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1857
1856
1858
28 février 1857
Présents : MM. Lenormant, Caristie, de Contencin, Questel, Paul Lacroix, de Laborde, Mérimée, de Longpérier, Mercey et Courmont.
Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, présente à la Commission le projet préparé par M. Lenoir, architecte, pour l'aménagement du terrain que la Ville vient d'abandonner aux abords de l'Hôtel de Cluny. Le rapporteur ne voit pas d'objection à faire à la grille, mais il craint qu'il n'ait donné trop d'importance à la façade de la construction sur la rue des Mathurins. Il propose d'approuver le projet en principe, mais d'appeler l'attention de l'architecte sur l'arrangement de la façade.

Sur l'avis du président, la Commission décide qu'une sous-commission sera chargée de se rendre à Cluny pour y étudier les propositions faites par M. Lenoir. 80/15/009/56 La sous-commission nommée se compose de MM. Caristie et Questel.

La réunion se tiendra à l'Hôtel de Cluny le jeudi 5 mars pour entendre le rapport de la sous-commission.

Arc de la rue de Nazareth à Paris (Seine)

Sur la demande de l'un de ses membres la Commission est d'avis qu'il soit écrit à M. Gilbert, pour connaître quel parti il a pris au sujet de l'arc de la rue de Nazareth qui doit être déplacé par suite des projets de reconstruction de la préfecture de Police.

Porte de Mars à Reims (Marne)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'adopter les conclusions du rapport de M. Millet sur la consolidation de la Porte de Mars à Reims, sauf à ajourner l'exécution de la grille, qui, sur une dépense de 22 500 Francs, figure au devis pour plus de 13 000 Francs. Le rapporteur insiste avec l'architecte pour que les travaux ne commencent que lorsque les ressources seront assurées pour les terminer, car il serait trop dangereux de commencer les déblaiements sans pouvoir exécuter les réparations au fur et à mesure qu'on en reconnaîtra la nécessité.

La Commission approuve les conclusions du rapporteur et propose de commencer la restauration dès qu'on aura pu réunir les 8 817 Francs 15 nécessaires à son exécution.

Église de Carentan (Manche)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux à exécuter dans l'église de Carentan ne sont ni très importants ni très coûteux, mais il pense qu'il serait à désirer qu'ils fussent exécutés promptement pour que la situation de l'édifice ne s'aggravât pas. La Fabrique et la Commune se disent hors d'état de contribuer à ces réparations, ce qu'aucune pièce officielle ne vient démontrer. Le devis s'élève à 2 676 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder 1 500 Francs, à la condition que la Fabrique et la Commune pourvoiront au reste de la dépense.

Maison du Grand-Veneur à Cordes (Tarn)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle à la Commission qu'il a déjà attiré son attention sur une maison sise à Cordes, désignée sous le nom de Maison du Grand-Veneur, que le maire de cette Ville désirerait acquérir pour en faire la Maison Commune.

Comme cette affaire ne paraît pas avoir reçu de solution, malgré tout l'intérêt qu'elle présente, le rapporteur 80/15/009/57 propose d'écrire au maire pour savoir où elle en est. Quelle serait la dépense d'acquisition ? Quelles sont les ressources de la Ville ? Ce, pour engager le maire à se mettre en rapport avec M. Olivier, architecte attaché au ministère.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église de Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commune de Villeneuve-le-Comte est en instance pour obtenir un secours pour son église, monument très complet de la plus belle époque, qui paraît devoir être attribuée à l'un des plus habiles architectes du XIIIe siècle. La dépense nécessaire pour pourvoir aux réparations les plus urgentes s'élève à environ 15 000 Francs. La Commune, en s'imposant des sacrifices, est parvenue à réunir une somme d'environ 7 000 Francs.

Le rapporteur propose de compléter le total de la dépense en accordant à cet intéressant édifice une allocation de 8 000 Francs. Cet avis est adopté par la Commission.

Église Saint-Maclou de Bar-sur-Aube (Aube)

M. Mérimée, rapporteur, pense que dans l'état de l'affaire de l'église Saint-Maclou à Bar-sur-Aube, il n'y a pas lieu de proposer une allocation. On doit craindre que les évaluations sommaires de M. Millet ne se trouvent bien dépassées si l'on vient à exécuter les travaux, et le rapporteur ne redoute rien tant que les entreprises de cette nature qui une fois commencées absorbent des sommes considérables, avant que l'on arrive à une consolidation réellement efficace.

Sur ce motif, le rapporteur propose le rejet de la demande du préfet de l'Aube. Le rejet est prononcé.

Église de Lusignan (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'accorder conditionnellement une somme de 10 000 Francs pour l'achèvement de la restauration de l'église de Lusignan, pourvu que le reste de la dépense soit assuré par la Ville et par le ministère des Cultes, condition sine qua non. La Commission approuve les conclusions du rapport.

Cathédrale de Bourges (Cher) Ouverture d'un caveau.

M. Mérimée donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. Roger, architecte à Bourges, sur l'ouverture d'un caveau dans la cathédrale de Bourges. Le rapporteur propose de remercier M. Roger de cette communication.

Le rapporteur pense que peut-être y aurait-il lieu d'en donner un extrait au Moniteur. Cette publication serait une espèce de récompense pour le correspondant et exciterait ses collègues à l'imiter.

Avis partagé par la Commission. 80/15/009/58

Église de Tréguier (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître une nouvelle demande de secours de l'église de Tréguier. Le rapporteur, en réponse à cette demande, s'en réfère à l'un de ses précédents rapports. La Ville de Tréguier qui a déjà reçu des allocations considérables voudrait que l'administration des Monuments historiques entretînt son église. Elle envoie un devis de 47 000 Francs et demande la somme entière.

