[...] le Ciel. Mais ceci est douteux. Du reste tout ceci n’est qu’une simple causerie et n’a, mon cher ami , nulle importance. Seulement sois bien persuadé d’une chose : je ne sais pas quand je sortirai de Belle-Île et même si j’en sortirai jamais ; dans tous les cas, ce sera d’une manière honorable.
Je te remercie de ta complaisance à mettre tes livres anglais à ma disposition. Mère m’a dit qu’elle me les enverrait le plus tôt possible.
Je t’ai écrit une lettre bien triste en effet, mon pauvre Charles : cela n’allait pas bien à ce moment là ; j’étais ennuyé, désœuvré, malade ; maintenant cela va mieux. La santé me paraît revenue, sauf ce que je dois sans doute à la prison et qui ne disparaîtra peut-être plus.
Nous faisons quelquefois des armes ; cela nous est d’un grand secours : non pas dans la colonie, proprement dite, car si l’on avait des fleurets, on s’égorgerait, mais bien aux cellules où il y a un ex-maître d’armes, ancien capitaine d’artillerie de la garde nationale 1 qui tient tout le bataclan chez lui.
Ne sois pas si longtemps à m’écrire. Je t’embrasse avec une vive affection ; espérons que nous nous reverrons bientôt. Tout à toi de cœur
Monsieur
Charles Delescluze
à Rochdale
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England