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1873
1872
1874
7 janvier 1873
M. Vitet préside la séance à laquelle assistent MM. Abadie, Charles Blanc, [Émile] Boeswillwald, Gautier, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de Lasteyrie, Millet, Questel, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 1er décembre est lu et adopté.
Calvaire de Pleyben (Finistère)

Les fondations de ce calvaire se trouvent aujourd'hui déchaussées par suite d'un nivellement qui a sensiblement abaissé le sol environnant. Pour remédier à cet état de choses on propose d'élever autour du monument un soubassement surmonté d'une grille.

Suivant M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la forme et les dimensions du soubassement projeté auraient l'inconvénient d'enlever à ce petit monument toute proportion..

La Commission partage cet avis et propose de confier la rédaction d'un nouveau projet à M. Corroyer que ses études mettraient plus sûrement à même de mener à bien le travail dont il s'agit.

Tour du vieux pont d'Orthez (Basses-Pyrénées)

Suivant M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, cette tour nécessite des réparations urgentes, mais les travaux proposés lui paraissent insuffisants et mal conçus.

Il est d'avis, en conséquence, d'ajourner toute décision jusqu'à la production d'un travail d'ensemble comprenant la restauration de la tour et du pont qui ne font qu'un seul monument.

La Commission adopte cet avis et propose de confier la rédaction du projet à M. Paul Boeswillwald.

Cloître d'Elne (Pyrénées-Orientales)

Un secours est demandé à l'État pour exécuter au cloître d'Elne des travaux dont le devis s'élève à 1 680 Francs. M. Viollet-le-Duc, rapporteur, fait l'énumération de ces travaux qui lui paraissent dérisoires et ne pouvoir améliorer en rien la situation de l'édifice.

Le secours ne sera pas accordé.

Méthode de travail de la Commission

M. Viollet-le-Duc présente à cette occasion des observations qui ont pour but d'établir que la Commission s'écarte aujourd'hui des principes qu'elle avait admis à l'origine comme la règle à suivre pour la restauration des Monuments historiques. Au lieu de prendre comme autrefois, l'initiative des propositions relatives aux travaux à faire pour conserver certains édifices types d'une valeur incontestable, elle est le plus souvent appelée à statuer sur des projets élaborés en dehors de ses instructions et qui n'ont pas été au préalable, comme cela devait être, classés suivant l'importance relative ou l'opportunité de chacun d'eux. Il en résulte que les fonds sont distribués maintenant au fur et à mesure que les affaires se présentent d'elles-mêmes et quelle qu'en soit d'ailleurs l'importance, au lieu d'être, comme autrefois, répartis avec méthode sur tels édifices que leur caractère et 80/15/10/99 leur situation désignait les premiers à l'attention. Suivant M. Viollet-le-Duc, il appartient spécialement à M. l'Inspecteur général d'évoquer les affaires à soumettre à la Commission, de même de la tenir au courant des entreprises, en donnant des détails sur leur situation. Il demande enfin que, du moment où une entreprise de restauration est commencée, elle soit poursuivie jusqu'à son complet achèvement.

Révision de la Liste des Monuments classés.

M. le président partage les opinions exprimées par M. Viollet-le-Duc. Il lui paraît en outre indispensable de réviser la Liste des Monuments historiques. Il examine dans quelles conditions ce travail devrait être fait. La nouvelle Liste ne renfermerait que des édifices offrant un véritable intérêt au point de vue de l'art et comprendrait en première ligne les monuments types dont la conservation serait déclarée présenter un intérêt de premier ordre pour l'histoire de l'architecture française. Cette révision serait confiée à une sous-commission dont les membres partageraient le travail et auraient la faculté de s'adjoindre des membres étrangers.

Ces propositions sont adoptées. M. l'Inspecteur général [Émile] Boeswillwald est chargé de préparer un programme de travail.

Rappel des instructions relatives à la conservation des monuments

M. des Vallières, appuyé par MM. Questel et Millet, fait ensuite observer que, par suite de la décentralisation qui s'opère aujourd'hui dans le régime administratif, les autorités locales croient pouvoir faire exécuter des travaux dans un monument historique sans avoir au préalable demandé l'autorisation de l'administration centrale. De là, des restaurations souvent mal exécutées et qui dénaturent le caractère des édifices.

M. [Émile] Boeswillwald demande qu'à l'occasion de la révision de la Liste une circulaire soit adressée à MM. les préfets pour leur rappeler les instructions relatives à la conservation et à la restauration des Monuments historiques.

La Commission adopte cette proposition, elle exprime le désir que la rédaction de la circulaire ne soit pas arrêtée avant de lui être soumise.

Église de Curzon (Vendée)

La Commission est appelée à donner son avis sur la question de savoir si la nef de cette église est susceptible d'être restaurée ainsi que le prétend le Conseil municipal ou s'il y a lieu de la reconstruire comme le propose M. Loué, architecte.

M. Millet, rapporteur, croit que l'état des maçonneries de la nef ne supporterait pas une restauration qui serait d'ailleurs plus coûteuse qu'une reconstruction. Le monument lui paraît en outre ne présenter qu'un intérêt très secondaire qui ne justifierait pas l'allocation d'un secours sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission adopte ces conclusions. 80/15/10/100

Église de Châtel-Montagne (Allier)

La Commune n'a pu réunir qu'une somme de 12 000 Francs pour la restauration de son église dont la dépense est évaluée à 83 012 Francs 93. Il resterait donc à pourvoir à un déficit de 71 012 Francs 93.

M. Millet, rapporteur, fait observer qu'il s'agit d'un monument fort intéressant et propose en conséquence d'en assurer la restauration en allouant sur le crédit des Monuments historiques le complément de ressources nécessaires. Il conviendrait, dans ce cas, de mettre à la disposition de l'architecte des annuités assez fortes pour qu'il puisse installer son chantier dans de bonnes conditions d'exécution.

La Commission adopte ces conclusions.

Fouilles d'Aigues-Mortes (Gard)

La Commission est saisie d'un mémoire rédigé par M. Lenthéric, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, sur la découverte qu'il a faite, près d'Aigues-Mortes, de l'emplacement où s'est effectué l'embarquement de Saint-Louis pour les deux dernières croisades. Cet ingénieur propose d'élever trois pyramides commémoratives sur cet emplacement et demande une subvention de 4 000 Francs pour cette dépense.

Sur l'avis de M. de Guilhermy, rapporteur, le mémoire dont il s'agit ne manque pas d'intérêt et il y a lieu de remercier l'auteur, mais les ressources du crédit ne sauraient être affectées à la construction des monuments commémoratifs.

La Commission adopte ces conclusions.

Rapports de mission de M. Révoil.

M. Révoil, architecte, ayant exprimé le désir d'entretenir la Commission de questions archéologiques qui ont trait aux missions dont il a été chargé, M. Vitet propose de fixer cet entretien à la prochaine séance.

Cette proposition est adoptée.

Église de Noyon (Oise)

M. le président signalant ensuite le mauvais état dans lequel se trouve l'église de Noyon, la Commission demande que M. l'Inspecteur général soit chargé d'examiner ce monument et de rendre compte à la fois de la situation de l'édifice et des travaux de restauration précédemment exécutés.

Avant de se séparer la Commission s'entretient encore de la situation de quelques édifices :
Église de Saint-Germer (Oise)

L'église de Saint-Germer lui est signalée par MM. [Émile] Boeswillwald et Viollet-le-Duc comme un monument dont on ne saurait entreprendre la restauration, car les désordres de sa construction sont tels qu'on ne pourrait que hâter sa ruine en y faisant des travaux.

Église de Chambly (Oise)

L'église de Chambly est signalée, au contraire, comme un édifice devant être l'objet de restaurations importantes.

Église de Montmartre à Paris (Seine)

M. de Guilhermy exprime le regret que l'église de Montmartre à Paris, qui renferme des parties fort intéressantes, notamment le chevet, soit laissée dans un état complet d'abandon. M. le secrétaire de la Commission rappelle que la 80/15/10/101 Commission a [déjà : barré minute] pris, il y a longtemps déjà, l'initiative d'un projet de restauration en [offrant d'y faire concourir : barré minute] proposant de mettre à la charge du crédit la moitié de la dépense, mais que la Ville de Paris n'a jamais répondu à ces propositions.

Château de Pierrefonds (Oise)

Enfin, M. le directeur des Beaux-arts rend compte à la Commission d'une visite qu'il a faite au château de Pierrefonds et, sur sa demande, M. Viollet-le-Duc est invité à présenter un devis des travaux restant à faire pour mettre les bâtiments en bon état de conservation.

[Minute barré] 80/16/2/110 :

A la précédente séance, trois collections de dessins ont été présentées à la Commission qui a chargé MM. les architectes, membres de la Commission, de les examiner et d'en estimer la valeur s'il y a lieu de les acquérir pour les archives.

Cet examen a donné lieu aux propositions suivantes qui sont soumises à l'approbation de la Commission.

1° les dessins de M. Lafollye représentant des mosaïques trouvées en Béarn seraient acquis au prix de 2 000 Francs et il serait en outre accordé à l'auteur un exemplaire de la publication des Archives.

2° Les dessins du Palais Granvelle à Besançon par M. Bérard seraient acquis au prix de 1 000 Francs

3° la valeur des dessins du cloître d'Elne par M. Charbonnier est estimée pouvoir être fixée entre 2 000 et 2 500 Francs 80/15/10/102

23 février 1873
M. Vitet préside la séance à laquelle assistent MM. Abadie, Beulé, [Émile] Boeswillwald, Charles Blanc, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de La Motte, de Lasteyrie, de Longpérier, Millet, Quicherat, du Sommerard, de Soubeyran, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Décès de M. Gasnier

A l'ouverture de la séance, M. le président, au sujet de la mort de M. Gasnier, exprime des regrets auxquels s'associe la Commission qui a perdu en lui moins un serviteur qu'un ami dont les excellentes qualités étaient appréciées de tous.

Le procès-verbal de la séance du 7 janvier est lu et adopté.
Monuments de l'époque carolingienne

M. Révoil, architecte, est ensuite admis à donne un aperçu du résultat qu'il a déjà pu recueillir en Allemagne et dans le Midi de la France sur les monuments de l'époque carolingienne.

A Neufchatel, Strasbourg, Trèves, Ingelheim, Worms, Bonn, Coblentz, Cologne, Aix-la-Chapelle, Cornelimunster, il trouve les marques des procédés employés par les tâcherons du Midi de la France aux IXe et Xe siècles, tailles en fougères, lettres, pointillés, barbes de plume qui se retrouvent dans un grand nombre de monuments de la Provence et notamment dans le département du Vaucluse qui, suivant M. Révoil, serait très riche en édifices de l'époque carolingienne. Signalant dans la cathédrale d'Aix certaines parties des voûtes inaccessibles à l'oeil, qui sont couvertes de fougères et de pointillés, et invité à donner une explication des motifs qui auraient pu déterminer les tâcherons à placer des marques si précieuses à une telle hauteur, M. Révoil répond que les frères pontifs dont l'origine remonte au Xe siècle et qui formaient comme une école de tâcherons ont dû employer ces tailles pour marquer leur oeuvre d'une sorte d'estampille qui serait alors le cachet particulier d'une espèce de franc-maçonnerie.

M. Révoil énumère ensuite les différents noms qu'il y a retrouvés inscrits dans un grand nombre d'églises de la Provence. Pontins en 1150 Bonus et Joannes, Bertrandus, Raymondus, Stephanus, Salardus et Petrus Lans. A propos de ces derniers, M. Quicherat fait remarquer qu'il n'y a pas de nom de famille avant les XIe et XIIe siècles. Quant aux chartes de 1092 et 1103, invoquées par M. Révoil à l'appui de son système, elles paraissent prouver au contraire que tous ces monuments sont de l'an 1100 puisque parlant des trois églises qui réunies, ont formé la cathédrale d'Aix-la-chapelle, elles les représentent comme étant restées désertes pendant un grand nombre d'année ; 80/15/10/103 par suite de la dévastation qu'en firent les païens.

Au sujet des estampages présentés, M. Viollet-le-Duc signale la finesse des tailles qui lui paraît se rapporter à la fin du XIIe ou au commencement du XIIIe siècle. La manière dont les mains sont faites offre d'autre part une grande analogie avec les vignettes et les vitraux du XIIe siècle.

Les lettres de tâcherons et les autres signes doivent-ils être attribués absolument à l'époque carolingienne ? A cette question faite par M. le président, M. Révoil répond qu'il n'a trouvé de ces marques distinctives dans aucun des monuments du XIIe siècle qu'il a visités tels que les églises de Tarascon, de Sainte-Trophine et de Saint-Gilles, et cite l'église de Saint-Restitut, composée de trois monuments distincts et d'époques différentes, qui ne présente de signes et de lettres de tâcherons que dans la partie carolingienne seulement.

M. Viollet-le-Duc dit qu'au Moyen Âge l'art n'est pas fixé. Il faut donc avant de conclure se borner à émettre des observations. Ainsi le baptistère de Venasque, l'un des plus anciens monuments de France, possède les marques que recherche M. Révoil. Or si ces marques ont pu être conservées de l'époque mérovingienne à l'époque carolingienne, n'ont-elles pu l'être aussi jusqu'au XIIe siècle ? Il est très probable qu'alors seulement, à la suite des croisades et à raison du grand mouvement qui en fut la conséquence, une révolution radicale se soit produite et cela dans une période de temps très courte.

M. Quicherat, appuyant les observations faites, conseille à M. Révoil de tout voir d'un oeil impartial. Ce dernier termine en promettant de réunir le plus grand nombre possible de renseignements pour les soumettre à la Commission en lui laissant le soin d'en tirer des conclusions.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'ajourner l'allocation supplémentaire de 3 064 Francs demandée par M. Verdier pour la sculpture des piliers de la nef réparés en 1872 ; la consolidation du choeur et la reprise des premières piles qui sont aussi écrasées et mutilées que l'étaient celles de la nef réparées en 1872. La consolidation du choeur et la reprise des premières piles qui sont aussi écrasées et mutilées que l'étaient celles de la nef lui paraissant plus urgentes. Il y aurait lieu en conséquence de demander à M. Verdier un devis exact de ces travaux et de l'inviter en même temps à soumettre le tracé des modifications qu'il se propose d'apporter au système de charpente actuelle.

M. le rapporteur, se plaint des estimations toujours trop sommaires de M. Verdier et des suppléments de crédits qui en résultent.

M. le président fait observer que la Commission ne doit admettre que des architectes inspirant toute confiance et demande quelles garanties offre M. Verdier.

M. [Émile] Boeswillwald n'a point trouvé jusqu'à 80/15/10/104 présent d'opérations blâmables, analogues à celles qu'il croira devoir signaler à propos des églises de Chambly et de Noyon ; ici, rien ne lui paraît encore compromis, l'architecte ayant remédié au vice signalé dans le rétablissement des arcs-boutants.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Noyon (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Les dépenses, au mois d'avril 1870, s'élevaient à la somme de 130 138 Francs dépassant de près de 30 000 Francs le devis approuvé par la Commission, sans que les travaux portés à ce devis eussent été exécutés. Afin de couvrir le déficit, M. Verdier présente un nouveau devis de 65 000 Francs.

