Accueil « »
1874
1873
1875
8 février 1874
M. le ministre Bardi de Fourtou préside la séance. Membres présents : MM. Bailly, Beulé, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, de Chennevières, Denuelle, de Guilhermy, Labrouste, Laisné, de Lasteyrie, de Longpérier, Millet, Questel, Quicherat, Ruprich-Robert, de Soubeyran, des Vallières et Viollet-le-Duc. MM. Gautier, de La Rocque et du Sommerard s'excusent par lettre de ne pouvoir assister à la séance.
Circulaire aux préfets

Après la lecture du procès-verbal, M. [Émile] Boeswillwald fait observer que la nouvelle circulaire dont le projet lui a été demandé dans la dernière réunion n'aura pas plus d'effet que les nombreuses instructions adressées aux préfets à différentes époques. L'insuffisance de ce moyen d'action est suffisamment démontrée par la violation qui en est faite si souvent ; une loi seule pourrait mettre entre les mains de l'administration une arme assez puissante pour obliger les Municipalités à respecter les monuments classés.

M. le ministre déclare qu'il n'a pas rejeté la proposition qui lui était soumise de confier à M. Rousse la préparation d'un projet de loi, il n'a fait qu'une objection de forme à raison des difficultés juridiques que la question pourrait soulever.

M. de Soubeyran expose la marche ordinaire des faits : quand les travaux sont en cours d'activité, tout va bien ; c'est seulement lorsque la restauration est achevée que la Commune s'abandonne à toutes ses fantaisies. L'administration, lorsque ce qui a été fait pour dénaturer le monument lui est révélé, reste désarmée en présence du mal accompli, car elle ne dispose d'aucun moyen d'action et cela faute d'avoir été prévenue en temps utile par le préfet qui n'a pas tenu compte des circulaires adressées à son prédécesseur. Que conclure de là, sinon que le ministre n'a pas d'autorité suffisante.

La législation, dit M. Viollet-le-Duc, ne s'applique aux Monuments historiques que sur la question de propriété, en ce sens qu'elle autorise l'expropriation pour cause d'utilité publique de tout bâtiment adossé à un édifice public ; cette question mise à part, il ne reste que des circulaires officieuses et ne donnant pas d'action efficace. En Italie, il existe une loi très ancienne et toujours en vigueur qui protège les monuments.

M. Beulé ne connaît pas la loi, mais il sait que le Gouvernement italien a une action qui s'étend 80/15/10/150 jusqu'aux monuments mobiles et même aux collections privées.

M. de Longpérier fait connaître que cette loi vient d'être visée récemment au sujet du Colisée et que la loi de préemption se retrouve encore en Espagne et en Grèce où l'État peut acheter de préférence à tout autre acquéreur.

La Commission ne demande pas qu'on aille aussi loin en France ; mais elle désire que les municipalités, avides de destructions, puissent être maintenues sévèrement. Ainsi la Ville de Dax a détruit ses fameux remparts ; celles de Reims et de Langres ont tout fait, chacune de leur côté, pour renverser leurs arcs de triomphe. La porte du Palais des Comtes de Champagne à Troyes a été démolie en deux nuits pendant que M. Millet donnait avis au ministre des intentions de la Municipalité. Il importe donc de s'armer contre les tendances désastreuses des administrations municipales. M. le ministre promet d'étudier la question et charge M. le directeur des Beaux-arts de faire rechercher la loi qui permet au Gouvernement italien d'arrêter et de réprimer toute atteinte portée à la conservation d'un monument.

Ancienne tour de l'abbaye de l'église de Déols (Isère)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

L'architecte présente un devis complémentaire de 2 400 Francs. Cet excédent de dépense sur le premier devis, établi en 1850, s'explique suffisamment par l'élévation des prix depuis cette époque ainsi que par l'établissement des échafaudages nécessaires pour le jointoiement complet de la flèche et pour les reprises dans les maçonneries.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, approuve le nouveau devis et propose d'ajouter à la subvention de 5 000 Francs précédemment accordée une nouvelle allocation de 2 400 Francs imputable sur l'exercice 1875 ou l'exercice 1876.

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, expose que la Ville de Lamballe invitée à limiter l'entreprise et à se borner à faire reprendre en sous-oeuvre les parties de maçonnerie les plus compromises produit un devis de 56 352 Francs 70. Les ressources locales s'élevant à 29, 794 Francs 15 il reste à combler un déficit de 26 558 Francs 55. On pourrait accorder sur le crédit 13 555 Francs et inviter la Commune à demander le surplus à l'administration des Cultes.

La Commission considérant que l'église de Lamballe n'est qu'un monument de 2e ordre est d'avis qu'à raison de l'état du crédit, il convient d'ajourner l'allocation proposée, en autorisant la Ville à employer les ressources dont elle dispose.

Église des Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

L'architecte accuse un déficit de 1 694 Francs environ et présente un devis 80/15/10/151 complémentaire de 4 675 Francs 17 pour travaux urgents. de consolidation, ce qui porte à 6 369 Francs 17 l'ensemble des ressources nécessaires.

M le rapporteur pense qu'il suffirait d'allouer 2 000 Francs sur l'exercice 1875 car la Commune et la Fabrique ont des ressources, puisqu'elles ont déjà attribué pour 8 000 Francs à l'exécution du dernier ouvrage, avec l'aide du département et de l'administration des Cultes.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Trophime d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'ajourner l'examen de cette affaire jusqu'à la production d'un décompte arrêté par l'architecte afin que la Commission connaisse le montant exact du déficit évalué à 4 452 Francs 61 qui doit s'ajouter à la somme de 3 775 Francs demandée par l'architecte pour l'enlèvement des travaux de restauration.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

L'architecte présente un devis rectifié des travaux restant à faire pour terminer les opérations comprises dans la dernière partie du devis général approuvé en principe par la Commission. Ces ouvrages très urgents au point de vue de la consolidation et de la conservation du monument devant entraîner une dépense évaluée à 18, 511 Francs 10.

M. le rapporteur propose d'accorder 9 511 Francs qui pourraient être imputés sur l'exercice 1875 ou sur l'exercice 1876, suivant que les ressources du crédit le permettraient, à la condition que la Ville d'Arles fournirait le surplus.

Cette proposition est adoptée.

Église de Saint-Omer (Pas-de-Calais)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

Les travaux faisant l'objet du premier devis de 179 768 Francs touchent à leur fin et le maire de Saint-Omer soumet à l'examen de la Commission un nouveau devis s'élevant à 132 546 Francs 86 d'ouvrages tout aussi urgents que les précédents. Les ressources disponibles montent à 72 000 Francs en y comprenant le produit de la vente des plombs du grand comble, il reste donc à combler un déficit de 60 000 Francs. Le monument est fort intéressant ; les travaux ont été exécutés dans de bonnes conditions par M. Darcy ; on pourrait accorder 30 000 Francs en les échelonnant sur plusieurs exercices et transmettre le dossier à l'administration des Cultes qui pourrait pourvoir au surplus en contribuant dans la même proportion que pour le premier devis.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Étienne à Auxerre (Yonne)

Sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission, considérant que M. Piéplu fils réunit les aptitudes nécessaires pour continuer la restauration commencée par son père, propose d'accueillir favorablement la demande 80/15/10/152 faite par cet architecte.

Église de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle)

La Fabrique s'engage à couvrir l'excédent de dépense du premier devis et présente un nouveau devis de 91 000 Francs. M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense que dans la situation du crédit, il est impossible quant à présent de donner suite à la nouvelle demande d'allocations, alors surtout que la Commission n'est pas fixée par un décompte sur le montant exact des travaux exécutés.

L'ajournement est prononcé.

Église Notre-Dame de Cléry (Loiret)

M. [Émile] Boeswillwald présente à la Commission une esquisse de vitrail par M. Ottin.

M. Quicherat fait remarquer que ce dessin, conçu dans le style de Charles VIII, contient un mélange de costumes d'époques différentes.

M. [Émile] Boeswillwald répond que M. Ottin n'a pas étudié le sujet à fond et qu'il a simplement voulu présenter un ensemble, on lui recommandera de donner de l'unité à ses costumes et, lorsque les cartons seront exécutés, la Commission pourra désigner quelques-uns de ses membres pour les examiner. Le travail sera fait, du reste, sous la surveillance de M. Lisch qui dirigera l'artiste et lui donnera un programme à suivre.

Église de Châtillon-sur-Indre (Indre)

Le devis présenté pour la restauration de ce monument s'élève à 45 000 Francs. Le Conseil municipal a voté 4 000 Francs et demande le surplus à l'État.

M. Millet, rapporteur, propose d'offrir la moitié des ressources nécessaires, soit 22 500 Francs à la condition que la Commune parvienne à réunir le surplus, on obtiendra sans doute par cette proposition l'ajournement que l'état du crédit rend nécessaire.

Église Notre-Dame de Bressuire (Deux-Sèvres)

M. Millet, rapporteur, pense qu'il est impossible d'admettre la prétention élevée par la Commune de se réserver le choix de la partie du monument dont elle prendrait à sa charge la restauration. Il propose en outre, avant de statuer sur l'affaire, de demander à l'architecte un complément d'instruction et notamment des dessins ou des photographies des faces latérales et de la façade principale.

M. [Émile] Boeswillwald déclare que cette façade n'est pas en mauvais état et qu'il ne faut pas songer à reconstituer la voussure en pierre tendre dont il ne reste plus rien aujourd'hui.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Mareuil-Marly (Seine-et-Oise)

M. Millet expose que les ressources mises à la disposition sont absorbées. Le clocher a été restauré ; le bas-côté nord a été complètement remis en état ; la porte occidentale a été refaite, les piliers portant le clocher ont été consolidés. 55 000 Francs ont été employée à ces ouvrages, mais il reste beaucoup à faire.

M. le ministre pense que le département pourrait s'intéresser à l'affaire et promet de demander le concours du Conseil général en faisant valoir que les travaux, 80/15/10/153 exécutés aux frais de l'État, ont eu pour résultat de sauver l'édifice. Il y a lieu en conséquence d'ajourner toute décision au mois de mai et d'attendre la réponse du préfet.

Église Saint-Pierre de Caen (Calvados)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose de renvoyer le dossier au maire de Caen, afin que le devis soit subdivisé par chapitres suivant l'urgence des travaux à faire. Le premier chapitre établi d'après les indications de M. le rapporteur s'élèverait qu'à 100 000 Francs environ ce qui réduirait le déficit de 160 000 Francs à 70 000 Francs.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Capitole de Toulouse (Haute-Garonne)

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

La Ville de Toulouse soumet à l'examen de la Commission un projet d'après lequel des terrains en bordure de la nouvelle rue d'Alsace seraient affectés à l'élévation de maisons construites sur un plan uniforme dont elle deviendrait propriétaire dans 70 ans.

M. le rapporteur est d'avis que la Ville de Toulouse n'a aucun intérêt à favoriser une spéculation qui aurait pour résultat de masquer le donjon par un bâtiment d'une architecture ridicule en raison des matériaux employés ; il y aurait tout avantage au contraire à laisser les terrains libres et à les employer pour la création d'un jardin public. C'est du reste le parti que la Ville serait disposée à adopter.