Le rapporteur ne croit pas que, dans aucun cas, le gouvernement dût prendre à sa charge toute cette dépense ; il est d'avis que la Ville doit faire un sacrifice et alors seulement l'administration pourra venir à son aide.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église d'Augerolles (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'administration a contracté une sorte de dette envers la Commune d'Augerolles qui a donné au Musée de Cluny une boiserie très intéressante.

Le rapporteur croit impossible de lui refuser le secours qu'elle sollicite et il propose de lui accorder l'allocation de 4 000 Francs, somme à laquelle M. Mallay a estimé les réparations urgentes.

Conclusions adoptées.

5 mars 1857
Hôtel de Cluny à Paris (Seine)
Présents : MM. Questel, Caristie, Lenormant, Paul Lacroix, de Laborde, Labrouste, Courmont.

M. Lenoir expose ses projets ; MM. Caristie et Questel font connaître quelles modifications ils ont cru devoir demander à M. Lenoir au sujet du châssis vitré destiné à éclairer la salle projetée.

La Commission approuve les modifications proposées par la sous-commission et décide qu'il sera pris pour éclairer la salle un jour au nord. Quant aux fenêtres proposées pour la façade, la Commission est d'avis que M. Lenoir devra étudier un projet plus simple que celui qu'il a présenté et dont le style ne rappellera pas d'une manière aussi directe le caractère de l'architecture de l'Hôtel de Cluny. 80/15/009/59

14 mars 1857
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Questel, Paul Lacroix, de Pastoret, Mérimée, Mercey, Courmont.
Cabinet de Sully à l'Arsenal à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. Paul Lacroix, l'un de ses membres, la Commission décide qu'elle se transportera le mardi 17 mars à 3 heures à l'Arsenal, pour y examiner deux pièces connues sous le nom de Cabinet de Sully, qui sont menacées de destruction par un projet d'aménagement de la partie des bâtiments de la bibliothèque de l'Arsenal dans laquelle elles sont placées.

Église de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que, par une lettre en date du 28 février 1857, M. le préfet de Seine-et-Marne insiste pour obtenir du ministre d'État une somme de 3 000 Francs destinée à aider la Ville de Brie à payer le prix d'acquisition d'une maison dont la démolition est nécessaire au dégagement de son église.

Le rapporteur s'en référant à son rapport du 29 mars 1856, conclut au rejet de la demande.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle Notre-Dame de Kernascléden (Morbihan)

La Société archéologique du Morbihan envoie au ministre d'État un rapport tendant à obtenir le classement de la chapelle de Kernascléden, parmi les Monuments historiques. Le rapporteur, M. Mérimée, d'après les renseignements transmis est d'avis de classer le monument, surtout s'il est vrai qu'il renferme des fresques remarquables. Il pense qu'il serait à désirer qu'elle fût visitée par M. Lambert dans une de ses tournées en Bretagne.

Approuvé.

Château de Loudun (Vienne)

Le préfet de la Vienne transmet une demande présentée par le président de la Société des antiquaires de l'Ouest, à l'effet d'obtenir une allocation pour réparer le donjon de l'ancien château de Loudun.

M. Mérimée, rapporteur, propose de demander un rapport à M. Joly et un plan de cet édifice qui est fort intéressant et qui mérite d'être conservé. Comme en outre il résulte du dossier que le monument appartient à l'État, le rapporteur croit qu'il est bon de faire un acte de possession.

Cet avis est adopté.

Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. Mérimée, rapporteur, expose que des plaintes sont adressées au ministre d'État sur la manière dont on traite les peintures du château des Papes. Sur l'avis de la Commission, M. Mérimée se charge de faire auprès du ministre de la Guerre une démarche pour obtenir qu'il soit donné les ordres nécessaires pour obtenir les modifications à l'état de chose actuel. 80/15/009/60

Église de Rouffach (Haut-Rhin)

Le préfet du Haut-Rhin transmet au ministre un traité passé par la Ville de Rouffach avec le peintre verrier de la cathédrale de Strasbourg, pour les travaux de rétablissement du vitrage de la rosace de l'église de Rouffach en priant le ministre d'approuver ce traité. Le marché transmis ne contient aucune indication d'après laquelle on puisse juger des travaux à exécuter.

Le rapporteur, M. Mérimée, pense qu'en pareil cas la seule garantie de la bonne exécution serait le nom d'un peintre verrier habile, et ici, au contraire il y a tout lieu de croire que l'entrepreneur n'est pas un artiste.

Sur ce rapport de M. Mérimée, la Commission décide que des renseignements seront pris sur le mérite du peintre verrier.

Château de Thorigny à Torigni-sur-Vire (Manche)

Le ministre de l'Intérieur transmet à son collègue un projet de restauration des façades du château de Thorigny, pour l'exécution duquel la Commune demande l'autorisation de contracter un emprunt, en demandant au ministre d'État de lui faire connaître s'il n'a aucune objection à élever contre l'exécution des travaux projetés.

M. Mérimée, rapporteur, pense que les travaux à exécuter sont nécessaires, mais il lui paraît difficile de juger de leur urgence d'après le devis. Le rapporteur ajoute quelques observations au sujet de ce devis, qui devront être transmises au ministre de l'Intérieur.

Conclusions approuvées.