M. le rapporteur pense qu'avant de statuer sur ces nouvelles propositions, la Commission doit être instruite de la situation exacte de l'entreprise de 1869 et s'entendre avec les autorités locales pour le paiement de l'excédent. Quant à cet architecte qui procède à l'ouverture et qui laisse à ses inspecteurs le soin de diriger les travaux, il mérite un blâme sévère. Ainsi, à l'église de Chambly dont l'abside a dû être démolie pour être reconstruite sur de nouvelles fondations et avec de nouveaux contreforts, l'entrepreneur n'étant pas dirigé par l'architecte et n'ayant pas reçu de M. Verdier les détails d'exécution, a marché tout naturellement dans le sens de ses intérêts et, sur une hauteur de 2 m, a mis 3 assises de 0,70 cm au lieu de 6 à 8 de 0,30 à 0,35 cm, modifiant ainsi l'échelle et détruisant le caractère du monument.

M. Abadie parlant de travaux neufs faits avec beaucoup de soin et d'habileté par M. Verdier, demande qu'on ne prenne pas à son égard une mesure trop rigoureuse.

M. le président pense qu'à raison des faits signalés, il ne suffirait plus aujourd'hui d'un nouveau blâme dont M. Verdier ne tiendrait pas plus compte que des précédents.

[barré : il s'agit de l'intérêt de trois édifices remarquables qui ne peuvent être abandonnés à un architecte qui ne s'acquitte pas mieux des missions qui lui sont confiées. Le nom de M. Verdier doit être rayé de la liste des architectes attachés à la Commission et, s'il y a lieu, d'adresser une demande en ce sens à M. le ministre.]

Il y aurait lieu de ne plus confier à cet architecte de nouvelles restaurations.

Cette proposition est adoptée ainsi que les conclusions du rapport.

Église de Mogneville (Oise)

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission décide qu'un architecte attaché à la Commission (le successeur de M. Verdier) sera chargé de dresser un devis de la dépense qu'entraînerait la reprise des piliers qui soutiennent le clocher, sur la partie intéressante aujourd'hui de l'église de Magneville.

Église de Saint-Aignan (Loir-et-Cher)

Sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald la Commission décide que l'église de Saint-Aignan sera déclassée.

Les travaux exécutés d'accord entre le préfet et la Fabrique aux frais du prince de Chalais ont entièrement dénaturé le caractère de l'édifice, les peintures intéressantes qui couvraient les chapiteaux ont été grattées ; les piliers ont été retaillés 80/15/10/105 M. le président se plaint du défaut de surveillance des monuments classés et des mutilations qui en résultent. M. de La Morandière n'aurait pas dû, même après la cessation des derniers travaux autorisés, perdre ainsi de vue l'église de Saint-Aignan. Les édifices qui seront maintenus dans le nouveau classement décidé par la Commission devront être confiés à des tuteurs éclairés, actifs et surtout plus vigilants. Des mesures seront à prendre d'autre part, pour arrêter les préfets trop faciles à laisser exécuter des travaux sans l'assentiment de la Commission des Monuments historiques .

Église de Nesles (Somme)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Des observations analogues à celles présentées pour l'église de Saint-Aignan sont faites sur cette affaire.

Malgré les protestations de M. Goze, correspondant de la Commission, la Commune a fait exécuter des travaux qui, non seulement ont compromis la solidité de l'édifice, mais encore lui ont enlevé la plus grande partie de l'intérêt qu'il offrait au point de vue de l'art et de l'archéologie : trois chapiteaux de l'époque romane ont été enlevés du portail. C'est un nouvel exemple du danger qui résulte de travaux confiés à des architectes inhabiles et de la nécessité qui s'impose à l'administration de réagir contre les tendances qu'ont les préfets à autoriser directement ces opérations.

La Commission demande qu'une circulaire énergique rappelle les instructions ministérielles qui interdit tout travail dans un monument classé sans autorisation au préalable. Mais elle ne conclut pas sur la question posée par le rapporteur, qui proposait d'exiger la réparation des nouveaux dégâts compromettant la solidité d'une partie de l'édifice et le rétablissement des deux anciens chapiteaux déposés dans la crypte.

Capitole de Toulouse (Haute-Garonne)

A plusieurs reprises, et en dernier lieu vers la fin de l'Empire, la Municipalité de Toulouse avait formé le projet de démolir une partie des bâtiments du Capitole pour installer un établissement industriel, ouvrir des rues et créer un square. La Commission des Monuments historiques fut d'avis qu'il n'y avait point lieu d'approuver un projet qui autorisait la destruction des parties très intéressantes. La guerre survint et les choses restèrent en l'état.

Au mois d'août 1872 la nouvelle Municipalité de Toulouse, animée d'idées plus conservatoires, exprime le désir de conserver en l'utilisant tout ce qui présentait de l'intérêt. Un projet de restauration du Capitole fut demandé à M. Viollet-le-Duc qui dressa un devis montant à 120 000 Francs environ pour la restauration du donjon dont les deux salles pourraient être très utiles et servir, l'une aux archives de la Ville, l'autre aux séances du Conseil municipal. Dans ce devis n'est point comprise une somme de 4 000 Francs nécessaire à la construction du beffroi qui terminerait le comble, cette reconstruction devant être ajournée. 80/15/10/106

Le préfet soulève quelques objections fondées sur l'état des finances de la Ville.

Mais en présence des efforts faits dans le sens des idées de la Commission, M. le rapporteur propose d'accorder à la Ville de Toulouse l'encouragement qu'elle sollicite, une allocation quelconque (20 00 Francs par exemple en deux annuités) suffirait pour décider l'exécution de la restauration.

La Commission adopte ces conclusions.

Église de Pernes-les-Fontaines (Vaucluse)

Sur la proposition de M. Viollet-le-Duc, rapporteur, la Commission décide qu'il y a lieu d'accorder une nouvelle subvention de dix mille francs pour l'achèvement des travaux commencés. L'architecte, M. Révoil, ne se recommande pas seulement par ses recherches archéologiques ; mais aussi par les qualités que la Commission regrettait de ne point rencontrer chez certains des architectes qui lui sont attachés. Les précisions ont été déposées par suite du mauvais état des voûtes dont il n'a été possible de se rendre un compte exact qu'après l'établissement des échafauds.

Mission de M. Révoil

La Commission autorise en outre M. Révoil à continuer les relevés graphiques qu'il juge nécessaires pour compléter les études qui se rattachent à sa mission archéologique dans le Midi de la France.

Église de Roullet (Charente)

M. Abadie, rapporteur.

L'architecte, inspecteur des travaux diocésains, M. Warin, a été chargé d'établir un devis qui se monte à 45 000 Francs (32 000 Francs pour le rétablissement des parties de l'édifice détruites ou endommagées par la foudre, 13 000 Francs pour les autres restaurations).

La Municipalité de Roullet consentirait, pour obtenir le concours de l'État, à démolir la halle et les autres bâtiments adossés à l'église et à prendre à sa charge la dépense de 8 000 Francs environ qui résulterait de cette démolition accomplie sous la surveillance de l'architecte désigné par la Commission. Les ressources de la Commune ne permettant pas d'exiger davantage, l'administration devrait pourvoir seule aux frais de restauration de l'église.. Le choix de l'architecte a encore été fait directement par le préfet qui, cette fois du moins, est tombé sur un homme capable, offrant toutes garanties et pouvant être chargé de la restauration sous la direction de M. Abadie qui accepte la responsabilité de l'entreprise.

Adopté.

Dessins du château d'Amboise M. Ruprich-Robert

La Commission a autorisé l'exposition au Salon de 1873.

La prochaine séance est fixée au dimanche 9 mars. 80/15/10/107

9 mars 1873
M. Vitet préside. Sont présents : MM. Abadie, Charles Blanc, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Gautier, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de Longpérier, Millet, Quicherat, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Lecture du procès-verbal de la séance du 27 février 1873.

M. le baron de Guilhermy demande que la responsabilité de l'attribution à l'époque carolingienne d'un grand nombre des Monuments du département de Vaucluse soit laissée tout entière à M. Révoil et que la rédaction du procès-verbal ne laisse aucun doute à cet égard.

Église de Nesles (Somme)

A propos de l'église de Nesles, la Commission n'ayant pas conclu sur les propositions du rapporteur, M. le président demande si l'administration aurait le droit de mettre la Commune en demeure de réparer les nouveaux dégâts qui compromettent la solidité d'une partie de l'édifice et de réintégrer à la place qu'ils occupaient primitivement les deux anciens chapiteaux déposés dans la crypte.

M. de Longpérier fait observer que la Commune de Nesles compte des personnages très riches qui ont fait de grands sacrifices pour l'église et trouvent charmantes toutes les améliorations qu'ils ont provoquées, telles que l'établissement des vitraux neufs et la substitution des chapiteaux actuels à ceux qui ont été relégués dans la crypte. On peut donc être certain de rencontrer une vive opposition si l'on demande la réintégration de ces vieilles pierres à la place qu'elles occupaient.

M. [Émile] Boeswillwald pense qu'il ne serait pas non plus facile d'imposer la conservation des chapiteaux dans un endroit où les archéologues et les artistes pourraient être admis à les voir, car là encore ils seraient pour la Commune de Nesles une gêne et un embarras. Le seul parti à prendre serait de les faire transporter au Musée d'Amiens en ayant soin qu'ils soient mis à l'abri et non déposés dans le jardin où ils seraient exposés à une rapide destruction. On pourrait écrire dans ce sens au préfet de la Somme en lui exprimant le mécontentement de la Commission qui entend laisser à ceux qui ont fait exécuter les travaux malgré elle toute la responsabilité des suites qui pourront en résulter.

Le procès-verbal de la séance du 27 février est adopté sous la réserve des observations qui précèdent.

M. de Guilhermy appelle l'attention de la Commission sur une statue en marbre de la Vierge par Germain Pilon qui, enlevée de la Sainte-Chapelle en 1797, a été depuis reléguée dans la chapelle de l'École militaire de Saint-Cyr, avec quelques autres morceaux de sculpture. N'y aurait-il 80/15/10/108 pas lieu de donner à l'oeuvre de Germain Pilon une place plus digne d'elles dans les galeries du Louvre et de négocier un échange, auquel le ministre de la Guerre consentirait certainement sans difficulté ?

La Commission approuve cette proposition et remercie M. de Guilhermy de la communication intéressante qu'il vient de faire.

Église de Maillezais (Vendée)

M. Millet, rapporteur.

Le second projet de restauration dressé par M. Loué quoique moins mauvais que le premier n'est cependant pas encore acceptable et devra être étudié de nouveau.

Mais la Commission ayant décidé que la nef ne présentait pas d'intérêt et que le choeur seul méritait d'être classé, on peut en attendant laisser exécuter les travaux de la nef et du clocher en invitant toutefois l'architecte à augmenter les ponts d'appui. La somme de 43 000 Francs portée au devis paraît insuffisante ; il n'y a point lieu de faire des observations à ce sujet puisque les frais de restauration de cette partie de l'édifice restent à la charge de la Commune. Quant à la dépense de 20 000 Francs prévue pour la reprise de la coupole et la consolidation de la voûte du choeur, la Commission verra plus tard, lorsqu'un projet plus satisfaisant lui sera présenté, quel secours pourra être alloué sur le crédit des Monuments historiques.

Adopté.

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. Millet, rapporteur.

Une somme de 19, 000 Francs a déjà été allouée pour la restauration du bas-côté nord, On demande aujourd'hui 14 500 Francs pour le bas-côté méridional. Les travaux exécutés par M. Loué laissent bien à désirer, cet architecte emploie des matériaux étrangers au pays, en fait une fâcheuse application et ne porte jamais dans ses devis que des estimations insuffisantes.

M. Abadie approuve ces observations et fait observer que M. Loué est déjà mal noté comme inspecteur des édifices diocésains.

M. le président propose, pour répondre aux nombreuses demandes faites en faveur de l'église de Saint-Maixent, de voter le crédit de 14 500 Francs sous la réserve qu'il n'en sera donné avis qu'après examen par M. [Émile] Boeswillwald des travaux exécutés.

Cette proposition est adoptée.

Église de Curzon (Vendée)

Cet édifice, classé en 1868 au nombre des Monuments historiques sur la proposition de M. Viollet-le-Duc, a été déclassé par erreur dans une des dernières séances. Il renferme une crypte intéressante et son plan présente une singularité qui semblerait indiquer que le constructeur saisi d'une sorte de repentir dans le cours des travaux aurait voulu après coup élargir l'église. Malgré cette apparence de tâtonnements, l'ensemble produit un effet assez heureux.

La Commission décide que l'église de Curzon sera maintenue sur la Liste des Monuments historiques. 80/15/10/109

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Cette église intéressante repose sur un rocher schisteux qui se désagrège sous l'influence des eaux pluviales et de la gelée. Pour arrêter les effets de cette dégradation qui peut compromettre la solidité de l'édifice, l'architecte du département propose d'escarper les roches jusqu'à une certaine profondeur et de les revêtir d'un rampant en maçonnerie avec parapet et chemin de ronde à la partie supérieure. Ces travaux entraîneraient une dépense de 65 000 Francs.

M. le rapporteur est d'avis qu'une opération de cette nature ne saurait être mise à la charge du crédit. Il n'est pas indispensable du reste d'entreprendre immédiatement une consolidation aussi importante : les contreforts étant déjà soutenus, il suffirait de faire des maçonneries de reprise, le rocher ne serait plus friable, une fois qu'il serait ainsi revêtu et cela permettrait d'attendre que la Commune eût réuni les fonds nécessaires pour une reprise plus complète.

M. de Cardaillac fait observer qu'il y faudra toujours faire ces travaux dans un temps plus ou moins éloigné.

M. [Émile] Boeswillwald insiste pour que l'exécution complète du projet soit ajournée. Ses contreforts ne sont pas en mauvais état, les murs de l'édifice sont assez épais et la destruction du rocher n'est pas profonde. Il y a donc lieu purement et simplement, quant à présent, de demander un nouveau devis comprenant la reprise des murs qui souffrent le plus.

Ces conclusions sont adoptées.

Palais Ducal de Nancy (Meurthe-et-Moselle)

Partie qui renfermait autrefois la grande salle d'honneur et qui était occupée en dernier lieu par la gendarmerie.

La Municipalité de Nancy ayant décidé d'abord que le mur de face de cette partie du Palais serait reculé de 2 mètres, la Commission avait refusé toute subvention. Le maire est revenu depuis sur cette affaire et a demandé si l'administration accorderait une subvention dans le cas où l'on conserverait l'ancien alignement.

M. [Émile] Boeswillwald fait observer que par une délibération postérieure à cette communication le Conseil municipal a décidé que la façade serait recollée. Il n'y a donc pas lieu de revenir sur cette question.

Mission de M. Duthoit en Algérie

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Après avoir signalé le zèle et le talent déployé par M. Duthoit dans l'accomplissement de sa mission et après avoir fait mention de la méthode découverte par cet architecte pour reconnaître les procédés de l'art arabe qui ne seraient plus que des combinaisons d'angles ou de cercles, M. le rapporteur propose d'affecter à la consolidation des restes du Minaret de Mansourah une somme de 6 000 Francs et au transport à Paris de la belle mosaïque qui décore la porte de M'Dessa Tachfinya à Tlemcen une somme de 1 500 Francs. 80/15/10/110

M. de Cardaillac demande que la mosaïque, au lieu de venir grossir le nombre de celles enfouies déjà dans des magasins à Paris, sans profit pour personne, soit conservée dans la province même et placée par exemple au musée de Tlemcen. Il suffirait à la Commission d'en posséder un dessin dans ses archives.

