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22 janvier 1886
Présidence de M. Proust. Sont présents : MM. les directeurs des Beaux-arts, des Bâtiments civils et des Cultes, MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Charton, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Laisné, Lisch, Liouville, de Mortillet, Ruprich-Robert, Selmersheim, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 11 décembre est lu et adopté.
Inauguration de salles au Musée du Trocadéro

M. le président fait connaître à la Commission qu'il est entendu avec le ministre que l'inauguration des dernières salles du Musée du Trocadéro est remise au printemps prochain.

La parole est donnée à M. [Victor] Ruprich-Robert pour la lecture d'un rapport sur le :
Recrutement des architectes des Monuments historiques

Ce rapport est le résultat des délibérations des architectes membres de la Commission. Le rapporteur, après avoir fait l'historique de la question, propose de former, sous la direction même de la Commission, un groupe d'artistes qui puiserait auprès d'elle et d'une sous-commission composée des architectes et des archéologues pris dans son sein, les conseils et les connaissances nécessaires pour les conduire à faire partie du service. Un programme serait distribué aux jeunes architectes qui, à des séances nouvelles, par exemple, auraient à rendre compte de leurs études à la sous-commission. Une seconde série de jeunes artistes serait envoyée, après concours, sur les chantiers des Monuments historiques pendant deux années pour étudier sur place les édifices et les difficultés de la pratique : les frais de ce stage seraient à la charge du crédit des Monuments historiques. A la fin de l'année et à la suite d'épreuves déterminées, un certificat serait accordé aux candidats qui auraient donné toute satisfaction. Cette récompense aurait pour effet d'établir une 80/15/012/179 liste d'architectes attachés, sans toutefois créer aucun droit immédiat aux lauréats. Telles sont, en résumé, les dispositions que M. le rapporteur jugerait nécessaires de prendre pour favoriser le recrutement des architectes destinés à assurer le service des Monuments historiques.

M. le président rappelle que depuis longtemps la Commission se préoccupe de cette question et que lui-même l'avait soulevée il y a deux ans. En 1879, le service des Bâtiments civils, dans une préoccupation analogue, établissait un règlement ; de son côté, le directeur des Cultes vient d'instituer un concours et de proposer la création d'une chaire d'Art national à l'École des Beaux-arts.

M. le président pense que cette proposition rencontrera des difficultés et que, si elle est adoptée, le choix du professeur, l'accueil qui lui sera fait à l'école seront encore autant de questions. Ces considérations l'engagent à proposer de créer, au Trocadéro, une école où se feraient périodiquement des leçons théoriques, appuyées par des examens et aboutissant à l'envoi de jeunes architectes sur les chantiers des Monuments historiques.

En ce qui concerne les ressources, M. le président a lieu de supposer qu'il en serait de l'École du Trocadéro comme de l'École du Louvre, actuellement inscrite au budget et qui fut créée sans crédit. Il conclut à ce que le projet soit renvoyé à MM. les Inspecteurs généraux qui étudieraient un règlement lequel serait soumis à l'approbation du ministre des Beaux-arts.

M. le directeur des Cultes demande si, dans la pensée du président, la création de l'école en question supprimerait les épreuves établies par l'administration des Cultes et si la Commission se désintéresserait de l'oeuvre poursuivie à côté d'elle.

M. le président répond que l'École du Trocadéro serait considérée comme une école d'application et qu'elle serait appelée à compléter l'enseignement de l'École des Beaux-arts.

M. de Baudot se demande s'il ne serait pas préférable d'attendre le résultat de la proposition de 80/15/012/180 l'administration des Cultes au sujet de la chaire d'Architecture française. Avant de créer l'école d'application, il faut que cette chaire existe : si elle n'était pas créée à l'école, il faudrait la créer ailleurs, mais il vise tout un ordre d'idées et voit là une question d'enseignement général ; or cet enseignement est concentré à l'École : c'est là que se portent les jeunes gens : il estime donc que c'est là qu'il y a lieu de créer la chaire nouvelle qui doit compléter l'enseignement actuel, et il redoute de voir engager l'affaire avant de savoir si l'on obtiendra la création d'une chaire.

M. le directeur des Cultes se rallie aux propositions de M. de Baudot.

M. le président résume de nouveau la question et ses précédents. Il ne voit pas quel avantage il peut y avoir à attendre la création d'une chaire, qui ne sera pas sans rencontrer d'obstacles. Il fait observer que d'ailleurs la Commission est unanime à appuyer le voeu de l'administration diocésaine à ce sujet ; mais il n'en maintient pas moins la proposition de créer dès à présent l'école d'application.

M. le directeur des Bâtiments civils répond à M. de Baudot relativement à la question d'enseignement général à l'École des Beaux-arts. Sans prétendre qu'il n'y a pas quelques réformes à apporter à cet enseignement, il désirerait que l'antagonisme cessât entre les architectes des deux écoles. Il lui semble que c'est à l'École des Beaux-arts que doit être enseigné l'art français et il propose de porter la question devant le Conseil supérieur.

M. de Lasteyrie est d'avis qu'il faut d'abord créer la chaire à l'École, il craint que l'École du Trocadéro une fois instituée n'empêche d'aboutir l'autre proposition

M. de Mortillet croit à un malentendu provenant d'une double proposition. On a parlé d'enseignement et d'application : il estime que la place de l'enseignement théorique serait à l'École des Beaux-arts et que l'École du Trocadéro serait consacrée à l'application.

M. le directeur des Cultes serait d'avis d'instituer 80/15/012/181 un concours pour l'admission sur les chantiers.

La Commission consultée vote le renvoi de l'affaire à MM. les Inspecteurs généraux pour l'étude des voies et moyens d'arriver à ce résultat.

L'ordre du jour appelle l'examen de l'affaire de l' :

Hôtel de Ville d'Amboise (Indre-et-Loire)

Le Conseil municipal sollicite le concours de l'État pour l'achèvement de la restauration de cet édifice. Le devis présenté par l'architecte s'élève à 106 443 Francs 69. La Ville a contracté un emprunt pour faire face au tiers de la dépense, proportion dans laquelle elle y a participé jusqu'à ce jour avec l'État.

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis que certaines économies pourraient être réalisées dans les prévisions de la dépense et que celle-ci pourrait être réduite d'environ 10 000 Francs. L'emprunt voté par la Ville étant de 35 481 Francs, il estime, en conséquence, que les 70 962 Francs formant le déficit pourraient être alloués en deux annuités sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission adopte ces conclusions, à la condition qu'il sera bien entendu que cette allocation sera la dernière accordée pour cette entreprise.

Église de Norrey (Calvados)

L'architecte a présenté un devis de 26 982 Francs 80 pour exécuter les travaux les plus urgents de consolidation du choeur de cette église.

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver ce devis et d'allouer 13 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources nécessaires pour parfaire le devis.

Église de Mouen (Calvados)

M.Auvray, architecte à Caen, présente en vue de la restauration de cet édifice, un devis divisé en 2 chapitres, le 1er relatif à la reconstruction du clocher s'élève à 26 712 Francs ; le 2e concernant la restauration de la nef s'élève à 21 972F.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis que, dans la situation du crédit, il y a lieu de se borner à la 80/15/012/182 consolidation du clocher actuel, et de s'en tenir, en ce qui concerne les autres travaux, aux dépenses strictement nécessaires. Un nouveau devis dans ce sens devrait être demandé à l'architecte.

Adopté.

Église de Saint-Contest (Calvados)

Les travaux de restauration du choeur de cette église ont nécessité le dégagement d'une colonne qui se trouvait entièrement lézardée et fissurée sous le poids des arcs et des murs qu'elle supporte. La réparation présente la plus grande urgence et la dépense est évaluée à 5 988 Francs 17. La Ville de Caen et la Commune de Saint-Contest ont réuni 4 073 Francs 01 pour cette entreprise.

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis d'allouer 900 Francs pour ces travaux en laissant à la Commune le soin de se procurer les 915 Francs 16 complémentaires de la dépense en s'adressant au besoin, à l'administration des Cultes.

Église de Pommiers (Loire)

Une demande de classement a été adressée en faveur de cette église et de son presbytère à M. le ministre des Beaux-arts, par le président de la Société Archéologique du Forez, la Diana.

L'église qui fit partie d'une abbaye remontant au XIe ou au XIIe siècle, a subi récemment des remaniements nombreux et mal entendus ; le presbytère, ancien logis prieural, ne date que du XVe siècle et ne présente qu'un intérêt très secondaire.

M. Bruyerre, rapporteur, tout en reconnaissant la rareté des monuments intéressants dans la contrée que l'on invoque en faveur du classement, n'est pas d'avis de proposer cette mesure en raison des mutilations subies par les monuments dont il s'agit.

La Commission se range à cet avis.

Église Saint-Séverin à Paris (Seine)

M. le préfet de la Seine a transmis à M. le ministre des Beaux-arts un projet de restauration de cet 80/15/012/183 difice au sujet duquel il demande l'avis de la Commission.. Bruyerre, rapporteur, estime que cet avis ne peut-être donné sur la présentation d'un simple devis et qu'il y aurait lieu de demander la production de plans et de détails des parties qu'il s'agit de restaurer, notamment des arcs-boutants dont l'appareil, vicieux sur certains points, devrait être modifié.

Ces conclusions sont adoptées.

Figure découverte dans la cathédrale de Séez (Savoie)

M. Bruyerre signale au nom de M. Paul Boeswillwald, absent, une petite figure du XIIIe siècle, découverte dans les travaux de fouilles et de démolition de la cathédrale de Séez et actuellement déposée dans le musée du chantier. Il y aurait lieu d'assurer la conservation de cet objet très intéressant, soit en le déposant au Musée de Cluny, soit en l'encastrant dans le mur de l'édifice, à l'endroit où il a été trouvé. Il incline vers cette dernière opinion, qui est également celle de MM. [Victor] Ruprich-Robert et de Lasteyrie. On pourrait, d'ailleurs, faire exécuter le moulage de la figure en question en deux épreuves qui seraient déposées l'une au Musée de Cluny, l'autre au Musée du Trocadéro. La Commission, sur le vu du moulage, prendrait alors une décision sur la destination définitive de l'objet.

Cette dernière proposition est adoptée.

Donjon de Pons (Charente-Inférieure)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que la Municipalité, sans tenir compte des observations de l'administration supérieure, a voté des fonds pour la restauration d'une fenêtre du Donjon. L'opinion du préfet est que l'on pourrait peut-être obtenir la remise de l'édifice dans son état primitif à la condition d'en compléter la restauration et de mettre tous les travaux aux frais de l'État.

Cette solution paraît inacceptable à M. le rapporteur qui propose de faire notifier à la Municipalité l'invitation de remettre avant toute chose et à ses frais le monument dans son état primitif, puis, si elle désire faire exécuter de nouveaux travaux, de lui désigner un architecte du service des Monuments historiques pour s'entendre avec elle 80/15/012/184 en vue de dresser un projet.

La Commission adopte cette opinion, et sur la proposition de M. Lisch désigne M. Albert Ballu pour la rédaction de ce projet. Elle est d'avis également de prier le ministre de l'Intérieur d'écrire directement au préfet pour l'inviter à faire respecter les instructions qu'il a été chargé de transmettre à la Municipalité de Pons par l'administration des Beaux-arts.

Remparts de Brouage (Charente-Inférieure)

Ces remparts ne présentent pas un très grand intérêt du point de vue de l'art, ils n'ont de valeur que par leur ensemble et leur situation exceptionnelle.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis qu'à ce point de vue et en raison de la place importante qu'ils ont occupée dans l'histoire, il serait regrettable de les voir disparaître.

Il propose en conséquence leur classement à la condition que les travaux d'entretien et de conservation seraient à la charge de la Commune, ainsi que le maire en a d'ailleurs pris l'engagement.

Cette proposition est adoptée.

Temple de Lanleff (Côtes-du-Nord)

M. l'architecte Devrez a présenté un devis de 450 Francs pour quelques réparations indispensables à ce monument et pour l'établissement d'une clôture destinée à le préserver des dégradations continuelles dont il est l'objet.

L'examen du relevé, placé sous les yeux de la Commission, donne lieu à une observation de M. Darcel qui serait d'avis que l'architecte fût autorisé à faire des fouilles pour rechercher les dispositions premières de l'édifice, notamment celle des absides.

M. Lisch, rapporteur, adopte cette opinion et propose que le crédit demandé soit porté à 1 000 Francs, moitié pour les fouilles, moitié pour les réparations.

Adopté.

Église de Cunault à Chênehutte-Trèves-Cunault (Maine-et-Loire)

Cet édifice très important et très intéressant a besoin de réparations urgentes qui sont évaluées par M. l'architecte Petitgrand à 22 722 Francs 79.

Conformément aux conclusions de M. Lisch rapporteur, 80/15/012/185 la Commission est d'avis d'approuver le devis de l'architecte et d'allouer pour l'entreprise 12 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources nécessaires pour parfaire le devis.

Ancienne cathédrale de Dax (Landes)

La coupe demandée pour établir la différence de niveau des sols entre la nouvelle et l'ancienne église a été produite. Cette différence étant de 2 m 23, il n'est pas possible de conserver le porche de l'ancienne cathédrale dans le projet d'agrandissement.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose en conséquence de le remonter contre le mur du transept méridional, et de confier cette opération à M. Ferron, architecte et inspecteur de la cathédrale de Bayonne, à qui l'on demanderait un devis.

Cette proposition est adoptée.

Concession pour la photographie au Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Darcel, à qui s'adressent incessamment de nombreux photographes pour la reproduction des meubles du Musée de Cluny, a préparé un projet de traité avec M. Mieusement, dont il donne lecture à la Commission.

M. le directeur des Beaux-arts relève une clause du traité qui lui semble excessive, en ce qu'elle accorde à M. Mieusement le droit exclusif de photographier dans le Musée. Il expose les conditions faites à M. Braun à qui l'on a concédé des facilités, un atelier, une salle de vente, mais non pas le monopole. Le seul privilège, qui puisse être accordé, doit porter sur la vente dans l'intérieur du Musée : c'est dans ce sens que devrait être rédigé le traité à passer avec M. Mieusement.

La Commission adopte cet avis.

