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1859
1858
1860
28 janvier 1859
Présents : MM. Lenormant, de Mercey, du Sommerard, de Longpérier, Labrouste, de Laborde, de Montalembert et Courmont.
Couronnes d'or des rois goths (Espagne)

Le secrétaire d'État fait connaître à la Commission que le ministre d'État l'a convoqué extraordinairement pour avoir son avis sur l'importance que peut présenter une acquisition qui lui est proposée. Les objets qu'il s'agit d'acquérir consistent en huit couronnes d'or trouvées au lieu-dit La Fuente de Gacarrozar près Tolède et viennent d'être apportées à Paris par José Nevarra. La plus grande des 80/15/009/96 couronnes porte en lettres mobiles suspendues à des chaînettes l'inscription suivante : + Reccesvingthus rex offeret ; ce qui établit qu'elle a été consacrée par Réceswinthe roi des Gots d'Espagne qui fut associé à son père Chindesvinghus en 649 et règne seul à partir de 653 et mourut en 672

Les autres couronnes de même style que la première sont bien certainement contemporaines. L'une d'elles présente sur la croix qui y est suspendue l'inscription : + in nomine D offeret sonnica lea marie in Sorbares.

Cette couronne qui vient en second rang sous le rapport de la richesse était probablement un présent de la reine.

La Commission, après un examen approfondi des objets qui sont soumis à son examen, est d'avis unanime qu'il y a lieu de ne pas hésiter pour acheter ces magnifiques objets pour le Musée de Cluny et que le prix de 100 000 Francs qui est demandé par le vendeur ne lui paraît exagéré en aucune façon, attendu la valeur intrinsèque des couronnes qui atteint plus de la moitié du chiffre demandé.

19 mars 1859
Présents : MM. Lenormant, du Sommerard, Mérimée, Caristie, Paul Lacroix, Questel, de Longpérier, Labrouste, Courmont.
Château d'Angoulême (Charente)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission la requête adressée au ministre par le docteur Gigon membre de la Société archéologique de la Charente, au sujet de la destruction de parties du château d'Angoulême, projetée par l'architecte, M. Abadie, chargé de la construction de la mairie de cette Ville qui doit s'élever sur l'emplacement des restes du château.

M. Abadie introduit fait passer sous les yeux de la Commission les plans de son projet de mairie et explique par suite de quelles nécessités il a cru devoir proposer la suppression d'un corps de logis entier et d'une tourelle.

Après avoir reçu de l'architecte toutes les explications nécessaires à l'étude de cette question, la Commission est d'avis de renvoyer au préfet de la Charente la réclamation du docteur Gigon, en appelant son attention sur les faits qu'elle 80/15/009/97 signale et en le chargeant de demander à l'architecte s'il ne pourrait pas conserver les parties menacées, en modifiant le projet auquel il s'est arrêté et qui a reçu l'approbation de la Ville, laissant, au reste, à la responsabilité du préfet la décision à prendre.

Musée de Vienne (Isère)

M. le président donne lecture d'une lettre de M. de Courmont au ministre d'État par laquelle ce dernier au nom de la Société française d'archéologie, croit devoir se plaindre de la brutalité et du désordre qui ont présidé au déplacement des objets composant le Musée de Vienne, qu'on aurait transportés pêle-mêle dans une maison voisine du Temple d'Auguste dont la démolition doit avoir lieu dans quelques mois.

Sur les observations de M. Lenormant, la Commission propose de demander à ce sujet des explications à M. le préfet de l'Isère, en lui rappelant à ce sujet que l'administration a vu avec regret les projets d'installation du Musée dans l'église Saint-Pierre arrêtés par l'opposition de Monseigneur l'évêque de Grenoble, et en le priant d'intervenir pour que ces difficultés soient levées le plus tôt possible dans l'intérêt de la restauration des deux édifices compris dans le projet adopté par le ministre, le Temple d'Auguste et l'église Saint-Pierre.

Remparts d'Avignon (Vaucluse)

M. Mérimée, rapporteur.

M. le préfet de Vaucluse transmet au ministre un projet de restauration des remparts d'Avignon, sur lequel il appelle les observations de l'administration supérieure, en le priant de faire connaître quelle part elle pourrait prendre à la dépense.

M. Mérimée est d'avis qu'il y a lieu de se féliciter de voir l'administration municipale d'Avignon apprécier enfin l'importance de ses remparts. Il rappelle qu'à différentes reprises le service des Monuments historiques a réclamé contre la facilité déplorable avec laquelle on accordait à des particuliers la permission de bâtir contre ces remparts. Aujourd'hui, on évalue à 275 000 Francs les indemnités qui seront dues pour l'expropriation des maisons qui ont été bâties contre les murs.

M. Mérimée pense qu'il est inutile de faire observer que c'est là une dépense dans laquelle le ministère ne peut pas entrer. D'ailleurs, ajoute le rapporteur, on ne doit pas perdre de vue que les travaux, dont la Ville d'Avignon demande l'exécution, ne sont pas entrepris dans un intérêt purement historique ou archéologique. Il s'agit de l'existence même de la ville, car la dernière inondation a prouvé aux plus incrédules que c'est à ses remparts qu'elle a dû sa conservation. Le ministère des Travaux publics doit donc contribuer le premier à la dépense.