La Commission propose de répondre au préfet de la Haute-Garonne dans le sens des conclusions du rapport.

Église Saint-Rémi à Reims (Marne)

Rapporteur, M. Viollet-le-Duc.

M. Leblan, architecte chargé de faire un relevé graphique de l'église Saint-Rémi à Reims, soumet son travail à la Commission. Ce travail qui se compose de 28 dessins, est digne d'éloges et peut-être présenté comme type aux jeunes architectes attachés au service des Monuments historiques.

M. le rapporteur propose en conséquence de faire photographier ces dessins afin de les répandre et de leur donner la plus grande publicité. M. Leblan est ensuite appelé à donner des explications verbales sur le monument. 80/15/10/154

30 avril 1874
M. le directeur des Beaux-arts préside la séance. Membres présents : MM. Abadie, Bailly, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Denuelle, de Guilhermy, Laisné, de Lasteyrie, de Longpérier, de La Motte, Millet, Questel, Quicherat, Ruprich-Robert, de Soubeyran et des Vallières.
Mission de M. du Cleuziou en Bretagne

M. du Cleuziou rend compte de sa mission en Bretagne.

La subvention qui lui a été accordée lui a permis d'étudier une partie des monuments de Carnac et d'en faire un relevé complet.

Au sujet des dévastations signalées par M. du Cleuziou, M. Abadie demande si le sol, sur lequel reposent les pierres qui composent les alignements de Carnac, est propriété particulière et s'il ne serait pas possible de prendre des mesures pour conserver des monuments si connus par leur importance.

M. de Cardaillac fait connaître que la Commune de Carnac, à laquelle un secours a été accordé sur le crédit des Monuments historiques pour l'acquisition des terrains appartenant à des particuliers, est aujourd'hui en instance auprès du Conseil d'État pour obtenir l'autorisation de procéder par voie d'expropriation. M. du Cleuziou dit qu'on ne pourrait acquérir que la lande environ 60 à 80 m de largeur sur 1 kilomètre de longueur. Une partie des terrains non communaux appartient à un grand propriétaire qui ne vendra pas, mais qui attache le plus grand prix à la conservation des pierres et qui, pour les mieux protéger, a fait établir une clôture.

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture du rapport de M. Viollet-le-Duc sur la mission de M. du Cleuziou ; ce rapport conclut à la continuation de la mission.

M. Quicherat appuie ces conclusions et, tout en déclarant que cette fois M. du Cleuziou s'est conformé aux instructions qu'il a reçues et à procédé d'une manière scientifique, engage ce dernier à se servir de la chambre claire qui lui permettrait d'allouer [sic] une réduction mathématique et simplifierait son travail. M. du Cleuziou a pu avec la subvention de 2 000 Francs qui lui a été accordée l'année dernière travailler pendant trois mois ; il demande mille francs pour travailler six mois cette année et terminer ainsi les relevés du monument de Carnac. Les dessins lui seraient payés en outre à raison de 100 Francs la feuille et 50 Francs la demi-feuille.

La Commission décide que la question sera ajournée jusqu'à ce qu'elle ait été examinée administrativement. 80/15/10/155

Église de Saint-Germer (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald présente le devis des travaux de consolidation qui lui paraissent urgents. Ce devis s'élève à 15 938 Francs 77. Quant à la restauration complète, il n'y a pas lieu d'y songer. Le monument est aujourd'hui tel qu'il était il y a trente ans, mieux vaut ne pas se lancer dans une entreprise qui conduirait à une véritable reconstruction et se limite à la dépense relative aux travaux absolument indispensables. Cette dépense pourra être imputée aux deux exercices à partir de l'année prochaine, ce qui n'empêche pas de commencer les travaux cette année.

Adopté.

Église de Nouaillé (Vienne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'en raison de l'intérêt que présente ce monument dont les bas-côtés sont très curieux. Il y a lieu d'accorder les 2/3 de la somme de 22 246 Francs nécessaire à l'exécution des travaux indiqués dans le devis établi par M. Joly-Leterme, travaux de la plus extrême urgence. La Commune est trop pauvre pour parfaire le surplus de la dépense, mais elle pourra sans doute y parvenir à l'aide du département ou de l'administration des Cultes.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Javarzay (Deux-Sèvres)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de demander à M. Loué un devis des travaux strictement nécessaires pour la restauration du choeur, travaux dont l'indication est faite dans le rapport. Quant au projet présenté par cet architecte et qui aurait pour but de démolir le choeur actuel pour rendre au monument l'unité de style, en rétablissant les anciennes absides sur les traces découvertes par suite des fouilles qui ont été faites, il ne supporte pas l'examen. Les conclusions du rapport sont approuvées.

Église de Saint-Savin (Vienne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'il convient de laisser à M. le curé de Saint-Savin la charge de réunir le total des ressources nécessaires à l'exécution des vitraux peints et de réserver pour des travaux importants de conservation devenus nécessaires les fonds qui pourraient être alloués sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission approuve les conclusions du rapport et demande que le projet des vitraux lui soit soumis, car la maison Lobin de Tours, qui doit avoir l'entreprise, n'offre pas des garanties suffisantes de bonne exécution.

Église et cloître de Vaison (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le devis présenté par M. Révoil des ouvrages restant à faire pour l'achèvement de la restauration de ces deux édifices. Ce devis montant 18 292 Francs 54 comprend une somme de 4 456 Francs 14, relative à l'achèvement du cloître, qui pourrait être allouée sur le crédit ; quant au surplus qui concerne l'église et le clocher, il y aurait lieu d'en accorder les 2/3 à la condition que la Commune 80/15/10/156 prendrait à sa charge la somme de 4 612 Francs qui serait nécessaire pour parfaire le montant de la dépense.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Maison carrée à Nîmes (Gard)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'en raison du bon état de conservation de l'ensemble de la charpente, il n'y a pas lieu de refaire le comble en entier comme l'a proposé M. Révoil, mais seulement de remplacer les tuiles brisées. Cependant, si la Ville de Nîmes ne recule pas devant une dépense de 13 à 14 000 Francs, il est certain qu'une couverture en tuiles plates et creuses avec antéfixes antiques trouvées dans les fouilles exécutées au pied du monument serait préférable. La dépense devant dans l'un ou l'autre cas rester à la charge de la Commune c'est à la Municipalité qu'il appartient de prendre un parti.

M. Quicherat demande que M. Révoil soit invité à veiller à la conservation du musée lapidaire et à faire des remontrances au sujet des inscriptions qui disparaissent chaque jour.

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître que sur ce point M. Révoil a fait tout ce qu'il était possible de faire pour attirer l'attention de la Municipalité ; il faudrait pour éviter le retour des faits signalés par M. Quicherat que la Ville pût disposer d'une salle dans laquelle seraient placés ces précieux fragments qu'il sera très difficile de garantir de toutes dévastations tant qu'ils occuperont la place où la Ville de Nîmes paraît disposée à les maintenir.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver en principe le dégagement de l'édifice, mais demande que les allocations soient réservées pour les travaux de restauration. C'est du reste ce que demande le préfet de l'Oise qui espère amener la Municipalité et la Fabrique à prendre à leur charge la dépense nécessaire pour acquisitions de terrains et clôture.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Bâtiment de Gaston au château de Blois (Loir-et-Cher)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que, sur le devis de 129, 000 Francs présenté par M. de La Morandière, il y a lieu de laisser à la charge de la Ville tout ce qui concerne la reconstruction de l'escalier et la fermeture des baies, en ne mettant à la charge du crédit que la dépense nécessaire pour l'achèvement des couvertures et la consolidation de la charpente, dépense évaluée à 16 000 Francs.

En adoptant cette proposition la Commission ne fera que persister dans la résolution qu'elle a prise en 1870 lors de l'examen d'un devis de 82 000 Francs présenté par M. Duban pour l'exécution des mêmes travaux dont la dépense est estimée aujourd'hui 80/15/10/157 à 129 000 Francs par M. de La Morandière.

M. de Longpérier pense que si l'État ne concourt pas à l'exécution des travaux autres que ceux d'abri, il n'en faut pas moins veiller à ce que ces ouvrages ne soient pas en contradiction avec le style du monument.

M. Questel est d'avis que l'installation des services de la mairie dans le bâtiment de Gaston n'est pas un motif justifiant l'abandon à la Ville de la restauration du monument, la façade sur la cour est très belle et l'escalier est magnifique. Il convient donc de ne pas se désintéresser complètement de l'entreprise afin d'en conserver la direction.

M. de Cardaillac s'associe à ces observations et trouve que la Commission, lorsqu'elle a décidé en 1870 qu'elle ne contribuerait pas à la restauration de l'escalier, a été trop rigoureuse, car cet escalier est très beau.

M. de Soubeyran fait observer qu'il n'existe que la coupole, c'est un escalier entièrement neuf qu'il s'agit d'établir. Or la Commission ne peut donner son concours à l'exécution d'un escalier qui n'a jamais existé sans détourner de sa destination le crédit affecté à la restauration des Monuments historiques. La Commission n'a dans cette affaire qu'un avis consultatif à donner, il ne lui appartient pas de contribuer aux dépenses d'installation d'un Hôtel de ville. Il est persuadé du reste, qu'avec la Municipalité, telle qu'elle est constituée, la Commission n'obtiendra rien, à moins qu'elle ne vote une subvention assez élevée pour être autorisée à prendre en main la direction des travaux.

M. [Émile] Boeswillwald croit aussi que pour l'aménagement tout au moins, l'architecte de la Ville sera substitué à M. de La Morandière.

M. Questel déclare qu'il aime mieux voir le bâtiment de Gaston transformé en Hôtel de ville que de le voir de nouveau converti en caserne ; mais que cette affectation ne peut empêcher la Commission de concourir à la restauration. Quant à l'escalier, il est vrai qu'il n'a jamais existé, mais on a le projet de François Mansart qu'il est facile de suivre exactement.

En procédant ainsi, on peut, sans s'écarter des principes, assimiler la reconstruction à une restauration. M. de Cardaillac demande que le projet de restauration soit soumis à la Commission, ainsi que le projet d'appropriation et un devis définitif général, on verra après examen de ces pièces ce qu'il conviendra de faire.

Conformément à cette proposition, la Commission 80/15/10/158 vote l'ajournement de l'affaire.

Église de La Roë (Mayenne)

La Commission, adoptant les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis que le refus d'allocation déjà fait en 1866 doit être maintenu, à raison du peu d'intérêt de cet édifice qui ne mérite pas d'être conservé au nombre des monuments classés.

Église Saint-Hilaire de Poitiers (Vienne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense que ce serait détourner le crédit des Monuments historiques de sa destination que d'accorder une nouvelle subvention pour l'achèvement de la construction de la nef de l'église Saint-Hilaire. C'est aux administrations locales qu'il appartient de couvrir le déficit de 60 850 Francs sur la dépense de 93 412 Francs encore nécessaire pour cette reconstruction d'après l'état de situation des travaux au 31 décembre 1873.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Siffrein à Carpentras (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que la coupole, sur laquelle repose le clocher qu'il s'agirait de reconstruire ne serait pas en état même après les réparations proposées par l'architecte de supporter la charge de la nouvelle construction du clocher. Il demande en conséquence que cette reconstruction sur le vieux soubassement ne soit pas autorisée.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Cruas (Ardèche)

M. Révoil fait connaître que le déblaiement des abords de l'église pourrait en ce moment s'opérer à peu de frais par l'office des entrepreneurs du chemin de fer qui ont besoin de terres pour les remblais.

