transformé en magasin militaire.

Avant d'abandonner Perpignan, les Allemands mirent le feu au magasin, et il ne reste plus actuellement de l'église que des murs très dégradés et les voûtes du choeur. La dépense pour sauver le monument serait au minimum de 30 millions.

Les avis furent très partagés : les uns pensaient que la réduction des crédits de la direction générale de l'Architecture ne permettait pas de se charger d'une telle dépense ; les autres estimaient que l'intérêt archéologique et architectural de 80/15/031/62 l'édifice autorisaient la restauration aux frais de l'État.

La décision fut réservée jusqu'à ce que l'avis de la Commission des Monuments historiques ait été sollicité.

Château de Salses (Pyrénées-Orientales)

La délégation se rendit ensuite au château de Salses. Ce curieux édifice, impressionnant surtout par ses énormes murs ramassés et la couleur ocre et rouge de ses pierres, a été restauré ces dernières années, et il ne reste plus que des travaux peu importants pour lui donner une physionomie digne de son caractère architectural.

La décision générale fut de déblayer complètement la grande cour centrale encore encombrée, le nivellement du sol extérieur face au donjon afin de présenter cette façade, qui est la plus belle du château, d'une façon convenable. Enfin, l'architecte en chef de l'édifice a été invité à étudier un projet de jardin pour l'aménagement de la cour.

Le secrétaire de la délégation de la Commission des Monuments historiques, J. Houlet. 80/15/031/63

À Carcassonne, le 4 juin 1947

La délégation de la Commission des Monuments historiques qui a visité Carcassonne est la même qui a visité Perpignan le 8 juin.

Elle comprenait : MM. Danis, directeur général de l'Architecture, Perchet, directeur des Monuments historiques, Paul Léon, membre de l'Institut, [Jules] Formigé, membre de l'Institut et Inspecteur général des Monuments historiques, Verdier, Verrier, Herpe et Planchenault, Inspecteurs généraux des Monuments historiques, May, Inspecteur principal des Monuments historiques, ainsi que MM. Nodet, architecte en chef des Monuments historiques et Bourely, architecte des Bâtiments de France.

La délégation s'est d'abord rendue à la préfecture où M. le préfet la reçut et lui indiqua qu'elle était attendue à l'Hôtel de ville de Carcassonne.

Le maire et des personnalités locales accueillirent les membres de la Commission. Après les présentations d'usage, le maire fit remettre à chacun une adresse imprimée, dont un exemplaire est joint au procès verbal, feuillet qui portait les voeux des personnalités carcassonnaises s'intéressant à ce joyau architectural qu'est la Cité. Le maire, dans une allocution particulièrement pathétique, adjura les représentants 80/15/031/64 de l'administration de s'occuper de la forteresse. La Municipalité pour sa part, est prête à faire un effort pour la présentation de la forteresse, et sa proposition la plus intéressante était de faire assurer la garde des lices par un employé municipal assermenté qui serait en outre chargé des menues besognes de voirie.

M. Danis remercia le maire, mentionne que le déplacement d'une délégation de la Commission des Monuments historiques était le signe le plus certain de l'intérêt porté par les pouvoirs publics à Carcassonne. Au cours de la visite qui aurait lieu l'après-midi, visite à laquelle le maire était convié, les mesures pratiques propres à assurer la conservation et la bonne présentation de la forteresse seraient envisagées.

Un vin d'honneur fut ensuite offert à la délégation.

L'après-midi eut lieu la visite. C'est dans les lices que la délégation circule.

M. Danis insiste sur la nécessité de dresser un plan de la Cité. Ce plan manque à l'heure actuelle et fait cruellement défaut au cours d'une visite d'études.

La question la plus importante est celle de la restauration des toits en éteignoirs qui ne s'élèvent pas sur les créneaux mais prennent leur départ à la base intérieure des créneaux. Ces toitures, naturellement en mauvais état, ont été pillées par les gitans qui s'étaient installés dans les lices. Ils ont emporté certaines poutres, et ils déclouaient les ardoises pour les revendre. Ils continuent d'ailleurs, mais dans une mesure plus modeste. Si l'enlèvement de ces toitures était décidé les ardoises récupérées pourraient servir à la couverture de la tour de l'Inquisition, dont les maçonneries sont terminées, et 80/15/031/65 qui attend sa toiture.

MM. Nodet et Bourely signalent qu'il est à peu près impossible de se procurer actuellement des ardoises de Dourgne, qui ont servi à la couverture de toutes les toitures des tours et du château comtal.

M. Danis et toute la délégation estiment que ces toitures ne sont pas heureuses, que leur mise en place ne s'appuya pas sur des arguments archéologiques incontestables, qu'au point de vue de l'aspect des remparts ces toits en éteignoirs ne comptent pas, et sont plutôt ridicules, et qu'en conséquence on peut les supprimer sans inconvénients. M. Nodet devra étudier leur remplacement par un dallage, le plus simple et le plus économique possible.

Au pied de la tour du Grand-Burlas, des fouilles ont dégagé les fondations d'une tour visigothe.

M. Embry, le conservateur des antiquités et objets d'art, proposait, pour rendre accessible la tour du Grand Burlas et pour ne pas perdre le bénéfice de fouilles intéressantes, de placer sur la cavité une dalle en béton qui permettrait la visite de la tour wisigothe, en passant par l'escalier d'entrée.

M. Danis n'est pas favorable à cette solution.

M. [Jules] Formigé propose la construction d'un léger pont de bois pour atteindre la porte de la tour. Son caractère évidemment provisoire garantirait contre toute critique d'archéologues, et s'il était soigneusement fait il n'aurait pas l'apparence pitoyable que revêtent parfois les moyens de fortune. Cette solution est approuvée.

M. Nodet demande ensuite ce qu'il faut faire lorsque des moellons tombent.

M. Danis estime qu'il n'y a pas lieu de remplacer ces moellons avant qu'ils ne deviennent un danger 80/15/031/66 pour la sécurité publique. S'il fallait procéder dès à présent au remplacement de tous les moellons qui sont en mauvais état, la dépense serait considérable et dépasserait les possibilités financières de la direction générale de l'Architecture.

La délégation émet le voeu que la charpente et la toiture de la tour de l'Inquisition soient exécutées à bref délai. Cette tour, incendiée avant 1939 a été remise en état quant aux maçonneries ; il faut terminer rapidement cette restauration.

M. Nodet pose ensuite une question délicate : dans la façade voisine de la tour de Justice, près de la porte d'Aude, les chapiteaux des fenêtres géminées sont dans un état inquiétant. La pierre est pourrie et dans quelques années on ne verra plus rien. Les avis sont partagés :

M. [Jules] Formigé pense qu'il faut laisser ces chapiteaux en place, car un moulage en pierre reconstituée n'aura plus la saveur de l'original.

M. Nodet insiste sur le fait que les chapiteaux se délitent.

M. Verrier est d'avis d'enlever, de mouler et de remplacer les chapiteaux. Ce qui restera des chapiteaux après le moulage sera déposé dans le musée de l'oeuvre. Après une discussion passionnée la solution qui l'emporte est celle qui consiste à déposer les chapiteaux au musée du château comtal et la mise à leur place de leur reproduction.

M. Nodet expose les travaux très importants qui ont été réalisés en sous-oeuvre. La forteresse est bâtie sur des bancs de grès. Certains de ces bancs ont été taillés à vif et exposés ensuite à l'action des agents atmosphériques pour accroître les dénivellations ; ils se sont désagrégés au cours du temps 80/15/031/67 et des mouvements inquiétants avaient apparu dans les maçonneries. Pour remédier à cela, des pieds de béton ont été battus et ont consolidé les bancs désagrégés. Le travail énorme qui fut alors nécessaire n'est pas spectaculaire, mais à présent les murs de la Cité sont consolidés et les murailles hors de danger.

A côté de la tour de Guet, Viollet-le-Duc a remonté un pignon à redans qui rappelle par sa forme les pignons des Flandres et qui est une erreur tant par son caractère que par sa hauteur, car il masque un quart de l'horizon à la tour de Guet. La délégation est unanime pour sa suppression. Une étude sera donc à faire plus tard pour l'aménagement de ce bâtiment, mais comme il est en parfait état actuellement, il convient d'attendre qu'il se dégrade.

Près de la porte d'Aude, trois pierres formant l'appui d'une baie ont dû être remplacées. Les 3 pierres neuves posées contrastent fâcheusement par leur apparence rectiligne avec la pierre restée en place qui complète l'appui.

M. [Jules] Formigé propose d'user les pierres neuves au jet de sable, ce procédé accuse les stries naturelles de la pierre et lui donne parfaitement l'apparence de la pierre ancienne. Un certain nombre de membres de la délégation sont réticents sur l'emploi du jet de sable, sans dire d'ailleurs en quoi ce procédé leur paraît condamnable.

Finalement tout le monde est d'accord pour que les angles et l'aspect de la pierre soient adoucis.

M. Bourely se plaint que le crédit d'entretien est insuffisant.

M. Perchet décide de fixer ce crédit à 250.000 Francs au moins. Cette somme est susceptible d'être relevé si elle ne s'avère pas tout à fait suffisante. 80/15/031/68

Après avoir quitté les remparts, la délégation de la Commission pénétra dans le château Comtal. La cour est triste et nue, seuls deux arbres bizarrement situés sur des mamelons donnent un peu d'ombre.

M. Danis aimerait un petit jardin très sobre.

M. Nodet fut invité à présenter un projet. Un Carcassonnais qui suivait les travaux de la Commission ne fut pas de cet avis ; il pensait que la cour est trop peu ensoleillée pour qu'un jardin y prospère ; il préférerait surtout l'état actuel. Le jardin fut tout de même adopté par la délégation. Une façade du château sur la cour se présente mal ; un projet sera à étudier pour l'arrangement des fenêtres.

Des fouilles ont révélé l'existence de substructions romaines dans la cour, elles ont également permis de retrouver d'intéressantes mosaïques. Un ouvrier habile a même reconstitué certaines parties manquantes qui ouvraient des trous dans le revêtement. Ces parties romaines sont habilement présentées, et la délégation félicite M. Nodet de cette présentation. Elle n'est pas d'avis de reconstituer les parties manquantes des mosaïques, mais de boucher les trous avec un lit de ciment qui empêchera la blessure de s'agrandir.

Le musée de l'Oeuvre visité par la suite, est quelque peu surchargé et n'est pas présenté avec toute la clarté désirable.

MM. Nodet, architecte en chef, May, Inspecteur principal des Monuments historiques et Embry, conservateur des antiquités et objets d'art, sont invités à étudier une nouvelle présentation plus aérée et plus harmonieuse.

