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Édition critique des carnets de prison et de la correspondance privée d’Henri Delescluze à Belle-Île (1851-1853)

Archives nationales, 494AP/1, dossier 3 : lettre 2, page 1 : cliquer pour consulter l’image avec la visionneuse des Archives nationales
Archives nationales, 494AP/1, dossier 3 : lettre 2, page 1

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Écrit le 13 avril 1852.

Mon cher ami ,

Il ne faut pas supposer que j’ai été négligent si je suis resté si longtemps sans t’écrire. Je ne savais pas d’abord si tu étais définitivement fixé à Bradfort 2 . Mère m’écrit rarement, elle me parlait dans sa dernière lettre d’un accident arrivé à une chaudière de ton établissement 3 . Cette nouvelle m’avait fort inquiété. J’attendais une lettre d’elle plus détaillée et plus rassurante. Il y a tant de difficultés pour les pauvres, à monter une affaire industrielle, il faut tant d’argent ; les minces capitaux que l’on peut avoir à sa disposition sont bientôt employés. Enfin, tu me dis que tout va bien, qu’au 15 avril ton affaire sera en plein rapport. Tant mieux, mon pauvre ami, cela sera bien heureux et pour toi et pour d’autres encore. Voilà que tu es le seul soutien de Mère , Sœur et de ma petite fille  ; toutes les trois n’ont plus que toi. La dernière perte que Mère et Sœur ont éprouvée les réduit à une terrible extrémité. Ce qui me désespère, c’est que tu es seul à travailler, à t’épuiser pour tous ; je ne puis même pas élever ma fille . Enfin, peut-être reviendra-t-il un temps meilleur. J’en doute fort en ce qui me concerne et quoi [...]