Toutefois, comme il serait fâcheux que les travaux fussent exécutés comme le sont ceux de digues dans un but purement défensif, l'administration des Monuments ne peut se refuser d'y contribuer. Quels sont, se demande le rapporteur, les travaux que l'on peut qualifier de travaux 80/15/009/98 d'art ? Evidemment ceux qui n'ont pour objet que la conservation des anciennes dispositions défensives, mâchicoulis et créneaux. En relevant sur le devis général dressé un peu à la hâte ce qui concerne les travaux de couronnement, on trouve qu'ils s'élèvent à environ 160 000 Francs.

Le rapporteur pense que si, au prix de 200 000 Francs, le rétablissement des remparts peut avoir lieu, ce serait une dépense très utile.

En conséquence il n'hésite pas à émettre l'avis d'offrir à la Ville de concourir à la dépense à certaines conditions qu'il croit nécessaire de poser très nettement :

1° que l'allocation de 200 000 Francs sera divisée en plusieurs exercices

2° qu'elle n'aura lieu qu'après l'allocation faite par la Ville de la dépense nécessaire à la réparation d'une partie des remparts et surtout après l'expropriation des maisons adossées à ces remparts

3° que les travaux seront surveillés par un architecte attaché à l'administration des Monuments historiques.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Publicité

M. Lenormant expose qu'il est d'avis que la Commission n'use pas assez souvent, dans l'intérêt du service des Monuments historiques, du secours que lui offre la publicité. Il pense que désormais on pourrait y avoir quelquefois recours en s'en servant avec la prudence que ce moyen réclame. Il serait de l'opinion que, pour commencer la tentative qu'il propose, il serait bon de faire un article sur les difficultés qu'a rencontrées l'affaire de la restauration du Temple d'Auguste et de l'installation du Musée dans l'église Saint-Pierre de Vienne. Cette note pourrait être insérée dans le Moniteur.

Sur la proposition du président, M. Mérimée veut bien se charger de préparer cette notice. M. Lenormant demande également que la Commission soit réunie plus fréquemment qu'elle ne l'a été depuis quelque temps.

Pagode de Chanteloup (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que depuis longtemps on fait espérer au ministre des Finances que l'administration des Monuments historiques prendra à sa charge tout ou partie des dépenses de restauration de la Pagode de Chanteloup. Le Conseil général d'Indre-et-Loire la signale à l'intérêt du gouvernement, les journaux se sont apitoyés sur sa ruine. Le rapporteur pense qu'on ne peut nier que cet édifice bizarre ne soit un des plus célèbres et des plus visités du pays. Par ces considérations, il ne peut se refuser à proposer de contribuer à sa restauration. M. Lambert évalue les travaux à un peu moins de 4 000 Francs. 80/15/009/99

Le rapporteur serait d'avis d'offrir au ministre des Finances une allocation de 2 000 Francs. Mais en l'accordant, il croit essentiel de le prévenir que les Monuments historiques ne peuvent se charger de l'entretien de l'édifice, et que c'est pour cette fois seulement qu'il prend part aux réparations.

Conclusions adoptées.

Église de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, expose que, malgré la réserve que M. Lambert a mise dans les observations qu'il a faites sur les travaux exécutés à Selles-sur-Cher par son prédécesseur, il est difficile de ne pas reconnaître que l'effet de ces travaux a été plus fâcheux qu'utile. Abandonner l'édifice après l'avoir mis dans une situation pire que celle où on l'a trouvé, ce serait compromettre l'administration et consommer la ruine d'une des églises les plus intéressantes de la Touraine.

Le rapporteur propose en conséquence d'allouer la somme de 5 000 Francs pour contribuer avec les ressources communales aux travaux les plus urgents que demande l'édifice.

Conclusions adoptées.

Abbaye aux Dames et église de La Trinité à Caen (Calvados)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de proposer au ministre de contribuer à la nouvelle dépense proposée pour l'abbaye aux Dames par M. [V.] Ruprich-Robert s'élevant à 112 000 Francs dans la proposition qui a été adoptée lors du commencement de la restauration et de l'exécution du premier devis, savoir : 2/5 par la Ville et 3/5 pour l'administration du ministère d'État.

Église de Lessay (Manche)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une lettre qui lui est adressée par le secrétaire de la Société des antiquaires de Normandie, qui appelle l'attention du gouvernement sur l'église de Lessay. M. Mérimée rappelle à la Commission l'intérêt que présente cet édifice et exprime le voeu que cette affaire soit instruite.

Église Saint-Victor de Marseille (Bouches-du-Rhône)

M. Mérimée, rapporteur, présente à la Commission le projet de restauration de l'église Saint-Victor de Marseille. Le devis des travaux projetés s'élève à 113 000 Francs. La Ville de Marseille propose de contribuer à la dépense pour 35 000 Francs. Resterait à fournir par l'État plus des 2/3 de la dépense.

Le rapporteur pense que le concours de la Ville n'est pas assez considérable pour qu'on puisse commencer l'entreprise, d'autant plus qu'aucune somme n'est prévue pour l'exploration des catacombes. Il pense qu'il y aurait lieu de poursuivre l'instruction en demandant une augmentation de secours de la part de la Ville, et d'imposer comme condition 80/15/009/100 que les catacombes seront explorées sur une grande échelle.

La Commission approuve ces conclusions.

Église Saint-Laurent de Parthenay (Deux-Sèvres)

M. Mérimée, rapporteur.

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission est d'avis qu'il y a lieu d'allouer pour la restauration de l'église Saint-Laurent de Parthenay une somme de 4 500 Francs sur le crédit des Monuments historiques en considération des sacrifices que s'impose la Ville de Parthenay qui, sur un devis de 15 500 Francs prend 11 000 Francs à sa charge.

