La langue des actes des évêques : Langres et Besançon, XIe-XIIe siècles
Université Paris-I
Les chartes des évêques font de plus en plus l’objet d’éditions intégrales et fournissent un bon matériau d’étude de la langue et de la syntaxe. Tous ne sont pas également concernés, et l’on retiendra uniquement ici ceux qui traitent une seule affaire et non pas les confirmations générales. Au XIe siècle, le nombre des actes épiscopaux s’accroît partout ; ils se présentent de façon complète, avec notamment des préambules soignés et souvent fleuris, de longues clauses et listes de témoins ; le vocabulaire est souvent recherché. Au XIIe siècle, dans la plupart des cas, le style est considérablement simplifié et les formules réduites au minimum. L’examen de trois actes de l’évêque Lambert de Langres des années 1018-1019 fournit une bonne illustration des remarques précédentes. Dans l’un des cas étudiés, le vocabulaire théologique est particulièrement abondant, les exemples de termes romans latinisés sont rares, et l’on remarque même dans le préambule un essai de prose rimée. Une charte de l’archevêque de Besançon en 1041, d’apparence extérieure médiocre, apporte un exemple rare d’une rédaction entière en prose rimée, avec une syntaxe et une expression recherchées. Elle est la confirmation de ce que les chartes les plus solennelles étaient composées en vue d’une lecture publique à haute voix. Plusieurs conclusions sont à tirer, dont la principale est que l’on doit s’intéresser aux textes diplomatiques quand on effectue l’étude de l’activité intellectuelle et du niveau linguistique d’un milieu ou d’une région.