La séance est levée à midi. 80/15/012/186

10 février 1886
La séance est ouverte sous la présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : M. le directeur des Beaux-arts, le directeur des Cultes, MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, Selmersheim, Tétreau.
Crédit des Monuments historiques

M. le président fait part à la Commission de l'intention de M. le sous-secrétaire d'État de réduire de 200 000 Francs le crédit des Monuments historiques et des objections qu'il a présentées.

M. Tétreau propose de soumettre à la Commission du budget une note qui justifierait de la nécessité de maintenir au moins le crédit actuel. Il y aurait lieu de rappeler dans cette note que quelques monuments suffiraient à eux seuls à absorber le crédit presque entier ; que le nombre des monuments classés augmente tous les ans ; qu'il s'est notamment accru de ceux de l'Algérie ; que le prix des matériaux et de la main d'oeuvre a augmenté d'une manière considérable depuis quelques années ; que d'ailleurs l'économie serait plus apparente que réelle, puisque l'état de ruine de certains monuments s'accélèrerait faute d'entretien ; que d'autre part enfin le service des Monuments historiques se trouve encore atteint indirectement par la réduction d'autres crédits qui concourent habituellement avec le sien.

Sur la proposition de M. le président, M. Tétreau est chargé de rédiger, d'accord avec le chef de bureau, une note dans le sens de ses observations.

M. Proust prie M. [Émile] Boeswillwald de le remplacer à la présidence. Le procès-verbal de la séance du 22 janvier est lu et adopté. Présidence de M. le directeur des Beaux-arts [sic].

M. de Baudot a la parole pour exposer la situation de l'affaire de l'

Escalier du donjon du Capitole de Toulouse (Haute-Garonne) 80/15/012/187

Le ministre désireux de connaître la valeur architecturale de l'escalier et de la situation de ce petit bâtiment par rapport aux constructions qui l'environnent, a invité M. de Baudot à venir lui donner des renseignements à cet égard. Il s'est informé s'il ne serait pas possible de trouver un terrain sur lequel les voeux de la Ville de Toulouse pourraient se concilier avec les intérêts de l'art. M. de Baudot a été ainsi amené à proposer une transaction consistant à autoriser la Ville de Toulouse à démolir l'escalier du Donjon, à la condition qu'elle s'engagerait à conserver toujours le Donjon lui-même et à reconstruire l'escalier dans une cage de dimensions absolument semblables à celles de la cage actuelle.

M. le ministre, considérant que cette solution était de nature à concilier tous les intérêts, chargea M. de Baudot de la présenter au maire de Toulouse comme étant celle qu'il présenterait à la Commission des Monuments historiques, si le Conseil municipal déclarait souscrire aux conditions sus énoncées.

M. de Baudot donne lecture de la lettre qu'il écrivit au maire et fait connaître que cette lettre loin d'avoir été bien accueillie fut le prétexte d'un arrêté par lequel le maire invita le directeur des travaux de la Ville à démolir immédiatement l'escalier. L'intervention du préfet auprès du maire a empêché la mise à exécution de cet arrêté, mais M. le rapporteur est d'avis qu'il faut prévoir le retour de l'administration municipale à sa décision première, et il propose d'autoriser la Ville à démolir l'escalier en maintenant les mêmes conditions, mais en admettant l'utilisation de la cage proposée par la Ville, pourvu qu'on lui donnât la dimension voulue, en démolissant, pour le reconstruire, l'un des murs de cette cage.

La Commission adopte cet avis.

Église de La Trinité à Angers (Maine-et-Loire)

Un legs de 20 000 Francs ayant été fait au curé de cette église pour servir à l'ornementation de l'édifice, le légataire demande l'autorisation d'employer cette somme à la restauration et à l'agrandissement de la sacristie. Il résulte de l'examen du projet que les constructions 80/15/012/188 projetées auraient pour effet de modifier l'aspect du monument dans un sens qui serait loin de constituer un embellissement.

M. Lisch, rapporteur, estime qu'avant d'autoriser ces travaux il y aurait lieu d'inviter l'architecte à modifier son projet et à produire les dessins de l'état actuel de la sacristie et de la chapelle adjacente.

La Commission est d'avis de s'en tenir au refus de faire de la somme l'emploi projeté.

Église de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire)

Invité à visiter cet édifice, M. l'Inspecteur général Lisch a constaté que les toitures étaient en fort mauvais état et que la charpente du clocher était sérieusement ébranlée ; il a même cru devoir prier le maire de faire cesser toute sonnerie.

M. le rapporteur propose en conséquence, de charger un architecte de dresser un devis des travaux urgents à exécuter à cet édifice, qui d'ailleurs a subi de nombreuses mutilations.

La Commission est d'avis de proposer le déclassement.

Église de Saint-Denis à Doué (Maine-et-Loire)

Cet édifice a été acquis, il y a quelques années, par un particulier qui en a commencé la démolition, mais ce travail a été suspendu, sur l'invitation du préfet. Une partie des ruines menace aujourd'hui de s'écrouler et il est urgent de prendre des mesures conservatrices en même temps que de dégager la responsabilité de la Commission.

M. Lisch, rapporteur, propose de donner au préfet des instructions en ce sens, et demande à la Commission si elle ne jugerait pas opportun d'accorder un secours de quelques cents francs au propriétaire, à la condition d'employer cette somme en travaux de consolidation.

M. le directeur des Cultes fait observer que le propriétaire n'a acheté que pour démolir et que, s'il a suspendu ses travaux de démolition, c'est qu'il ignore ses droits. Or on devra les lui faire connaître et alors il démolira.

M. Tétreau estime que, du jour où l'État a donné une subvention à un particulier pour la conservation d'un monument, il y a un contrat tacite entre les parties. 80/15/012/189

M. de Lasteyrie appuie la proposition d'allouer une subvention au propriétaire.

La Commission est d'avis de charger un architecte d'étudier les moyens de conserver les ruines dont il s'agit et d'évaluer la dépense nécessaire à cet effet. Elle désigne pour cette étude M. Magne, architecte chargé d'autres travaux dans le département.

Église de Saint-Savin (Vienne)

Sur la proposition de M. Lisch, la Commission est d'avis d'autoriser l'architecte à exécuter les travaux complémentaires de la restauration de cet édifice évalués à 9 431 Francs 57 et d'allouer cette somme sur le crédit des Monuments historiques.

Église de Jazeneuil (Vienne)

M. [Jean-Camille] Formigé, invité à modifer son projet en substituant pour la couverture la tuile à la pierre, déclare qu'il lui est impossible d'établir une couverture en tuile, sans charpente, sur le glacis formé par l'ancienne couverture en pierre, et maintient sa proposition de revenir à la couverture primitive.

M. Lisch, rapporteur, voudrait qu'auparavant on réclamât à l'architecte un détail graphique et une note explicative des dispositions qu'il compte adopter.

M. Darcy pense qu'il ne sera pas possible de couvrir en pierres sans établir un isolement et sans produire en conséquence un relèvement du comble.

M. de Baudot réclame cet isolement comme nécessaire.

M. de Lasteyrie est d'avis de conserver intégralement la disposition primitive et d'admettre les propositions de l'architecte.

La Commission conclut dans le sens du rapport et M. [Jean-Camille] Formigé sera invité à produire un tracé avec détail au 10e d'exécution.

Église de Varen (Tarn-et-Garonne)

Un devis de 16 840 Francs a été dressé par M. l'architecte Gout pour la réfection des toitures de cet édifice. Ces travaux présentent une extrême urgence et la Commune 80/15/012/190 et la Fabrique sont hors d'état de contribuer à la dépense.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis d'allouer 8 400 Francs sur le crédit des Monuments historiques et d'inviter la Commune à s'adresser à l'administration des Cultes pour parfaire le devis. Il est d'avis également d'inviter l'architecte à examiner s'il ne pourrait pas, à l'exécution, substituer la tuile qui est la couverture ordinaire du pays, à l'ardoise qu'il a proposée et conserver ainsi les anciennes pentes de la couverture.

Adopté.

Église de Puteaux (Seine)

L'église de Puteaux renferme de très intéressantes verrières du XVIe siècle. Une des fenêtres, contenant la légende de Saint-Maurille, est complète ; trois autres fenêtres ne renferment que des fragments plus ou moins importants. M. Bruyerre, rapporteur, propose : 1e de classer lesdites verrières, 2e d'allouer 1 200 Francs pour la restauration de la verrière de Saint-Maurille dont la dépense est évaluée par M. l'architecte Magne à 1 486 Francs 80.

Ces propositions sont adoptées.

Église de Châtel-Montagne (Allier)

M. Darcy a présenté un devis des réparations à faire aux couvertures de cet édifice dans lequel il propose de remplacer la couverture en tuile creuse du côté nord qui est dans le plus mauvais état par des tuiles faites sur modèle et d'utiliser les tuiles anciennes sur les pans de toiture exposés au Midi. La dépense s'élèverait à 4 066 Francs 01 sur lesquels la Fabrique est en mesure de fournir 800 Francs.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis d'allouer 1 600 Francs sur le crédit des Monuments historiques à charge par la Commune de combler le déficit.

La Commission adopte cette opinion, mais, sur les observations de M. [Émile] Boeswillwald, elle est d'avis de maintenir l'emploi de la tuile creuse pour la couverture tout entière, en raison de la difficulté de l'approvisionnement de la tuile sur modèle.

Hôtel Cujas à Bourges (Cher)

La Ville de Bourges, qui s'est rendue récemment acquéreur 80/15/012/191 de l'Hôtel Cujas, a eu l'idée de se servir de cet édifice pour l'exposition des Beaux-arts qui doit avoir lieu au mois de mai. A cet effet, et sans demander l'autorisation ministérielle, elle a fait commencer des travaux d'appropriation consistant dans la démolition de cloisons, le démontage de planchers et l'enlèvement de la toiture du bâtiment principal dont la charpente composée de chevrons portant ferme se trouve ainsi mise à jour. L'attention du préfet ayant été appelée sur ces travaux qu'il n'avait point autorisés, ce fonctionnaire en a ordonné la suspension et a demandé à la Ville la production d'un projet afin de le soumettre à l'examen du ministre. Trois plans ont été produits par la Ville, indiquant, le 1er, l'état des lieux au moment de la prise en possession de l'immeuble ; le 2e, les deux principaux étages débarrassés des cloisons et le tracé général d'une salle à construire dans l'ancienne cour du manège ; le 3e, les plans, coupes et élévations de la salle neuve.

Un devis évaluant la dépense à 65 000 Francs a été joint aux plans ci-dessus.

M. Bruyerre, rapporteur, rend compte de la visite qu'il a faite de l'édifice le 8 février et confirme les observations présentées par M. l'architecte Paul Boeswillwald dans son rapport du 12 janvier précédent, à savoir que les travaux ont été entrepris avec une hâte regrettable sans qu'on ait pris soin de faire les constatations nécessaires pour s'éclairer sur les anciennes dispositions de l'Hôtel et sans avoir arrêté le plan du futur Musée.

M. l'Inspecteur général rend compte également de sa visite au maire qui lui a déclaré que la Ville, en achetant du département cet immeuble, en avait ignoré le classement et a manifesté l'intention d'introduire contre l'administration départementale une instance en résolution de contrat.

La Commission, passant à l'examen des plans, constate qu'ils ne contiennent aucune indication sur 80/15/012/192 la destination des pièces, qu'ils ne donnent ni la façade, ni la coupe, ni aucuns détails des anciens bâtiments, et déclare qu'en l'absence de ces documents il lui est impossible d'apprécier le projet. Sur ce qui concerne le devis, la Commission le juge tout à fait insuffisant : la construction de la salle neuve devant entraîner à elle seule une dépense d'environ 42 000 Francs, il serait en effet impossible de restaurer l'ancien Hôtel avec les 23 000 Francs restant du devis.

La Commission conclut en conséquence au rejet du projet présenté par la Ville.

Château des Aix-d'Angillon (Cher)

L'architecte présente un devis en vue de travaux à exécuter au bas-côté nord du choeur. Ces travaux sont évalués à 2 553 Francs 77, mais ils nécessitent le déplacement de la sacristie actuelle, opération qui occasionnerait une dépense de 3 645 Francs.

M. Bruyerre, rapporteur, propose de prendre à la charge du crédit des Monuments historiques la dépense des travaux de restauration et de laisser à la charge de la Commune la dépense de la construction de la sacristie nouvelle.

Adopté.

Église d'Orbais (Marne)

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver le devis de 31 543 Francs dressé par M. Selmersheim pour la restauration de cet édifice ; d'autoriser l'exécution immédiate des travaux urgents compris dans le chapitre premier pour la somme de 16 407 Francs et d'allouer à cet effet sur le crédit des Monuments historiques une somme de 12 000 Francs, à la condition que la Commune se procurera les 4 407 Francs complémentaires de ce chapitre.

Tour Saint-Éloi à Dunkerque (Nord)

Le Génie militaire ayant proposé à la Municipalité de Dunkerque de rendre définitive l'installation du poste télégraphique établi provisoirement sur la tour en le surélevant d'une charge, le maire sollicite à nouveau l'avis de la Commission en raison de la 80/15/012/193 modification que cette surélévation, pourrait apporter à la silhouette de la tour.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que cette modification pourrait être admise, attendu que la hauteur du poste projeté n'excéderait celle du poste actuel que d'un mètre environ.

La Commission adopte cet avis tout en demandant de simplifier autant que possible la décoration du baraquement projeté.

Théâtre antique d'Orange (Vaucluse)

Le règlement des comptes des travaux du Théâtre d'Orange ayant laissé disponible une somme de 2 354 Francs 93, M. l'architecte Daumet propose de consacrer ce reliquat du dégagement du sol de l'Hippodrome, opération qui entraînerait une dépense d'environ 6 000 Francs et pour laquelle on demanderait à la Commune de fournir le complément des ressources.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense que la Ville d'Orange n'étant probablement pas en mesure de faire le sacrifice en question, il y aurait lieu d'autoriser les travaux de dégagement jusqu'à concurrence de la somme en ce moment disponible, sauf à parfaire le devis après la réponse de la Ville en ce qui concerne sa part contributive de la dépense.

Église de Dormans (Marne)

M. le curé de Dormans sollicite l'autorisation d'aliéner l'autel et le retable du XVIIIe siècle qui étaient placés devant la fenêtre du choeur avant la restauration et qu'il se propose de remplacer à ses frais par un maître-autel dans le style du XIIIe siècle.

