Accueil « »
1885
1884
1886
7 janvier 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Darcy, Dreyfus, Gautier, Lameire, de Lasteyrie, Liouville, Lisch, de Mortillet, du Sommerard, Steinheil, Thomson, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 25 juillet 1884 est lu et adopté.
Fonctionnement de la Commission

M. Dreyfus exprime le regret que les séances de la Commission ne soient pas plus rapprochées.

M. le président estime en effet qu'il serait avantageux que la Commission se réunît tous les 15 jours et qu'on revînt à la publication dans le Journal Officiel d'un extrait des délibérations. On préviendrait ainsi des articles erronés publiés dans les journaux dans lesquels la Commission est mise en cause injustement.

M. du Sommerard dit à ce sujet qu'il a exigé et obtenu une rectification du journal auteur d'un article mensonger dans lequel la Commission était accusée d'avoir émis le voeu que la Porte Saint-Denis fût démolie ; il explique son intervention par le motif qu'il avait été visé personnellement.

M. [Émile] Boeswillwald regrette le retard mis dans la discussion du projet de loi sur la conservation des Monuments historiques.

M. le président fait connaître les raisons qui ont empêché le ministre de laisser mettre ce projet à l'ordre du jour en seconde lecture. Il demande à M. [Émile] Boeswillwald de lui prêter son concours auprès du ministre pour hâter le plus possible la discussion de cette loi, dont la nécessité est chaque jour démontrée.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. Proust, dans une récente visite au Trocadéro, a constaté l'insuffisance des moulages de Versailles pour remplir la salle du XVIIe siècle. Il exprime le désir que la Commission prenne un parti relativement à la salle d'ornementation, qu'il serait bon de pouvoir ouvrir d'ici trois ou quatre mois. Il y aurait également lieu d'examiner si les petits détails d'ornementation ne pourraient trouver place dans les salles des époques auxquelles ils correspondent. 80/15/012/94

La sous-commission sera convoquée prochainement afin de trancher ces diverses questions.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le président rappelle la situation de l'affaire du Mont-Saint-Michel. Les députés de la Manche sont très préoccupés de l'insuffisance du crédit. M. Proust a demandé au ministre des Travaux publics s'il ne pourrait pas disposer d'une certaine somme pour la réparation des murailles. Il propose de charger M. Lisch de se rendre auprès de ce ministre pour savoir dans quelles conditions pourraient se faire les réparations urgentes.

M. Lisch demande qu'on lui adjoigne M. Bruyerre, Inspecteur général chargé de l'examen du Mont-Saint-Michel.

Porte Tournaisienne à Valenciennes (Nord)

M. le président donne communication d'une lettre par laquelle M. Guillaumme, architecte du Palais du Louvre, appelle l'attention de la Commission sur la Porte Tournaisienne, laquelle est menacée de destruction par le Génie militaire. M. [Émile] Boeswillwald croit que la Commission ne peut qu'exprimer un voeu pour la conservation du rez-de-chaussée voûté de cette tour, la seule partie qui subsiste de l'édifice du XIVe siècle.

M. de Lasteyrie considère que, dans une région où il existe très peu de monuments, il y a lieu de s'attacher davantage à la conservation de ce qui reste. Il propose, en conséquence, le classement, sous cette réserve qu'on devra se borner à conserver sans restaurer.

Le classement de la porte Tournaisienne à Valenciennes est adopté dans ces conditions.

Répartition des crédits de 1885 et 1886

Lecture est donnée par M. le président de la liste de répartition du crédit pour les exercices 1885 et 1886.

Château de Pierrefonds (Oise)

L'inscription du château de Pierrefonds pour 25 000 Francs sur chacun des exercices donne lieu à une observation de M. le président qui fait remarquer que sur la proposition même du service des Bâtiments civils, l'allocation sur ce crédit de l'annuité de 50 000 Francs pour cet édifice a été supprimée. M. Lisch, architecte du monument, répond qu'il existe 80/15/012/95 dans les soubassements de la Tour des Césars des lézardes dont la réparation présente une extrême urgence. De plus il insiste sur la nécessité d'un crédit annuel pour l'entretien des toitures de cet édifice qui occupent une si grande superficie. M. le président pose à ce sujet la question de savoir à qui incombe l'entretien de ce château.

M. Tétreau répond que l'entretien doit incomber au service public à qui appartient le château. Il compare la situation de cet édifice à celle du château de Saint-Germain qui relève du service des Bâtiments civils, mais dont la restauration s'exécute sous la direction de la Commission.

M. le président propose d'ajourner l'allocation de 15 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, jusqu'à ce que le ministre ait statué sur l'attribution du château de Pierrefonds.

Une délibération sera adressée à ce sujet au ministre par la Commission.

Sous cette réserve, la liste de répartition, telle qu'elle a été présentée à la Commission comprenant engagement total du crédit de 1885 et engagement du crédit de 1886 jusqu'à concurrence de 1 183 000 Francs, est adoptée, et copie en est annexée au présent procès-verbal.

Bâtiment de la Commutation à Toulouse (Haute-Garonne)

M. de Baudot a la parole. Il rappelle qu'un rapport lui a été demandé sur le bâtiment de la Commutation. Il n'a pas eu de rapport à faire. Sur l'autorisation même du ministre, l'édifice a été démoli. Il conclut de ce fait à la nécessité d'une loi. Il fait connaître, en outre, qu'un escalier très intéressant, qui touche au donjon, est également menacé d'une prochaine destruction.

Sur la proposition de son président, la Commission décide d'inscrire au procès-verbal une protestation contre ce fait de la démolition d'un monument classé ; elle émet le voeu que la loi pour la conservation des Monuments historiques soit mise à l'ordre du jour de la Chambre des Députés le plus tôt possible.

M. Proust se retire. M. du Sommerard prend la présidence.
Église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

[M. du Sommerard] donne communication d'une note de M. Sauvageot, architecte, au sujet des fouilles nécessitées par l'établissement du 80/15/012/96 calorifère dans l'église Saint-Ouen et qui ont suscité des réclamations dans la presse.

M. Sauvageot fait connaître la manière dont il opère ce travail et donne la nomenclature des objets qui ont été découverts. Une question a été soulevée sur le point de savoir à qui appartiennent ces objets. M. le maire de Rouen a exprimé le désir qu'ils soient exposés au Musée départemental des antiquités de la Seine inférieure à Rouen. Les membres du conseil de Fabrique partagent cette manière de voir.

La Commission est d'avis que ces objets peuvent être laissés au département mais à la condition que l'administration du Musée départemental en fasse dresser le catalogue.

Palais des Dauphins à Grenoble (Isère)

Sur la proposition de M. de Mortillet, la Commission est d'avis de prononcer le classement du Palais des Dauphins.

La Commission décide de se réunir à l'avenir les 1er et 3e vendredis de chaque mois.

La séance est levée à 11 h 15. 80/15/012/97

16 janvier 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Kaempfen, Lameire, Liouville, Lisch, Poulin, du Sommerard.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance du 7 janvier.
Crédits pour l'Algérie

M. [Émile] Boeswillwald propose une modification à la répartition du crédit des Monuments historiques de l'Algérie consistant à attribuer aux ruines de Timgad les 16 000 Francs primitivement réservés pour celles de Tébessa.

Adopté

Château de Pierrefonds (Oise)

M. le président prie M. le directeur des Bâtiments civils de faire connaître son opinion au sujet de la situation du château de Pierrefonds.

M. Poulin rappelle que sous l'Empire cet édifice fut porté sur la Liste civile, qu'ensuite une convention intervint entre les deux services des Bâtiments civils et des Beaux-arts pour partager entre eux les frais de la restauration. En ce qui concerne l'entretien, M. Poulin exprime l'assurance que les deux services s'entendront à l'avenir au mieux des intérêts de la conservation du monument.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

M. de Baudot demande à préciser la situation de la Commission dans l'affaire de la Porte Saint-Denis. Quel parti va-t-on prendre pour la restauration ? Il lui semble que la Commission doit être appelée à donner son avis sur la manière dont s'exécutera l'entreprise qui présente des difficultés particulières.

M. le directeur des Bâtiments civils se déclare tout disposé à accueillir les avis de la Commission Son intention est de faire établir d'abord un échafaudage devant permettre de se rendre compte de la gravité des dégradations. Le monument pourrait alors être visité par la Commission et le conseil des Bâtiments civils. Des sculpteurs émérites seraient en outre appelés à donner leur avis. On décidera ensuite comment devra être comprise la restauration.

M. le président craint pour la Commission qui est restée jusqu'à ce jour étrangère aux réparations qui ont altéré 80/15/012/98 plus ou moins le monument, le partage de la responsabilité. Il lui paraîtrait préférable que la restauration fût faite par l'un ou par l'autre des services exclusivement.

M. de Baudot signale le danger pour la situation générale de la Commission de se désintéresser de cet édifice.

M. Bruyerre fait également observer qu'en se désintéressant, la Commission justifierait l'utilité et l'importance qu'aspirent à prendre certaines sociétés archéologiques.

Les propositions de M. le directeur des Bâtiments civils sont acceptées.

L'ordre du jour appelle la discussion sur la restauration de l' :

Église de Vertus (Marne)

Le total des travaux de 1ère urgence comprenant la restauration du clocher et la construction d'une sacristie est évaluée par M. Selmersheim à 41 013 Francs 10, laquelle somme pourrait être encore réduite par la suppression des contreforts de la sacristie.

