LEBEL, épouse BOUASSE Eulalie

Nom: 
LEBEL, épouse BOUASSE
Prénom: 
Eulalie
Date de début d'activité: 
12/04/1845
Date de fin d'activité: 
24/02/1865
Adresses professionnelles: 

26 puis 35 rue de la Harpe (juillet 1845)
3, rue Garancière : atelier (1859)
29, rue Saint-Sulpice : magasins (1859)

Ville - Département: 
Paris
Adresse personnelle: 

26, rue de la Harpe (1845)

Informations personnelles: 

Elle est née à Versailles (Seine-et-Oise) le 17 avril 1809. Son père était imprimeur à Versailles et à Paris, "éditeur  des oeuvres si correctes et si recherchées de Bossuet, Fénelon..." Elle a tenu le comptoir chez Basset, marchand d'estampes, pendant 2 ans et chez Dopter. Elle est séparée de son mari depuis 4 ans, mais elle n'est séparée de corps et de biens que depuis août 1844. Elle a quatre enfants à sa charge, dont deux fils internes au collège Sainte-Barbe. En 1845, elle paie un loyer de 550 F.
Elle meurt en 1898.

Informations professionnelles: 

Pour obtenir son brevet, elle a été soumise à un examen pour établir son niveau d'instruction ; elle a rendu un texte parfait pour l'orthographe et l'écriture, expliquant qu'elle souhaite avec ce brevet "ouvrir  une petite carrière" à ses deux fils . En même temps qu'imprimeur, elle est marchande d'estampes spécialisée en imagerie religieuse et objets divers de piété (bénitiers, scapulaires, médailles, crucifix, statuettes, décorations et matériel pédagogique pour les institutions religieuses...). En 1849, elle prend un brevet pour une technique d'application de métaux en feuilles minces et polies coulée sur papier avec de la gélatine. Par la suite, elle prend, aidée de ses fils, plus de vingt brevets permettant d'utiliser papiers spéciaux (gaufrés, découpés, pailletés), tissus, métal, émail, dans la fabrication de ces images, les objets (cadres, chapelets, bijoux...) mêlant souvent coquille naturelle, faux ivoire, velours, clous dorés, fausses pierreries, socle en faux ébène...Tous ces brevets donnent une idée du dynamisme et de la très grande inventivité de l'entreprise. Elle recourt à la lithographie pour les images de plus grand format, "religion en tableaux" ou "catéchisme en images", servant à l'enseignement ; si de grands peintres (Murillo, Carrache, Rubens, Lebrun...) ont leurs œuvres reproduites, la majorité des dessinateurs n'est pas identifiée, à l'exception de Tony Zach, par ailleurs "chef de nos travaux artistiques". Elle utilise aussi très tôt la chromolithographie : son catalogue de 1859 propose des feuilles de sujets depuis 10 F le cent pour celles imprimées en 2 couleurs jusqu'à 125 F le cent pour celles imprimées en 8 couleurs ; deux feuilles atteignent les 175 F le cent car elles sont imprimées, l'une (La brebis du Seigneur) en 11 couleurs, l'autre (Fleurs, symboles des vertus) en 13 couleurs et "peut être considérée comme une des plus jolies qui se soient faites en fleurs et paysages". Néanmoins la plus grande part de sa production est gravée en taille-douce sur acier, pour résister aux grands tirages, procédé pour lequel elle prend deux brevets d'amélioration des presses. Certaines des images produites sont ensuite mises en couleurs au pinceau, mais leur plus grand attrait est la dentelle de papier, fine et variée dans son dessin, qui entoure l'image. Il faut attendre la fin des années 1860 pour voir les progrès de la chromolithographie susciter une abondante production d'images imprimées en couleurs à moindre coût. En 1849, elle emploie 110 ouvriers et employés. À partir des années 1880, la phototypie est utilisée pour cette production de masse
Elle a obtenu une médaille de bronze à l'exposition de 1849 ; présente aux expositions de Londres (1851) et de Paris (1855), elle y remporte des médailles de second rang qui saluent une production importante et parfois novatrice techniquement, mais modeste pour ses ambitions artistiques. Elle exploite le marché en pleine expansion de l'imagerie destinée aux enfants, privilégiant une joliesse de la présentation allant jusqu'à la fadeur, au détriment de la puissance du message.
Dès 1853, la raison sociale de l'imprimerie est "Vve Bouasse-Lebel et fils aîné". La production de la maison Bouasse-Lebel se poursuit sous la direction de son fils Henri Marie (1828-1912), en faveur de qui elle a laissé son brevet,  jusqu'en 1895 ; à cette date, il se retire et laisse l'entreprise à son fils Albert avec qui il travaillait déjà.
En 1865, Henri Bouasse a repris Basset, qui imprimait des images religieuses de qualité.
En 1864, une brouille familiale a séparé les affaires de la maison entre les deux frères. Le fils cadet, Émile Alfred (1832-1883), a développé, lui aussi, sous la raison sociale Bouasse jeune, un commerce d'images pieuses et d'objets de piété pour lesquels il prend aussi plusieurs brevets, passant, en 1867, du 2, rue Molière au 9, rue Mabillon. Il donne une place prépondérante à la chromolithographie dans sa production. Sous la direction de sa veuve, l'imprimerie connaît des difficultés financières mais renoue avec la prospérité grâce à son fils Julien.

