LANDA Antoine, *Louis

Nom: 
LANDA
Prénom: 
Antoine, *Louis
Date de début d'activité: 
14/05/1840
Adresses professionnelles: 

2, rue de Thiard (184?)
12, rue du Jeu de paume (1865)
Rue de Gloriette (1873)
Rue du Temple et rue de Lyon (1879)

Ville - Département: 
Chalon (Saône-et-Loire)
Informations personnelles: 

Il est né le 27 décembre 1815 à Chalon. Son père était commis des impôts indirects. Il est dessinateur lithographe de formation. Ses opinions politiques n'ont pas échappé au Préfet : "Il s'est toujours fait remarquer par l'exaltation de ses opinions avancées ; avant 1848, il était fourriériste et s'occupait activement de propagande phalanstérienne ; depuis il devint l'éditeur d'un journal ayant pour titre Le Démocrate de Saône-et-Loire destiné à propager la doctrine fourriériste, mais qui ne tarda pas à suivre le torrent et à se fondre dans la démocratie révolutionnaire la plus avancée ; enfin, le 17 février 1850, une réunion de républicains avancés a eu lieu chez lui. Depuis le mois de décembre 1851, le sieur Landa n'a donné lieu à aucune observation défavorable, il n'a pas figuré  dans les désordres de cette époque, mais il est toujours considéré par les autorités locales comme professant des idées hostiles au gouvernement de l'Empereur" (rapport de 1858). Les premiers fouriéristes sont apparus à Chalon en 1839-1840, mais ils ne se manifestent publiquement qu'à partir de 1846 par l'organisation de banquets démocratiques et professions de foi dans la presse locale. Lors de la révolution de 1848, ils se joignent aux autres mouvances socialistes et républicaines et publient un nouveau bi-hebdomadaire, Le Démocrate de Saône-et-Loire, qu'héberge et imprime Landa du 22 mars au 29  juillet 1848. Bien qu'écartés des candidatures aux élections, ils restent présents dans les manifestations de la gauche républicaine jusqu'aux poursuites engagées contre eux à partir de juin 1849 et, plus encore, décembre 1851. C'est dans ce contexte que Landa a fait l'objet d'une surveillance régulière. En janvier 1869, il reprend le Progrès de Saône-et-Loire, qui, lancé en août 1867, a cessé de paraître en décembre 1868 à cause de difficultés financières. Jugé par le Préfet "ultra-démocratique, anti-religieux, anti-dynastique, hostile au gouvernement et à l'administration avec une doctrine démagogique qui a une très mauvaise influence sur les classes populaires, notamment dans les campagnes", le journal est l'objet d'une étroite surveillance  jusqu'à son interdiction le 29 octobre 1873 pour un article jugé séditieux concernant les manoeuvres supposées de députés pour rétablir la monarchie grâce au comte de Chambord ; malgré le soutien de personnalités locales, il ne reprendra sa publication qu'en janvier 1876. Quelques publications, après 1870, pour le compte de la Ligue de l'enseignement et pour la délégation maçonnique de 1871 auprès du chef de l'Exécutif attestent aussi sa fidélité aux opinions de gauche.
Membre de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, de la Société des arts industriels et de la Société d'histoire et d'archéologie de Saône-et-Loire, il s'intéresse personnellement aux fouilles des sites préhistoriques de la région, comme à Culles-les-Roches.  Une partie de ses observations dont il a rendu compte, notamment,  en 1869, dans sa "Promenade archéologique aux environs de Chalon" ont servi de point d'appui aux campagnes de fouilles du XXe siècle pour la connaissance de l'habitat de l'âge de bronze dans la région. Toutefois, ses collections et les notes  qu'il avait encore acccumulées ont disparu dans l'incendie de 1877.
Il meurt le 3 mars 1902.
 