Les ressources réunies par la Commune s'élevant à 38 000 Francs, M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'autoriser l'exécution des dits travaux sauf à venir en aide à la Commune pour l'exécution des travaux compris dans les chapitres suivants du devis, à savoir la consolidation de la crypte et la restauration de la façade, lorsque l'état du crédit le permettra et après achèvement de la restauration du clocher.

Ces conclusions sont adoptées.

Mosaïques de Saint-Leu (Oran)

La Société de géographie et d'archéologie du département d'Oran demande que ces mosaïques soient concédées au Musée départemental et communal d'Oran qui est en voie de création. La Société se chargerait de l'enlèvement, du transport et de l'installation, les dépenses devant être couvertes au moyen d'une subvention à allouer sur le Conseil général.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'adopter cette solution qui a l'avantage d'être immédiate et d'assurer la conservation de ces restes intéressants, qui ont beaucoup à souffrir de l'opération qu'on leur fait subir en 80/15/012/99 enlevant la couche de sable qui les couvre, chaque fois qu'on veut les visiter.

Adopté.

Mosaïque de Grand (Vosges)

M. le conservateur du Musée d'Épinal signale l'état d'humidité dans lequel se trouve la mosaïque de Grand et sollicite un secours de 300 Francs pour l'amélioration et l'assainissement du hangar qui la recouvre.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime que la mosaïque en question est assez intéressante pour que la Commission fasse un léger sacrifice en vue de sa conservation, mais la demande du conservateur n'étant appuyée ni d'un relevé suffisant ni d'une estimation sérieuse de la dépense, il propose de demander à M. Schuler, architecte à Nancy, un devis avec un tracé des baies d'aération indispensables.

Conclusions adoptées.

Château de Foix (Ariège)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, rappelle que la Commission avait été d'avis d'allouer pour la restauration de cet édifice une somme de 36 000 Francs égale à la moitié du montant du devis, à la condition que le département fournirait l'autre moitié. Le Conseil général appelé à délibérer sur cette proposition a déclaré ne pouvoir affecter à cette entreprise plus de 12 000 Francs payables en 6 annuités.

M. le rapporteur estime que dans ces conditions il est impossible d'engager l'entreprise. Il propose, en conséquence, d'accepter les 12 000 Francs du Conseil général, mais payables en trois annuités et d'allouer sur le crédit des Monuments historiques trois annuités successives de 20 000 Francs.

La Commission adopte les conclusions du rapporteur.

Église du Vieux-Saint-Jean à Perpignan (Pyrénées-Orientales)

L'administration des Hospices de Perpignan, propriétaire de deux des trois nefs de l'église du Vieux-Saint-Jean, serait dans l'intention de les démolir et l'administration des Cultes demande à la Commission de décider si ces deux nefs sont comprises dans le classement de l'ancienne église dépendant de la cathédrale et à ce titre appartenant à l'État.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, ne pense pas qu'en classant 80/15/012/100 l'église du Vieux-Saint-Jean, la Commission ait entendu classer les nefs de l'hospice mutilées et modifiées, et estime qu'en raison de leur intérêt très secondaire, il n'y a pas lieu de s'opposer à leur démolition.

Conclusions adoptées.

Église de Lillers (Pas-de-Calais)

Le devis dressé par M. l'architecte Danjoy en vue de la restauration de cet édifice s'élève à 47 755 Francs 76. Les ressources locales s'élèvent à environ 31 000 Francs.

Conformément aux conclusions de M. l'Inspecteur général [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'allouer sur le crédit des Monuments historiques 10 000 Francs, à charge par la Commune de se procurer le complément des ressources nécessaires en s'adressant au ministère des Cultes.

Elle demande, en outre, qu'il soit fait des photographies de l'édifice avant de commencer les travaux.

Monolithe de La Haute-Borne (Haute-Marne)

Le président de la Société des lettres, sciences et arts de Saint-Dizier signale l'utilité d'établir autour de ce monument, pour le protéger, une grille de fer de 10 mètres de côté et de 1 m 50 de hauteur. M. [Émile] Boeswillwald reconnaît cette utilité mais croit qu'une grille de 4 mètres de long sur 2 m 60 de large tiendrait les passants à une distance suffisante pour protéger le monolithe, et que réduite à ces dimensions cette clôture pourrait être exécutée aux frais du département et de la Société des lettres, sciences et arts de Saint-Dizier.

Adopté.

Hôtel de ville de Figeac (Lot)

M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé propose, en vue d'assurer la conservation de cet édifice, d'ouvrir les arcades du rez-de-chaussée, de manière à laisser toute la chaussée actuelle aux voitures en réservant le passage couvert aux piétons. Ce plan serait d'une exécution facile et la dépense qui en résulterait serait peu importante. D'un autre côté, le Conseil municipal de Figeac a pris une délibération en vue d'obtenir l'autorisation de démolir la galerie du 1er étage et de la rétablir dans 80/15/012/101 le jardin de la nouvelle mairie. A cet effet le conseil a voté une somme de 500 Francs, s'engageant d'ailleurs à voter d'autres sommes en cas d'insuffisance de celle-ci.

M. Lisch rapporteur est d'avis d'adopter la proposition de M. [Jean-Camille] Formigé et d'informer la Ville qu'elle pourrait compter sur un large secours de l'administration des Beaux-arts si elle voulait entreprendre la restauration de son ancien Hôtel de ville.

La Commission considère qu'il y aura de grandes difficultés dans une entente, qu'il faut sans doute essayer d'abord d'obtenir la conservation dans le sens proposé par M. l'architecte, sauf à demander, s'il est impossible de l'obtenir, le transport de la façade en entier dans un lieu public.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que le fossé d'assainissement créé le long du collatéral nord de l'édifice recevant les eaux des maisons voisines, le but que l'on s'est proposé en le créant n'a pas été atteint mais qu'au contraire la situation a été aggravée.

M. l'Inspecteur général propose, en conséquence, d'inviter le maire à faire prendre par son service de voirie municipale les mesures nécessaires pour préserver l'église de Saint-Maixent de l'envahissement des eaux pluviales et ménagères provenant des propriétés voisines.

Adopté.

Lanterne des Morts de Journet (Vienne)

Conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'allouer 1 300 Francs pour la restauration de ce petit édifice dont la dépense est évaluée par M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé à 1 420 Francs 17, à la charge par la Commune de combler le déficit.

Église de Barthélémy-le-Vieux (Deux-Sèvres)

M. l'architecte Devérin a déposé le projet qui lui avait été demandé par le ministre pour faire usage des 40 000 Francs légués à la Commune de Parthenay pour la restauration de son église. M. Lisch propose l'adoption de ce projet, sauf à reporter sur des travaux de réparations aux toitures une somme de 4 361 Francs prévue par l'architecte pour des raccords de sculpture dans la façade.

Adopté. 80/15/012/102

Église Saint-Martin de Clamecy (Nièvre)

Un devis dressé par M. [Victor] Ruprich-Robert en vue de la restauration de l'église de Clamecy évalue à 79 000 Francs environ la dépense nécessaire à la conservation de l'édifice. La Ville se refusant à prendre part à la dépense, l'entreprise resterait tout entière à la charge de l'État.

M. Lisch, rapporteur, estime que dans ces conditions, il est impossible d'entreprendre une restauration aussi importante et qu'il faudrait au moins s'assurer du concours de la Commune, de la Fabrique et du département dans une proportion de moitié avant de s'engager dans cette affaire.

La Commission, sur les observations de M. de Baudot, considérant que le monument dont il s'agit est dans un si mauvais état de conservation que la restauration en est à peu près impossible, est d'avis qu'il y a lieu de se borner à demander à un architecte le relevé de l'édifice et désigne, à cet effet M. Louzier.

Église de Mareuil (Vendée)

Cet édifice, dans lequel se sont manifestés des désordres considérables, nécessite des réparations urgentes. M. l'architecte Loué a dû prendre des mesures provisoires en attendant que l'on procédât à une réparation définitive et il présente en vue de cette dernière un devis de 14 932 Francs 84.

La Commune ayant déjà dépensé des sommes considérables pour son église et se trouvant aujourd'hui sans ressource, M. Lisch, rapporteur, propose d'accorder une subvention de 8 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la charge par la Commune de se procurer le complément des ressources en s'adressant à l'administration des Cultes.

La Commission estimant qu'il y aurait lieu d'intervenir à nouveau auprès du Conseil général pour en obtenir une participation à la dépense est d'avis d'ajourner jusque là la solution à donner à cette affaire.

Église de Loctudy (Finistère)

Le devis présenté par M. l'architecte Gout en vue de la restauration de cet édifice s'élève à 58 403 Francs, le chapitre 1er qui comprend la restauration complète du choeur. 80/15/012/103

y figure pour une somme de 39 133 Francs. Les administrations locales ayant réuni 15 000 Francs pour cette entreprise, M. Lisch, rapporteur, propose d'accorder 9 133 Francs sur le crédit des Monuments historiques et de demander à l'administration des Cultes de venir en aide à la Commune en lui accordant les 15 000 Francs complémentaires du devis.

La Commission est d'avis de réserver pour le moment son concours en raison de la situation du crédit et d'autoriser l'emploi des 15 000 Francs recueillis par la Commune.

Église de Moirax (Lot-et-Garonne)

Les travaux de restauration de cet édifice tendent à leur achèvement. M. Lafollye présente un devis de 21 544 Francs pour terminer l'entreprise ; M. Lisch, rapporteur, estime que les travaux du 1er chapitre, s'élevant à 11 511 Francs 42, présentent seuls un caractère d'urgence et que même il n'y a pas lieu de donner suite aux propositions comprises dans le 2e chapitre sous la désignation de restauration du triplex.