Bibliographie Sources: 

Archives Nationales F18 1738

INPI, 1 BB 8485, Application de tous les métaux polis ou non polis, vernis ou non vernis, à l'imagerie, et emploi de la peinture à l'eau et impression chromolithographique, sur tous les métaux, le tout avec perfectionnement, 1849.   
          1 BB 21308  Image en gaze et en étoffe de tout genre, 1854.
          1 BB 22396  Application du mica aux étoffes de tout genre et de toute nature, aux papiers de toute sorte, gaufrés ou découpés en dentelles ou carton, 1855.
          1 BB 24507  Application de la dentelle aux épreuves photographiques et de la décoloration des marges de ces épreuves, 1855.
          1 BB 26452  Genre d'images en toute sorte de papiers, peaux, porcelaine, baudruche, étoffes, paillons peints ou émaillés à perspectives mobiles, vitraux et bouquets transparents, 1856.
          1 BB 27045  Application de l'émail à froid à l'imagerie et à l'emploi, dans l'imagerie, de la peinture à la gouache au vernis et au blanc d'oeuf sur paillon fin ou faux et papier métallique, 1856.
          1 BB 28321  Application du tulle de soie, de coton ou autres, et de tous les genres de dentelles, à l'imagerie, pour remplacer les découpages avec lesquels on orne ordinairement le tour des images et du papier à lettres, 1856.
          1 BB 35829  Cachets de communion et de confirmation en moulage et leur encadrement, 1858.
          1 BB 38417 Application de fonds ornés ou dorés aux sujets plastiques, etc., 1858.
          1 BB 43124  Almanach à surprise ou genre de calendrier, 1859.
          1 BB 68141  Marteau-pilon à découper le papier en dentelles, 1865.
          1 BB 82206  Application de légendes morales et religieuses sur les burettes, les verres, les carafes, les aiguières, les timbales, les couverts et les assiettes, quelles que soient d'ailleurs les matières avec lesquelles ces objets seront fabriqués, et les procédés employés pour fixer, écrire, imprimer, estamper ou graver ces légendes sur ces objets, 1868.     http://bases-brevets19e.inpi.fr
 
Catalogue des publications religieuses de la maison Bouasse-Lebel, 1859.

Cammarano (Flavio) et Florian (Aldo), Santini e Storia di un editore parigino / Images de piété et histoire d'un éditeur parisien, la maison Bouasse-Lebel, 2009.
Rosenbaum-Dondaine (Catherine), L'image de piété en France (1814-1914), Paris, Musée-galerie de la Seita, 1984.

Remarques: 
E. P., 4/12/2018