M. Danis demande également aux architectes du service 80/15/031/69 d'envisager l'installation de l'agence des Bâtiments de France de l'Aude dans le second étage du château.

Si la maison Dangeard paraissait mieux convenir, c'est là qu'il faudrait installer l'agence. Cette maison, voisine de l'entrée du château Comtal, fut achetée par l'État pour y installer ses gardiens. C'était un édifice en pans de bois qui se présente sous l'aspect d'une maison dans le plus complet abandon, quoique des travaux de restauration de maçonnerie aient été entrepris. La délégation est unanime pour demander la reprise des travaux et leur achèvement pour que ce petit édifice puisse être utilisé au mieux des besoins du service.

C'est à la maison Dangeard que se termina la visite.

Le Secrétaire de la Commission des Monuments historiques - J. Houlet 80/15/031/70

À Avignon, le 7 juin 1947

La délégation de la Commission des Monuments historiques comprenait : MM. Verdier, Herpe, Planchenault, M. Dalloz, faisant fonction d'Inspecteur général des Sites, avait été adjoint à la délégation pour l'examen des problèmes qui se posent à Avignon, ainsi que M. Jullien, architecte en chef des Monuments historiques, et M. Valentin, architecte des Bâtiments de France du Vaucluse. M. Raval, prié de se joindre à la délégation, s'était excusé.

La délégation s'est d'abord rendu rue Balance pour se rendre compte de l'état des édifices que la Municipalité d'Avignon veut démolir. Elle a conclu à la conservation de l'immeuble situé au n°18 de cette rue, maison inscrite sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, et à la conservation provisoire de l'immeuble situé : 3 rue de la Monnaie qui sert d'état au 18 de la rue Balance, et qui, à ce titre, a été l'objet d'une instance de classement.

[Réunion à la Préfecture]

A 9h30, la délégation fut reçue par M. le préfet du Vaucluse qui, au cours d'un exposé très précis des faits, indique quel aspect les problèmes de la rue Balance 80/15/031/71 avaient pris à Avignon. Le quartier est évidemment insalubre ; une maison s'est écroulée un dimanche, pendant l'absence des locataires. Il n'y eut heureusement pas de morts. De plus, la circulation dans les rues excessivement étroites est très difficile, et la Municipalité envisage l'élargissement de la chaussée.

M. Verdier fait remarquer que le service des Monuments historiques, soucieux de permettre cet élargissement, n'a protégé qu'un des côtés de cette rue. Or, il se trouve qu'une bonne partie des démolitions est faite sur le côté protégé. C'est ainsi que le 20 rue Balance, inscrit, fut démoli sans qu'aucune autorisation n'ait été sollicitée.

M. le préfet poursuivant son exposé dit que ce qui souleva la plus vive émotion dans Avignon fut l'instance de classement ouverte pour la protection de l'immeuble 3 rue de la Monnaie.

Conformément aux instructions ministérielles, il prit les mesures nécessaires pour faire respecter l'instance de classement, c'est-à-dire qu'il fit exercer de nuit et de jour une surveillance par la police d'État sur ces immeubles.

La délégation apprit par la suite que cette précaution n'était pas vaine, car le conseiller municipal qui s'était promis de démolir l'immeuble voulait le faire sauter avec du plastic. Cette surveillance ne fût relâchée que le jour où le préfet reçut la promesse formelle de ce conseiller qu'il n'aurait pas recours à des moyens illégaux pour arriver à ses fins.

A propos des attaques personnelles dont est l'objet, M. Valentin, l'architecte départemental des Bâtiments de France, M. le préfet souligne que notre représentant est 80/15/031/72 violemment critiqué au Conseil municipal. On lui reproche de faire servir les protections au titre des Monuments historiques pour ses clients personnels. Une animosité déclarée règne entre M. Guerrier, le conseiller municipal chargé des questions d'urbanisme, et M. Valentin. Le préfet estime que M. Valentin n'a peut-être pas toute l'activité désirable, et qu'il y aurait intérêt à ce que le représentant de la direction générale de l'Architecture vint lui soumettre directement les questions litigieuses, il serait alors possible de leur donner un tour moins irritant.

M. Valentin fit remarquer, après l'audience, qu'il tenait fort régulièrement le secrétaire général de la préfecture au courant, et que le manque de liaison des divers fonctionnaires de la préfecture ne pouvait pas lui être imputé. D'autre part, il lui était toujours très difficile d'être reçu par le préfet.

M. Herpe tient à souligner que M. Valentin n'a jamais agi que dans l'intérêt de l'État, et que les accusations portées contre lui sont sans fondement. Il rappelle également que le service des Monuments historiques est très fermement décidé à ne plus tolérer de démolitions abusives d'immeubles dont la façade et la toiture sont spécialement protégées par la direction générale de l'Architecture.

M. le préfet ayant assuré une fois de plus la délégation de la Commission qu'il ferait respecter fermement les instructions du ministre, l'entrevue prend fin.

La délégation s'est ensuite rendue à l'Hôtel de ville d'Avignon où elle a été reçue par M. le maire, assisté par deux conseillers municipaux.

M. l'Inspecteur général Verdier dit 80/15/031/73 d'abord dans quel esprit l'administration a envoyé une délégation à Avignon. Le but poursuivi par le service des Monuments historiques n'est rien d'autre que la sauvegarde de la beauté d'Avignon, et il n'est pas possible qu'une Municipalité soucieuse de ses intérêts véritables ne collabore pas avec une administration qui ne vise qu'à conserver et au besoin à accroître son aspect artistique et touristique.

M. le maire répond que les petits incidents qui ont eu lieu sont sans importance et que la Municipalité est toute disposée à apporter son concours au service des Monuments historiques. Mais il faut aussi que l'administration des Monuments historiques comprenne les tâches qui s'imposent à la Ville. Le premier soin du maire est de veiller à la sécurité et à la santé de ses administrés, or le quartier de la rue Balance est insalubre et les maisons sont dans un tel état de vétusté qu'il y a lieu de redouter les accidents. D'ordinaire, les Municipalités placées devant les problèmes de cet ordre, démolissent sans s'occuper de ce qu'elles mettront à la place. La Municipalité d'Avignon soucieuse de la beauté de la ville, a dressé un plan d'aménagement du quartier. Ce plan, dressé par M. Guerrier, est présenté à la délégation et est unanimement déclaré inacceptable. Il prévoit, en effet, l'éventrement de la place du Palais des Papes et une espèce de grande avenue désertique descendant jusqu'au Rhône.

M. Guerrier eut enfin la parole pour expliquer son projet, et en profita pour se livrer à une attaque en règle contre M. Valentin, attaque qu'il n'avait que des liens assez lâches avec la discussion engagée. 80/15/031/74

Une fois l'émotion calmée, M. le maire expliqua que M. Guerrier avait conservé de ses fonctions de capitaine de Sénégalais certaines habitudes qu'on pourrait trouver brutales. Ce conseiller municipal proposait en effet de raser le quartier, à quoi M. l'Inspecteur général Verdier répondit que l'administration pouvait inscrire tout le quartier comme site, ce qui serait alors certainement considéré par la Municipalité comme une brimade.

L'impression générale n'était pas d'ailleurs, que la Municipalité était tout entière derrière M. Guerrier.

Après discussion, l'accord s'établit sur les bases suivantes : la Municipalité fera établir le plus rapidement possible son plan d'aménagement. Ce plan sera soumis, dans les formes habituelles, à l'approbation de la direction générale de l'Architecture. La Municipalité s'engage à ne pas faire opérer de démolition sans prendre auparavant l'avis des architectes du service des Monuments historiques, MM. Jullien et Valentin.

Par contre, l'administration s'engage à lever l'instance de classement qui pèse sur le 3 rue de la Monnaie, et qui ne présente pas d'intérêt propre, dès que le plan d'aménagement de la ville sera approuvé et que sera tranchée la question du maintien des immeubles inscrits de la rue.

La délégation a procédé à la visite du Palais des Papes et à l'examen des problèmes qui lui ont été soumis par l'architecte en chef de l'édifice. 80/15/031/75

L'escalier d'accès au Palais est presque entièrement en place. M. Jullien explique, en effet, que la pose des marches de pierre était à peu près terminée lorsqu'il reçut l'ordre du directeur général de poser des marches en bois. Il manque seulement 5 marches pour que l'escalier soit terminé. Faut-il poser les marches de pierre qui sont déjà taillées ou commander 5 marches en bois ?

La délégation, unanime, a estimé qu'il serait préférable à tous points de vue de poser les marches de pierre, l'effet d'ensemble étant fort satisfaisant. Elle émet le voeu que M. le directeur général de l'Architecture revienne sur sa décision, car cinq marches de bois seraient d'un effet désastreux et s'expliqueraient mal au sommet d'un escalier de pierre. De plus la Municipalité d'Avignon est tout à fait satisfaite du perron actuel.

Les pierres remplacées dans les façades sur la cour n'ont pas été patinées.

M. Jullien fait observer que la pose d'échafaudages pour patiner ces pierres qui sont parfois situées assez haut sera fort onéreuse.

M. Herpe propose d'envoyer à Avignon une des grues télescopiques du service afin d'éviter ces locations d'échafaudages.

L'aménagement et la présentation de la cour du Palais a retenu tout spécialement l'attention de la délégation. L'avis général est, après discussion, de combler la salle d'audience de Jean XXII, dont le pavage et le départ des murs ont été mis à jour, et d'étudier un grand parti en pente gauche avec des marches pour l'accès aux arcades sud et à la porte de la Ferronnerie. Si cela est nécessaire, il faudrait prévoir un 80/15/031/76 pavage général. M. Jullien est invité à fournir un projet de présentation de ce puits circulaire en lui conservant sa forme légèrement irrégulière.

M. Jullien pose deux questions :

- faut-il boucher les baies du mur est pour retrouver les portes anciennes, car il s'agit d'un mur de refend. La délégation donne un avis défavorable à cette proposition : des portes ouvrant sur le vide ne se justifieraient pas suffisamment par leur intérêt archéologique. Elle demande seulement que le lierre, qui est trop touffu et envahissant, soit rajeuni.

- La seconde question concerne les fenêtres de la façade ouest. Elles ont été modifiées par le Génie lorsque le Palais était utilisé comme caserne. Faut-il les restituer dans leur état ancien ?

La délégation se prononce contre toute transformation. L'absence de documents rendrait toute restitution purement hypothétique, et le Génie ayant observé une certaine ordonnance dans le percement des baies, il n'y a pas lieu d'en étudier de nouvelles.