Conformément à son avis, la Commission propose d'allouer 6 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la charge par la Commune de combler le déficit.

Église du Creisker à Saint-Pol-de-Léon (Finistère)

Des réparations à la charpente et à la couverture de l'abside absolument indispensables à la conservation de l'édifice sont évaluées par l'architecte à une dépense d'environ 8 000 Francs.

La Commission, adoptant les conclusions de M. Lisch, rapporteur, est d'avis d'allouer la moitié de cette somme, à la condition que la Commune se procurera les ressources complémentaires.

Notices nécrologiques des membres de la Commission

M. le président rappelle que la Commission a l'habitude de consacrer une notice à chacun de ses membres décédés. M. de Baudot est en conséquence invité à consacrer une étude à M. Ouradou, et M. Bruyerre, à M. Abadie.

La Commission décide également de mettre à l'ordre du jour de la prochaine séance les propositions pour le remplacement des deux membres décédés.

Remparts du Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le président rappelle les dispositions de M. le ministre des Travaux publics relativement à la restauration des Remparts du Mont-Saint-Michel 80/15/012/104 M. le directeur des Beaux-arts est disposé à accompagner MM. Lisch et Bruyerre dans leur prochaine visite au ministre pour traiter la question. M. Bruyerre donne lecture de trois rapports sur diverses questions relatives au Mont-Saint-Michel :

1° proposition de prorogation du bail des bâtiments abbatiaux, qui expire le 1er septembre 1886. L'avis de l'architecte et du rapporteur est que les bâtiments soient habités dans l'intérêt de leur conservation. Il y aurait lieu de détacher de la nouvelle location les bâtiments dits Belle-Chaise et Tour Perrine ainsi qu'une partie de ceux de la caserne qui pourrait être affectée à l'école communale. En raison de la réduction de la location, le prix annuel pourrait ne pas être augmenté.

2° proposition de l'établissement d'une école dans le bâtiment dit la caserne. Cette proposition se rattache à la précédente, attendu que les parties à affecter à l'école sont en ce moment entre les mains des religieux. Toutefois aux termes de l'article 15 du bail, l'État s'est réservé le droit de le résilier à toute époque au cas où tout ou partie des bâtiments loués se rendraient nécessaires à un service public.

La Commission adopte la proposition d'installation de l'école dans les bâtiments en question, sauf à déterminer nettement les parties à affecter.

3° Travaux de couverture à exécuter à l'abbaye. L'architecte a dressé à cet effet un devis de 17 720 Francs auxquels il y aurait à ajouter 7 500 Francs déjà dépensés.

M. le rapporteur pense qu'il y aurait lieu de réduire la dépense pour cette année à 20 000 Francs payables sur le crédit de 25 000 Francs réservé pour les travaux de toiture et d'employer les 5 000 Francs de surplus à d'autres travaux urgents.

Cette proposition est adoptée.

Église de Caudebec-en-Caux (Seine-Inférieure)

M. Bruyerre donne lecture d'un rapport sur la reconstruction de la flèche de l'église de Caudebec-en-Caux dont le projet a été approuvé par la Commission. Cette flèche a été montée épannelée et le ravalement s'exécute sur place. 80/15/012/105

L'architecte, M. Sauvageot, a apporté à l'état ancien une modification consistant à conserver pleins les cloisonnements d'arêtiers au lieu de relier ceux-ci au cône intérieur par deux tenons de six centimètres carrés de section, par chaque assise. Cette modification adoptée par la Commission est l'objet des réclamations des souscripteurs aux frais de qui s'exécutent les travaux. L'architecte et les entrepreneurs, voyant dans l'ancienne disposition la cause même de la ruine de l'édifice, se refuseraient à prendre la responsabilité d'une reconstruction reproduisant l'état primitif.

M. le rapporteur propose à la Commission de persister dans son approbation du projet. MM. [Émile] Boeswillwald et de Baudot ayant émis l'opinion que l'évidement pourrait être ménagé dans certaines conditions et sans engager la responsabilité de l'architecte de manière à conserver à la flèche l'aspect de légèreté qu'elle avait autrefois, la Commission est d'avis que M. Sauvageot soit invité à s'entretenir à ce sujet avec MM. les Inspecteurs généraux.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/106

6 février 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, de Baudot, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, Ruprich-Robert, Steinheil, Tétreau.
Décès de M. du Sommerard.

M. le président prend la parole pour annoncer à la Commission la mort de son doyen, M. du Sommerard, et propose de lever la séance en signe de deuil.

La Commission adopte cette proposition.

M. le président propose également de déléguer auprès de Madame du Sommerard deux membres de la Commission. Il s'y rendra lui-même avec M. [Émile] Boeswillwald.

M. Tétreau demande que M. Proust soit l'interprète de la Commission sur la tombe de M. du Sommerard.

Ces propositions sont adoptées.

La séance est levée. 80/15/012/107

13 février 1885
Présidence de M. A Proust. Sont présents : M. le directeur des Beaux-arts, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Hébrard, Lameire, de Lasteyrie, Liouville, Lisch, de Mortillet, Steinheil, Tétreau.
Les procès-verbaux des séances du 16 janvier et 6 février sont lus et adoptés.
Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. le président fait connaître à la Commission qu'il a vu le ministre au sujet du Musée de Cluny et qu'il lui a demandé de réunir la Commission pour émettre un voeu en faveur du maintien de l'indépendance du Musée qui resterait placé dans les attributions de la Commission des Monuments historiques .

Le ministre serait disposé à accueillir ce voeu, la nomination du successeur de M. du Sommerard demeurant d'ailleurs exclusivement réservée à l'administration.

Absentéisme des membres

M. le président propose également d'écrire aux membres de la Commission qui ne paraissent pas aux séances pour leur demander si leur intention est de continuer à faire partie de la Commission et les prier dans ce cas de lui prêter un concours effectif.

Donjon de Pons (Charente-Inférieure)

La parole est donnée à M. de Mortillet pour une communication relative au Donjon de Pons. Il résulte des renseignements qu'il a reçus de la localité qu'on a construit un escalier extérieur avec perron pour donner accès au monument et percé des baies dans les murailles.

M. Lisch expose l'affaire et dit comment l'administration préfectorale a autorisé les travaux.

La Commission est d'avis qu'il y a lieu de demander au ministre des Beaux-arts de vouloir bien s'entendre avec le ministre de l'Intérieur pour obtenir le rétablissement du monument dans son état primitif.

Église de Saint-Chef (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture de son rapport sur l'église de Saint-Chef. La dépense étant évaluée à 31 915 Francs 67 et les ressources réunies 80/15/012/108 par la Commune et la Fabrique s'élevant à 6 420 Francs 15 M. le rapporteur propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques une somme égale, soit 6 500 Francs, à la charge par la Commune de se procurer les 18 995 Francs 59 en s'adressant au département et à l'administration des Cultes. Il demande en outre que, sur les 6 500 Francs de l'allocation ministérielle, 3 843 Francs soient affectés avant toute autre opération à la réfection de la couverture de l'abside pour faire suite aux travaux exécutés au choeur.

Ces conclusions sont adoptées.

Ancien Hôtel Bernuy à Toulouse (Haute-Garonne)

Cet édifice, qui fait partie du lycée, est dans un état qui nécessite des réparations très urgentes évaluée à 32 035 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estimant que, d'après les données fournies par l'architecte, 5035 Francs pourraient être demandés à la Ville, est d'avis que le reste de la dépense soit 27 000 Francs soit alloué par le ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts, moitié sur le crédit des Monuments historiques, moitié sur le crédit des établissements d'Enseignement secondaire.

Cette proposition est adoptée.

Église de Dormans (Marne)

M. [Émile] Boeswillwald rappelle la situation de l'affaire et fait connaître que par suite d'un don anonyme de 16 000 Francs il serait peut-être possible de donner suite au projet de restauration de cet édifice suspendu jusque là, faute de ressources.

Toutefois le devis présenté témoigne de trop peu d'expérience de la part de l'architecte pour qu'il soit possible de lui confier l'exécution des travaux.

M. le rapporteur propose, en conséquence, de charger M. Selmersheim d'étudier un projet de restauration des parties de l'édifice comprises au devis présenté par la Fabrique et de produire des photographies de l'état actuel des constructions du choeur, etc. élevées au XIIIe siècle.

Adopté. 80/15/012/109

Église Saint-Pierre à Melle (Deux-Sèvres)

Le devis dressé par M. l'architecte Loué pour la restauration des charpentes de cet édifice s'élève à 7294 Francs et s'applique à des travaux de grande urgence. La Fabrique a voté 1 000 Francs pour cette entreprise et la Commune a déclaré ne pouvoir participer à la dépense.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer 2 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la charge par la Commune de se procurer les ressources complémentaires en s'adressant à l'administration des Cultes.

Adopté.

Église de Verrinnes-sous-Celles (Deux-Sèvres)

Le préfet des Deux-Sèvres sollicite de l'administration un secours de 383 Francs 28 pour parfaire un devis de 1 133 f 28 ayant pour objet la réparation d'une sacristie.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis de transmettre cette demande à l'administration des Cultes, le crédit des Monuments historiques n'étant point affecté à la destination dont il s'agit.

