Méthode d'édition

L'établissement des textes

Comme on l'a dit plus haut, les actes sont publiés de préférence d'après les originaux, ou à défaut d'après les copies officielles et authentiques transcrites dans les registres du parlement de Paris, ou à défaut d'après des imprimés anciens, si possible contemporains des actes.

Les originaux sont très peu nombreux : nous n'en avons retrouvé que deux, qui sont ceux de l'édit de Nantes. L'un, très célèbre, est conservé aux Archives nationales ; c'est celui qui a été envoyé aux cours parisiennes pour enregistrement. L'autre, moins connu du grand public, se trouve aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône ; c'est celui qui a été adressé au parlement d'Aix. Nous avons utilisé l'original parisien comme texte de base.

Tous les autres actes que nous publions le sont d'après les registres du parlement de Paris, sauf les articles particuliers de Bergerac (n° IX) et les articles secrets et les brevets de l'édit de Nantes (nos XIII, XIV et XV).

Si tous les édits sont structurés en articles, ceux-ci n'ont pas toujours été numérotés dans l'original ou dans la copie authentique : c'est seulement à partir de 1570 que cet usage est devenu habituel. Pour faciliter la lecture de ces textes et leur citation, nous avons nous-mêmes numéroté les articles quand cela était nécessaire (y compris le brevet des garnisons annexé à l'édit de Nantes), en plaçant alors les numéros entre crochets pour signaler qu'ils ne figurent pas dans les manuscrits. Quand, par suite de remaniements, la numérotation primitive d'un acte a été modifiée (c'est le cas de l'édit de Nantes et de ses articles particuliers), nous avons indiqué pour chaque article les deux numéros successivement, le numéro ancien étant placé entre parenthèses à la suite du nouveau.

Le recours aux copies authentiques, en l'absence d'original, ne nous donne aucune assurance quant à la qualité des textes. Le greffier a pu avoir des distractions, et la mention attestant que « Collation a été faite à l'original », portée à la suite de chaque acte enregistré, n'est pas en soi une garantie d'exactitude matérielle. Ainsi, dans la date de l'édit d'Amboise, il manque l'année du règne ; celle-ci figure en revanche dans les imprimés. Dans l'article 7 de l'édit de Saint-Germain (n° V), les mots « tres chere et tres amée » ont été omis devant le nom de la reine de Navarre (Jeanne d'Albret), et dans l'article 16 le scribe a de même sauté les mots « tres chers et tres amez » devant les noms des frères du roi. Dans l'édit de Boulogne de 1573 (n° VI), le greffier a oublié, dans le protocole initial, la formule de salutation (« salut ») qui fait normalement suite à l'adresse et cette omission n'a pas été réparée dans les imprimés. L'édit « de Beaulieu » (n° VII) est particulièrement défectueux. Nous avons opéré les restitutions nécessaires d'après les exemplaires imprimés. De même, il nous est arrivé de préférer la leçon d'un imprimé à celle du registre quand elle était manifestement meilleure.

La lecture comparée d'articles identiques reproduits d'édit en édit permet de déceler d'autres imperfections. Par exemple, dans l'article 9 de l'édit d'Amboise (n° II) apparaît pour la première fois l'interdiction de « s'attacher, injurier... ». Le mot « s'attacher », qui surprend, se retrouve dans l'article 12 de l'édit de Paris (n° III). Mais dans l'article 2 de l'édit de Saint-Germain (n° V) et dans les édits suivants, il est remplacé par « s'attaquer ». Cela semble indiquer que le rédacteur de l'édit de Saint-Germain, au lieu de recopier machinalement le texte des édits précédents, s'est aperçu de cette inadvertance et y a remédié.

Dans un cas, une erreur de fond, cette fois, et non plus purement formelle, s'est glissée dans un original et a été reproduite dans le registre et dans les imprimés. Il s'agit de l'article 42 de l'édit de Poitiers ( n° VIII), qui reproduit l'article 27 de l'édit de Saint-Germain (n° V), l'article 21 de l'édit de Boulogne (n° VI) et l'article 40 de l'édit « de Beaulieu » (n° VII). Or, tandis que les deux précédents édits portent : « Les meubles qui se trouveront en nature, et qui n'auront esté pris par voye d'hostilité ... seront rendus à ceulx à qui ils appartiennent », on lit dans celui de 1577 : « Les meubles qui se trouveront en nature, et qui auront esté pris ... » : la négation a disparu, ce qui dénature le sens de la phrase. C'est l'article 42 de la conférence de Nérac (n° X) qui, deux ans plus tard, a rectifié cette erreur.

L'apparat critique

Les actes édités ont été munis, selon l'usage, d'une double annotation : d'une part, les notes portant sur le texte même (variantes et corrections diverses) affichées sous forme de bulles au passage de la souris sur l'appel de notes, d'autre part les notes de caractère historique visant à identifier les événements, les institutions, les personnes et les lieux affichés en bas de la page et visibles en cliquant sur l'appel de notes.

Chaque article est suivi de concordances, sous forme de liens, qui renvoient aux autres actes antérieurs et postérieurs dans lesquels les mêmes passages se retrouvent. Les références imprimées en caractères gras renvoient aux passages rigoureusement identiques, les autres visent seulement à rapprocher des notions semblables mais qui peuvent n'être pas formulées exactement dans les mêmes termes.

Un glossaire et un index facilitent l'accès aux textes. Ils renvoient tout comme les concordances aux numéros des actes (en chiffres romains) et des articles (en chiffres arabes), ainsi qu'aux préambules, abrégés « Préambule » et aux formules finales (clauses finales, dates, mentions d'enregistrement, etc.), abrégées « d ».