Les objets dont il s'agit étant actuellement démontés et ne présentant aucune valeur artistique, la Commission, conformément à l'opinion de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'accorder l'autorisation demandée.

Église de Wassy (Haute-Marne)

La Fabrique, d'accord avec le Conseil municipal, a fait dresser un projet de restitution de l'abside primitive et de ses absidiales dont des fondations partielles ont été récemment découvertes. 80/15/012/194

La dépense qui résulterait de ce travail ainsi que de la reconstruction également projetée de la sacristie, est évaluée à 46 343 Francs 93. La Ville n'est pas en mesure de participer aux frais de l'entreprise et la Fabrique offre 9 861 Francs 50. Elle sollicite de l'État les 36 482 Francs 43 complémentaires de la dépense.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime que, dans la situation actuelle du crédit des Monuments historiques, il n'y a pas lieu d'accorder une subvention pour un travail dont la nécessité n'est pas démontrée, et que la Fabrique ferait mieux d'employer les fonds dont elle dispose à la réparation du choeur et des absidioles actuellement subsistants.

Ces conclusions sont adoptées.

La séance est levée. 80/15/012/195

5 mars 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. les directeurs des Beaux-arts, des Bâtiments civils, et des Cultes, MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Selmersheim. Sont excusés : MM. Bruyerre, Courajod, Liouville.
Le procès-verbal de la séance du 10 février est lu et adopté.
Toulouse (Haute-Garonne)

A propos du procès-verbal, M. de Baudot donne lecture d'une délibération au Conseil municipal de Toulouse qui lui a été transmise et par laquelle cette assemblée déclare accepter les propositions de la Commission des Monuments historiques .

Bibliothèques industrielles à Paris

M. le président entretient la Commission de la création poursuivie par la Ville de Paris de bibliothèques industrielles dans les diverses mairies : il en existe déjà trois dans les 2e, 3e et 11e arrondissements. M. le président a vu les catalogues de ces bibliothèques, il y a constaté l'absence absolue d'ouvrages relatifs à l'art français. Il propose d'y faire figurer des photographies et des moulages choisis. Une somme de 500 Francs suffirait pour constituer une collection très utile pour chaque bibliothèque. Une Commission dont feraient partie MM. Geoffroy-Dechaume et de Baudot serait chargée d'étudier un catalogue de ces photographies et de ces modèles. La Commission adopte cette proposition.

M. de Baudot signale à ce sujet l'ouvrage de Viollet-le-Duc qui devrait figurer dans ces bibliothèques et rappelle qu'un certain nombre d'exemplaires en a été remis à la Ville de Paris. Il demande aussi s'il ne conviendrait pas d'affirmer l'influence directe de la Commission au moyen de conférences dans ces bibliothèques.

M. le président proposera au préfet de la Seine 80/15/012/196 de faire entrer quelques membres de la Commission des Monuments historiques dans le comité qu'il a créé pour l'aider à poursuivre l'entreprise dont il s'agit.

[Part contributive des Fabriques]

M. le directeur des Cultes place sous les yeux de la Commission un tableau destiné à faire ressortir la part contributive des Fabriques dans la dépense des travaux de restauration des Monuments historiques. Ce document sera joint au procès-verbal.

M. Lisch lit un rapport sur le

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

L'architecte a présenté un devis de 2 617 Francs 58 pour la consolidation de la toiture et des charpentes. M. le rapporteur estime que ces travaux sont urgents et qu'il y a lieu d'allouer cette somme.

M. de Mortillet fait observer qu'il résulte pour cet édifice un grave inconvénient de l'absence de ventilation.

La Commission est d'avis de charger l'architecte d'étudier la question d'assainissement, d'autoriser les travaux qu'il propose et de l'inviter à faire des visites annuelles de l'édifice.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. de Baudot a informé l'administration que les crédits votés pour la restauration du château de Blois sont épuisés mais qu'il reste à consolider une partie de la façade nord dont la restauration a été comprise dans le devis primitif pour une somme de 40 000 Francs. Les dégâts s'étant considérablement augmentés depuis la rédaction de ce devis, l'architecte demande que le chiffre prévu soit porté à 61 664 Francs.

M. Lisch, rapporteur, estime qu'il y a lieu d'accorder ce supplément de crédit et d'autoriser l'exécution immédiate des travaux dont il s'agit.

M. de Baudot a également signalé le mauvais état de la Tour du Moulin et il a joint à son devis un nouveau chapitre s'élevant à 122 768 Francs 12 pour la restauration de cette tour. Mais M. Lisch, tout en reconnaissant la nécessité qu'il y aurait de restaurer ce bâtiment, ne pense pas que, 80/15/012/197 dans la situation du crédit, il soit possible d'entamer cette entreprise. Sur cette observation que la Ville pourrait y participer, M. de Baudot fait connaître que la Ville se propose d'affecter à la restauration du bâtiment de Gaston le revenu qu'elle perçoit par les visites.

La Commission adopte les conclusions du rapport de M. Lisch.

Église de Loctudy (Finistère)

M. l'architecte Gout évalue à 39 133 Francs 59 la dépense des travaux urgents à exécuter à cet édifice. La Fabrique, la Commune et le département ayant réuni 14 133 Francs, il reste à pourvoir à un déficit de 25 000 Francs.

M. Lisch, rapporteur, propose d'accorder un secours de 12 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, le préfet se réservant de demander la somme complémentaire à l'administration des Cultes.

M. [Émile] Boeswillwald demande que l'architecte fournisse le détail de son projet d'assainissement. La Commission est d'avis qu'il soit invité à remplacer le caniveau souterrain projeté par une tranchée ou fossé d'isolement et à écarter du 1er chapitre de son devis l'abaissement du dallage à l'intérieur de l'église.

Église de Saint-Pol-de-Léon (Finistère)

De nouveaux désordres s'étant produits dans la tour nord à l'un des meneaux du clocheton nord-ouest menaçant de s'écrouler, M. Lisch, rapporteur, propose d'inviter l'architecte à procéder le plus tôt possible à la consolidation de ce clocheton au moyen de ceintures et cornières en fer, en attendant qu'on puisse entreprendre une reprise complète de cette partie de l'édifice. Il estime que la dépense ne s'élèvera pas au dessus de 15 à 1 800 Francs.

Chapelle du Creisrer à Saint-Pol-de-Léon (Finistère)

La Commune invitée à fournir une somme de 9 617 Francs 86 égale à la moitié de la dépense, n'a pu réunir que 7 100 Francs et sollicite de l'État un secours complémentaire de 2 517 Francs 86 pour combler le déficit. M. Lisch, rapporteur, est d'avis qu'en considération 80/15/012/198 des efforts de la Commune et de l'intérêt que présente le monument, il y a lieu d'accorder l'allocation donjon de lochesdemandée.

Cet avis est adopté.

Église de Clamecy (Nièvre)

Le maire de Clamecy, en faisant connaître que deux gargouilles se sont détachées et sont tombées sur la voie publique, a réclamé de l'administration des Beaux-arts des mesures décisives et sollicite l'exécution de réparations urgentes.

En présence de l'état de dégradation de l'édifice, et en raison de la dépense considérable qu'entraînerait sa restauration, M. Lisch, rapporteur, pense que, dans la situation du crédit des Monuments historiques, il est impossible de se lancer dans cette entreprise, et propose, afin de dégager la responsabilité de l'administration des Beaux-arts, de déclasser l'édifice.

La Commission adopte cette proposition.

Église Saint-Étienne de Dijon (Côte-d'Or)

La Ville de Dijon se propose de construire un hôtel des Postes sur l'emplacement de l'ancienne église Saint-Étienne, aujourd'hui halle au blé, et sollicite le déclassement de cet édifice.

M. Lisch, rapporteur, fait observer que, si les parties de l'édifice datant du XVIIe siècle sont peu remarquables, le choeur, qui date du XVe siècle, présente un certain intérêt et qu'il serait curieux d'être fixé sur l'existence d'une crypte qui, d'après la tradition aurait été remblayée. Il propose, en conséquence, avant de prendre une décision dans cette affaire, de demander à la Municipalité de Dijon l'autorisation de faire des sondages pour déterminer l'existence de la crypte et les parties de l'édifice qu'il y aurait intérêt à conserver.

La Commission adopte cette proposition et invite M. Lisch à s'entendre avec le maire de Dijon à ce sujet.

Mosaïque d'Hippône (Algérie)

L'Académie d'Hippône sollicite un secours de 5 à 600 Francs pour reproduire par la chromolithographie 80/15/012/199 la copie d'une mosaïque trouvée dans cette ville.

Renvoyé, sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald, au bureau des Souscriptions.

Monolithe de La Haute-Borne (Haute-Marne)

La Commission ayant exprimé l'avis qu'une haie vive serait le meilleur moyen de protection à adopter pour La Haute Borne et celui dont l'effet serait le plus en harmonie avec un monument de cette nature, le président de la Société des lettres, sciences et arts de Saint-Dizier fait observer qu'il faudra dix années au moins pour rendre cette haie défensive et qu'elle ne sera même jamais un obstacle suffisant contre les enfants des villages. Il sollicite, en conséquence, de l'État un secours de 3 à 400 Francs pour établir une grille à la charge par la Société de compléter la dépense.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'il y a lieu de tenir compte de l'observation du président de la Société en adoptant l'établissement d'une grille, mais de n'accorder de subvention qu'après la production d'un projet simplifié conformément aux termes d'un précédent rapport de M. [Émile] Boeswillwald en date du 3 juillet 1885.

Cette opinion est adoptée.

Arènes de Fréjus (Var)

Le préfet du Var fait connaître que le sieur Gérard, propriétaire d'une partie des Arènes, consent à céder à l'État sa propriété moyennant un prix de 25 000 Francs au lieu de 40 000 Francs précédemment demandés, et qu'il est disposé à céder en outre le terrain nécessaire à l'établissement d'un chemin autour de l'édifice, ce qui permettra de supprimer le chemin qui le traverse actuellement. M. le préfet demande en conséquence la mise à sa disposition des 20 000 Francs votés par la Commission pour l'acquisition dont il s'agit, se réservant d'obtenir de la Ville le surplus, soit 7 500 Francs, frais compris.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que le vote de la Commission comporte une autre interprétation, 80/15/012/200 que les 20 000 Francs qu'elle a votés représentaient la moitié de la somme demandée alors par le sieur Gérard; qu'elle a entendu et même spécifié que le concours de la Ville s'élèverait à une somme à peu près égale à celui de l'État ; que le chiffre d'acquisition se trouvant réduit à 25 000 Francs, la proportion doit rester la même et que la part de l'État doit être réduite, en conséquence, au chiffre de 12 500 Francs soit 13 750 Francs avec les frais, la Ville ayant à fournir une somme égale, soit environ la moitié de la dépense.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle de la Citadelle de Pont-Saint-Esprit (Gard)

Le président de la Société française d'archéologie signale un acte de vandalisme commis récemment dans les ruines de la chapelle de la citadelle de Pont-Saint-Esprit et sollicite de l'administration les mesures nécessaires pour empêcher de pareils actes et obtenir la restitution de figurines qui auraient été arrachées à coups de marteau au portail de la chapelle.

Cet édifice n'étant point classé, et les délinquants étant restés inconnus, M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime que l'administration n'a point à s'engager dans cette affaire.

Conclusions adoptées.

Maison Jaillet à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Selmersheim a dressé pour la restauration de cet édifice affecté au service de l'Hôtel de ville un devis de 11 827 Francs 15. M. Bruyerre, rapporteur, propose d'approuver ce devis et d'allouer 7 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques pour cette entreprise, à la charge par la Ville de combler le déficit.

La Commission adopte en principe le projet de restauration, mais exprime le désir d'avoir sous les yeux un état actuel avant de se prononcer sur le devis. Elle propose en outre d'allouer la moitié de la somme nécessaire à l'exécution des travaux. 80/15/012/201

Église Notre-Dame à Melun (Seine-et-Marne)

La Fabrique a présenté à l'approbation du ministre un projet de calorifère dans lequel la place à occuper par la cave de ce calorifère reste à déterminer. Des fouilles devant être nécessaires à cet effet et pouvant amener des découvertes intéressantes.

La Commission est d'avis de charger l'un des architectes du service de les diriger et désigne M. Sauvageot pour conduire cette opération.

M. Darcel regrette l'absence de M. le directeur des Bâtiments civils à qui il désirait demander quelques éclaircissements au sujet de la manière dont il est procédé à la restauration de la Porte Saint-Denis.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/202

2 avril 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Beaux-arts, le directeur des Bâtiments civils, MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Selmersheim, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 5 mars est lu et adopté.
Catalogue des moulages pour les bibliothèques municipales

M. le président demande à la sous-commission chargée d'étudier un catalogue des moulages pour les bibliothèques municipales où elle en est de ses travaux.

M. Geoffroy-Dechaume présente une liste des moulages qui pourraient être mis dès à présent à la disposition des bibliothèques.

Création d'une chaire d'art français à l'École des Beaux-arts

M. le président rappelle la question de la création d'une chaire d'art français à l'École des Beaux-arts. Il pense que l'on pourrait profiter de l'inauguration des salles nouvelles du Trocadéro pour revenir sur cette question.

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître que l'affaire a été envoyée au conseil supérieur de l'École des Beaux-arts.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

Au sujet de la question posée dans la dernière séance par M. Darcel relativement à la Porte Saint-Denis et mentionnée dans le procès-verbal, M. le directeur des Bâtiments civils expose la manière dont on a procédé pour la restauration de cette porte.

M. Darcel a cru que l'attique avait été grattée.

M. Poulin déclare qu'elle ne l'a pas été, et que des pierres neuves ont été replacées là où les anciennes étaient pourries.

