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1942
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27 novembre 1942

80/15/030/1

Assistaient à la séance : Louis Hautecoeur, conseiller d'État, secrétaire général des Beaux-arts, président, Perchet, directeur des services d'Architecture

Membres de droit : MM. Maspetiol, maître des requêtes au Conseil d'État, représentant M. le président de la section de l'Intérieur, de l'Instruction publique et des Beaux-arts, au Conseil d'État, de Ségogne, commissaire au Tourisme, Bastien, représentant le préfet de la Seine, Galletier, directeur de l'Enseignement supérieur, Jaujard, directeur des Musées nationaux, Paquet, Inspecteur général des Monuments historiques, Collin, idem, Verrier, idem, Verdier, idem, Herpe, idem, Huignard, idem 80/15/030/2

MM. Ruprich-Robert, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, Sallez, idem, Lefèvre, Inspecteur général des Bâtiments civils et des Palais nationaux, Danis, idem, [Jules] Formigé, adjoint à l'inspection générale des Monuments historiques, membre de l'Institut, Gélis, adjoint à l'inspection générale des Monuments historiques, Trouvelot, idem, Deschamps, conservateur du musée des Monuments français, Sorlin, chef du bureau des Monuments historiques f.f., Cartault, conseiller juridique de l'administration des Beaux-arts,
Membres nommés par le ministre : MM. Marcel Aubert, membre de l'Institut, Monseigneur Courbe, secrétaire général de l'Action catholique française, Pierre d'Espezel, historien d'art, Roger Grand, professeur honoraire à l'école des Chartes, Hourticq, membre de l'Institut, Lavedan, professeur à la Faculté des lettres de Paris, Madame de Maillé, vice-présidente de La Sauvegarde de l'art français, Bocquet, sous-chef de bureau des Monuments historiques ff, secrétaire,
Etaient excusés : MM. Lavanant, directeur des affaires départementales et communales au ministère de l'Intérieur, Gabriel Faure, Inspecteur général honoraire des Monuments historiques, Tillet, idem, Rattier, idem. 80/15/030/3
M. Rivière, conservateur du Musée national des arts et traditions populaires.

Dans une courte allocution, M. Hautecoeur rappelle que les travaux de la Commission des Monuments historiques, qui ne s'est pas réunie depuis 1939, ont été interrompus en raison de l'état de guerre et des circonstances exceptionnelles qui en ont résulté.

M. le secrétaire général souligne que la reprise des travaux de la Commission des Monuments historiques était toujours restée l'une des principales préoccupations de son administration, mais qu'il avait cru devoir l'ajourner jusqu'à ce que sa réorganisation soit définitivement accomplie.

M. Hautecoeur donne ensuite lecture des principaux textes qui sont intervenus en vue de cette réorganisation :

- décret du 21 juin 1942 fixant la composition et les attributions de la Commission des Monuments historiques

- arrêté du 5 novembre 1942 portant nomination des membres de cette Commission.

Enfin, M. le secrétaire général des Beaux-arts fait part à la Commission du décès de M. Durand, archiviste honoraire du département de la Somme et adresse ses souhaits de bienvenue à tous les nouveaux membres. 80/15/030/4

Seine-et-Oise - La Roche-Guyon - deux maisons du XVIe siècle - classement
Rapporteur : M. Paquet.

M. [Jules] Formigé a proposé de classer parmi les Monuments historiques deux maisons en pans de bois, du XVIe siècle, situées à La Roche-Guyon. Ces maisons sont intéressantes aussi bien par la construction et leur caractère, que par la note pittoresque qu'elles apportent dans l'aspect du village.

M. Paquet, après lecture de son rapport, signale la nécessité de classer des deux maisons anciennes dont la démolition pourrait être envisagée dans les projets de voirie actuellement à l'étude.

Conformément aux conclusions de son rapporteur, la Commission adopte à l'unanimité la proposition qui lui est soumise tendant au classement de ces deux maisons. 80/15/030/5

Saône-et-Loire - Saint-Aubin-sur-Loire - château - classement
Rapporteur : M. Collin

Le Comité consultatif d'Architecture avait déjà émis un avis favorable au classement de ce château, mais le classement n'avait pu être prononcé par suite du défaut de consentement de son propriétaire, Mme Audouard. Les héritiers de celle-ci demandent aujourd'hui ce classement.