Église de Lautenbach (Haut-Rhin)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission est d'avis de renvoyer au ministre des Cultes une demande par laquelle le préfet du Haut-Rhin réclame un secours pour l'étançonnement de la façade et la démolition du clocher de Lautenbach.

Temple de Diane à Nîmes (Gard)

M. Révoil transmet au ministre un rapport ayant pour objet de demander les ressources nécessaires à la prolongation jusqu'à la grande grille de la promenade, de la clôture placée devant le temple de Diane. Le devis des travaux s'élève à 3 000 Francs.

M. Mérimée, rapporteur, propose de demander à la Ville de Nîmes quel concours elle compte donner à cette opération.

Avis adopté.

Tombeau dans l'église Saint-Serge d'Angers (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'un rapport de 80/15/009/61 M. Godard-Faultrier sur un tombeau découvert dans l'église Saint-Serge d'Angers.

Le rapporteur propose de remercier ce correspondant de cette communication et propose de déposer les objets recueillis au Musée d'Angers.

Avis adopté.

Palais des Thermes à Paris (Seine)

M. Lenormant propose de faire des démarches auprès de M. le préfet de la Seine pour obtenir une modification à l'alignement de la rue de Sébastopol à la hauteur des Thermes, par suite duquel une portion de mur antique de l'établissement romain serait mutilé.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Façade de la nouvelle salle à construire à l'Hôtel de Cluny.

La Commission, après avoir examiné le projet nouveau proposé par M. Lenoir pour la façade de la salle qui doit être construite sur la rue des Mathurins, propose dans la décoration des fenêtres, la suppression des ornements et des profils indiqués par l'architecte qui rappellent trop directement le style des fenêtres de l'Hôtel de Cluny.

28 mars 1857
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Paul Lacroix, Questel, de Montalembert, Vaudoyer, Courmont.
Église de Sarcelles (Seine-et-Oise)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre par laquelle l'instituteur de la Commune de Sarcelles recommande l'église de cette Commune à la sollicitude du gouvernement.

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que le monument sera visité, et qu'il sera écrit au préfet pour lui recommander de veiller à ce qu'il n'y soit pas fait désormais des réparations aussi fâcheuses que celles que l'on signale.

Église de Blou (Maine-et-Loire)

M. Mérimée donne connaissance à la Commission d'une lettre par laquelle M. Joly signale à l'intérêt du gouvernement l'église de Blou dans laquelle se trouve une cloche du XVe siècle portant une inscription dont un estampage est joint à la lettre.

La Commission propose de remercier M. Joly de sa communication.

Fouilles près de Périgueux (Dordogne)

M. Mérimée lit une lettre par laquelle M. l'abbé Audierne fait connaître certaines découvertes qui ont eu lieu récemment dans le cours des grands travaux de chemin de fer et de canaux qui s'exécutent en ce moment à Périgueux.

La Commission est d'avis de remercier le 80/15/009/62 correspondant du ministère de sa communication.

Établissements gallo-romains (Morbihan)

Le préfet du Morbihan fait connaître au ministre d'État la découverte de restes importants gallo-romains, qui vient d'être faite par la Société archéologique du Morbihan à Mané Bourgeret et au Lodo, Commune d'Anadon. En même temps, le préfet transmet une demande de subvention sur le crédit des Monuments pour continuer ces fouilles.

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de remercier le préfet de sa communication en exprimant le regret que l'état des fonds ne permette pas de consacrer des allocations aux travaux des fouilles.

Mur des payens de la montagne de Sainte-Odile à Ottrott (Bas-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, fait l'extrait d'un rapport dans lequel M. Schneegans, correspondant du ministère, s'élève avec beaucoup de raison contre un projet de restauration du Mur des payens proposé par M. Levraut. M. Schneegans démontre qu'une restauration est impossible et que la tenter ce serait risquer d'altérer gravement les vestiges d'un monument dont l'origine, la disposition et la destination sont également mystérieuses. Il signale les mutilations déplorables qu'on a fait subir à l'entrée de l'enceinte de Sainte-Odile en traçant un chemin pour les voitures jusqu'à la chapelle. On a détruit quelques-unes des dispositions primitives. On a fait disparaître une partie de la voie ancienne, et tantôt exhaussé, tantôt abaissé le terrain, de façon qu'on a rendu l'entrée de l'enceinte complètement méconnaissable. Il est surtout à regretter qu'on ait enterré les entailles qui attestaient l'existence de portes. Ces travaux si maladroitement conçus ont été exécutés sans que l'administration ait été consultée. Cependant le Mur des payens est classé depuis longtemps.

Le rapporteur propose d'exprimer un vif mécontentement au préfet du Bas-Rhin, de l'engager à faire respecter ce qui reste du monument, et de remercier M. Schneegans de son intéressante communication.

Avis adopté.

Cloître de l'église Saint-Barnard à Romans (Drôme)

Le préfet de la Drôme instruit le ministre par une lettre en date du 19 mars 1857 des motifs qui ont déterminé la Commune de Romans à détruire le cloître qui s'appuie contre l'église Saint-Barnard.

M. Mérimée, rapporteur, pense que le préfet n'a pas suffisamment étudié cette affaire. Le cloître était classé aussi bien que l'église, et on n'aurait pas dû le condamner sans consulter la Commission. La perte de ce monument est très regrettable 80/15/009/63 et, en outre, n'est pas utile : on ne peut pas détruire le contrefort au sud de la façade.

En conséquence, le rapporteur demande que l'on conserve au moins la galerie adossée au sud de l'église sur l'alignement du contrefort et de la chapelle des pénitents, toute cette partie du cloître étant dans une partie rentrante ne peut servir à l'élargissement de la route.

