OBERTHÜR François, Charles

Nom: 
OBERTHÜR
Prénom: 
François, Charles
Date de début d'activité: 
03/06/1842
Date de fin d'activité: 
08/02/1893
Adresses professionnelles: 

7, place du Palais (1854)
Rue Impériale (typographie)
Faubourg de Paris (1869)

Ville - Département: 
Rennes (Ille-et-Vilaine)
Informations personnelles: 

Il est né le 1er décembre 1818 à Strasbourg (Bas-Rhin). Son père y était graveur, puis lithographe breveté. Quand il a 13 ans, son père le retire de l'école pour lui faire apprendre le métier d'écrivain-lithographe et  suivre le cours de dessin d'académie des frères Guérin. A 16 ans, il enseigne le dessin linéaire dans l'école fondée par M. Ratisbonne à Strasbourg. Puis, en septembre 1837,  il l'envoie poursuivre sa formation à Paris où il échoue à se faire embaucher chez Cluis, Thierry ou Kaeppelin, mais entre chez Desurmont, une "maison de second degré", aux appointements de 60 F par mois. En juin 1838, il part pour Rennes où il entre chez Landais qui fait des travaux de ville. Il lui empruntera l'argent nécessaire pour payer un remplaçant pour le service militaire.
Après s'être converti au catholicisme, il se marie en 1842 avec Marie Hamelin, fille d'un libraire rennais ; ils auront deux fils, Charles né en 1845 et René, né en 1852.
La réussite de son imprimerie en a fait une personnalité importante de la vie locale. En 1871, il devient membre du conseil municipal de Rennes ; il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1875 ; figure du catholicisme social, il est reçu par Pie IX en 1876. Cependant, candidat à la députation en 1876, il est battu par le candidat sortant.
Il meurt subitement à Paris le 8 février 1893 lors d'un voyage d'affaires, rue Médicis où il possédait un hôtel particulier qui abritait aussi les bureaux parisiens de l'entreprise.
 

Informations professionnelles: 

