LEGENDRE Alfred, Mathurin, Gustave
n. Nantes, 17 juin 1838.
Élève de Driollet, architecte de la ville de Nantes, dessine en 1858, sous la direction d'Ecochard le plan de transformation du jardin des plantes, devient de 1859 à 1860 inspecteur de ces travaux de transformation en jardin paysagiste. De 1860 à 1863, il est pensionnaire de la ville de Nantes en récompense des travaux du jardin des plantes.
Il construit en 1862 les écuries du château du Bois de la Musse (Loire-Inférieure), en 1867 les dépendances du château du Puy-de-Sèvres (Vendée), en 1868, il agrandit le château de Lucinière (Loire-Inférieure), aménage l'intérieur du château de Bégyl (Ille-et-Vilaine) en 1869 ; il construit en 1871 le haras du château de la Gascherie (Loire-Inférieure) ; en 1877, il participe au concours de la préfecture de Constantine ; en 1878, il construit, restaure et agrandit le château de Kéronic (Morbihan) ; en 1881, il transforme le château de Kennavel (Finistère) ; en 1885, il construit les écuries du château de Jaille (Loire-Inférieure) ; en 1886, il construit, agrandit et restaure le château de Buron (XIVe et XVe siècles, Henri IV et Louis XIII).
Le 9 mars 1885, il est nommé inspecteur des édifices diocésains de Nantes. Mais dès 1880, il se trouve en relations conflictuelles avec Sauvageot, l'architecte diocésain sur lesquelles on est informé grâce à son volumineux dossier personnel. Dès le 18 décembre 1888, Sauvageot reproche à Legendre d'avoir publié sans autorisation des dossiers, clichés et autres documents correspondant aux travaux et singulièrement à la découverte d'un escalier du XIe siècle dans la pile romaine sud-ouest. En 1890, Sauvageot se plaint à nouveau de son inspecteur qui dépasserait le montant du crédit d'entretien qui lui est alloué, favoriserait une sous-traitance occulte et emprunterait de l'argent à des entrepreneurs. Les dénonciations de Sauvageot firent l'objet de deux rapports de la part de l'administration des cultes. L'un portait sur des publications sans autorisation : on y notait que l'affaire était sans conséquence puisque les documents (il s'agissait d'un rapport d'Anatole de Baudot datant de 1882) avaient été antérieurement publiés par les soins du conseil général. On y indiquait également que Sauvageot donnait des ordres sur le chantier sans en informer Legendre. Le second concernait la question des travaux d'entretien : il s'avérait que l'inspecteur reportait des dépassements de crédits d'un exercice sur l'autre, ce qui était contraire aux règles de la comptabilité publique selon lesquelles les règlements des travaux exécutés dans l'année devaient se faire sur l'exercice en cours et qu'il avait l'habitude, lorsque les lots étaient peu importants, de réunir en un seul décompte les travaux faits par plusieurs entrepreneurs ; ces pratiques avaient été dénoncées par un entrepreneur bénéficiaire de gros travaux qui fut évincé lors d'une adjudication en 1891. Il apparaissait que l'emprunt contracté était d'un montant réduit et qu'il avait été remboursé. En somme, les faits étaients regrettables, mais n'impliquaient pas la révocation. L'administration centrale suggéra au préfet de pousser Legendre à la démission. Mais le préfet considérait Legendre comme un homme capable et souhaitait le maintenir dans son poste, d'autant qu'il était bon républicain.
Sauvageot poursuivit ses attaques : Legendre effectuait des travaux sans lui en référer, ne relevait ni ne dessinait les attachements figurés, avait provoqué des affaissements de la maçonnerie en débouchant l'escalier dans le pilier roman. Le nouveau préfet défendit également l'inspecteur. À partir de 1891, le bruit se répandit dans Nantes que les travaux de la cathédrale étaient mal faits. Le 30 août de la même année, Legendre fit paraître un article dans le Progrès dénonçant les malfaçons et accusant Baudot de vouloir acheter son silence sur cette question et l'emploi de mauvais matériaux. Le 8 septembre 1891, Legendre fut révoqué mais fit paraître aussitôt un nouvel article contre Sauvageot dans le Progrès du 15 septembre suivant.
- F19 7236.
- Delaire, p. 192.
Voir aussi : BAUDOT Anatole de ; DRIOLLET Henri, Théodore ; SAUVAGEOT Louis, Charles.