Adopté.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. de Baudot a examiné le projet qui lui a été communiqué au sujet de l'installation de la bibliothèque de la Ville de Blois dans la partie du château dite de Gaston. Ce projet lui a paru susceptible d'approbation, mais il estime que la Ville qui tire parti de l'édifice doit participer au moins dans la proportion de la moitié à la dépense qu'il y aura lieu de faire aux couvertures et aux croisées par suite de l'installation de la bibliothèque. La Ville afferme le château pour une somme de 7 000 Francs. Cette somme devait être affectée à l'entretien de l'édifice, d'après les conventions intervenues entre la Ville et l'État. Mais ces conventions n'ont pas été exécutées. Il y aurait lieu d'en exiger l'exécution.

La Commission adopte cet avis et, considérant qu'il appartient à la Ville de Blois d'entretenir le bâtiment de Gaston dont elle se sert, passe à l'ordre du jour. 80/15/012/110

Église Saint-Maclou à Pontoise (Seine-et-Oise)

Sur le rapport de M. Steinheil, et conformément à ses conclusions, la Commission ayant examiné le projet de vitrail présenté par M. Simil et dessiné par M. Gsell, peintre verrier, pour une fenêtre du XVIe siècle de l'église Saint-Maclou, est d'avis de demander à l'artiste un nouveau dessin qui rentre davantage dans le caractère des vitraux anciens que possède cet édifice.

Église de Caudebec-en-Caux (Seine-Inférieure)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître que MM. les architectes se sont réunis pour étudier la question de la flèche de Caudebec. La majorité s'est prononcée contre l'évidement. L'opinion de M. [Émile] Boeswillwald est que l'on pouvait évider. La question restait de savoir si d'ailleurs l'évidement eût été possible aujourd'hui. M. Lisch le croit possible, mais dangereux et trouve inutile d'encourir une responsabilité de ce genre.

M. de Baudot fait observer que, au fond la majorité a été plus apparente que réelle, en ce sens que deux des architectes présents se sont plutôt arrêtés à la question de pratiquer l'évidement aujourd'hui que la construction est achevée. Il fait d'ailleurs observer que lorsque la Commission a adopté le projet de l'architecte, son attention n'avait pas été appelée sur le changement qu'il proposait.

M. le président propose à la Commission de se rendre sur place et de faire expérimenter d'ici là sur deux morceaux superposés si l'évidement est possible.

La Commission consultée sur la question de savoir s'il y a lieu de restituer l'état primitif de la flèche se prononce affirmativement, sous la réserve de vérifier sur place si cette restitution est possible.

Le voyage à Caudebec est fixé au samedi 7 mars.

La séance est levée à 11 heures. 80/15/012/111

6 mars 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. Kaempfen, Poulin, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Darcy, Dreyfus, Geoffroy-Dechaume, Lameire, Laisné, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Ruprich-Robert, Steinheil, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 13 février est lu et adopté.
Remplacement de membres de la Commission

M. le président s'informe s'il a été écrit à M. Caix de Saint-Aymour pour lui demander s'il entend continuer à faire partie de la Commission, et, sur la réponse négative de M. le secrétaire, insiste pour qu'une lettre dans ce sens lui soit prochainement adressée.

M. le président rappelle que le remplacement de MM. Abadie et Ouradou figure à l'ordre du jour et qu'en outre, M. Cernuschi, démissionnaire dès l'origine, n'a pas été remplacé.

M. Lisch propose une liste de trois candidats choisis parmi les architectes les plus anciens. Cette liste, établie d'accord avec quelques uns de ses collègues, porterait les noms de MM. Selmersheim, Paul Boeswillwald, Daumet.

M. [Victor] Ruprich-Robert fait observer qu'il n'a pas eu connaissance de cette liste et qu'il serait utile de discuter les titres des candidats dans une première séance, avant de dresser la liste définitive de présentation au ministre.

M. le président rappelle l'observation qui lui a été faite par la Commission d'examen du projet de loi pour la conservation des Monuments historiques et le voeu exprimé par elle que la Commission se recrutât moins parmi les architectes qui ont des travaux. Il est d'avis de prendre cette opinion en considération, sous peine de s'exposer à voir remanier la Commission.

M. Lisch fait observer que les architectes sont en minorité dans la Commission dont ils ne forment pas même le tiers. Il expose la difficulté de trouver, en dehors du service, des architectes compétents pour juger des questions dont la connaissance implique des études toutes particulières. Il croit en outre que ce serait décourager les architectes du service pour qui l'admission dans la Commission avait été considérée jusqu'ici comme une récompense de leurs travaux.

M. Poulin expose les conséquences du système qui consisterait 80/15/012/112 à écarter de la Commission les architectes ayant des travaux. Ce serait, suivant lui, abaisser et décapiter le service.

M. de Baudot cite l'exemple de l'administration des Cultes qui a décidé que les Inspecteurs généraux ne feraient plus de travaux et qui, par suite, a fait entrer dans son service un grand nombre d'architectes étrangers à l'étude des monuments français. Il croit pouvoir affirmer que cette administration n'a pas à se féliciter de la mesure adoptée et il craint les mêmes conséquences pour le service des Monuments historiques dans lequel elles présenteraient encore plus de gravité.

M. le président répond que la question ne se pose point pour le moment en termes aussi absolus. Mais il signale l'opinion de la Commission d'examen du projet de loi qui est également celle de la Commission du Budget comme une opinion dont il est nécessaire de tenir compte.

M. Tétreau ajoute que, si l'opinion du Parlement triomphait d'une manière absolue, elle entraînerait un remaniement du service.

M. de Lasteyrie estime qu'il y a lieu de se préoccuper du recrutement des jeunes architectes, et en même temps de donner satisfaction aux Commissions parlementaires. On donnerait cette satisfaction en ne nommant cette fois qu'un architecte sur deux candidats.

M. Dreyfus émet l'avis que la Commission s'ouvre davantage aux amateurs et propose la candidature de M. Foule [sic].

M. [Émile] Boeswillwald ne partage pas l'avis de M. Dreyfus. M. de Lasteyrie constate que, puisqu'il y a 3 places vacantes, il y a 3 listes de 3 noms à présenter, en tout 9 candidats. Il lui paraîtrait plus pratique de nommer une sous-commission chargée d'étudier ces 3 listes qui seraient présentées à la Commission dans sa prochaine séance.

Cette opinion réunit les suffrages de la Commission. MM. de Lasteyrie, [Émile] Boeswillwald, Lisch, Ruprich-Robert, Poulin, Tétreau, Dreyfus sont désignés pour faire partie de la sous-commission.

La Tour de Thouars (Deux-Sèvres)

M. le président a reçu une demande de classement de 80/15/012/113 la Tour de Thouars. M. Lisch fera un rapport sur cette affaire.

Porte de Lille à Valenciennes (Nord)

M. le directeur fait une communication au sujet de la Porte de Lille. Il expose que l'administration a pensé qu'il y aurait lieu, afin de ne pas se heurter à des difficultés provenant des nécessités du service, de demander l'avis du ministre de la guerre et il fait part de la réponse de celui-ci.

Le ministre de la Guerre a répondu qu'au point de vue militaire il ne voyait pas d'obstacle au classement, mais il a fait observer que cette mesure entraînerait la modification de plans adoptés par le service des Travaux publics et par suite une dépense de 18 000 Francs environ qui devrait incomber à l'administration des Beaux-arts.

M. le directeur donne également lecture de la délibération du Conseil municipal de 1882 qui demandait la démolition de la Porte.

M. le président se préoccupe de la procédure qui a été suivie dans cette affaire, et de la situation fausse qui en résulte pour la Commission. Jusqu'à présent la mesure de classement a été une mesure suspensive. Il y avait donc lieu dans les circonstances de classer tout d'abord. Le ministre de la Guerre a pu, avant de répondre, s'entendre avec le Conseil municipal et le ministre des Travaux publics. En ce qui concerne la dépense d'une somme de 18 000 Francs, la Commission n'a pas à se préoccuper. Des souscriptions couvriront cette somme, ainsi qu'en donnent l'assurance M. Guillaume et les personnes qui ont entrepris de sauver les restes de la Porte de Lille.

M. le président demande, en conséquence, que le ministre des Beaux-arts signe l'arrêté du classement. Cette mesure suspensive permettra de s'entendre sur la suite à donner à l'affaire.

M. le directeur ne juge pas que la situation soit compromise puisque le ministre de la Guerre ne voit pas d'obstacle au classement, et que d'autre part, la dépense qu'il prévoit ne serait pas à la charge du crédit des Monuments historiques.

M. Tétreau se place au point de vue de l'effet moral 80/15/012/114 et croit que la Commission ne doit pas subordonner ses propositions à la volonté d'une administration étrangère.

M. le directeur fait observer qu'il ne s'agit pas là d'une administration quelconque, mais d'une administration qui peut invoquer des raisons d'un ordre particulier comme les nécessités de la défense nationale et dont il est difficile de ne pas tenir compte.

M. de Lasteyrie considère que, dans l'espèce, aucun intérêt n'étant compromis, il n'y aurait qu'à maintenir la proposition de classement.

La Commission admet ce maintien.

Église d'Eu (Seine-Inférieure)
Église de Vétheuil (Seine-et-Oise)

M. l'architecte Louzier a dressé pour les réparations urgentes à faire à cet édifice un devis de 2425 Francs ; M. Bruyerre, rapporteur, propose d'allouer 1 200 Francs à la Commune à la condition qu'elle comblera le déficit.

Adopté.

