Belle-Île, 12 avril 1853 1 .
J’ai été bien heureux de recevoir ta lettre et je t’avoue que je ne tenais qu’à cela. Quant aux autres, ta fille et ton fils , je suis fâché de leur attitude et si leur orgueil me condamne, ma conscience m’absout. Un jour je leur demanderai s’il est honorable de laisser grandir une enfant sans la diriger vers le bien, d’exposer une femme à toutes les horreurs de la misère. Du reste, j’aurais beaucoup de choses écrasantes à leur dire pour leur orgueil. Ne parlons plus de cela. Ne te tourmente pas. J’espère que M. de Ravinel obtiendra que j’aille à Paris. Je vais partir sans doute dans quelques jours : j’irai directement au Havre et de là, ou je m’embarquerai ou j’irai à Paris régler mes affaires.
L’important pour moi est d’aller en Belgique et d’y trouver un emploi ; je pourrai emmener de suite Anastasie et Henriette , et de temps en temps je pourrai obtenir l’autorisation de venir te voir.
Anastasie , dans cette circonstance, s’est conduite avec un dévouement digne d’éloges. C’est à son zèle, à ses démarches, à sa véritable affection que je dois ma liberté. Je te le dis, Mère , parce que cela est vrai, rien ne lui a coûté : aussi j’espère beaucoup en elle pour mon bonheur à venir. Le temps, le malheur auront modifié nos caractères et il ne nous restera plus que le désir d’élever dignement notre fille et d’en faire une bonne et honnête femme ; qu’elle te [...]