M. Duthoit est ensuite invité à rendre compte de sa mission et à s'expliquer sur les propositions qu'il a cru devoir soumettre à la Commission des Monuments historiques .

M. le rapporteur le prie d'exposer ses idées et ses projets afin que la Commission puisse appuyer ses demandes. Il a été déjà convenu que le Minaret de Mansourah serait soutenu par un contrefort et qu'une subvention de 6 000 Francs serait affectée à la conservation de ce monument, le seul construit en pierre qui soit en Algérie. M. Lefèvre, architecte à Tlemcen, sera chargé de faire un projet quant à la mosaïque dont le réassemblage dans le Musée de Tlemcen a été décidé.

M. Duthoit pense que la somme allouée peut-être réduite de 1 500 Francs à 1 000 Francs. Il propose ensuite de faire les monographies de quelques uns des monuments qui présentent le plus grand intérêt parmi ceux qu'il a étudiés tels que la Mosquée et le Minaret de Mansourah, la Grande Mosquée de Tlemcen qui date du XIIIe siècle, la Mosquée de Sibidou Médine et celle de Sidi el Hallong.

Sur la proposition de M. Viollet-le-Duc, la Commission autorise la préparation de deux monographies et engage M. Duthoit à s'entendre avec M. [Émile] Boeswillwald pour le côté pratique, arrangement et nombre des dessins.

Revenant à la consolidation du Minaret de Mansourah, M. Millet demande que M. Duthoit donne le détail d'exécution afin qu'il soit possible de juger si deux contreforts ne seraient pas nécessaires. Quant à la responsabilité de l'entreprise, il devrait l'accepter tout entière : pour la Commission, M. Lefèvre ne serait que l'inspecteur des travaux que M. Duthoit peut du reste diriger par correspondance.

La Commission adopte ces propositions.

Église Saint-Trophime à Arles (Bouches-du-Rhône)

Sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission décide qu'il sera donné sur l'exercice 1873 une subvention de 11 149 Francs 23 comprenant 6 181 Francs 25 montant du devis présenté par M. Révoil pour la restauration du choeur et 4 967F 98 pour couvrir la dépense supplémentaire des travaux de la nef.

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'élever de 7 200 Francs à 12 000 Francs le reliquat du crédit de 21 448 Francs voté en principe en 1872 pour divers travaux de consolidation. Les travaux exécutés ont permis de se rendre compte de la mauvaise qualité de la pierre employée dans certaines parties de la construction, il en résulte un excédent de dépense qui motive cette augmentation. 80/15/10/111 de crédit. Quant à la subvention de 8, 000 Francs que demande l'architecte pour reprise de piles et d'anneaux, M. le rapporteur pense qu'il convient d'attendre qu'une nouvelle inspection de l'amphithéâtre ait permis d'apprécier l'opportunité de ces travaux.

Ces conclusions sont adoptées.

Cloître de Vaison (Vaucluse)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

Il est fâcheux que la Commune ne puisse contribuer à l'achèvement de la restauration qui est très avancée, mais il serait préjudiciable de suspendre les travaux. 7 000 Francs sont nécessaires pour les dallages du rez-de-chaussée et pour la réparation des voûtes, il faut les accorder si l'on ne veut point que les crédits alloués antérieurement aient été dépensés en pure perte.

Adopté.

Église de Chambly (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense que le nouveau devis de 28 000 Francs présenté par M. Verdier n'est pas assez sérieux pour que la Commission doive s'y arrêter. Il a déjà fait connaître du reste la manière dont les opérations avaient été dirigées à Chambly et ne peut que proposer de demander à l'architecte, en exécution des réalisations prises par la Commission à son égard, la liquidation de l'entreprise.

Adopté.

Château de Falaise (Calvados)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Si l'architecte avait eu le soin de sonder avant de faire les premiers travaux, il n'aurait point été amené à dresser un nouveau devis par suite des découvertes faites après enlèvement des terres. Quant aux travaux portés à ce devis, ils devront être modifiés dans le sens de l'économie, les deux égouts destinés à rejeter les eaux à l'extérieur pourraient en effet être remplacés sans inconvénient par un canal ordinaire. L'utilité de la reconstruction du grand mur de refend et de la grosse pile dans la hauteur indiquée au projet n'est pas non plus suffisamment démontrée.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, décide que M. [Victor] Ruprich-Robert sera invité à refaire son devis et à en écarter toutes dépenses qui ne seraient point nécessaires.

Église de Souillac (Lot)

Le conseil de Fabrique demande l'autorisation de faire élargir la petite porte de l'église et transmet un projet dressé par un architecte du pays.

Sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis qu'il y a lieu de s'opposer à l'exécution de ce projet qui est défectueux et de charger M. Laisné d'en établir un autre, étant admis que l'élargissement de la porte soit d'une nécessité absolue.

M. le président demande que l'administration dans la lettre adressée au préfet pour donner connaissance de cette décision, fasse ressortir l'importance que la Commission attache à ce que l'exécution du travail réponde aussi complètement que possible au caractère du monument. 80/15/10/112

Château de Pierrefonds (Oise)

M. Charles Blanc rappelle à la Commission que M. le ministre, après avoir visité le château l'année dernière, avait déclaré que ce monument ressuscité au 9/10° ne pouvait être abandonné. La dépense qui résulterait de l'achèvement de la restauration est évaluée à 800 000 Francs, mais les travaux pourraient s'effectuer successivement selon leur caractère d'urgence de sorte qu'il suffirait chaque année d'un crédit relativement peu élevé.

M. Viollet-le-Duc assure que les comptes avec la Liste civile sont sur le point d'être réglés et que le château de Pierrefonds est rentré dans le domaine de l'État sans qu'aucune revendication ne soit à craindre. Au premier rang des travaux restant à faire, il signale les ravalements, clôture, planchers à terminer, le pavage de la cour nécessaire à l'écoulement des eaux et la construction des murs de soutènement du côté ouest. Le devis dressé sur la demande de M. le ministre présente du reste les travaux par ordre d'urgence, le 1er des trois chapitres qu'il comprend monte à la somme de 510 000 Francs de laquelle il serait encore possible de déduire provisoirement 90 000 Francs.

M. de Cardaillac offre de mettre à la charge du crédit des Bâtiments civils tout ce qui pourra être considéré comme dépenses d'aménagements intérieurs ou d'entetien, les travaux d'art proprement dit resteraient seuls à la charge du crédit des Monuments historiques.

La Commission acceptant cette proposition invite MM. Viollet-le-Duc et de Cardaillac à s'entendre pour régler la part contributive de chacune des deux administrations.

Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. des Vallières donne lecture d'un rapport de M. Denuelle signalant les dégradations des peintures à fresque qui décorent la voûte de l'ancienne salle du consistoire et les chapelles de Saint-Jean et de Saint-Martial.

La Commission demande que M. Achard, conservateur du musée d'Avignon, dont elle accepte avec empressement l'offre de veiller à la conservation de ces peintures, soit invité à se concerter avec M. Pascal, architecte, qui sera chargé des travaux de clôture des fenêtres.

Dans le nettoyage des peintures et la consolidation des enduits, opérations très délicates qui ne peuvent être confiées qu'à un praticien très habile, M. de Longpérier indiquera une restaurateur offrant toutes garanties et connu par des travaux analogues à ceux qui devront être exécutés au Palais des Papes. 80/15/10/113

2 avril 1873
Présidence de M. Charles Blanc, vice-président. Les membres présents sont MM. Abadie, Beulé, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Gautier, de Guilhermy, Ferdinand de Lasteyrie, de Longpérier, de La Motte, Millet, Questel, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Liste de candidats

M. le président donne lecture d'un arrêté par lequel M. le ministre décide que les nouveaux membres de la Commission devront être choisis sur une liste de présentation de trois candidats.

Bâtiment de Gaston au château de Blois (Loir-et-Cher)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Sur le crédit de 34 358 Francs accordé en 1870 à la demande de M. Duban, pour réparations indispensables et urgentes, 20 000 Francs ont été déjà employés à consolider ou renouveler en partie les charpentes des combles, à exécuter divers travaux de couverture et à restaurer les corniches, couronnements, appuis des fenêtres.

M. de La Morandière propose le rétablissement du grand escalier pour lequel 14 734 Francs seraient nécessaires et signale d'autre part le mauvais état de la toiture, pour laquelle il présente un devis montant à 16 600 Francs de travaux ayant pour objet la consolidation de charpentes et la réfection de la couverture. Une partie de la dépense pourrait être couverte par la vente des bois des planchers établis en 1837 par le Génie militaire dans les grandes salles qui occupaient la hauteur 1er et 2e étages.

M. le rapporteur pense qu'il y a tout avantage à autoriser la démolition de ces planchers, mais conclut à l'ajournement de la reconstruction de l'escalier du pavillon central jusqu'au jour où la Ville aura décidé de l'emploi des deux ailes auxquelles il donnerait accès.

La Commission adopte ces conclusions. Il résulte d'une nouvelle communication faite par M. de La Morandière que le devis de 16 600 Francs présenté par lui est tout à fait distinct de celui de 34 358 Francs sur lequel 14 358 Francs restaient à dépenser. Il y aurait donc lieu de statuer sur la suite à donner aux nouvelles propositions de l'architecte : le produit de la vente des matériaux à provenir de la suppression des planchers étant évalué à 4 000 Francs, il resterait à pourvoir à une allocation de 12 600 Francs.

Église Notre-Dame de Mantes (Seine-et-Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder 12 000 Francs sur les 34 821 Francs 97 prévus pour l'exécution des travaux portés au chapitre 4 et 5 du devis approuvé ; la Ville abandonne un terrain attenant à l'église et offre, en outre, une somme de 4 000 Francs. Il resterait à pourvoir au surplus 18, 821 Francs 97 qui pourrait être fourni par l'administration des Cultes.

Sur ce dernier point M. de La Motte fait observer 80/15/10/114 que le ministre ne saurait rien décider avant d'avoir été saisi de la question par les voies ordinaires.

M. de Guilhermy et de Cardaillac expriment le désir de voir l'affaire soumise au Conseil général dans le cours de la prochaine session, afin que la restauration de cet important édifice soit continuée et terminée le plus promptement possible.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Théâtre d'Orange (Vaucluse)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

M. Viollet-le-Duc déplore l'abandon de ce monument, l'un des plus importants parmi ceux que l'Antiquité nous a laissés car il est le seul des théâtres antiques en Europe qui ait conservé la scène.

M. [Émile] Boeswillwald propose de désigner un architecte qui serait chargé de s'occuper sérieusement de ces ruines, d'en faire un relevé exact et de prendre des mesures efficaces pour arrêter le pillage des débris abandonnés à la merci des visiteurs.

M. de Cardaillac pense que cette mission pourrait être confiée à l'architecte qui devait aller à Vienne pour l'église Saint-Pierre et le temple de Livie, M. Daumet. La Commission arriverait ainsi à obtenir un état de situation des lieux et un projet de conservation.

Cette proposition est adoptée et M. Daumet est accepté pour la direction de diverses affaires : église de Vienne, Temple de Livie et Théâtre d'Orange.

Église de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

La somme de 2 500 Francs demandée pour l'établissement d'un paratonnerre et d'une croix neuve est comprise dans le devis général des travaux approuvés et autorisés, il y a donc lieu purement et simplement d'inviter M. Verdier à se reporter à ce devis.

Église de Levroux (Indre)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, déclare que l'auteur du projet envoyé par le préfet n'est point capable de faire une restauration convenable. On pourrait s'adresser à M. de Mérindol qui s'est déjà occupé autrefois de l'église de Levroux et le charger d'établir un devis des travaux à exécuter, pour le cas où il lui conviendrait de les entreprendre et de les diriger.

Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

La Ville de Nîmes s'est décidée à consacrer une somme de 15 000 Francs à l'exécution de travaux complémentaires dont la dépense est évaluée à 61 710 Francs en trois annuités. On ne saurait en effet ajourner ces opérations indispensables et urgentes.

M. Questel observe qu'on a fait peut-être trop de neuf à l'amphithéâtre de Nîmes, l'architecte ne doit point oublier qu'il s'agit d'une ruine et que sa mission consiste à la respecter en ne sortant point des travaux de conservation et de consolidation.

M. Viollet-le-Duc reconnaît qu'en effet des parties entières ont été refaites, mais déclare qu'en raison du mode de 80/15/10/115 construction de l'amphithéâtre qui offre de grands vices, ainsi que le fait remarquer M. Charles Blanc, il n'était pas possible d'agir autrement. Dans plusieurs endroits, des lézardes s'étaient produites et menaçaient, en augmentant toujours, d'amener des accidents très sérieux, le mur extérieur était chassé au vide par la poussée des linteaux qui n'avaient plus de consistance : il devenait donc absolument nécessaire pour maintenir les parties supérieures, de reprendre les parties basses en manière de contreforts. Cependant M. Révoil n'a refait à neuf que lorsqu'il ne pouvait s'en dispenser. Le rétablissement du podium rentre bien, il est vrai, dans les travaux de luxe ; mais il faut remarquer qu'il a été exécuté aux frais de la Ville qui, tenant à la reconstruction de cette partie du monument, avait voté des ressources qu'elle n'aurait certainement pas laissé détourner de cette affectation spéciale.

M. de Longpérier demande que M. l'Inspecteur général soit chargé de surveiller l'emploi de la subvention.

M. Beulé estime que la somme de 61 000 Francs demandée pour travaux de préservation est bien forte. Il faudrait avant de l'accorder, se rendre bien compte de l'opportunité et ne pas s'engager, sans avoir exercé un contrôle sérieux, car lorsque la subvention sera votée, il deviendra difficile de retenir M. Révoil.

M. de Cardaillac n'est point surpris de voir une si grande dépense prévue pour travaux de dallage, car la surface à protéger est très vaste, toutefois il est d'avis que la plus grande réserve soit recommandée à l'architecte.

Appuyant cette dernière observation M. de Guilhermy demande qu'il soit bien spécifié que le crédit accordé ne devra être employé que pour travaux de conservation dont la nécessité aura été bien reconnue.

Les conclusions du rapport sont adoptées sous la réserve des observations qui précèdent.

Maison carrée à Nîmes (Gard)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'inviter M. Révoil à étudier plus à fond l'état des constructions et à établir un devis détaillé des travaux urgents de consolidation, auquel devra être joint un projet de réfection de la charpente avec indication d'un mode d'aération dans le cas où la charpente actuelle ne serait pas susceptible d'être réparée.

L'avis de M. le rapporteur est qu'il ne sera pas nécessaire de démolir la charpente, qu'il y aura lieu seulement de remplacer quelques pièces de bois pourries ; il sera facile du reste de s'en assurer en découvrant une partie du comble.

M. de Longpérier appelle l'attention sur le système de couverture indiqué par l'architecte. L'emploi de tuiles en style antique et d'autres fixes de fantaisie qui ne seraient 80/15/10/116 point de l'âge du monument, doit être écarté. La toiture actuelle est préférable, car, se séparant absolument de l'édifice, elle n'a aucune prétention à être du temps.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Cathédrale de Senlis (Oise)

La Ville de Senlis demande une somme de 16.500 Francs pour la construction d'une galerie devant couronner la sacristie de l'église.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, ne s'oppose point à l'exécution du projet dressé par M. Duthoit sur l'invitation de l'autorité municipale, mais déclare que, les balustrades n'étant pas nécessaires, il n'y a point lieu de donner 6 000 Francs qui peuvent être employés plus utilement. Si la Ville tient à cet établissement, qu'elle le fasse exécuter à ses frais.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle de Vincennes (Seine)

Sur le rapport de MM. Abadie, [Émile] Boeswillwald et Viollet-le-Duc, la Commission approuve la nouvelle soumission du peintre verrier M. Oudinot.