Église de Rosnay-l'Hôpital (Aube)

Le clocher de cette église ayant été frappé de la foudre au mois de juin dernier, la Commune s'adresse à l'État pour en obtenir le secours qui lui est nécessaire pour réparer l'édifice.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis que l'église de Rosnay présente à peine un intérêt suffisant pour rester classée et que dans tous les cas il n'y a pas lieu de 80/15/012/115 participer à la dépense de sa restauration.

La Commission partage cet avis et propose de désigner à la Commune M. l'architecte Selmersheim pour faire exécuter les réparations urgentes.

Église de Baron (Oise)

Un devis de 17 294 Francs a été dressé par M. Selmersheim en vue de la restauration de cet édifice. Aucune réparation n'étant de première urgence, et l'église de Baron ne présentant pas un intérêt de 1er ordre, la Commission, conformément à l'avis de M. Bruyerre, son rapporteur, propose, tout en maintenant le classement, de n'accorder aucune allocation, en raison de la situation du crédit.

Église de Manéglise (Seine-Inférieure)

La dépense nécessaire à la restauration de cet édifice dont le classement n'a pas encore été prononcé, est évaluée à 26 668 Francs 45. La Commune dispose de 6 000 Francs sur ses propres ressources et espère obtenir une allocation de 3 000 Francs sur les fonds du département. Il resterait, en conséquence, à se procurer 17 668 Francs 45.

M. Bruyerre, rapporteur, estime que l'édifice présente assez d'intérêt pour être classé, et propose d'allouer conditionnellement 8 000 Francs pour sa restauration en s'adressant pour obtenir le complément des ressources à l'administration des Cultes.

La Commission se prononce en faveur du classement, sans allocation, avec autorisation de faire emploi des ressources disponibles.

Église de Bessencourt (Seine-et-Oise)

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, la Commission est d'avis que l'Église de Bessencourt, édifice du XIIIe siècle, remanié aux XVe, XVIe et XVIIe dont le classement est demandé par la Commune ne présente pas un intérêt suffisant pour qu'il soit possible de donner satisfaction à cette demande.

Église de Colleville-sur-Mer (Calvados)

Le conseil de Fabrique demande l'autorisation de remplacer la cloche de 150 kilogrammes que renferme aujourd'hui le clocher, par une sonnerie de 3 cloches pesant ensemble 1 350 kilogrammes.

M. l'Inspecteur général Bruyerre a visité le clocher et a 80/15/012/116

constaté, d'une part, qu'il y aurait des dépenses beaucoup plus utiles à faire que l'installation de cette sonnerie, et, d'autre part, que le poids de la sonnerie projetée serait beaucoup trop considérable pour le clocher, en raison du peu d'épaisseur des murs. Il conclut, en conséquence, à ce que la Fabrique soit autorisée à remplacer, si elle le juge nécessaire, la cloche actuelle par une cloche de 600 kilogrammes, au plus, et à faire étudier le beffroi par un des architectes de la Commission, qui ferait en même temps le relevé des parties intéressantes de l'édifice et dresserait le devis des réparations urgentes.

Ces conclusions sont adoptées.

Grille de l'Hospice de Troyes (Aube)

La commission administrative de l'Hospice de Troyes a fait dresser, en vue de la restauration de cette oeuvre de ferronnerie, l'une des plus importantes et des plus remarquables du XVIIIe siècle, un devis qui s'élève à 5 775 Francs.

Les ressources réunies s'élevant à 3 987 Francs, l'administration de l'Hospice s'adresse à l'État pour obtenir une subvention égale au déficit, en même temps que le classement de la grille.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis que le devis présenté est insuffisant et propose de charger M. Selmersheim d'étudier la restauration de cette grille dont il propose le classement.

Le classement est adopté et la question des travaux ajournée.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Bruyerre expose l'état des questions pendantes du Mont-Saint-Michel et signale notamment la situation résultant de l'enlèvement du vitrage des trois baies ouvertes dans le mur ouest du cloître. Le sol du cloître est inondé pendant les tempêtes et il paraît nécessaire à M. l'Inspecteur général de vitrer à nouveau ces trois baies qui ont été destinées à un passage, mais de manière à ce qu'il soit visible, d'après l'aspect moderne de la clôture adoptée, qu'elle n'a pour objet que d'empêcher la pluie de pénétrer dans le cloître.

La Commission est d'avis qu'il y a nécessité de clore ces baies et après une discussion à laquelle prennent part MM. de Lasteyrie, [Émile] Boeswillwald, Ruprich-Robert, Lisch, de Baudot, 80/15/012/117

Dreyfus, de demander à M. Corroyer deux devis : dans l'un, l'architecte aurait à prévoir l'emploi des matériaux de l'ancienne armature ; dans l'autre, il adopterait un encadrement en bois de chêne, avec soubassement qu'il relierait à la construction à l'aide de cercles de fer embrassant les colonnettes.

Église de Prémery (Nièvre)

M. [Victor] Ruprich-Robert fait connaître qu'une somme de 3 880 Francs 52 serait nécessaire pour terminer la restauration de l'église de Prémery.

La Fabrique n'ayant pas de ressources et la Commune se refusant de participer à la dépense, la Commission propose conformément aux conclusions de M. le rapporteur, de prendre la moitié de la dépense à la charge du crédit des Monuments historiques et de demander à l'administration des Cultes de vouloir bien inscrire à son budget l'autre moitié.

Hôtel de ville de Saint-Amand (Nord)

M. l'architecte Danjoy a présenté en vue de la restauration de cet édifice un devis de 32 067 Francs, et le Conseil municipal sollicite un secours de 16 000 Francs pour l'exécution des travaux projetés.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose, en raison de la situation du crédit et malgré l'intérêt de l'édifice, de n'accorder que le tiers de la dépense, soit 10 700 Francs à la charge par la Ville de se procurer les ressources complémentaires.

Cette proposition est adoptée.

La séance est levée. 80/15/012/118

7 mars 1885
Visite à Caudebec-en-Caux (Seine-Inférieure)
La Commission des Monuments historiques s'est transportée à Caudebec, afin d'examiner sur place la question soulevée par la restauration du clocher de l'église.
Etaient présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Darcy, de Lasteyrie, Lisch, Sauvageot, architecte du monument.

Suivant un projet approuvé le 20 août 1883, l'architecte a conservé pleins les cloisonnements des arêtiers saillants de la flèche octogonale, au lieu de retirer ceux-ci au cône intérieur, comme dans l'état ancien, par deux tenons de six centimètres environ d'épaisseur.

La Municipalité de Caudebec s'est émue de cette modification et demande le rétablissement de l'état primitif. La Commission se rend d'abord sur la place du marché, afin de juger à distance de l'aspect de la flèche. Les échafauds dont elle est entourée ne lui permettent pas de se faire une opinion exacte sur l'effet produit par le cloisonnement des arêtiers.

Elle se transporte ensuite dans le chantier établi au pied de l'église. L'architecte lui donne un complément d'explications et lui fait connaître le résultat de ses nouvelles recherches. La pyramide de la flèche est composée de 20 assises comprises entre le chéneau et le pied de la poire de couronnement. Deux de ces assises forment les couronnes intermédiaires ; il reste donc dix-huit assises ordinaires comprenant chacune huit arêtiers saillants reliés au cône intérieur par des tenons pleins ou ajourés, soit pour ces 18 assises, 144 arêtiers.

L'architecte a reconnu et signalé à la Commission que les parties pleines ou aveugles comprenaient : la 1ère assise en entier soit 8 arêtiers, la moitié de la 2e assise soit 4 arêtiers, la 20e assise en entier soit 8 arêtiers, soit 20 arêtiers. De plus, les arêtiers portant crochets, au nombre de 32, avaient pour la plupart leurs tenons pleins, soit 24 environ. 80/15/012/119

Parmi les morceaux, provenant de diverses assises, conservés au chantier, on trouve encore 13 tenons pleins, et on peut en compter au moins autant parmi les morceaux déjà enlevés avec les décombres.

Il résulte donc de cet inventaire que, sur 144 arêtiers composant la flèche, il s'en trouvait environ 70 à tenons pleins, contre 74 à tenons évidés, soit à peu près moitié des uns et des autres. L'architecte fait remarquer en outre que lors du démontage de la flèche, il a été reconnu que parmi les tenons pleins les uns étaient brisés, les autres intacts tandis que tous les tenons ajourés étaient rompus, à l'exception d'un seul. Il ajoute que, contrairement à son opinion première, la ruine de la flèche n'a pu avoir pour cause la foudre, qui, d'après les renseignements recueillis, n'est jamais tombée sur Caudebec ; cette ruine serait, à son avis, le résultat de la rupture des tenons due elle même en partie à l'exagération des ajours percés dans les arêtiers. Pour éviter le retour de pareils désordres, l'architecte proposerait de supprimer ce qu'il considère comme leur cause principale, et de maintenir pleins les tenons ajourés.

A la suite de ces explications, la Commission examine dans le chantier divers fragments non encore montés de la balustrade du chéneau. La Commission fait à l'architecte et à l'entrepreneur plusieurs observations sur la manière dont la sculpture en a été traitée ; comparée à l'original, la copie est jugée lourde et sèche, les arêtes des petits pinacles qui couronnent cette balustrade présentent à la fois un caractère de roideur et de mollesse peu en rapport avec la facture de l'époque, des moulures carrées dont le modèle ont été arrondies, les dimensions ont été généralement élargies et la pierre employée trop verte n'a pas permis au sculpteur de donner à son travail toute la précision désirable.