La grande porte d'entrée du château présente un aspect lamentable, quoique les dégradations qu'elle a subies ne soient pas très graves. Le portillon ne joint pas, et la porte ne descend pas jusqu'au sol.

M. Herpe est d'avis de réparer seulement la porte en conservant le maximum d'éléments anciens, les ferrures notamment, après une étude soignée du sol. Il semble qu'il y aurait lieu de la remonter, car la trace du sol ancien a été conservée par M. Nodet. M. Herpe appelle également l'attention de l'architecte en chef sur le fait qu'il faudra proscrire l'emploi du rabot pour les planches qui serviront à 80/15/031/77 la restauration de la porte, au bénéfice exclusif de l'herminette et de la gouge.

M. Jullien propose un aménagement de la salle de la grande audience.

La délégation est d'avis de supprimer les bancs inesthétiques qui ont été placés dans cette salle et les rampes en fer destinées à isoler les oeuvres d'art exposées des visiteurs. Ces rampes posées par le conservateur du Palais sont d'un effet déplorable.

Le porche de la chapelle Clémentine, au premier étage, donnant sur la grande loggia, a été restauré, mais les pierres ont été laissées en épannelage. L'effet n'est pas réussi.

La délégation estime que même si la Commission des Monuments historiques décidait de ne pas refaire la statuaire, il faudrait au moins raccorder les éléments d'architecture, moulures et frises.

Des voûtes construites par le Génie lors de l'utilisation du Palais comme caserne subsistent entre la Tour de Trouillas et le Grand Tinel. Il conviendrait de les démolir. La pièce située dans la Tour de Trouillas présente quelques oeuvres d'art d'une manière défectueuse et passablement minable ; la délégation émet le voeu qu'une nouvelle présentation soit étudiée. Il sera bon, toutefois, d'attendre la nomination d'un nouveau conservateur du Palais, l'actuel titulaire du poste, le docteur Colombe, ayant 89 ans.

M. Jullien indique ensuite, lors du passage dans le cloître, qu'il y aurait intérêt à déboucher les arcades. La délégation est unanime pour donner son accord à cette proposition. 80/15/031/78

C'est dans la salle du Consistoire que se posent les problèmes architecturaux et archéologiques les plus épineux. Les fenêtres sont situées dans le haut de la salle et ne correspondent pas au plancher ; de plus les bancs qui sont au long des fenêtres ne correspondent à rien.

M. Valentin pense que le plancher établi est au niveau convenable, puisqu'il donne accès à la chapelle Saint-Jean, qui est toujours visitée ; on accéderait aux fenêtres hautes par des degrés.

M. Herpe tient pour deux étages, mais M. Jullien objecte qu'une salle de consistoire devait être solennelle. Avant de poursuivre les travaux, qui sont d'ailleurs interrompus depuis plusieurs années, M. Jullien devra présenter une étude archéologique. Cette étude devrait être fournie assez rapidement, car cette salle pourrait être laissée à la disposition de la Municipalité d'Avignon qui a grand besoin d'une salle de réception.

La chambre du Pape, très appréciée des visiteurs, pour ses magnifiques fresques, est mal présentée. Il suffira de travaux peu onéreux pour lui donner un aspect digne de son grand caractère : remplacer le dallage d'écurie qui la déshonore par des dalles convenables, terminer la restauration de la fenêtre et remplacer la porte.

La salle des Suisse devra faire l'objet d'une étude ultérieure.

A la fin de la visite, la délégation de la Commission des Monuments historiques émet le voeu que le tarif d'entrée au Palais soit relevé à 16 Francs au lieu de 10 Francs, qui est le prix actuel, afin d'être en harmonie avec le tarif d'entrée 80/15/031/79 dans les monuments appartenant à l'État. Le tarif de 16 Francs sera, en effet, appliqué partout à partir du 1er juillet 1947.

Le secrétaire de la délégation de la Commission des Monuments historiques, J. Houlet 80/15/031/80

27 juin 1947
MM. Danis, directeur général de l'architecture, le président de la section de l'intérieur au Conseil d'État, Le directeur des bâtiments, palais et ordonnances urbaines, Lapeyre, Sous-directeur des Monuments historiques, Renaud, inspecteur génral Ponts-et-Chaussées, Paquet, Inspecteur général des Monuments historiques, Herpe, idem, Huignard, idem, Verrier, idem, Verdier, idem, Formigé, Idem, membre de l'Institut, Planchenault, idem, 80/15/031/81 Gélis, adjoint à l'Inspection générale des Monuments historiques, Trouvelor, idem, Chauvel, idem, Prieur, idem, Bonnet, inspecteur général des Bâtiments civils, Ferran, idem, Dupont, inspecteur principal des Monuments historiques, May, idem, Sallez, ignspecteur général honoraire des Monuments historiques, Auzas, inspecteur des Monuments historiques, Parent, idem, Mathey, idem, 80/15/031/82 Marcel Aubert, conservateur en chef du département des sculptures au musée du Louvre, membre de l'Institut, Lavedan, professeur à la Faculté des lettres de Paris, Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, Madame de Maillé, vice président de La Sauvegarde de l'art français, Vendryes, doyen honoraire de la Faculté des lettres de Paris, Raval, président du comité directeur de La Ligue urbaine et rurale, Sorlin, chef du bureau des travaux et classements. 80/15/031/83
Seine - Paris - Palais du Louvre

Rapporteur : M. Bonnet

M. Haffner, architecte en chef des Bâtiments civils, a établi un programme de travaux en vue de la réfection des moulures, pilastres et décorations des façades du Palais du Louvre sur le Jardin de l'Infante, depuis la Galerie d'Apollon jusqu'à l'angle Saint-Germain-l'Auxerrois. Il propose le remplacement par incrustation de pierre de toutes les parties mauvaises : travail de maçon en ce qui concerne les pilastres, moulures et cannelures, travail de sculpteur en ce qui concerne un certain nombre d'ornements de frises sous bandeau du 1er étage, d'ornements de l'entablement de couronnement, des perles palmettes d'acanthe, cahaux sous attique, etc…

M. Bonnet, dans son rapport, donne un avis favorable à la réalisation de ce programme. Il exprime, toutefois le voeu qu'une délégation de la Commission se rende sur place.

M. Verrier demande si les murs exigent une restauration absolument urgente. Dans la négative, il y aurait peut-être lieu d'attendre avant de commencer les travaux que soient connus les résultats de l'étude faite par la Recherche Scientifique sur les moyens de défense montre la maladie de la pierre.

M. Bonnet pense qu'il conviendrait de procéder pour le moment à la restauration des pilastres les plus endommagés et d'attendre pour le reste que la Recherche Scientifique nous ait communiqué les résultats de son étude.

La Commission se range à l'avis exprimé par son rapporteur.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/84

Rapporteur : M. Huignard

M.Perchet fait un bref historique des négociations qui ont été entamées avec la guerre puis avec le ministère de l'agriculture au sujet de l'affectation à notre administration de l'abbaye du bec hellouin, Il semble que la mise à notre disposition définitive de ce magnifique ensemble monumental puisse être réalisé dans un délai tres rapide

M. le directeur rappelle d'autre part que les travaux de nettoyage les plus urgents iont été exécutés par nos soins et que l'architecte en chef procéde actuellement à l'étude de la restauration définitive des batiments.

L'assemblée est ensuite invitée à émettre des voeux concernant l'affectation qu'iul convient de donner à cet édifice

M. Raval estime qu'il faut donner à l'abbaye une affectation d'ordre spirituel

Perchet fait connaître que M. Mendès France poursuit des négociations pour que soit créé au Bec-Hellouin un centre franco-anglais. Si ce projet qui serait le plus souhaitable, ne pouvait réussir, il conviendrait de s'orienter vers l'affectation au département ou à une collectivité publique.

M. Verrier insiste sur l'intéret qu'il y aurait ç créer un centre franco anglais. Il serait souhaitable de saiosir de la question la direction générale des Relations culturelles.

La Commission unanime émet le voeu que l'abbaye du Bec-Hellouin qui va être restaurée par le service d'Architecure reçoive une affectation d'ordre spirituel qui, rappelle en même temps les souvenirs du passé. Etant donné les relations suivies de l'abbaye du Bec avec les grands foyers spirituels d'Angleterre tant du point de vue religieux que du point de vue culturel, la Commission souhaite qu'un centre intellectuel franco-anglais puisse y être installé.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet.

Seine-maritime - Le Havre - 3 quai de l'Ile

Rapporteur : M. Huignard.

L'immeuble 3 quai de l'Ile au Havre, inscrit sur l'Inventaire supplémentaire a été détruit pendant la guerre sur un quart de sa surface et sa façade haute de 15 à 20 mètres subsiste complètement isolée.

M. Perret signale que c'est le seul édifice qui demeure de cette rue et que sa conservation à cet emplacement risque de gêner considérablement le nouveau plan d'urbanisme.

M. Danis propose que M. Perret soit chargé d'examiner cette affaire et d'étudier les moyens de sauver l'édifice dans les meilleures conditions possibles.

La Commission approuve la proposition de M. le directeur général.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/85

Pyrénées-Orientales - Perpignan - chapelle des Carmes

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Cet édifice, d'un style très particulier, qui s'apparente à l'architecture moderne, avait été transformé en magasin militaire. Avant d'abandonner Perpignan, les Allemands mirent le feu au magasin, et il ne reste plus actuellement de l'église que des murs très dégradés et les voûtes du choeur. La dépense pour sauver ce monument serait au minimum de 20 millions.

M. [Jules] Formigé, dans son rapport, déplore la catastrophe qui s'est abatue sur cet édifice remarquable mais estime que, dans les circonstances actuelles, il est impossible d'en entreprendre la restauration.

M. Danis demande s'il ne serait pas possible de conserver le monument à l'état de ruines en faisant tomber les parties menaçantes.

M. Verrier fait remarquer que la chapelle appartient aux militaires qui ne voudront pas abandonner ce terrain. Mais ne pourrait-on pas envisager de sauver tout ce qui peut être restauré et notamment le choeur.

M. Danis pense qu'il faudrait demander à l'architecte en chef de déterminer avec précision tout ce que l'on pourrait conserver.

M. Michel fait observer que, d'après les photographies, il semble que seul le portail puisse demeurer.

Une écrasante majorité se dégage pour l'abandon de cette chapelle ; mais M. Danis demande que l'architecte en chef donne un plan indiquant les parties perdues et celles que l'on pourrait sauver.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/86

Puy-de-Dôme - Villeneuve-Lembron - château

Rapporteur : M. Chauvel.