Informations professionnelles: 

Dans les années 1840, ses principales spécialités sont les étiquettes, or et argent, mais aussi tous les papiers filigranés nécessaires aux activités bancaires : actions, billets à ordre, lettres de change..., qu'il fabrique et imprime et pour lesquels il a pris un brevet.
Si ses opinions politiques n'avaient pas attiré l'attention pour l'obtention de son brevet de lithographe, elles sont cause du rejet le 14 janvier 1858, puis le 15 mai 1860, de ses demandes de brevet d'imprimeur en lettres. Il l'obtient finalement le 24 octobre 1861. Ce revirement s'explique par plusieurs raisons. D'abord, il semble s'être politiquement assagi, comme le note le Préfet dès 1858, et, avec 30 presses employant 50 personnes, il est une notabilité locale. Les membres de la Chambre et du Tribunal de commerce soutiennent donc sa demande. Lui-même joint à sa demande un long plaidoyer, insistant sur le sérieux de son travail récompensé par 3 médailles lors des expositions de Paris (1855), Dijon (1858) et Besançon (1860) et une invitation à celle de Londres en 1862, ainsi que sur son dynamisme attesté par ses brevets d'invention déposés en 1843, 1857 et 1859. Il montre surtout l'importance de sa production  :  étiquettes en or et couleurs  pour  les vins et liqueurs, les parfums, les étoffes ; les travaux de précision avec zones colorées et chiffrées (cartes et tableaux  pour ponts et chaussées, compagnies de chemin de fer et usines diverses) ; les travaux d'archéologie et de dessin artistique en couleurs. Or cette production ne concurrence nullement les autres lithographes chalonnais moins spécialisés, d'autant que sa clientèle dépasse les limites du département (Algérie, Allemagne, Suisse, Italie). Il a besoin de la typographie pour soutenir la concurrence sur ces marchés. L'administration semble avoir été sensible à son importance économique car ce plaidoyer rend compte de façon juste de la diversité et de l'importance de sa production. Offrant à sa clientèle lithographie, autographie, typographie et taille-douce, l'imprimerie poursuit son expansion au-delà de la fin de l'Empire. Toutefois, la veine de sa production cartographique, commencée dès 1843, semble s'être épuisée après la série de plans des villes du département publiée en 1869. Dans les années 1870, son papier à en-tête fait primer la fabrication d'étiquettes (pour les vins, la parfumerie, les produits alimentaires, les encres...) sur tous les autres travaux d'imprimerie générale : tableaux-pancartes ; avis, prospectus, mémoires ; travaux commerciaux (factures, prix, chèques, fonds d'archives...) ; affiches de toutes dimensions, en noir, en couleurs, avec dessins ; "ouvrages modernes ou antiques, littéraires, scientifiques, artistiques, en caractères étrangers ou avec illustrations" venant en dernier.
Sa clientèle ne se limite pas à la Bourgogne puisqu'il imprime des étiquettes en chromolithographie pour des vins et alcools de toute la France (vins de Champagne, Noilly Prat...), pour les conserves de truffes du Périgord  (marques Laforest, Pécoul, Benech...en 1875-1876)  et autres produits.
  Le 7 décembre 1877, l'immeuble abritant l'imprimerie (voir ci-dessous) est détruit par un  incendie, né dans l'atelier de menuiserie voisin : "Les livres de M. Landa ont pu être sauvés, mais les pierres lithographiques, le matériel d'imprimerie, la carte de Saône-et-Loire", [le stock de papier] sont devenus la proie des flammes. De la maison Landa ne reste plus que quatre murs" rapporte le Courrier de Saône-et-Loire. Les pertes sont estimées à 150 000 F et les Chalonnais lancent une souscription pour secourir les ouvriers de l'imprimerie réduits au chômage.

Bibliographie Sources: 

Archives Nationales F18 2065
INPI, 1 BA 11310 Perfectionnements à la lithographie...(1843)    http://bases-brevets19e.inpi.fr
         1 BB 34505 Système pour poudrer, épousseter... (1857) 
         1 BB 40694 Système mécanique propre à la fabrication des papiers peints (1859) 
         1 BB 67737 Perfectionnements aux organes des machines à imprimer en lithographie (1865 ; addition 1866)
         1 BB 70229 Machine à poudrer les couleurs, les dorures... (1866)
         1 BB 183404 Système de gravure mécanique sur pierre et métaux [...] des écritures, ornements, médailles, sujets de guillochage...

Louis Landa, "Promenade archéologique aux environs de Chalon" dans Matériaux d'histoire et d'archéologie, Chalon, 1869, p. 108-112.

"L'incendie de l'imprimerie du Progrès de Saône-et-Loire", Courrier de Saône-et-Loire, 9 décembre 1877, p. 2.
Annie Bleton-Ruget, Michel Cordillot et alii, "À propos du groupe fouriériste de Chalon-sur-Saône (1840-1849)" dans Cahiers Charles Fourier, n° 23, 2012.    http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1091