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GODDE Étienne, Hippolyte

n. Breteuil-sur-Oise, 1781, d. Paris, 1869.

Issu d'une petite famille d'entrepreneurs établie à Breteuil-sur-Oise (Oise) depuis le XVIIe siècle, Godde était le fils d'Alexandre Godde entrepreneur de bâtiments qui travailla à Amiens de 1796 à 1819. Entré à l'école des Beaux-Arts en 1796, il suivit les cours de Delagardette qui lui enseigna les théories de Vignole. Après des études peu brillantes et des échecs répétés au prix de Rome, Godde commença sa carrière en 1801 comme inspecteur des travaux publics du département de la Seine. Il vécut à Paris jusqu'à sa mort et fut l'architecte de la ville de Paris de 1813 à 1830.

Godde fut un architecte fécond ; on lui doit trente édifices religieux, quatre presbytères, six édifices publics, quatre édifices privés et trois monuments funéraires. Toute sa vie, il fut l'adepte, notamment dans ses constructions religieuses du style néo-classique et spécialement dans sa forme la plus dépouillée, le dorique grec primitif dit Paestum.

Particulièrement apprécié sous la Révolution et l'Empire, ce type d'inspiration fut de plus en plus contesté par la suite, notamment par les adeptes du retour au Moyen Âge, Victor Hugo, Didron et Lassus qui firent de Godde après 1830, leur bête noire.

La première oeuvre de Godde fut l'église de Boves en Picardie qui fut commencée en 1805 et achevée en 1818. Elle est le prototype de toute une série d'églises qui, tirant elles-mêmes leur inspiration de Saint-Philippe-du-Roule, furent construites par Godde et ses imitateurs sous l'Empire et la Restauration ; le portique à quatre colonnes sans base, le plan basilical, la nef centrale voûtée en berceau ou couverte d'un plafond à caissons, terminée par une abside en cul de four, les bas-côtés commencés par les chapelles des Fonts et de la Pénitence et s'achevant par des sacristies, se retrouvent à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Saint-Denis du Saint-Sacrement, au chœur de Saint-Jean-Saint-François et à celui de Sainte-Elizabeth, tous construits par Godde à Paris. Conscient de la valeur de son projet de Boves, Godde l'exposa au salon de 1819.

Dans le domaine des constructions civiles, Godde est aussi l'auteur de l'ancien séminaire de Saint-Sulpice à Paris et d'une partie de l'Hôtel de Ville en collaboration avec Lesueur ; cette dernière construction a été détruite après l'incendie de la Commune en 1871. Il réalisa aussi quelques hôtels particuliers pour le compte du banquier Hagerman, rue de Londres à Paris. Dans le domaine des constructions funéraires, on peut citer un projet pour la tombe de Gresset à la cathédrale d'Amiens ainsi que la chapelle et le portail du cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Godde fit partie de cette génération d'architectes qui, alors qu'elle n'avait aucune formation dans ce domaine, fut chargée par l'administration d'assurer l'entretien et la restauration des édifices médiévaux, notamment les églises qui, à la suite des réformes révolutionnaires, se trouvaient désormais la propriété de l'État ou des communes. Il eut la responsabilité de la cathédrale d'Amiens (1810-1829) et de Notre-Dame de Paris dont il ne fut déchargé qu'en 1842, à la suite du concours organisé pour sa restauration. Il effectua de très délicats travaux à l'abbatiale de Corbie et à Saint-Germain-des-Prés ; ce fut grâce à lui que fut sauvé ce qui subsiste de ces édifices qui étaient alors gravement ruinés. Godde était fort habile dans les reprises en sous-oeuvre, les étaiements, l'application des chaînages ; il adopta des matériaux nouveaux tels que le ciment de Molesmes et le mastic de Dihl. Il fut injustement attaqué par les néo-gothiques archéologiques qui lui reprochèrent ses méthodes et s'employèrent après 1848 à supprimer systématiquement ce qu'il avait effectué.

Godde eut quelques élèves : Canda, Mangot, Liberge, Gencourt, mais ceux-ci n'ont pas fait de brillantes carrières. Il prit sa retraite en 1848 après avoir fait une fortune considérable, mais sans avoir été jamais membre de l'Institut ni même de la légion d'honneur. Il se livra alors à des opérations immobilières, notamment dans le quartier de la gare près d'Ivry. Sa fille épousa l'architecte Lucien-Tirté Van Cleemputte ; son fils aîné devint lui-même architecte. Il mourut dans la misère et l'oubli.

Voir aussi : GENCOURT ; LASSUS Jean-Baptiste ; VAN CLEEMPUTTE Lucien-Tirté.