M. Creuzot a établi un devis en vue de l'achèvement des travaux de restauration entrepris dans le château de Villeneuve-Lembron. Ce devis comprend :

- la réfection de la tour nord-ouest et de l'aile ouest

- terminaison du bâtiment central et annexe de l'aile ouest

- réfection de l'ensemble des charpentes du château

- travaux de maçonnerie indispensables pour permettre l'exécution des travaux précédents

- remise en état du dallage en pierre de la cour d'honneur.

M. Chauvel, dans son rapport estime qu'il est nécessaire de poursuivre l'effort commencé dans cet édifice et souligne le caractère urgent des principaux travaux proposés, à l'exception de ceux prévus au chapitre 4 qui pourraient être ajournés.

La Commission approuve les conclusions de son rapporteur.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/87

Seine - Paris - hôtel de Castries

Rapporteur : M. Paquet.

M. Paquet propose le classement parmi les Monuments historiques de l'hôtel de Castries à Paris.

M. Danis souligne l'intérêt de cet édifice et estime qu'il convient d'intervenir pour que ce magnifique hôtel serve de résidence et ne soit pas affecté à un service public.

M. Raval signale que l'on songeait à installer au rez-de-chaussée la Chancellerie de l'Ordre de la Libération.

M. Michel fait remarquer que l'on devrait en envisager la location à des pays étrangers pour y installer une ambassade.

La Commission, unanime, donne un avis favorable au classement de l'hôtel :

- intérieurs et extérieurs

- et des jardins.

Il conviendrait de veiller à ce qu'on n'installe pas de service public dans cet édifice.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/88

Seine-et-Oise - Versailles - château de Montreuil

Rapporteur : M. Herpe.

Alarmé par une menace d'expropriation du parc du château de Montreuil motivée par la construction de maisons d'habitation le propriétaire de l'ancienne maison de Madame Elisabeth demande le classement de tout le domaine de Montreuil.

M. Bonnet signale que ce classement a déjà été envisagé mais le propriétaire l'avait refusé afin d'avoir la possibilité de faire des travaux. L'édifice a d'ailleurs été considérablement mutilé au cours du siècle dernier.

M. de Ségogne pense que le château ne présente plus un intérêt suffisant pour être classé. On pourrait seulement envisager le classement comme site de l'ensemble du domaine afin d'avoir la possibilité de s'opposer au lotissement du parc.

La Commission, après délibération, confie à MM. Herpe et Lestel la mission de se mettre en rapports avec le propriétaire et d'examiner quel est la mesure - classement comme Site ou classement comme Monument historique - qui donnera le maximum de garantie.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/89

Bouches-du-Rhône - Marseille - Hôtel de ville

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

M. [Jules] Formigé propose le classement de l'hôtel de ville de Marseille, dernière épave avec la maison diamantée qui émerge de la zone dévastée du Vieux-Port. Cette mesure présente d'autant plus d'intérêt qu'elle nous permettra non seulement de sauver l'édifice mais d'y effectuer les réparations nécessaires.

La Commission donne un avis favorable au classement.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/90

Bouches-du-Rhône - Marseille - Fort Saint-Jean

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Le Fort Saint-Jean est situé à l'entrée du port de Marseille qu'il domine de sa belle masse rose. Il a subi diverses mutilations et percements mais le mal est réparable.

M. [Jules] Formigé propose le classement du Fort mesure qui permettra de procéder à des travaux d'aménagement et de mise en valeur indispensables.

La Commission donne un avis favorable au classement.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/91

Gard - Tresques - chapelle Saint-Martin

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Malgré plusieurs interventions du préfet, le propriétaire de la chapelle Saint-Martin à Tresques n'a pas répondu à la demande d'adhésion au classement qui lui avait été adressée.

Y a-t-il lieu de procéder au classement d'office ?

La Commission, conformément aux conclusions de son rapporteur, donne un avis favorable au classement d'office de la chapelle, de l'enclos qui l'entoure et de la croix.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/92

Haut Rhin - Bergheim - remparts

Rapporteur : M. Gélis.

De toutes les villes fortes qui avaient été construites au pied des Vosges, Bergheim, qui s'entoure de remparts au cours du XIIIe siècle, est celle dont le système défensif nous est parvenu le plus intact.

M. Gélis propose le classement de l'Obertor et des neuf tours ainsi que des remparts attenant à ces tours.

La Commission approuve les conclusions de son rapporteur.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/93

Finistère - Saint-Nic - chapelle Saint-Côme

Rapporteur : M. Huignard.

La Commission donne un avis favorable au classement de la chapelle Saint-Nic à Saint-Côme ainsi que des rangées d'arbres bordant le chemin qui contourne la dite chapelle au sud et à l'ouest.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/94

Classement

La Commission donne un avis favorable au classement des édifices suivants :

Côtes-du-Nord - Dinan - hôtel Beaumanoir (façades et toitures)

Côtes-du-Nord - Tréguier - maisons à pans de bois sises aux angles du quai de Jaudy et de la rue Ernest Renan

Ille-et-Vilaine - Saint-Malo - tombeau de Chateaubriand (tombeau et abords immédiats)

Vaucluse - Carpentras - aqueduc

Sarthe - Bessé-sur-Braye - portail d'entrée et ses deux tours du château de Courtanvaux

Côte-d'Or - Montbard - château et parc de Buffon

Dordogne - Sencenac-Puy-de-Fourches - colonne romaine

Tarn-et-Garonne - Lacapelle-Livron - chapelle Notre-Dame

Gironde - Preignac - château de la Malle

L'assemblée d'autre part estime qu'il y a lieu de maintenir le clocher de l'église [Saint-Martin]de Finhan (Tarn-et-Garonne) sur l'Inventaire supplémentaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/95

Indre-et-Loire - Berthenay - Manoir de la Baillardière

Rapporteur : M. Trouvelot.

La Commission estime que la documentation présentée est insuffisante et renvoie l'examen de cette question à une prochaine séance.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/96

Finistère - Brest - Caserne de Plougastel

Rapporteur : M. Huignard.

La Commission estime qu'il y a lieu de procéder au déclassement de la caserne de Plougastel à Brest détruite pendant la guerre.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/97

Côte-d'Or - Montbard - Château et Parc de Buffon

Rapporteur : M. Gélis.

La Commission donne un avis favorable au classement du château et du parc de Buffon à Montbard ainsi qu'à l'inscription à l'Inventaire supplémentaire de l'église.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/98

25 juillet 1947

MM. Danis, directeur général de l'architecture, le président de la section de l'Intérieur au Conseil d'État, Le directeur des Bâtiments, palais et ordonnances urbaines, Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, Renaud, inspecteur général Ponts et Chaussées, Herpe, inspecteur général des Monuments historiques, Huignard, idem, Verdier, idem, Planchenault, idem, Lestel, idem, 80/15/031/99 Gélis, adjoint à l'Inspection générale des Monuments historiques, Bray, idem, Chauvel, idem, Prieur, idem, Pontremoli, inspecteur général honoraire des Bâtiments civils, Auguste Perret, idem, G. Faure, Inspecteur général honoraire des Monuments historques, Brunet, idem, 80/15/031/100 Marcel Aubert, conservateur en chef du département des sculptures au musée du Louvre, membre de l'Institut, Paul Deschamps, conservateur en chef du Musée des monuments français, membre de l'Institut, Gasquet, président du Touring-club de France, Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, de Saint-Jean, contrôleur général des travaux d'Architecture. 80/15/031/101

Seine-maritime - Le Havre - 3 quai de l'Ile

Rapporteurs - MM. Perret et Huignard

Lors d'une précédente séance, la Commission avait demandé à M. Perret d'examiner s'il était possible d'envisager la conservation de l'immeuble sis 3 quai de l'Ile au Havre, édifice qui a été détruit pendant la guerre sur un quart de sa surface et dont la façade haute de 15 à 20 mètres subsiste complètement isolée.

M. Perret fait connaître que la conservation à son emplacement actuel de l'immeuble empêcherait la réalisation du plan d'urbanisme qui prévoit l'élargissement du quai.

M. Paul Léon demande s'il est possible de reconstruire l'édifice à un autre endroit.

M. Huignard fait remarquer que c'est une construction très légère que l'on ne pourra déposer sans dommages. D'autre part, cette opération serait extrêmement onéreuse.

M. Pontremoli estime que cet édifice ne présente pas un intérêt suffisant pour qu'une telle mesure soit prise en sa faveur.

La Commission, après délibération estime qu'il n'y a pas lieu d'envisager le classement de l'immeuble, et qu'il semble impossible de s'opposer à sa démolition.

Toutefois, l'architecte en chef devra veiller à ce que soient déposés et conservés tous les éléments anciens de l'édifice : boiseries, motifs de sculpture. Un relevé du plan de l'immeuble devra être exécuté.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/102

Doubs - Besançon - Pont de Battant

Rapporteur : M. Gélis.

Le Pont de Battant à Besançon a été gravement endommagé pendant la guerre.

La question se pose de savoir si l'on doit reconstruire ce pont dans son état ancien ou s'il y a lieu de le remplacer par un pont moderne.

M. Renaud, dans un long exposé technique, signale que l'ancien ouvrage présentait de nombreux inconvénients et même de graves dangers, car l'ouvrage, situé dans une portion très rétrécie du Doubs, cause encore un rétrécissement supplémentaire du fait de ses piles très épaisses, et des retombées des voûtes très basses. En cas de fortes crues, le pont constitue un étranglement des eaux, d'où un relèvement du niveau amont et un accroissement des dommages.

d'autre part, la chaussée et les trottoirs étant notoirement insuffisants, ce pont gêne énormément la circulation.

Aussi M. l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées demande-t-il à la Commission de bien vouloir envisager le remplacement de cet ouvrage par un ouvrage moderne en béton précontraint selon le projet établi par le service des Ponts-et-Chaussées.

M. Perchet fait remarquer que la population locale est très attachée à ce vieux quartier de Besançon et regrettera certainement que l'ancien pont ne soit pas reconstruit.

M. Renaud insiste à nouveau sur les dangers que présente le Pont de Battant.

La Commission, après examen du projet soumis par les Ponts-et-Chaussées estime pour les raisons exposées par M. Renaud qu'il est impossible d'exiger la restauration du vieux pont et donne un avis de principe favorable à son remplacement par un ouvrage en béton précontraint. Le projet définitif devra être soumis à l'administration et son exécution devra être contrôlée par le service des Monuments historiques.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/103

Loiret - Saint-Benoît-sur-Loire - Couvent

Rapporteur : M. Herpe.

M. Herpe présente un avant-projet établi par M. Gélis pour la construction d'un couvent de Bénédictins sur les terrains situés au sud de la basilique de Saint-Benoît-sur-Loire.