Maison du Grand-Veneur à Cordes (Tarn)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance d'une lettre du préfet du Tarn contenant l'exposition de la situation de la Maison du Grand-Veneur à Cordes. Cette maison appartient à quatre propriétaires. L'estimation de la part de chacun faite par l'administration départementale porte le prix de l'ensemble de l'immeuble à 36 500 Francs. Les demandes de ces quatre propriétaires s'élèvent à 60 000 Francs. Il faut donc recourir à une expropriation, qui peut être fort coûteuse ; en outre, l'acquisition une fois faite, il y aura pour 38 000 Francs de travaux de restauration à exécuter.

En présence d'une dépense aussi considérable, le rapporteur croit qu'il est impossible de donner suite aux projets conçus pour cet édifice.

La Commission partage l'avis du rapporteur.

Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que M. Mallay, après avoir fait connaître que les travaux de réparation de l'église d'Issoire étaient complètement achevés et qu'il ne restait plus que des travaux de décoration à faire, signale aujourd'hui la nécessité de remanier les dallages du grand comble, et envoie un projet relatif à cette opération qu'il déclare tout à fait urgente.

Après examen du projet proposé par M. Mallay, la Commission est d'avis que les moyens indiqués par l'architecte sont mal conçus et propose de lui renvoyer son projet pour qu'il étudie un système différent pour l'établissement de dallage, en mettant de côté les [blanc] qu'il se proposait d'employer comme supports.

Galerie druidique à Bretteville (Manche)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de recommander à l'intérêt du préfet de la Manche la galerie druidique de Bretteville dont l'existence est menacée et au besoin de l'inviter à en poursuivre l'acquisition.

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. Courmont, rapporteur. Sur la proposition du secrétaire, la Commission est d'avis de rejeter une demande adressée par la Ville de Saint-Maixent 80/15/009/101 dans le but d'obtenir une subvention pour contribuer à l'ouverture d'une rue aux abords de l'église de cette Commune.

Les travaux que nécessitera cette percée devant occasionner des travaux aux monuments auxquels le gouvernement pourra difficilement se refuser à contribuer, la Commission croit bon de réserver ses ressources pour la restauration de l'édifice même.

9 avril 1859
Présents : MM. Lenormant, Mérimée, Caristie, [Émile] Boeswillwald, Questel, de Contencin, Paul Lacroix, Courmont.
Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

Le secrétaire prie la Commission de vouloir bien donner un avis définitif sur l'inscription que l'administration se propose de placer sur un des piliers du Pont du Gard, pour rappeler les travaux de restauration que ce monument vient de recevoir.

Sur la proposition du président, la Commission est d'avis de consulter à ce sujet l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en la prévenant que l'administration a décidé en principe que les inscriptions que recevraient les édifices restaurés seraient toujours rédigées en français. L'Académie aurait à statuer également sur la forme des lettres qui formeraient l'inscription.

Crypte du Ronceray à Angers (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission les plans transmis par M. le ministre de l'Instruction publique au sujet de la conservation de la crypte du Ronceray, lesquels plans lui ont été communiqués par le ministre des Travaux publics. Le rapporteur regrette que le ministre des Travaux publics n'ait pas joint à l'avis qu'il a donné sur cette affaire des plans de quelque étendue ; faute de ce document, on serait tenté de considérer comme une fin de non-recevoir les motifs allégués par l'administration des Travaux publics pour se refuser à toute concession, même à la concession, très insuffisante selon lui, que proposait M. Joly.

En l'absence de ces documents, le rapporteur est d'avis qu'il serait nécessaire d'entendre les observations que pourrait avoir à donner l'architecte chargé des travaux de l'École des Arts et Métiers.

Sur ces conclusions, le curé [sic] propose de convoquer M. Isabelle pour la prochaine séance.

Porte de Mars à Reims (Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que M. Millet évalue à environ 80 000 Francs la dépense nécessaire pour la réparation de la façade de l'Arc 80/15/009/102 de Reims qui regarde la ville, car il n'a pas fait de devis pour l'autre face, tout en signalant le soin d'y faire quelques reprises. Le rapporteur est d'avis que, si l'on jette les yeux sur l'élévation présentée par M. Millet, on ne peut se dissimuler que cette restauration ressemble tout à fait à une reconstruction. Malgré cet inconvénient, M. Mérimée serait d'avis d'entreprendre le travail si on pouvait en le faisant réconcilier la Ville de Reims avec un monument qui lui déplaît dans son état actuel, et qu'elle a cherché plus d'une fois à détruire.

En conséquence, le rapporteur pense que, si la Commission se déterminait à proposer au ministre de faire exécuter les travaux, il y aurait lieu pour l'administration avant de les entreprendre d'obtenir de la Ville de Reims une révision des alignements où l'on aurait égard au monument de façon à lui subordonner, ainsi que l'architecte Legendre l'avait fait sous Louis XV, les dispositions des abords de la ville.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un projet à lui communiqué officieusement par M. de Chergé, correspondant du ministère dans le département de la Vienne, au sujet des abords du Temple Saint-Jean à Poitiers. Ce projet consiste non seulement à isoler le Temple Saint-Jean sur toutes les faces, mais aussi à redresser la rue du Pont-neuf et à établir une place circulaire autour de l'édifice. Le total de la dépense serait de 22 000 Francs dont 15 700 Francs de frais d'acquisition ou d'indemnités, et 6 300 Francs de dépenses de pavage et déblais. Le rapporteur est d'avis que ce projet serait bon à encourager, mais qu'il est impossible au gouvernement d'y prendre part autrement qu'en achetant la Maison Gauthier, la seule qui soit encore un obstacle à la circulation autour du monument.