M. Questel, rapporteur, propose d'accepter cette combinaison qui offre de sérieux avantages et qui permettrait à l'architecte de se rendre compte de l'état et même de l'ordonnance des deux premières travées ; il y aurait lieu seulement de demander pour quelle part la Commune entrerait dans la dépense et d'inviter l'architecte à faire connaître la somme dont il pense avoir besoin immédiatement pour faire face aux travaux urgents que les déblais rendraient nécessaires.

Hôtel Jacques Coeur à Bourges (Cher)

M. Questel, chargé de faire un rapport au Conseil des Bâtiments civils sur un projet de suppression d'un passage qui existe sous l'Hôtel Jacques Coeur, fait connaître que le ministre de l'Intérieur en transmettant les pièces relatives à cette affaire a demandé que la Commission des Monuments historiques fût consultée.

M. Questel déclare qu'il y toutes sortes de raisons pour que ce passage étroit et obscur soit supprimé.

La Commission donne une approbation et demande que des remerciements soient adressés à M. le ministre de l'Intérieur pour sa sollicitude à l'égard des Monuments historiques.

Église de Baume-les-Messieurs (Jura)

Rendant compte de la mission dont il a été chargé, M. Darcy estime qu'une 80/15/10/159 dépense de 6 450 Francs serait nécessaire pour réparer et remettre en place les tombeaux déplacés lors de la restauration de l'église.

Sur les observations de MM. de Guilhermy et de Longpérier, la Commission propose d'autoriser le rétablissement des tombeaux dans les places qu'ils occupaient, mais d'inviter l'architecte à ne faire aucune réparation de sculptures.

Église de Cambronne (Oise)

M. Millet, rapporteur, pense qu'il y a lieu d'approuver le devis de 17 832 Francs présenté par M. Selmersheim pour la consolidation du choeur. Les travaux proposés sont bien conçus, ils consistent dans la construction d'arcs-boutants sous le comble des bas-côtés, la reconstruction des voûtes de deux travées et la réouverture du triforium et des baies supérieures. La Commune possède 5 à 6 000 Francs qui peuvent être affectés à l'entreprise, elle trouverait sans doute le moyen d'augmenter ce chiffre de manière à couvrir la moitié de la dépense, il suffirait donc d'allouer une subvention de 8, 000 Francs.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Hôtel de ville de Clermont (Oise)

Sur le rapport de M. Viollet-le-Duc, la Commission propose le classement de l'édifice en demandant que l'avis au préfet rappelle la principale de conséquences du classement, c'est-à-dire l'interdiction d'exécuter aucun travail, sans l'autorisation du ministre. M. Selmersheim sera chargé de préparer un projet de restauration.

Église de Saint-Riquier (Somme)

M. des Vallières, rapporteur, fait connaître que l'état de ce monument, le plus important du département après la cathédrale d'Amiens, réclame des réparations urgentes dont la dépense est estimée à 40 000 Francs environ par M. Duthoit. Ces réparations sont rendues nécessaires par le mauvais état des conduites d'eau et par les infiltrations qui en résultent.

A cette occasion, M. des Vallières rappelle que le Conseil général de la Somme vote chaque année pour l'entretien des monuments du département une somme de 10 000 Francs, qui judicieusement employée permettrait d'obtenir des résultats utiles, mais dont l'application laisse malheureusement beaucoup à désirer et va même à l'encontre des règlements relatifs aux Monuments historiques. Les édifices dignes d'intérêt sont rares dans le département de la Somme, le crédit voté par le Conseil général aurait donc permis de remédier au fâcheux état de l'église de Saint-Riquier et d'en arrêter la ruine, si on avait songé depuis plusieurs années à réserver une partie du crédit pour la conservation de ce monument.

La Commission faisant droit aux observations du rapporteur, demande que des instructions précises soient adressées au préfet de la Somme sur l'emploi du crédit de 21 000 Francs voté par le Conseil général. 80/15/10/160

Église de Saint-Yrieix (Haute-Vienne)

M. Abadie fait connaître qu'une dépense de 91 153 Francs 62 est nécessaire pour la continuation de la restauration. Cette somme comprend 1° un devis de 13 953 Francs 16 sur les travaux exécutés et 2° l'évaluation des ouvrages prévus dans les chapitres 3 et 4 du devis reprise des parements intérieurs et extérieurs, réparations de la façade occidentale, du portail, du clocher et du fenestrage du chevet ouvrages considérables et urgents. La Commune a déjà dépensé plus de 55 000 Francs pour cette restauration, il lui est absolument impossible de faire davantage, c'est donc au service des Monuments historiques qu'il appartient d'assurer la continuation des travaux ; l'église de Saint-Yrieix mérite du reste à tous égards les sacrifices qui seront faits pour assurer sa conservation car elle est une des plus belles du centre de la France.

M. Abadie demande en conséquence une nouvelle subvention de 60 000 Francs qui serait répartie sur trois exercices à partir de 1875 et insiste surtout pour que l'arriéré de 13 000 Francs soit soldé le plus tôt possible. On s'adresserait pour parfaire les 9 000 Francs nécessaires à l'administration des Cultes qui a déjà donné des secours.

Sur les observations de MM. de Cardaillac et Bailly, la Commission propose d'accorder 20 000 Francs dans lesquels seront compris les 13 000 Francs de déficit et d'attendre pour déterminer le chiffre des allocations suivantes que l'administration des Cultes ait fait connaître ses intentions au sujet du concours qui lui sera demandé.

Église de Saint-Junien (Haute-Vienne)

M. Abadie, rapporteur, demande que M. [Émile] Boeswillwald soit chargé de visiter le monument dans l'une de ses prochaines tournées d'inspection et de faire connaître si l'intérêt est suffisant pour motiver l'allocation d'un secours sur le crédit.

Camp de Vermand (Aisne)

Le préfet de l'Aisne fait connaître que la conservation de ce monument est menacée non par l'administration des Domaines, qui n'est pas en possession des terrains, mais par les propriétaires riverains qui empiètent chaque jour. Le directeur des Domaines du département pense qu'il serait possible d'obtenir de la Commune la cession des terrains à l'État, qui s'engagerait à réprimer toute usurpation et à préserver de toute atteinte l'enceinte du camp.

M. de Guilhermy, rapporteur, propose d'inviter le préfet de l'Aisne à étudier la question dans ce sens, après quoi le ministre pourra s'entendre avec son collègue des Finances.

Adopté.

Statues de la Renaissance à Contrexéville (Vosges)

M. Barbier de Montault appelle l'attention sur trois statues de la Renaissance placées à l'extérieur d'une maison de Contrexéville.

Bien que ces statues, à en juger par la photographie de l'une d'elles, ne paraissent pas bien intéressantes, M. de Guilhermy pense qu'on pourrait essayer de les faire placer dans l'église du lieu.

Monuments de Riez, de Moustier et de Manosque (Basses-Alpes)

Rapporteur, M. de Guilhermy.

En adressant des photographies du clocher roman de Moustier, de la porte de Manosque et des trois colonnes antiques de Riez, M. Révoil appelle l'attention sur la rotonde ou chapelle circulaire qui existe dans cette dernière ville et qui aurait besoin de réparations dont la 80/15/10/160 dépense serait minime.

Conformément aux conclusions du rapport, la Commission propose d'inviter le préfet des Basses-Alpes à faire prendre d'urgence des mesures de conservation.

Église Sainte-Marie-aux Dames à Saintes (Charente-Inférieure)

M. de Guilhermy, rapporteur, demande que le préfet soit invité à donner des renseignements sur le projet de transformation du monument en caserne et à s'interposer pour sauver cette église très intéressante.

Carton de vitraux par M. Didron : église Notre-Dame de Dijon (Côte-d'Or)

M. Laisné demande que les cartons exécutés par M. Didron pour les vitraux de Notre-Dame de Dijon soient examinés par la Commission. Rendez-vous est pris à cet effet pour le mardi 5 mai à 4 heures du soir.

Salle des Thèses à Orléans (Loiret)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture d'un rapport de M. Lisch faisant connaître que, dans le but de créer une place au devant de la préfecture, le Conseil général du Loiret a projeté la démolition de cet élégant édifice du XVe siècle.

La Commission propose de faire observer au préfet qu'un élargissement suffisant de la rue de Bourgogne au devant de l'Hôtel de la préfecture peut avoir lieu sans qu'il soit nécessaire de décrocher [sic] l'ancienne Salle des thèses dont la conservation doit être assurée par tous les moyens possibles. 80/15/10/162

7 Mai [février ; sic] 1874 [Dimanche]
M. de Soubeyran, vice-président, préside la séance à laquelle assistent MM. Bailly, [Émile] Boeswillwald, Labrouste, Laisné, de La Motte, de Longpérier, Millet, Quicherat, Ruprich-Robert, des Vallières et Viollet-le-Duc.
M de Soubeyran nommé vice-président

M. de Soubeyran déclare qu'il s'estime très flatté de l'honneur que lui a fait M. le ministre en le nommant vice-président de la Commission. Cette mission, dit-il, pouvait être confiée à un plus digne, mais elle ne pourrait l'être à quelqu'un s'intéressant davantage aux travaux de la Commission.

M. le ministre s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance.

Regrets à l'occasion du décès de M. Beulé

M. le président fait connaître que l'intention du ministre, en venant présider la réunion, était d'exprimer des regrets au sujet de la mort de M. Beulé. La Commission s'associe à la pensée de M. le ministre et décide qu'il en sera fait mention au procès-verbal.

[minute, barré : M de Chennevièvres, directeur des Beaux-arts, annonce qu'ayant donné sa démission, il ne peut se rendre à la réunion]

Le procès-verbal de la séance du 30 avril est lu et adopté.
Pourparlers en vue d'obtenir la note de crédits extraordinaires se montant à 600 000 Francs

M. le président rend compte à la Commission de ses pourparlers avec le ministre au sujet d'une augmentation de crédit de 200 000 Francs sur l'exercice 1874 et de même somme en 1875. Cette demande de crédits extraordinaires, basée sur les dépenses occasionnées par les faits de guerre pour quelques monuments importants à Nancy, Toul, Saint-Denis, Soissons, etc., doit être appuyée dans le Conseil des ministres par M. de Fourtou, ministre de l'intérieur.