M. Pontremoli se montre hostile à la construction des deux pavillons en avancée qui cacheront la vue de la basilique.

M. Danis est également de cet avis et craint que plus tard cela ne soit une amorce à la construction de nouveaux bâtiments.

M. Deschamps fait remarquer que de toute façon on ne peut voir la Basilique de cet endroit même en supprimant les pavillons.

M. Paul Léon estime que pour juger de cette question il conviendrait d'avoir un plan d'ensemble de la basilique et de ces abords.

M. Danis pense d'autre part qu'il conviendrait de réduire la hauteur du bâtiment abbatial et que l'emplacement de l'ancien cimetière soit respecté.

La Commission, après discussion estime qu'il y a lieu, avant de prendre une décision définitive sur ce projet, d'attendre que lui soit soumise une maquette. M. Gélis est invité à faire établir celle-ci dans le moindre délai possible, et devra se mettre en rapport à ce sujet avec M. l'Inspecteur général Herpe.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/104

Calvados - Caen - Chapelle Saint-Georges

Rapporteur : M. Huignard.

La chapelle Saint-Georges à Caen a été gravement endommagée pendant la guerre ; la façade occidentale a été complètement détruite, le bas côté sud en partie, les couvertures et les charpentes devront subir d'importantes restaurations.

M. Huignard soumet un projet de restauration établi par l'architecte en chef.

M. Danis rappelle que l'on projette d'installer l'université de Caen dans le château. Il demande qu'une délégation de la Commission puisse se rendre en temps utile sur place afin d'examiner l'ensemble des travaux qu'il conviendra de réaliser.

En ce qui concerne plus particulièrement la restauration de la chapelle, il estime que l'on doit faire confiance à M. Huignard qui donnera à l'architecte en chef toutes instructions utiles pour que soit adoptée la meilleure solution.

La Commission approuve les conclusions de M. le directeur général.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/105

Bas-Rhin - Sélestat - Église Saint-Georges

Rapporteur : M. Gélis.

La flèche de la tour élevée sur la croisée du transept de l'église Saint-Georges à Sélestat a été fortement endommagée pendant la guerre.

La flèche actuelle est moderne et a été exécutée après 1870. L'architecte pour cette reconstruction s'est alors inspiré des flèches gothiques rhénanes à pignon, au lieu de restituer la flèche en forme de dôme qui avait été édifiée au début du 17e.

M. Monnet fait remarquer que la charpente de l'ancienne flèche est encore presque entièrement conservée et qu'il serait facile de la restaurer sans incertitude. La dépense ne serait majorée que de 30 000 Francs.

La Commission unanime donne un avis favorable à la restitution de la flèche ancienne.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/106

Seine - Paris - Colonne de Juillet

M. Danis soumet à l'approbation de l'assemblée le principe d'un aménagement nouveau des chambres mortuaires situées dans le sous-sol de la Colonne de Juillet. Il conviendrait que cette opération puisse être réalisée avant les cérémonies commémoratives de la Révolution de 1848.

La Commission unanime approuve cette proposition.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/107

Seine-et-Oise - Méry-sur-Oise - château

Rapporteur : M. Herpe.

Le château de Méry-sur-Oise est un édifice très intéressant qui aurait été classée depuis longtemps si la propriétaire Madame de Ségur avait accepté de donner son consentement à cette mesure.

La Commission donne un avis favorable au classement.

En cas de refus d'adhésion de la propriétaire, il y aura lieu d'inscrire cet édifice sur l'Inventaire supplémentaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/108

Seine-et-Oise - Saint-Ouen-l'Aumône - Abbaye de Maubuisson

Rapporteur : M. Herpe.

Les restes de l'abbaye de Saint-Ouen-l'Aumône témoignent par leur importance et la qualité de leur architecture du rayonnement qu'eut cette abbaye.

M. Herpe propose le classement de la grange aux dîmes et du grand réfectoire.

M. Marcel Aubert souligne l'intérêt que présente cet ensemble monumental. Il rappelle que la disposition des salles de cette abbaye est unique en France et demande qu'on prenne des mesures de protection à l'égard de la salle capitulaire et de la salle des moines.

M. Herpe signale que ces constructions sont dans un état lamentable et que leur consolidation entraînerait une dépense qui dépasserait 15 millions.

M. Danis demande s'il ne serait pas possible d'envisager simplement leur mise hors d'eau.

M. Huignard estime que l'établissement d'une dalle en béton armé coûterait 4 à 5 millions.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable au classement de l'ensemble des bâtiments anciens de l'abbaye. L'architecte en chef est invité à présenter toutes propositions utiles en vue de procéder à la mise hors d'eau de l'édifice, par l'établissement d'un parapluie.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/109

Seine-et-Oise - Bouville - château de Farcheville

Rapporteur : M. Herpe.

M. Herpe propose le classement des parties suivantes du château de Farcheville à Bouville : -enceinte fortifiée

- chapelle et grange

- façades et toitures du bâtiment principal élevé au-dessus du porche d'entrée y compris la tour de l'escalier et le bâtiment renfermant la cuisine au nord de ce dernier

- façades et toitures de la maison du chapelain.

Tous les autres bâtiments pourraient être inscrits sur l'Inventaire supplémentaire (façades et toitures) ainsi que le parc.

La Commission approuve les conclusions de son rapporteur.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/110

Loire - Sury-le-Comtal - château

Rapporteur : M. [Jules] Formigé.

Le château de Sury le Comtal, construit au XIIIe siècle et entièrement remanié au XVIIe, a des façades extrêmement simples mais les intérieurs décorés en 1642 sont de tout premier ordre. Un incendie a dévasté le château en partie ; deux pièces décorées ont été détruites mais ce qui subsiste présente un intérêt certain.

Une intervention est urgente car M. Hallet a découvert dans les murs de l'édifice la présence du champignon le mérulius lacrymans.

La Commission donne un avis favorable au classement du château mais l'administration, dans les circonstances actuelles, ne peut s'engager à fournir une participation aux dépenses.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/111

Vaucluse - Avignon - 18 rue Balance

Rapporteur : M. Verdier

M. Verdier donne un compte-rendu de la visite de la délégation de la Commission au préfet du Vaucluse et au maire d'Avignon au sujet de la conservation des édifices inscrits rue Balance.

Aux termes des accords intervenus la Municipalité s'engagerait à ne rien tenter qui puisse porter atteinte à la conservation de l'immeuble sis 18 rue Balance

-à ne donner aucune suite au projet d'aménagement établi par le service des travaux communaux

-à ne procéder à aucune nouvelle démolition dans le quartier jusqu'à l'approbation du projet définitif d'urbanisme sans un accord préalable du service des Monuments historiques.

L'administration, de son côté, réserverait sa décision définitive en ce qui concerne le classement de l'immeuble sis 18 rue Balance. Mais cet édifice, toutefois, devrait jusqu'à cette date être considéré comme étant en instance de classement et rester en conséquence soumis aux prescriptions de la loi sur les Monuments historiques.

La Commission estime que ces propositions peuvent donner pour le moment une garantie suffisante pour la conservation des édifices anciens de la rue de la Balance et demande que le maire d'Avignon soit invité à renouveler par écrit les accords intervenus et les engagements pris lors de la visite de la délégation.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/112

Côte-d'Or - Beaune - Cuverie du Chapitre

Rapporteur : M. Gélis.

La Commission donne un avis favorable au classement de la cuverie du chapitre à Beaune.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/113

Puy-de-Dôme - Arlanc - église

Rapporteur : M. Chauvel.

L'église d'Arlanc est un édifice intéressant ; malheureusement au XIXe siècle, un clocher démesuré fut construit sur la croisée du transept ; il est non seulement très laid mais si lourd qu'il écrase les piles. Il y aurait lieu d'intervenir tout de suite si l'on veut éviter un effondrement qui coûterait l'existence de tout l'édifice.

La Commission donne un avis favorable au classement à l'exception du clocher. Une instance de classement pourrait être ouverte dès maintenant afin que les mesures les plus urgentes puissent être prises.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/114

Moselle - Metz - Place d'Armes

Rapporteur : M. Herpe.

La Commission donne un avis favorable au classement du sol de la Place d'Armes à Metz.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/115

Classement

La Commission donne un avis favorable au classement des édifices suivants :

Eure-et-Loir - Houx -Chapelle Saint-Mamert

Yonne - Coulanges-la-Vineuse - église

Finistère - Ploujean - chapelle Sainte-Geneviève

Orne - Alençon - hôtel Libert

Ardèche - Saint-Jean-de-Muzols - église

Bouches-du-Rhône - Aix-en-Provence -chapelle des Pénitents Blancs des Carmes

Var - Aups - tour de l'horloge

Charente-maritime - Villebois-Lavallette - halles

Tarn-et-Garonne - Montpezat-de-Quercy - église de Saux

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/116

24 octobre 1947
Liste des présents :
M. Paquet, président, Inspecteur général des Monuments historiques, M. le président de la section de l'Intérieur au Conseil d'État, M. le préfet de la Seine, M. le directeur de l'administration départementale et communale au ministère de l'Intérieur, M. Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, M. le directeur général de l'Urbanisme et de l'habitation, M. Renaud, Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, M. Herpe, Inspecteur général des Monuments historiques, M. Verdier, idem, M. Verrier, idem, M. [Jules] Formigé, idem, membre de l'Institut, 80/15/031/117 M. Gélis, adjoint à l'inspection générale des Monuments historiques, M. Trouvelot, idem, M. Bray, idem, M. Chauvel, idem, M. Pontremoli, Inspecteur général honoraire des Bâtiments civils, M. Perret, idem, . M. May, inspecteur principal des Monuments historiques, M. G. Faure, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, M. Sallez, idem, M. Parent, Inspecteur des Monuments historiques, M. Taralon, idem, M. Mathey, idem, 80/15/031/118 M. Marcel Aubert, conservateur en chef du département de la Sculpture au Musée du Louvre, membre de l'Institut, M. Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, M. Vallery-Radot, conservateur du département des Estampes à la Bibliothèque nationale, M. Sorlin, chef du bureau des travaux et classements, Mademoiselle Bromberger, chef du bureau de la documentation générale, fouilles et antiquités, M. de Ségogne, maître des requêtes au Conseil d'État. 80/15/031/119
Orne - Argentan - chapelle Saint-Nicolas

Rapporteur : M. Huignard.

Inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, la chapelle Saint-Nicolas à Argentan, ancienne chapelle seigneuriale des ducs d'Alençon, a été gravement endommagée par les bombardements de 1944.

La question se pose de savoir si l'on doit malgré les dégâts très importants subis par l'édifice en envisager la restauration.