M. Mérimée serait donc d'avis de prévenir M. de Chergé que la Commission serait disposée à proposer l'emploi par l'État, comme concours à l'exécution du projet, d'une somme de 5 000 Francs sans préjuger toutefois quelle pourra être la décision du ministre après l'instruction de l'affaire par la municipalité de Poitiers.

Ces conclusions sont adoptées.

Meuble du XVe siécle proposé par M. Pierangeli (Corse)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission est d'avis de ne pas adopter la proposition faite par M. Pierangeli, correspondant du ministère pour la Corse, de céder à l'État pour le Musée de Cluny, un secrétaire ou cabinet qu'il désigne sous le nom de Serigno du XVe ou du XVIe siècle par suite des difficultés qu'il y a d'en prendre connaissance 80/15/009/103 et par conséquent d'en déterminer la valeur.

Musée de Vienne (Isère)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une dépêche du préfet de l'Isère contenant des renseignements sur la manière dont s'est effectué le déplacement des objets composant le Musée de Vienne. Il résulte de ce document qu'un seul objet aurait souffert dans le transport, savoir une colonne octogonale construite en briques crépie en mortier et peinte à la fresque qui a été brisée. Cette lettre du préfet a pour but de répondre à une plainte adressée par la Société française d'archéologie au sujet de l'opération dont il est parlé plus haut.

Verrière de l'église de La Roche-Maurice (Finistère)

M. Courmont, rapporteur, rappelle à la Commission que, sur le rapport de M. de Lasteyrie, le ministre de l'Intérieur, d'après l'avis de la Commission, a accordé en 1848 une somme de 622 Francs destinée à réparer une grande verrière qui se trouve dans l'église de La Roche-Maurice et à la protéger par un grillage. Aujourd'hui la Commune qui n'a contribué en rien à ce premier travail demande un nouveau secours pour faire compléter cette verrière. La partie de la fenêtre qui manque de vitraux peints est de 1 m 10. Le rapporteur ne croit pas que ce soit le moment de proposer au ministre de prendre à sa charge une semblable dépense. Les travaux urgents qui absorbent le fonds des Monuments ne permettent pas d'en distribuer la plus faible partie.

En conséquence, il propose de rejeter la demande de la Commune de La Roche-Maurice.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Théodoric à Uzès (Gard)

M. Courmont, rapporteur.

Le secrétaire fait connaître que, sur l'invitation du préfet du Gard, M. Laval a préparé un devis des travaux de restauration de la tour de l'église Saint-Théodoric à Uzès qui a été dégradée par la foudre à la fin de l'année 1856. Le devis s'élève à 4 140 Francs que le préfet demande au ministre d'accorder sur le crédit des Monuments historiques, la Commune et le département ne pouvant disposer d'aucun fonds pour cet objet.

Le rapporteur serait d'avis de donner suite à cette demande si le département du Gard n'était pas [déjà] suffisamment partagé dans la répartition du crédit de l'exercice courant ; il croit donc qu'il y a lieu d'ajourner à l'année prochaine l'allocation demandée.

Conclusions adoptées.

Chapelle Saint-Genoulph à Selles-Saint-Denis (Loir-et-Cher)

M. Courmont, rapporteur.

Sur l'avis du secrétaire, la Commission est d'avis de rejeter la demande d'un secours de 10 Francs pour l'exécution de travaux d'entretien à la chapelle Genoulph, transmise par 80/15/009/104 M. le préfet du Loir-et-Cher, les travaux de cette nature devant rester à la charge des Communes, quand ils ne sont pas hors de proportion avec leurs ressources et, dans ce cas même, ces sortes de dépenses pouvant être mises à la charge de l'administration des Cultes.

Église Saint-Barnard à Romans (Drôme)

M. Courmont, rapporteur.

La Commission rejette également une demande formée par le maire de Romans dans le but d'obtenir un secours de 120 000 Francs pour le dégagement de l'église Saint-Barnard, d'abord parce que cette acquisition a plutôt pour but l'élargissement de la rue qui du pont conduit à la principale place de la Ville- et à ce titre intéresse surtout la viabilité de la Commune- et en second lieu parce que l'état du crédit ne permet pas de proposer au ministre de contribuer à une dépense de cette nature.

Maison Jaillet à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Courmont, rapporteur, expose que la Commune de Paray dans le but d'assurer la conservation d'un édifice intéressant du XVIe siècle en a fait l'acquisition moyennant 12 000 Francs. La Commune se propose aujourd'hui de transporter la mairie dans cet édifice et d'abord elle veut le dégager. M. Millet, chargé d'étudier le projet, a fait un travail qui comprend la restauration de la Maison Jaillet et la suppression des bâtiments qui masquent l'édifice. Le devis s'élève à 18 000 Francs et sur cette somme la réparation de la Maison Jaillet figure pour une somme de 6 760 Francs.