Conclusions adoptées.

Chambre du maréchal de La Meilleraie à l'Arsenal (Seine)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission est d'avis de charger M. Godeboeuf, architecte, de faire le relevé de la partie du bâtiment de l'Arsenal dans laquelle se trouve la Chambre à coucher et l'Oratoire de la maréchale de La Meilleraie, ce travail préliminaire étant indispensable pour que la Commission puisse étudier les propositions qu'elle doit faire au ministre dans l'intérêt de la conservation de cette partie de l'édifice qui se trouve supprimée dans les projets de restauration du monument.

Église Saint-Quiriace de Provins (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la situation très grave de l'église Saint-Quiriace doit exciter toute la sollicitude du gouvernement. Malheureusement la dépense ne peut être que très considérable et, dans l'état du crédit, il est à peu près impossible d'entreprendre les travaux avec des ressources suffisantes pour les mener rapidement à leur conclusion.

M. Millet signale comme particulièrement inquiétante la situation du transept qui se déverse et qui ne peut être soutenu que par l'application de quelques contreforts.

Le rapporteur pense qu'il y aurait un grand danger à différer ce travail, et il propose de demander au ministre qu'une allocation, la plus forte possible, soit accordée, afin que la consolidation puisse avoir lieu promptement.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église de Guérande (Loire-inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que la Commission a émis le voeu que l'église de Guérande fût classée lorsqu'elle ne connaissait qu'un travail graphique assez médiocre. Les dessins envoyés aujourd'hui, beaucoup mieux faits, ne confirment pas complètement le bonne opinion que la Commission avait conçue du mérite de cet édifice. En outre les travaux urgents et nécessaires sont très considérables, et on ne trouve pas dans le dossier de renseignements sur les sacrifices locaux. La restauration complète de l'édifice entraînerait une dépense de plus de 140 000 Francs, dépense tout à fait disproportionnée avec l'intérêt qui s'attache au monument.

Par ces motifs, le rapporteur propose de confirmer le classement de l'église, en avertissant, ainsi qu'on l'a fait une première fois, que ce classement n'est qu'une marque d'estime qui n'implique pas nécessairement des allocations sur 80/15/009/64 le fonds de l'État.

Avis adopté.

Église de Morlaàs (Basses-Pyrénées)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une demande adressée par M. le préfet des Basses-Pyrénées en faveur de l'église de Morlaàs.

Le rapporteur rappelle tout l'intérêt que mérite ce monument par la date ancienne de sa construction et son architecture. Il croit qu'il y a lieu de pourvoir à sa conservation surtout si la Commune contribue à la dépense. Le travail, présenté par le maire de Morlaàs et extrait d'un devis rédigé par M. Durand, n'inspire pas une grande confiance au rapporteur qui demande que toute décision soit ajournée jusqu'à ce que M. [Émile] Boeswillwald ait remis au ministre le rapport qui lui a été demandé sur cette affaire.

Conclusions approuvées.

Église Saint-Sauveur de Redon (Ille-et-Vilaine)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission décide que, jusqu'à ce que le Conseil municipal de Redon ait répondu à l'invitation du ministre par un sacrifice plus en proportion avec les besoins de l'église Saint-Sauveur, il n'y a pas lieu de proposer une allocation pour sa réparation.

Abbaye de Sénanques à Gordes (Vaucluse)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de demander à M. le ministre d'État de vouloir bien accorder une somme de 6 000 Francs, en deux exercices, pour la restauration de l'abbaye de Sénanque, et de confier les travaux à la direction de M. Révoil.

Église Saint-Hilaire de Poitiers (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, regarde comme très important l'achèvement des travaux de restauration de l'église Saint-Hilaire de Poitiers, et il demande à la Commission de solliciter un secours de 10 000 Francs pour cette intéressante église, particulièrement si la Ville de Poitiers consent comme on peut l'espérer à contribuer pour 7 000 Francs à la dépense qui s'élève à la somme de 17 000 Francs.

Conclusions adoptées.

Église de Vallery (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une demande adressée par M. de La Rochejacquelein, maire de Vallery, en faveur de l'église de cette Commune.

Comme la demande n'est accompagnée d'aucun dessin, le rapporteur est d'avis qu'il faudrait faire visiter l'église et en constater la situation.

Avis adopté. 80/15/009/65

Église de Rueil (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, communique à la Commission un rapport de M. Lacroix, architecte de l'église de Rueil, sur un projet conçu par la Commune d'établir un fossé au pourtour de l'église dans le but d'assurer l'édifice.

M. Lacroix est d'avis que l'établissement de ce fossé donnerait lieu à la réfection des assises des murs recouverts par le sol actuel, travail qui n'a pas été prévu dans le projet de restauration ; que le monument ne serait pas préservé de l'humidité par la raison que les eaux qui tomberaient dans le fossé n'auraient pas d'écoulement. D'après ces considérations, l'architecte s'oppose à l'exécution du projet de la Commune de Rueil.

M. Mérimée partage l'avis de l'architecte et la Commission se rend à son opinion.

25 avril 1857
Présents : MM. Lenormant, de Montalembert, de Longpérier, Vaudoyer, Mérimée, Courmont.
Église Saint-Aignan à Orléans (Loiret)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. Clouet, en date du 5 juin 1856, sur la situation fâcheuse de l'église Saint-Aignan d'Orléans.