Église de Cléry (Loiret)

M. Millet, rapporteur, propose d'accorder la subvention de 30 600 Francs demandée. Cette grande église froide et insignifiante ne valait certainement pas les 120 000 Francs qui ont été dépensés pour sa restauration, mais puisqu'on a commencé, il faut finir. Les travaux de clôture dont il s'agit sont de première urgence, car ils sont destinés à garantir les réparations déjà faites et à empêcher que les sommes allouées par les administrations des Cultes et des Monuments historiques aient été dépensées en pure perte.

M. Lisch avait cru d'abord, en établissant son devis, qu'il serait possible de conserver une partie des meneaux des croisées, mais il a reconnu depuis qu'il était nécessaire de les rétablir entièrement, tant ils étaient ruinés et brisés.

MM.de La Motte et de Soubeyran pensent que la Commune, puisqu'elle est parvenue à rassembler par souscription près de 60 000 Francs pour l'élévation d'un autel et l'acquisition de verrières, pourrait bien aussi trouver des ressources qui lui permissent de contribuer à l'exécution de travaux indispensables.

La Commission devrait attendre que 10 000 Francs au moins eussent été réunis pour aviser de concert avec l'administration des Cultes au moyen de couvrir la dépense prévue par l'architecte. Cette proposition est adoptée.

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

M. Millet déclare que le projet soumis est insuffisant pour continuer la restauration commencée autrefois par M. Laval. Il y aurait lieu du reste, avant de rien décider, d'inviter la Commune à dégager le monument des constructions qui l'enserrent, ce qui n'empêcherait point cependant de désigner un architecte, M. Esquié, par exemple, qui serait chargé de tenir l'administration au courant de ce qui a été fait et de ce qu'on pourrait faire.

Adopté. 80/15/10/117

Église de Saint-Antoine (Isère)

M. Questel, rapporteur, propose d'autoriser l'exécution des travaux énumérés dans les deux premiers chapitres du devis de M. Laisné qui évalue la dépense à la somme de 20 000 Francs. La Commune offre 5 000 Francs. Le département et l'administration des Cultes pourraient chacun donner pareille somme, le surplus serait alloué sur le crédit des Monuments historiques.

Le département de l'Isère ne possède que deux grandes églises, celle de Vienne et celle de Saint-Antoine, Commune dont l'importance est loin d'être en rapport avec celle de l'édifice en question. Il ne s'agit point du reste de restaurer, mais seulement de conserver. Rétablissement des terrasses, réfection des parties de la couverture qui sont dégradées, et réparations des gargouilles auxquelles on pourrait substituer des tuyaux de descente, tels sont les travaux à effectuer.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église d'Eu (Seine-Inférieure)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'accorder, en 4 annuités, la somme de 160 000 Francs demandée pour l'achèvement des travaux de la nef.

M. de Cardaillac regrette qu'on se soit engagé dans cette entreprise qui a grevé et grèvera lourdement encore pendant plusieurs années le budget des Monuments historiques, mais reconnaît qu'il est trop tard aujourd'hui pour s'arrêter.

La Commission approuvant les conclusions du rapport demande que 40 000 Francs soient réservés sur l'exercice 1873.

Château de Semur (Côte-d'Or)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, déclare qu'il est nécessaire et urgent de consolider les deux tours dite de l'Ouche d'Or et de la Halle. Il y aurait lieu, en conséquence, d'accorder le secours de 2 672 Francs 68 demandé pour l'exécution des travaux qui pourraient être confiés à M. Grosley, ancien inspecteur des ouvrages entrepris à Semur par la Commission des Monuments historiques .

Démission de M. Verdier

Continuation des travaux de restauration entrepris par cet architecte.

MM. Hérard, Duthoit, Selmersheim et Queyron sont présentés.

La Commission règle la répartition ainsi qu'il suit :

M. Selmersheim,

Église de Noyon et de Saint-Leu-d'Esserent.

M. Hérard, Église de Champagne et de Chambly.

M. Duthoit, Église de Magneville et de Saint-Martin-aux-Bois.

Église de Chauvigny (Vienne)

M. de La Motte, au nom du Comité des édifices diocésains, demande que l'église ne soit point engagée dans les constructions nouvelles et que le projet de sacristie ne soit approuvé qu'à cette condition.

Adopté. 80/15/10/118

Peintures du Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

Communications de M. Denuelle.

M. Achard, conservateur du Musée d'Avignon, s'est empressé de répondre à la confiance que la Commission lui a témoignée, en se remettant immédiatement en rapport avec l'architecte désigné, M. Pascal, à l'effet de prendre sans retard des mesures provisoires pour protéger la chapelle exposée à toutes les intempéries jusqu'à ce qu'un parti définitif ait été arrêté.

Après avoir donné connaissance de ce fait, M. Denuelle expose le procédé qui lui semble devoir être employé pour consolider les peintures. Il s'agirait de détacher au moyen d'un papier ou d'une toile légère les parties qui menacent de tomber pour les rétablir ensuite à la place qu'elles doivent occuper. Cette opération est très délicate, aussi M. Achard n'a-t-il pas voulu s'en charger avant que M. Viollet-le-Duc ait décidé, après examen des peintures, si elle pouvait s'effectuer sans danger.

M. Denuelle appelle ensuite l'attention sur l'existence de latrines établies autrefois au rez-de-chaussée de la tour dans laquelle se trouvent les chapelles de Saint-Jean et de Saint-Martial et qui, bien que condamnées, laissent échapper des gaz délétères pouvant contribuer à l'altération des peintures.

La Commission demande que l'administration se concerte avec le ministère de la Guerre pour assurer la suppression définitive de cette fosse d'aisances.

Au sujet des relevés des peintures qui décorent la chapelle de Saint-Martial et la salle du Consistoire, la Commission est d'avis qu'il serait surabondant d'accompagner chaque détail d'une reproduction complète des nervures avec encadrement peint, il suffira de donner une amorce de l'ornementation des formerets. Quant aux dessins d'ensemble destinés à indiquer la place de chaque détail, établi à une échelle de 0m 04 par mètre, ils devront être exécutés au trait simplement ; dans de si petites propositions, l'exécution en couleur ne pourrait donner qu'une idée imparfaite de la tonalité générale. Les morceaux intéressants de l'ornementation pourront être réunis sur une planche spéciale.

M. Denuelle émet l'opinion que les peintures d'Avignon sont dues à quatre maîtres différents et présente à l'appui de cette assertion les calques de têtes qui lui paraissent accuser bien nettement cette distinction par des caractères particuliers. Ces calques sont jugés assez intéressants pour prendre place dans les archives de la Commission.

M. de Longpérier, revenant à la question des moyens à employer pour fixer les enduits qui portent les peintures du Palais des Papes, déclare qu'il serait dangereux d'appliquer le même procédé qu'à des peintures sur toile. On pourrait arriver au même résultat sans les détacher, ainsi que cela a été fait pour les peintures de la collection Campana par 80/15/10/119 un restaurateur habile auquel il serait utile de s'adresser dans cette circonstance.

M. Charles Blanc signale l'intérêt qu'offrirait la publication des relevés de M. Denuelle dans la nouvelle série de la collection des Archives.

Acquisitions de dessins

La Commission accepte 6 dessins de M. Duthoit sur l'église de Senlis, estimés au prix de mille francs, et 6 feuilles, estimées au prix de 500 Francs, représentant les clochers de Conflans-Sainte-Honorine, d'Athies, d'Auteuil, d'Étampes et de Nogent-sur-Marne, par M. Selmersheim. Ce dernier sera chargé de visiter l'église de Conflans et d'en faire connaître la situation. 80/15/10/120

12 avril 1873
M. Vitet préside la séance à laquelle assistent MM. Charles Blanc, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Gautier, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de La Motte, de Longpérier, Millet, Questel, Quicherat, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Quelques observations sont faites sur le procès-verbal de la séance du 2 avril :

M. le président demande qu'il soit fait mention de la lecture de la lettre par laquelle il exposait les motifs qui l'empêchaient d'assister à la séance.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

Au sujet du château de Blois, M. le président fait observer que, si la Commission a le droit d'autoriser la démolition des planchers, elle ne saurait aller plus loin, c'est-à-dire admettre la vente des bois sans provoquer une réclamation de l'administration des Domaines. La seule chose possible serait le réemploi de ces matériaux dans les travaux de restauration du château.

Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

M. Questel déclare qu'il n'a entendu formuler aucun blâme contre l'architecte chargé des travaux de l'amphithéâtre de Nîmes. Il n'a pas fait un reproche, mais une simple observation.

Peintures murales du Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. de Longpérier explique les raisons qui l'ont porté à demander que le procédé en usage pour le rentoilage des peintures à l'huile ne soit pas employé pour les peintures murales du Palais des Papes. L'emploi de ces moyens lui faisait craindre que le lavage, nécessaire pour détacher le papier ou la toile appliqués sur les peintures, ne produisit une altération de la couleur.

Le procès-verbal de la séance du 2 avril 1873 est adopté sous la réserve des rectifications demandées. M. de Lasteyrie s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance.

Église de Saint-Marcel (Indre)

M. Laisné, rapporteur.

La nouvelle allocation demandée s'élevant à 23.284 Francs 55 s'applique à des travaux qui présentent un grand caractère d'urgence. La Commune et la Fabrique offrant 9.700 Francs, il y aurait lieu d'accorder le surplus, soit 14.000 Francs.

M. de Cardaillac propose de donner seulement 8.000 Francs qui, joints aux ressources déjà réunies, permettraient de commencer les travaux sans aucun retard et d'attendre que le Conseil général, saisi de la question, rendit possible l'intervention de l'administration des Cultes.

La Commission approuve cette mesure et décide que l'architecte sera invité à refaire la couverture du clocher en bardeaux de chêne plutôt qu'en ardoises. 80/15/10/121

Abbaye de Saint-Jean-des-Vignes à Soissons (Aisne)

M. Laisné, rapporteur.

L'importance des dégâts causés par l'artillerie prussienne nécessite l'allocation d'un nouveau crédit pour quelques ouvrages indispensables qui restent à exécuter. Toute la partie supérieure a été réparée. Il y aurait maintenant à faire des reprises à la façade au-dessous du clocher, à rétablir les claveaux et meneaux des fenêtres et de la grande rosace centrale, enfin à consolider les trois porches. L'architecte évalue la dépense à 20 000 Francs. La Ville offre 1000 Francs.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, propose d'accorder 19 000 Francs.

Église d'Essômes-sur-Marne (Aisne)

M. Laisné, rapporteur.

L'architecte demande une nouvelle subvention égale à celle accordée en 1872 pour terminer la restauration des deux travées du bas collatéral sud. M. le rapporteur est d'avis que, en considération de l'intérêt de l'édifice et de l'urgence des travaux qui restent à entreprendre, il y aurait lieu d'approuver la nouvelle demande de M. Maurice Ouradou. Les échafauds établis pour la reconstruction des contreforts serviraient aux réparations de la partie supérieure.

La Commission, adoptant ces conclusions, consent à ce qu'une somme de 6 000 Francs soit accordée sur l'exercice 1873 à la condition que la Commune contribuera pour 2 000 Francs et que le surplus pourra être fourni par l'administration des Cultes.

Église Saint-Vincent à Senlis (Oise)

La Commission, adoptant les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald, décide qu'il y a lieu de laisser à la charge du propriétaire des bâtiments de l'ancienne abbaye, occupés aujourd'hui par un pensionnat, les réparations de dégâts qui proviennent presque tous d'un défaut d'entretien.

Église de Luz (Hautes-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

La Commission demande l'autorisation de faire exécuter divers travaux intérieurs ayant pour but l'agrandissement de l'église devenue insuffisante pour la population. L'administration municipale désirerait en outre être autorisée à ouvrir deux fenêtres jumelles dans le mur nord-ouest et à agrandir la fenêtre de la 1ère tribune. La Commune a déjà réuni une partie des fonds nécessaires pour couvrir la dépense, le surplus pourrait être accordé sur le crédit des Cultes.

La Commission des Monuments historiques ne s'oppose point à l'exécution des travaux ; mais charge M. l'Inspecteur général de surveiller le placement des fenêtres qui devra s'opérer d'après ses indications.

Chapelle du Château de Vincennes (Seine)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de réduire au chiffre de 338 921 Francs le devis de 380 000 Francs présenté par M. de Baudot pour l'achèvement de la restauration et d'accorder, sur l'exercice 1873, en dehors des 36 000 Francs votés pour les vitraux, une somme de 50 000 Francs. 80/15/10/122

La Commission, estimant qu'il est possible de tenir le chantier ouvert avec un crédit de 60 000 Francs appliqué à l'ensemble des travaux y compris les vitraux, adopte les propositions du rapport jusqu'à concurrence de cette somme.

Église de Saint-Gengoult à Toul (Meurthe-et-Moselle)

Le devis montant à 51 721 Francs comprend une dépense de 16 441 Francs 60 pour réparation des dégâts causés à l'édifice par le bombardement et pour réfection des combles des bas-côtés.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder un secours de 12 198 Francs réparti sur deux exercices. Le surplus relatif à la réfection des combles, rentrant dans la catégorie des travaux d'entretien, pourrait être donné par l'administration des Cultes.

M. le président trouve que la distinction entre les travaux de restauration et ceux d'entretien n'est pas assez caractérisée et propose de limiter à 10 000 Francs la contribution des Monuments historiques. La Ville s'adresserait au Conseil général pour obtenir le complément sur le budget des Cultes.

M. de La Motte fait observer qu'il lui est bien difficile de disposer de fortes sommes, à raison du grand nombre de Communes qui sollicitent des secours.

La Commission conclut à l'allocation d'une subvention de 10 000 Francs sur le crédit.

Église de Mouzon (Ardennes)

Une dépense de 222 000 Francs est jugée nécessaire pour terminer la restauration de ce monument. Il suffirait, quant à présent, d'autoriser la continuation des travaux jusqu'à concurrence d'une somme de 90 000 Francs.

La Ville ayant voté 30 000 Francs, M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder 60 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques en 2 annuités.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Château de Pierrefonds (Oise)

Les travaux ont été divisés en deux parts : pour les Monuments historiques les travaux qui offrent plus particulièrement un caractère d'art (ravalements intérieurs et extérieurs, balustrades, etc...), pour les bâtiments civils, l'achèvement proprement dit du monument (pavages, planchers, fenêtres, etc..).

M. le président demande s'il est bien certain qu'aucune revendication ne soit à craindre de la part de la Liste civile.

MM. Viollet-le-Duc et de Cardaillac donnent l'assurance que les questions sont aujourd'hui bien définitivement réglées. Il n'y a plus qu'une parcelle de terrain d'une valeur d'environ 600 Francs se trouvant du reste en dehors du château, dont la situation n'ait point été fixée.

Le 1er chapitre montant à 510 000 Francs est ainsi réparti :

Bâtiments civils : 310 000 Francs,

Monuments historiques : 200 000 Francs.

