Les travaux d’InterPARES
D’InterPARES 1 à IP Trust
Depuis le début des années 2000, le groupe de recherche international et interdisciplinaire InterPARES étudie, sous la direction du professeur Luciana Duranti de l’Université de Colombie britannique, la question de l’évaluation des documents dans le contexte numérique, avec l’adaptation de la diplomatique traditionnelle à ce nouveau champ.
Ce groupe, constitué d’emblée comme une équipe de recherche internationale, a conduit successivement, depuis douze ans, quatre projets de recherche, connus sous les noms d’InterPARES 1 (2002-2004), d’InterPARES 2 (2004-2007), d’InterPARES 3 (2007-2012) et d’InterPARES 4 (2013-2018). Les travaux de traduction présentés ici portent sur les principaux livrables d’IP 1 et surtout d’IP 2.
Les travaux d’InterPARES 1, conduits de 2002 à 2004, portaient sur des objets numériques stables et figés. Ils avaient pour objectif de définir l’ensemble des critères permettant de s’assurer qu’un document numérique est bien ce qu’il prétend être. Cette diplomatique du document numérique portait sur :
- les conditions de création du document au sein de l’organisme qui l’a produit et reçu dans le cadre de ses activités ;
- et sur ses conditions de conservation, par l’institution en charge de sa conservation définitive (service d’archives).
Au terme de sa recherche, le groupe InterPARES 1 concluait à l’impossibilité de conserver en l’état un document d’archives numérique ; seule pouvait être préservée la capacité de le reproduire dans l’espace et dans le temps.
De 2004 à 2007, le groupe InterPARES a choisi d’élargir son champ d’investigation, en s’intéressant cette fois à tous les cas de production numérique, dans les domaines de l’administration, des sciences et des arts, qui produisent non seulement des documents numériques stables et figés, mais aussi des objets interactifs, dynamiques et même expérientiels1 tels qu’on les rencontre dans les arts numériques. Le projet InterPARES 2 voulait vérifier la validité des concepts d’InterPARES 1 dans cet environnement mouvant. Il en est résulté plus de 800 pages de réflexion, matériau essentiel du projet de traduction, qu’il convient de présenter plus en détail.
L’apport d’InterPARES 2
Le groupe InterPARES 2 a choisi travailler sur des études de cas dans chacun des domaines énoncés (administration, sciences et arts), dans le secteur public comme dans le secteur privé, et sur tous les continents. Les équipes thématiques ont procédé à une analyse portant : sur la production et la maintenance des objets numériques étudiés ; sur les critères d’authenticité, de fiabilité et d’exactitude ; enfin, sur l’évaluation et la préservation à long terme de ces objets. À partir de ces études de cas, des équipes transversales réfléchissaient aux questions plus générales de politiques, de stratégies, de modélisation, de terminologie et de description.
Dès à présent, on peut mettre en évidence les principaux apports de cette réflexion. Ce sont :
- l’étude et la comparaison des législations et politiques publiques de plusieurs pays et à différents échelons, du national au municipal ;
- la modélisation des fonctions que recouvrent la production, la maintenance et la conservation des documents d’archives numériques, en s’appuyant sur les modèles traditionnels du cycle de vie du document d’archives et du records continuum ;
- l’élaboration d’un modèle conceptuel autour du service producteur et du service d’archives, les deux acteurs essentiels de la production et de la préservation du document numérique ;
- l’étude du concept de « digne de confiance » et de ses composants que sont la fiabilité, l’exactitude et l’authenticité ;
- enfin, l’analyse de nombreux formats de métadonnées et l’élaboration d’un outil d’identification des forces et des faiblesses des schémas de métadonnées existants, concernant les questions de fiabilité, d’exactitude et d’authenticité des documents.