Le rapporteur est d'avis d'approuver les mesures préservatrices qu'a prises l'architecte pour atténuer l'effet produit par les inondations. Il propose de demander à M. Clouet un nouveau rapport sur l'état du monument et les ressources dont peuvent disposer la Fabrique et la Ville d'Orléans pour sa restauration.

Avis adopté.

Église Saint-Euverte à Orléans (Loiret)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission décide qu'un rapport sera également demandé à M. Clouet sur la réparation de l'église Saint-Euverte qu'il poursuit en ce moment.

Église de Luxeuil (Haute-Saône)

M. Mérimée, rapporteur, expose à la Commission la demande adressée par M. Durand, architecte, en faveur de l'église de Luxeuil. Le rapporteur rappelle que, cité à l'époque la plus belle de l'art gothique, ce monument se fait remarquer par la régularité de son plan et la noble simplicité de toute sa construction. L'état de l'édifice est fort grave, le choeur surtout menace ruine et l'architecte est d'avis qu'un étaiement est nécessaire pour prévenir une catastrophe. L'architecte n'a pas rédigé le devis. A cet égard il attend les ordres du ministre. Il est évident, ajoute M. Mérimée, que vu l'étendue de l'église et l'importance des 80/15/009/66 travaux à exécuter, la dépense doit être très considérable. Il est impossible qu'elle s'élève à moins de 150 à 200 000 Francs.

Maintenant, que veut faire l'administration dans l'état des ressources ? La Fabrique et la Ville ne peuvent contribuer à la dépense que pour une somme très peu considérable. Dans cette situation, le rapporteur croit qu'il convient de prendre les ordres du ministre après lui avoir signalé toute l'importance de l'église et tout l'intérêt qui s'attache à sa conservation.

Conclusions adoptées.

Église Notre-Dame de Saint-Lô (Manche)

Sur l'avis de M. Mérimée, la Commission ajourne la demande de secours adressé en faveur de l'église Notre-Dame de Saint-Lô qui ne réclame que des travaux qu'on peut considérer comme des réparations d'entretien.

Église Saint-Martin de Laives (Saône-et-Loire)

Une demande de classement en faveur de l'église Saint-Martin de Laives est adressée au ministre d'État.

M. Mérimée, rapporteur, pense que le travail graphique envoyé à l'appui de la demande est insuffisant. Toutefois, il permet de croire que cette église a quelque importance.

Le rapporteur est d'avis en conséquence de demander qu'elle soit examinée par un des architectes attachés à la Commission.

La Commission désigne M. Millet, architecte, pour remplir cette mission.

Ancienne chapelle du Château de Nantes (Loire-inférieure)

M. le ministre de la Guerre demande le concours du ministère d'État pour la réparation du pignon de l'ancienne chapelle du château de Nantes qui depuis 1806 est devenu un magasin à vendre.

M. Mérimée, rapporteur, n'a aucun souvenir de ce monument qu'il croit très peu important. En outre, il lui semble que la destination qu'on lui a donnée et qui l'expose à la destruction au premier accident empêche de faire aucune dépense pour la restauration.

Il propose en conséquence le rejet de la demande.

Approuvé.

Églises des Andelys (Eure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les églises des Andelys ont une très grande importance. Les sacrifices généreux et très considérables de la Ville lui paraissent mériter d'être pris en très sérieuse considération.

Cependant le rapporteur ne croit pas qu'en ce moment il soit possible de prendre une décision au sujet de cette affaire. Il est nécessaire de connaître la situation des principaux édifices qui réclament des réparations, de les comparer entre eux et d'en faire un choix après un mûr examen.

Il propose, en conséquence, d'ajourner toute proposition au ministre jusqu'après cet examen. 80/15/009/67

Avis adopté.

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

M. Mérimée, rapporteur.Sur l'avis de M. Mérimée, la Commission approuve le projet présenté par MM. Laval et Denuelle pour la décoration du choeur de l'église de Saint-Gaudens.

6 juin 1857
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Paul Lacroix, du Sommerard, Mérimée, Vaudoyer, de Laborde, de Longpérier, de Montalembert et Courmont.
Edmond du Sommerard nommé membre de la Commission

M. le secrétaire donne lecture du décret du 25 mai par lequel M. Edmond du Sommerard, conservateur du Musée des Thermes et de l'Hôtel de Cluny, est nommé membre de la Commission des Monuments historiques .

Après cette lecture, M. du Sommerard est introduit par le secrétaire et invité par le président à prendre part aux délibérations de la Commission.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. le président, la Commission charge MM. Caristie et Labrouste de surveiller les travaux de consolidation exécutés par M. Lacroix au Palais des Thermes.

Grotte à Saint-Mesmin (Loiret)

M. Lenormant fait part à la Commission des résultats d'un voyage qu'il vient de faire à Orléans. Il cite en premier lieu la découverte intéressante d'une grotte qui paraît remonter au VIe siècle auprès de l'église de Saint-Mesmin près d'Orléans.

Église Saint-Euverte à Orléans (Loiret)

Il entretient ensuite la Commission de l'état d'avancement des travaux de l'église Saint-Euverte exécutés par les soins d'une communauté religieuse, sous la direction de M. Clouet.

M. Lenormant fait reconnaître qu'on vient de découvrir dans le centre de l'église les débris d'un monument qui devait avoir le même plan que le Temple Saint-Jean de Poitiers, et à côté une chambre sépulcrale qui paraît être celle que Vatradius avait fait construire au Ve siècle. Les sarcophages sont en briques romaines liées par un ciment rouge, et à l'extérieur ce ciment a été poli.

Église de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret)

M. Lenormant demande que des renseignements soient réclamés de M. Delton, architecte, sur l'état de l'église de Saint-Benoît-sur-Loire.