M. le secrétaire donne lecture du rapport qui devait être soumis dans cette séance à l'approbation de M. le ministre.

L'ordre du jour appelle l'examen d'une demande de secours relative à :

Église de Vernouillet (Seine-et-Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que les premiers travaux exécutés par M. Crépin laissent à désirer. Les contreforts sont lourds et ne s'accordent point avec le style du monument, les combles montant jusque dans les baies du clocher qu'ils engagent. Le successeur de M. Crépin, M. Barruel a repris le choeur, les piles et la voûte du transept. Ces travaux sont satisfaisants comme solidité et comme taille ; il y a seulement à faire observer que dans les piles les pierres sont d'une hauteur d'assise plus grande que les anciennes, mais l'architecte a été obligé d'agir ainsi à raison du mauvais état des constructions. Dans l'abside, il n'a rien changé, il a même conservé les bases du XVIIe siècle. Quant aux sculptures, elles sont bien exécutées. Les travaux restant à faire aujourd'hui sont de première nécessité, ils consistent dans la reprise du clocher 80/15/10/163 et des clochetons d'angle et doivent entraîner une dépense de 15 000 Francs. M. le rapporteur propose d'accorder dès que les ressources du crédit le permettront :

1er 8 000 Francs pour solde du déficit sur les travaux antérieurs ;

2e 7 000 Francs pour l'achèvement de la restauration du clocher à la charge pour la Commune de pourvoir avec l'aide du Conseil général au surplus de la dépense. Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver un devis de 12 365 Francs 80 comprenant la réparation des contreforts et des murs de face ainsi que de la couverture d'une partie de la nef et des chapelles. La Commune ne demande pas d'argent, elle possède des ressources suffisantes pour faire face à la dépense.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église d'Auvers (Seine-et-Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, expose que cet édifice intéressant vient d'être l'objet de travaux déplorables pour l'exécution desquels il a été dépensé une somme assez importante qui, bien employée, eut permis d'obtenir de bons résultats. Maintenant le mal est sans remède, il ne reste qu'à adresser un blâme sévère à l'administration locale.

Sur la proposition de M. le président, la Commission demande qu'une copie du rapport de M. [Émile] Boeswillwald dont elle adopte les conclusions soit adressée à M. le ministre de l'Intérieur.

Église de Saint-Restitut (Drôme)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

Il y a 30 ou 40 ans que l'angle sud-ouest a été refait, mais l'architecte ne s'étant pas préoccupé de l'état des fondations et de la nature du sol, de graves désordres se sont produits depuis cette époque. Aujourd'hui par suite de la poussée continue de la voûte, la façade est lézardée dans toute sa hauteur et il devient absolument indispensable de prendre des mesures pour remédier à un état de choses qui s'aggrave chaque jour davantage.

Répondant à une question de M. de Longpérier, M. [Émile] Boeswillwald dit que les sculptures ne sont pas menacées et ne tomberont pas. Quelques désordres plus ou moins graves se sont encore produits à l'intérieur, mais le point de départ est dans l'angle refait qui a entamé la construction ancienne. La dépense nécessaire est évaluée par M. Révoil à 9 939 Francs 69 ; la Commune n'ayant aucune ressources, c'est au service des Monuments historiques qu'il appartient d'y pourvoir le plus tôt possible pour arrêter la ruine d'un édifice dont l'intérêt est si grand.

M. le président fait remarquer que la question d'allocation sera forcément ajournée, si l'on n'obtient 80/15/10/164 pas un crédit extraordinaire. Il propose en attendant d'inviter le préfet de la Drôme à saisir de l'affaire le Conseil général qui pourrait demander un secours à l'administration des Cultes.

M. de La Motte demande que le dossier lui soit adressé purement et simplement, l'affaire suivra ainsi une marche plus rapide.

Église Saint-Trophime à Arles (Bouches-du-Rhône)

Une somme de 9 011 Francs 86 est encore nécessaire ; elle comprend :

1° 4 576 Francs 94 d'excédent de dépense dans les reprises du choeur,

2° 4 434 Francs 92 pour la reconstruction du perron et l'achèvement de la restauration du bas côté nord du choeur.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le devis et de pourvoir à l'ensemble de la dépense par une allocation sur le crédit dès que cela sera possible. La Ville d'Arles ayant beaucoup de monuments à entretenir et ayant fait d'assez grandes dépenses, on ne peut guère lui demander d'argent dans cette circonstance ; mais on pourrait en demander à la Fabrique qui a su en trouver pour des travaux de luxe.

La Commission, obligée d'ajourner toute proposition d'allocation vu l'état du crédit, est d'avis que la Ville et la Fabrique soient invitées à donner leur concours pour terminer l'entreprise.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Monseigneur l'évêque de Poitiers demande que ce monument soit rendu au Culte et s'engage à supporter la dépense qui résultera des réparations nécessaires. Le préfet de la Vienne et le directeur des Domaines appuient cette demande d'un avis favorable et M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'elle peut-être prise en considération à la condition que les travaux soient exécutés par un architecte désigné par la Commission et pourvu que, sous aucun prétexte, il ne soit touché aux restes si intéressants des anciennes peintures.

La Commission reconnaît qu'il y aurait avantage à ce que le monument reçût une destination ; mais elle craint qu'en le remettant au clergé on ne voue les peintures à la destruction ; il y a tout lieu de croire, en effet, que Monseigneur Pie ne tiendrait aucun compte des recommandations qui lui seraient faites. En conséquence elle propose le rejet de la demande.

Cloître de l'ancienne abbaye de Saint-Jean-des-Vignes à Soissons (Aisne)

L'architecte, M. Ouradou, appelle l'attention de la Commission sur le fâcheux état dans lequel se trouvent les restes des deux cloîtres de l'ancienne abbaye de Saint-Jean-des-Vignes. Il évalue à 5 500 Francs la dépense nécessaire pour faire les réparations et les clôtures nécessaires ; mais il pense qu'avant d'entreprendre ces travaux, il y aurait lieu de faire évacuer l'enceinte des cloîtres par le service de l'artillerie qui a contribué pour beaucoup aux dégradations.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de pourvoir à la dépense à l'aide d'une allocation sur le crédit, la Ville de Soissons ne pouvant y contribuer que pour 600 Francs seulement. Mais il pense, ainsi que M. Viollet-le-Duc, qu'il convient, 80/15/10/165 pour que cette dépense ne soit point faite en pure perte, d'obtenir au préalable du ministre de la Guerre l'abandon du cloître par les services d'artillerie.

Adopté.

Église de Seyne (Basses-Alpes)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, est d'avis que le monument ne présente pas assez d'intérêt pour que la Commission puisse proposer d'accueillir favorablement la demande de secours. C'est un type très secondaire, et il en existe de plus beaux modèles dans la contrée.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Inférieure)

L'architecte, se conformant aux observations qui lui ont été faites sur l'insuffisance de la couverture projetée pour le collatéral et les chapelles de l'abside, a modifié un projet qui présente une augmentation de 27 423 Francs. M. Viollet-le-Duc, rapporteur, est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'élever le chiffre de la subvention de 80 000 Francs accordée l'année dernière. Cette subvention est déjà trop forte, car l'église Saint-Jacques n'a qu'une valeur très secondaire. Du reste, la Ville de Dieppe est assez riche et peut trouver les fonds nécessaires pour couvrir cet excédent de dépense.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Laurent-en-Brionnais (Saône-et-Loire)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose non seulement de classer cette église qui présente un intérêt très réel ; mais encore de contribuer à la restauration du clocher dont la dépense est évaluée par M. Selmersheim à 36 000 Francs. La Commune possède la moitié de cette somme, il s'agirait donc de trouver 18 000 Francs ; il est à regretter que l'épuisement des crédits ne le permette pas.

La Commission réserve la question d'allocation, mais en attendant qu'elle puisse être résolue, elle propose le classement de l'édifice.

Proposition de M. du Cleuziou pour l'achèvement de sa mission en Bretagne

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

M. du Cleuziou demande 4 000 Francs pour terminer l'étude des monuments de Carnac dont il reste à relever environ les 2/3 ; il s'engage à faire l'abandon de tous les dessins relatifs à sa mission. Dans la dernière séance, il avait demandé que les dessins lui fussent achetés à raison de 100 Francs la feuille, mais il réduisait à 1000 Francs le chiffre de la subvention. Aujourd'hui il n'est plus question du prix d'acquisition des dessins : moyennant 4 000 Francs, M. du Cleuziou remettra une étude complète des alignements de Carnac avec tous les documents à l'appui.

M. le président, résumant les observations faites au sujet des conditions que l'administration devra imposer à M. du Cleuziou, invite M. le secrétaire à préparer une lettre qui sera soumise à la Commission dans sa prochaine séance. 80/15/10/166

Chapelle de l'Hôtel-Dieu de Sens (Yonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose de charger M. Lefort, inspecteur des travaux diocésains à Sens, de relever ce monument, qui est un spécimen très intéressant de l'architecture mixte des écoles champenoise et bourguignonne au XIIIe siècle, et de préparer un devis des travaux de restauration nécessaires.

Cette proposition est approuvée.

Église Saint-Pierre-de-Montmartre à Paris (Seine)

M. Millet, rapporteur, rappelle qu'en 1850 M. Garreza a préparé un projet de restauration dont le devis s'élevait à 132.000 Francs et pour l'exécution duquel l'État a offert 5 000 Francs. Le département et la Commune n'ayant pris aucun engagement pour le surplus de la dépense, l'affaire fut ajournée. En 1859, la Fabrique fit exécuter des travaux de badigeonnage et de peinture de mauvais goût, employant pour altérer le caractère du monument des ressources importantes à l'aide desquelles il eût été possible de faire des réparations utiles. Depuis cette époque, on a construit sur le côté sud une espèce de transept, fait d'après les procédés de la construction moderne, les travaux projetés aujourd'hui seraient sans doute exécutés dans le même goût. La Commission peut s'y associer. Le chiffre de 8 000 Francs montant du devis est en effet complètement illusoire.

Adoptant les conclusions du rapport, la Commission propose de demander que des plans précis et des devis détaillés lui soient soumis, bien qu'il semble probable, comme le fait remarquer M. [Émile] Boeswillwald, que la Ville de Paris soit peu disposée à tenir compte des observations qui pourraient lui être adressées, ni même à consentir la communication qui lui sera demandée.

Église de Saint-Chef (Isère)

M. Laisné, rapporteur, propose d'allouer 5 000 Francs pour aider à l'exécution des travaux très urgents dont la dépense évaluée à 15 226 Francs 84 serait apportée pour moitié par le département et la Commune. Il resterait à demander aux Cultes une somme de 2 613 Francs.

La Commission, vu l'urgence et vu l'épuisement des crédits de 1874 et 1875, demande que l'affaire soit communiquée à l'administration des Cultes.

Église de Simorre (Gers)

M. Laisné fait connaître qu'une dépense de 83 545 Francs est nécessaire tant pour l'achèvement de la restauration que pour l'agrandissement de l'église. La Commune et la Fabrique peuvent disposer de 8 000 Francs ; il faudrait donc trouver 75 000 Francs. 30 000 Francs répartis sur 5 exercices pourraient être accordés à partir de 1876 pour les travaux de restauration.

Considérant qu'il s'agit d'une construction neuve et que l'affaire ne présente pas d'urgence, ainsi que M. le rapporteur le reconnaît lui-même, la Commission vote l'ajournement.

