GRÉGOIRE Henri, Charles, Martin
n. Maubeuge, 1791, d. 1854.
Après avoir été élève à l'école des Beaux-Arts (1806-1811), Grégoire fut nommé architecte départemental de la Seine-Inférieure. À ce titre, à la suite de Jouannin, il dirigea de 1821 à 1830 un important chantier, celui de l'asile d'aliénés de Saint-Yon où furent réalisés pour la première fois les conceptions nosographiques et architecturales de l'aliéniste Esquirol : quartiers en U ouverts sur la nature, isolés les uns des autres et correspondant chacun à une catégorie de malades. L'asile de Saint-Yon est la tête d'une importante série de constructions psychiatriques dont la forme la plus achevée reste l'hôpital de Charenton construit par Gilbert.
Bien qu'il eût déployé dans cette première construction tout son savoir académique, Grégoire fut choisi par la commission des monuments historiques pour achever la façade de Saint-Ouen de Rouen. Les crédits nécessaires à l'opération furent votés par les Chambres au printemps 1845 à l'instigation de Prosper Mérimée dans une ambiance fortement marquée par les débats d'outre-Rhin, relatifs à l'achèvement de la cathédrale de Cologne, ce qui explique que personne n'ait envisagé de mettre en cause le bien-fondé archéologique d'une telle opération.
Grégoire présenta trois projets : l'un sans tours, l'autre avec tours obliques et le troisième avec tours de face qui fut retenu et réalisé à partir du mois de novembre 1845.
À la suite de la réorganisation du service des édifices diocésains, Grégoire fut pressenti pour être chargé des édifices diocésains de Rouen et d'Amiens. Il refusa l'un et l'autre poste, estimant qu'il était indélicat de se substituer à Pinchon et à Dubois à la tête de l'achèvement de la flèche en fonte de la cathédrale de Rouen dont la conception revenait à Alavoine, maître de ces deux architectes ; il refusa également le compromis qui lui fut proposé de devoir s'occuper, à la même cathédrale, du portail et de la cour des Libraires. C'est qu'en effet, comme l'écrivait non sans ironie l'archevêque de Rouen : « M. Grégoire, accoutumé à faire du neuf et à créer de fort belles choses, se sent peu d'attrait pour un travail de simple entretien ».
On est peu renseigné sur les autres travaux de Grégoire. Il construisit l'hospice et le séminaire d'Yvetot (Seine-Maritime) en 1837-1839, et restaura l'église Saint-Étienne de Fécamp. Il fut décoré de la légion d'honneur en 1851.
- F19 4545.
- Bauchal, p. 662-663.
- J.M. Leniaud : « Historicité ou perfectionnisme : le débat sur la façade de Saint-Ouen de Rouen », dans le Bulletin archéologique, Paris, 1978, p. 141-162.
- - « Un champ d'application du rationalisme architectural, les asiles d'aliénés », dans l'Information psychiatrique, vol. 56, n° 6, juillet 1980, p. 747-761.
- - « Plaidoyer pour l'architecture psychiatrique », dans la Revue des monuments historiques, 1981, n° 114, p. 53-58.
- - « La cité Utopie ou l'asile dans la première moitié du XIXe siècle », dans Conférences d'histoire de la médecine, cycle 82-83, Lyon, 1983, p. 129-143.
- Pascal Pottier : Henry-Charles-Martin Grégoire (1791-1854). Architecte des Bâtiments civils de la Seine inféreure, DEA, Paris I, 2 vol., 1997.
Voir aussi : ALAVOINE Jean-Antoine ; PINCHON Alexandre, Frédéric.
Autres architectes concernés : DUBOIS Edmond.