L'entrepreneur promet d'apporter à l'exécution de cette sculpture les modifications signalées par la Commission. La Commission monte ensuite au clocher. Elle renouvelle sur place les critiques énoncées dans le chantier sur la manière dont la sculpture est interprétée. Les petits gables des contreforts de la naissance de la flèche ont été surmontés de deux boules superposées à la place d'un couronnement en forme de gourde que présentent les parties anciennes, 80/15/012/120

La forme des feuillages des crochets ne paraît pas avoir été comprise par la sculpteur, et enfin les petites gargouilles du clocher n'ont pas été traitées avec assez de simplicité. Dans un certain nombre d'entre elles, les yeux ont été profondément creusés contrairement à la règle de cette époque. D'autre part, les joints séparant les différentes assises ont en général une épaisseur exagérée et souvent inégale et portent de nombreuses épaufrures.

A la hauteur de la 17e assise, l'architecte a fait percer le tenon d'un des arêtiers. La Commission constate que cette ouverture, en laissant un libre passage à la lumière, en modifie sensiblement le jeu, et, d'après cet exemple, elle croit pouvoir conclure que la flèche acquerrait par le percement général des tenons un aspect de légèreté que ne saurait lui donner le maintien du cloisonnement des arêtiers.

Sur une observation de l'architecte qui craint que l'ébranlement produit par la sonnerie des cloches ne détermine de nouvelles ruptures, la Commission examine l'état du beffroi. Ce beffroi qui supporte deux cloches de 3 000 et 1 500 kilogrammes ne lui paraît pas suffisamment isolé des murs de la tour, mais, d'autre part, elle ne remarque aucune fissure qui lui donne à penser que l'oscillation des cloches puisse avoir une influence sur les maçonneries et produire un ébranlement qui soit de nature à porter atteinte à la solidité du clocher. 80/15/012/121

20 mars 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. Kaempfen, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Charton, Darcy, Dreyfus, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Laisné, Liouville, Lisch, Poulin, Ruprich-Robert, Steinheil, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 6 mars est lu et adopté.
Porte de Lille à Valenciennes (Nord)

M. le directeur des Beaux-arts prend la parole pour annoncer qu'il a transmis au ministre la proposition de classement de la Porte de Lille. Le ministre est disposé à donner satisfaction aux voeux de la Commission. Mais, comme les objections de la Municipalité à la conservation de la porte reposent principalement sur des considérations financières, M. le directeur se demande s'il n'y a pas lieu de prévoir la participation de l'État à la dépense, et dans ce cas il désirerait savoir de la Commission dans quelle mesure elle entendrait s'engager.

M. le président fait connaître que depuis la précédente séance, il a vu deux députés de Valenciennes, MM. Giard et Girard, lesquels ont fait une démarche auprès du ministre en faveur du classement. D'un autre côté, la Municipalité s'est rendue chez le ministre de la Guerre accompagnée de M. Fournier, sénateur, pour agir en sens contraire.

M. le président a prié M. Girard de se joindre à cette députation afin de soutenir les intérêts de la conservation de l'édifice. Il croit qu'il y a lieu d'insister auprès du ministre des Beaux-arts pour que le classement soit prononcé sans retard, et sans condition.

M. Proust annonce qu'il a profité de la circonstance pour demander que le projet de loi pour la conservation des Monuments historiques fût mis à l'ordre du jour pour la seconde lecture.

La Commission consultée se prononce à l'unanimité dans le sens du maintien de sa proposition de classement.

Membres de la Commission

L'ordre du jour appelle la nomination de deux membres aux places laissées vacantes par la mort de MM. Abadie et Ouradou.

M. Lisch expose les considérations qui ont engagé la sous-commission à présenter un architecte et un archéologue en remplacement 80/15/012/122 des deux architectes décédés.

M. Quicherat avait été, en effet, remplacé par un architecte, de sorte que la Commission en possédait un de plus que lors de sa reconstitution par le décret du 27 mars 1879.

La sous-commission a arrêté comme il suit la liste de présentation : MM. Paul Boeswillwald, Selmersheim, [Jean-Camille] Formigé d'une part, et d'autre part, MM. Courajod, Müntz, de Laurière.

M. de Baudot estime que deux architectes dans le service ont des titres plus nombreux et plus sérieux que M. [Jean-Camille] Formigé. Ce sont MM. Sauvageot et Duthoit. Il insiste pour que M. Duthoit soit porté sur la liste de présentation.

M. Tétreau déclare que la sous-commission a été unanime à reconnaître les mérites de M. Duthoit, et qu'elle ne l'a écarté que par la raison qu'il réside à Amiens. Il lui a paru qu'elle ne pouvait entrer dans cette voie de nommer des architectes ne résidant pas à Paris.

M. de Baudot pense que c'est là néanmoins un témoignage à donner à M. Duthoit qui n'habite pas une ville tellement éloignée qu'il ne puisse encore apporter un concours actif à la Commission et qui n'acceptera pas d'en faire partie, s'il ne peut se déplacer.

La Commission procède au vote pour le scrutin de liste qui donne les résultats suivants :

sur 17 votants, M. Paul Boeswillwald obtient 13 voix, M. Selmersheim obtient 17 voix, M. Duthoit obtient 11 voix.

Sur 18 votants M. Courajod obtient 15 voix, M. Müntz obtient 17 voix, M. de Laurière obtient 14 voix.

M. Dreyfus ayant fait observer que dans le dépouillement du scrutin, les noms de MM. Paul Boeswillwald et Courajod, 80/15/012/123 bien que réunissant un nombre de suffrages moindres que ceux de MM. Selmersheim et Müntz avaient figuré en tête de la plupart des listes et que dans l'esprit de la majorité des votants ils étaient ainsi désignés pour passer en 1ère ligne.

M. le président propose pour éviter tout malentendu, et se reportant d'ailleurs aux précédents, de procéder au vote par le scrutin uninominal.

La Commission adopte cette proposition, et le vote donne le résultat qui suit.

Nombre de votants 18.

Vote pour le candidat à présenter en 1ère ligne sur chaque liste :

M. Paul Boeswillwald obtient 11 voix, M. Selmersheim obtient 5 voix, M. [Jean-Camille] Formigé obtient 1 voix, M. Courajod 11 voix, M. Müntz obtient 6 voix.

Vote pour le candidat à présenter en 2e ligne : M. Selmersheim obtient 15 voix, M. Sauvageot obtient 1 voix, M. Müntz obtient 16 voix, M. de Laurière obtient 1 voix.

Les deux listes seront, en conséquence ainsi établies. MM. Paul Boeswillwald, Selmersheim, Duthoit, MM. Courajod, Müntz, de Laurière.

Il est donné lecture du procès-verbal de la réunion de la Commission à Caudebec le 7 mars dernier. Ce procès-verbal est lu et adopté.

Caudebec-en-Caux (Seine-Inférieure)

M. Bruyerre donne ensuite lecture de son rapport sur la question qui a fait l'objet de l'examen de la Commission.

Conformément à ses conclusions, la Commission propose : 1er que les cloisonnements reliant les arêtiers au cône intérieur soient ajourés sur toute la hauteur de la flèche, à l'exception des trois assises inférieures dans lesquelles ils seront maintenus pleins. 2e que les parties pleines des cloisonnements des quinze assises 80/15/012/124 supérieures aient au moins dix centimètres de hauteur au lieu de six, et que les parties ajourées affectent une forme circulaire qui en augmentera la résistance.

Sur la proposition de M. Lisch, la Commission demande en outre que M. Sauvageot lui adresse un tracé de la forme qu'il aurait adoptée pour le percement des cloisonnements.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Bruyerre donne communication de trois projets rédigés par M. Corroyer en vue de la clôture des baies ouest du cloître. Le 1er prévoit un châssis en bois avec montants et traverses en fer ; le 2e la repose du châssis en fer déposé en 1883 avec adjonction de montants en fer, vitrage en verre double ; le 3e la repose du même châssis avec vitrage en grisaille.

M. de Lasteyrie serait d'avis d'éviter une dépense nouvelle en acceptant la disposition de l'architecte avant la dépose.

M. de Baudot est d'avis qu'il est impossible de replacer le vitrail dont il s'agit parce qu'il trompe le public en faisant croire qu'il remplace un vitrail ancien.

M. [Victor] Ruprich-Robert exprime la même opinion et rappelle que la Commission s'est toujours prononcée contre la disposition adoptée par l'architecte et sans avoir été consultée.

M. le président met aux voix la question de la reprise du vitrail tel qu'il était avant que la Commission le fît enlever.

La Commission écarte cette solution par un second vote elle se prononce en faveur de la conservation de l'ancienne armature avec du verre blanc.

Église de Rouy (Nièvre)

M. Bruyerre a la parole pour lire son rapport. Un devis de 43 537 Francs a été dressé par M. Louzier en vue de la restauration de cet édifice. M. le rapporteur propose de n'approuver pour le moment que le 1e chapitre s'élevant à 31 175 Francs et ne comprenant que les travaux urgents. La Commune ayant voté 10 000 Francs pour cette entreprise et le département 1 200 Francs, il resterait à se procurer 19 975 Francs.

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, la Commission propose d'allouer 8 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques 80/15/012/125 à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources nécessaires Adopté.

Église de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)

M. l'architecte Danjoy évalue à 21 089 Francs la dépense des réparations urgentes à exécuter à l'église de Brie-Comte-Robert et M. l'Inspecteur général Bruyerre a constaté sur place le mauvais état de l'édifice. Mais d'après les renseignements qu'il a recueillis, la Commune ne serait pas disposée à prendre part à la dépense d'une restauration et la Fabrique n'aurait aucune ressource disponible.