Église Saint-Hildebert de Gournay (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, fait ressortir l'intérêt de ce monument et déclare que le projet soumis à l'examen de la Commission laisse beaucoup 80/15/10/167 à désirer. De mauvais travaux ont été exécutés déjà, mais il est temps encore de sauver l'édifice.

Il faudrait donc qu'un des architectes attachés à la Commission soit chargé de préparer un travail plus sérieux et plus complet.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Edit du Cardinal Dacca publié à Rome le 7 avril 1820 et relatif à la conservation des Monuments : communication de M. Viollet-le-Duc.

La législation pontificale est d'une rigueur extrême ; il est fort intéressant de voir quelles mesures sont prises contre le clergé par le chef de la catholicité. Les cardinaux eux-mêmes ne sont point à l'abri de ces prescriptions. Une commission souveraine est chargée de réprimer toute atteinte portée aux monuments. Elle a tout à la fois des fonctions d'examen et des fonctions judiciaires, car elle peut prononcer des amendes et a même le droit de saisie.

En 1849, on avait demandé un inventaire de tous les objets offrant une valeur au point de vue de l'art qui se trouvaient dans les églises de France. Les évêques protestèrent, les curés cachèrent tout, et le projet dut être abandonné.

A Rome, cet inventaire existe : chaque objet doit être déclaré sous peine d'une amende personnelle de 1 000 écus (540 Francs).

M. Viollet-le-Duc propose d'extraire de l'édit Dacca toutes les parties intéressantes au point de vue législatif et de mettre ces extraits sous les yeux du ministre.

La Commission sur l'avis de M. le président délègue M. Viollet-le-Duc pour se concerter avec l'administration et prépare un projet de législation sérieuse quoique moins fiscale. L'exemple des précautions prises à Rome contre les églises servira sans doute à aplanir les difficultés que pourrait accueillir ce projet..

La séance, ouverte à 10 heures, est levée à midi. 80/15/10/168

2 juillet 1874
Président : M. de Soubeyran. Membres présents : M. Bailly, [Émile] Boeswillwald, Denuelle, de Guilhermy, Laisné, de Longpérier, Millet, Quicherat, Ruprich-Robert, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 7 juin 1874 est lu et adopté sous la réserve de deux notifications de détail demandées par M. de Longpérier.
M. le président donne la parole à M. de Guilhermy sur une affaire qui n'a pas été mise à l'ordre du jour ; mais qui par son importance doit avoir la priorité. Il s'agit de l'église Sainte-Marie des Dames à Saintes, menacée d'être transformée en caserne.
Église Sainte-Marie-aux-Dames à Saintes (Charente-Inférieure)

M. de Guilhermy donne lecture d'un rapport déjà lu dans la séance du 30 avril et dont les conclusions ont été adoptées. Une première lettre a été adressée le 18 mai au ministre de la Guerre pour demander la suppression des travaux et l'abandon du projet. M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de rappel adressée à la date du 16 juin. M. de Guilhermy insiste sur la valeur du monument dont le portail est très curieux et qui a servi à résoudre un problème historique. Un ecclésiastique de Saintes a communiqué au Comité des travaux historiques un texte remontant au XIIe siècle ou au XIIIe siècle duquel il résulte que le cavalier qui est placé sur la façade de l'église Sainte-Marie-aux-Dames et qui se retrouve sur d'autres monuments, personnifiait l'empereur Constantin qui, le premier, avait affirmé officiellement la religion chrétienne Ce texte, dit M. Quicherat, se trouve dans le cartulaire de Saintes.

M. le président fait connaître que le ministre de la Guerre ayant demandé des renseignements à l'officier du Génie chargé de l'exécution du projet de caserne, le Conseil municipal de Saintes s'est ému et a délégué deux de ses membres pour venir traiter de la question avec les ministres compétents. Ces délégués ont exprimé la crainte que les ressources votées, suffisantes pour l'aménagement de l'abbaye et de ses dépendances, ne fussent trop faibles pour établir une caserne dans un autre local. Il leur semble d'ailleurs qu'il serait possible de tout concilier en ne pratiquant aucune ouverture dans la façade et en l'isolant par une grille car, suivant eux, on arriverait ainsi à conserver la seule partie du monument qui ait une valeur au point de vue de l'art sans renoncer au projet en cours d'exécution.

M. le ministre après avoir entendu d'une part les délégués et d'autre part Mgr l'évêque de La Rochelle, qui revendique l'église Sainte-Marie-aux-Dames pour la rendre au culte, demande à la Commission si elle persiste à combattre le projet dressé par l'autorité militaire d'accord avec la Municipalité de Saintes.

La Commission considérant que la façade n'est pas la seule partie intéressante du monument, que notamment la coupole offre une disposition unique en France, que d'ailleurs [barré : une fois les travaux d'aménagement terminés, si à un moment donné] des besoins matériels pourraient amener plus tard à reconnaître la nécessité de pratiquer une ouverture dans cette façade au mépris des promesses faites, déclare qu'il est impossible d'abandonner l'ancienne église abbatiale de Saintes et qu'il importe de la conserver dans son intégralité.

La commission insiste d'autant plus que la Ville de Saintes peut […] dans les bâtiments du petit séminaire ancien hôpital maritime et aujourd'hui suffisant pour loger les personnes, elle émet en conséquence à l'unanimité un voeu tendant au maintien de l'église dans l'état actuel et elle prie M. le ministre de se concerter avec ses collègues de la Guerre et de la Marine pour obtenir l'abandon du projet en cours d'exécution.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. [Émile] Boeswillwald sur l' :
Église Notre-Dame de Mantes (Seine-et-Oise)

M. l'Inspecteur général fait connaître qu'on élève à 2 mètres environ de la façade méridionale un bâtiment sans caractère qui aura pour effet d'engager de nouveau cette façade dans des travaux de déblaiement [qui] avaient eu pour but de dégager. Il pense qu'il convient de donner l'ordre à l'architecte de suspendre ce travail entrepris sans autorisation et de l'inviter à donner des explications.

Adopté

Église d'Avioth (Meuse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que la reprise du pilier du clocher du cloître a été faite dans de très bonnes conditions les travaux restant à exécuter sont presque tous de première urgence. Mais la Commune ne possède aucune ressource et le département a été épuisé par l'occupation étrangère. Le Conseil général a néanmoins voté une allocation de 2 000 Francs imputable sur l'exercice 1875, il resterait alors à pourvoir à une dépense de 28 448 Francs.

M. le rapporteur pense que, vu l'urgence des travaux et la valeur du monument, il convient d'allouer 20 000 Francs sur le crédit aussi tôt que cela sera possible, à la condition que le département pourvoira au surplus avec l'aide au besoin du ministère des Cultes.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Vassincourt (Meuse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de rejeter le projet préparé par l'architecte diocésain qui au lieu de se borner à la réparation des parties existantes voudrait substituer au plafond lambrissé une voûte de 3 travées qui entraîneraient le déplacement des fenêtres et le dérasement du pignon de la façade principale. Il y a lieu de renvoyer le projet à la Commune en l'invitant à en faire étudier un nouveau d'après les traces non visibles de la première élévation des murs et de la forme de l'ancien comble. Les conclusions du rapport sont approuvées.

Église de Montrésor (Indre-et-Loire)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

La dépense nécessaire pour la reconstruction de la flèche évaluée d'abord à 17 656 Francs 70 s'élève aujourd'hui à 34 571 Francs 49. Le déficit qui était de 20 684 Francs se trouve réduit à 13 684 Francs par suite d'un secours de 3 000 Francs accordé sur le budget des Cultes et du don conditionnel de 4 000 Francs fait par le comte Branicki. Il s'agit donc de liquider cette entreprise mal engagée et pour cela on demande une subvention de 13 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques.

M. [Victor] Ruprich-Robert fait observer que la Commission n'a pas à s'occuper de cette reconstruction de la flèche qui ne rentre pas dans la catégorie des travaux auxquels le crédit peut s'appliquer.

M. Viollet-le-Duc appuie cette observation ajoutant qu'il convient d'autant moins de contribuer à l'exécution de ce travail que le de vis est évidemment insuffisant. En effet la dépense de 2 700 Francs prévu pour la plomberie ne permettra pas de faire un ouvrage de quelque durée et que pour obtenir de bons résultats l'architecte aurait du la compter au moins à raison de 50 Francs par mètre superficiel.

La commission approuve les observations et propose de renvoyer le dossier à l'administration municipale.

Église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère)

Rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald.

Une somme de 8 899 Francs est nécessaire tant pour couvrir le déficit provenant du mauvais état des constructions anciennes que pour l'exécution de travaux supplémentaires.

M. Viollet-le-Duc pense qu'il ne serait pas équitable d'abandonner la Ville qui a fait tout ce qu'il était possible de faire et propose d'accorder une subvention égale au montant des ressources nécessaires.

Cette proposition est adoptée.

Église de Vivoin (Sarthe)

L'architecte, M. Darcy, fait connaître qu'une partie de nervure de voûte du choeur est tombée récemment et que parmi les débris, on a trouvé du plâtre. Pareil fait s'étant déjà produit en 1868, il pense u'il y aurait lieu à procéder d'urgence au débadigeonnage des voûtes afin qu'on puisse rendre compte de leur état.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, croit que cet accident n'aura pas de suites graves ; cependant il est d'avis qu'il est bon de se rendre compte en faisant débadigeonner les voûtes et il propose d'accorder à cet effet une provision de 3 000F imputable sur le prochain exercice.

Église Saint-Nicolas-Saint-Laumer de Blois (Loir-et-Cher)

M. Boeswillwald, rapporteur.

Le devis des réparations projetées est trop sommaire et il convient

[Minutes : fin] 80/15/10/171

d'en demander un plan détaillé qui devrait être accompagné de dessins. Dans ce devis, il est question de crochets à remplacer, opération qui obligerait à démonter des assises, ce qui est inadmissible. M. de La Morandière propose encore de déboucher les fenêtres, or cet ouvrage peut-être ajourné sans inconvénient. Le projet ne paraît donc pas bien conçu et il y aurait lieu d'ajourner cette affaire. Mais l'édifice offrant un grand intérêt, on pourrait charger un autre architecte d'en faire un autre relevé exact.

Adopté.

Église de Notre-Dame de Guibray à Falaise (Calvados)

M. [Victor] Ruprich-Robert demande que M. l'Inspecteur général et une sous-commission soient chargés de constater les faits signalés dans son précédent rapport et que le Conseil général nie purement et simplement en s'appuyant sur l'avis de la Société française d'archéologie qu'il considère comme la véritable appréciatrice.

La Commission pense qu'il n'est pas nécessaire de déléguer à cet effet une sous-commission ; il suffira que les faits soient constatés par M. l'Inspecteur général.

Église Saint-Maclou à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, pense qu'on ne doit pas autoriser la restauration des portes sculptées par Jean Goujon, mais qu'on peut accepter la donation proposée en ce qui concerne la menuiserie.

M. de Longpérier et M. Viollet-le-Duc déclarent qu'il est inadmissible qu'on touche à des sculptures de Jean Goujon. Si les portes sont en mauvais état, le seul moyen à employer pour assurer leur conservation est de les faire déposer dans un musée.