M. de Cardaillac demande que dans chaque article les deux administrations se suivent. Il estime qu'en 1873 le concours des Bâtiments civils pourra être de 50 000 Francs. 80/15/10/123

La Commission propose d'accorder 15 000 Francs sur l'exercice 1873.

Église de Berthaucourt-les-Dames (Somme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, est d'avis qu'il y a lieu de s'en rapporter à M. Duthoit pour la conservation des restes de cet édifice et de faire transporter au Musée d'Amiens, les chapiteaux enlevés il y a quelques années et livrés depuis à l'abandon. Quant à la reconstruction des parties détruites, entreprise tout à fait nouvelle, la Commission des Monuments historiques n'a point à intervenir.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Mailly (Somme)

Sur le rapport de M. Viollet-le-Duc, la Commission décide qu'aucune suite ne sera donnée à la demande formée pour cette église d'un intérêt médiocre et classé à tort parmi les Monuments historiques.

Église Notre-Dame de Cléry (Loiret)

M. Millet donne lecture d'une lettre dans laquelle M. Lisch signale l'exécution de fouilles faites dans l'intérieur de l'église au milieu même des échafauds établis par ses soins et s'étonne autant de la singularité du procédé que de la façon irrégulière dont les recherches ont été opérées, puisqu'il n'a été établi ni plan, ni relevé.

La Commission demande que le préfet soit immédiatement invité à faire suspendre toute espèce de fouilles.

Contrôle des travaux des Monuments historiques

M. Viollet-le-Duc expose un projet ayant pour but d'établir un contrôle des travaux des Monuments historiques. La Commission avait pensé autrefois à faire exercer un contrôle, mais rien n'avait été arrêté et ce n'est que dans quelques circonstances graves seulement qu'un contrôleur fut nommé. Or, il serait bon que l'administration prît enfin le parti d'avoir près d'elle quelqu'un dont l'action pourrait s'exercer toutes les fois que cela serait jugé nécessaire et qui recevrait non pas un traitement fixe, mais une rémunération proportionnelle ayant pour base les vérifications qui seraient faites.

M. de Cardaillac croit qu'il serait préférable de donner un traitement fixe. Le contrôleur serait alors, non pas simplement un vérificateur chargé de révisions spéciales, mais un employé de l'administration qui, chargé d'examiner les devis et les mémoires, ne manquerait certes pas d'occupation.

M. Viollet-le-Duc répond qu'un emploi, indispensable aux Bâtiments civils, n'est pas absolument nécessaire aux Monuments historiques en ce sens qu'ici la vérification n'existe pas à proprement parler. A Paris, c'est l'entrepreneur lui-même qui fait son mémoire et qui l'établit en prévision de la réduction qu'il doit subir par suite de l'examen du vérificateur ; mais en province, les mémoires, devant être faits sur le même modèle pour toute la France, sont établis non par l'entrepreneur, mais par l'architecte ou par son inspecteur et se présentent ainsi tels qu'ils doivent être réglés et acceptés sans aucune modification. 80/15/10/124

L'administration n'a donc qu'à s'assurer si l'architecte est éclairé et n'a d'examen à provoquer que dans les cas où il y a contestations et devis dépassés ou non exécutés. Les travaux faits en province avec le concours des Communes sont en général de trop peu d'importance pour nécessiter l'organisation d'un service de contrôle permanent et embrassant tout.

M. Charles Blanc insiste pour la nomination d'un contrôleur attaché à l'administration faisant partie des bureaux ; il serait convenable, en effet, que le fonctionnaire qui provoque les mesures à prendre en matière financière fût éclairé par quelqu'un et qu'il pût obtenir à volonté sur le devis qu'il est appelé à soumettre au ministre des éclaircissements assez précis pour justifier ensuite de leur parfait établissement.

M. le président pense que la mission du contrôleur devrait être d'abord d'examiner les devis puis, après achèvement des travaux, de contrôler les règlements de certains architectes lorsque cela serait nécessaire. Mais pour ne point avoir un nom de plus sur les listes du personnel, il faudrait choisir une personne compétente qui recevrait des honoraires dont le taux serait calculé proportionnellement d'après le chiffre des comptes qu'il aurait à vérifier.

La Commission décide que M. Gautier, qui exerce déjà des fonctions analogues pour la comptabilité des lycées, sera délégué chaque fois qu'il y aura nécessité de vérifier des travaux et demande qu'un projet d'arrêté soit présenté à M. le ministre afin de donner à l'institution de ce contrôle un caractère sérieux et obligatoire.

Église de Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise)

Communication de M. Millet.

Ce monument qui, bien que n'étant pas classé, présentait certaines parties intéressantes, est aujourd'hui entièrement perdu par suite des travaux que le curé a fait exécuter. Il existait dans la nef une disposition assez rare de croisées au-dessus des points d'appui qui se trouve aujourd'hui masquée par des colonnettes en plâtre. On a renversé un tombeau remarquable dont la statue a été dressée contre le mur et dont le soubassement a été jeté aux gravats. M. Selmersheim avait été désigné à la dernière séance pour faire connaître la situation, mais c'est un monument dont il n'y a plus à s'occuper désormais, seulement il faudrait écrire au préfet pour se plaindre que des faits aussi déplorables puissent ainsi se produire librement.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. [Émile] Boeswillwald annonce l'envoi prochain d'un travail graphique de M. Corroyer, qui va en outre présenter un devis.

M. l'Inspecteur général a pu constater à son dernier voyage que certaines parties de l'enceinte périclitaient sans toutefois qu'il y eût danger immédiat, pour l'abbaye il n'y a pas urgence. Le cloître a été remanié de sorte qu'il n'y a plus rien à faire, mais l'église est en très bon état. 80/15/10/125

16 mai 1873
En l'absence de M. Vitet, M. de Longpérier est prié de présider la séance à laquelle assistent MM. Beulé, [Émile] Boeswillwald, Gautier, de Guilhermy, Laisné, de La Motte, de Lasteyrie, Millet, Questel, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 12 avril est lu et adopté.
Église de Cruas (Ardèche)

La Fabrique demande un secours de 600 Francs pour l'établissement d'une grille destinée à protéger la face nord de l'église et à empêcher les enfants de monter sur la toiture qui n'est plus qu'à 1 m 80 au-dessus du sol.

M. Questel, rapporteur, propose de rejeter la demande de secours, la dépense évaluée à 1250 Francs devant rester tout entière à la charge de l'administration locale puisqu'il s'agit de travaux n'intéressant pas directement l'édifice. Le projet soumis à la Commission laisse du reste beaucoup à désirer et il y aurait lieu d'inviter la Commune à faire faire une nouvelle réserve.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Souvigny (Allier)

M. Millet, rapporteur.

Le devis des travaux urgents s'élève à la somme de 74 908 Francs 76 dans laquelle les ouvrages de première urgence sont compris pour 47 983 Francs 24. Il s'agirait tout d'abord de refaire les combles des bas-côtés, d'établir des chenaux aux combles supérieurs pour empêcher la chute des tuiles sur les parties basses, de reconstruire en sous-oeuvre un pilier du bas-côté sud et de remplacer totalement un dallage qui se trouve entre les 2 transepts.

M le rapporteur est d'avis que les travaux de la 1ère catégorie soient autorisés pour remédier à l'insuffisance des pentes de la toiture des collatéraux, il sera nécessaire de boucher les fenêtres du XVe siècle qui offrent peu d'intérêt d'ailleurs et qui ont déjà été condamnées lors d'un premier essai d'exhaussement des couvertures. La nef de cette église ne présente aujourd'hui aucune valeur ; cependant il paraît convenable d'agir en vue de la conservation des détails précieux que renferme l'édifice qui, à ce point de vue, est un vrai musée.

M. Viollet-le-Duc pense que le monument doit être abandonné, si on ne peut disposer de sommes assez importantes pour tout faire. Quant au projet de M. Selmersheim, il lui semble bien conçu et digne d'être approuvé dans le cas où la Commission se déciderait à faire des sacrifices pour la restauration d'un édifice qui n'offre d'intérêt que par ce qu'il contient.

M. Millet croit qu'avec une dépense de 80/15/10/126 50 000 Francs tous les 15 ans on arriverait à empêcher l'église de tomber. La Commune est pauvre et impuissante à faire ce que réclame l'état de ce vaste monument, cependant il paraît probable qu'elle donnerait 5.000 Francs.

M. de La Motte offre d'assurer le concours de l'administration des Cultes pour un secours de 5.000 Francs, qui joint à la contribution locale et à une allocation de 15 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, permettrait sans doute d'entreprendre les travaux les plus urgents et de réparer les parties les plus malades.

M. de Longpérier demande qu'avant d'allouer cette subvention de 15 000 Francs on consulte l'architecte sur l'emploi qui sera fait des fonds mis à sa disposition afin qu'on soit bien sûr qu'il y aura des ressources suffisantes pour exécuter des travaux utiles et que l'argent accordé ne sera pas infructueusement dépensé.

La Commission propose de réserver 15 000 Francs sur deux exercices à la condition toutefois, que la Commune de Souvigny contribuera pour une somme égale à celle offerte par l'administration des Cultes.

[Église de Saint-Menoux (Allier)]

M. Selmersheim est invité à prendre des mesures pour arrêter la destruction d'une inscription de 1774 ainsi que deux autres épitaphes qui se trouvent dans l'église de Saint-Menoux et dont M. Barbier de Montault, correspondant du ministère de l'Instruction publique, signale le déplacement.

Monuments romains d'Autun (Saône-et-Loire)

Sur le rapport de M. Millet, la Commission demande que M. Daumet, soit envoyé à Autun pour constater les faits signalés par M. Bulliot, correspondant du ministère de l'Instruction publique, et pour dresser un état de situation des monuments romains de cette ville.

Hôtel de ville de Compiègne (Oise)

M. Lafollye, architecte, chargé de visiter le monument et de faire connaître la nature et l'importance des travaux à exécuter, évalue la dépense à 60 000 Francs.

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose de charger cet architecte d'établir un devis complet et détaillé. La Ville de Compiègne qui a déjà beaucoup dépensé pour la restauration du monument se trouve aujourd'hui un peu à bout de ressources et aurait besoin qu'on lui vienne en aide, car l'édifice mérite qu'on s'intéresse à sa conservation. Il est un des rares hôtels de ville complets que nous possédions en France. Il serait donc convenable que dans cette circonstance l'administration prit l'initiative.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Porte des Tours à Domme (Dordogne)

Sur le rapport de M. Viollet-le-Duc, la Commission admet le classement de cet édifice militaire de la fin du XIIIe siècle.

Porte de Paris à Lille (Nord)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose de prendre en considération la demande de classement formée par la 80/15/10/127 Société des architectes du département du Nord, dans le but de mettre obstacle à tout pojet de démolition de cette porte.

M. le président appuie cette proposition, qui aura pour effet d'affirmer la résolution prise par la Commission de réagir contre l'esprit de destruction des anciennes portes qui agite les Municipalités.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Notre-Dame-du-Port à Clermont (Puy-de-Dôme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Le conseil de Fabrique demande un secours qui l'aide à refaire la couverture du clocher. Il y a peu de temps que ce clocher a été refait déjà et couvert au plomb, mais les travaux ont été si mal exécutés que les charpentes sont aujourd'hui complètement pourries. L'administration des Monuments historiques ne peut s'associer à la réparation des parties ainsi maltraitées et contribuer à des dépenses qui d'ailleurs sont de pur entretien.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne)

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

La Commune ayant déjà réuni 27 000 Francs a cru pouvoir commencer les travaux sans attendre que le devis fût approuvé. Or, d'un rapport adressé à M. [Émile] Boeswillwald par M. Gautier, inspecteur à Laon, il résulte que ces travaux sont déplorables et qu'il est urgent de les arrêter.

La Commission, adoptant cette proposition, demande que M. Gautier soit chargé de s'occuper de cette affaire et d'adresser un rapport complet sur la situation du monument. M. [Émile] Boeswillwald pourrait au besoin l'aider de ses conseils.

Mission de M. du Cleuziou pour l'étude des monuments celtiques du Morbihan.

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

Il est donné lecture du rapport.

M. de Longpérier reconnaît que M. du Cleuziou est actif et ardent, mais ses dessins, ses descriptions et ses commentaires laissent à désirer sous le rapport de la critique.

M. Viollet-le-Duc recommande les travaux de cet archéologue. Il s'agit des relever des monuments à la conservation desquels il faut veiller sérieusement pour en arrêter la destruction. Les dessins de M. du Cleuziou et les descriptions qui les complètent pourront servir à cataloguer les pierres offrant de l'intérêt et à guider le photographe qui voudrait se charger de les reproduire. L'action de la Commission s'exercerait alors d'une manière plus efficace, car, grâce au répertoire qu'elle aurait entre les mains, elle pourrait désigner spécialement aux autorités locales les pierres qu'elles devraient s'attacher à protéger contre les nombreuses causes de ruine qui les menacent. M. du Cleuziou pense que 4000 Francs lui suffiraient pour continuer ses explorations. La Commission des Monuments historiques pourrait offrir 2000 Francs dans le cas où une somme égale serait donnée par le ministère de l'Instruction publique ; les dessins et notes explicatives seraient acquis pour ses archives.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/10/128

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, déclare que les travaux de restauration du collatéral nord ont été exécutés d'une manière satisfaisante, mais craint qu'il n'en soit pas de même pour ceux du collatéral sud, si on les autorise avant la réparation qu'il est indispensable d'entreprendre à la corniche du couronnement de la nef qui est dans un état pitoyable, aux arcs-boutant dont les claveaux s'échappent. En faisant ces derniers ouvrages après coups on s'exposerait à détruire ou endommager fortement la couverture même du collatéral. Il faudrait donc inviter l'architecte à s'occuper d'abord de la restauration des parties supérieures de la nef et à se borner pour le moment à prendre quelques mesures provisoires pour empêcher les infiltrations du comble du collatéral.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Bressuire (Deux-Sèvres)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'il faut s'opposer au déclassement demandé par le préfet. Cette église est en effet très intéressante ; on y remarque une nef sans bas côté du XIIe siècle, un choeur du XVe siècle, une belle porte sculptée en pierre tendre à la face latérale sud, un clocher du XIIe siècle monté en belle renaissance et un porche principal qui se distinguait par deux rangs de voussoirs sculptés très finement, mais dont il ne reste malheureusement que quelques traces. Les travaux à exécuter consistent simplement dans la réparation des grandes fenêtres, il y aurait donc lieu d'inviter le préfet à faire connaître pourquoi les autorités locales demandent le déclassement du monument.

Adopté.

Église Saint-Laon de Thouars (Deux-Sèvres)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

Le projet de restauration dressé par M. Loué est défectueux et inacceptable. Les états actuels ne sont pas sincères ; la dépense relative au clocher peut-être réduite de moitié, et la transformation en façade romane d'une façade du XVe siècle ne saurait être admise. Cette façade qui répond à la nef est du reste au bon état et doit être conservée ; les rampants seuls qui sont en ruine pourraient être dérasés sans inconvénient. La Municipalité paraît d'accord avec l'architecte pour assainir le côté Sud en abaissant le sol ; mais il faudrait un projet mieux étudié avec indication des pentes et nivellements.