M. le président exprime le regret que la Commission se soit occupée de cette affaire dont la direction ne lui appartient pas, et, sur sa proposition, la Commission passe à l'ordre du jour. 80/15/012/203

Affaire du Château de Dijon (Côte-d'Or)

La Municipalité demande de nouveau le déclassement de ces restes afin de faciliter le passage d'un boulevard. M. Lisch rappelle que le ministre des Beaux-arts a répondu à la première demande de la Municipalité qu'il ne consentirait au déclassement qu'en faveur de la création d'un établissement d'utilité publique. Le projet de lycée à construire sur cet emplacement ayant été abandonné, M. le rapporteur ne pense pas qu'il y ait lieu de revenir sur cet avis, mais il croit que, pour éviter un conflit et donner autant que possible satisfaction à la Municipalité, on pourrait accepter le projet de boulevard à la condition de transformer en square la cour du château dont l'enceinte, les tours, la porte et toutes les parties intéressantes seraient conservées pour servir à la décoration du jardin. Un projet dans ce sens serait demandé à la Municipalité.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Montbron (Charente)

Le ministre des Beaux-arts a approuvé le 23 novembre 1885 le 1er chapitre s'élevant à 13 650 Francs d'un devis de restauration de cet édifice, et a alloué sur le crédit des Monuments historiques 5 000 Francs pour cette entreprise, à la condition que la Commune qui avait déjà réuni 5 177 Francs, se procurerait le complément des ressources nécessaires.

L'administration des Cultes ayant accordé 2 500 Francs il reste à combler un déficit de 973 Francs. Le Conseil municipal sollicite aujourd'hui un nouveau secours, non pas seulement pour parfaire ce chapitre, mais pour exécuter le projet dans son entier.

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'engager la Commune à parfaire d'abord le 1er chapitre de la dépense autorisée.

Église de Mont-devant-Sassey (Meuse)

M. Paul Boeswillwald rend compte de la situation de l'édifice, dont il a été chargé de continuer la restauration à la suite du décès de M. Lenfant, 80/15/012/204 et présente un devis de 54 443 Francs 46 pour l'ensemble des travaux à exécuter.

M. Lisch, rapporteur, estime qu'il y a lieu de poursuivre sans retard l'entreprise commencée afin de ne pas perdre le fruit des travaux exécutés jusqu'à ce jour et propose de s'en tenir pour le moment à l'exécution des travaux urgents compris dans les chapitres 1, 2 et 5 du devis et s'élevant ensemble à 30 403 Francs 44.

M. le rapporteur est d'avis d'allouer 20 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques pour cette dépense qui d'ailleurs serait réduite à 29 319 Francs 63 par suite d'un reliquat de 1 083 Francs 41 sur la 1ère entreprise, et de solliciter de l'administration des Cultes la somme nécessaire pour parfaire la partie approuvée du devis.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Namps-au-Val (Somme)

La Commune se déclare dans l'impossibilité de compléter les ressources nécessaires à la restauration de son église, ainsi qu'elle s'y était engagée, en raison des dépenses qu'elle a faites pour des constructions scolaires, et de celles qu'elle projette pour l'établissement d'une mare communale. Elle sollicite, en conséquence, un secours supplémentaire de 1 669 Francs 29 montant du déficit.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'accorder cette nouvelle allocation et propose d'inviter purement et simplement la Commune à remplir ses engagements.

Cet avis est adopté.

Église de Champdeniers (Deux-Sèvres)

La Commune a fait exécuter en 1884 des réparations à la toiture de son église et elle sollicite un secours de 222 Francs montant de la moitié de la dépense.

La Commission n'ayant pas été consultée sur l'opportunité de ces travaux, est d'avis, conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, de renvoyer le dossier au préfet et d'inviter la Commune à solder les travaux dont il s'agit.

Église de Saint-Jean-de-Côle (Dordogne)

La Commune demande un secours de 600 Francs pour des réparations à la charpente et à la toiture de son 80/15/012/205 église.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer la moitié de cette somme à la condition que la Commune se procurera l'autre moitié, en s'adressant au besoin à l'administration des Cultes.

Adopté.

Église de Brantôme (Dordogne)

La Commission, conformément à l'avis de M. Lisch, rapporteur, propose d'adopter le projet présenté par la Commune de Brantôme, consistant dans l'établissement d'un passage sur une parcelle du terrain affecté au jardin du presbytère et dans l'ouverture de l'ancienne porte de l'escalier de l'abbaye, afin de donner accès à l'école des filles située au 1er étage.

Église de Montsalvy (Cantal)

La Commune présente un devis de 2 211 Francs 70 pour le dégagement de l'abside et l'acquisition d'un terrain nécessaire à cet effet. N'ayant pu réunir que 450 Francs pour cette entreprise, elle sollicite un secours du ministre des Beaux-arts et des Cultes.

M. Lisch, rapporteur, rappelle que la sous-commission chargée de réviser la Liste de classement a proposé de rayer de cette Liste l'église de Montsalvi. Il propose en conséquence, de renvoyer la demande de secours formée par cette Commune à l'administration des Cultes.

Adopté.

Église de Clamecy (Nièvre)

Informé du vote de la Commission dans sa séance du 5 mars dernier qui proposait le déclassement de cet édifice, M. l'Inspecteur général [Victor] Ruprich-Robert a adressé une lettre au ministre pour lui présenter des observations tendant au maintien de l'église de Clamecy sur la Liste des Monuments historiques.

M. [Victor] Ruprich-Robert se demande si, après avoir commencé une restauration restée inachevée et lorsque la Commune encouragée dans cette voie, s'est laissée diriger par l'État, celui-ci peut se retirer par ce motif que la situation devient embarrassante et se 80/15/012/206 désintéresser du monument. M. l'Inspecteur général croit qu'il suffirait d'exécuter les travaux du chapitre du devis de 1880 pour assurer la conservation de l'édifice, sauf à y revenir, lorsque la situation du crédit serait meilleur ; il estime enfin que la Commune aurait droit de se plaindre, s'il était donné suite à la proposition de déclassement.

Lecture de cette lettre est donnée par M. Lisch à la Commission.

M. de Mortillet objecte qu'il est dangereux pour la Commission de se dégager et propose la question préalable.

M. de Lasteyrie fait observer que les observations de M. [Victor] Ruprich-Robert sont dignes d'attention.

M. Lisch propose de faire entendre à la Commune qu'elle est responsable.

La discussion est réservée et l'affaire remise à la prochaine séance.

Église de Laroque-d'Olmes (Ariège)

M. le curé de cette paroisse demande l'autorisation de s'adresser aux architectes diocésains pour faire exécuter divers travaux au moyen des ressources que possède la Fabrique.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis qu'il n'y a aucun inconvénient à accorder l'autorisation demandée, la sous-commission de classement ayant proposé de rayer l'édifice de la Liste des Monuments historiques en raison du peu d'intérêt qu'il présente.

Adopté.

Ruines de Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse)

La Commune propose de faire don à l'État des restes de cette ancienne résidence des papes d'Avignon dont elle ne peut assurer l'entretien, faute de ressources, et demande qu'ils soient classés parmi les Monuments historiques.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que ce serait un mauvais précédent d'accepter le don de la Commune de Châteauneuf, en vue d'une restauration à entreprendre à des ruines, et propose d'ajourner la question du classement jusqu'à sa prochaine tournée d'inspection.

Adopté. 80/15/012/207

Mosaïque de Grand (Vosges)

Le devis dressé par M. l'architecte Schuler pour l'assainissement de la mosaïque de Grand s'élève à 5 470 Francs 80.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime qu'il y a lieu d'apporter au projet plusieurs modifications : d'une part le caniveau pour l'écoulement des eaux pluviales pourrait être réduit de largeur et établi à ciel ouvert et les pentes en devraient être disposées des deux côtés du bâtiment pour aboutir derrière l'abside où serait placé le puisard ; d'autre part, les baies de ventilation de la salle carrée pourraient être réduites de hauteur et de largeur.

M. l'Inspecteur général évalue à 16 ou 1 700 Francs l'économie qui résulterait de ces modifications.

La Commission est d'avis que le projet de M. Schuler soit renvoyé à son auteur qui serait invité à tenir compte des observations du rapport.

Château de Mehun-sur-Yèvre (Cher)

M. le président présente le rapport de M. l'Inspecteur général Bruyerre sur le projet de M. Georges Darcy. Il fait connaître en même temps que le Conseil municipal porte ses sacrifices à 12 000 Francs, soit au tiers de la dépense.

M. [Émile] Boeswillwald croit pouvoir affirmer que les prévisions du devis seront dépassées.

M. Lisch émet l'idée de faire contrôler l'exactitude du devis.

Cette proposition est adoptée.

Maison Jaillet à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Selmersheim met sous les yeux de la Commission l'état actuel de l'édifice ; il fait en même temps connaître que la Ville a voté la moitié de la somme nécessaire à la dépense projetée. Les ressources sont en conséquence assurées.

La Commission exprime le désir qu'un détail du soubassement projeté lui soit présenté par l'architecte et l'autorise à faire les sondages à l'effet de reconnaître 80/15/012/208 l'état ancien.

Visite des nouvelles salles de l'Hôtel de Cluny (Paris)

M. Darcel propose à la Commission de venir visiter à l'Hôtel de Cluny (Paris) la nouvelle salle qui s'achève. Il profiterait de cette visite pour proposer la démolition d'un mur sans intérêt qui projette une ombre sur la galerie.

MM. les Inspecteurs généraux se rendront à l'Hôtel de Cluny.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/209

8 mai 1886
Présidence de M. Kaempfen, directeur des Beaux-arts. Etaient présents : MM. le directeur des Bâtiments civils, [Émile] Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Lisch, Selmersheim, Thomson.
M. le président donne la parole à M. Darcel sur la question portée à l'ordre du jour :
Projets d'acquisitions pour le Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Darcel expose que la collection Stein dont la vente est fixée au lundi suivant 10 mai, contient divers objets du Moyen Âge et de la Renaissance d'un intérêt considérable et dont l'acquisition comblerait un vide dans les collections du Musée de Cluny.

Il cite notamment : un calice de travail allemand, du XIIIe siècle ; un calice de travail espagnol, de la même époque ; un mors de cheval, également du XIIIe siècle ; un meuble de Androuet du Cerceau.

M. le directeur de Cluny demande un crédit de 14 000 Francs, qui lui permettrait avec les 7 000 Francs environ restant sur les 10 000 dont il dispose annuellement, d'enchérir un ou plusieurs de ces objets avec quelque chance d'en rester acquéreur.

M. Courajod appuie la proposition de M. Darcel, en déclarant toutefois que M. Saglio a égalemment en vue l'un des calices : il ne s'agirait d'ailleurs pour le conservateur du Louvre que de s'entendre à ce sujet avec le directeur de Cluny.

M. le président prend la parole et fait connaître qu'en raison de l'importance des acquisitions projetées, M. le sous-secrétaire d'État n'a pas voulu prendre de décision sans avoir consulté la Commission. Il examine la situation budgétaire du Musée de Cluny et constate que les dépenses de cet établissement dépassent déjà pour cette année, de 30 000 Francs les 100 000 Francs prévus dans le budget de 1886. La nouvelle somme demandée viendrait donc s'ajouter à cet excédent déjà 80/15/012/210 considérable qui serait à reporter sur l'exercice de 1887.

M. Thomson demande où en est la situation générale du crédit. Il craint que les acquisitions proposées, si elles étaient acceptées, ne deviennent un argument contre le crédit déjà menacé d'une réduction de 20 000 Francs.

M. le président met aux voix la question suivante : la Commission est-elle d'avis de mettre à la disposition de M. Darcel un nouveau crédit de 14 000 Francs pour les acquisitions projetées.

La Commission se prononce par la négative (cinq voix contre trois).

La séance est levée à 11 heures. 80/15/012/211

14 mai 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Beaux-arts, le directeur des Cultes, MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Liouville, Lisch, de Mortillet, Ruprich-Robert, Selmersheim, Tétreau.
Les procès-verbaux des séances du 2 avril et du 8 mai sont lus et adoptés.
Acquisitions du Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Darcel présente les objets acquis au moyen du reliquat dont il disposait.

Loi pour la conservation des Monuments historiques

M. le président prend la parole et rappelant que le Sénat a voté le projet de loi pour la conservation des Monuments historiques, il constate que cette assemblée en a sur certains points dénaturé la portée. Il propose en conséquence de charger M. Tétreau de faire une étude de ce projet de manière à ce que devant la Chambre, il puisse être l'objet d'une discussion approfondie.

M. Tétreau a la parole. La loi adoptée en première lecture par le Sénat contient, suivant lui, des modifications de nature à présenter dans la pratique de sérieuses difficultés. L'attention de la Commission du Sénat a déjà été appelée sur la gravité des changements apportés au projet primitif. Dans le cas où il paraîtrait possible que le projet du Sénat ne fût pas amélioré, il serait bon que la Commission signalât au ministre les inconvénients résultant de la loi adoptée par la haute assemblée.

Sur la proposition de M. le président, la Commission demande à M. Tétreau de faire un travail sur la question.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le président a vu le ministre qui venait de visiter le Mont-Saint-Michel et que cette visite l'avait pénétré de la nécessité de réparer la tour. Le ministre serait disposé à demander un crédit spécial pour cet édifice.

M. Bruyerre donne lecture de son rapport dans lequel 80/15/012/212 il propose :

1e de faire exécuter d'urgence les échafaudages nécessaires, soit à la démolition de la partie supérieure du clocher, soit à sa restauration, soit aussi à sa reconstruction.

2e d'inviter l'architecte à produire sans délai un projet de restauration de ce clocher depuis les fondations jusqu'au sommet, et comprenant, outre le devis, les plans coupes et élévations de l'état projeté.

Les fonds nécessaires à la construction de l'échafaudage seraient prélevés sur le crédit de 60 000 Francs, exercice 1886.

M. [Émile] Boeswillwald expose la question technique : on peut soit reprendre en sous-oeuvre, soit déposer pour reconstruire. La réprise en sous-oeuvre devant être beaucoup plus coûteuse, les Inspecteurs généraux ont été d'accord pour proposer la dépose. Il fait en outre observer que le travail de la reprise est difficile et dangereux.

M. de Mortillet se demande si, dans le cas de dépose, on rétablira jamais la partie supérieure.

M. Courajod s'élève contre la dépense. Il croit que cette opération donnera prise à des réclamations nombreuses ; il estime que dans la circonstance, la question de dépense devient secondaire : ce qu'il importe, c'est de ne pas modifier les aspects d'un monument comme le Mont-Saint-Michel.