La Commission approuve ces observations et propose de demander des renseignements à M. Sauvageot.

Église de Pont-de-l'Arche (Eure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, pense que, vu l'état du crédit et l'intérêt secondaire du monument, il n'y a pas lieu de contribuer à l'exécution des travaux proposés.

La Commission, considérant que ces travaux qui consistent principalement dans l'ouverture de cinq anciennes fenêtres n'ont pas un caractère d'urgence et que la Commune n'a pas les ressources suffisantes pour les exécuter convenablement, vote l'ajournement de l'affaire.

Château de Gaillon (Eure)

Rapporteur : M. Ruprich-Robert.

M. le ministre de l'Intérieur fait connaître que la terrasse d'un des bâtiments réclame des réparations urgentes et demande que la dépense soit supportée par le crédit des Monuments historiques. Le devis n'est accompagné d'aucun dessin.

La Commission est d'avis qu'il s'agit de travaux d'entretien auxquels l'administration des Beaux-arts ne peut s'associer. Elle propose en conséquence le renvoi 80/15/10/172 du dossier au Ministère de l'Intérieur.

Église de Lonlay-l'Abbaye (Orne)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, fait connaître que les travaux projetés sont urgents, ils consistent en chaînages de la tour, nécessités par un écartement de la charpente. D'autres travaux s'appliquant à la partie vraiment intéressante de l'église devant être entrepris à bref délai, il conviendrait peut-être de réserver pour ce moment le concours du service des Monuments historiques et d'inviter la Commune à demander à l'administration des Cultes les 5 000 Francs qui lui manquent quant à présent.

Adopté.

Église d'Auvers (Seine-et-Oise)

En réponse à la notification du déclassement de cet édifice, le préfet demande au ministre s'il ne conviendrait pas d'appliquer l'ordonnance du 12 janvier 1825 qui permet de prononcer la révocation du Conseil de Fabrique pour un motif grave. Cette mesure rigoureuse aurait sans doute pour effet d'empêcher le retour des faits signalés à Auvers, Conflans et Andrésy. La Commission exprime le voeu qu'il soit donné suite à cette proposition et que des remerciements soient adressés à M. le préfet de Seine-et-Oise.

Église Saint-Jean-Baptiste à Chaumont (Haute-Marne)

M. Barbier de Montault, correspondant du Comité des Travaux historiques, appelle l'attention sur les fresques de la chapelle de la Vierge dont on ne prend pas assez de soin en procédant à la restauration de cette partie du monument. Il signale en outre l'usage que font les ouvriers pour clore leurs chantiers de deux tapisseries du XVIIe siècle. M. de Guilhermy, rapporteur, propose de recommander cette affaire à M. l'Inspecteur général.

Église Notre-Dame à Châlons-sur-Marne (Marne)

Répondant à la demande qui lui en a été faite, M. Ouradou adresse à la Commission un rapport sur la vente faite par la Fabrique de l'église Notre-Dame de cinq tapisseries des XVIe et XVIIe siècles. Cette communication et les deux précédentes provoquent une discussion.

M. de Guilhermy, rapporteur, pense que le seul moyen d'empêcher les Fabriques de disposer ainsi des objets d'art appartenant aux Fabriques serait d'arriver à faire établir l'inventaire de tout ce qui dans le mobilier des édifices religieux présente une valeur au point de vue de l'art et à le faire déclarer indéniable.

M. le président fait observer que le projet de loi sur la conservation des monuments dont la préparation a été confiée à M. Viollet-le-Duc doit comprendre les meubles. L'inventaire projeté en 1849 n'a pu être fait parce qu'il n'était autorisé par aucune loi permettant de vaincre la résistance opposée par le clergé. L'administration a pu autrefois obtenir le rétablissement dans l'église de Carrières-Saint-Denis d'un retable vendu par la Fabrique 80/15/10/173 Mais le résultat obtenu dans cette circonstance s'explique par le double fait d'absence d'autorisation du Conseil de Fabrique et de maintien de l'objet entre les mains de l'architecte qui ne s'en était point encore dessaisi. A Nantua, la vente d'un tableau de Delacroix par la Fabrique a pu être annulée par cette raison que le tableau avait été donné par l'État et que le don contenait implicitement l'obligation de conserver.

M. de Longpérier demande que dans le projet de loi préparé par M. Viollet-le-Duc il y ait un article prévoyant les découvertes qui se font dans les églises. Ainsi il arrive souvent qu'en démontant des crédences, on trouve des morceaux d'étoffe, qu'en ouvrant des tombeaux on met au jour des objets précieux, des crosses d'émail par exemple… Il importe donc que la vente de ces objets non inventoriés puisse être empêchée.

Mission de M. du Cleuziou en Bretagne

Le projet de lettre dans lequel sont exposées les conditions mises à l'achèvement de cette mission est lu et accepté.

Château de Coucy (Aisne)

M. Viollet-le-Duc fait connaître qu'un terrain situé le long des murs de la taille entre les deux tours du château va être mis prochainement en adjudication. L'administration a tenté il y a quelques années de faire l'acquisition de ce terrain ; mais elle a du y renoncer provisoirement en présence des prétentions exagérées de la propriétaire. Il conviendrait aujourd'hui de ne point laisser échapper l'occasion qui se présente de réunir au château le terrain en question dont le prix ne saurait être très élevé et d'inviter le préfet à se rendre adjudicataire au nom de l'État.

La Commission approuve cette proposition et demande que le préfet de l'Aisne soit autorisé à suivre l'affaire.

La séance est levée à midi. 80/15/10/174

21 juillet 1874
Président : M. de Soubeyran. Membres présents : M. Bailly, [Émile] Boeswillwald, Gautier, de Longpérier, Millet, Ruprich-Robert, du Sommerard et des Vallières.
La séance est ouverte à 9 h 30.
Le procès-verbal de la séance du 2 juillet est lu et adopté.
M. de Guilhermy, obligé d'assister à la réunion du jury chargé de juger le concours pour l'église du Sacré-Coeur, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
Église Sainte-Marie-aux-Dames de Saintes (Charente-Inférieure)

Le président fait connaître que la solution de l'affaire relative à l'église Sainte-Marie-des-Dames de Saintes dont M. de Guilhermy était rapporteur, rencontre des difficultés au ministère de la Guerre, mais aucune communication officielle n'ayant été faite à la Commission, il n'y aura lieu de s'occuper à nouveau de cette importante question que dans une séance ultérieure.

Église Notre-Dame de Mantes (Seine-et-Oise)

M. Alphonse Durand, architecte de l'église Notre-Dame de Mantes, est admis sur sa demande à donner des explications au sujet du bâtiment adossé à la façade méridionale qu'il a construit sans autorisation. Il regrette de n'avoir pas consulté la Commission avant d'élever cette construction. Mais à ses yeux l'enlèvement des terres avait pour but principal l'abaissement du sol et l'éloignement du marché. Il lui paraissait d'ailleurs impossible de supprimer les diverses constructions établies de ce côté et lorsque la Fabrique lui a demandé un petit magasin pour l'église, il n'a pas cru devoir faire des difficultés parce qu'à la suite des travaux de dégagements intérieurs, il ne restait aucun endroit pouvant servir au dépôt des objets mobiliers. La sacristie étant trop petite, on a été obligé d'utiliser le triforium dans lequel ces objets sont montés au moyen d'un treuil, opération dangereuse pour la conservation des chapiteaux, corniches et balustrades et à laquelle il était indispensable de mettre un terme.

M. [Émile] Boeswillwald fait remarquer que le magasin construit est tout à fait insuffisant pour contenir le mobilier de l'église et qu'en le construisant M. Durand n'a certainement pas résolu la difficulté quant aux autres constructions destinées au service du chantier, il était tout à fait inutile de les élever en pierre et de leur donner ainsi une sorte de caractère définitif.

M. le président déclare suffisantes les explications données par M. Durand qui est invité à se retirer pour laisser délibérer la Commission. Résumant la question, il propose d'inviter l'architecte à supprimer les constructions qu'il a eu le tort d'élever sans y être autorisé et à étudier s'il ne serait pas possible d'établir un dépôt du mobilier de l'église dans une des chapelles ainsi que le propose M. Bailly, dans une 80/15/10/175 maison voisine, ce qui serait préférable, comme le fait observer M. Millet.

Cette proposition est adoptée, sous la réserve de l'observation faite par M. Longpérier que, dans le cas où il s'agirait de convertir une chapelle en magasin, il ne faudrait pas oublier qu'il y a dans les églises certaines chapelles auxquelles le public a l'habitude de s'adresser et qui ne peuvent être supprimées.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. [Émile] Boeswillwald sur :

Ancienne cathédrale de Dol (Ille-et-Vilaine)

Les travaux prévus au devis de 15 400 Francs adressé par le préfet sont réellement urgents ; mais avant de statuer sur la demande de secours, il serait nécessaire de connaître exactement le montant des ressources locales. L'édifice est très intéressant, malheureusement on y a placé des vitraux détestables et il faudra défendre d'en augmenter le nombre.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Maximin (Var)

M. [Émile] Boeswillwald propose d'attendre pour entreprendre les travaux dont M. Révoil signale l'urgence que ce dernier ait établi un devis complet et détaillé.

Tour de Saint-Amand (Nord)

La Commune demande s'il y aurait inconvénient à élever une construction à la distance de 12 mètres de la base des colonnes de la tour. Le préfet est d'avis que cette construction ne pourrait que nuire à l'aspect du monument. M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, partage cet avis et conclut au refus d'autorisation.

Adopté.

Église de Conches (Eure)

M. [Émile] Boeswillwald propose de charger M. Darcy de préparer un devis de la dépense à faire pour restaurer les sept fenêtres du choeur et de l'abside dont les magnifiques verrières menacent ruine. La Fabrique offre de prendre à sa charge le quart de cette dépense, mais avant de discuter la question d'allocation il conviendrait d'être fixé sur l'importance des travaux à exécuter.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Nicolas-Saint-Laumer de Blois (Loir-et-Cher)

Dans la dernière séance, la Commission considérant que le projet soumis à son examen n'était pas bien conçu a proposé de charger un architecte capable de faire un relevé du monument.

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission demande que cette mission soit confiée à M. de Baudot.

Église Saint-Eusèbe d'Auxerre (Yonne)

En réponse aux observations faites relativement à la construction en pierre d'une tribune d'orgues, la Fabrique déclare que si elle n'a pas demandé d'autorisation c'est parce qu'elle croyait que le clocher seul était classé.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis que, si les monuments étaient protégés par une loi, la Fabrique n'aurait pas agi sans consulter le ministre.

Abbaye du Thoronet (Var)

M. [Émile] Boeswillwald propose d'accorder conditionnellement une subvention égale aux deux tiers de la dépense nécessaire pour les travaux de consolidation et de clôture indispensables évalués à 18 209 Francs et d'autoriser M. Révoil de négocier l'acquisition du grand cellier et des habitations accolées aux bâtiments claustraux. Il estime en outre qu'il y a lieu d'approuver la combinaison proposée par cet architecte pour empêcher la démolition de l'une des portes sous lesquelles passe le chemin d'intérêt commun qui traverse l'abbaye. Cette porte qui est la seule intéressante pourra être préservée au moyen d'une légère déviation de la voie. Quant au traitement annuel du gardien, M. le rapporteur propose d'accepter le chiffre de 200 Francs indiqué par M. Révoil et de le mettre à la charge du crédit des Monuments historiques.