Le rapporteur propose de mettre à la charge des Monuments historiques cette dépense en laissant à la charge de la Commune tous les autres frais, ce qui élèvera son concours dans cette affaire à 23 240 Francs. Le rapporteur pense qu'en présence d'un sacrifice semblable, le ministre n'hésitera pas à accorder son concours.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/009/105

7 mai 1859
Présents : MM. Lenormant, Paul Lacroix, Caristie, Questel, du Sommerard, Mérimée, de Longpérier, de Laborde, Courmont.
Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, soumet à MM. les architectes membres de la Commission pour qu'ils veuillent bien l'apprécier au point de vue de l'art, le nouveau système proposé par M. Mallay pour la couverture de la nef de l'église d'Issoire.

Après avoir examiné le projet, MM. Caristie et Questel sont d'avis que le travail graphique qui leur est présenté n'est pas suffisant ; ils pensent qu'il serait nécessaire d'avoir sous les yeux un dessin de l'état actuel de la couverture expliqué par une coupe transversale et une tranche des longs pans qui permît de voir le système de l'appareil employé.

Sur la proposition du secrétaire, la Commission croit que le meilleur moyen de vuider la question dont il s'agit serait d'appeler M. Mallay au sein de la Commission.

Crypte de l'église du Ronceray à Angers (Maine-et-Loire)

M. Isabelle, architecte chargé des travaux de l'École des Arts et Métiers d'Angers, est introduit. Il donne à la Commission connaissance de ses projets pour l'appropriation des services dépendant de l'École d'Angers. De ses explications, il résulte que les écuries que, dans le principe il avait l'intention de placer dans la cour située derrière l'église de La Trinité, pourraient être transportées dans une autre emplacement, mais que, quant aux buanderies, cela serait difficile de les déplacer vu l'impossibilité où il est de trouver un autre local, et aussi à cause de la nature de ce service qui veut être isolé de l'École. M. Isabelle ne ferait pas d'objection à ce que, en échange du dessus de la crypte de l'église du Ronceray, on lui donnât l'emplacement occupé par la sacristie de l'église de La Trinité, bien qu'il y trouve quelques inconvénients à cause des questions de mitoyenneté que cela créerait.

d'après ces renseignements, la Commission est d'avis qu'il y aurait lieu d'entamer avec la municipalité d'Angers et la Fabrique de La Trinité une négociation tendant à obtenir l'échange du terrain occupé par la sacristie de La Trinité, contre celui que présente le dessus de la crypte du Ronceray, sauf à régler plus tard à qui incomberait la reconstruction de la sacristie de La Trinité. Elle propose en conséquence de soumettre à l'approbation du ministre cette combinaison qui lui paraît la seule capable d'assurer la conservation du monument sur lequel son intérêt est appelé.

Église du Moutier (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur.

M. Mallay transmet au ministre une demande tendant à obtenir le classement de l'église du Moutier et l'acquisition 80/15/009/106 de la crypte qui a été vendue comme Bien national et sert aujourd'hui de cave.

M. Mérimée, rapporteur, croit que le classement peut être prononcé, mais quant à l'acquisition de la crypte, il ne pense pas que l'on puisse y donner suite, avant d'avoir pu s'assurer qu'elle peut être conservée sans trop de dépense ; dans tous les cas, le rapporteur croit qu'on doit demander à M. Mallay un aperçu de la dépense et un travail graphique.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Nieul-sur-l'Autise (Vendée)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Nieul pour laquelle un secours est demandé au ministre est véritablement digne d'intérêt. Il est vrai qu'une partie des travaux à exécuter s'applique à la reconstruction des absides plutôt qu'à la restauration de l'église à proprement parler. Mais la destruction de ces absides est pour ainsi dire récente, et leur reconstruction ne peut donner lieu à aucun doute relativement à leur disposition primitive. Il ne peut y avoir d'erreur dans le parti à prendre et ces travaux paraissent au rapporteur rentrer dans les données ordinaires des réparations encouragées par l'administration. Le devis s'élève à 27 000F, la Commune et la Fabrique donnent 12 500 Francs, le ministère des Cultes 6 000 Francs, le déficit est de 8 500 Francs

Le rapporteur propose d'allouer ces 8 500 Francs.

Ces conclusions sont adoptées.

Fouilles d'Ornon (Isère)

Le ministre de l'Instruction publique communique au ministre d'État des renseignements sur les fouilles exécutées à Ornon. M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que la description transmise est fort insuffisante. Ainsi on ne sait s'il s'agit de la découverte d'un tombeau ou d'un cimetière. Les objets découverts paraissent appartenir à l'époque gauloise.

Le rapporteur croit qu'il est impossible de donner une subvention pour des fouilles sur lesquelles on n'a que des renseignements aussi incomplets.

Conclusions adoptées.

Construction d'une chapelle près le Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Révoil prévient le secrétaire de la Commission que les Soeurs de Saint-Charles à Arles demandent au maire de la Ville l'autorisation de construire une chapelle contre le rempart. M. Révoil n'ose pas s'élever tout à fait contre ce projet ; toutefois, il fait observer que, comme on ne sait pas encore si le Théâtre n'était pas précédé d'un portique, il ne croit pas prudent d'engager l'avenir en permettant d'élever une construction qui pourrait créer de sérieux embarras.

M. Mérimée, rapporteur, partage entièrement l'avis exprimé un peu 80/15/009/107 timidement par l'architecte et il croit qu'il serait très fâcheux que l'administration de la Ville d'Arles donnât l'autorisation demandée. Il propose en conséquence d'écrire dans ce sens à M. le maire de la Ville d'Arles.