M. Huignard, dans son rapport estime que cette chapelle ne présente pas un intérêt suffisant et qu'elle a été trop endommagée pour que le service des Monuments historiques prenne à sa charge sa reconstruction.

d'autre part, étant située dans la ville même, il est difficile d'envisager sa conservation comme ruine.

MM. Pontremoli et Perret sont également de cet avis et pensent qu'étant donné le peu de crédits dont nous disposons, il est préférable d'utiliser ceux-ci pour la restauration d'édifices plus intéressants.

La Commission, après délibération estime qu'il n'y a pas lieu de procéder à la restauration de cette chapelle. Toutefois, au cas où celle-ci serait démolie, il conviendrait de veiller à la conservation de la petite porte ornée de fines colonnettes qui donnait accès du château à la chapelle. Une entente avec la ville devra intervenir à ce sujet.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/120

Drôme - La Garde-Adhémar - chapelle du Val-des-Nymphes

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

La chapelle du Val des Nymphes à la Garde-Adhémar, classée parmi les Monuments historiques, par suite d'un manque d'entretien prolongé est presque totalement tombée en ruines. De l'édifice il ne subsiste actuellement que l'abside à l'est et la première travée à l'ouest attenant à la façade, des deux autres travées seuls les murs subsistent, les voûtes s'étant effondrées à une époque antérieure. En vue de procéder à la consolidation de ces restes, l'architecte en chef a présenté un devis s'élevant à plus de 800 000 Francs mais le propriétaire refuse de participer à la dépense. Dans ces conditions, convient-il d'entreprendre l'opération envisagée ?

M. [Jules] Formigé, dans son rapport, souligne l'intérêt que présente cette chapelle et estime qu'il serait tout à fait souhaitable que l'administration puisse faire un effort particulier pour en éviter la ruine totale.

M. Vallery-Radot insiste également sur la nécessité de sauver tout ce qui peut être sauver de cet édifice.

La Commission, à l'unanimité, donne un avis favorable à la réalisation du devis présenté et demande que les travaux de consolidation soient entrepris sans délai.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/121

Seine - Paris - Porte du Dragon

Rapporteur : M. Paquet.

La Porte du Dragon, rue de Rennes à Paris qui s'ouvrait autrefois sur l'ancienne rue Ste Marguerite, faisait partie d'un ensemble de constructions élevées vers 1720 par l'architecte Jacques Cartant. C'est un assez joli motif d'architecture mais surtout le seul souvenir de tout un quartier de Paris aujourd'hui disparu.

Tous les bâtiments qui entouraient cette porte sont démolis et elle reste seule debout un peu en contrebas et en arrière de l'alignement de la rue. Mal entretenue, son mauvais état s'aggrave et des fissures inquiétantes se manifestent dans sa construction.

La restauration de cette porte entraînerait une dépense très élevée qui devra être entièrement supportée par le service des Monuments historiques.

M. Paquet, dans son rapport estime que nous ne pouvons pas en ce moment entreprendre cette restauration qui équivaudra en fait à une reconstruction. Tout au plus peut-on tenter de conserver le motif sculpté qui surmonte la porte.

La Commission se range à l'avis émis par son rapporteur. Les négociations devront être entamées pour que le motif d'architecture soit conservé dans les constructions nouvelles qui s'élèveront à l'emplacement de la Porte du Dragon.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/122

Aisne - La Capelle - Villa Pâques et presbytère d'Homblières

Rapporteur : M. Herpe.

Deux immeubles rappelant des souvenirs historiques de la guerre 1914-18 sont proposés pour le classement. La villa Pâques et le presbytère d'Homblières ne présentent par eux-mêmes aucun intérêt ni au point de vue architectural ni au point de vue archéologique mais ces deux immeubles ont abrité le 7 novembre 1918 pendant quelques instants les plénipotentiaires Allemands qui apportaient la capitulation officielle de leur pays.

M. Herpe, dans son rapport estime qu'étant donné le peu d'intérêt de ces maisons au point de vue architectural, il serait peut-être suffisant de rétablir sur chacune d'elles les plaques qui avaient été posées sur leurs façades après la signature de la paix.

La Commission se range à l'avis émis par son rapporteur et donne un avis défavorable au classement.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/123

Seine-et-Oise - Mériel - abbaye du Val

Rapporteur : M. Herpe.

De l'ancienne abbaye du Val il ne reste que le grand bâtiment datant de la fin du XIIe siècle connu sous le nom de bâtiment des moines, la galerie nord du cloître du XVIIe et l'aile des convers reconstruits au XVIIe, et dans laquelle on trouve encore quatre travées d'ogives de l'ancien réfectoire. Le tout se trouve abandonné depuis de longues années au milieu d'un parc devenu une véritable forêt.

M. Herpe, dans son rapport, souligne l'intérêt que présente ce magnifique ensemble mais estime qu'il n'y a lieu de classer que le bâtiment des moines, les autres constructions étant presque complètement en ruines.

M. de Ségogne signale qu'il est intervenu auprès des propriétaires en vue d'obtenir une participation aux travaux de réfection. Celles-ci sont impécunieuses et ne pourront donner qu'une très faible participation. M. de Ségogne fait connaître qu'il s'est alors adressé à La ligue urbaine et rurale, à La Sauvegarde de l'art français et au Touring-club de France pour leur demander de se substituer aux propriétaires. Ces sociétés ont donné leur accord de principe sur le versement d'une subvention, qui permettrait à l'État d'exécuter les travaux conservatoires indispensables.

M. Lapeyre donne lecture de la lettre de Madame de Maillé, présidente de La Sauvegarde de l'art français aux termes de laquelle cette société s'engage à verser une subvention de 100.000 Francs.

M. Marcel Aubert souligne l'intérêt de cette abbaye, type de l'architecture cistercienne et qui contient un dotoir avec épine de colonnes au milieu unique au monde.

La Commission, unanime, donne un avis favorable au classement du bâtiment des moines. Le parc devra être classé parmi les sites.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/124

Seine-et-Oise - Boissy-Saint-Léger - château de Grosbois

Rapporteur : M. Herpe.

Construit au milieu du XVIe siècle, le château de Grosbois ne comprenait primitivement que le bâtiment principal édifié à l'extrémité d'une vaste cour d'honneur. Occupé par Charles de Valois vers 1616, le château est agrandi à ce moment de quatre pavillons d'angle puis un peu plus tard, deux autres pavillons furent édifiés aux angles sud de la cour d'honneur. L'édifice a néanmoins une grande homogénéité de style et de forme un ensemble d'un très beau caractère.

M. Herpe, dans son rapport estime qu'il y a lieu de classer l'ensemble du domaine y compris le parc et les communs. Il fait remarquer que ce château est en vente depuis plusieurs années et qu'il conviendrait de prendre cette mesure de protection sans tarder.

La Commission donne un avis favorable au classement du château, de la grille de clôture, des pavillons d'entrée, des douves et des communs. Les négociations devront être entamées avec les propriétaires en vue d'obtenir leur adhésion au classement du tracé du parc. Au cas où ces négociations n'aboutiraient pas il faudrait classer un certain périmètre autour du château afin de conserver à l'édifice son cadre actuel.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/125

Marne - Réveillon - château

Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Le château de Réveillon se compose d'une cour centrale bordée à l'ouest, au sud et à l'est par 3 corps de bâtiments et ouverte au nord. Ses angles sont flanqués de quatre pavillons et le tout est entouré de larges douves.

L'édifice occupé par les Allemands et laissé à l'abandon vient d'être acheté par M. Bouniol de Gineste qui, en dehors des dommages d'occupation, veut y consacrer 3 millions de francs de dommages de guerre pour une propriété détruite dans l'Hérault.

M. [Jules] Formigé souligne l'intérêt de ce château et signale que le classement permettrait d'abord de sauver l'édifice et ensuite de le remettre en état, car ainsi le propriétaire pourrait obtenir le permis de construire et les matériaux indispensables.

M. de Ségogne estime que ce château n'est pas de tout 1er ordre et qu'il conviendrait avant de statuer sur son classement d'attendre que la liste des plus beaux châteaux de France soit établie afin de savoir si l'on peut compter le château de Réveillon parmi les édifices que l'on doit sauver par priorité.

M. [Jules] Formigé fait remarquer que ce monument est très intéressant et qu'il serait souhaitable d'aider le propriétaire à le sauver avant qu'il ne soit trop tard.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable au classement du château et à l'inscription sur l'Inventaire supplémentaire de la ferme, des communs et du parc.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/126

Indre-et-Loire - Beaumont-en-Véron - Manoir de la Courtinière

Rapporteur : M. Trouvelot.

Afin que les restes du manoir de la Courtinière, très beau morceau d'architecture de la Renaissance française, ne puissent être dépecés et vendus à des antiquaires, M. Trouvelot en propose le classement parmi les Monuments historiques.

M. de Ségogne suivi en cela par plusieurs membres de la Commission estime que ces restes ne sont pas d'un intérêt de tout 1er ordre et que leur inscription sur l'Inventaire paraît suffisante.

La Commission, après délibération estime qu'il y a lieu de maintenir cet édifice sur l'Inventaire supplémentaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/127

Classement

La Commission donne un avis favorable au classement parmi les Monuments historiques des édifices suivants :

Seine-maritime - Gommerville - classement des deux salons et de la salle à manger du château de Filières

Gard - Villeneuve-lès-Avignon - classement de tous les immeubles situés à l'intérieur de l'enceinte fortifiée du Fort Saint-André

Seine-et-Oise - Valenton - petit pavillon

Seine-et-Oise - Bougival - pavillon de Blois

Seine-et-Oise - Fontenay-Saint-Père - inscription à l'Inventaire supplémentaire du château et classement des pièces boisées du rez-de-chaussée

Seine-et-Oise - Mantes-Gassicourt - chapelle de l'Hôtel-Dieu (façade)

Manche - Sainte-Marie-du-Mont - Place de l'église

Côte-d'Or - Beaumont-sur-Vingeanne - château et parc

Haute Loire - Beauzac - église : classement de l'ensemble de l'édifice à l'exclusion de la 1ère partie de la nef

Bas-Rhin - Strasbourg - ancienne douane

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/128

Inscription

La Commission estime que les édifices suivants ne présentent pas un intérêt suffisant pour être classés et donne un avis favorable à leur inscription sur l'Inventaire supplémentaire :

Pas-de-Calais - Saint-Omer - Hôpital Général

Aude - Talairan - Chapelle Notre-Dame de l'Aire et ses abords

Aude - Lagrasse - Maison Baillet-Bézard

Gard - Vézenobres - château de Calvières

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/129

Déclassement

La Commission estime qu'il y a lieu de procéder au déclassement des immeubles sis 3, 58 et 25 rue Gambetta à Gien, qui ont été complètement détruits pendant la guerre.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/130