Ces diverses propositions sont adoptées.

Église d'Othis (Seine-et-Marne)

M. Millet, rapporteur, pense qu'il n'y a pas lieu d'entraver les réparations projetées à l'intérieur de l'église, mais qu'il faut réserver la façade occidentale, précieux spécimen de l'architecture de la Renaissance, qui réclame quelques reprises dans les soubassements.

M. de Longpérier fait connaître qu'on parle dans le pays de la restauration des sculptures de cette jolie façade et demande qu'on s'oppose absolument à l'exécution de travaux de cette nature, en n'autorisant que ceux qui ont rapport à la construction, .

Envoi aux préfets de la Liste des monuments classés

Le président propose d'envoyer à chacun des Conseils généraux la Liste des monuments classés de son département. Cet envoi qui pourra être fait pour la prochaine session se renouvellerait chaque année et fournirait l'occasion de rappeler aux préfets les devoirs qui leur sont imposés par le classement en vue de la conservation des édifices qui en sont l'objet.

Église de Montagny-Sainte-Félicité (Oise)

M. Millet, rapporteur, fait connaître que le gros oeuvre est en bon état et qu'il s'agit seulement de travaux de couverture rentrant dans la catégorie des travaux d'entretien dont le service des Monuments historiques n'a pas à s'occuper. Cette église ne présente d'ailleurs qu'un intérêt très secondaire et pourrait être déclassée.

M. de Longpérier n'est pas de cet avis. Le clocher de l'église de Montagny est intéressant parce qu'il montre que jusqu'au XVe siècle on a continué à construire des flèches en pierre comme au XIIe siècle. Il faudrait le conserver au moins comme exemple.

M. Millet répond que ce grand clocher produit un assez mauvais effet et que du reste la flèche est en bon état de conservation. Il croit donc devoir maintenir les conclusions de son rapport.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/10/177

Chapelle du Pont Saint-Bénézet à Avignon (Vaucluse)

Monseigneur l'archevêque d'Avignon accepte l'architecte désigné par la Commission ; dans la crainte que la dépense ne soit supérieure à celle qu'il avait prévue, il demande au ministre de lui venir en aide.

M. Millet, rapporteur, propose d'inviter M. Révoil à préparer un projet de restauration afin que la Commission, fixée sur la dépense, puisse indiquer dans quelle proportion le concours de l'archevêque d'Avignon devra être exigé.

Hôtel-Dieu de Beaune (Côte-d'Or)

M. Millet, rapporteur, propose d'accorder 20 000 Francs pour la restauration de la grande salle à la condition que l'administration des Hospices civils de Beaune complètera la somme de 56 000 Francs montant du devis de M. Ouradou. M. [Émile] Boeswillwald fait observer que cette administration des Hospices possède de grandes ressources, et pense qu'il suffirait de donner 10 000 Francs pour se réserver la direction de l'entreprise. La Commission, adoptant cette proposition, propose de limiter à 10 000 Francs le chiffre de la subvention qui pourrait être allouée.

Église de Saint-Loup-de-Naud (Seine-et-Marne)

M. Millet déclare que les travaux exécutés ont été très bien faits, mais que, par suite du mauvais état de la construction, l'architecte n'a pu se renfermer exactement dans la limite des crédits alloués. Pour continuer la restauration une nouvelle dépense de 53 000 Francs serait nécessaire. La Commission propose d'accorder 4 307 Francs 31 pour liquider le déficit et de rappeler à M. Denuelle qu'il a été chargé de relever les peintures de Saint-Loup-de-Naud.

Église Saint-Quiriace de Provins (Seine et Marne)

M. Millet fait connaître qu'il est nécessaire de faire quelques reprises aux éperons d'angle de la chapelle méridionale afin d'empêcher l'aggravation des désordres qui se sont produits de ce côté. Une somme de 1053 Francs 50 suffirait pour exécuter ce travail. La reconstruction du transept sud-est également un travail très urgent dont la dépense peut-être évaluée à 80 000 Francs.

La Commission est d'avis qu'une somme de 1 000 Francs soit accordée pour arrêter la lézarde signalée dans la chapelle sud du chevet.

Église Saint-Serge d'Angers (Maine-et-Loire)

M. Joly-Leterme n'a tenu compte qu'en partie des observations faites par la Commission et son nouveau projet est insuffisant.

En conséquence M. Viollet-le-Duc, dans son rapport propose de demander à un autre architecte, M. Paul Boeswillwald par exemple, un rapport sur la situation actuelle du monument avec dessins à l'appui.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Saint-Aubin de Guérande (Loire-inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis qu'il n'y a pas lieu de participer à la dépense relative aux travaux de consolidation de la flèche. L'église Saint-Aubin 80/15/10/178 est un édifice intéressant, mais la flèche est de construction récente et le service des Monuments historiques n'a pas à s'en occuper.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Château de Falaise (Calvados)

Le ministre de la Guerre demande si le service des Monuments historiques verrait quelques inconvénients à l'installation d'un dépôt de cartouches dans un caveau dépendant du château. M. [Victor] Ruprich-Robert est d'avis que ce dépôt est dangereux quoi qu'en dise le ministre de la Guerre et qu'il y a d'ailleurs tout intérêt à empêcher l'autorité militaire de s'installer dans le château.

La Commission partage cet avis et propose de refuser l'autorisation demandée.

Église Saint-Maclou à Rouen (Seine-Inférieure)

Il résulte des renseignements donnés par M. Sauvageot que les portes sculptées sont en bon état de conservation.

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis qu'il faut s'opposer à la restauration proposée. M. Gautier propose seulement de les protéger en les faisant enduire à la cire chaude ou à l'huile. Cet enduit remplacerait avec avantages la peinture qui les recouvrait et qui a été enlevée.

Église Saint-Pierre de Caen (Calvados)

Conformément au désir exprimé par la Commission, la Ville de Caen a fait établir un nouveau devis réduit de 36 890 Francs 80. M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'autoriser l'exécution des travaux prévus dans les 10 premiers chapitres. La dépense relative à ces travaux qui sont les plus urgents est évaluée 65 110 Francs 70 ; la Ville ayant voté 30 000 Francs on pourrait accorder le surplus sur le crédit.

M. Bailly et du Sommerard font observer que la Ville de Caen est riche et qu'elle peut faire de plus grands sacrifices pour l'église Saint-Pierre qui est en grande faveur auprès de la population. Une subvention égale au tiers de la dépense, soit 22 000 Francs serait suffisante.

Cette proposition est adoptée.

Service des Inspecteurs correspondants (Marne) (M. Édouard de Barthélémy)

Édouard de Barthélémy demande à être nommé Inspecteur correspondant des Monuments historiques pour le département de la Marne.

La Commission, considérant que les Inspecteurs correspondants n'ont pas en général rendu les services qu'on pouvait attendre d'eux et qu'ils ont même suscité le plus souvent des difficultés à l'administration, est d'avis que toute nouvelle nomination soit ajournée.

Acquisition de 3 dessins de M. Maurice Ouradou ; Hôpital de Beaune (Côte-d'Or)

A l'issue de la séance qui est levée à 11 heures ½, MM. les architectes, membres de la Commission, sont priés de donner leur avis sur trois dessins de l'Hôpital de Beaune. 80/15/10/179

Ils proposent d'acquérir ces dessins au prix ordinaire de 200 Francs par feuilles et de charger l'auteur, M. Ouradou, de réunir dans une quatrième feuille les différents épis [de faîtage] de l'Hôpital de Beaune qui présente une grande variété de modèles intéressants. 80/15/10/180

9 septembre 1874
La séance est présidée par M. de Soubeyran. Sont présents : MM. [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Laisné et de Longpérier.
Saint-Bertrand-de-Comminges, Capitole de Toulouse (Haute-Garonne) :
remplacement de M. Esquié, architecte et inspecteur révoqué par décision ministérielle

M. le président expose que la Commission a été convoquée d'urgence sur l'ordre du ministre, qui désire avoir son avis au sujet du remplacement de M. Esquié révoqué de ses fonctions d'architecte chargé de la restauration de l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges et d'inspecteur des travaux de l'église Saint-Sernin et du Capitole à Toulouse.

Il est donné lecture :

1° lettre du préfet de la Haute-Garonne qui propose de remplacer M. Esquié par M. Chambert, architecte à Toulouse

2° de la lettre adressée par M. le ministre au chef du bureau des Monuments historiques pour l'inviter à saisir la Commission de cette proposition,

3° de la réponse de l'architecte chargé de la direction des travaux de Saint-Sernin et du Capitole à l'avis de révocation de son inspecteur.

Le président, résumant la question, déclare que la Commission n'a d'avis à donner que sur le remplacement de M. Esquié à Saint-Bertrand-de-Comminges.

En ce qui concerne le Capitole de Toulouse et Saint-Sernin, le choix du successeur de M. Esquié doit être laissé à l'architecte qui, étant seul responsable, doit avoir toute liberté pour choisir ses agents.

MM. [Émile] Boeswillwald et de Cardaillac proposent M. Lafollye pour la restauration de l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges, cet architecte étant déjà chargé de la restauration de l'église de Saint-Gaudens, localité voisine. L'inspecteur des travaux de Saint-Gaudens ayant d'ailleurs été également révoqué, l'agent qui le remplacera pourra être chargé de la surveillance des travaux à Saint-Bertrand.

La Commission adopte cette proposition et charge M. le secrétaire de rédiger une note dans laquelle il y aura lieu d'exposer à M. le ministre l'impossibilité de donner un avis sur la proposition faite en faveur de M. Chambert qui n'est pas suffisamment connu, la nécessité de laisser à l'architecte chargé de la direction des entreprises le temps nécessaire pour recueillir des renseignements sur le mérite du candidat présenté par le préfet de la Haute Garonne et enfin les avantages offerts par la nomination de M. Lafollye pour la restauration de l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges.

M. Moreau, député, candidat pour succéder à M. Beulé

Présentation par M. le ministre de M. Ferdinand Moreau, député, pour remplir la vacance résultant du décès de M. Beulé.

Il est donné lecture d'une lettre du ministre relative au désir exprimé par M. Ferdinand Moreau, député, d'être nommé membre de la Commission. 80/15/10/181

Le président, à qui cette lettre est adressée, a répondu que plusieurs demandes du même genre avaient été faites notamment par M. Buisson et Charton, députés, et qu'il lui paraissait convenable qu'une liste de présentation fût établie, liste en tête de laquelle M. Moreau serait sans doute placé.

Les membres présents sont d'avis qu'il serait nécessaire pour établir cette liste de présentation que la Commission fût en nombre.

L'examen de la question est en conséquence renvoyée à une autre séance.

