ABADIE Paul
Paris, 10 décembre 1812, Chatou, 12 août 1884.
Étudie la peinture dans l'atelier d'Alaux et l'architecture dans celui d'Achille Leclère, élève de l'école des Beaux-Arts de 1835 à 1839, date à laquelle il fut admis au concours du grand prix.
Il commença sa carrière en 1840 comme surnuméraire à l'agence des Archives du Royaume sous la direction d'Édouard Dubois et de Charles Lelong, fut nommé en 1842 auditeur au conseil des bâtiments civils où il resta jusqu'à 1845, obtint en 1845 la place de premier inspecteur de l'hôtel de la chambre des députés, donna immédiatement sa démission pour faire partie, comme second inspecteur, de l'agence des travaux de restauration de Notre-Dame de Paris.
En 1844, il avait été attaché à la commission des monuments historiques et chargé d'étudier les édifices du sud-ouest.
En 1849, il fut désigné auditeur à la commission des arts et édifices religieux et architecte diocésain d'Angoulême, Périgueux et Cahors.
En 1853, Reynaud écrit à son sujet (compte-rendu du personnel) :
M. Abadie est l'un des architectes les plus distingués sous tous les rapports que j'ai rencontrés dans le cours de mon inspection. C'est un homme fort intelligent, un esprit sage et un artiste de grande valeur. Ses projets sont sérieusement étudiés, ses travaux sont parfaitement conduits, sa comptabilité peut être prise pour modèle. C'est après avoir inspecté, avec l'intérêt qu'ils méritent, les travaux exécutés par M. Abadie dans les diocèses d'Angoulême et de Périgueux et après avoir passé cinq jours avec lui que je me suis formé cette opinion.
Je vous proposerai, M. le ministre, d'adresser à M. Abadie des témoignages de votre satisfaction en attendant l'époque, sans doute peu éloignée, où vous récompenserez, plus dignement encore ses excellents services par une décoration que je jugerai, dès à présent, parfaitement méritée, mais que je n'ose encore demander.
En juin 1853, le préfet de la Charente le proposa pour la croix de la légion d'honneur. Le ministère des cultes s'y opposa, d'autant que le comité des inspecteurs généraux préférait pousser Danjoy ; la direction des cultes notait à ce sujet :
Au point de vue du service, la nomination de M. Abadie serait déplorable. Si nous avions trois ou quatre architectes comme lui, il faudrait fermer la porte. Il dépasse tous ses crédits, pèse sur notre budget diocésain, notre budget paroissial. Ainsi, en 1854, M. Abadie a dépensé à Angoulême 82 000 fr. au lieu de 35 000. À Périgueux, il a dépassé son crédit de 12 000 fr. Il nous coûte cher en frais de voyage : 4 630 fr. pour 1853 et 1854.
Je crois qu'il doit faire tourmenter M. Magne et ses deux évêques. Pourquoi ne demande-t-il pas au ministère d'État ? C'est, du reste, un homme capable et honnête mais il nous cause les plus grands embarras en excitant les appétits dans les diocèses et en dépassant les crédits.
Il fut néanmoins nommé en 1856, bien que Contencin l'estimât trop jeune, alors que « des architectes d'un mérite consacré et d'une grande expérience attendent encore » : il était, en effet, recommandé par le ministre des finances.
Il fut promu officier, sur proposition du ministre de la Maison de l'Empereur, le 14 août 1869.
En 1872, il fut reçu au poste d'inspecteur général des édifices diocésains contre Ohnet, alors membre du conseil municipal de Paris et fut désigné le 20 février 1872.
Le 7 juillet 1874, il fut nommé architecte diocésain de Paris, en remplacement de Viollet-le-Duc, démissionnaire. Le 9 juin 1880, il démissionna du poste d'Angoulême.
Le 26 janvier 1881, il devint architecte diocésain de Bordeaux à la suite de Labbé.
En 1869, il avait été admis parmi les dix candidats au grand prix de 100 000 fr. pour la meilleure oeuvre d'art qui fut attribué à Duc. Inspecteur des travaux de la chambre des députés, il était aussi membre de la commission des monuments historiques depuis 1871, membre du jury de l'école des Beaux-Arts, et fut reçu membre de l'académie des Beaux-Arts en 1874.
- F19 7224 et 7230.
- Arch. Monum. Hist., 1994, p. 26.
- Bauchal, p. 599-600.
- Congrès archéologique de France, Paris, 1934, p. 262.
- Bouvier, 1999.
- Delaire, p. 202, Mallard dit Abadie.
- Dictionnaire arch. Paris, I, p. 11.
- Dubourg-Noves Pierre, Iconographie de la cathédrale d'Angoulême de 1575 à 1880, 1973, 2 vol. in-f°.- « Dessins de Paul Abadie en Normandie », dans les Actes du 105e Congrès des sociétés savantes, Caen 1980, archéologie et histoire de l'art, Paris, 1981, p. 214-238.
- IND, 1862-1863.
- Lacaine, op. cit.
- Laroche Claude, « Abadie et Sainte-Marie de la Bastide : de la construction d'une église sur le sol instable à la fin du XIXe siècle », dans la Revue historique de Bordeaux, 1978, 1979, p. 135-153.
- « L'œuvre d'architecture de Paul Abadie (1812-1884). Situation culturelle et inventaire », dans le Bulletin d'histoire de l'art français, 1982, p. 219-238.
- Lassère Jean-Claude, « Sainte-Croix de Bordeaux », dans le catalogue de l'exposition Viollet-le-Duc, Paris, 1980, p. 140-141.
- Middleton, p. 383.
- « Paul Abadie, architecte 1812-1884 », Angoulême, 1984, 222 p., rééd. Paris 1988, 372 p.
- Revue générale d'architecture et des travaux publics, 1885, p. 266-267, notice nécrologique.
- Thieme et Becker, I ; Sauer, I.
- Thomine, 1995.
Voir aussi : LABBÉ Pierre, Auguste ; MAGNE Lucien ; OHNET Léon ; REYNAUD François, Léonce ; VIOLLET-LE-DUC Eugène, Emmanuel.
Autres architectes concernés : ABADIE Paul, père ; BALLU Théodore ; BOUILLON Auguste, Louis, Édouard ; BRUYERRE Louis-Clémentin ; CATOIRE Louis ; COURAU Léo ; CRISPIEL ; LAISNÉ Charles, Jean ; LAMBERT Alexandre, Antoine ; OLIVIER Théodore, Justin ; PAYEN Léopold, Pierre, Damien ; PINOCHET Joseph ; PROSPER ; RAULINE Henri, Pierre, Marie ; VALLETON ; VAUTHIER ; WERLÉ Félix, Joseph ; DANJOY Jean-Charles (Léon Jean Charles, dit).