Église de Saint-Généroux (Deux-Sèvres)

La Commission propose d'en confier la réparation à M. Lisch qui serait également chargé de la restauration de l'église de Saint-Généroux. Pour ce monument dont le plan primitif était une seule nef avec transepts, beaucoup plus bas que l'église, qui ont été refaits au XIIe siècle, M. Loué après avoir fait établir d'urgence sur la façade nord des étaiements complètement inutiles, car ils ne soutiennent même pas les parties en souffrance, 80/15/10/129 a proposé une restauration qui ne peut-être approuvée, car elle aurait pour effet de supprimer tout ce qui reste de la disposition ancienne.

Église de Tréguier (Côtes-du-Nord)

La Commission, adoptant les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald, estime qu'il y aura lieu d'aider la Commune de Tréguier à dégager l'abside des maisons qui y sont adossées, lorsque les prix d'acquisition et le montant de la construction locale seront connus.

Église de Saint-Désiré (Allier)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense que la dépense de 21 000 Francs prévue pour la reconstruction du clocher peut-être réduite. Le projet présenté par M. Darcy n'est pas encore assez simple, il y aurait tout avantage à rapprocher ce clocher du style sobre de la nef en supprimant les balcons, la double fenêtre et les grandes lucarnes ornées.

La Commission demande que M. Darcy soit invité à établir un nouveau projet dans le sens des simplifications indiquées par M. le rapporteur, .

Château de Falaise (Calvados)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

M. Ruprich-Robert, invité à supprimer de son devis toute dépense qui ne serait pas absolument nécessaire, s'est rendu aux observations qui lui ont été faites et a réduit le chapitre 1er de 9, 140 Francs. Il y aurait lieu en conséquence d'approuver l'ensemble du devis, d'autoriser l'exécution des travaux de la 1ère catégorie et d'allouer sur les 21 223 Francs demandés une somme de 10 000 Francs, sauf à compléter si la Ville ne pouvait parfaire le montant de la dépense.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Langogne (Lozère)

Sur la proposition de M. Laisné, la Commission décide que cet édifice, déclassé à tort, sera de nouveau compris au nombre des Monuments historiques.

La sous-commission chargée de la révision de la Liste des Monuments historiques fixe au jeudi 29 mai sa première réunion préparatoire. 80/15/10/130

26 juin 1873
Présidence de M. Charles Blanc, vice-président. Sont présents à la séance : MM. de Cardaillac, Gautier, de Guilhermy, Laisné, de La Motte, de Lasteyrie, de Longpérier, Millet, Quicherat, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 16 mai est lu et adopté.
Décès de M. Vitet

La Commission s'associe à l'unanimité aux regrets exprimés au sujet de la mort de M. Vitet, qui fût le dernier des membres de la Commission primitive et qui par la convenance, le tact et le goût avec lesquels il remplissait ses fonctions de président avait su se concilier les sympathies de tous.

Liste de candidats

M. Charles Blanc propose de lui choisir un successeur et de désigner en même temps deux nouveaux membres pour remplacer MM. Duban et Vaudoyer. Deux noms ont déjà été mis en avant pour la présidence, ceux de MM. Waddington et de Longpérier : peut-être y aurait-il avantage à nommer président un homme politique qui pourrait au besoin défendre le service des Monuments historiques devant l'Assemblée ? Comme membres nouveaux, M. Charles Blanc propose MM. Bailly et Denuelle.

M. de Longpérier croit qu'il serait très important pour la Commission d'avoir à sa tête un homme prépondérant et qu'il conviendrait de confier la présidence à un député ayant une certaine connaissance des monuments du Moyen Âge et des monuments antiques. On pourrait, par exemple, rappeler dans la Commission un homme qui en a déjà fait partie M. de Malleville, ou bien proposer M. Henri Martin qui connaît très bien une certaine catégorie de monuments et qui s'intéresse si vivement à tout ce qui concerne la France et son histoire.

M. Viollet-le-Duc trouve excellente cette proposition qui serait appuyée par la notoriété publique. La nomination de M. Henri Martin n'étonnerait personne.

M. Charles Blanc fera part au ministre de la désignation officieuse faite par la Commission.

A une observation faite par M. de Longpérier sur la décision nouvelle nécessite, qui remet au président le soin [sic] M. le directeur des Beaux-arts répond qu'il faut prendre l'esprit de la lettre de l'arrêté du 27 mars 1873. En somme, le président n'agit qu'au nom de la Commission 80/15/10/131 dont il résume les voeux.

M. de Longpérier fait connaître que M. Vitet avait l'intention d'ajouter aux deux noms proposés, celui de M. François Lenormant. Le nombre des membres de la Commission n'étant pas limité et les fonctions étant gratuites, rien n'empêcherait d'en nommer trois.

M. Quicherat fait observer que le nom de M. Lenormant soulève des difficultés et la Commission s'associe à cette observation. Il s'agit aujourd'hui de remplacer deux architectes et il importe de fortifier la partie de la Commission qui s'occupe des affaires d'une façon technique. S'il y avait lieu de nommer trois membres nouveaux, il serait préférable de choisir un architecte.

Résumant la discussion, M. le directeur des Beaux-arts soumettra à M. le ministre la proposition de la Commission qui limite son choix aux noms de MM. Bailly et Denuelle.

[barré dans minute : M. de Cardaillac pense que M. Lenormant est un peu jeune, et qu'il s'est trop jeté dans le parti militant. Il ne faut pas d'ailleurs augmenter et grossir la Commission sans motifs sérieux]

Église Saint-Martin d'Argentan (Orne)

Rapport de M. [Émile] Boeswillwald.

Les travaux les plus urgents comprenant la reprise en sous-oeuvre des piliers du transept sud, la réfection des meneaux ruinés de la chapelle de la Vierge, l'établissement de grillages destinés à protéger les vitraux déjà restaurés et la remise en état des verrières du collatéral, doivent d'après le devis de l'architecte entraîner une dépense de 11 242 Francs 91. La Ville dispose de ressources s'élevant à 6 000 Francs il resterait donc à pourvoir à un déficit de 5 242 Francs 91 dont la moitié pourrait être accordée sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission, adoptant ces conclusions, propose d'allouer conditionnellement 2 600 Francs.

Église de Saint-Désiré (Allier)

Rapport de M. [Émile] Boeswillwald.

L'architecte a modifié son projet de clocher dans le sens des simplifications indiquées par M. le rapporteur, il y a lieu en conséquence d'approuver le nouveau devis qui réduit la dépense à 2 042 Francs et donner une économie de 2 150 Francs ; on pourrait allouer 10 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, si la Commune réunissait une somme égale pour parfaire la dépense.

M. Viollet-le-Duc fait remarquer que l'école d'architecture de la contrée au XIIe siècle n'a pas élevé ses flèches avec une pente au-delà d'un angle de 60 degrés donnant et suivant un tracé presque consacré. C'est au XVe siècle seulement que les flèches plus élancées furent élevées dans ce pays.

La Commission décide que l'architecte 80/15/10/132 sera invité à tenir compte de cette observation et propose d'accorder conditionnellement 10 000 Francs conformément aux conclusions du rapport.

Calvaire de Pleyben (Finistère)

Rapport de M. [Émile] Boeswillwald.

Ce calvaire, oeuvre de la fin du XVIe siècle, est le mieux sculpté et le plus complet qui existe en Bretagne. Les travaux proposés comprennent l'établissement d'une plate forme sous le calvaire et la pose d'un trottoir au pourtour du monument. La dépense s'élèverait à 5 600 Francs.

Les ressources dont la Commune dispose s'élevant à 1 800 Francs il y aurait lieu d'accorder sur le crédit des Monuments historiques 3 800 Francs. Il conviendrait en outre après restauration d'établir une grille devant chacune des arcades et dans la hauteur du soubassement.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Marcel (Indre)

M. Laisné, rapporteur, propose d'ajouter aux 8 000 Francs votés dans une séance précédente, la moitié de la dépense supplémentaire évaluée à 3 036 Francs 88 qui résultera de la substitution du bandeau de chêne à l'ardoise pour la couverture du clocher et de la restitution de l'ancienne aiguille qui couronnait la flèche.

Le premier devis s'élevant à 14 000 Francs a été approuvé et l'on a proposé d'allouer 8 000 Francs à la condition que la Commune réunirait le surplus. Cette proposition subsiste et il ne s'agirait aujourd'hui que d'approuver la dépense supplémentaire et d'en mettre la moitié à la charge du crédit des Monuments historiques, toujours avec cette même réserve que la Commune réunirait l'autre moitié.

Les conclusions du rapport sont adoptées : 9 500 Francs seront réservés conditionnellement sur le crédit des Monuments historiques.

M. le directeur des Beaux-arts, obligé de se retirer pour affaire de service, cède la présidence à M. Longpérier.

Tour de Carville à Darnétal (Seine-Inférieure)

M. Laisné, rapporteur, propose de maintenir l'avis donné en 1869 par la Commission qui n'avait pas jugé à propos de concourir à la restauration de cette tour d'un intérêt médiocre.

M. Viollet-le-Duc pense qu'il y a lieu, comme le demande M. le rapporteur, d'abandonner le monument et de le déclasser. Il existe un grand nombre de tours du même genre ; il suffit d'en conserver quelques-unes, en laissant de côté les autres.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Temple de Tébessa (Algérie)

M. Laisné, rapporteur, propose d'accueillir la demande de classement et d'accorder le secours de 2 000 Francs. A cette occasion, M. le rapporteur pense qu'il y aurait un grand intérêt à faire relever les plus intéressantes des ruines des monuments antiques qui abondent en Algérie car il est bien difficile de les sauver de la destruction qui chaque jour en fait disparaître quelques unes. 80/15/10/133

M. Viollet-le-Duc fait remarquer que les monuments de l'Algérie ont été tellement maltraités qu'il importe pour la restauration du temple de Tebessa de choisir un architecte habile, M. Viala du Sorbier, d'Oran, ou plutôt M. Meurs, de Constantine, qui serait chargé d'établir un état bien clair de la situation de l'édifice et d'indiquer les moyens de le conserver et de le couvrir de manière à le rendre habitable.

La Commission statuerait d'après ces renseignements ; quant aux relevés des autres édifices intéressants de l'Algérie, la Commission pourrait attendre l'envoi du travail demandé par M. Meurs. Si ce travail est bon, la mission pourra être étendue.

Ces propositions sont adoptées.

Note sur les Monuments de l'Algérie

M. de Guilhermy fait connaître que M. Léon Rénier lui a fait espérer qu'il rédigerait pour la Commission des Monuments historiques une note sur les édifices antiques de l'Algérie.

Lampadaire de Ciron (Indre)

M. Millet, rapporteur, propose de charger un architecte, M. de Mérindol par exemple, de visiter le monument et de rendre compte des réparations nécessaires.

Chapelle de Villeneuve-lès-Avignon (Gard)

M Viollet-le-Duc, pense qu'il n'y a point lieu d'hésiter à acquérir cette chapelle qui contient des fresques intéressantes et dont l'État peut devenir propriétaire au prix de 2 000 Francs. La garde du monument serait confiée au gardien du château.

Ces propositions sont adoptées.

Église de Longpont (Seine-et-Oise)

La Commune demande un secours de 39 000 Francs pour la reconstruction du choeur. La Commission n'a point à proposer de contribuer à ces travaux. Elle n'a qu'à examiner le projet qui d'ailleurs paraît susceptible d'être approuvé.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Tour et pont d'Orthez (Basses-Pyrénées)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver le projet de restauration présenté par M. Paul Boeswillwald et d'accorder sur deux exercices une allocation de 14 738 Francs 24. Le projet est bien établi et la Commission peut-être sûre que le travail sera bien fait.

Cette proposition est adoptée.

Église de Nesles (Somme)

M. de Guilhermy, rapporteur.

M. Goze, correspondant du ministère, donne avis à la Commission de quelques travaux qui doivent être exécutés dans la crypte au moyen de l'allocation départementale de 1873.

M. le rapporteur est d'avis qu'après les travaux déplorables exécutés dans l'église de Nesles, il n'y a plus lieu d'intervenir en aucune façon.

M. Viollet-le-Duc, appuyant cette proposition 80/15/10/134 dit qu'il faut bien établir que la Commune ayant exécuté des travaux en dehors de la Commission et malgré elle, celle-ci n'a plus à s'immiscer désormais dans les opérations concernant un édifice qui pour elle n'a plus d'intérêt.

Église de Saint-Riquier (Somme)

M. de Guilhermy, rapporteur.

M. Dusevel, correspondant du ministère, signale quelques parties de l'église qui lui ont paru devoir être l'objet de réparations ; mais les renseignements qu'il donne à ce sujet sont trop vagues pour qu'il soit possible à la Commission de se faire une opinion. La seule mesure à prendre serait d'appeler à l'occasion l'attention de l'Inspection générale sur cet édifice.

Fouilles de Medracen (Algérie)

M. de Guilhermy, rapporteur. La Section d'archéologie du Comité des Travaux historiques demande le concours de la Commission des Monuments historiques dans la dépense, qui doit résulter des fouilles entreprises par la Société archéologique de Constantine. Les travaux ont été commencés avec beaucoup plus de soin que pour le tombeau de la Chrétienne ; mais pour le moment la Commission n'a rien à faire, il faut attendre le résultat des fouilles.

Église de Surgères (Charente-Inférieure)

Rapport de M. Abadie.

La Commission demande qu'un architecte attaché à la Commission des Monuments historiques soit chargé de dresser un projet de restauration ou de reconstruction de la façade. M. le rapporteur déclare qu'il est impossible de restaurer cet édifice ; il faudrait reconstruire ce qui n'aurait aucun intérêt. Mieux vaudrait, pour sortir d'embarras, déclassé le monument.

M. Viollet-le-Duc pense que l'église de Surgères doit être maintenue au nombre des Monuments historiques. Les pierres sont décomposées à la base jusqu'à une certaine hauteur, mais le monument ne tombe pas ; il n'y a pas à y toucher. On remarque à la façade, qui est la seule partie intéressante, des restes de sculptures très fines et très jolies qui mériteraient d'être classées avec soin. C'est le seul travail utile dont l'église de Surgères pourrait être l'objet.

La Commission propose de charger M. Lisch de faire un relevé des détails offrant de l'intérêt.

Mission de M. du Cleuziou pour l'étude des monuments celtiques

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

La Commission avait pensé qu'il y avait utilité à donner à M. du Cleuziou des moyens de continuer sa mission et avait proposé d'accorder à cet effet 2 000 Francs, si le Comité des Travaux historiques consentait à offrir une somme égale. Le Comité refuse son concours.

M. Quicherat ne croit pas que le bureau des Travaux historiques ait traduit fidèlement les observations 80/15/10/135 du Comité. On a trouvé un grand nombre de dessins exécutés d'après des gravures ou des moulages ; des différences et des inexactitudes ont été relevées, ainsi que l'absence d'une échelle Commune. Or, on a conclu que M. du Cleuziou n'alliait pas au zèle et à l'enthousiasme la précision scientifique et la rigueur nécessaires dans la reproduction de dessins archéologiques ; on pouvait en outre lui reprocher un défaut de critique dans le choix des ornements. Il fait remarquer d'ailleurs que le budget du Comité des Travaux historiques est très restreint (10 000 Francs seulement pour encourager les Sociétés savantes et aider aux fouilles) et que si l'avis avait été favorable, c'est 200 ou 300 Francs tout au plus qui eussent été offerts.

