BARBAT Louis

Nom: 
BARBAT
Prénom: 
Louis
Date de début d'activité: 
13/05/1833
Date de fin d'activité: 
05/11/1870
Adresses professionnelles: 

3, rue de l'Hôtel de ville

Ville - Département: 
Châlons-sur-Marne (Marne)
Successeurs: 
Informations personnelles: 

Il est né à Châlons-sur-Marne le 3 juillet 1795 ; son père était marchand-mercier. Il a suivi les cours de dessin du graveur Charles-Nicolas Varin, professeur à l'École municipale de dessin. Après avoir servi brièvement dans l'armée napoléonienne en 1814, il s'installe comme mercier passsementier, tout en cultivant sa passion du dessin. Ses premiers essais de lithographie semble dater de 1825. Dès cette époque,  il collectionne les dessins anciens concernant Châlons et ses environs, ainsi que les documents éclairant leur histoire. Quand il fait sa demande de brevet,  il a donc déjà fait des plans de Châlons, de Vitry-le-François, du Camp d'Attila et il propose par souscription des vues de Châlons dont l'une est déjà réalisée et deux autres en cours.
Il est membre de la Société des antiquaires de France et de la Société d'agriculture, du commerce, des sciences et des arts de Châlons-sur-Marne.
Membre du Conseil municipal depuis 1838, il dépose un brevet pour un dispositif de lutte contre le reflux des émanations des égouts, qu'il fait adopter par la municipalité de Châlons en 1864 et qui lui vaudra des contestations. Il est aussi membre de la Comission des hospices et suppléant au tribunal de commerce. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1863.
Il meurt le 5 novembre 1870 .

Informations professionnelles: 