Église de Morlaàs (Basses-Pyrénées)

M. Mérimée, rapporteur.

M. [Émile] Boeswillwald a été chargé de faire un rapport sur 80/15/009/68 la situation du porche de l'église de Morlaax, dont la restauration faisait l'objet d'un devis de 16 460 Francs, rédigé par M. Durand. Dans le compte-rendu que M. [Émile] Boeswillwald fait de la visite à Morlaàs, à l'appui duquel il a joint une vue photographique de la partie de l'édifice que l'on se proposait de restaurer, l'architecte établit que ce portail construit en grès a été incendié, que les matériaux en sont complètement calcinés, et enfin que la majeure partie de ce qui reste en place serait perdu par une dépose et une repose. Il propose en conséquence, le rejet de la demande de la Commune.

M. Mérimée, rapporteur, partage l'opinion de M. [Émile] Boeswillwald.

La Commission est également de cet avis.

Église de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, rend compte à la Commission d'une proposition faite par M. Millet dans le but de démolir le dôme de l'église de Paray-le-Monial, dont la reconstruction est indispensable, et de le remplacer par une flèche dont la forme soit plus en rapport avec le style du reste de l'édifice.

Le rapporteur est d'avis que les travaux à exécuter au clocher de Paray sont le complément de la restauration commencée. Il croit qu'ils doivent être autorisés, le changement proposé dans la forme du clocher lui semblant tout à fait heureux.

Avis partagé par la Commission.

Église de Sisteron (Basses-Alpes)

M. le préfet des Basses-Alpes transmet une demande de secours pour l'église de Sisteron accompagné d'un devis de 23 000 Francs rédigé par M. Joffroy (46).

M. Mérimée, rapporteur, ne comprend pas que les travaux de cette église ne soient pas encore terminés ; chaque année on produit un devis nouveau et qui présente un chiffre plus élevé. Le ministère a déjà fait des sacrifices considérables pour sa conservation, et le rapporteur ne pense pas que l'édifice mérite qu'ils soient renouvelés.

Cette opinion est adoptée par la Commission.

Château de Chinon (Indre-et-Loire)

M. le préfet d'Indre-et-Loire transmet au ministre un devis rédigé pour les réparations du château de Chinon s'élevant à 24 800 Francs ; il joint à cet envoi une délibération de la Ville de Chinon qui vote une somme de 700 Francs pour sa part contributive à la dépense.

M. Mérimée, rapporteur, trouve que l'offre des habitants de Chinon est dérisoire et il lui paraît impossible que le ministère prenne à sa charge une dépense aussi considérable quand la Ville refuse de s'y associer. 80/15/009/69

Bains romains à Plombières (Vosges)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'il résulte d'une lettre de M. Laurent, correspondant du ministère dans les Vosges, que la recherche des sources thermales à Plombières avait mis à découvert les Thermes que les Romains avaient construits dans cette localité. Il demande un secours pour conserver ces restes.

Le rapporteur est d'avis que l'affaire n'est pas suffisamment instruite pour que la Commission donne son avis. Il n'y a ni plan ni devis, et il est en conséquence impossible de juger de la découverte.

Adopté par la Commission.

Fouilles au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les découvertes faites au Puy sont très intéressantes et mériteraient d'être encouragés, mais dans l'état du fonds des Monuments historiques, il hésite à proposer une allocation pour une opération de cette nature.

La Commission, prenant en considération l'importance des découvertes faites, est d'avis qu'il y a lieu d'accorder 500 Francs pour continuer les recherches commencées.

Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission décide que M. Dauvergne sera invité à donner les dessins des traces de la peinture qu'il a reconnue à Issoire.

Le rapporteur propose d'allouer la moitié des 16 666 Francs du devis, dont l'utilité est indispensable, en attendant que l'instruction et l'étude relatives aux peintures soient terminées.

Église de Rieux (Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Rieux, dont le projet de restauration est soumis à la Commission, appartient pour la plus grande partie de sa construction à la fin du XIIIe siècle et est, selon M. Millet, un des exemples les plus remarquables de l'architecture gothique appliquée à des édifices de médiocre proportion. La situation du monument est déplorable. Le devis des dépenses urgentes s'élève à 27 000 Francs, et le rapporteur craint que cette évaluation ne soit un peu faible.

Le rapporteur ne sait pas si la Commune a des ressources ; il pense qu'il faudrait consulter le préfet à cet égard, avant de prendre une décision, et surtout se garder de faire aucune promesse.

Cette opinion est adoptée.

Église de Plailly (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que les observations qu'il vient de faire au sujet de l'église de Rieux s'appliquent à l'église de Plailly. C'est un édifice intéressant, mais la dépense n'en est-elle pas bien considérable pour l'importance de l'église considérée comme monument historique ?

Le rapporteur croit d'ailleurs que 80/15/009/70 dans l'état des ressources du ministère, on peut faire un meilleur usage de la somme de 20 000 Francs que coûterait la restauration de l'église de Plailly.

Sur cet avis, la Commission propose l'ajournement jusqu'à ce que les ressources et les offres de la Commune soient connues.

Palais ducal de Nevers (Nièvre)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'il serait bon d'allouer une somme de 6 000 Francs sur le crédit de 1857 pour l'achèvement de la restauration des sculptures du Palais ducal de Nevers et pour l'établissement de deux petites flèches dans la couverture sur la façade, à la condition que le restant du devis s'élevant à la somme de 11 202 Francs 40 serait imputé sur les ressources du département.

