[...] De toutes parts
s’élevaient des cris contus, des exclamations sans motif, des jurements. Ne pouvant lutter contre cet inextricable fouillis de
voix humaines, je me croisais les bras, et
j’attendis tranquillement. Lorsque je crus que le silence allait à
peu près se rétablir, je voulus essayer de prendre la parole, mais
les clameurs recommencèrent - je compris qu’il y avait dans la foule
un grand nombre d’ennemis qui voulaient traverser les desseins des
républicains. Ils attendaient peut-être qu’un nom fut prononcé, mais
ce jour là personne n’osa le lancer
.
A la vue de tant de désordres, de tant de tiraillements, je
vis que tout était perdu. Je me résignai.
La veille, au club dont j’étais président (club de la révolution,
bazar Montesquieu), il avait été pris une
résolution définitive ; c’était de ne pas paraître
dans la manifestation poussée par
Huber
, et par conséquent aucun
membre du club ne s’y trouvait. Avec leur présence, tout se serait
passé autrement.
Je me résignais donc, pressé contre un
panneau de la boiserie, je voyais avec terreur le
ridicule s’emparer de ma situation et je ne voyais aucun moyen pour
en sortir
. [...]