En raison des dangers que présente la situation de certaines parties de l'édifice au point de vue de la sécurité publique et conformément aux conclusions de son rapporteur, la Commission est d'avis qu'il y a lieu d'inviter le préfet à mettre en demeure les administrations locales de participer à la dépense de manière à leur laisser la responsabilité des accidents qui pourraient se produire.

Donjon de Pons (Charente-Inférieure)

M. le président invite M. Lisch à donner lecture de son rapport sur l'affaire du Donjon de Pons.

M. l'Inspecteur général fait l'historique de cette affaire et exprime le regret que le préfet, invité à fournir à l'administration les plans et devis des travaux exécutés au donjon, ait fourni des documents ne correspondant en rien à ces travaux, à savoir un projet d'escalier pour l'Hôtel de ville. Il conclut à ce que, non seulement les travaux exécutés ne soient pas approuvés, mais à ce que l'administration donne les ordres nécessaires pour que toutes les constructions exécutées sans autorisation soient détruites et le donjon de Pons rétabli dans son état primitif aux frais de la Municipalité.

Ces conclusions sont adoptées.

La Commission s'ajourne au vendredi 17 avril. La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/126

17 avril 1885
Présidence de M. Kaempfen, directeur des Beaux-arts. Sont présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, de Caix de Saint-Aymour, Courajod, Darcel, Darcy, Gautier, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Ruprich-Robert, Steinheil, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 20 mars est lu et adopté.
Nomination de nouveaux membres de la Commission

M. le président exprime les regrets de M. le sous-secrétaire d'État de n'avoir pu venir à la séance, et donne lecture de l'arrêté qui nomme MM. Paul Boeswillwald, Courajod et Darcel membres de la Commission en remplacement de MM. Abadie, Ouradou et du Sommerard, décédés.

Jubé de la cathédrale de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Duthoit, de Rouen, ayant adressé à M. le ministre une proposition tendant à rétablir le jubé de la cathédrale de Rouen (Seine-Inférieure) récemment enlevé par les ordres du ministre des Cultes.

La Commission est d'avis, conformément aux conclusions de M. Bruyerre, de renvoyer cette affaire aux services compétents, les cathédrales ne relevant pas du service des Monuments historiques.

Église de Saint-Martin-aux-Bois (Oise)

Pour exécuter à cet édifice les travaux de restauration nécessaires, M. l'architecte Duthoit a dressé il y a quelques années un devis général de 243 000 Francs qu'il vient de réduire à 123 875 Francs en n'y comprenant que les travaux urgents.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis de supprimer du projet la restauration du clocher qui renferme le beffroi, lequel serait démoli, et d'étudier une façade plus simple qui ne laisserait pas supposer, comme celle du projet, que l'édifice a toujours eu sa façade à la place actuelle, puisqu'il est certain qu'il devait se prolonger en avant.

La Commission adopte la proposition de M. Bruyerre de demander à M. Duthoit un nouveau projet dans ce sens.

Cuve baptismale dans l'église Saint-Évroult-de-Montfort (Orne)

M. Bruyerre fait connaître l'état des négociations entamées avec la Fabrique et la Commune pour l'acquisition de cet objet très intéressant, que M. du Sommerard se 80/15/012/127 proposait de faire entrer dans les collections du Musée de Cluny. Le conseil de Fabrique consentirait en principe à l'aliénation, mais il désirerait connaître le chiffre de l'allocation que l'État accorderait en échange pour la restauration de l'église ; il demande d'ailleurs que la cuve baptismale en question soit remplacée par d'autres fonds baptismaux convenables.

Le Conseil municipal ajoute cette condition que la restauration de l'église aurait lieu dans le délai de trois années et que la cuve baptismale ne fût enlevée qu'après l'achèvement de cette restauration.

M. le rapporteur demande à la Commission l'autorisation de continuer les négociations relatives à cette affaire et l'indication de la somme qui pourrait être allouée sur le crédit des Monuments historiques pour l'acquisition dont il s'agit. M. [Victor] Ruprich-Robert rappelle que l'affaire est engagée depuis 7 ans, et que, depuis cette époque, les prétentions de la Commune n'ont pas cessé de s'accroître. Il accorde un certain intérêt à l'église elle-même, dont quelques dispositions sont originales, sans toutefois en proposer le classement. Il désire que la Commission prenne un parti pour sauver la cuve, qu'il craint de voir disparaître.

M. Tétreau fait observer que si on classait l'église il faudrait renoncer à lui enlever les fonds qui seraient la principale justification du classement.

M. [Émile] Boeswillwald indique le moyen de classer les fonds sans l'église.

M. Lisch pose la question de savoir lequel serait plus intéressant de conserver les fonds dans l'église ou au Musée, en notant toutefois qu'il est plus conforme aux traditions de la Commission de conserver les objets sur place.

M. de Mortillet exprime la crainte que la Commune soit entraînée à vendre l'objet qui peut ainsi quitter la France, et cite des exemples où il eût mieux valu déplacer les objets pour en assurer la conservation.

M. Bruyerre fait connaître que le préfet est hostile à la proposition de déplacement.

La Commission consultée se prononce en faveur du classement. Elle se prononce ensuite en faveur de l'acquisition pour le 80/15/012/128 Musée de Cluny.

M. Tétreau demande et obtient que les négociations soient dorénavant exclusivement portées sur le prix d'acquisition.

Église de Valliquerville (Seine-Inférieure)

M. Bruyerre a constaté que le clocher de cette église était la seule partie de l'édifice digne de figurer sur la Liste de classement. Un devis de 4 000 Francs a été rédigé par un architecte de Rouen en vue de la restauration de ce clocher qui est dans un mauvais état de conservation.

M. le rapporteur est d'avis que ce projet est rédigé d'une manière insuffisante et qu'il y a lieu d'en demander un autre à l'un des architectes du service des Monuments historiques, sans toutefois proposer d'allocation.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Caudebec (Seine-Inférieure)

M. Bruyerre soumet à la Commission les propositions de M. Sauvageot relatives au percement des à jour à pratiquer dans les tenons reliant les arêtiers au cône intérieur de la flèche. La Commission ayant décidé que les pleins auraient au moins 10 cm de hauteur, M. Sauvageot leur a donné partout 11 cm.

M. Bruyerre estime qu'une modification pourrait être encore introduite dans ce projet, laquelle consisterait à maintenir la hauteur de 11 cm dans le 1er tiers de la flèche, et à la réduire à 10 cm dans le 2e tiers et à 8 cm dans le 3e, en raison de la diminution de la fatigue des parties pleines.

M. Lisch est d'avis de laisser à l'architecte un peu plus de latitude et de se contenter des indications qui lui ont été précédemment données.

M. de Lasteyrie appuie les propositions de M. Bruyerre qui sont adoptées.

Église Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados)

M. l'architecte Louzier présente un devis de 19 027 Francs pour l'exécution de travaux de première urgence aux voûtes des bas-côtés du choeur.

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, la Commission est d'avis d'allouer 8 000 Francs pour cette entreprise, à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources nécessaires. 80/15/012/129

Église abbatiale de Saint-Denis (Seine)

M. Darcy a présenté un devis comprenant les réparations aux arcs-boutants et aux contreforts, la restauration des chéneaux, de la balustrade et des fleurons qui séparent les travées de la galerie supérieure, enfin la restauration des balustrades au-dessus des chapelles absidiales. Ces travaux entraîneraient une dépense de 55 931 Francs qui pourrait être imputée sur 3 exercices.

M. Bruyerre, rapporteur, propose d'approuver ce devis et d'allouer en outre sur le budget de 1885 une somme de 4 000 Francs pour les travaux d'entretien.

M. de Lasteyrie se demande si tous les travaux prévus présentent le même caractère d'urgence et fait observer qu'un grand nombre de monuments auraient besoin de réparations tout aussi urgentes et restent en souffrance, faute de ressources pour les réparer.

M. [Émile] Boeswillwald rappelle que, lors de la visite de la basilique par la Commission, il avait été convenu qu'on réserverait de 10 à 15 000 Francs par an, et que le devis de M. Darcy ne dépasse pas de beaucoup ces prévisions puisque la dépense en peut-être répartie sur plusieurs exercices. Il indique à cette occasion la nécessité qu'il y aurait d'avoir pour chacun des grands monuments appartenant à l'État un fond d'entretien.

Les conclusions du rapport de M. Bruyerre sont adoptées.

Conformément à ses conclusions, la Commission adopte également la proposition de M. Darcy de rouvrir la baie donnant accès aux caveaux, provisoirement murée pendant les travaux de restauration de la basilique, et de replacer le vantail de bronze qui la fermait auparavant.

Église de Ouistreham (Calvados)

Le devis des travaux nécessaires à l'achèvement de la restauration de cet édifice s'élève à 72 464 Francs 90, M. Bruyerre, rapporteur, fait ressortir tout l'intérêt qui s'attache à ce monument et la nécessité de finir une entreprise qui a dû être suspendue faute de ressources. Il propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques 40 000 Francs payables en deux annuités, en laissant à la Commune le soin de rassembler le complément des ressources nécessaires, en s'adressant 80/15/012/130 à l'administration des Cultes et au département.

Ces propositions sont adoptées.

