École des chartes » ELEC » Architectes diocésains » ALAVOINE Jean-Antoine

ALAVOINE Jean-Antoine

1778-1834.

Fils d'un sculpteur, Alavoine participe dans sa jeunesse aux travaux de son père et montre, disent les contemporains, des goûts précoces pour les mathématiques. Son nom apparaît sur les registres de l'école des Beaux-Arts de 1797 à 1808, à l'exception des années 1798-1801 pendant lesquelles il effectue comme militaire un séjour en Italie. D'abord élève de Thibaud, très attaché à l'antique, il entre en rapport avec Durand qui enseigne l'architecture à l'école polytechnique, se trouvant ainsi bénéficier de la double influence des Beaux-Arts et des ingénieurs qui font de la construction.

En 1807, il est attaché aux Bâtiments civils, placé comme inspecteur auprès de Jacques Cellerier qui construit alors le théâtre des Variétés. Il l'est encore lorsque Cellerier est chargé d'ériger place de la Bastille un monument exaltant les victoires de Napoléon sur les Russes et les Anglais, puis le remplace lorsque ce dernier entreprend la restauration de l'abbatiale de Saint-Denis. Place de la Bastille, il envisage la création d'une fontaine et fait alors placer le modèle en plâtre de l'éléphant dont il s'apprêtait à réaliser le bronze à la chute de l'Empire. Cet éléphant de plâtre resta en place de longues années et est demeuré célèbre pour avoir été la demeure de Gavroche dans Les Misérables de Victor Hugo.

Il semble qu'Alavoine n'ait pas été particulièrement favorable aux doctrines esthétiques de Quatremère de Quincy car, lorsqu'au lendemain de la Révolution de 1830, le ministre Montalivet crée une commission pour étudier les modifications à apporter au règlement de l'école des Beaux-Arts, de l'académie de France à Rome et aux rapports entre ces établissements et l'Institut, il se trouve désigné auprès de contestataires comme Labrouste, Delaroche, Scheffer et Delacroix.

Malgré des fonctions officielles et son renom, Alavoine n'a pas laissé d'oeuvres importantes en dehors de la flèche de Rouen : le théâtre des Variétés reste l'oeuvre de Cellerier et la colonne de Juillet fut tellement modifiée après sa mort par Duc, son inspecteur, puis successeur, que c'est à ce dernier que l'oeuvre est attribuée. Pour le reste, il n'est l'auteur que de monuments détruits ou secondaires, ou de projets non réalisés. C'est ainsi qu'il édifia le piédestal de la statue de Louis XIV sur la place des Victoires à Paris et qu'en 1828, il est chargé de concevoir pour Notre-Dame de Paris et pour la cathédrale de Besançon des projets de maître-autel qui mettraient en oeuvre des procédés moins coûteux que l'emploi du cuivre ou du bronze, tout en permettant l'argenture et la dorure.

Aucun de ces projets de maître-autel ne fut réalisé, mais ces tentatives mettent en évidence les goûts d'Alavoine pour les expérimentations de matériaux nouveaux. C'est à la cathédrale de Rouen qu'il se livra à partir de 1824 à son expérience la plus ambitieuse, proposant un projet de flèche en fonte destinée à succéder à la flèche médiévale qui venait d'être abattue par la foudre. Il réitérait dans l'emploi d'un procédé qu'il avait testé à la cathédrale de Sées : la substitution à la pierre d'éléments de fonte préfabriqués et montés sur place. Outre les difficultés liées à la fabrication et à la pose, Alavoine dut affronter l'hostilité déclarée de toute l'école néo-gothique, avec Lassus et Viollet-le-Duc qui estimaient irrationnelle la reproduction en fonte de formes destinées à la pierre, de telle sorte qu'interrompu à partir de 1848, le chantier ne fut achevé qu'à partir de 1875.

Architecte des bâtiments civils depuis 1827, Alavoine fut enfin chargé des Archives nationales et du conservatoire des arts et métiers.

Voir aussi : LABROUSTE Henri ; LASSUS Jean-Baptiste ; VIOLLET-LE-DUC Eugène, Emmanuel.

Autres architectes concernés : BARTHÉLÉMY Jacques-Eugène ; DUBOIS Edmond ; GOURLIER Charles-Pierre ; GRÉGOIRE Henri, Charles, Martin ; PINCHON Alexandre, Frédéric ; POULIGUEN ; ROBELIN Charles.