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture d'un rapport sur l'église de Saint-Maixent. Il propose d'approuver le nouveau devis de 59 650 Francs relatif à la restauration du choeur et du transept et de contribuer à l'exécution de ces travaux dans la même proportion que pour les précédents par une nouvelle allocation de 27 000 Francs.

M. le président est d'avis qu'en raison de l'impossibilité où l'on se trouve d'accorder de nouvelles subventions sur un crédit engagé pour plusieurs exercices la Commission doit insister pour obtenir sur le budget de liquidation de l'exercice 1874 un crédit supplémentaire de 300 000 Francs et une somme égale sur le budget de 1875.

Église de Bourbonne (Haute-Marne)

La Commune demande que l'édifice soit classé et qu'un architecte soit désigné par le ministre pour diriger l'exécution des travaux de restauration. M. [Émile] Boeswillwald propose d'accueillir cette demande afin de déterminer la Fabrique à consacrer à la consolidation du monument, qui est du XIIe siècle et qui présente un certain intérêt, les fonds qu'elle réservait en vue de la construction d'une église neuve. M. le président pense qu'il y a tout intérêt à classer cet édifice afin de faire attribuer aux travaux de consolidation les plus urgents les 67 000 Francs disponibles. La Commune est prévenue d'ailleurs qu'elle n'a pas à compter sur une subvention du crédit des Monuments historiques et qu'elle devra s'adresser au département et à l'administration des Cultes pour obtenir des secours.

M. [Émile] Boeswillwald est d'avis que le classement doit être accordé à la condition que les fonds disponibles seront entièrement appliqués aux travaux de première urgence, démolition du clocher qui menace ruine, réfection des contreforts et réparation de la couverture ; quant à l'agrandissement projeté par le curé qui voudrait augmenter l'église de trois travées du côté de la nef, il devrait être ajourné.

La Commission adopte le classement de l'église de Bourbonne et propose de charger M. de Baudot de préparer une étude d'après les explications 80/15/10/182 qui lui seront données par M. [Émile] Boeswillwald au sujet du meilleur emploi à faire des 67 000 Francs qui devront être mis à la disposition.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. de La Morandière appelle l'attention sur la création d'une nouvelle promenade reliée à la Terrasse de Médicis et sur les inconvénients qui pourraient en résulter, si l'on n'isolait point, par une grille, la cour du château du jardin public. La Commission considérant que la Ville de Blois doit installer un gardien à demeure pour surveiller les promenades est d'avis qu'il est inutile d'établir la grille projetée.

Église de Morlaàs (Basses-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald chargé de veiller au bon emploi des 10 000 Francs accordés sur le budget des Cultes pour la restauration des sculptures du porche a rencontré de grandes difficultés de la part du maire qui aurait voulu employer cet argent à des travaux déplorables.

M. [Émile] Boeswillwald, empêché par ses nombreuses occupations de suivre cette affaire d'assez près pour avoir raison de la résistance qui lui est opposée, propose d'en confier la direction à M. Serres, architecte demeurant à Pau. M. Serres, ancien inspecteur des travaux de restauration du Château, offre toutes garanties et pourra faire exécuter la restauration approuvée par le ministre.

Cette proposition est adoptée. 80/15/10/183

9 octobre 1874 [Vendredi]
La séance est présidée par M. Soubeyran. Membres présents : M. Bailly, [Émile] Boeswillwald, de Cardaillac, Gautier, de Guilhermy, Labrouste, de Longpérier, Millet, Questel et des Vallières.
Le procès-verbal de la séance du mercredi 9 septembre est lu et adopté.
Remplacement de M. Esquié

M. le président rend compte des négociations qui ont eu lieu depuis la dernière réunion au sujet du remplacement de M. Esquié pour la direction de la restauration de l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges et pour l'Inspection des travaux du Capitole et de l'église Saint-Sernin de Toulouse.

Le ministre, après avoir manifesté l'intention de nommer M. Chambert, architecte désigné par le préfet de la Haute-Garonne, a consenti, sur les observations qui lui ont été faites, [de nommer] aux divers emplois dont M. Esquié était chargé, M. Mortreuil, architecte choisi par M. Viollet-le-Duc.

Si M. Lafollye proposé par la Commission pour la restauration de l'église de Saint-Bertrand-de-Comminges n'a pas été accepté, c'est par suite d'un malentendu, le ministre ayant cru, d'après des renseignements qui lui auraient été donnés que cet architecte était lié avec M. Esquié, ce qui est absolument inexact.

Néanmoins, les principes défendus par la Commission ont été respectés et M. le président pense qu'il convient de remercier M. le ministre qui, d'autre part, a promis de s'occuper de la demande du crédit supplémentaire de 600 000 Francs motivée par les dépenses extraordinaires occasionnées par les faits de guerre.

Église d'Ainay (Rhône)

L'ordre du jour appelle une communication de M. Questel sur l'église d'Ainay (Rhône) dont la restauration entreprise sous sa direction de 1854 à 1861 n'a pu être terminée faute de ressources suffisantes. Il s'agit aujourd'hui de construire une sacristie, ce qui permettra de dégager la chapelle Sainte-Blandine. La Fabrique possédant les fonds nécessaires a fait préparer un projet dont le devis s'élève à 90 000 Francs M. Questel, à qui ce projet a été soumis, a répondu qu'il ne lui appartenait pas de l'approuver ou de le modifier mais qu'il le soumettrait à l'examen de la Commission dont il ferait connaître l'avis.

M. [Émile] Boeswillwald fait observer que le terrain sur lequel doit être élevée la sacristie projetée est le même qu'à l'époque où M. Questel a fait son projet de 80/15/10/184 restauration générale. Dans ce projet, la sacristie était plus petite et n'engageait pas l'édifice, un passage y conduisait, ce qui offrait un grand avantage au point de vue de l'écoulement des eaux. Le travail soumis à l'examen de la Commission ne présente pas cette disposition, il y aurait donc lieu d'inviter l'architecte à le modifier de manière à isoler la sacristie du monument, ce qui n'empêcherait pas de donner à la construction nouvelle les agrandissements qui seraient jugés nécessaires aujourd'hui.

La Commission considérant qu'il y aurait de grands inconvénients à laisser engager le mur de la chapelle au point de vue de la salubrité, propose d'envoyer un calque du projet de M. Questel qui devra servir de base au moins en ce qui concerne l'établissement d'une galerie conduisant à la sacristie et de demander la communication du plan rectifié.

Église Saint-Maurice à Vienne (Isère)

Rapporteur : M. [Émile] Boeswillwald. Le Conseil municipal de Vienne a voté 10 000 Francs et le Conseil de Fabrique a promis 2 000 Francs pour l'exécution des travaux qu'il est impossible d'ajourner davantage par suite de l'état de dégradation alarmant de l'édifice. Les réparations de la toiture et de la charpente qui sont les plus urgents ont été évalués à 26 593 Francs dans le devis établi en 1862 par M. Laisné, il reste donc 14 593 Francs à réunir. M. le rapporteur propose d'accorder 10 000 Francs en deux annuités sur le crédit des Monuments historiques à la condition que le Conseil général qui paraît disposé à prêter son concours pourvoirait au surplus.

M. de Cardaillac est d'avis qu'en raison des engagements qui grèvent le crédit des Monuments historiques pour plusieurs années, il conviendrait d'ajourner toute allocation nouvelle. Sur les observations faites par M. le président, la Commission propose de promettre une subvention de 10 000 Francs afin de mettre le Conseil général à même de délibérer utilement sur cette affaire, mais de soumettre l'allocation de cette subvention au vote par l'Assemblée nationale du crédit supplémentaire de 300 000 Francs demandé sur le budget de liquidation de l'exercice 1874.

Église de Saint-Genou (Indre)

M. Millet, rapporteur, propose de demander, avant de rien décider sur les travaux projetés, que des dessins et des photographies des ouvrages exécutés en 1872 soient communiqués à la Commission ainsi que des plans et devis plus précis et mieux étudiés. Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/10/185

Chapelle circulaire de Riez (Basses-Alpes)

Sur le rapport de M. Millet, la Commission propose de demander à M. Révoil des photographies du monument ainsi qu'un rapport et un devis des réparations nécessaires.

Église Saint-Aspais à Melun (Seine-et-Marne)

Rapporteur, M. Millet.

La Fabrique demande un secours de 10 000 Francs pour la restauration des vitraux. M. le rapporteur fait observer que la Ville de Melun a fait exécuter des travaux importants et dépensé environ 15 000 Francs sans avoir consulté la Commission. D'après les renseignements qui lui ont été fournis, ces travaux seraient très défectueux ; il lui semble donc que la seule réponse à la demande de secours doit être la notification du déclassement de l'édifice, qui, d'ailleurs, n'est pas intéressant ainsi que le fait observer M. de Guilhermy et qui a dû être classé un peu par complaisance.

MM. de Soubeyran, Questel et Bailly sont d'avis que le déclassement devant être motivé sur la mauvaise exécution des travaux il conviendrait avant de le prononcer, d'être renseigné très exactement. Sur leur proposition M. Millet est prie de visiter l'église Saint-Aspais et de présenter dans la prochaine séance un rapport sur les ouvrages faits sans autorisation.

Fonts baptismaux de Vermand (Aisne)

M. de Guilhermy, rapporteur, demande à la Commission de s'opposer à la restauration projetée. Les travaux proposés auraient pour résultat de faire perdre au monument tout son intérêt. Les seules opérations qui pourraient être autorisées sont la démolition d'une partie de carrelage autour du socle destinée à découvrir la partie inférieure et le nettoyage du fut, des chapiteaux et des sculptures. Encore faut-il bien, pour ce dernier travail, défendre absolument tout grattage, on devra se borner à un simple lavage. Approuvé.

Inspecteurs-correspondants (Marne)

Demande faite par M. Édouard de Barthélémy à l'effet d'être nommé Inspecteur-correspondant du service des Monuments historiques pour le département de la Marne.

M. de Guilhermy déclare que M. de Barthélémy est tout à fait digne, par ses travaux et ses connaissances, d'obtenir le titre qu'il demande. Mais la Commission doit tout d'abord résoudre la question de savoir si l'institution des Inspecteurs-correspondants doit être abandonnée, ainsi qu'il en a été question précédemment et s'il convient de la laisser tomber par voie d'extinctions. Si l'on ne doit pas oublier des services rendus par les correspondants on doit aussi se rappeler les difficultés qu'ils ont souvent créées à l'administration par suite de leurs rapports avec les architectes qu'ils se 80/15/10/186 croyaient le droit de surveiller, de critiquer et d'entraver.

C'est pour cela même, comme le dit M. Questel, qu'à une certaine époque la Commission, tout en maintenant les correspondants avait décidé qu'on ne leur donnerait plus le titre d'Inspecteurs.

La Commission, considérant que le meilleur moyen d'éviter à l'avenir tout conflit entre ses architectes et les correspondants, est de refuser toutes nominations nouvelles, prie M. de Guilhermy de faire savoir à M. de Barthélémy que si le titre qu'il sollicite ne lui est pas accordé, le seul motif du refus est dans la résolution prise par la Commission de ne plus décerner désormais ce titre à qui que ce soit. 80/15/10/187