M. Lisch proteste des intentions des Inspecteurs généraux de maintenir les aspects : ils indiquent la manière de procéder, qui est de déposer la partie supérieure, de consolider les parties inférieures allégées de ce poids, puis de reconstruire la partie déposée. Il croit qu'en procédant d'une autre manière on s'expose à des catastrophes et détourne la Commission de prendre cette responsabilité.

M. Bruyerre considère également l'état du clocher comme très dangereux et propose d'établir un échafaudage permettant de déposer ou de restaurer : l'architecte serait invité à proposer pendant ce temps un projet avec devis d'après lequel on verrait s'il veut engager sa responsabilité.

M. le président est d'avis de réserver la question jusqu'à 80/15/012/213 nouvel examen, qui serait fait sur la production de deux devis de M. Corroyer établis en vue des deux partis indiqués ci-dessus. On aurait soin de faire connaître à l'architecte la situation de la question, en insistant sur la possibilité de la reprise en sous-oeuvre, sans la dépose.

Cet avis est adopté.

Hôtel-Dieu de Beaune (Côte-d'Or)

M. Selmersheim, architecte de l'Hôtel-Dieu, a présenté un devis relatif à différents travaux à exécuter à cet édifice, et consistant d'une part dans l'installation de salles pour l'administration de l'hospice, et d'autre part, dans l'établissement d'un paratonnerre. La dépense de ces travaux s'élèverait à 6 450 Francs et serait entièrement à la charge de l'administration hospitalière.

Conformément au rapport de M. Bruyerre, la Commission adopte les propositions de M. Selmersheim.

Château de Mehun-sur-Yèvre (Cher)

Le rapport de cette affaire ayant été lu à la dernière séance, la Commission avait ajourné son vote après l'examen du devis par le contrôleur des travaux. M. Gautier déclare que le devis a été sérieusement étudié.

La Commission adopte, en conséquence, les conclusions du rapport de M. Bruyerre.

Maison Jaillet, à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Bruyerre, rapporteur, propose d'adopter le projet de M. Selmersheim qui consiste à rétablir une disposition, dont il reste des traces certaines, et fait passer sous les yeux de la Commission le relevé de l'architecte. M. [Victor] Ruprich-Robert exprime le désir que la Commission soit tenue au courant de ce que l'architecte trouvera dans les maçonneries.

Le rapport de M. Bruyerre est adopté.

Ancienne abbaye de Charlieu (Loire)

M. Selmersheim a rédigé un devis de 9 833 Francs 67 en vue de travaux à exécuter à cet édifice. Invité à s'entendre 80/15/012/214 avec M. le maire et M. le curé pour trouver une destination aux bâtiments du cloître, il fait connaître que la Fabrique accepterait la jouissance de ce cloître comme dépendance d'une maîtrise qui serait installée dans l'ancienne salle capitulaire dépendant du presbytère et contiguë à cette partie des bâtiments, à condition que l'édifice soit, au préalable, remis en bon état.

M. Selmersheim propose en outre, d'affecter une petite maison, élevée par l'ancien usufruitier, au logement d'un gardien que les bonne-main suffiraient à indemniser de sa surveillance.

M. Bruyerre, rapporteur, propose d'approuver le devis de l'architecte et d'allouer la somme nécessaire à l'exécution des travaux, d'autoriser M. Selmersheim à s'entendre avec M. le maire de Charlieu pour le choix et l'installation d'un gardien ; mais de surseoir à la cession de la jouissance du cloître en faveur de la Fabrique, jusqu'au moment où des explications supplémentaires auraient été fournies par elle sur l'usage qu'elle en ferait.

Ces propositions sont adoptées.

Église de Landre (Cantal)

La Municipalité de cette Commune sollicite le classement de son église.

En raison du mauvais état de l'édifice et considérant que la dépense nécessaire à sa restauration serait hors de proportion avec l'intérêt qu'il présente, la Commission conformément aux conclusions de M. Bruyerre, est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'en prononcer le classement

Église de Perrecy-les-Forges (Saône-et-Loire)

Un devis de 40 333 Francs 71 a été dressé par M. Selmersheim pour la restauration de cet édifice, et comprend les travaux urgents pour une somme de 29 944 Francs 91 dans la dépense.

M. Bruyerre est d'avis de s'en tenir pour le moment à cette partie du devis et d'allouer sur le crédit des Monuments historiques 10 000 Francs à la condition que la Commune se procurera les ressources complémentaires en s'adressant au besoin à l'administration 80/15/012/215 des Cultes.

Adopté.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

Conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver le projet de transfert de la bibliothèque dans le bâtiment de Gaston, projet présenté par la Municipalité qui prend à sa charge les 42 000 Francs auxquels est évaluée la dépense par M. l'architecte de Baudot, chargé de la direction des travaux.

Église de Clamecy (Nièvre)

M. Lisch rappelle comment il a été amené à proposer, dans la séance du 5 mars dernier, le déclassement de l'édifice, et comment M. Ruprich-Robert, absent à cette séance, a demandé à l'administration de remettre la question à l'ordre du jour.

M. [Victor] Ruprich-Robert expose la situation de l'affaire. L'État a, depuis plus de quarante ans, la direction des travaux de restauration de l'église de Clamecy pour lesquels il a, sur divers exercices, alloué 44 000 Francs. Il craint que la Commune soit fondée à se plaindre que l'État se désintéresse de l'édifice au moment où il périclite. Il examine à quoi l'État va s'engager en maintenant le classement. Il estime qu'une vingtaine de mille francs employés à la consolidation seront suffisants pour préserver le monument de la ruine dont il est menacé. Ces travaux font l'objet du 1er chapitre de son devis. Il demande en conséquence l'adoption de chapitre pour la dépense duquel on appellerait la Commune à concourir en sollicitant d'autre part le concours des Cultes.

M. Lisch croit que la Commune n'est pas disposée à contribuer à la dépense mais au contraire à rendre l'administration responsable de la situation actuelle du monument.

La Commission est d'avis de maintenir le classement et d'allouer 10 000 Francs pour les travaux du 1er chapitre du devis, à la condition que la Commune parfera le montant de ce chapitre qui s'élève à 22 810 Francs 30. 80/15/012/216

M. Proust se retire et cède la présidence à M. [Émile] Boeswillwald.
Église de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret)

Les couvertures de cet édifice étant dans le plus fâcheux état, l'architecte a dû dresser un avis des réparations urgentes. Ce devis s'élève à 25 476 Francs 96.

M. Lisch fait observer que, sur le dernier devis des réparations autorisées dont le montant s'élèverait à 4 691 Francs 57, il n'a été dépensé que 59 625 Francs 19. Il reste en conséquence disponible une somme de 15 066 Francs 38.

M. le rapporteur propose d'appliquer ce reliquat au paiement des travaux du nouveau devis, à la condition que la Commune se procurera les ressources complémentaires.

Cette proposition est adoptée.

Église de Jazeneuil (Vienne)

Conformément à l'avis de M. Lisch, rapporteur, la Commission adopte le projet de couverture présenté par M. [Jean-Camille] Formigé, et propose d'approuver le devis de 24 043 Francs 32 dressé par cet architecte. Elle propose en même temps d'allouer, sur le crédit des Monuments historiques. 12 000 Francs pour cette dépense à la charge par la Commune de combler le déficit.

Église de Loctudy (Finistère)

M. l'architecte Gout a modifié son projet conformément aux indications données par la Commission et a réduit son devis à 34 137 Francs 58.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer 10 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la condition que la Commune qui a déjà réuni 14 133 Francs à l'aide de la Fabrique et du département, se procurera le complément des ressources nécessaires.

Cette proposition est adoptée.

Église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne)

La Ville et la Fabrique s'étant mises d'accord sur l'emplacement à affecter à la construction d'une sacristie nouvelle et ayant choisi à cet effet l'emplacement même des sacristies anciennes auquel seraient ajoutés quelques mètres de terrain pris sur la voie publique. M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé présente un projet de sacristie dont il sollicite la 80/15/012/217 prompte exécution.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis d'approuver le projet et d'inviter l'architecte à présenter une étude de restauration du porche latéral sud du XIIe siècle aussitôt que les démolitions lui auront fait reconnaître les dispositions primitives.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire)

Conformément aux conclusions de M. l'Inspecteur général Lisch, la Commission est d'avis d'accorder à la Commune de Beaulieu pour l'achèvement de la restauration du clocher de son église une somme de 1 500 Francs, qui, jointe à celle de 1 000 Francs provenant d'économies faites sur la subvention des Cultes, serait suffisante pour compléter les travaux.

Église d'Esnandes (Charente-Inférieure)

La Commune n'ayant pu réunir les 10 500 Francs nécessaires pour parfaire le devis de l'architecte sollicite l'autorisation de faire emploi des 8 000 Francs qui lui ont été accordés sur le crédit des Monuments historiques et des 500 Francs provenant de l'allocation du département.

M. Lisch, rapporteur, propose d'autoriser l'architecte à commencer immédiatement les travaux, en l'invitant à se borner à la consolidation des voûtes et à s'en tenir strictement à la limite des sommes mises à sa disposition.

Adopté.

Église de Saint-Florent à Nebbio (Corse)

La dépense nécessaire à la restauration de cet édifice est évaluée par l'architecte à 14 175 Francs 92. Dans cette somme la construction d'un campanile est comprise pour 2 000 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le devis pour la somme de 12 175 Francs 92, c'est-à-dire le campanile non compris et d'allouer sur le crédit 10 000 Francs à la charge par la Commune de se procurer les 2 175 Francs complémentaires du devis.

Conclusions adoptées.

Église Sainte-Trinité à Falaise (Calvados)

Le devis des travaux nécessaires à la restauration de l'édifice s'élève à 30 384 Francs et se divise en quatre chapitres par ordre d'urgence. 80/15/012/218

M. l'Inspecteur général [Victor] Ruprich-Robert est d'avis d'approuver les trois premiers chapitres s'élevant ensemble à 23 217 Francs 48 et d'ajourner le quatrième qui prévoit la restauration de la voûte en bois du choeur. Il propose en même temps d'allouer sur le crédit des Monuments historiques une somme de 7 217 Francs 48 égale au tiers de la dépense, à la charge par la Commune de se procurer les deux autres tiers.

Cette proposition est adoptée.

Église de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)
M. Selmersheim transmet une demande formée par la Fabrique à l'effet d'être autorisée à modifier et agrandir le calorifère actuel.

Les travaux devant être exécutés sous la direction de l'architecte de l'administration et aux frais de la Fabrique, la Commission est d'avis d'autoriser le projet qui lui est soumis, sous la réserve de cette observation que la prise d'air est trop près du foyer.

Objets de l'église Saint-Urbain à Troyes (Aube)

M. Selmersheim donne ensuite lecture d'un rapport sur une demande d'attribution au Musée de Troyes de divers objets provenant de l'église Saint-Urbain. Ce sont :

1er un tableau sur toile de 4 m 76 sur 2 m 46 de l'époque de Louis XIV et représentant l'Assomption.

2e des fragments de carrelage émaillés du XIVe siècle découverts dans le choeur en reconstruisant le dallage.

3e la pierre tombale du sculpteur Jacques Juliot qui était enchâssée dans le dallage du choeur devant le maître-autel.

Conformément aux conclusions de M. Selmersheim, la Commission est d'avis d'attribuer au Musée les premiers objets, mais de maintenir la pierre tombale dans l'édifice, pour l'histoire duquel elle présente un véritable intérêt.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/219

18 juin 1886
Présidence de M. le ministre. Sont présents : MM. le sous-secrétaire d'État, le directeur des Beaux-arts, Antonin Proust vice-président. MM. Paul Boeswillwald, Bruyerre, de Caix de Saint-Aymour, Charton, Courajod, Darcel, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Hébrard, Lameire, Liouville, Lisch, Poulin, Selmersheim.
Mont-Saint-Michel (Manche)

Il est donné lecture de la partie du procès-verbal de la séance du 4 mai concernant le Mont-Saint-Michel. Cet extrait du procès-verbal est adopté.

M. le ministre rend compte de sa visite au Mont-Saint-Michel. Il résume la situation de l'affaire et exprime le désir d'avoir un avis ferme sur l'état des constructions de la tour centrale. Il donne la parole à M. Bruyerre pour la lecture de son rapport.

Après avoir exposé dans le détail l'état des constructions de la Tour, M. l'Inspecteur général conclut en déclarant que l'examen auquel il s'est livré d'après les instructions ministérielles n'a fait que confirmer son opinion. Il demande en conséquence à M. le ministre d'approuver les conclusions de son rapport du 13 mai et d'autoriser d'urgence la démolition de la partie supérieure du clocher central jusqu'au niveau de la corniche dite la Tour des Fous. Il présente ensuite le devis fourni par M. l'architecte Corroyer en attendant les projets définitifs qui lui ont été demandés.

Ces devis sont au nombre de sept et l'ensemble de la dépense qu'ils prévoient s'élève à 1 154 325 Francs 71. M. le ministre pose les termes de la question : il s'agit d'aviser aux moyens de conserver la tour. Il ne saurait être question en aucun cas de la démolir pour ne pas la reconstruire.

M. Lisch estime que refaire une reprise en sous-oeuvre 80/15/012/220 sans déposer la partie haute ce serait faire assumer à l'administration de graves responsabilités. Suivant M. l'Inspecteur général, il faudrait d'abord déposer la partie haute pour reprendre en sous-oeuvre et quand on remonterait la partie déposée employer des matériaux plus légers et faire des murs moins épais tout en rendant les aspects.

M. Proust est heureux que le ministre ait établi, comme base de la discussion, la conservation de la tour ou son rétablissement. Quant à l'exécution, il demande si, quand on aura déposé la partie supérieure, la dépense pour la reprise sera moins lourde.

M. Lisch croit que l'architecte pourrait fournir une estimation très précise de la reprise des piliers. Le chiffre de 800 000 Francs pour cette consolidation lui paraît exagéré.

M. Bruyerre fait observer que l'architecte a prévu presque une reconstruction, mais il croit bien qu'en effet il ne sera guère possible de l'éviter dès qu'on touchera à ces piliers très éprouvés par l'incendie.

M. Proust demande qu'on se reporte à la précédente délibération.

M. Lisch rappelle les termes dans lesquels les Inspecteurs généraux ont exprimé leur opinion à savoir que rien n'est impossible. Mais il estime qu'il importe de connaître à quoi peut entraîner la reprise en sous-oeuvre.