Ayant obtenu son brevet de lithographe, il demande à pouvoir disposer "d'une presse dans le genre de celle des imprimeurs typographes à laquelle il adapterait un mécanisme qui, d'une seule pression, produirait des empreintes de différentes couleurs, et lui donnerait le moyen de fournir à la principale branche du commerce du département de la Marne les cartes ou étiquettes que les négociants en vins tirent de l'Allemagne". Le 3 janvier 1834, il lui est répondu qu'il peut utiliser n'importe quelle presse du moment qu'il n'utilise pas de caractères mobiles qui font l'objet de la réglementation appliquée aux typographes. Quatre ans plus tard, il demande à utiliser une presse  typographique et des caractères pour l'impression sur pierre de vignettes, factures et surtout étiquettes. "Les négociants en vins du département tirent d'Allemagne  une quantité considérable d'impressions mélangées  de différentes couleurs  et notamment des étiquettes de bouteilles de vins mousseux qu'ils exportent, genre d'impression qui, jusqu'à présent, ne s'était point fait en France. Le soussigné est parvenu au moyen de la lithographie à obtenir des résultats assez satisfaisants pour  pouvoir rivaliser avec l'étranger tant sous le rapport de la bonne exécution que sous le rapport du mélange des couleurs." Néanmoins il a besoin de pouvoir faire à moindre coût  les changements de noms des vins ou des marques pour soutenir la concurrence allemande, ce qui nécessite une presse typographique. À ce plaidoyer de Barbat est jointe, comme en 1833, une pétition de négociants de vins de Champagne appuyant cette demande d'autorisation ; elle est accordée pour 30 kg de caractères le 22 février 1838. Entre-temps, il a fait une demande de transfert pour Épernay qui est rejetée.
Il est l'un des deux principaux imprimeurs d'étiquettes et de cartes publicitaires pour les vins de Champagne. Si les cartes porcelaine, dont il avait été un important fabricant dans les années 1840, sont théoriquement interdites, il offre un vaste choix de compositions aux producteurs et négociants (Charles Heidsieck, par exemple) de la région : au classique fond blanc avec inscription (et parfois liséré) en noir et or (Tisane de Champagne, 1859), ils peuvent préférer des fonds saumon, bleu clair ou foncé, rose vif..., avec des inscriptions en noir, or ou argent. Ainsi pour le Bouzy mousseux d'Auger Goudinot, propose-t-il, en 1859, six combinaisons de couleurs pour une même présentation. Dans le registre commercial et publicitaire, il propose de nombreux calendriers illustrés à partir de 1834.
Si une très grande part de sa production et de ses revenus est liée au commerce du vin, sa production n'est pas sans rapport avec d'autres besoins spécifiques à la ville de Châlons. Ses presses lithographiques lui servent à imprimer les textes et figures autographiés de manuels  destinés aux élèves de l'école des Arts et métiers de Châlons (Géométrie, Mécanique, physique, géométrie descriptive, arpentage...) ; des cartes de la région, liées tout particulièrement au camp militaire, théâtre des grandes manoeuvres du second Empire ; les illustrations de travaux historiques locaux et de livres de la pratique religieuse. La marche de son imprimerie n'a pas tué en Barbat le goût de la pratique personnelle du dessin et de la lithographie. Il a réuni, autour de lui et de son fils Pierre Michel lui-même très bon dessinateur, une équipe de lithographes de talent (Constant Augustin Maillet, Ingriche, Dole, Oudart, Barankiewicz ) qui lui permettent de réaliser quelques ouvrages exceptionnels. Pour les livres religieux, plus que le Petit paroissien romain et le Livre d'heures de 1862, qui a nécessité 200 pierres de tirage pour imiter les enluminures et les lettrines d'un ouvrage médiéval, ce sont les Évangiles des dimanches et  fêtes de 1844 qui éblouit par la diversité de ses décors et de ses couleurs, et rivalise avec (voire dépasse) la production d'un Curmer à Paris ; livre-manifeste de la virtuosité de l'imprimerie Barbat, il est tiré à moins de 100 exemplaires, dont certains exemplaires sur papier porcelaine. Pour illustrer son Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne et de ses monuments depuis son origine jusqu'à l'époque actuelle, qui paraît en 1854, il a rassemblé ses anciens dessins aux côtés de ses dessins plus récents, de ceux de son fils et du lithographe Maillet  ; il a aussi utilisé des dessins de son maître Varin et d'autres réunis au fil du temps. Si la partie historique est le reflet d'une conception de l'Histoire qui fut rapidement critiquée, les lithographies, alliant charme et précision, eurent un succès mérité. Imprimé par Théodore Martin pour le texte, l'ouvrage, tiré à 500 exemplaires, fut vendu par livraisons de 1854 à 1860 ; une seconde édition fut mise en vente en 1864 en 25 livraisons à 2 F. Les lithographies de Barbat furent aussi utilisées pour illustrer une série de calendriers commencée en 1834, mais aussi Les pierres tombales du Moyen Age de Barthélémy, publié par Didron (1854), dont il ne parut que deux livraisons.
Dès 1836, à l'exposition de Reims, il fut récompensé d'une médaille de deuxième classe pour un grand cadre  présentant des étiqettes pour le vin de Champagne. Quatre ans plus tard, son Évangile des dimanches et fêtes suscita l'admiration de la reine Amélie qui le récompensa d'une épingle en or ornée d'un brillant. À l'exposition des produits de l'industrie de 1839, puis de 1844, aux expositions universelles de Londres, puis de Paris, il fut distingué (mention Honorable pour des "étiquettes imprimées en or et en couleurs d'une belle exécution,", 1839 ; médaille d'argent, 1844 ; mention Honorable, 1851 ; médaille de première classe, 1855).

 

Bibliographie Sources: 

Archives Nationales F18 1984

INPI, 1 BB 57457  Appareil de fermeture d'égouts, 1863-1865.    http://bases-brevets19e.inpi.fr
INPI, Registre des marques 1 MA 768 Vins mousseux

Arnoult (J. M.), "Préface" de  Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne et de ses monuments..., Roanne, Horvath, 1979.
Lhote (Amédée), Histoire de l'imprimerie à Châlons-sur-Marne, Châlons-sur-Marne, Martin frères, 1894, p. 217-219, 226-230.

Twyman (Michael), A History of Chromolithography, London, The British Library, 2013, p. 180-181.

Remarques: 
La Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne a numérisé et mis en ligne, outre l'Évangile des dimanches et fêtes, un important fonds de cartes et plans lithographiés par les Barbat. http://bmvr.chalonsenchampagne.fr/ Revu E. P., 1/02/2021.