Église d'Harfleur (Seine-Inférieure)

La Commission est d'avis de demander au préfet de la Seine-Inférieure des renseignements sur l'état des abords de l'église d'Harfleur et la nature de la propriété des maisons qui circonscrivent l'église.

27 octobre 1857
Présents : MM. Caristie, de Laborde, Questel, Labrouste, Mercey, Mérimée, de Longpérier, du Sommerard, de Contencin, Courmont.
Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, expose que les entrepreneurs de la restauration du Pont du Gard viennent d'éprouver à deux reprises une perte matérielle, par suite des eaux extraordinaires du jardin. Un échafaudage avait été dressé pour la reprise des voussoirs du premier rang d'arcades, les pierres étaient taillées, soit pour ce travail, soit pour la restauration des avant-bras, et déposées à pied d'oeuvre, lorsque les eaux entraînèrent les pierres préparées, les outils des ouvriers et même les machines des entrepreneurs. En défalquant de la somme à laquelle s'élève le prix des objets perdus, celle que représentent les matériaux retrouvés, l'architecte estime le dommage à 2 937 Francs 84.

Le rapporteur est d'avis d'allouer à ces entrepreneurs auxquels le travail du Pont du Gard sera loin d'être profitable, une indemnité pour les couvrir des pertes qu'ils ont éprouvées. La Commission est d'avis d'allouer une somme de 2 000 Francs à titre d'indemnité. 80/15/009/71

Le secrétaire fait connaître qu'il résulte d'un rapport de M. Laisné, architecte du Pont du Gard, qu'il serait vivement à désirer que la corniche du premier rang d'arcades qui a été rétablie à l'occident soit également reposée à l'orient, d'autant qu'il est hors de doute qu'elle existait car des traces visibles l'attestent encore. Mais il se présente une difficulté, il faut, pour pratiquer la saillie de cette corniche, empiéter sur la route et en diminuer la largeur. Toutefois, le rétablissement de ce cordon est nécessaire pour indiquer la séparation des deux constructions, que les personnes peu versées dans l'histoire de l'art s'obstinent à regarder comme antique. En outre le caniveau et le trottoir placés sur le pont, tout en dégageant le monument antique ne causeraient aucun préjudice à la circulation très restreinte de la route qui doit être déclassée, et qui a un débouché beaucoup plus court par le pont de Remoulins. L'architecte assure qu'il est hors de doute que l'administration des Ponts et Chaussées autorise l'exécution de ces travaux d'isolement.

La Commission propose d'autoriser l'architecte à entamer une négociation dans ce sens avec l'agence des Ponts et Chaussées, approuvant l'exécution de la corniche sur la face orientale du pont ainsi que quelques autres travaux indiqués dans le rapport de M. Laisné.

Porte de Mars à Reims (Marne)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre de M. le maire de Reims relative à la restauration de la Porte de Mars, dans laquelle ce magistrat signale l'inconvénient que lui paraît présenter un des piliers de soutènement destiné à soutenir l'édifice construit à l'angle de la route de Laon et du boulevard où il forme une saillie de 1 m 65 qui lui paraît gênante pour la circulation au tournant des deux chemins. Le rapporteur est d'avis que le contrefort qui fait l'objet de la réclamation du maire est regrettable mais plutôt à cause de son fâcheux aspect que par la gêne qu'il apporte à la circulation.

Toutefois, comme il n'est pas convaincu que l'on puisse sans inconvénient reprendre en sous-oeuvre l'angle de l'axe contre lequel a été appliqué le contrefort, comme un étais qu'on pourra enlever le jour où on le voudra plutôt que comme une construction définitive, le rapporteur est d'avis qu'il n'y aurait lieu de ne remplacer ce pilier que par une reconstruction de la base de l'angle étayé que si la Ville de Reims fournissait à M. Millet les moyens de pourvoir à cette dépense.

L'observation que fait le maire que l'arc romain fait lui-même une saillie de 3 mètres sur les alignements de la route suffit pour faire juger la question. Cela prouve que ce n'est pas la restauration de M. Millet qui est défectueuse, mais bien l'alignement adopté par la Ville. Si la Ville eût adopté le plan d'alignement proposé sous Louis XV par l'architecte Legendre et dans lequel l'Arc de Mars se trouvait en droite ligne de l'entrée de la ville, aucun des inconvénients représentés à la restauration 80/15/009/72 ne se présenterait.

Ces conclusions du rapporteur sont adoptées par la Commission.

Château du Vivier à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une lettre de Madame la princesse Barrivachi, appelant l'intérêt du ministre sur la situation des ruines de l'ancien château du Vivier, dépendant de la propriété de ce nom qui lui appartient. Madame la princesse Barrivachi demande au ministre de vouloir bien donner à la Commission l'ordre de visiter ce monument qui lui paraît digne d'être classé parmi les Monuments historiques.

Sur la proposition du rapporteur, la Commission est d'avis de charger M. Millet de préparer un rapport sur l'importance et l'état des ruines recommandées à la sollicitude du ministre, et de désigner une sous-commission qui devra se rendre au Vivier lorsque M. le ministre d'État lui en donnera l'ordre. MM. de Longpérier, du Sommerard et Questel formeront cette sous-commission à laquelle devront se joindre le président et le secrétaire de la Commission.

Église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur.

M. le préfet de la Seine-Inférieure demande au ministre l'autorisation de préserver une somme de 2 500 Francs sur le crédit de 12 000 Francs alloué par décision du 31 décembre 1856 sur l'exercice 1857 pour la continuation de la restauration de l'église Saint-Ouen de Rouen et d'appliquer cette somme au paiement d'une partie de la dépense qu'occasionnera la mise en état des orgues de l'église Saint-Ouen.