M. le ministre propose de scinder la question :

1er Peut-on attendre que le projet soit fait pour déposer la partie supérieure ?

2e Faut-il au contraire, pour éviter une catastrophe, déposer d'abord et sans plus attendre, cette partie supérieure ?

M. Hébrard pose une question : en supposant la dépose accomplie, combien de temps cette opération permet-elle d'attendre ?

De l'avis des architectes elle permet d'attendre longtemps. M. Courajod remercie le ministre de l'assurance donnée de conserver la Tour. Mais il craint qu'on ne restitue pas au Mont-Saint-Michel ses aspects actuels. Il rappelle qu'on n'a jamais remonté les clochers qu'on a démolis. 80/15/012/221

M. le ministre fait observer qu'il n'a pris d'engagement qu'en ce qui le concerne, et d'autre part que M. Courajod ne répond pas à la question de sécurité. Il s'agit de prévenir un accident.

M. Hébrard demande s'il y a urgence effective à soulager la tour par la dépose de la partie haute et remarque que, dans le cas contraire, mieux vaudrait attendre une étude d'ensemble.

M. Lisch expose de nouveau la gravité de la situation et M. Bruyerre déclare avoir constaté récemment de nouveaux désordres.

M. Proust rappelle qu'à la dernière séance, les architectes ont eux-mêmes reconnu que M. Corroyer avait exagéré les lézardes dans les relevés soumis à la Commission.

M. le ministre n'entend pas assumer une responsabilité aussi lourde, mais il se déclarera couvert si la Commission prend elle-même la responsabilité d'attendre la production du projet avant de commencer la dépose.

M. Lisch ayant fait observer qu'on ne peut toujours pas commencer sans avoir construit l'échafaudage, le ministre propose cette solution que M. Corroyer soit invité à terminer le plus tôt possible les échafaudages jusqu'à la hauteur de la Tour des Fous, et en attendant qu'une Commission se rende au Mont-Saint-Michel. Il désigne pour en faire partie MM. les architectes auxquels seraient adjoints, sur la proposition de M. Proust, MM. de Mortillet, de Lasteyrie, Darcel et Courajod ; tout autre membre de la Commission pourrait d'ailleurs se joindre à cette délégation. Il demande qu'une date très prochaine soit fixée pour cette visite.

Pour répondre à la question de savoir à quelle époque M. Corroyer pourrait avoir terminé son devis, M. Bruyère propose d'introduire M. Corroyer dans la salle des séances.

M. Corroyer est introduit.

M. Corroyer pense que six semaines ou deux mois seront nécessaires pour la production de son projet, mais il croit que l'échafaudage pourra être monté dans un mois soit le 18 juillet. Il désire que la Commission, si elle doit visiter le Mont-Saint-Michel, s'y rende le plus tôt possible.

La date de la visite est fixée au 3 du mois de juillet.

La séance est levée à six heures. 80/15/012/222

2 juillet 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, de Baudot, Bousquet, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lisch, Lameire, Laisné, Liouville, de Lasteyrie, de Mortillet, Poulin, Selmersheim, Tétreau, Thomson.
Les procès-verbaux des séances du 14 mai et du 18 juin sont lus et adoptés.

M. Darcel désigné pour faire partie de la sous-commission chargée de visiter le Mont-Saint-Michel le 4 juillet, expose qu'il ne pourra se rendre au Mont, en raison de l'ouverture d'un testament en faveur du Musée de Cluny qui doit avoir lieu ce jour là et à laquelle il doit assister.

Estampages des statues de la Porte Saint-Denis à Paris

M. le président fait part de l'offre faite par M. le directeur des Bâtiments civils des estampages des statues de la Porte Saint-Denis "Le Rhin" et "La Hollande" pour le Musée du Trocadéro.

Cette offre est acceptée.

Chaire d'architecture française à l'École des Beaux-arts

M. le président entretient la Commission du projet de création d'une chaire d'architecture française à l'École des Beaux-arts. Il rappelle les termes de la demande adressée au ministre par les architectes des Monuments historiques et résume les conclusions du rapport de M. Garnier.

M. le président ne s'est jamais fait illusion sur le résultat de la demande des architectes, mais il croit qu'en présence de la réponse du conseil supérieur de l'École des Beaux-arts, il appartient à la Commission de prendre une résolution.

M. le directeur des Cultes fait observer que, si le conseil supérieur a émis un avis, le ministre n'a pas pris parti. Il appartiendrait peut-être à la Commission de répondre.

M. Lisch exprime l'opinion que le rapport de M. Garnier ne peut pas rester sans réponse. Ce document renferme des équivoques qui semblent indiquer que l'auteur est mal 80/15/012/223 éclairé sur le fond de la question. Il ne s'agit pas, en effet, comme on pourrait le croire d'après ce rapport de faire revivre l'art du XIIIe siècle, mais de le faire respecter.

M. de Baudot est d'avis qu'il n'appartient pas à la Commission de répondre, puisque c'est l'administration des Cultes qui a provoqué le rapport de M. Garnier.

M. le président estime que tous les intéressés ont droit de prendre la parole et d'éclairer le ministre, aussi bien la Commission que le service diocésain.

M. Tétreau appuie cette opinion et fait observer qu'il serait peut-être étrange que le jury qui a signé la première demande fût saisi du rapport de M. Garnier, puisque ses fonctions ont cessé et que par suite il n'existe plus.

Cette observation paraît frappante à M. le directeur des Cultes qui croit que l'on pourrait confier le soin de répondre à un certain nombre de membres de la Commission.

M. Lisch appuie l'opinion d'après laquelle chaque administration pourrait faire sa réponse.

Les membres chargés de faire la réponse au nom de la Commission sont MM. les Inspecteurs généraux et MM. de Lasteyrie et Courajod.

Leur rapport sera lu à la prochaine réunion.

Révision de la Liste des Monuments

Le secrétaire de la Commission donne lecture de la Liste des monuments dont le classement ou le déclassement est proposé par la sous-commission chargée de réviser la Liste des Monuments historiques.

Cette Liste est adoptée sous réserve des propositions nouvelles qui pourront se produire. M. le président remercie la sous-commission de son travail.

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture de la Liste des monuments de l'Algérie et de la Tunisie.

Liste des monuments mégalithiques

M. de Mortillet fait connaître que la Liste des monuments mégalithiques qu'il a été chargé de dresser n'est pas encore terminée, mais qu'il sera prêt à la lire à la prochaine séance.

Conservation des Monuments historiques en Tunisie

Au sujet de la Tunisie, M. [Émile] Boeswillwald rappelle que 80/15/012/224 cette contrée a été soumise à une législation particulière. Il ajoute qu'il a constaté de nombreux actes de vandalisme dans son dernier voyage.

M. Tétreau fait observer que l'existence du décret relatif à la conservation des Monuments historiques en Tunisie ne saurait empêcher la Commission d'intervenir.

M. de Lasteyrie appuie sur cette nécessité, les monuments d'épigraphie paraissant avoir été jusqu'ici le principal objet des préoccupations des archéologues chargés de veiller sur les monuments de Tunisie.

M. Antonin Proust se retire et cède la présidence à M. [Émile] Boeswillwald.
L'ordre du jour appelle l'affaire de l' :
Église de Mussy-sur-Seine (Aube)

M. Selmersheim a divisé son devis primitif en deux chapitres, dont le 1er comprend les travaux urgents, et s'élève à 22 435 Francs 53.

M. Bruyerre propose d'approuver ce chapitre et d'allouer pour cette partie de l'entreprise 7 000 Francs, à titre conditionnel.

M. de Baudot s'élève contre la suppression des chapelles du XVIe siècle projetée par l'architecte et demande que les chêneaux soient rétablis comme ils étaient à cette époque.

M. Selmersheim objecte que les chêneaux qu'on lui demande d'établir n'ont jamais existé et déclare qu'il n'en voit pas l'utilité.

La Commission consultée décide que les chapelles seront conservées et que l'architecte devra remanier son projet en conséquence.

Tour de Clovis à Paris (Seine)

La dépense des travaux de restauration de cet édifice a dépassé les prévisions de l'architecte par suite du mauvais état des faces sud, ouest et nord, qu'il avait été impossible d'apprécier avant le commencement des travaux. L'architecte évalue à 19 538 Francs ce surcroît de dépense, auquel M. Bruyerre, rapporteur, propose de contribuer, comme pour le passé, dans la proportion du tiers.

Conformément à ces conclusions, la Commission est d'avis d'allouer conditionnellement 6 512 Francs pour l'achèvement de cette restauration. 80/15/012/225

Église de Jailly (Nièvre)

M. Louzier a dressé un devis des travaux à exécuter pour assurer la conservation du portail de cette église qui ne figure pas sur la Liste des Monuments historiques. La dépense prévue s'élève à 3 870 Francs. M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis 1° de classer l'édifice, 2° d'approuver le devis de M. Louzier, 3° d'allouer 1 000 Francs à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources nécessaires.

Ces conclusions sont adoptées.

La séance est levée. 80/15/012/226

4 juillet 1886
Visite au Mont-Saint-Michel (Manche)
Le 4 juillet 1886, la Commission des Monuments historiques s'est réunie au Mont-Saint-Michel sous la présidence de M. [Émile] Boeswillwald. Etaient présents : MM. Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcy, Laisné, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Selmersheim.

La Commission, après un examen approfondi et d'accord avec l'architecte, a été unanime à reconnaître qu'il n'est pas possible de laisser les choses en l'état, mais qu'on peut entreprendre et mener à bonne fin la restauration de la tour centrale et de ses supports, sans qu'il soit nécessaire de déposer complètement l'étage supérieur.

La Commission pense, en outre, qu'avant de procéder aux grandes réparations, il y a urgence à assurer la solidité de certains points particuliers par des consolidations provisoires.

La Commission demande à l'architecte une estimation des travaux de soutènement immédiats à faire en attendant la production du projet définitif.

La séance est levée. 80/15/012/227

5 novembre 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Etaient présents : MM. les directeurs des Bâtiments civils et des Cultes, MM. de Baudot, Bruyerre, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Geoffroy-Dechaume, Lameire, Laisné, Liouville, Lisch, de Mortillet, Selmersheim.
Les procès-verbaux des séances du 2 et du 4 juillet sont lus et adoptés.
Réduction du crédit des Monuments historiques

M. le président fait part à la Commission des divergences de vues qui se sont produites entre lui et M. le sous-secrétaire d'État au sujet du chiffre de la réduction du crédit des Monuments historiques. Afin d'obtenir de la Chambre le maintien du crédit de 1 400 000 Francs, rétabli par la Commission du Budget, il désire avoir la liste des chantiers que sa réduction à 1 300 000 Francs entraînerait à réduire, sinon à fermer totalement.

MM. les Inspecteurs généraux sont invités à fournir ce document.

Moulin de Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise)

M. Lisch expose la situation de l'affaire du Moulin de Maisons-Laffitte. La compagnie propriétaire renonce à démolir ; elle serait dans l'intention de céder l'immeuble, mais ne consentirait plus à contribuer aux frais de sa restauration. Elle n'a d'ailleurs pas encore répondu à la lettre qui lui a été adressée par l'administration pour lui demander ses intentions.

M. le président invite M. Bruyerre à suivre l'affaire, et à provoquer, s'il est possible, un accord avec la Compagnie des Eaux.

Concession de photographes pour la Commission

M. Selmersheim fait une communication relative aux propositions faites par les Sieurs Mieusement et Giraudon de photographier pour la Commission les monuments de Paris. M. Mieusement demande 40 Francs pour le premier cliché de 80/15/012/228 chaque monument, 20 Francs pour les suivants. La Commission devient propriétaire des clichés. M. Giraudon demande le droit de photographier les monuments moyennant l'acquisition par la Commission de trois épreuves non collées, à 3 Francs l'une. Il reste propriétaire des clichés.

M. le président attache une grande importance à ce que la propriété des clichés reste à la Commission.

Il pense qu'on pourrait demander à M. Mieusement d'abaisser ses prétentions et faire les mêmes conditions aux deux concurrents, en faisant un petit avantage à M. Mieusement qui, comme photographe, offre des garanties d'habileté que ne présente pas M. Giraudon lequel n'est qu'un éditeur faisant exécuter par d'autres ses photographies.

M. Lisch donne lecture de son rapport sur les

Remparts de Brouage (Charente-Inférieure)

La Commune n'ayant accepté les charges d'entretien et de conservation des remparts, à l'exclusion toutefois des frais de restauration, qu'à la condition d'avoir la jouissance :

1e des terrains herbus situés à l'intérieur des fortifications et des arbres existants sur les talus

2e d'un bâtiment militaire dont la location lui a été consentie par l'artillerie pour servir de Maison d'École ; le ministre des Finances a fait savoir qu'il ne lui était pas possible d'accepter cette combinaison et qu'un abandon tel que le réclamait la Commune était contraire à la législation domaniale. Il propose, en conséquence, d'aliéner les remparts aux profits de la Commune, en stipulant qu'elle sera tenue à conserver à perpétuité les immeubles dans leur état actuel.

Cette proposition paraissant assurer la conservation des remparts, M. le rapporteur conclut à son acceptation.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Sainte-Radegonde à Poitiers (Vienne)

Conformément au rapport de M. Lisch, la Commission est d'avis d'approuver le devis de 45 975 Francs 24, dressé par M. [Jean-Camille] Formigé en vue de la réfection de la couverture de l'église Sainte-Radegonde et d'allouer sur le crédit des 80/15/012/229 Monuments historiques une somme de 1 500 Francs à la charge par la Ville de se procurer le complément des ressources.

Château de Nantes (Loire-inférieure)

M. le ministre de la Guerre a transmis un projet des réparations urgentes à exécuter au Donjon de ce château. L'auteur du projet propose la démolition et la réfection complète de l'escalier, mais il ne semble pas avoir la compétence suffisante pour exécuter un travail de cette nature.

M. Lisch, rapporteur, propose, en conséquence, de charger un architecte expérimenté du service des Monuments historiques, d'étudier un projet de restauration du Donjon du château de Nantes.

Cette proposition est adoptée et M. Sauvageot est désigné pour l'étude dont il s'agit.