Érection en stations de tourisme de diverses communes

Rapporteur : M. Lestel

La Commission, conformément aux conclusions de son rapporteur, donne un avis favorable à l'érection en stations de tourisme des communes suivantes :

Alpes-Maritimes -Saint-Martin-d'Entraunes

Dordogne - Beynac-Cazenac

Haute-Loire - Langeac

Calvados - Villerville

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/131

5 décembre 1947
Liste des présents :

M. Perchet, président, directeur de l'Architecture, M. le président de la section de l'Intérieur au Conseil d'État, M. Lapeyre, sous-directeur des Monuments historiques, M. le directeur général de l'Urbanisme et de l'habitation, M. le directeur des Musées de France, M. Rabut, ingénieur général des Ponts-et-Chaussées, M. Cornu, chargé de mission à la direction de l'Architecture, M. Verdier, inspecteur général des Monuments historiques, M. Verrier, idem, Verdier, idem, M. Herpe, idem, M. Huignard, idem, M. [Jules] Formigé, idem, membre de l'Institut, M. Planchenault, Inspecteur général des Monuments historiques, 80/15/031/132 M. Gélis, adjoint à l'inspection générale des Monuments historiques, M. Trouvelot, idem, M. Bray, idem, M. Chauvel, idem, M. Prieur, idem, M. Pontremoli, Inspecteur général honoraire des Bâtiments civils, M. Dupont, Inspecteur principal des Monuments historiques, M. Brunet, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, M. May, Inspecteur des Monuments historiques, M. Auzas, idem, M. Parent, idem, M. Taralon, idem, 80/15/031/133 M. Marcel Aubert, conservateur en chef du département de la Sculpture au Musée du Louvre, membre de l'Institut, M. Paul Deschamps, conservateur en chef du musée des Monuments historiques, membre de l'Institut, M. Gasquet, président du Touring club de France, M. Paul Léon, directeur général honoraire des Beaux-arts, membre de l'Institut, M. Vallery-Radot, conservateur du département des Estampes à la bibliothèque Nationale, M. Sorlin, chef du bureau des travaux et classements, M. de Saint-Jean, contrôleur général des travaux d'Architecture, Mademoiselle Bromberger, chef du bureau de la documentation générale, fouilles et antiquités, M. de Ségogne, maître des requêtes au conseil d'État. 80/15/031/134

Seine - Paris - Musée de Cluny

Rapporteurs - MM. Paquet et Verrier.

La question se pose de savoir si l'on doit laisser au jour les fouilles qui ont été exécutées dans le jardin du Musée de Cluny en vue de retrouver les substructions de l'ancien Palais des Thermes.

M. Verrier donne lecture du compte rendu de la visite effectuée par une délégation de la Commission sur les lieux des fouilles ; Il rappelle que pour sa part il lui paraît très souhaitable de laisser découvertes toutes les constructions qui apparaissent aujourd'hui y compris celles situées à l'extrémité est pour lesquelles les avis sont très partagés. Il souligne l'ntérêt que présente tant au point de vue archéologique qu'au point de vue pédagogique la mise au jour de l'extrémité est de la façade de l'ancien Palais des Thermes où les travaux exécutés ont permis de découvrir des soupiraux et un égout qui sont le seul exemple connu de ce genre de construction.

M. Sallez estime, comme tous les membres de la Commission qu'il ne faut pas boucher la grande salle nord-ouest mais que le maintien de la longue tranchée étroite le long de la façade nord risque de déparer le jardin.

M. Paquet est du même avis et ajoute que l'aménagement de cette tranchée entrainera une dépense considérable.

M. Michel pose la question de savoir s'il n'y aurait pas moyen de recouvrir les fouilles sans combler la tranchée afin que les étudiants aient la possibilité de voir ces vestiges romains quand ils le désireront.

M. Pontremoli fait remarquer que c'est une question d'arrangement. Il cite l'exemple de Rome où grâce à une présentation très ingénieuse les archéologues ont pu conserver au jour les découvertes qui ont été faites sans déparer les endroits où celles-ci étaient exécutées.

M. [Jules] Formigé se montre également hostile au comblement de la partie est des fouilles. Il insiste particulièrement sur l'intérêt archéologique qu'elles présentent : la présence d'un égout 80/15/031/135 périphérique, collecteur de toutes les eaux et de soupiraux qui devaient être des portes de chauffage peut donner des indications sur le mode de chauffage que les romains employaient dans les Thermes et sur les foyers de chauffage de ce genre de construction. Il serait très dommage de boucher ces tranchées avant d'avoir découvert tout ce qui pouvait être mis au jour.

M. Perchet propose de demander à M. Trouvelot qu'il fasse une étude de présentation de l'ensemble des fouilles y compris de la partie nord-est.

M. Marcel Aubert demande que l'on n'oublie pas dans les travaux d'aménagement la façade du Musée qu'il convient de ne pas sacrifier.

La Commission, après délibération, réserve sa décision sur la question du maintien au jour de la partie nord-est de la façade nord du Palais des Thermes jusqu'à présentation d'une qu'établira M. Trouvelot en vue de l'aménagement des fouilles.

L'assemblée est unanime pour laisser au jour la grande salle nord-ouest.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/136

Seine - Paris - Musée de Cluny - dépose du portail d'Argenteuil

Rapporteurs - MM. Verrier et Paquet

Le Comité des fouilles archéologiques avait proposé le transfert à Argenteuil d'une arcade du couvent des Bénédictins d'Argenteuil, actuellement conservée dans le jardin du musée de Cluny.

Le Maire d'Argenteuil saisi par l'administration d'une proposition tendant à mettre à la charge de la ville la dépense nécessaire à cette opération, a fait connaître qu'il était impossible à la Municipalité d'assumer une telle charge.

Ce portique d'autre part présente un réel danger en raison de son équilibre instable au bord d'une fouille profonde effectuée dans un terrain sans consistance. La reprise en sous-oeuvre de ses fondations nécessiterait un travail important, délicat et onéreux.

M. Verrier estime que ce portail doit être déposé dans un délai très rapproché pour éviter un accident. Il signale de plus que ce morceau d'architecture ne présente pas un intérêt de 1er ordre et ne mérite certainement pas la dépense considérable qu'il faudrait engager en vue de son transfert.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à la dépose de cette arcade. La question d'un remontage éventuel du portail sera réglée ultérieurement et dépendra de l'état dans lequel se trouvera le morceau d'architecteurs après dépose.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/137

Seine - Paris - Musée de Cluny - aménagement intérieur

Rapporteur : M. Paquet.

M. Trouvelot présente un devis en vue de l'aménagement intérieur du musée de Cluny.

M. Paquet dans son rapport, donne un avis favorable à l'exécution des travaux prévus. Toutefois il formule certaines observations concernant le mode chauffage envisagé par l'architecte en chef. L'installation du chauffage urbain entrainera une dépense considérable de plus de 3 millions. Il conviendrait d'étudier un autre système, par exemple le chauffage au gaz.

M. Perchet fait remarquer que le chauffage urbain présenterait peut-être plus de sécurité que le chauffage au gaz.

M. Trouvelot propose de poursuivre ses études à ce sujet en liaison avec l'ingénieur conseil de l'administration.

M. Salles souligne l'urgence des travaux d'aménagement du musée de Cluny qui est le seul musée non encore rouvert au public. Il souhaiterait d'autre part être tenu au courant des décisions qui seront prises au sujet du chauffage car en tant qu'affectataire du monument il lui serait indispensable de connaître les dépenses qu'entrainera pour l'usager le mode de chauffage employé.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à la réalisation des travaux prévus au devis de M. Trouvelot. La question du chauffage devra faire l'objet d'une nouvelle étude en liaison avec la Direction des Musées Nationaux.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/138

Seine - Paris - Hôtel d'Aumont

Rapporteur : M. Paquet.

La ville de Paris vient de commencer la restauration de l'Hôtel d'Aumont dont les façades et les toitures ont été récemment classées parmi les Monuments historiques.

De cet ancien hôtel, il ne reste que les murs et quelques planchers. L'intérieur a été maintes transformé et toute la décoration intérieure de Vouet et Le Brun a complètement disparue. A l'extérieur, heureusement, l'architecture de Le Vau et Mansart a toujours été respectée, elle est encore bien conservée et c'est elle qui va faire l'objet des premiers travaux.

Ce sont les plans de restauration des façades qui sont soumis à l'examen de la Commission.

M. Paquet, dans son rapport estime que tant au point de vue construction qu'au point de vue décoration ces plans peuvent recevoir notre approbation. Ils ont été établis avec le plus grand soin et un constant souci de conservation ; ils respectent tout ce qui existait autrefois soit dans l'ensemble soit dans les détails.

La Commission, conformément aux conclusions de son rapporteur, donne un avis favorable à la réalisation du programme de restauration proposé et autorise la continuation des travaux entrepris par la Ville de Paris.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/139

Vaucluse - Avignon - aménagement de l'ancienne église des Célestins

Rapporteur : M. Verrier.

La chapelle et une partie du cloître des Célestins ont été classées parmi les Monuments historiques en 1862. Ces restes sont compris dans les bâtiments de la caserne d'Hautpoul et l'administration désire depuis longtemps donner à ces constructions une destination qui permettrait une meilleure conservation. Il semble qu'aujourd'hui des pourparlers pourraient être utilement entrepris avec l'autorité militaire ainsi qu'il résulte du rapport établi à ce sujet par M. l'Inspecteur May.

Ce dernier demande tout d'abord l'extension du classement à toutes les galeries du cloître et aux salles attenantes, l'amélioration de l'aspect de la cour du cloître par la suppression des platanes, et l'aménagement de l'église, où pourrait être installés une bibliothèque et des salles d'étude.

M. Verrier dans son rapport, approuve les propositions de M. May.

M. Michel appelle l'attention de la Commission sur la question de la suppression des platanes. A son avis, on aurait tort de les faire disparaître ; il serait certainement préférable de les tailler et de les rajeunir.

M. [Jules] Formigé est également de cet avis.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à l'extension de classement proposée et à l'ouverture de négociations avec l'autorité militaire en vue d'obtenir le dégagement et un nouvel aménagement de l'ancienne église des Célestins.

L'assemblée d'autre part, n'est pas d'avis de supprimer les platanes dans la cour du cloître mais d'en améliorer l'aspect.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/140

Marne - Reims - Maison des Musiciens

Rapporteur : M. Herpe.