 Le 3 juin 1842, il obtient un brevet d'imprimeur lithographe, seules 2 imprimeries lithographiques fonctionnant alors à Rennes, et il s'associe avec son patron Joseph François Landais pour une durée de 10 ans. En 1852, il lui succède. À côté de son imprimerie lithographique, il possède un commerce de papeterie et de fournitures de bureau. En 1854, il entre en société avec Alphonse Edmond Marteville, en reprenant 1/3 de son capital, et prend la direction de l'imprimerie typographique Marteville et Lefas qui imprime le Journal auxilaire breton, journal conservateur. Le contrat  stipule l'étroite association des deux imprimeries dans la complémentarité de leurs travaux et fournitures. Il prévoit aussi la mise en place d'une activité de réglure et reliure. C'est une étape importante de l'expansion de l'entreprise pour Oberthür à qui avait été refusé en 1848 un brevet de typographe. En 1857, Marteville lui cède le reste de son capital et se retire, et Oberthür reprend son brevet de typographe le 13 janvier 1857.
Pour soutenir sa demande de brevet de lithographe et prévenir les protestations de ses concurrents, il a affirmé qu'il ferait surtout des travaux artistiques alors que les autres lithographes de la ville ne font que des travaux de ville. Il est vrai que pour soutenir sa demande ultérieure d'un brevet d'imprimeur en lettres, il se prévaudra d'avoir introduit à Rennes "l'impression en couleurs et la gravure en relief (procédé Collas)" et dit souhaiter faire de la typo-lithographie ; l'exemple qu'il joint à son dossier est une image religieuse accompagnée de texte. Toutefois, ce sont bien les travaux administratifs et commerciaux qui feront sa fortune, plus que les travaux artistiques. D'ailleurs, le brevet qu'Achille Collas a pris en 1838 doit permettre de rendre les plaques d'acier destinées à la gravure plus résistantes aux nombreux tirages, ce qui indique plutôt une production de masse.
Oberthür réalise toutes sortes de travaux de ville : cartes publicitaires, factures, billets divers, étiquettes..., mais ce qui dynamise l'entreprise, ce sont les contrats pour des imprimés commerciaux et administratifs de deux grands réseaux. En 1854, il se lance dans la première publication d'un almanach postal (beaucoup plus populaire que l'Almanach des adresses de Rennes et des tribunaux qu'il imprimait avec Landais). En 1857, il reprend à Mary-Dupuis, de Noyon, le traité qui lui donnait pour 12 ans le monopole de l'impression du Dictionnaire des postes et de l'Almanach postal. Sur ce marché très concurrentiel, il bénéficie d'une distribution privilégiée et en profite pour décliner le concept de calendrier dans plusieurs formats et présentations (calendrier mural, almanachs illustrés, éphémérides, simple carte-calendrier...) En 1876, l'imprimerie en fabrique 4 563 269 en 1882, 6 586 000 en 1894.  D'autre part, en 1862, il a aussi passé un accord avec la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest pour les imprimés nécessaires au réseau. Elle n'est pas sans lien avec l'importante production cartographique, commencée du temps de l'association avec Landais.
Le rapide développement de l'imprimerie Oberthür, devenue Oberthür et fils en 1866 à la  suite de son association avec son fils Charles, inquiète ses confrères, comme en témoigne la protestation de Guillet quand la rumeur court qu'elle va ouvrir une succursale à Redon, ce qui serait pourtant impossible car illégal. En 1852, il employait 18 ouvriers ; en 1856, il en emploie 600 qui font fonctionner 31 presses à bras et 12 presses à  vapeur.  L'expansion de l'imprimerie nécessitera la construction successive de nouveaux ateliers. En 1865, une grève a lieu dans ses ateliers typographiques motivée par des revendications salariales. La politique paternaliste que Charles Oberthür met en place n'est sans doute pas sans lien avec cet événement. En 1867, il crée une mutuelle, la Société des lithographes de Rennes, en 1873 une école interne d'apprentissage, en 1880 un service médical... À l'occasion de la remise par l'archevêque de Rennes de la médaille de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, en 1887, il remet un livret de caisse d'épargne à chacun de ses ouvriers, 367 livrets en tout avec des sommes allant de 25 à 100 F.
Ses fils Charles (1845-1924) et René (1852-1944), ayant hérité de sa passion pour les papillons, constituèrent eux-mêmes de remarquables collections et utilisèrent les ressources de leur entreprise pour imprimer des ouvrages illustrés par la lithographie (Études d'entomologie, par fascicules, 1876-1902)
Après sa mort, ses fils Charles et René signent un acte d'association avec leur mère, Marie Oberthür, née Hamelin. L'imprimerie deviendra une société anonyme en 1909, dirigée par Charles, puis René Oberthür.

Bibliographie Sources: 

Archives Nationales F18 1941

INPI, 1 BB 52385  Application du jeu de loto à l'enseignement musical, 1861. (en association  avec Jeanne Commettant, épouse Pilet)
          1 BB 71691  Système d'enveloppes de lettres, 1866.    http://bases-brevets19e.inpi.fr/

Contrat d'association entre François Charles Oberthür et Alphonse Edmond Marteville, février 1854.  http://www.archives.rennes.fr/histoire-de-rennes/organismes/l-imprimerie...

Lerch (Dominique), « Une famille de lithographes et ses implantations : la famille Oberthür à Strasbourg, Bischwiller et Rennes (vers 1818, vers 1893) », Le Vieux Papier, 341, 1996, p. 289-304.
Charpy (Jacques), "Charles Oberthür, imprimeur rennais, 1818-1893", Bulletin et Mémoires de la société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. 89, 1987, p. 191-206.
Clarke (Alison), Tessier (Clément), Oberthür, imprimeurs à Rennes, Écomusée du pays de Rennes, 2016.

Remarques: 
Le fonds Oberthür du Musée de Bretagne et de l'Écomusée du pays de Rennes, dont est tirée la majorité des illustrations ci-dessous, a été en grande partie numérisé et peut être consulté en ligne : http://www.collections.musee-bretagne.fr