Abbaye de Beauport à Paimpol (Côtes-du-Nord)

M. Geslin de Bourgogne, correspondant du ministère pour le département des Côtes-du-Nord, appelle l'intérêt du ministre sur les ruines de l'abbaye de Beauport dont l'existence lui paraît compromise.

M. Mérimée, rapporteur, rappelle tout l'intérêt qui s'attache à ces ruines, surtout à la salle capitulaire. Il croit qu'il faudrait en prévenir la destruction et qu'au moyen d'une petite indemnité dont le montant serait employé à acheter la ruine on pourvoirait à la construction de l'école communale pour laquelle on menace de prendre les pierres sculptées de Beauport.

Cet avis est adopté.

Église d'Assier (Lot)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une nouvelle demande de secours est adressée au ministre en faveur de l'église d'Assier. Le rapporteur est d'avis que l'église dont il s'agit n'offre presqu'aucun intérêt et que les Monuments historiques ont trop d'occasion de mieux employer leur faible budget pour s'attacher à des édifices aussi médiocres.

Conclusions adoptées.

Église de Faverney (Haute-Saône)

Une nouvelle demande de secours a été envoyée par la Commune de Faverney. M. [Émile] Boeswillwald a été chargé d'examiner le devis des travaux proposés et il a reconnu qu'ils présentaient un véritable degré d'urgence.

M. Mérimée, rapporteur, pense qu'avant de prendre une décision, il faut savoir quelle part la Commune compte prendre à la dépense. Le ministère a déjà accordé plusieurs subventions pour ce monument. Avant de s'engager davantage, le rapporteur est d'avis qu'il faut d'abord être sûr du concours de la Commune et aussi connaître l'étendue de la dépense qu'occasionnera l'achèvement complet de la restauration.

Conclusions adoptées.

Église de Marnans (Isère)

Sur l'avis de M. Mérimée, rapporteur, la Commission propose de charger M. Lainé de faire emploi des 2 500 Francs réunis pour la restauration de l'église de Marnans et, dans le cas où il ne pourrait pas se charger de suivre cette opération, le prier d'indiquer les travaux auxquels l'allocation devrait être appliquée.

Fontaine des Innocents à Paris (Seine)

M. de Laborde, rapporteur, demande que le ministre d'État veuille bien intervenir au sujet de la restauration projetée de la Fontaine des Innocents. Déjà, les bas-reliefs sont démontés et il 80/15/009/108 serait en ce moment très facile de les mouler pour les copier de façon à ne plus exposer désormais les sculptures originales au dommage que les eaux peuvent leur faire éprouver. Les bas-reliefs originaux auraient naturellement leur place au Musée du Louvre qui déjà en possède trois. La comparaison que l'on peut faire entre l'état de ces derniers et celui des bas-reliefs que l'on démonte aujourd'hui suffirait pour déterminer l'administration à prendre le parti que propose le rapporteur.

La Commission partage cette opinion.

14 mai 1859
Présents : MM. Mérimée, Lenormant, de Laborde, Caristie, Questel, du Sommerard et Courmont.
Église Saint-Nazaire de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre par laquelle M. Viollet-le-Duc lui annonce qu'il vient de découvrir dans le choeur de l'église Saint-Nazaire une crypte du VIIIe ou IXe siècle qui n'a jamais dû être voûtée mais bien probablement couverte par un plancher en pierre ou en bois. Le choeur du XIVe siècle est construit au-delà de cette crypte.

M. Viollet-le-Duc conclut en annonçant qu'il se propose de restaurer cette crypte.

Église d'Issoire (Puy-de-Dôme)

M. Mallay est introduit dans le sein de la Commission. Il expose un nouveau projet de restauration des toitures de la nef d'Issoire, dans lequel la forme du toit n'est pas changée, mais seulement un peu surélevée.

La Commission approuve ce dernier projet qui se borne à isoler la couverture en dalles sur tous les points au moyen de support en service. Le devis est confié à M. Caristie qui veut bien se charger de l'examiner pour constater si le chiffre de la dépense est bien en rapport avec les travaux proposés par M. Mallay.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Courmont, rapporteur.

Sur le rapport du secrétaire, la Commission est d'avis de charger M. Questel de se mettre en rapport avec la Fabrique d'Ainay pour la diriger aussi bien dans l'ordre à suivre dans les travaux de restauration, qui ne paraît plus être conforme aux intentions premières de la Commission, que dans le choix des motifs de décoration et des artistes 80/15/009/109 auxquels ces derniers travaux doivent être confiés.

Église de Lessay (Manche)

M. Courmont, rapporteur, expose que M. Danjoy vient de transmettre à M. le ministre d'État le travail qu'il avait été chargé de préparer sur l'église de Lessay. Il résulte de ce rapport que le monument est tellement enclavé dans les propriétés particulières que les habitants n'ont qu'une servitude de passage pour pénétrer dans l'intérieur de l'église par une porte latérale. Cette situation rend les dégradations extérieures très difficiles à constater.

L'architecte ajoute que, pour remettre l'église en bon état, il serait nécessaire

1° de dégager son périmètre des propriétés voisines, en achetant les terrains nécessaires principalement du côté de la façade,

2° de redresser les pentes des toitures et de simplifier les chéneaux,

3° de rétablir les joints et de faire des reprises dans toutes les parties de l'église.

Le devis est de 17 934 Francs 99 sur lesquels 2 596 Francs sont affectés à des acquisitions. La restauration proprement dite contenait donc 15 398 Francs 99.

