[...] derrière le brouillard ; à peine si l’on peut distinguer la route qui s’élève jusqu’au petit village au milieu des blés verts qui grandissent.
Le ciel est gris, la mer le reflète ; des courants noirâtres la sillonnent de l’est à l’ouest ; l’île d’Houat est perdue dans les brumes ; la marée a couvert les rocs ce matin encore à fleur d’eau ; le continent a disparu.
Pas un être animé sur cette plaine immense ; pas une barque, pas un vaisseau, pas même une mouette. Partout le silence, partout la tristesse.
Ce n’est point l’aspect terrible d’une tempête ; là, il y a lutte, il y a de la vie ; aujourd’hui la mer est morne comme un cimetière sans arbres et sans fleurs. Ce n’est plus qu’une fosse béante qui attend ses victimes.
C’est aujourd’hui dimanche ; la rafale nous apporte les lointaines volées d’une cloche de village qui appelle les fidèles à la prière de soir ; c’est l’heure de l’angélus. Pieuse et sainte Bretagne , incarnation de la foi dans notre France sceptique, tu perdras [...]