BOESWILLWALD Émile
n. Strasbourg, 1815, d. Paris, 1896.
Après avoir appris le métier de tailleur de pierre, Boeswillwald prolongea sa mission par un voyage à Munich en 1836 et étudia l'architecture dans l'atelier de Labrouste et à l'école des Beau-Arts (promotion 1837).
Il fut attaché à la commission des monuments historiques en 1843 ; il restaura les églises de Saint-Germer, de Vignory, les anciennes cathédrales de Toul et de Laon, les églises de Mouzon, Montier-en-Der, Avioth, Chaumont (Saint-Jean-Baptiste), Neuviller, Thann, Guebwiller, Murbach, Faverney (Sainte-Bénigne), Luz-Saint-Sauveur (Saint-André), Morlaas (Sainte-Foy), des Cordeliers de Nancy, de Niederhaslach (Saint-Florent), Niedermünster (Saint-Nicolas) et Vassincourt. Il termina, après la mort de Lassus, la restauration de la Sainte Chapelle, travailla au palais ducal de Nancy, au château de Coucy. Il fut nommé en 1860 inspecteur général des monuments historiques et membre de la commission des monuments historiques, puis membre du conseil des Bâtiments civils.
Aux Édifices diocésains, il commença sa carrière comme inspecteur au chantier de Notre-Dame (1845).
Il fut nommé architecte diocésain de Luçon en 1846, de Bayonne le 10 février 1852, confirmé le 30 janvier 1854 à Soissons, nommé le 12 avril 1855 à Orléans en remplacement de Clouet ; le 12 juillet 1857 à Chartres et au Mans après la mort de Lassus. Cette dernière nomination souleva des protestations de la part de l'évêque du Mans, car l'architecte était protestant. Le 11 juillet 1875, Boeswillwald demanda à être déchargé des édifices du Mans parce que les chantiers de Bayonne lui donnaient beaucoup de travail en faveur de son fils Paul qui était attaché depuis quatre ans comme rapporteur au comité des inspecteurs généraux : l'administration s'y opposa.
En 1849, l'architecte obtint une médaille de seconde classe au salon ; en 1853, la décoration de chevalier de la légion d'honneur ; en 1865, celle d'officier et en 1889 le grade de commandeur.
Il a construit l'église Sainte-Eugénie de Biarritz.
En 1853, les inspecteurs généraux Viollet-le-Duc, Reynaud et Vaudoyer ont écrit dans leurs comptes-rendus de personnel les rapports suivants sur Boeswillwald :
M. Boeswillwald a consacré toute sa vie à l'étude des monuments du Moyen Âge, il est assez connu par les nombreux travaux de restauration qui lui ont été confiés et qu'il a menés à bonne fin pour qu'il ne soit pas nécessaire de faire son éloge ; mes collègues, MM. Reynaud et Vaudoyer, ont pu, de leur côté, apprécier le talent et le caractère de M. Bœswillwald. Décoré depuis peu, sur proposition de la commission des monuments historiques du ministère d'État, il avait mérité cette distinction par son activité et son zèle.
M. Boeswillwald n'a pas eu l'occasion de faire des travaux à Soissons, je ne puis donc savoir si l'inspecteur qui le supplée dans ce diocèse est capable. Toutefois, j'ai pu m'assurer que la surveillance, relativement à l'entretien journalier, ne laisse rien à désirer.
Le peu d'importance des travaux exécutés par M. Boeswillwald dans la cathédrale de Luçon devrait m'engager peut-être à laisser à celui de mes collègues qui est chargé du diocèse de Bayonne l'honneur de vous faire apprécier cet architecte. Mais j'ai eu d'autres occasions de reconnaître le talent de l'artiste ; j'ai pu juger l'intelligence, le bon esprit et les excellentes manières de l'homme pendant les deux jours que j'ai passés avec lui ; et ne puis résister au désir de joindre mon suffrage à celui de M. Vaudoyer. M. Boeswillwald est assurément l'un de nos architectes les plus distingués sous tous les rapports.
Il n'y a d'ailleurs pas lieu de lui maintenir le diocèse de Luçon, car il ne s'y exécute pas et ne s'y exécutera pas de longtemps, sans doute, de ces travaux extraordinaires qui peuvent réclamer un architecte non résident.
M. Boeswillwald a étudié dans l'atelier de M. Labrouste : c'est un de ces artistes distingués que l'administration des cultes peut être heureuse de posséder en ce moment dans son personnel. La cathédrale de Bayonne ne pouvait pas être confiée à un architecte plus capable et plus à même, par la nature de son caractère et son esprit éclairé, de surmonter les difficultés qui se présentent dans ce diocèse. La décoration qui a été récemment attribuée à M. Boeswillwald sur la proposition du ministre d'État a été l'objet d'une approbation unanime à laquelle je me fais un véritable plaisir de joindre la mienne.
- F19 7229, F21 2019.
- Arch. Monum. Hist., 1994, p. 24.
- Bouvier, 1999.
- Congrès archéologique de France, Paris, 1934, p. 264.
- Delaire, p. 108.
- Dictionnaire arch. Paris, I, p. 53.
- R. Echt, Émile Bœswillwald als Denkmalpfleger : Untersuchung zu Problemen und Methoden der Französischen Denkmalpfleger im 19 jahrhundert, Bonn, 1984, 264 p.
- GAB, 1884, p. 162.
- Georgeon, 1997.
- Halgand, 2000.
- IND, 1862-1863.
- Middleton, p. 387.
- H. Sirodot, « L'église Saint-Vaast à Soissons », dans la Revue Générale d'architecture et des travaux publics, 1856, p. 67-72.
- Thieme et Becker, IV ; Sauer, XII.
- Thomine, 1995.
Voir aussi : BERTRAND Pierre, Joseph, Alphonse ; BOESWILLWALD Paul, Louis ; BOIREL ; BOUDIN François ; CLOUET Louis, Waldemar ; DEVREZ Désiré, Henri, Louis ; FERRON ; GAUTIEZ Pierre-François ; GENAY Victor, Marie, Ferdinand ; LABROUSTE Henri ; LANCE Adolphe, Étienne ; LASSUS Jean-Baptiste ; LISCH Jean, Juste, Gustave ; MATHUZINSKI ; MOUTON Armand, Pierre ; OHNET Léon ; POTDEVIN Charles, Albert ; REYNAUD François, Léonce ; SAUVAGEOT Louis, Charles ; SCHULER Charles ; VAUDOYER Léon ; VIOLLET-LE-DUC Eugène, Emmanuel ; WERLÉ Félix, Joseph.