Belle-Île, 22 août 1852 1 .
Ta lettre m’a affligé au-delà de toute expression, mais dans la situation désastreuse qui nous est faite, il faudrait agir et non se décourager ; mais malheureusement tu ne vois pas cela comme moi ; et en présence de ce qui vous arrive, je suis résolu plus que jamais à sortir de prison. Crois-moi, ma mère , il y aurait plus de faiblesse à rester oisif dans un engourdissement tel que nous offre la prison, qu’à chercher à rentrer dans la société pour y aider les siens. La vie a un but très sérieux aussi, et non moins important ; c’est l’accomplissement des devoirs de famille. Quant à moi, il m’est impossible de vous voir souffrir ainsi, de vous savoir aussi complètement abandonnés. Aussi ferais-je tout au monde pour venir auprès de vous et essayer de vous rendre la vie moins pénible, et je suis persuadé que j’y réussirais.
Il y a longtemps que j’ai rejeté certaines illusions, que les évènements réels ne cessent, du reste, de dissiper chaque jour. Il est aisé de voir que le gouvernement prend chaque jour aussi plus de stabilité ; qu’il ait notre sympathie ou non, cela lui importe peu à cette [...]