Église de la Trinité à Angers (Maine-et-Loire)

L'architecte ayant renvoyé son projet modifié dans le sens des observations qui lui avaient été adressées par la Commission, M. Lisch, rapporteur, en propose l'adoption ainsi que le renvoi du dossier à l'administration des Cultes chargée de faire exécuter les travaux au moyen des libéralités dont l'édifice a été l'objet.

Adopté.

Cloître de Buisson-de-Cadouin (Dordogne)

Le fâcheux état des couvertures exige de promptes réparations.

Conformément à l'avis de M. Lisch, la Commission désigne M. Rapine pour dresser une estimation de la dépense nécessaire pour assurer la conservation de ce monument qui renferme des sculptures et des peintures murales d'un grand intérêt.

Église du Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire)

M. l'architecte Magne a présenté un devis de 568 Francs pour la restauration d'un contrefort qui menace de s'écrouler et dont la chute entraînerait des dégâts considérables. La Commission fournirait 150 Francs.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer les 418 Francs nécessaires pour faire face à la dépense sur le crédit des Monuments historiques.

Adopté. 80/15/012/230

Château de Dijon (Côte-d'Or)

Le Conseil municipal de Dijon a renouvelé sa demande de déclassement du château et le Conseil général de la Côte-d'Or a exprimé un voeu dans le même sens en même temps que le désir de voir promptement exécuter le boulevard de Brosses.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis que le maintien du classement ne gêne en rien l'exécution de ce boulevard et qu'il suffirait d'en faire dévier l'axe de quelques mètres pour échapper [sic] les tours. On pratiquerait une ouverture au centre des courtines latérales et, tout en créant à la Ville un lieu de promenade, en conserverait l'aspect du monument. M. Lisch maintient, en conséquence, les conclusions de son précédent rapport.

M. de Baudot fait observer que la Commission avait précédemment admis le déclassement en faveur de l'établissement d'un lycée et constate que cette concession sert aujourd'hui d'argument contre elle. Il serait d'avis que l'affaire fût l'objet d'un examen plus approfondi.

M. le président met en garde la Commission contre les difficultés de la situation et croit qu'un supplément d'examen serait en effet nécessaire.

M. Lisch estime que, dans ces conditions, il serait utile que la Commission se transportât sur place pour se rendre compte de l'intérêt que présente encore le monument et des moyens qu'on pourrait adopter pour donner satisfaction à la Municipalité tout en sauvegardant les intérêts de l'Histoire et de l'Art.

Cet avis est adopté et la Commission fixe sa visite au dimanche 14 novembre. Elle profitera de son déplacement pour visiter en même temps les fouilles qui ont été pratiquées pour découvrir la crypte que l'on suppose exister sous le choeur de l'église Saint-Étienne, et qui ont été suspendues, après épuisement des fonds votés à cet effet.

Ancienne cathédrale de Dol (Ille-et-Vilaine)

Le curé de cette église ayant sollicité l'autorisation de faire poser dans la fenêtre du transept nord une verrière qu'il a fait exécuter à ses frais, M. l'Inspecteur général 80/15/012/231 Lisch est d'avis qu'il est nécessaire d'exiger au préalable que les cartons soient soumis à la Commission, il rappelle à ce sujet qu'une fois déjà cet ecclésiastique a fait poser des vitraux dans son église sans avoir rempli cette formalité, et, en raison des faits personnels [sic] qui se sont produits à cette occasion, il demande qu'un membre de la Commission soit désigné à sa place pour examiner le vitrail en question.

La Commission désigne M. Darcel qui se rendra au Mans où la verrière se trouve en ce moment.

Église d'Ygrande (Allier)

M. Bruyerre donne lecture d'un rapport sur l'église d'Ygrande pour la restauration de laquelle M. Georges Darcy a dressé un devis de 4 880 Francs 81 dont il propose l'adoption. La Fabrique disposant d'une somme de 1 000 Francs pour ce travail, M. le rapporteur conclut à l'allocation de 1 500 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la charge par la Commune de combler le déficit.

Église de Til-Châtel (Côte-d'Or)

M. Selmersheim a présenté pour la restauration de cet édifice un devis de 11 233 Francs 75, divisé en 2 chapitres par ordre d'urgence.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis d'approuver le 1er chapitre s'élevant à 7 525 Francs et comprenant la reconstruction de la flèche et les réparations aux toitures, et d'allouer conditionnellement 2 500 Francs pour cette entreprise. Les travaux compris dans le 2e chapitre seraient ajournés.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Ambierle (Loire)

Le devis présenté par M. Selmersheim comprend 2 chapitres, le 1er ayant pour objet la restauration de la chapelle dite de Pierrefite, le 2e comprenant la remise en plomb des vitraux anciens.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis qu'on peut sans inconvénient ajourner la restauration de la chapelle. Il propose d'approuver le 2e chapitre du devis s'élevant à 11 502 Francs 50 et d'allouer 4 000 Francs pour cette entreprise 80/15/012/232 à la charge par la Commune et la Fabrique de se procurer les ressources complémentaires.

Adopté.

Théâtre romain de Lillebonne (Seine-Inférieure)

La Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure ayant signalé le mauvais état de ces ruines, M. Sauvageot a rédigé pour l'exécution des travaux les plus urgents un devis de 6 237 Francs.

M. Bruyerre est d'avis qu'il y a lieu d'approuver ce devis et d'allouer 3 000 Francs pour cette entreprise, en laissant à la Commission des Antiquités et au département le soin de parfaire le chiffre de la dépense.

Adopté.

Église de Carentan (Manche)

Le total du devis dressé par M. [Victor] Ruprich-Robert en vue de cette restauration s'élève à 30 389 Francs 80. M. Bruyerre estime que les travaux sont urgents, qu'il y a lieu d'approuver le devis et d'allouer conditionnellement 10 000 Francs sur le crédit.

M. de Baudot ne pense pas que l'urgence soit aussi grande et il se préoccupe, dans la situation du crédit, lorsque certains chantiers seront peut-être supprimés, de voir la Commission s'engager dans une affaire qui est toute nouvelle et qui lui paraît pouvoir être ajournée.

La Commission vote l'ajournement.

Église de Marle (Aisne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, établit la situation de l'affaire. Sur les 133 000 Francs prévus pour la dépense, il reste en caisse une somme de 3 658 Francs 29. L'architecte présente un devis de 43 959 Francs 71, pour des travaux très urgents. Il reste, en conséquence, à pourvoir à une dépense de 41 301 Francs 42.

M. le rapporteur propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques une subvention de 24 000 Francs, à la condition que la Commune se procurera les ressources complémentaires.

Cet avis est adopté.

Immeuble à El Biar (Algérie)

Proposition de vente à l'État d'un immeuble sis à El Biar dans lequel aurait été signée la capitulation 80/15/012/233 d'Alger.

M. [Émile] Boeswillwald propose d'écarter cette proposition, le fait historique dont il s'agit ne lui paraissant pas suffisant pour motiver le classement de l'immeuble.

Adopté.

Affectation d'immeubles à Tlemcen (Algérie)

Proposition d'affecter au service des Monuments historiques divers immeubles sis à Tlemcen.

L'entretien des sept immeubles, dont il s'agit, incombe au service des Ponts-et-Chaussées. M. l'ingénieur en chef du département d'Oran demande que l'administration des Beaux-arts en ait désormais la charge, à la suite d'une affectation qui en serait régulièrement faite à son service.

M. [Émile] Boeswillwald estime qu'il y aurait grand inconvénient à accueillir cette demande, si l'affectation dont il s'agit ne devait pas comporter la mise à la disposition de l'administration des Beaux-arts des crédits nécessaires à l'entretien des monuments.

Découverte d'une pierre dans l'église de Philippeville (Algérie)

M. [Émile] Boeswillwald donne connaissance d'un procès-verbal de la découverte d'une pierre commémorative de la construction d'une église chrétienne bâtie vraisemblablement au Ve siècle sur l'emplacement de l'église actuelle de Philippeville, et d'un tombeau contenant les ossements d'une femme que l'on présume être les restes de la martyre dont il est parlé sur la pierre commémorative.

M. le rapporteur considère qu'il y a lieu de transmettre ce procès-verbal au Comité des Travaux historiques.

Affectation d'objets du Musée de Cluny

M. Darcel consulte la Commission sur diverses aliénations d'objets appartenant au Musée de Cluny.

Il propose de donner au Musée de Saint-Germain les antiquités préhistoriques et les antiquités gauloises, au Musée de la Ville de Paris, quelques inscriptions romaines, quelques médailles, et les médaillons provenant du Pont Neuf, dont il garderait seulement les plus intéressants, à la Comédie Française, la mâchoire de Molière.

En ce qui concerne les antiquités gauloises, M. de Mortillet est d'avis que, malgré l'intérêt qu'il y a de ne pas disséminer les documents dans divers Musées, il est 80/15/012/234 préférable de conserver les bijoux à Cluny où ils seront mieux sauvegardés qu'à Saint-Germain. La proposition de M. Darcel est acceptée sous cette réserve.

En ce qui concerne la mâchoire de Molière, M. le président fait observer qu'elle a été léguée à un établissement de l'État et qu'elle ne pourrait en conséquence être offerte à la Comédie Française.

M. Darcel demande également l'autorisation de démonter certains meubles composés de morceaux rapportés de provenance diverse.

Cette proposition est acceptée.

La séance est levée. 80/15/012/235

14 novembre 1886
Visite à Dijon (Côte-d'Or)
MM. de Baudot, Bousquet, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, Selmersheim, Lucien Paté secrétaire, membres de la Commission des Monuments historiques se sont rendus à Dijon le 14 novembre dernier pour visiter les restes de l'
Ancien château de Dijon (Côte-d'Or)

M. le préfet de la Côte-d'Or et trois membres de la Commission déléguée par le Conseil municipal de Dijon s'étaient également rendus sur place. Les représentants de la Municipalité ont, d'abord, fait connaître qu'ils étaient disposés à renoncer au projet de percement de la rue n°2 parallèle au boulevard, percement qui entraînerait la destruction de la porterie et des deux tours d'angle de ce côté.

Mais ils insistèrent pour que la Commission des Monuments historiques renonçât de son côté à la conservation des deux autres tours situées en partie dans l'axe du boulevard projeté. Le motif principal allégué par la Municipalité consiste en ce que les frais de l'expropriation poursuivie en vue du percement du boulevard s'élèvent à 00 000 Francs [sic] et qu'une modification de ce tracé aurait pour conséquence l'expropriation d'autres immeubles, ce qui entraînerait une nouvelle dépense presque égale, en tous cas très considérable.

La Commune procéda ensuite à la visite de la tour située à la droite de l'entrée. L'étage inférieur de cette tour a été presque entièrement comblé au moment de la guerre. Il s'agirait de le déblayer, ce qui d'ailleurs serait facile. Le capitaine de la Gendarmerie installé dans le château et qui a étudié l'édifice dans tous ses détails se chargerait de diriger les travaux de déblaiement si on lui fournissait les ouvriers.

La Commission ayant poursuivi sa visite par l'examen des courtines, arrivée à la tour qui fait face à la place Darcy se rend compte du haut de la plate forme de la situation de cette tour relativement 80/15/012/236 à l'axe du boulevard projeté. La commission réserve la suite de sa délibération.

Église Saint-Étienne de Dijon (Côte-d'Or)

Dans la même journée elle a visité les fouilles exécutées par les soins de l'administration à l'église Saint-Étienne et admis la proposition de M. Lisch de demander une nouvelle allocation pour continuer les fouilles.

Palais de Justice à Dijon (Côte-d'Or)

S'étant ensuite transportée au Palais de Justice, sa visite a donné lieu aux observations suivantes : Les plafonds de la chambre du Conseil de l'Ordre des avocats, de son antichambre et de la salle de la bibliothèque présentent de l'intérêt. Or ces diverses salles vont être l'objet de restaurations et déjà des appareils d'éclairage au gaz y sont installés. Elle exprime le voeu que la restauration soit exécutée sous la direction de la Commission et que l'éclairage au gaz y soit interdit. Elle désirerait également que le porche extérieur de l'édifice fût entouré d'une grille de protection, des sculptures de la porte ayant été mutilées.

Visite au Puits de Moïse et au portail de la Chartreuse à Dijon (Côte-d'Or)

Plusieurs membres de la Commission constatent que la couronne du roi David a été rapportée et en demandent la suppression sur le moulage.

Visite à la crypte de Saint-Bénigne à Dijon (Côte-d'Or)

La Commission a demandé le moulage de trois chapiteaux qu'elle a désignés à M. l'architecte diocésain.

Visite au Musée archéologique à Dijon (Côte-d'Or)

La Commission désigne pour le moulage les objets suivants :

1er clef de voûte de Saint-Bénigne n°59 du catalogue,

2e le bras de la Madeleine et le torse du Christ provenant du Calvaire qui surmontait autrefois le Puits de Moïse n°30 et 31 du catalogue,

3e tête de boeuf n°334. 80/15/012/237

19 novembre 1886
Présidence de M. le ministre. Etaient présents M. le sous-secrétaire d'État, MM. les directeurs des Beaux-arts et des Bâtiments civils ; MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le ministre expose la situation. Pour saisir la Commission du Budget de la question du Mont-Saint-Michel, il a besoin que la Commission ait donné son avis sur les devis présentés par M. Corroyer. Ces devis ont été remis à un rapporteur, M. Bruyerre. M. le ministre invite cet Inspecteur général à lire son rapport.

Le rapporteur a eu à examiner trois projets. Le premier a été étudié conformément aux avis émis sur place par la Commission. Il évalue la dépense à 1 177 096 Francs 01 c.

Le deuxième est en tout semblable au premier jusqu'au niveau supérieur de l'étage roman. Sur cette partie romane il prévoit l'établissement d'un comble d'où résulte une économie d'environ 260 000 Francs.

Le troisième rétablit ce comble à la hauteur où il existe aujourd'hui mais remplace la construction actuelle du XVIIe siècle par une construction légère n'ayant pour objet que de conserver la silhouette. L'économie est à peu près la même. Ces 2e et 3e projets sont écartés.