Le rapporteur est d'avis que la Commission ne pourra proposer au ministre de prendre part à la restauration que lorsque la Commune aura fait connaître quelle part elle compte prendre à la dépense, les frais d'isolement devant la regarder seule.

La Commission approuve ces conclusions et demande que le devis soit envoyé au préfet de la Manche pour qu'il invite la Commune à délibérer sur les voies et moyens à prendre pour assurer son concours.

Église Saint-Quiriace de Provins (Seine-et-Marne)

M. Courmont, rapporteur, expose que le ministre d'État vient de recevoir de M. Millet un nouveau devis comprenant les travaux que réclame encore l'église Saint-Quiriace de Provins. Ce nouveau devis s'élève à 32 460 Francs 80.

Le rapporteur croit que les Monuments historiques ne peuvent pas se refuser à continuer la restauration d'un édifice aussi précieux, mais il ne pense pas qu'ils soient tenus de proposer au ministre de fixer le chiffre de son allocation avant que la Commune ait fait connaître si elle est disposée à participer à cette nouvelle dépense dans la proportion de son premier concours.

La Commission partage cette opinion. 80/15/009/110

18 juin 1859
Présents : MM. Caristie, Labrouste, du Sommerard, Mérimée, de Longpérier, Paul Lacroix, Lenormant et Courmont.
Inscription à placer sur le Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

Le secrétaire donne lecture à la Commission de la lettre adressée au ministre par M. le secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions au sujet de l'inscription destinée à conserver le souvenir des travaux de réparation exécutés au Pont du Gard, sur laquelle M. le ministre d'État avait cru devoir consulter l'Académie d'après l'avis de la Commission.

Voici les observations de l'Académie : la rédaction du texte a paru irréprochable. Quant aux formes orthographiques

1° le style des inscriptions n'admet jamais de points à la fin des lignes

2° le texte écrit en français doit suivre l'orthographe française actuelle, par conséquent l'U ne doit point être remplacé par le V qui n'appartient qu'aux inscriptions latines,

3° Il convient de faire disparaître les deux MM devant les noms de MM. les architectes,

4° ces noms seront placés plus convenablement si on les sépare du corps de l'inscription par un médiocre intervalle, et il sera mieux de les écrire en plus petit caractère,

5° il faut effacer l'accent aigu qui se trouve sur l'é dans le mot aqueduc.

L'Académie ne donne aucun avis sur la forme à donner au chiffre que renferme l'inscription. La Commission admet toutes les observations présentées par l'Académie sauf la 2° qui concerne la forme des V à laquelle elle ne croit pas devoir se ranger. Elle demande en conséquence que l'inscription porte des V partout où la lettre U se présentera. Elle est également d'avis que les chiffres de l'inscription devront être en caractères romains. 80/15/009/111

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, met sous les yeux de la Commission le projet préparé par M. Laval pour la restauration de l'église de Saint-Gaudens.

La Commission, après avoir étudié le projet, se trouvant arrêtée dans son examen par le défaut de renseignements suffisants sur l'état de l'édifice avant les modifications qu'il a subies, est d'avis d'ajourner cette affaire. Elle invite le secrétaire à convoquer M. Laval pour la prochaine séance, afin qu'il puisse donner les éclaircissements que son projet demande. 80/15/009/111

Crypte de Saint-Benigne à Dijon (Côte-d'Or)

M. Courmont, rapporteur.

M. le ministre des Cultes rappelle au ministre d'État que son administration a bien voulu lui faire connaître qu'elle ne se refuserait pas à s'associer dans les limites de ses ressources à un projet de reconstruction des cryptes qui vont se trouver placées sous la sacristie que le ministère des Cultes a l'intention d'élever contre l'abside de la cathédrale de Dijon, et insiste pour obtenir une décision de sa part.

Le rapporteur pense que, tant que la Ville de Dijon n'aura pas de son côté fait savoir au ministre d'État quelle part elle compte prendre à la dépense, il n'y a pas lieu pour la Commission de demander au ministre de fixer le chiffre de son concours, et il propose de répondre dans ce sens à M. le ministre des Cultes.

Approuvé.

Crypte de l'église Saint-Nazaire de Carcassonne (Aude)

M. Courmont, rapporteur.

M. Viollet-le-Duc, dans un rapport au ministre du 11 juin dernier, fait connaître qu'en cherchant les anciennes fondations du maître-autel de l'église Saint-Nazaire, il a découvert immédiatement sous le dallage actuel les restes fort bien conservés d'une crypte dont la construction lui paraît remonter au IXe ou Xe siècle, c'est-à-dire à l'époque carlovingienne [sic]. Le mur de précinetium avec ses colonnes engagées et leurs chapiteaux était intact, les piles centrales seules avaient été bouleversées. La disposition des colonnes engagées, dont les chapiteaux n'ont jamais porté de sommiers d'arcs, indiquait clairement que cette crypte n'a jamais été voûtée, mais simplement couverte par un plancher en bois ou par des linteaux de pierre portant le dallage. M. Viollet-le-Duc pense qu'il est d'un grand intérêt pour l'histoire de l'art de conserver cette crypte et de rétablir les parties ruinées. Le devis de ces travaux, dont l'architecte demande l'approbation par la Commission, s'élève à 6 893 Francs 70. M. Viollet termine son rapport en annonçant qu'il a trouvé dans les fouilles une crosse du XIVe siècle en cuivre doré.

