MAGNE Lucien
n. Paris, 1849, d. 1916.
Fils d'Antonin Magne, fut l'ancien condisciple de Flourens, conseiller d'État, directeur des cultes, au lycée Charlemagne. Il était également le gendre de l'astronome Le Verrier.
Après avoir été l'élève de l'école des Beaux-Arts (promotion 1868) et de son père. Magne commença sa carrière au service d'architecture de la ville de Paris comme conducteur en 1873, inspecteur en 1875, puis, architecte en 1885 sur le chantier du marché de la Chapelle, en collaboration avec son père. Il participa, en outre, à la construction de 1873 à 1886 des marchés de Port-Royal, du Gros-Caillou, des Martyrs, de l'Ave-Maria ; reconstruisit la fourrière, érigea en 1889 le monument de Le Verrier à l'Observatoire, projeta des lavoirs municipaux en remplacement des bateaux-lavoirs, le marché Beauveau. On lui doit la restauration de Saint-Martin de Monmorency.
Il entra aux Diocésains en avril 1874 comme rapporteur au comité des inspecteurs généraux des édifices diocésains ; il est apprécié dans cette fonction par A. de Baudot qui écrit de lui en 1881 : « Rapporteur consciencieux et précis ; est d'un secours utile au Comité » et par Vaudremer qui note : "Étude consciencieuse des dossiers, rapports sérieusement et simplement présentés". Le 21 mars 1877, il est désigné architecte diocésain d'Autun en remplacement d'Alphonse Durand, démissionnaire ; le 29 février 1888, architecte diocésain de Poitiers en remplacement de Mérindol, décédé ; en 1900, inspecteur général-adjoint des édifices diocésains.
Il entra au service des monuments historiques en 1878 pour le Maine-et-Loire et la Seine-et-Oise ; fut chargé de Bordeaux en 1892 ; nommé membre de la commission des monuments historiques en 1896 et inspecteur général en 1901, en succession de Lisch. Il restaura en Seine-et-Oise les églises de Montmorency, de Bougival, de Taverny et l'église de Puteaux ; dans le Maine-et-Loire, l'hôtel de Pincé, le musée Saint-Jean, l'église Saint-Serge, la tour Saint-Aubin à Angers, les églises de Nantilly et de Saint-Pierre de Saumur, le château de Saumur, l'abbaye de Fontevrault, les églises du Puy-Notre-Dame, de Doué-la-Fontaine en Saône-et-Loire, la fontaine Saint-Lazare à Autun, les églises de Louhans et d'Anzy-le-Duc ; en Gironde, les églises de Sainte-Croix, de Saint-Seurin, de Saint-Bruno, de Sainte-Eulalie à Bordeaux, le palais Gallien, les églises d'Uzeste et de Bazas ; dans le Cantal, à Aurillac, la maison consulaire du XVIe siècle.
Entre autres constructions publiques, Magne réalisa pour le compte du département du Cantal, l'établissement hospitalier d'Aurillac (1883-1891), l'église d'Ermont en Seine-et-Oise, le sanatorium de Poligny. À titre privé, il édifia à Paris l'hôtel Mirabaud, 41-44 avenue de Villiers (1879-1881), l'hôtel de Bethisy, avenue Henri-Martin (1881-1882), l'hôtel de Beauffort, 32 rue Saint-Dominique, un hôtel 19 boulevard Lannes, deux villas, 16 rue Raffet et 15 boulevard de Boulogne (1881-1883) dont le projet fut récompensé en 1884 par la grande médaille de la société centrale des architectes pour l'architecture privée, des maisons, 17, rue des Pyramides et 3, rue d'Argout, le château de Serrant en Maine-et-Loire, le château de Moussy-le-vieux (Seine-et-Marne), le château de Breteuil (Seine-et-Oise), le monument Talabot à Saint-Geniez en Aveyron. En 1904, il eut sa carrière couronnée, étant nommé architecte du Sacré-Cœur de Montmartre en remplacement de Rauline (Cf. Le Bâtiment du 20 octobre 1904).
Il obtint par ailleurs une médaille de seconde classe au salon de 1878, des médailles hors concours aux expositions universelles de 1889 et 1900. Il était membre de la société de perfectionnement de la manufacture des Gobelins à partir de 1894, du comité de patronage de l'école Boulle (1902) et de divers jurys aux expositions universelles de 1889 et 1900. Il fut enfin désigné professeur d'histoire générale de l'architecture à l'école des Beaux-Arts en 1891 et professeur d'art appliqué au conservatoire national des arts et métiers en 1899. Chevalier de la légion d'honneur depuis le 25 juillet 1885, il fut promu officier le 18 août 1900.
Magne eut également une importante production imprimée. En 1885, il publia L'oeuvre des peintres verriers français ; en 1886, des notices sur les vitraux de l'ancienne abbaye de Gercy et sur les fouilles du cimetière mérovingien d'Ermont (publication du comité des arts et antiquités de Seine-et-Oise) et une étude sur la construction du fer (Journal des constructions modernes, 1886) ; en 1889, L'Architecture française du siècle. De 1885 à 1887, il publia également des articles sur le vitrail dans la Gazette des Beaux-Arts ; en 1895, Le Parthénon ; en 1898, L'Art appliqué aux métiers.
En 1884, il organisa également une salle de vitraux anciens dans le musée des arts décoratifs.
- F19 8045.
- Arch. Monum. Hist., 1994, p. 36.
- Bouvier, 1999.
- Congrès archéologique de France, Paris, 1934, p. 276.
- Delaire, p. 201.
- Dictionnaire arch. Paris, III, p. 77.
- Thieme et Becker, XXIII.
- Thomine, 1995.
- Nomblot Cécile, De la destruction de Cluny à la reconstruction du diocèse d'Autun : le néo-roman en Saône-et-Loire au XIXe siècle, mémoire de DEA de l'université Lumière-Lyon 2 (François Fossier dir.), 175 p. dactyl, voir index.
Voir aussi : BAUDOT Anatole de ; DURAND Alphonse ; LISCH Jean, Juste, Gustave ; MÉRINDOL Jules, Charles, Joseph de ; RAULINE Henri, Pierre, Marie.
Autres architectes concernés : ABADIE Paul ; BALLU Albert ; BOUDOUIN Michel ; POTDEVIN Charles, Albert ; ROIDOT Jean ; VAUDREMER Joseph, Auguste, Émile.