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Procès-verbal. — Frère Pierre Doart, prieur de Saint-Gervaise-les-Orléans, dépendance de l’abbaye Saint-Benoît-sur-Loire, demande au notaire Pierre Christofle de témoigner et de lui fournir procès-verbal des remontrances qu’il a faites à Jean Moreau, sergent du roi au bailliage de Montargis. En tant que représentant de l’abbaye Saint-Benoît, le prieur a été cité à comparaître par le sergent dans une cause contre le chapitre de Sainte-Croix d’Orléans. Le prieur se plaint que l’assignation est trop rapide, qu’elle ne lui laisse pas le temps de consulter son conseiller juridique et l’abbé de Saint-Benoît. Il demande un délai et la copie des lettres en possession du sergent. Le sergent refusant de coopérer, le prieur menace d’en appeler au Parlement.
101 v°En la presence de Pierre Christofle, notaire juré de Chastellet d’Orleans, appellé et requis ad ce pour faire passer lettres et instrumens des choses cy aprés dictes et declairees, Religieuse personne frere Pierre Doart, prieur du prioré de Saint Gervaise lez Orleans, membre et deppendant du monnastere et abbaye de Saint Benoist sur Loire, se adressa a Jehan Moireau, sergent du roi notre seigneur ou bailliage de Montargis et des exempcions du duchié d’Orleans, en lui disant: « Jehan Moireau, vous me adjournastes hier aprés soleil couchant a au jour d’ui, heure de prime durant jusques a XI heures, a me comparoir sur ung hostel ouquel demeure ung nommé Guillot Fret, seant en la paroisse de Fleuri, pour veoir remettre a effect certaines lettres royaulx de complainte en cas de nouvelleté et autres obtenues du roy notredit seigneur par les doyen et chappittre de l’eglise d’Orleans. Vous savs 1 1. Comprendre vous savez. que l’assignacion est trop briefve, tant par ce que je n’ay pas eu faculté ne loisir de parler a mon conseil ne a autre, et ne pourroye recouvrer si promptement qui voulsist venir sur le lieu, obstant les perilz et dangiers qui sont sur le païs a cause des ennemis qui souventes foiz y frequentent et qui en la journee de hier y furent et emmenerent plusieurs gens et tout le bestiail du païs, et de present est a doubter que encore y soient et en est commune renommee. Aussi il m’est neccessité et besoing de, sur ceste besoigne, parler ovec mes seigneurs abbé et couvent de Saint Benoist, ausquielx elle touche plus que a moy. Et pour ce, vous prie et requier que vous baillier, prorogier et allongier ladicte journee, a plus long jour et terme, tellement que j’aye faculté de recouvrer conseil et de povoir parler a mesdiz seigneurs, abbé et couvent, car sans eulx je ne 102 r° vouldroie point demener aucun procés. Et aussi, vous prie que me bailler coppie a mes despens de vosdictes lettres ad ce que je les puisse monstrer a mesdiz seigneurs et a leur conseil pour savoir que sur ce y sera de faire ». Lequel Jehan Moireau, sergent dessudit, repondit audit prieur que autre jour ne heure que celui qui luy avoit donné et assigné ne lui donneroit ne assigneroit, mais bien estoit contant que s’il vouloit eslire lieu et place en la ville d’Orleans ou es environs, sur lequel y peust faire son exploit, il estoit d’accord de illec le faire. Et quant au regard d’autre coppie desdictes lettres de complainte, il ne lui en bailleroit aucune jusques ad ce son exploit feust du tout parfait. Lequel prieur lui respondit derechief que, mais que il lui donnast tenue et delay competant de povoir parler a mesdiz seigneurs, abbé et couvent de Saint Benoist, qu’il estoit d’accord de acepter le lieu et place tel qui lui vouldroit donner. Lequel sergent respondit que de ce ne feroit riens. De laquelle reponse ainsi faicte par ledit sergent et d’autres griefs que ledit prieur disoit lui avoir esté sur ce faiz, icellui prieur, soy sentant grevé comme il disoit, appella en Parlement ou ailleurs, la ou povoit et devoit. Ad ce present etc. Fait l’an de Notre Seigneur mil CCCC trente sept, le samedi XXVe jour du moys de may, environ huit heures de matin.
Dans la marge gauche : f.