M. de Longpérier observe que, malgré les reproches qui lui sont justement adressés, M. du Cleuziou est de ceux qui trouvent. Il y a dans son travail des choses ingénieuses et la direction prise telle qu'elle est, malgré tout, curieuse [sic] ; on pourrait donc maintenir les 2 000 Francs votés sauf à limiter la mission.

M. Viollet-le-Duc prie M. Quicherat de vouloir bien rédiger une instruction dans laquelle M. du Cleuziou trouverait l'indication précise des points qu'il devrait s'attacher à étudier.

La Commission, adoptant ces propositions, est d'avis que l'allocation conditionnelle de 2 000 Francs soit rendue définitive. 80/15/10/136

31 juillet 1873
M. de La Motte préside la séance à laquelle assistent MM. Abadie, Bailly, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Denuelle, Gautier, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de Longpérier, Millet, Questel, Quicherat, des Vallières.
Le procès-verbal de la séance du 26 juin est lu et adopté.

M. Quicherat fait connaître que, pour répondre au désir de la Commission, il a remis à M. du Cleuziou une note sur l'objet de sa mission.

Église de Saint-André-de-Bâgé (Ain)

M. Questel, rapporteur.

Des réparations assez importantes ont été exécutées ; mais il resterait à entreprendre divers travaux urgents dont la dépense, honoraires compris, s'élèverait à 2 770 Francs 72. Le Conseil général accorde une subvention de 1 000 Francs et il résulte de la demande de secours adressé au ministre par le préfet de l'Ain que, si une somme égale était allouée sur le budget des Monuments historiques, le surplus, soit 770 Francs pourrait probablement être réuni par la Commune. M. le rapporteur propose en conséquence d'accorder un secours de 1 000 Francs.

Adopté.

Église Sainte-Marthe de Tarascon (Bouches-du-Rhône)

M. Questel, rapporteur.

Le préfet expose que la Commune et la Fabrique ne peuvent affecter qu'une somme de 1 000 Francs au rétablissement du paratonnerre et qu'il reste à combler un déficit de 1 142 Francs. En présence de l'intérêt qu'offre le monument.

M. le rapporteur pense qu'il y aurait lieu de revenir sur le refus de concours opposé à la première demande et d'accorder une somme de 500 Francs. Le préfet serait invité à faire adresser une proposition par le Conseil général à l'administration des Cultes pour le complément de la dépense. Il conviendrait d'autre part de faire faire un relevé de cet édifice.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Villeneuve-lès-Avignon (Gard)

M. Questel, rapporteur.

Le Conseil municipal vient de voter 300 Francs ; la Fabrique offre de son côté 500 Francs.

M. le rapporteur propose :

premièrement : d'inviter la Commune à élever le chiffre de sa contribution de 300 Francs à 500 Francs

deuxièmement : de porter de 3 000 Francs à 3 900 Francs la subvention allouée sur le crédit des Monuments historiques

et troisièmement : de faire demander le surplus à l'administration des Cultes par le Conseil général du Gard. On arriverait ainsi à combler le déficit de 8 800 Francs signalé par M. Révoil, après constatation du mauvais état des voûtes.

La Commission approuve ces propositions.

Église Notre-Dame-de-La Roche à Lévis-Saint-Nom (Seine-et-Oise)

M. Questel appelle l'attention de la Commission sur l'église Notre-Dame de La Roche dans laquelle le curé d'Elancourt fait exécuter des travaux par un architecte 80/15/10/137 de Versailles. Il serait bon que M. [Émile] Boeswillwald visitât le monument et se rendît compte des réparations dont il est l'objet.

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

L'architecte présente le devis qui lui a été demandé pour la restauration des arcs-boutants et de la couverture de la nef, travaux qui doivent précéder la restauration du bas côté sud ; il évalue la dépense à 30 000 Francs. Une somme de 14 000 Francs ayant été réservé sur le crédit des Monuments historiques et l'administration des Cultes ayant promis une somme de 6 000 Francs, il y a lieu d'inviter la Commune à réunir le complément des ressources nécessaires.

Église de Morienval (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald rappelle que déjà en 1845 la Commission a reculé devant une restauration qui eût entraîné une reconstruction, l'église étant dans un tel état qu'il était impossible de toucher à aucune partie sans faire tout tomber. Depuis cette époque, on s'est borné à faire quelques travaux d'entretien ; il ne pourrait être question aujourd'hui que de travaux de même genre, quelques réparations à la couverture par exemple et peut-être un chaînage à la tour principale.

M. l'Inspecteur général promet du reste de visiter prochainement l'édifice et de rendre compte à la Commission de son état qui ne doit pas être sensiblement modifié depuis l'époque où l'on s'est déjà préoccupé de sa conservation.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Le devis des travaux urgents montant à 136 132 Francs 98 est divisé en deux chapitres. La consolidation de l'angle sud-ouest qui fait l'objet du premier chapitre est la seule réparation qui ne puisse vraiment être ajournée ; mais il paraît possible de ne pas donner tant d'épaisseur au contrefort.

M. de Cardaillac pense qu'il faudrait avoir au Mont-Saint-Michel un atelier assez important pour entreprendre une restauration d'ensemble, sous peine de dépenser beaucoup pour n'obtenir que de faibles résultats.

M. le rapporteur partage cet avis, mais insiste pour l'établissement du contrefort d'angle qui est d'une urgence absolue. Il demande qu'une somme de 45 263 Francs soit affectée à cette réparation de première nécessité.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Arc antique d'Orange (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder une somme de 300 Francs pour réparer les menues dégradations signalées par M. Daumet et d'inviter la Ville d'Orange à rétablir les bornes détruites ainsi que les chaînes qui les reliaient et limitaient l'enceinte gazonnée formée autour du monument. Obligée à cette dépense la 80/15/10/138 Municipalité exercera sans doute une surveillance plus active.

La Commission approuve ces propositions.Théâtre antique et Cirque d'Orange (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

L'architecte chargé de visiter ces deux monuments estime qu'une dépense de 4 000 Francs serait nécessaire pour l'exécution de divers travaux de consolidation et pour l'établissement d'échafauds qui permettraient de se rendre compte de l'état des assises supérieures du Théâtre dont quelques unes paraissent devoir être l'objet de réparation.

Adoptant les conclusions du rapport, la Commission propose d'accorder sur le crédit des Monuments historiques la somme de 4 000 Francs qui est demandée.

Temple d'Auguste et de Livie à Vienne (Isère) Église Saint-Pierre (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'il convient d'engager la Ville de Vienne à se conformer au plan de dégagement des abords du Temple qui a été dressé en 1853. Quant au monument lui-même, il y aurait lieu d'en achever la restauration et d'y placer les antiquités qui encombrent la basilique de Saint-Pierre et qui sont un obstacle à la continuation des travaux entrepris dans cet édifice.

Conformément à ces conclusions, la Commission propose de charger M. Daumet de présenter au plus tôt un devis des travaux de complet achèvement de la restauration du Temple d'Auguste et de Livie.

Aiguille de Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'affecter une somme de 150 Francs au nettoyage du monument et à la destruction des végétations qui poussent dans les joints des pierres. La Ville pourrait en outre être invitée à concourir aux travaux de conservation et notamment à l'établissement d'une grille.

Adopté.

Église de La Souterraine (Creuse)

Rapport de M. Abadie.

Des travaux important sont déjà été exécutés et, pour que le résultat obtenu ne fût pas compromis, il conviendrait de continuer la restauration et d'allouer à cet effet sur le crédit des Monuments historiques une subvention de 57 000 Francs, la Ville a fait de grands sacrifices et il paraît impossible de lui demander davantage. M. de La Motte pense que l'administration des Cultes qui a déjà coopéré à l'entreprise pourra, sur la proposition du Conseil général, disposer d'un nouveau crédit pouvant s'élever à 17 000 Francs. L'allocation sur le budget des Monuments historiques serait alors réduite à 40 000 Francs.

La Commission propose d'affecter cette somme à l'entreprise en la répartissant sur 3 exercices, ce qui n'empêcherait pas de terminer les travaux en deux années.

Église de Saint-Léonard (Haute-Vienne)

M. Abadie, rapporteur, demande que M. [Émile] Boeswillwald soit chargé de visiter ce monument 80/15/10/139 qui présente un grand intérêt mais ne paraît pas susceptible d'être restauré, car il serait à craindre que sa conservation même ne fût menacée par les travaux qu'on pourrait entreprendre et que son caractère n'en fût altéré.

Cette proposition est approuvée.

Monuments antiques d'Autun (Saône-et-Loire) :

M. Laisné, rapporteur.

Temple de Janus d'Autun (Saône-et-Loire)

Les travaux de consolidation entraîneraient une dépense de 4 000 Francs qui pourrait être répartie entre la Ville, le département et l'État.

Porte d'Arroux et Porte Saint-André d'Autun (Saône-et-Loire)

M. Daumet demande que divers travaux de consolidation soient entrepris d'urgence. La dépense évaluée à 900 Francs pour le premier de ces monuments et à 250 Francs pour le second pourrait être répartie entre la Ville et le département quant à la question de restaurer complètement et de rendre au culte le poste militaire attenant à la porte Saint-André, son examen peut-être ajourné.

Adopté.

Pyramide de Couhard, près d'Autun (Saône-et-Loire)

Pour ce monument on ne peut faire appel au concours de la Ville. La dépense évaluée à 200 Francs pour travaux urgents de consolidation devrait donc être entièrement imputée sur le crédit des Monuments historiques.

Adopté.

Église Saint-Eusèbe de Gennes (Maine-et-Loire)

M. Laisné, rapporteur.

Une dépense de 1 800 Francs paraît devoir suffire à mettre le monument en état. Mais il est à craindre que, faute de destination, il ne soit pas entretenu par la Commune de Gennes. Il faudrait pouvoir l'utiliser, par exemple en y installant une bibliothèque ou tout au moins décider la Commune à veiller à sa conservation.

La Commission propose d'accorder à cette condition la subvention de 1 800 Francs.

Église de Beaume-les-Messieurs (Jura)

M. de Guilhermy, rapporteur, demande que les faits signalés par M. Clerc, président honoraire à la Cour de Besançon, soient pris en sérieuse considération et que des ordres soient donnés à l'architecte pour que les tombeaux soient remis à leurs places, aujourd'hui que les réparations de l'église sont terminées. A cette occasion, M. le rapporteur fait observer qu'il serait bon de demander à tout architecte chargé d'établir un devis de restauration l'inventaire complet des objets que renferme l'édifice, inscriptions, dalles, vitraux, peintures, de manière que l'inspection générale puisse veiller à la conservation de ces richesses et à leur rétablissement dans les places qu'elles occupaient avant l'exécution des travaux. M. le rapporteur appelle en terminant 80/15/10/140 l'attention sur un autre point de la communication de M. Clerc, relatif à une peinture sur bois, transférée provisoirement au musée de Lons-le-Saunier qui dans quelques années sera complètement détruite si des normes de conservation ne sont pas prises d'urgence par la direction des Beaux-arts.

Tryptique d'Ambierle (Loire)

M. Denuelle signale également une peinture du XVe siècle dont les figures sont de Van Eyck qui se trouve dans un état d'abandon et de détérioration auquel il convient de remédier sans retard. Il s'agit du Tryptique d'Ambierle. Une première tentative pour le restaurer et le conserver est désormais sans résultat, il conviendrait, en raison du prix de cette oeuvre d'art, de faire de nouvelles démarches.

M. Denuelle s'offre de voir le maire d'Ambierle et de faire un rapport tant sur l'état du monument que sur les mesures à prendre pour en arrêter la dégradation. 80/15/10/141

19 décembre 1873
Sont présents : MM. Abadie, Bailly, Charles Blanc, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Denuelle, de Guilhermy, Gautier, Laisné, de La Motte, de Lasteyrie, de Longpérier, Millet, Questel, du Sommerard, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 31 juillet est lu et adopté.
Excuse de membres de la Commission

M. de Soubeyran, retenu par les travaux de l'Assemblée Nationale, s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.

M. de Longpérier fait connaître qu'il est obligé, ainsi que MM. Beulé et de Lasteyrie de se rendre à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres et qu'il devra, comme ce dernier, se retirer avant la fin de la séance.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le directeur des Beaux-arts demande la parole pour rendre compte d'un voyage au Mont-Saint-Michel. Il appelle l'attention sur deux points : la direction des travaux et la location des bâtiments.

1° point : la direction des travaux. L'administration des Domaines charge de l'exécution des travaux d'entretien l'architecte du département qui n'est représenté sur les lieux que par des manoeuvres, ce qui explique l'absence de méthode et de goût qui caractérise les réparations faites. Du côté de l'Ouest, tout particulièrement, on s'est appliqué à faire des rejointoiements qui n'ont eu pour effet que de cacher les lézardes qui pourraient appeler l'attention, travail tout à la fois inutile et dangereux. L'architecte des Monuments historiques ne pourra donc se rendre compte du mal qu'en détruisant ce qui a été fait pour le dissimuler. Quant à présent, il y aurait lieu d'assurer à M. Corroyer la direction unique des travaux et d'arrêter tous ouvrages qui seraient entrepris en dehors de lui.

2° point : Location : Les bâtiments du Mont-Saint-Michel ont été loués à l'évêque de Coutances au prix de 1 200 Francs par an, suivant un bail qui expire le 15 août 1874. Le paiement des impôts porte à environ 1 400 Francs le prix de location. En outre de cette concession, l'évêque de Coutance avait obtenu de l'Empereur pour subvenir l'entretien du monument une allocation annuelle de 20 000 Francs qui a dû être payée de 1865 à 1869. D'autre part, les religieux indépendamment du bénéfice qu'ils retirent de la vente d'une quantité d'objets de piété, perçoivent un droit d'entrée de 1 Franc par personne. Cette perception, qui dans le pays produit un très mauvais effet, rapporte chaque année de 10 à 12 000 Francs. On peut donc évaluer à 80/15/10/142 170 000 Francs les ressources réunies depuis 1865 ; quelques travaux ont sans doute été exécutés ; ainsi les planchers établis à l'époque où le Mont-Saint-Michel avait été converti en prison ont été enlevés ; des rejointoiements criards ont été faits dans la Salle des gardes et dans celle des chevaliers. Le dallage a été rétabli dans la crypte des gros piliers ; le réfectoire a été réparé, des pavages partiels ont été faits dans la cour, mais la dépense occasionnée par ces travaux n'a point dépassé 10 000 Francs. Il est juste de dire que l'entretien des religieux est à la charge de l'évêque qui, de plus, a établi dans les anciennes casernes, au pied du Mont, un orphelinat dont les services sont appréciés, mais cela ne doit point empêcher de faire remarquer que, si l'on ajoute aux 10 000 Francs affectés aux quelques ouvrages énumérés ci-dessus 12 600 Francs de loyers et 4 500 Francs d'entretien annuel à raison de 500 Francs par an, on ne trouve qu'une dépense de 28 000 Francs environ sur 170 000 Francs de recettes.

En présence de ces faits M. le directeur des Beaux-arts pense qu'il vaudrait mieux accorder une concession gratuite que de renouveler le bail au même taux. On conserverait ainsi toute liberté d'action et on pourrait tout d'abord interdire la perception du droit d'entrée.