Le château de Saint-Aubin-sur-Loire, édifié au milieu du XVIIIe siècle est d'un style purement classique, et situé au fond d'une cour d'honneur, encadré de chaque côté par une cour secondaire bordée des bâtiments des communs. Ceux-ci, d'un style très différent de celui du château, et construits en brique apparente et enduit sont de composition et de proportions très heureuses.

M. Collin signale dans son rapport, l'intérêt que présente ce château avec ses communs particulièrement remarquables et la magnifique perspective encadrée de belles masses d'arbres qui se dégage côté jardin vers la vallée de la Loire.

M. Marcel Aubert estime qu'il y aurait lieu de classer ce château pour venir en aide aux propriétaires qui ont à faire face à de grosses dépenses d'entretien.

La Commission approuve à l'unanimité les conclusions de son rapporteur et estime qu'il convient de prononcer le classement du château de Saint-Aubin-sur-Loire et de son parc. 80/15/030/6

Alpes-Maritimes - La Turbie - fontaine publique - classement
Rapporteur : M. Collin

M. [Jules] Formigé a proposé de classer parmi les Monuments historiques la fontaine publique située en face de la mairie de La Turbie dans le département des Alpes-Maritimes.

Cette fontaine se compose d'une niche encadrée de deux pilastres doriques avec entablement classique. Une vasque dans la niche recueille l'eau qui s'écoule dans deux vasques latérales. Cette fontaine est en excellent état et son entretien n'entrainera jamais de grosses dépenses pour l'État.

En conséquence, la Commission estime, avec son rapporteur, qu'il y a lieu de classer cette fontaine parmi les Monuments historiques. 80/15/030/7

Var - Pont ancien sur le Var - classement
Rapporteur : M. Collin

M. [Jules] Formigé a proposé de classer parmi les Monuments historiques un pont ancien situé sur la route Nationale n°558, entre Le Luc et La Garde-Freinet, au-dessus de la rivière d'Aille.

Ce pont comporte trois grands arcs brisés, chacun de 15 m d'ouverture moyenne avec de puissants avant-bacs pour renforcer les piles en amont et en aval. Il semble remonter peut être au XIIe siècle ou plutôt au XIVe. Une date inscrite à la clef centrale indique qu'il a été restauré en 1766.

M. Collin, après lecture de son rapport, signale que la largeur réduite de ce pont amènera tôt ou tard l'administration des Ponts-et-Chaussées à décider de son élargissement.

Conformément aux conclusions de son rapporteur, la Commission adopte la proposition de M. [Jules] Formigé tendant au classement de ce pont parmi les Monuments historiques. 80/15/030/8

Lozère - Florac - façade de maison du XVIe siècle - Inventaire supplémentaire
Rapporteur : M. Collin

M. Berry, architecte en chef des Monuments historiques, a proposé d'inscrire à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques la façade et les toitures de la congrégation de la Présentation du Bourg-de-Saint-Andréol, à Florac, dans le département de la Lozère.

La façade de cet immeuble comporte un portail très curieux à deux colonnes cannelées d'inspiration dorique et très renflées en leur milieu. Un fronton coiffant directement les chapiteaux couronne cet ensemble. La toiture de ce bâtiment ne présente pas un intérêt mais il y aura lieu de l'inscrire afin d'éviter que de malheureuses réparations viennent défigurer la façade.

Conformément aux conclusions de son rapporteur, la Commission adopte à l'unanimité la proposition de M. Berry tendant à l'inscription à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques de la façade et de la toiture de cet immeuble. 80/15/030/9

Savoie - Hauteluce - église - classement
Rapporteur : M. Collin

M. Collin, rapporteur, donne lecture du rapport de M. Jullien, architecte en chef des Monuments historiques, tendant au classement parmi les Monuments historiques, de l'église de Hauteluce, dans le département de la Savoie.

Cette église est un bel édifice du XVIIIe siècle, relativement important par rapport à la population de ce village.

