Biographie d’Henri Delescluze > La famille et les années de jeunesse
Henri Delescluze, troisième enfant de Charles-Étienne Delescluze et de Marie Reine Victoire Lavenant, est né à Dreux le 23 avril 1819. Une dizaine d’années le séparent de sa sœur Azémia (1808-1876) et de son frère Charles (1809-1871). La famille Delescluze appartient au début du XIXe siècle à la petite notabilité drouaise, le père étant nommé en 1807 commissaire de police de la ville, grâce à la protection de son beau-frère Louis Lavenant, baron d’Empire qui avait fait fortune par un mariage avantageux. Charles-Étienne perd son emploi en 1831, et la situation de la famille, qui s’installe l’année suivante à Paris, ne fait que se dégrader par la suite. En effet, les activités politiques de Charles Delescluze, qui se trouve dès 1832 sur la barricade de Saint-Merri, et les mauvaises relations de la famille avec Lavenant conduisent ce dernier à rompre tout lien avec les Delescluze.
Charles
Delescluze, journaliste en
Belgique puis à
Valenciennes,
devient alors le seul soutien de sa famille. Les multiples vertus de ce
frère modèle, tout entier voué à la propagation des idées républicaines,
en font une figure dominante pour son frère cadet. Mais ce dernier
apparaît, dans la correspondance familiale des années 1840, comme un fils prodigue », frivole, inconscient et
désordonné. Henri
Delescluze mène une vie légère, se
crée des dettes importantes et tente de tromper dans les distractions
l’ennui d’un emploi de bureau mal payé chez Gondouin, Levainville
& fils, entreprise générale des services de l’Hôtel royal
des Invalides (sorte de sous-traitant chargé de la gestion matérielle de
cette institution). À Charles, on rapporte avec
désapprobation les inconduites
d’Henri : Henri est
toujours le même, il ne sait ni ménager ni ses effets, ni faire un
bon usage de son argent, il est au moins 27 jours sur 30 sans un
sou
, lui écrit son père en 1844 ; il n’a pas donné,
ainsi qu’il le pratique depuis longtemps, une obole à la maison,
quoiqu’il connût notre position. Et six jours après [qu’il a reçu
son mois], il n’avait plus rien, nous pensons qu’il conduit au bal
et festin une grisette qu’il fréquente
. Dans peu, ses
vingt-cinq ans vont sonner, et il agit comme un étourdi de 14 à 15
ans
, lit-on un peu plus loin
1
.
En janvier 1847,
Henri
Delescluze épouse la « grisette » en
question, Anastasie
Guiard, qui porte son enfant
(Henriette, qui naîtra en avril), au grand désespoir de sa famille.
Résumant la décennie qui vient de s’écouler, sa mère écrit à Charles en 1848 : Ce malheureux garçon ne nous a fait que du mal,
et nous a pas donné une heure de satisfaction
2
.