M. Viollet-le-Duc fait observer qu'il ne sera possible d'entreprendre la restauration proprement dite de l'abbaye qu'après avoir obtenu du ministre des Finances la remise des bâtiments. L'administration des Domaines demanderait au besoin à faire cette remise pour dégager sa responsabilité. Quant au produit de la location il est absorbé, et au-delà, par les frais d'entretien. Le ministre des Finances y renoncera donc d'autant plus facilement qu'il s'agira de remettre le monument entre les mains d'une administration de l'État. La question de la direction unique des travaux par le service des Beaux-arts se trouve ainsi résolue, il y aura lieu de prévoir, en dehors de la restauration générale, les travaux d'entretien des bâtiments qui ne devront pas être restaurés immédiatement et de réserver à cet effet, chaque année, un crédit spécial. Quant à la destination qui pourra être donnée plus tard au monument il n'y aura pas à s'en préoccuper tant que durera l'entreprise. Pour le moment il importe d'écrire sans retard au ministre des Finances pour demander la remise des bâtiments.

Église Saint-Eusèbe de Germes (Maine-et-Loire)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de rendre définitive l'allocation de 1 840 Francs destinée à des réparations urgentes. La condition mise à cette allocation est acceptée par la Commune qui consent à inscrire chaque année à son budget une somme de 50 Francs pour l'entretien du monument.

Cette proposition est adoptée.

Église Saint-Hilaire de Poitiers (Vienne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

L'évêque de Poitiers envoie un état de situation accusant un excédent de dépense de 38 500 Francs sur les ressources affectées à l'entreprise ; il resterait à employer 62 500 Francs est à la charge de la Fabrique, les administrations des Cultes et des Monuments historiques ayant chacune ordonnancé le montant de leurs allocations respectives et la Ville de Poitiers ne devant plus que 5 000 Francs. Mais la Fabrique a subi des pertes par suite du placement de ses fonds en valeur du Crédit foncier et monseigneur l'évêque de Poitiers demande un nouveau secours.

Le rapporteur déclare qu'il reste beaucoup plus à faire qu'on ne le dit. Les gros travaux seuls ont été exécutés, l'intérieur n'est qu'ébauché. Toutes les sculptures, les voûtes de la nef et du bas côté droit, la charpente et la couverture sont à faire. Il faut donc demander à l'architecte un compte arrêté des travaux faits et le devis exact des travaux à faire. Quant aux pertes éprouvées par la Fabrique, à raison de la baisse des valeurs achetées avec le montant des souscriptions, l'administration ne peut en tenir compte et doit réclamer l'exécution des engagements, d'autant plus que dans cette affaire elle avait la main forcée, car les travaux de reconstruction l'emportaient sur ceux de restauration.

Chapelle d'Agos (Hautes-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'attendre pour répondre à la demande de subvention nouvelle que l'architecte ait fait connaître la situation exacte de l'entreprise, au double point de vue de la dépense et de l'exécution des travaux.

Adopté.

Église Notre-Dame d'Alençon (Orne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de laisser à l'administration des Cultes, que la demande de secours concerne, le soin de donner son avis sur les projets d'autels soumis à l'examen de la Commission. Il n'y a rien à dire, au point de vue de l'art, ni pour ni contre ces projets.

Adopté.

Temple d'Auguste et de Livie à Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Le devis de 65 575 Francs présenté par M. Daumet est divisé en deux chapitres. Le premier s'élevant à 41 161 Francs 65 comprend les travaux complémentaires de restauration ; le deuxième prévoit une dépense de 24 412 Francs 70 pour le complément de la couverture et l'établissement d'une grille au pourtour de l'édifice.

M. le rapporteur, examinant le projet pense qu'une seule marche doit suffire à relier la voie publique au sol antique et qu'il y a lieu de déduire les frais de construction d'un escalier de 15 marches. La dépense prévue par la restauration en ciment des colonnes les plus déformées paraît devoir être également écartée, car le travail produirait un mauvais effet et n'offrirait pas de 80/15/10/144 garantie de durée.

Le premier chapitre pourrait ainsi être réduit au chiffre de 34 066 Francs 62. Cette dépense suffirait pour assurer l'installation des fragments antiques qui encombrent l'église Saint-Pierre.

Quant à la deuxième partie du devis, elle n'est pas appuyée de dessins qui permettent à la Commission de se rendre compte et de statuer. Il y aurait donc lieu d'inviter l'architecte à produire un projet de restauration de la couverture en même temps qu'un tracé plus détaillé de la grille qui doit être établie au pourtour de l'édifice. La dépense relative à cette grille pourrait être laissée à la charge de la Ville.

La Commission, approuvant les conclusions du rapport, propose d'accorder 34 000 Francs pour l'exécution des travaux du premier chapitre.

Église de Noyon (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le devis présenté par M. Selmersheim et d'autoriser l'exécution des travaux les plus urgents dont la dépense est évaluée à 90 853 Francs 90.

Dans le cas où la Commune ne pourrait contribuer à l'entreprise, il y aurait lieu de l'engager à demander un secours sur le budget des Cultes et de réserver sur le crédit des Monuments historiques une somme de 60 000 Francs.

Cette proposition est adoptée.

Église de Chambly (Oise)

[Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Le devis présenté par M. Hérard s'élève à 126 752 Francs 85. Cette estimation est de beaucoup au dessous de la vérité. L'architecte ne paraît pas s'être rendu compte de la cause du mauvais état dans lequel se trouve le monument car il ne s'est préoccupé que des travaux de consolidation dans les parties vues hors de terre. Dans la tour, il reprend à l'extérieur et ne s'occupe pas de l'intérieur. Il semble en un mot qu'il ne se soit pas donné la peine de préparer une restauration sérieuse, l'insuffisance du travail graphique qu'il présente suffirait à la démontrer.

M. le rapporteur propose en conséquence d'inviter M. Hérard à étudier le monument et à préparer un nouveau projet comprenant les travaux vraiment nécessaires et de l'autoriser au besoin à faire des fouilles pour se rendre compte de l'état des fondations.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Cruas (Ardèche)

M. Questel, rapporteur, propose de charger M. Révoil de faire un relevé de cet intéressant édifice, dont les archives de la Commission ne possèdent pas de dessins. Il importe de combler cette lacune alors même que le projet de restauration ne pourrait être suivi d'exécution.

M. [Émile] Boeswillwald qui a visité récemment l'église de Cruas fait connaître qu'il n'existe aucune trace 80/15/10/145 d'abside occidentale. Quant à l'état du monument, il est satisfaisant à l'intérieur mais tout serait à refaire à l'extérieur.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, propose de demander à M. Révoil des dessins d'un projet de restauration dont la mise à exécution sera discutée.

Hôtel de ville de Compiègne (Oise)

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

Le projet complémentaire de restauration présenté par M. Lafollye est bien conçu. Ce projet qui comprend le rétablissement de la vis en pierre dans la cour, ainsi que la restauration du beffroi et de la couverture est accompagné d'un devis s'élevant à 68 336 Francs 10. La dépense pourrait être répartie par moitié entre la Ville et l'État.

Conformément aux conclusions du rapport, la Commission propose d'accorder 35 000 Francs en deux annuités à la condition que la Ville prenne le surplus à sa charge.

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'accorder en deux ou trois annuités une somme égale au montant du devis établi par M. Lafollye, soit 58 277 Francs 58. La dépense relative au dégagement de l'édifice est évaluée à 70 000 Francs, elle resterait à la charge de la Ville. Le couronnement du clocher proposé par M. Lafollye est meilleur que celui qu'avait proposé M. Laval, il est plus conforme aux données, car ces clochers n'ont jamais de lucarnes.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Sernin de Toulouse (Haute-Garonne)

M. Viollet-le-Duc présente un devis complémentaire montant à 158 025 Francs et demande que la moitié de la dépense soit mise à la charge du crédit des Monuments historiques à condition que la Ville paie l'autre moitié. D'un autre côté la Fabrique a un peu d'argent, il est à craindre qu'elle ne l'emploie à continuer le replâtrage des piliers, ce qui perpétuerait un mauvais état des choses. On pourrait l'inviter à faire de cet argent un meilleur emploi, par exemple à remettre ces piliers dans leur état primitif en enlevant le plâtre et en rejointoyant la brique.

La Commission propose d'écrire au préfet dans ce sens et de réserver sur le crédit 79 000 Francs qui seraient répartis en trois annuités.

Chapelle du Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

L'administration des Bâtiments civils demande le concours du service des Monuments historiques pour hâter l'achèvement des restaurations entreprises dans la chapelle. Le devis de la dépense s'élève à 236 548 Francs 10 on pourrait allouer 100 000 Francs sur 4 exercices.

Adopté. 80/15/10/146

Église de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver le projet présenté par M. Bruyerre. La dépense s'élevant à 129 519 Francs 47 pourrait être répartie sur 3 ou 4 exercices à partir de 1874.

Cette proposition est approuvée.

Église de Saint-Étienne-le-vieux de Caen (Calvados)

M. Millet, rapporteur, propose d'approuver le devis de M. [Victor] Ruprich-Robert et d'accorder une subvention égale à la moitié de la dépense qui est évaluée à 157 214 Francs 76. La Ville offre de concourir pour 20 000 Francs. Cette somme est par trop insuffisante pour une entreprise aussi importante.

La Commission conformément aux conclusions du rapport émet l'avis qu'une allocation de 78 607 Francs 38 soit accordée sur 4 exercices à partir de 1874 à la condition que la Ville prendra l'autre moitié de la dépense à sa charge.

Église de Germigny-des-Prés (Loiret)

M. Millet, rapporteur, propose d'approuver le projet de restauration des mosaïques et des vues de l'abside centrale et de la coupole dont la dépense est évaluée pour M. Lisch à 22 641 Francs 32.

M. [Émile] Boeswillwald, qui a examiné dernièrement l'abside centrale, pense qu'il faut borner la restauration à la partie haute et s'arrêter à la corniche, car les trois baies aveugles que l'on remarque au dessous de la galerie ne se relient pas avec le reste et paraissent avoir été établies postérieurement ; quant aux mosaïques de la voûte, il conviendrait de n'y pas toucher non plus qu'aux colonnettes.

La Commission décide qu'il sera tenu compte de ces observations et adopte les conclusions du rapport.

Église de Notre-Dame de Guibray à Falaise (Calvados)

M. Millet, rapporteur, pense qu'il y a lieu, conformément à l'avis de M. Ruprich-Robert, s'oppose à la continuation des travaux, à moins que la Commission ne propose de déclasser purement et simplement un monument qui a perdu tout caractère, par suite des mutilations qu'il vient de subir.

A cette occasion, M. le directeur des Beaux-arts prie M. [Émile] Boeswillwald de préparer un projet de circulaire rappelant d'une manière énergique aux préfets, sous-préfets et maires les devoirs que leur impose le classement des Monuments historiques.

Église de Saint-Restitut (Drôme)

M. de Guilhermy, rapporteur, propose de charger M. [Émile] Boeswillwald de visiter ce monument dont le fâcheux état est signalé par M. Révoil.

M. [Émile] Boeswillwald annonce le prochain envoi d'un rapport sur l'église de Saint-Restitut qu'il a vue dans ses dernières tournées d'inspection.

Bas-relief mithriaque de Bourg-Saint-Andéol (Ardèche)

Rapporteur, M. de Guilhermy. M. Révoil fait connaître que l'ingénieur en chef chargé des études relatives au tracé de la voie ferrée de Nîmes en Teil s'est engagé à faire respecter ce monument dont la conservation paraissait menacée. 80/15/10/147

La Commission adopte la proposition de classement.

Monuments de Carnac et d'Auray (Morbihan)

M. de Guilhermy, rapporteur, propose de venir en aide aux Communes de Carnac et d'Auray qui se proposent d'acquérir les monuments celtiques de leur territoire. La dépense est évaluée à 3 654 Francs 50 dont 2 600 Francs sont déjà réunis. La Commission, adoptant les conclusions du rapport, propose de couvrir le déficit qui s'élève à 1 054 Francs 50.

Statues en pierre placées dans l'église de Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées)

M. de Guilhermy, rapporteur.

Le Conseil général demande qu'on donne à ces 12 statues provenant de la chapelle de Garaison des soins et des réparations qui leur manquent M. le rapporteur déclare que rien n'est plus funeste pour la sculpture que de lui faire subir des restaurations. Quant aux soins, ils regardent la Fabrique de l'église et l'administration locale.

M. Bodin-Legendre, architecte à Albi, sollicite le titre d'inspecteur des Monuments historiques pour le département du Tarn.

M. de Guilhermy, rapporteur, déclare que les documents produits à l'appui de cette demande ne lui ont pas paru suffisants pour établir la base d'une proposition en faveur de M. Bodin.

M. Viollet-le-Duc est d'avis que le pétitionnaire n'a pas de titres sérieux.

M. Massoubre, rédacteur en chef de L'Echo de la Dordogne, demande à être nommé correspondant.

M. de Guilhermy, rapporteur, déclare que les pièces annexées à la demande ne suffisent pas à motiver la prise en considération.

M. Abadie pense que M. Massoubre ne possède aucune des connaissances nécessaires pour être correspondant de la Commission. Il y a déjà du reste un correspondant dans le département, il paraît inutile d'en créer un second.

La Commission propose de rejeter la demande de M. Massoubre.

Église de Saint-Clair-sur-l'Elle (Manche)

M. Denuelle, rapporteur.

Le préfet de la Manche demande un secours pour enlever les couches de badigeon qui recouvrent les peintures murales récemment découvertes, M. Ruprich-Robert, chargé d'examiner ces peintures et d'apprécier leur valeur au point de vue de l'art, fait observer qu'une partie des sujets a été détruite par suite de travaux qui ont altéré le caractère du monument. Il ajoute que l'opération du débadigeonnage présente de grandes difficultés.

La Commission est d'avis que les peintures en question ne présentent pas assez d'intérêt pour qu'il soit donné suite à la demande de secours et qu'il convient de laisser à la Commune toute liberté d'action d'autant plus que le monument n'est pas classé et ne mérite plus de l'être.

La chapelle de l'ancienne Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon (Gard)

M. Denuelle, rapporteur, propose d'accorder 877 Francs pour l'exécution de quelques réparations urgentes indiquées par M. Révoil et de confier les clefs au conservateur du Musée de Villeneuve.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/10/148

Église d'Oiron (Deux-Sèvres)

M. Millet, rapporteur.

L'architecte signale la découverte de quelques fragments de vitraux du XVe siècle dans les croisées de la nef et propose de restituer les verrières d'après les types des anciennes dispositions.

La Commission, d'après l'avis du rapporteur, pense que cette restauration n'offre pas un intérêt en rapport avec la dépense de 5 280 Francs qui en résulterait. Elle conclut à l'adoption pure et simple du projet primitif dans lequel il n'est question que de vitraux blancs.

Demande de M. [Victor] Ruprich-Robert à l'effet d'être nommé membre de la Commission

Le secrétaire de la Commission présente une lettre par laquelle M. Ruprich-Robert, demande à faire partie de la Commission.

Cette demande est accueillie à l'unanimité ; une proposition sera faite en conséquence à M. le ministre.

Travaux confiés à M. Mimey, architecte

M. Millet propose de charger M. Paul Boeswillwald de terminer les travaux de restauration du clocher de Veudine pour lesquels il reste de l'argent et qui ne peuvent rester suspendus jusqu'au retour de M. Mimey, envoyé en mission au Pérou.

Pour l'église des Aix-d'Angillon confiée aux soins du même architecte, la question peut-être réservée.

Quant aux monuments de Seine-et-Marne, MM. Millet et Lisch se chargent de faire le nécessaire jusqu'au jour où M. Mimey sera de retour. 80/15/10/149