SIBIEN Jean, Antoine, Jules
n. Nancy, 1er mai 1822.
Élève de Labrouste, beau-frère de Dupuy, chef de division au ministère de l'Intérieur.
Agent en chef, puis architecte du département des Landes. Architecte diocésain d'Aire-sur-l'Adour à partir du 15 mai 1849. Vaudoyer écrit à son sujet (compte-rendu du personnel) en 1853 :
M. Sibien est élève de Labrouste ; il est architecte du département et habite au chef-lieu : Mont-de-Marsan. Cet architecte est chargé du diocèse d'Aire depuis peu de temps ; il a d'excellentes manières et paraît intelligent et soigneux, le peu de travaux qu'il a exécuté ne me permet pas de formuler une opinion bien arrêtée sur sa capacité ; mais je le crois suffisamment capable pour le service du diocèse qui lui est confié.
En 1859, il a démissionné de son emploi d'architecte départemental, n'habitant plus le département des Landes, mais Paris, au profit d'Ozanne soutenu par le préfet. L'année suivante, le préfet cherche à lui faire quitter les fonctions d'architecte diocésain, ce qui suscite la note suivante du cabinet du ministre :
Affaire de l'architecte diocésain des Landes (M. Sibien), dépenseur, négligent, aujourd'hui à Paris.
Le préfet voudrait le remplacer par M. Ozanne, architecte départemental, exact, économe (qui consulterait M. Maller de Bordeaux pour l'architecture). Cela me paraît bon. Nous avons répondu par un atermoiement. Il faudrait une solution.
À cela, Hamille répondit (12 mai 1860) :
M. le préfet n'a pas complètement exposé les faits qui se rattachent à cette affaire. Il est donc nécessaire de les rappeler. M. Sibien est élève de M. Labrouste et a un talent plus que suffisant pour diriger les travaux du diocèse. Il a été architecte du département ; mais, déterminé par des motifs dont il n'a été rendu aucun compte à l'administration, le préfet lui a retiré ces dernières fonctions. Il a donc été remplacé par M. Ozanne, ingénieur civil, auquel on paraît avoir promis, sans en avoir référé au ministre compétent, le titre d'architecte diocésain. J'attire sur ce premier fait l'attention de Son Excellence, parce que, si l'on avait l'intention de faire confier à l'architecte départemental les travaux diocésains, il était de la plus simple convenance de consulter le ministre des cultes sur le choix de l'architecte.
M. le préfet dit que M. Sibien est :
Dépenseur : Jamais, nous n'avons eu ce reproche à lui adresser. Les chiffres repoussent d'ailleurs cette accusation puisque M. Sibien n'a dépensé en moyenne que 3 573 fr. par an et en totalité depuis 1855 jusqu'en 1859 inclusivement que 17 867,02.
Négligent : nous n'avons jamais reçu la moindre plainte et, au contraire, ses écritures sont bien tenues.
Il est vrai que M. Sibien est momentanément à Paris mais il a l'espoir de retour et, en attendant, son frère, architecte capable, le remplace. Au surplus, il a été invité à ne pas prolonger son absence et s'il ne prenait point un parti décisif, il y aurait lieu d'examiner la question de son remplacement. Mais serait-ce le cas de nommer l'ingénieur civil chargé des travaux du département ?
Je ne le crois pas et pour cause.
D'un côté, Son Excellence a émis et soutenu avec fermeté le principe de la diminution du nombre des architectes diocésains afin d'économiser des frais d'honoraires fixes et de voyage. Sous ce premier rapport, mon devoir serait de chercher une combinaison conforme à ce sage et salutaire principe. Si, au contraire, on nommait l'architecte du département, il faudrait lui payer un traitement annuel de 1 200 fr.
D'un autre côté, peut-on raisonnablement confier des travaux d'art à un ingénieur civil ? Je ne puis le proposer. On sent si bien que M. Ozanne n'a pas les connaissances architecturales suffisantes qu'on annonce qu'il consulterait un architecte de Bordeaux pour l'architecture. Ce serait donc, en réalité, M. Maller, de Bordeaux qu'on choisirait, puisqu'un diocésain ne fait que de l'architecture. Ainsi, les travaux d'art de la cathédrale qui sont très délicats, seraient confiés à un homme qui n'est pas architecte. Puis, qui donc nous donnerait des avis sur des projets d'églises produits à l'appui des demandes de secours ? Tout cela me paraît très grave et très digne de l'attention de Son Excellence. C'est à tort que le préfet prétend que nous avons répondu par un atermoiement. Il est vrai que le ministre n'ayant formulé aucune plainte contre son agent, n'en ayant même pas reçue, n'a pas cru devoir briser un galant homme sans y réfléchir. Mais, sur la question de son remplacement, le ministre était très net.
L'évêque, sollicité par le préfet, avait soumis la question au ministre tout en exprimant le désir de conserver les plans préparés par M. Sibien. Il lui a été répondu que les considérations d'art et d'économie rendraient très difficile la nomination de M. Ozanne. L'évêque a répondu : qu'on avait fait valoir des motifs d'économie, d'unité d'action et qu'informé qu'un étranger viendrait, ces motifs n'ont plus leur application et comme il n'avait aucune autre raison de demander le changement de M. Sibien, il prie le ministre de regarder sa demande comme non avenue.
Telle est l'affaire. J'ajoute que des démarches ont été faites près du directeur général par M. Dupuy, de l'Intérieur, en faveur de M. Sibien, frère du titulaire, son beau-frère.
Il démissionne pour raison de santé le 26 octobre 1880 et accède à l'honorariat le 1er novembre suivant.
- F19 7233.
- Bauchal, p. 722.
Voir aussi : DUPUY Charles, Armand, Clément ; LABROUSTE Henri ; VAUDOYER Léon.
Autres architectes concernés : DUPOUY Jules, François ; ROCHET Justin, Jean, Marie.