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que les réparations de l'orgue ne peuvent être imputées sur les fonds alloués pour la restauration de l'église Saint-Ouen, que cette dépense ne peut en aucun cas être mise à la charge de l'administration des Monuments historiques. Il pense que cette pétition doit être envoyée au ministre des Cultes qui a un crédit spécial pour l'acquisition ou la réparation des orgues.

Ces conclusions sont adoptées.

Théâtre de Champlieu (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission, que l'Empereur a découvert récemment auprès de Compiègne un monument très curieux. On connaissait depuis longtemps à Champlieu les ruines d'un édifice romain. En face de ces ruines, à une distance de 70 mètres, se trouve un monticule de forme semi-circulaire avec quelques restes de murs bâtis en petit appareil.

Sa Majesté, s'y étant arrêtée, y reconnut l'emplacement d'un théâtre que, par son ordre, MM. Viollet, de Saulcy et le rapporteur visitèrent le lendemain. 80/15/009/73 De l'examen qu'ils ont fait du monument, il est résulté, pour eux, la certitude que ces restes appartiennent à n'en pas douter à un théâtre. Mais la barbarie de la construction, la mauvaise qualité du mortier, l'absence de fondations et surtout l'appareil irrégulier et la taille des pierres, tout semble au rapporteur dénoter un édifice de l'époque mérovingienne. Ces ruines sont impossibles à conserver, car la pluie aura bientôt lavé le mauvais ciment qui relie les moellons, mais il importe de conserver le souvenir d'une construction très rare.

M. Mérimée pense qu'on pourrait faire des fouilles, relever exactement les substructions et dresser un plan aussi complet que possible de ce monument unique. Il sera facile en même temps de retrouver les fondations du temple en face qui n'a jamais été exploré et qui mériterait de l'être.

S. M. désire que le théâtre de Champlieu soit classé parmi les Monuments historiques.

Le rapporteur pense qu'il n'y a pas d'objection à faire à ce désir, et qu'il y a lieu de traiter tout de suite pour l'acquisition des parties de terrain à explorer.

La Commission, sur le rapport de M. Mérimée, est d'avis de charger M. Viollet-le-Duc de relever les plans des localités qui doivent être fouillées et de rédiger un devis des dépenses que devront occasionner ces recherches.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Courmont, rapporteur, expose qu'un abaissement de 0, 80 m du sol de la place qui s'étend en face le porche de l'église d'Ainay a semblé nécessiter la restauration de la porte principale de cet édifice.

M. Benoît, architecte chargé d'étudier cette question, propose deux manières de la résoudre.

La première lui est suggérée par une découverte qui a été faite dans les travaux de nivellement qui viennent de s'exécuter. Cette découverte, ce sont les traces de l'état primitif du portail principal, ce qui prouve, ainsi qu'on l'avait déjà pensé, que celui, actuel, avait été postérieurement construit, mais, par une circonstance qu'il est difficile de s'expliquer, son axe est à environ 0, 14 m au nord de celui de l'intérieur de l'église.

Le premier projet de M. Benoît serait donc le rétablissement du porche dans son état primitif, ce qui mettrait plus d'harmonie dans la façade, mais en même temps amènerait à l'intérieur du porche un défaut de symétrie. L'architecte le propose tout en faisant observer qu'en le suivant, on aurait à regretter la destruction de la superbe archivolte de la baie actuelle, dont la sculpture est exécutée avec beaucoup de soins et de finesse.

Et quant au deuxième projet, l'abaissement du sol donnant beaucoup plus de hauteur aux pieds droits du portail actuel, l'architecte demande s'il ne serait pas à craindre que cet excédent ne rendît les pilastres et colonnettes trop sveltes.

Le rapporteur partage les craintes que suggère à l'architecte chacun des projets qu'il propose. La destruction de la superbe archivolte de la baie actuelle lui paraît s'opposer complètement à l'adoption d'un projet qui entraînerait sa suppression, et en second lieu l'excès de hauteur qu'il faudrait donner aux piédroits 80/15/009/74 de la porte, si on autorisait le deuxième parti, rendrait les pilastres et les colonnettes tellement maigres que cette façade ainsi transformée serait entièrement déshonorée.

En présence de ces deux difficultés, le rapporteur ne voit à proposer à la Commission qu'un pis-aller qui ne lui paraît pas absolument heureux, mais qui a, pour lui, l'avantage de n'altérer en rien la beauté de l'édifice. Ce serait de rétablir la porte dans l'état où elle se trouvait avant l'abaissement de la place, ainsi que l'emmanchement supprimé à l'intérieur, et de regagner la différence que cet emmanchement présenterait avec le niveau de la place par une pente que l'on pourrait rendre aussi douce que l'on voudrait en la prolongeant plus ou moins loin.

La Commission consultée se range à cet avis qui lui paraît le moins mauvais de tous ceux qui ont été présentés, et insiste pour que, contrairement au voeu de la Fabrique, la grille qui devra être posée sous la porte majeure, ne soit pas remplacée par une porte pleine en bois, ce qui achèverait de dénaturer le caractère du porche d'Ainay qui, pour aucun motif, ne saurait être changé.


46Joffroy (Joseph, Auguste), 1802-ap.1879, architecte d'Avignon à partir de 1839 puis du département du Vaucluse à partir de 1849, architecte diocésain à partir de 1851. (£, 6, p.111.)