La partie la plus intéressante est le clocher aux dimensions de l'édifice, mesure 7 m 50 sur 7 m 70. Ce clocher, avec flèche bulbeuse, est entièrement couvert en fer blanc que l'oxydation a patiné d'une belle couleur dorée.

L'état actuel de cet édifice ne nécessite pas de grosses dépenses d'entretien et la Municipalité est d'ailleurs disposée à apporter son concours financier.

M. Hautecoeur signale à la Commission qu'il y aurait intérêt à prononcer le classement de cet édifice en raison des travaux d'électrification qui ont été entrepris dans toute cette région et qui ont parfois porté atteinte à son pittoresque.

En conséquence, la Commission estime, avec son rapporteur, qu'il y a lieu de prononcer le classement de l'église d'Hauteluce. 80/15/030/10

Indre-et-Loire - Pont-de-Ruan - manoir de Vonnes - classement
Rapporteur : M. Huignard.

Le manoir de Vonnes à Pont-Ruen, qui domine la rive droite de l'Indre est un intéressant exemple d'architecture du commencement du XVIIe siècle. Il se compose d'un corps de bâtiment entre deux ailes peu saillantes sur chacune de ses façades principales et ne comporte qu'un rez-de-chaussée. Les façades, très simples, présentent des fenêtres à meneaux de section rectangulaire, encadrées d'ne moulure. Ces façades présentent une grande unité de style et sont d'un beau caractère. Les intérieurs, assez délabrés du fait de l'utilisation pendant de longues années de ce bâtiment comme ferme, présentent trois belles cheminées de l'époque de la construction.

Le propriétaire de ce château a demandé son classement afin d'obtenir de l'État une aide pécuniaire pour les travaux de restauration qu'il serait urgent d'entreprendre.

La Commission estime, avec son rapporteur, que ce petit manoir présente par ses façades et ses intérieurs un intérêt assez grand pour justifier son classement parmi les Monuments historiques. Les façades et les intérieurs seraient compris dans cette mesure de protection. 80/15/030/11

Morbihan - Guégon - grille du château de Trégranteur - classement
Rapporteur : M. Huignard.

La Commission est saisie d'une proposition de classement de la grille d'entrée du parc du château de Trégranteur à Guegon. Cette grille constitue un bel ensemble de ferronnerie du XVIIIe siècle composé d'une porte à deux vantaux, de pilastres, d'un fronton avec armoiries et de deux ailerons. Cette grille serait l'oeuvre de Roussin, ouvrier de Josselin.

La Commission estime à l'unanimité, avec son rapporteur, qu'il y a lieu de prononcer le classement de cette grille. 80/15/030/12

Haute-Garonne - Pinsaguel - château - classement
Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Le château de Pinsaguel, ainsi que sa ferme, est inscrit sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 22 décembre 1941.

M. [Jules] Formigé souligne que le classement de ce château a été demandé par le propriétaire afin de recevoir une aide financière de l'État.

M. de Ségogne estime qu'il existe dans le département des édifices plus intéressants qui ne sont pas protégés, et que dans ces conditions il lui paraitrait préférable de procéder dans chaque département à une enquête dont les résultats seraient soumis à la Commission des Monuments historiques .

M. Hautecoeur signale à M. de Ségogne que l'administration des Beaux-arts ayant été saisie d'une demande de classement de ce château, il lui faut statuer sur cette demande après avis de la Commission des Monuments historiques .

La Commission considérant le château de Pinsaguel n'offre qu'un intérêt tout à fait secondaire aussi bien dans son extérieur que dans son intérieur (si ce n'est toutefois sa bibliothèque déjà classée) estime qu'il y a lieu de maintenir cet édifice à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. 80/15/030/13

Gers - Barran - clocher de l'église - classement
Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Le clocher de l'église de Barran est déjà inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 28 mai 1937. Ce clocher se compose d'une tour de pierre très épaisse en bon état, que surmonte une flèche en charpente. Celle-ci, mal contreventée, s'est enroulée en hélice ce qui a désorganisé sa couverture et compromis sa solidité en brisant les assemblages.

La Municipalité a demandé le classement du clocher pour obtenir de l'État son aide technique et pécuniaire.

M. [Jules] Formigé estime que les travaux de restauration seraient assez importants puisqu'il faudrait refaire en partie la charpente de la flèche.

