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L’édition

Les éditeurs : éléments biographiques

Auguste Moutié (1812-1886) appartient à la bourgeoisie de Rambouillet. Il s'intéresse à l'histoire naturelle et à la géologie, collectionne livres, chinoiseries, faïences et objets archéologiques, mais s'intéresse surtout à l'histoire locale. Membre fondateur et animateur de la Société Archéologique de Rambouillet (1836), et président de cette société pendant 17 ans (1868-1886), il est l'auteur d'études sur la région, en particulier Chevreuse. Recherches historiques, archéologiques et généalogiques (1876), qui lui vaut la médaille d'or au concours des antiquités nationales, et édite divers cartulaires (Notre-Dame des Vaux-de Cernay, Notre-Dame des Moulineaux et châtellenie de Poigny, Notre-Dame de La Roche). Il est membre de nombreuses sociétés savantes, parmi lesquelles le Comité des travaux historiques, la Société des Antiquaires de France, la Commission des Antiquités et Arts de Seine-et-Oise, la Société des Sciences morales, Lettres et Arts de Versailles.

Sources : nécrologie par Adolphe de Dion, « Notice sur Auguste Moutié », t. à p. de Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet, t. 8 (1887-1888) ; éloge funèbre par Antoine Héron de Villefosse, dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1888, p. 87-88.

Adophe de Dion. Chercheur régional, le comte Adolphe de Dion (1823-1909) s’était particulièrement attaché à l’histoire médiévale de l’ancien département de Seine-et-Oise. Ce notable, maire de Montfort-l’Amaury, inspecteur général de la Société française d’archéologie, anima la Société archéologique de l’arrondissement de Rambouillet et la Société des antiquités et arts de Seine-et-Oise. Ses travaux ont porté sur l’archéologie, la castellologie, la numismatique, le monachisme et la noblesse dans l’ouest de l’Île-de-France. Son appétence pour l’édition de sources documentaires est évidente : il avait ainsi publié le cartulaire de Notre-Dame de Porrois. Il a consacré deux articles à Saint-Thomas d’Épernon : « L’église du prieuré Saint-Thomas d’Épernon », dans Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet, t. 11 (1896), et « Chapiteaux de Saint-Thomas d’Épernon », dans Congrès archéologique de France, 98e session, 1872.

Sources : nécrologie et documents annexes par Lorin, « Notice sur le comte de Dion », dans Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet, t. 21 (1910), p. 405-439.

Conception et contenu du volume

L’édition est faite en premier lieu d’après les documents originaux issus du chartrier ancien de Marmoutier, concernant les prieurés d’Épernon et Maintenon. Ces documents étaient passés, avec ceux des prieurés de Léthuin et Saint-Martin de Brethaucourt, lors de la Révolution, aux Archives départementales d’Indre-et-Loire, dont l’archiviste les envoya à celles d’Eure-et-Loir au début du XIXe siècle. Les éditeurs ont complété ce corpus par des pièces tirées des collections de Gaignières (lat. 5441) et Moreau, à la Bibliothèque nationale, et des archives du domaine de Rambouillet et du château de Maintenon. Dans le chartrier de Marmoutier, les documents sont classés méthodiquement, avec la mention « de Spernone » et un titre synthétique au dos. Aucun n’a conservé de sceau. Moutié et de Dion ont choisi de les présenter chronologiquement dans leur édition, en gardant le titre. Gaignières, qui reproduit parfois les sceaux, leur fournit des précisions sur ce sujet.

Les actes 1 à 85 de ce chartrier concernent Épernon ; 17 pièces manquent (no 1, 2, 4, 12, 14, 16, 19, 20, 29, 36, 43-45, 75-77 et 84), et il y a des numéros multiples : en tout, 107 pièces, correspondant aux cotes H 2320 à 2338 des Archives départementales de l'Eure-et-Loir. Pour le prieuré de Maintenon, il s’agit de 32 numéros, 45 pièces, correspondant aux cotes H 2339 à 2349.

Tous les actes ne sont pas édités in extenso : seul les plus important aux yeux des éditeurs sont ainsi traités. Les formules des pièces « plus modernes » sont analysées ou abrégées, celles leur qui semblent de peu d’intérêt sont supprimées.

Deux notes donnent un éclairage sur la méthode adoptée par Moutié et de Dion : n. 1 p. 78 : « Dans cette pièce et dans la suivante, nous avons religieusement respecté l’orthographe des originaux » ; n. 1 p. 153 : « Nous ne saurions dire quel rapport cette charte peut avoir avec le prieuré de Maintenon ; nous la publions comme intéressant un personnage important du pays chartrain. » Cette dernière note nous rappelle qu’ils portent sur les cartulaires des prieurés de Maintenon et d’Épernon un regard d’érudits locaux, désireux de constituer des corpus de documents relatifs à un « pays ».

Le décompte chronologique s’établit comme suit :

Notre-Dame de Maintenon : 42 actes
 
XIIe siècle 3
S. d. XIIe siècle 3
 
XIIIe siècle 39
Première moitié XIIIe siècle 31
1201-1210 2
1211-1220 1
1221-1230 6
1231-1240 3
1241.1250 19
Seconde moitié XIIIe siècle 8
1251-1260 8

Le volume comprend un index par noms de personne et de lieu (p. 181-188), un index sigillographique, par noms de personne (p. 181), des listes des prieurs connus d’Épernon (p. 132-135) et de Maintenon (p. 180), et des listes des visites de l’abbé de Marmoutier à ces deux prieurés (p. 129-131 et p. 180, avec une copie du procès-verbal de la visite du 29 septembre 1321 à Maintenon).

Qualité de l’édition

Les éditeurs pratiquent des coupes dans le formulaire des actes, éliminent certains actes, mais en citent d’autres qui, sans se rapporter directement aux prieurés d’Épernon et de Maintenon, leur semblent intéressants pour l’histoire locale. À côté de ces éliminations, confrontés à un chirographe dont les deux parties comportent des variantes l’une par rapport à l’autre, ils choisissent d’éditer les deux parties, alors qu’on privilégierait sans doute aujourd’hui une édition des variantes en notes. Les abréviations de noms propres sont résolues en notes, et les mots manquants rendus par des points, ce qui peut entraîner une confusion avec les mots que les éditeurs ont choisi de ne pas éditer. Certains actes, dont le texte est contenu dans un acte suivant, ne sont pas édités (les no LXVII-LXIX d’Épernon renvoient au no LXX), mais, pour d’autres, les éditeurs créent des actes en les extrayant d’autres (les n LXXII-LXXV sont des citations du n LXXIX).

L’index sigillographique a simplement des entrées aux surnoms et patronymes (et pas aux noms personnels), et ne comporte aucun renvoi, mais sa brièveté lui permet de rester d’usage commode. La table des noms de personne et de lieu est traitée de même, ce qui vu sa longueur est plus gênant. C’est le manque de rigueur qui est le principal inconvénient : certains personnages sont seulement à leur surnom, d’autres seulement à leur nom, plusieurs personnages portant le même nom ont une entrée commune, ce qui peut prêter à confusion, les renvois sont très peu nombreux et pas uniformisés. On regrette également que n’aient pas été prévues quelques entrées à des titres et qualificatifs comme « connétable », « clerc » ou « prieur ». La traduction et l’identification des noms latins est intégrée à cette table, et non au fil de l’édition.

Le matériau est donc riche, mais pas toujours complet ni rigoureux, et la recherche à partir des tables et index ne se fait pas de manière très souple.