Sur l'avis du rapporteur, la Commission pense qu'il y a lieu d'approuver les travaux proposés et de réclamer la crosse pour les collections de l'Hôtel de Cluny.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

Sur la proposition de M. Duban, la Commission décide qu'une sous-commission se rendra à Blois pour examiner s'il y a lieu de démolir une annexe du château située au-dessus de la Salle des États et faisant retour sur la place Saint-Vincent-de-Paul, laquelle annexe est connue sous le nom de voûte du château. Cette démolition proposée par l'architecte est vivement sollicitée par le Conseil municipal de Blois. 80/15/009/112

La sous-commission désignée se compose de MM. Lenormant, Caristie, du Sommerard, de Longpérier et Courmont. Le jour du voyage est fixé au samedi 2 juillet prochain.

9 juillet 1859
Présents : MM. Lenormant, Duban, Caristie, du Sommerard et Courmont.
Église de Mailhat à Lamontgie (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur. Le secrétaire donne lecture d'un rapport rédigé par M. Dauvergne sur l'église de Mailhat. Il résulte de ce travail, auquel sont joints des dessins, que l'édifice recommandé, qui appartient à l'école d'architecture des Bénédictins au XIIIe siècle, n'a rien de commun avec le style auvergnat proprement dit. Des modifications ont été apportées au monument aux XVe et au XVIe siècles, mais le plan primitif est resté apparent sur tous les points. Les fûts de la chapelle centrale sont antiques ainsi que leur base d'un beau marbre bleu turquoise, des sculptures remarquables ajoutent encore à l'intérêt de ce petit édifice.

La Commission, après examen des documents transmis, est d'avis de classer l'église de Mailhat parmi les Monuments historiques.

Porte de Brest à Dinan (Côtes-du-Nord)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, soumet à la Commission l'avant-projet de rectification de la Route impériale n° 170 dans la traversée de Dinan, ayant pour but d'assurer la conservation de la partie des fortifications de cette ville, connue sous le nom de Porte de Brest.

L'un des deux projets, tracé en bleu, entraîne une dépense de 78 000 Francs, l'autre, tracé en rouge, ne coûterait que 32 000 Francs. Le premier paraît être celui que préfère l'administration des Ponts et Chaussées.

Le rapporteur serait de l'avis contraire. D'abord, parce que le tracé rouge peut être exécuté sans entamer les remparts d'une façon notable, et en second lieu parce qu'il est moitié moins dispendieux. Il est impossible d'ailleurs de se rendre compte du motif qui fait pencher l'administration des Ponts et Chaussées pour l'autre projet. Dans le cas où le ministre des Travaux publics voudrait bien se rendre aux considérations qu'il présente, le rapporteur serait d'avis de proposer de contribuer à la dépense pour une somme quelconque, 5 000 Francs par exemple, ce qui sans doute entraînerait sa détermination en faveur du 80/15/009/113 projet plus économique.

La Commission partage cette opinion.

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

M. Laval est introduit dans le sein de la Commission. Il donne les explications qui avaient paru nécessaires à l'intelligence de son projet de restauration de l'église Saint-Gaudens.

La Commission lui fait quelques observations au sujet du projet, entre autres sur la place qu'il avait cru devoir donner à ses gargouilles, et qui a paru mal entendu. M. Laval s'engage à modifier son projet, suivant les indications que lui donne la Commission.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. Lenormant, rapporteur, rend compte à la Commission des résultats de la mission chargée d'examiner le bâtiment dépendant du Château de Blois, dont M. Duban et la Ville de Blois sollicitent la démolition. La sous-commission a été d'avis que cette addition, commencée par Gaston et restée inachevée, ne présente aucun intérêt, qu'elle n'est pas susceptible d'être achevée et qu'elle ne peut que nuire à l'effet de l'ensemble des constructions du Château. La démolition produira même un effet, en ce qu'elle permettra de découvrir le pignon de la Salle des États masqué par cette annexe et qui peut être d'un aspect excellent, lorsque M. Duban lui aura fait subir la restauration qu'il projette.

La sous-commission a toutefois remarqué que la porte située du côté de la place des Jésuites pourrait être conservée. En conséquence, il propose à la Commission de décider si la démolition doit comprendre le bâtiment de Gaston seul ou l'annexe et la porte qui s'y trouve accolée.

La Commission est d'avis de commencer par la démolition de l'annexe, sauf à voir ensuite quel effet produira la porte dégagée des constructions qui y attiennent.

Églises de Saint-Benoît-sur-Loire et de Germigny-des-Prés (Loiret)

M. Lenormant, rapporteur, fait connaître à la Commission qu'il a visité en compagnie de M. du Sommerard l'église de Saint-Benoît-sur-Loire et celle de Germigny-des-Prés dans le Loiret. L'église de Saint-Benoît a été abandonnée par l'architecte chargé des travaux dans l'état le plus fâcheux, les bas-côtés entièrement découverts. Comme cette situation tient surtout au défaut de crédit qui a fait suspendre tout à coup les travaux, le rapporteur exprime le désir le plus vif qu'il soit pris des mesures pour que les travaux soient repris le plus promptement possible, pour remédier au mal causé par la suspension de la restauration.

Pour Germigny-des-Prés, le Conseil général est dans l'intention de donner 500 Francs pour le débadigeonnage. 80/15/009/114 Le rapporteur propose de faire rédiger un devis par M. Millet comprenant les travaux relatifs à cette opération.