M. Paquet signale qu'il est difficile de prononcer le classement de certaines parties d'un édifice et de laisser les autres parties sans aucune mesure de protection.

La Commission estime qu'il y a lieu de demander à M. l'architecte en chef Harot un rapport supplémentaire sur ce clocher. Dans son rapport M. Harot devra indiquer s'il y a lieu de classer l'ensemble de l'église de Barran, et évaluer approximativement la dépense qu'entrainerait la consolidation du clocher. 80/15/030/14

Gers - Cazaux-Saves - château de Caumont - classement
Rapporteur : M. [Jules] Formigé

Le château de Caumont a été édifié de 1525 à 1535 par Pierre de Nogaret de la Valette ; il est composé d'un corps de bâtiment entre deux ailes dont l'une (la droite) a été refaite en 1658 à la suite d'un incendie. Quatre tours forment les angles. La construction est faite de pierre du pays alternée par assises avec la brique rose. Ce château a été restauré en 1901.

La Commission, prenant en considération l'ancienneté de ce château, son intérêt architectural et son passé historique ainsi que sa bonne conservation, estime, avec son rapporteur, qu'il y a lieu de classer ce château déjà inscrit sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 11 décembre 1925. 80/15/030/15

Dordogne - Saint-Jean-de-Côle - château de La Marthonye - classement
Rapporteur : M. Gélis.

Le château de Lamarthonie a été inscrit sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 3 août 1925.

Ce château est un des exemples les plus typiques des gentilhommières du Périgord. Quelques vestiges seulement subsistent de l'ancienne forteresse qui s'élevait aux XIIIe et XIVe siècles. Le château, tel qu'il nous est parvenu, date de la fin du XVe siècle il se composait d'un corps de logis flanqué de deux tours carrées et d'une tour ronde couronnée de mâchicoulis. A cette première construction, s'est greffée au XVIIe et au XVIIIe siècles une seconde demeure couverte de toits à la Mansart qui remplace une partie du château primitif détruit par les Anglais.

Ce château, avec ses mâchicoulis et ses couvertures en vieille tuile patinée, présente un caractère extrêmement pittoresque, M. Gélis signale dans son rapport que si l'ensemble du gros oeuvre est en assez bon état, il n'en est pas de même des couvertures et de la terrasse. Le classement pourrait donc mettre à la charge de l'État des dépenses assez élevées.

M. de Ségogne rappelle que ce château présente un grand intérêt architectural auquel vient s'ajouter le charme d'un site particulièrement pittoresque. Il estime que les réparations des toitures de ce château qu'il a visité n'entraîneront pas de grosses dépenses pour l'État étant donné que les propriétaires sont disposés à participer à ces dépenses.

M. Hautecoeur estime qu'en ce qui concerne le château, dont le classement est souvent demandé, en vue de l'obtention d'une aide financière importante de l'État, et pour permettre à la Commission des Monuments historiques d'apprécier l'opportunité du classement, il y aurait lieu de demander désormais aux architectes en chef des Monuments historiques de joindre à leur proposition de classement, un exposé succinct de l'état du gros oeuvre et des couvertures et une estimation approximative des travaux de restauration.

Cette mesure est approuvée à l'unanimité. 80/15/030/16

Prenant en considération l'intérêt du château Lamarthonie, la Commission estime qu'il y a lieu de prononcer le classement sous la réserve qu'un fonds de concours important serait demandé au propriétaire pour la remise en état des toitures. 80/15/030/17

Allier - Villeneuve-sur-Allier - grange du château de Riau - classement
Rapporteur : M. Trouvelot.

La grange du château de Rieu, dont la charpente est datée de 1584, est un exemple typique de l'Architecture à pan de bois du Bourbonnais.

Son ossature en pans de bois, étrésillonnée par des croix de Saint-André avec remplissage en briquettes, repose sur un socle en pierre et sur des caves voûtées. Ce bâtiment est bien conservé.

La Commission, conformément aux conclusions de son rapporteur, estime à l'unanimité qu'il convient de classer cette grange parmi les Monuments historiques.

La séance est levée à 11h15.

Le secrétaire 80/15/030/18