En présence de l'importance de la dépense prévue dans le 1er projet conforme au voeu de la Commission, M. de Lasteyrie fait observer que la Commission, lorsqu'elle est allée sur place, ne croyait pas que la consolidation coûterait plus cher qu'une démolition suivie de reconstruction. Il constate que, d'après le devis de l'architecte et ses plans, tout ce qui est ancien dans l'édifice est appelé à disparaître. Au point de vue archéologique, la tour centrale ne présentera donc plus d'intérêt et autant vaudrait alors reconstruire un clocher dont la silhouette serait plus belle que celle qu'on 80/15/012/238 veut conserver.

M. Bruyerre expose comment en effet la reconstruction coûterait moins cher que la consolidation. Il estime à environ 100 000 Francs, d'après l'évaluation de M. Corroyer lui-même, l'économie qu'on pourrait réaliser de ce chef.

M. le ministre s'arrête à cette considération ; mais d'autre part ce changement de projet devant entraîner une nouvelle étude, il considère qu'il en résulterait une perte de temps préjudiciable et il demande s'il ne serait pas possible d'arriver à un chiffre de dépense moindre en maintenant le principe de la consolidation.

MM. les Inspecteurs généraux sont d'accord pour penser que la dépense pourrait être réduite à un million. M. le ministre propose à la Commission d'entendre M. Corroyer. M. Corroyer est introduit.

M. le ministre lui fait connaître que la Commission s'est arrêtée au 1er projet et lui pose la question de savoir s'il est possible de réaliser quelques économies en opérant la consolidation de la tour et notamment de la partie supérieure.

M. Corroyer l'avait pensé d'abord dans une appréciation approximative, mais il en a reconnu l'impossibilité.

M. le ministre demande si, en tenant fermées les baies dont l'architecte a proposé le rétablissement, il n'y aurait pas d'économie possible.

M. Corroyer répond négativement.

M. le ministre se résume en demandant si la dépense ne pourrait pas être réduite à un million.

M. Corroyer croit la chose possible.

M. Bruyerre demande quel sera le mode de restauration de l'étage roman. Ouvrira-t-on les baies ou les fermera-t-on ? On peut les rétablir sans faire d'hypothèses. Mais en les fermant on aura l'avantage de ne rien changer au système actuel de couverture.

M. [Émile] Boeswillwald estime que l'ouverture de ces baies sera une cause d'affaiblissement des parties inférieures et supérieures. Il croit aussi que la nouvelle pente du toit 80/15/012/239 ne sera pas suffisante pour empêcher les eaux de pénétrer sous les tuiles.

MM. Bruyerre et Lisch partagent cette opinion.

M. Corroyer croit le contraire et dit avoir retrouvé les traces de l'ancienne disposition, et la preuve que tout l'ancien comble était couvert en tuiles.

La question des couvertures est réservée ainsi que les autres questions de détail.

M. Corroyer se retire.

M. le ministre établit que le résultat pratique de la discussion serait de désigner un des membres de la Commission pour résumer le débat. Ce résumé servirait pour la présentation du projet. Le rapporteur aurait soin d'y rappeler que l'architecte a présenté deux autres combinaisons qui ont été écartées, afin de montrer à la Chambre que la question a été étudiée sous toutes ses faces. M. Bruyerre semble, à M. le ministre, le rapporteur désigné.

M. Bruyerre est en conséquence invité à présenter son rapport dans le plus bref délai.

La séance est levée. 80/15/012/240

3 décembre 1886
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Cultes, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, de Caix de Saint-Aymour, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, Selmersheim, Tétreau.
Les procès-verbaux des séances du 5 et 14 novembre sont lus et adoptés.
Château de Dijon (Côte-d'Or)

M. Lisch expose la situation de l'affaire du Château de Dijon. Un point est acquis dès à présent, c'est la conservation de la partie antérieure. En ce qui concerne la partie postérieure, la Municipalité insiste pour en obtenir le déclassement. La Commission a considéré sur place que l'axe du boulevard pourrait être changé de manière à conserver les quatre tours. Trois propositions pourraient se justifier pour atteindre à ce but, et M. Lisch en fait l'exposé sur les plans. Il ne pense pas que les considérations pécuniaires invoquées par la Municipalité soient de nature à émouvoir la Commission. Il ne s'agirait pas d'acquérir de nouvelles constructions, mais simplement quelques masures sans valeur, attendu qu'on ne ferait faire au boulevard qu'un léger coude.

M. de Lasteyrie appelle l'attention de la Commission, sur ce fait que l'État a cédé à la Ville le terrain situé au pied de la tour, et fait observer qu'il y aurait lieu de réserver un espace autour de cette partie du monument pour éviter que la Ville y vienne établir des constructions.

M. Dreyfus croit que le tracé choisi par la Ville pourrait être adopté, en suivant autour de la tour un rond point, on donnerait ainsi satisfaction à la Municipalité.

M. Lisch fait connaître les projets du préfet au sujet de l'établissement de la gendarmerie entre les deux tours postérieures, solution qui entraînerait pour le département une économie, et le rendrait favorable au projet de conservation. 80/15/012/241

La Commission vote la conservation des quatre tours du château en adoptant le tracé choisi par la Ville avec rond-point.

M. Lisch est chargé de dessiner un calque qui serait joint à la lettre d'avis au préfet pour être transmis à la Municipalité. Une somme de 1 000 Francs est votée pour l'opération du déblaiement des deux tours antérieures.

Église Saint-Étienne de Dijon (Côte-d'Or)

M. Lisch donne ensuite lecture de son rapport sur les fouilles exécutées à l'église Saint-Étienne. Les résultats obtenus étant assez intéressants pour justifier la continuation des travaux, M. le rapporteur propose une allocation de 1 500 Francs qui est votée par la Commission. En ce qui concerne le projet de construction d'un Hôtel des Postes sur l'emplacement de l'église Saint-Étienne, il propose de donner satisfaction à la Municipalité en déclassant la nef, sauf à l'inviter à conserver l'édifice dans son ensemble en le transformant, ce qui aurait l'avantage de réaliser une économie importante. Il serait entendu également que dans les nouvelles constructions, et dans le cas de la découverte d'une crypte, la Ville en réserverait l'accès.

Église Saint-Nicolas-Saint-Laumer à Blois (Loir-et-Cher)

M. de Baudot a présenté un devis de 94 337 Francs pour la continuation des travaux de restauration de cette église. La Ville et la Fabrique ont voté chacune 10 000 Francs pour cette entreprise.

M. Lisch propose d'accorder en deux ou plusieurs annuités 40 000 Francs à la charge par la Ville de se procurer les ressources complémentaires.

M. le président fait observer à la Commission que l'engagement qu'il s'agit de prendre est considérable en présence de la situation du crédit, et des réductions qui l'attendent.

Sur l'affirmation de M. le rapporteur et de M. l'architecte de Baudot que les réparations présentaient un caractère d'extrême urgence, les conclusions au rapport sont adoptées. 80/15/012/242

Porte de Parthenay (Deux-Sèvres)

L'architecte a dressé un devis de 21 198 Francs 10, dont M. Lisch propose l'adoption en le réduisant toutefois à 16 000 Francs.

La Commission est d'avis que le projet peut-être simplifié et notamment qu'on peut ajourner la construction de l'escalier. Le devis sera renvoyé à l'architecte avec invitation de le modifier dans ce sens.

Tour Solidor à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine)

Le devis présenté par l'architecte s'élève à 65 000 Francs et se divise en deux chapitres.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis que le 2e chapitre peut-être ajourné sans inconvénient et que le chapitre 1er, montant à 31 500 Francs, peut-être considérablement réduit.

La Commission adopte ces conclusions et indique diverses dispositions de charpentes et de cheminées que l'architecte aurait à modifier en rédigeant son nouveau devis.

Église de Beaulieu (Maine-et-Loire)

La Commune ayant sollicité le concours de l'État pour faire des réparations à son église, M. l'Inspecteur général Lisch s'est rendu sur place afin de reconnaître la valeur du monument.

Cet examen n'ayant pas été favorable, M. le rapporteur propose le déclassement de l'édifice.

Adopté.

Vitrail de Saint-Vulfran d'Abbeville (Somme)

Conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, la Commission, tout en acceptant dans son ensemble l'esquisse présentée par MM. Neret, Blenner et Hardelay, demande que des cartons lui soient soumis. Elle demande également la production d'un devis.

Église de Longpont (Seine-et-Oise)

La Commune et la Fabrique sollicitent un secours pour l'achèvement de la reconstruction du choeur et des transepts de leur église.

Ces travaux ont entraîné un excédent de dépense qu'il s'agit de combler ; mais comme ils consistent en une réfection complète et non dans la restauration de l'édifice ancien, M. Bruyerre, rapporteur, propose de renvoyer le dossier de l'affaire à 80/15/012/243 l'administration des Cultes.

La Commission adopte cette proposition.

Église de Rampillon (Seine-et-Marne)

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 23 416 Francs 96 et d'allouer conditionnellement 11 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques. L'architecte, M. Paul Boeswillwald, serait toutefois autorisé à faire immédiatement emploi de 2 000 Francs votés par la Commune en les appliquant aux travaux de couverture les plus urgents.

Église Notre-Dame d'Étampes (Seine-et-Oise)

Le devis dressé pour la réparation du portail et des parties avoisinantes s'élève à 5 107 Francs 28. M. Bruyerre en propose l'approbation avec allocation de 2 500 Francs.

La Commission est d'avis que ce travail pourrait être réduit à la réparation du soubassement et, pour éviter la rédaction d'un nouveau devis, autorise M. l'Inspecteur général à diriger le travail de manière à ce que la dépense ne dépasse pas le chiffre de 1 500 Francs.

Chartreuse de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)

L'administration hospitalière installée dans cet édifice étant dans l'intention d'augmenter l'importance des bâtiments dont elle dispose, M. l'architecte Gout propose de procéder à cet agrandissement en rétablissant les anciennes cellules. Le devis qu'il a dressé pour le rétablissement de l'une d'elles s'élève à 6 190 Francs 64.

M. Bruyerre propose l'adoption de ce devis et l'allocation de 3 000 Francs pour venir en aide à cette entreprise.

La Commission est d'avis qu'il y a lieu de demander un devis d'ensemble à l'architecte et de ne contribuer à la dépense que pour la partie des travaux qui seraient nécessaires pour la consolidation de l'édifice.

Église de Saint-Jean-aux-Bois (Oise)

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver le devis de 16 580 Francs présenté par M. Lisch pour 80/15/012/244 la continuation des travaux et d'allouer 5 500 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la charge par la Commune qui a déjà voté 5 575 Francs de se procurer le complément des ressources nécessaires.

Église de Ruqueville (Calvados)

M. Bruyerre propose l'approbation d'un devis de 7 665 Francs 53 dressé par M. Gabriel Ruprich-Robert pour la restauration de cet édifice et l'allocation conditionnelle de 4 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques.

Cette proposition est adoptée.

Flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)

M. Bruyerre place sous les yeux de la Commission le nouveau projet de M. Lafollye et exprime l'opinion que cet architecte n'a pas développé l'idée de son prédécesseur M. Millet.

La Commission se range à cet avis et estime qu'il y a lieu d'inviter M. Lafollye à développer son idée personnelle en rentrant toutefois dans le caractère du XIIIe siècle.

Église de Villars-Saint-Marcellin (Haute-Marne)

M. de Baudot évalue à 2 205 Francs 95 la dépense nécessaire pour terminer la restauration de cet édifice. La Commune et la Fabrique n'ayant pu réunir que 518 Francs, M. l'Inspecteur général [Émile] Boeswillwald propose de leur venir en aide en leur accordant 852 Francs 97 soit la moitié du déficit, à la condition de se procurer l'autre moitié en s'adressant au besoin à l'administration des Cultes.

Église de Mouzon (Ardennes)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître qu'une somme de 38 917 Francs 32 est nécessaire pour mener à fin la restauration de l'édifice. Or un secours de 20 000 Francs accordé sur le Budget des Cultes n'a pas encore été employé ; d'autre part 2 000 Francs ont été réunis par les soins de la Fabrique. Il reste, en conséquence, à pourvoir à un déficit de 16 917 Francs

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'allouer cette somme. 80/15/012/245

Château de Coucy (Aisne)

Un devis de 4 458 Francs 05 est présenté par M. [Émile] Boeswillwald pour la restauration des couvertures des tourelles de la maison du garde et divers travaux d'entretien.

La Commission est d'avis d'approuver ce devis et d'allouer la somme nécessaire à l'exécution des travaux

Cloître de Saint-Jean-des-Vignes à Soissons (Aisne)

M. l'architecte Gout sollicite l'allocation d'un secours pour remettre en état deux piliers du cloître et les arcades qu'ils soutiennent.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis qu'en effet cette consolidation est indispensable, mais il considère qu'elle n'aura pas de durée si l'on ne remplace pas la couverture en bitume du cloître, qui en cause la ruine. Il conclut, en conséquence, à autoriser l'architecte à faire les étaiements nécessaires, et à présenter un projet de consolidation du cloître en même temps qu'un système de couverture pouvant garantir les constructions.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Pierre à Avignon (Vaucluse)

M. l'architecte Révoil, invité à produire un devis des réparations à faire à cet édifice, les évalue à 16 915 Francs.

La Commission, tout en reconnaissant l'utilité des travaux proposés, est d'avis, conformément aux conclusions de son rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, qu'il est possible de les ajourner, en procédant toutefois au recalement des assises et au jointoiement, et en ayant soin d'estamper les moulures pour en assurer la reproduction exacte lors de l'exécution des travaux du devis.

Remparts d'Avignon (Vaucluse)

Sur les indications de M. [Émile] Boeswillwald, M. Révoil a extrait du devis général approuvé un devis partiel des travaux à exécuter d'urgence qui s'élève à 14 619 Francs 14. Avant toutefois de déterminer le chiffre de l'allocation à accorder, M. l'Inspecteur général propose de demander à la Ville d'Avignon dans quelle mesure elle entendrait concourir à la dépense.

Cette proposition est adoptée. 80/15/012/246

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Un devis de M. Révoil a été remis à M. [Émile] Boeswillwald qui annonce le rapport prochain qu'il fera au sujet de cette affaire.

Monolithe de La Haute-Borne (Haute-Marne)

Le devis ayant été modifié suivant les indications de la Commission. M. [Émile] Boeswillwald propose l'adoption du projet de grille et l'allocation de 400 Francs pour la dépense dont le total est évalué à 594 Francs. La différence est à la charge de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Saint-Dizier.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/247