L'ancienne maison des Musiciens à Reims, l'un des rares exemples des plus belles et des plus riches maisons du milieu du XIIIe siècle, a été complètement détruite au cours de la guerre 1914-18. Toutefois, les cinq belles statues représentant des musiciens et leurs supports sculptés qui avaient été déposés au musée de la ville ont pu, grâce à cette mesure, être sauvés de la destruction.

Le propriétaire de la maison, M. Taittinger, qui possède aussi l'immeuble voisin classé se proposerait de restaurer la maison des Musiciens et à cet effet M. Bray a présenté un projet de reconstruction.

Le Comité en 1944 avait estimé que satisfaction pourrait être donnée au propriétaire mais les ordonnances allemandes avaient empêchés la réalisation de ces travaux.

M. Perchet, après un bref historique de l'affaire, fait remarquer qu'il est difficile dans les circonstances actuelles d'envisager la restauration de cette maison, restauration qui en fait est une reconstruction totale. Il signale, de plus, que la Ville de Reims ne veut pas rendre les statues déposées au musée et qu'il faudrait faire des copies.

M. de Ségogne pense que si nous laissons le propriétaire libre de faire la façade qu'il désire, il faudrait au moins avoir un droit de regard sur les projets qu'il fera afin d'interdire la construction d'un pastiche de l'ancienne maison.

M. Perchet fait observer que l'immeuble voisin étant classé, les projets devront nous être soumis en application de la loi sur les abords des Monuments historiques.

La Commission, après délibération estime qu'à l'heure actuelle, étant données les charges très lourdes que doit assumer le service des Monuments historiques, il ne semble pas opportun de procéder à la reconstruction de la maison des Musiciens et que le propriétaire doit être laissé libre de faire un immeuble neuf.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/141

Ille-et-Vilaine - Saint-Malo - deux Place Chateaubriand

Rapporteur : M. Huignard.

Au cours d'une réunion qui s'est tenue à Saint-Malo en 1944, la reconstitution de la ville en lui restituant son ancien caractère a été envisagée et il a été entendu que le plus grand nombre possible de maisons du XVIIe et du XVIIIe siècles subsistantes intactes ou endommagées seraient conservées.

A cet effet, un nombre important d'immeubles ont été protégés au titre des Monuments historiques, afin d'être reconstruits suivant leurs dispositions anciennes. Parmi ces immeubles figure le 2 place Chateaubriand, à l'entrée de la ville. Construit au XVIIIe siècle, lors de l'agrandissement de la cité, il comportait trois façades, la principale élevée sur la place, les deux autres en bordure des rues Saint-Vincent et Sainte-Marguerite.

Après l'incendie de la ville, il ne restait de cette maison que quelques pans de murs et une partie des façades latérales qui furent partiellement déposées par les soins du service des Monuments historiques.

Aujourd'hui les propriétaires envisagent, d'accord avec la reconstruction, de rebâtir leur immeuble et demandent le bénéfice de la loi du 12 juillet 1941. Ce sont les plans de reconstruction de cet édifice qui sont soumis à l'examen de la Commission.

M. Huignard, dans son rapport estime qu'il y a lieu d'approuver le projet présenté et de se prononcer favorablement sur la prise en charge par l'administration des parties de l'immeuble inscrites sur l'Inventaire, c'est-à-dire des façades extérieures et des toitures visibles de la voie publique, dépense estimée par l'architecte en chef à environ 18 millions.

M. Perchet souligne l'intérêt qui s'attache à ce que la Ville de Saint-Malo retrouve son caractère ancien et rappelle que le nouveau maire de la Ville, M. Guy La Chambre, tient à soutenir notre effort dans cette tâche et souhaite que la reconstruction de Saint-Malo commence par les immeubles situés aux entrées de la ville, soit les maisons de la place Chateaubriand, d'une part, et la maison des Corsaires d'autre part.

M. Michel demande s'il ne serait pas possible de mettre seulement à la charge des Monuments historiques la part supplémentaire de dépense nécessitée par les soins particuliers que demandent les travaux exécutés par le service des Monuments historiques. 80/15/031/142

M. Perchet pense que les crédits mis à notre disposition pour la restauration des dommages de guerre nous permettront de faire face aux dépenses importantes qu'entraînera la reconstruction de la Cité des Corsaires. Il signale que les travaux de consolidation des édifices sinistrés pourront être terminés en 1948 et que l'on peut envisager dès maintenant d'entreprendre les travaux de restauration définitive.

La Commission, après délibération, donne un avis favorable à la prise en charge par l'État des travaux de restauration des façades et toitures de l'immeuble sis deux Place Chateaubriand et estime que les projets présentés peuvent être approuvés.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/143

Tarn - Albi - Vieux Pont

Rapporteur : M. Bray.

Le parapet et les arches côté sud du Vieux Pont d'Albi sont actuellement l'objet de travaux de restauration. Les parois de briques de deux arches à l'extrémité est du côté sud, très attaqués et profondément disjointes, ont été rejointoyées en conservant la plus grande partie du briquetage et avec adjonctions de briques neuves.

Ce travail tel qu'il a été exécuté a eu pour résultat de donner à la partie restaurée une surface rigoureusement unie et une teinte gris rose assez terne qui contraste fortement avec le ton des autres arches, d'un rouge vif rendu plus vibrant par les défoncements irréguliers des parois et le dégarnissage des joints.

M. Bray donne lecture du compte-rendu de la visite effectuée sur place par une délégation du comité des Monuments historiques en vue d'examiner les moyens de restaurer cet ouvrage d'art tout en lui conservant son aspect ancien. Des essais de grattage et de nettoyage des joints et des briques ont été exécutés. En recreusant avec plus d'irrégularité les joints et en retaillant la surface des briques neuves pour leur enlever leur aspect trop lisse, on a pu obtenir que les nouveaux joints s'apparentent aux joints profonds des parties non restaurées et que les briques donnent leur couleur naturelle, sans emploi de procédés artificiels, de camouflage ou de patine.

La Commission émet le voeu que les travaux de restauration du Pont soient poursuivis suivant les directives données par la délégation qui s'est rendue sur place et que toutes mesures soient prises pour que les parties refaites aient le même aspect que les parties anciennes.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/144

Seine - Paris - Hôtel de Tallard

Rapporteur : M. Paquet.

L'hôtel de Tallard, dont la porte monumentale sur rue y compris les vantaux et la rampe d'escalier en fer forgé ont été inscrits sur l'Inventaire supplémentaire, fut pendant près de deux cents ans une très somptueuse demeure ; mais comme la plupart des constructions de ce quartier il a été défiguré par des adjonctions et des réclames parasitaires qui en dénaturent l'aspect sans cependant laisser disparaître la noblesse et le charme de son architecture simple et élégante.

Des travaux très importants seraient nécessaires pour rendre à cet hôtel sa splendeur passée. Il s'agirait de supprimer toutes les verrues, de nettoyer les parements des façades et de procéder à la réfection des couvertures. Mais pour entreprendre ces travaux, il faudrait procéder au classement de l'édifice, mesure à laquelle les propriétaires se donneront certainement pas leur adhésion.

Dans ces conditions, convient-il de poursuivre le classement de l'hôtel dont la restauration entraînera pour le service une charge considérable et dont l'affectation posera des problèmes très difficiles à résoudre actuellement.

M. de Ségogne rappelle que l'on avait envisagé de réunir dans les hôtels intéressants de ce quartier tous les services administratifs de la Ville de Paris. Evidemment les circonstances présentes ne semblent guère favorables à la réalisation de ce projet mais tout au moins pourrait-on en saisir officiellement la ville et préparer un plan d'ensemble.

M. Perchet estime que ce projet est tout à fait souhaitable mais fait remarquer que tous ces immeubles sont occupés par des commerçants que l'on ne pourra exproprier avant longtemps. Pour l'hôtel de Tallard il pense qu'il n'y a pas lieu d'en poursuivre le classement en ce moment et qu'il est préférable d'attendre de pouvoir prendre des mesures de protection générales à l'égard de tous les hôtels intéressants du quartier.

La Commission, après discussion, se range à l'avis émis par M. le directeur. L'hôtel devra être provisoirement maintenu sur l'Inventaire supplémentaire.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/145

Classement

La Commission donne un avis favorable au classement des édifices suivants :

Eure - Omonville - château du Tremblay (PV spécial)

Seine-et-Marne - Thomery - église

Ille-et-Vilaine - Rennes - Place du Palais (éventuellement classement d'office)

Savoie - Chambéry - Hôtel de Châteauneuf (porte d'entrée sur rue, escalier de l'aile gauche, cage, parois, marches, piliers et rampe en fer forgé ainsi que les arcades qui y donnent accès. Compléter en outre le classement de la grille de clôture par les piliers qui l'encadrent et préciser à ce propos si cette grille appartient à l'hôtel ou à la cathédrale)

Vaucluse - Buoux - Prieuré de Saint-Symphorien (classement comme ruine)

Charente-maritime - Mornac-sur-Seudre - église (extension du classement au transept)

Loire Inférieure - Carquefou - château de la Seilleraye (façades et toitures)

Tarn-et-Garonne - Cordes-Tolosannes - abbaye de Belleperche (palais abbatial, grand salon, salle à manger, grande salle du rez-de-chaussée, chambre de l'abbé, bibliothèque, réfectoire des moines, façades et couvertures)

Tarn-et-Garonne - Lacapelle-Livron - chapelle Notre-Dame

Vaucluse - Ansouis - château

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/146

Inscription

La Commission estime que les édifices dont les noms suivent ne présentent pas un intérêt suffisant pour être classés parmi les Monuments historiques et donne un avis favorable à leur inscription sur l'Inventaire supplémentaire :

Seine-et-Oise - Bellevue - pavillon (petit salon rond)

Drôme - Mirmande - église

Nièvre - Urzy - château des évêques de Nevers

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/147

Eure - Le Tremblay - château d'Omonville

Rapporteurs - MM. Verrier et Huignard.

Lors d'une précédente séance, la Commission avait ajourné la question du classement du château d'Omonville au Tremblay en attendant le rapport que M. Verrier devait fournir sur les intérieurs de l'édifice.

M. Verrier estime qu'en ce qui concerne les boiseries et d'une manière générale le décor intérieur, étant donné que les boiseries notamment ont des provenances diverses et ont été plus ou moins retouchés pour leur mise en place, il serait préférable de ne pas les classer, et d'adopter les propositions faites par M. Huignard sauf pour les intérieurs.

La Commission se range à l'avis émis par M. Verrier. Il y aurait lieu de classer les façades et les toitures du château, le pavillon du jardinier, les écuries et le parc y compris ses éléments décoratifs et ses grilles de clôture.

Pour extrait conforme, le secrétaire, J. Houlet. 80/15/031/148