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Édition critique des carnets de prison et de la correspondance privée d’Henri Delescluze à Belle-Île (1851-1853)

Archives nationales, 494AP/1, dossier 4 : carnet 1, page 54 : cliquer pour consulter l’image avec la visionneuse des Archives nationales
Archives nationales, 494AP/1, dossier 4 : carnet 1, page 54

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Je l’avais récitée, oubliant bien parfois
Soit un mot, soit un vers. Je pensais aux grands bois
Où le drame avait lieu. - Mais rien moins qu’exigeante
Ton œil encourageait ma mémoire inconstante.
- T’en souvient-il encore ? Tu pris mon jeune front
Et puis m’enveloppant d’un regard bleu, profond,
Tu prononças ces mots : "Mon enfant, rien au monde
Ne remplace ici bas la tendresse féconde
D’une mère. En nos cœurs, le bon Dieu qui m’entend
Mit pour vous protéger un divin dévouement.
Rien ne peut l’arrêter. La laideur et le vice
Nous affligent, mais la vertu du sacrifice
Résiste à tous les chocs. - Enfant, tu grandiras,
Et parmi tes amis, en vain tu chercheras
Un cœur pour te comprendre, un bras qui te protège
Et qui de ton fardeau, prenant sa part, allège
La douleur. - Près de toi, las, nous ne serons plus !
Nous serons endormis sous les arbres feuillus
De notre cimetière : Enfant, que ta pensée
Te ramène à ce jour, par les regrets bercée !
Que notre souvenir apparaisse à ton cœur
Et retrace à tes yeux ce moment de bonheur !