[...] qu’il arrive, je ne sortirai pas de prison comme j’y suis entré. Depuis deux mois, j’ai toujours quelque chose. Cela se passera sans doute. Une chance désagréable nous attendait après notre arrivée à Belle-Île. Le réglement, dont on n’avait qu’à se louer en ce qui concerne la nourriture, a été changé depuis deux mois à peu près et nous avons éprouvé une réduction de près de moitié dans les aliments. De plus, la variété et l’assaisonnement assez bon ont fait place à une régularité affadissante. Tous les jours, nous avons un morceau de bouilli froid d’une sécheresse fort peu agréable. Ceci n’est encore rien, en définitive. Et comme la viande est saine, on peut à la rigueur le supporter.
Je travaille toujours l’anglais. Je sais presque la grammaire par cœur mais j’ai bien besoin d’un dictionnaire. Est-ce qu’il n’y en a pas un dans tes livres chez Mère ? Pourrais-tu dans ce cas-là prier Mère de me l’envoyer ?
Je vais commencer au mois d’avril un cours de mathématiques, d’arpentage, etc. Je veux apprendre ce qui est nécessaire à un conducteur de travaux en chemin de fer.
Nous avons peu de livres ici ; excepté Langlois et Paya , il n’y a que de mauvais romans. Du reste, je puise à mon aise chez les deux susdits.
On parle beaucoup ici d’un travail qui aurait pour but de répartir les condamnés [...]