Église de Mont-aux-Malades au Mont-Saint-Aignan (Seine-Inférieure)

La Commune a présenté un projet de clocher que M. Bruyerre ne juge pas susceptible d'être adopté parce que son exécution en avant de la façade aurait pour effet de supprimer à peu près complètement cette partie de l'édifice qui n'est pas dénuée d'intérêt.

M. le rapporteur propose en conséquence de construire le clocher sur un des côtés de l'église.

La Commission est d'avis en raison du peu d'intérêt de l'édifice, de se désintéresser de cette affaire et propose le déclassement.

Remparts d'Avignon (Vaucluse)

M. l'architecte Révoil, dans un devis récemment adressé à l'administration des Beaux-arts, évalue à 90 104 Francs la dépense à faire pour la restauration des remparts à partir de la 4e échauguette après la Porte Saint-Michel sur un développement de 275 mètres.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'approuver en principe l'ensemble du devis, mais de n'autoriser l'exécution que des ouvrages de 1ère urgence qui font l'objet du chapitre 1er s'élevant à 14 045 Francs. L'administration des Beaux-arts contribuerait à la dépense dans la proportion de la moitié, l'autre moitié restant à la charge de la Municipalité.

Il y aurait lieu, en même temps, de s'assurer, dès à présent, du concours de la Ville dans la même proportion pour l'exécution des travaux de deuxième urgence compris dans un 2e chapitre pour la somme de 60 504 Francs et dont l'exécution devra suivre de près celle des ouvrages du 1er chapitre.

M. de Lasteyrie s'élève contre une proposition qui lui paraît ne pas répondre à des besoins urgents. Ce qui reste à restaurer des remparts d'Avignon n'est que la répétition des parties déjà restaurées. Sans doute il faut conserver ces restes, mais il faut s'en tenir à leur conservation et non les remettre à neuf.

M. de Mortillet partage l'avis de M. de Lasteyrie. Les remparts ont leur utilité du côté du Rhône et la Ville les a toujours entretenus de ce côté. Il n'en est pas 80/15/012/131 de même, suivant lui, du côté de la plaine. On pourrait abandonner sans inconvénient cette partie des murailles que la Ville tend à franchir en s'étendant.

M. Lisch proteste contre cette opinion. Les remparts d'Avignon forment un ensemble tellement complet, pour lequel l'État et la Ville ont déjà fait de si grands sacrifices qu'il lui paraît impossible de ne pas s'attacher à la conservation de cet ensemble. Il estime d'ailleurs qu'en effet il ne s'agit pas pour le moment de restaurer mais de consolider.

M. [Émile] Boeswillwald maintient les conclusions de son rapport en rappelant que la restauration des remparts d'Avignon a formé dans l'origine une entreprise générale pour laquelle il y a presque contrat entre la Ville et l'État.

M. le président propose de voter ce principe, sur la demande de MM. de Lasteyrie et de Mortillet, de ne restaurer que lorsque la consolidation pure et simple serait impossible

Sous cette réserve, les conclusions du rapport sont adoptées.

Grande Mosquée de Tlemcen (Algérie)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître que la Municipalité de Tlemcen, qui avait voté 10 000 Francs pour la dépense de 37 454 Francs à laquelle était évaluée la reconstruction des bâtiments dépendant de la Grande Mosquée dont la démolition était nécessaire pour le prolongement de la rue de la Paix, se refuse aujourd'hui à maintenir cette somme dans ses prévisions budgétaires.

M. le Gouverneur général appelle l'attention du ministre sur cette situation et propose de réduire à 5 000 Francs la part contributive de la Ville dans la dépense dont il s'agit.

Conformément aux conclusions de M. le rapporteur, la Commission est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'admettre la transaction proposée par M. le Gouverneur Général et d'ajourner plutôt l'autorisation du percement de la rue qui doit rendre nécessaire l'exécution des travaux.

Tombeau de la Chrétienne à Alger (Algérie)

Le Conseil général du département d'Alger a pris au mois d'avril 1884 une délibération par laquelle il rejette le vote du crédit de 600 Francs alloué jusqu'alors pour le traitement du gardien de ce monument et au mois d'octobre suivant une délibération tendant aux mêmes fins. 80/15/012/132

M. le Gouverneur général, en transmettant cette dernière pièce, demande au ministre de nouvelles instructions.

La Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, en considération des ressources restreintes de son crédit qui ne permettent pas de l'employer à des frais de gardiennage, propose de maintenir le refus déjà exprimé de mettre la dépense dont il s'agit à la charge du service des Monuments historiques.

La Commission, saisie d'une demande d'autorisation formée par M. Meygret d'Alger, de pratiquer des fouilles autour du même monument et au monument lui-même, le cas échéant, est d'avis, conformément aux conclusions de son rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, de rejeter la pétition dont il s'agit, les projets du pétitionnaire ne reposant sur aucune donnée sérieuse.

Aqueducs romains de Fréjus (Var)

M. Révoil présente en vue de la consolidation de ces restes importants de l'époque romaine un devis de 73 575 Francs divisé en cinq chapitres, s'appliquant chacun à différentes parties de l'aqueduc.

M. [Émile] Boeswillwald propose de n'autoriser pour le moment que l'exécution du chapitre 3e, s'élevant à 37 762 Francs 66 et comprenant la consolidation des piles et arcades diverses supportant les restes de l'aqueduc à la sortie de la ville. Ces travaux sont les seuls absolument indispensables du devis.

M. le rapporteur propose de mettre les deux tiers de la dépense à la charge de l'État sous la réserve que la Ville fournirait les ressources complémentaires.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission qui appuie sur ce point que des recommandations seraient adressées à M. Révoil de se borner aux travaux strictement indispensables.

Tour de Saint-Amand (Nord)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le devis de 51 723 Francs dressé par M. Danjoy en vue de la consolidation de cet édifice et d'allouer sur le crédit des Monuments historiques 34 000 Francs pour cette entreprise à la charge par la Ville de fournir le complément des ressources. 80/15/012/133

La Commission est d'avis d'approuver le projet mais de ne prendre à sa charge que la moitié de la dépense soit 25 861 Francs

Église d'Espondeillan (Hérault)

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald la Commission est d'avis de déclasser ce petit édifice qui ne présente pas d'intérêt au point de vue de l'art.

Fortifications de Château-Thierry (Aisne)

M. de Lasteyrie donne communication d'un travail présenté à la réunion des Sociétés Savantes à la Sorbonne sur les fortifications de Château-Thierry et fait part du voeu exprimé par la réunion en faveur du classement de tout ou partie de ces fortifications.

L'examen de cette proposition est renvoyé à la sous-commission de classement. Il est décidé à cette occasion que la sous-commission se réunira tous les jeudis, veilles des séances de la Commission.

Relevé de la chapelle Saint-Lazare à La Major à Marseille (Bouches-du-Rhône)

M. Darcel offre à la Commission pour les archives un relevé de la chapelle Saint-Lazare à La Major

Logement du directeur du Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Bruyerre se demande si l'habitation du directeur du Musée de Cluny est bien placée au dessus des collections. M. Darcel est d'avis qu'en effet il y a encombrement dans les salles et qu'il y aurait avantage à utiliser pour le Musée l'étage des combles.

La Commission prend acte de ces observations qui pourront faire plus tard l'objet d'un examen.

La séance est levée à midi. 80/15/012/134

1er mai 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Cultes, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Bruyerre, Castagnary, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Geoffroy-Dechaume, Lisch, Lameire, de Mortillet, Steinheil, puis M. le directeur des Beaux-arts. MM. Gautier et de Lasteyrie s'excusent par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.
Le procès-verbal de la séance du 17 avril est lu et adopté.
Révision de la Liste des classements

M. le président s'informe de l'état de la Liste de classement.

M. Lisch expose ce qui a été fait à la séance de la veille. Douze départements ont été examinés et révisés, mais il reste encore un certain nombre d'édifices sur la valeur desquels la sous-commission n'est pas fixée.

M. de Baudot est d'avis de prendre une mesure radicale en chargeant les architectes d'aller sur place prendre tous les renseignements nécessaires pour l'achèvement du travail.

Cette proposition est adoptée ainsi que celle de faire autographier le travail de la sous-commission au fur et à mesure de ses séances et de l'envoyer aux architectes de la Commission pour le compléter.

Accroissement des collections du Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Darcel a la parole pour faire plusieurs communications :

1er le Musée Carnavalet propose au Musée de Cluny de lui remettre pour figurer dans ses collections, mais à titre de dépôt seulement, un banc d'orfèvre de la fin du XVIe siècle. M. Darcel donne lecture d'un projet d'acte de dépôt pour le cas où la Commission adopterait la proposition du Musée Carnavalet. Cette proposition est adoptée.

2e M. Audéoud se conformant au désir exprimé par son fils aujourd'hui décédé, de partager entre les divers musées de Paris, les objets qui composaient sa collection, a invité M. Darcel à venir faire un choix des pièces qui lui paraîtraient convenir au Musée de Cluny. Dans cette visite, M. Darcel a vu un certain nombre d'objets qui lui ont paru dignes de figurer dans les collections de ce Musée et il a proposé à M. Audéoud d'en référer à ce sujet à la Commission. Cette proposition 80/15/012/135 ayant été acceptée, la Commission convient de se rendre le mardi 5 mai dans l'hôtel de M. Audéoud.

3e M. Darcel a été consulté par une dame au sujet d'un projet de testament pour le Musée lui attribuant des porcelaines de Saxe et des objets d'orfèvrerie hollandaise et de Paris des XVIIe et XVIIIe siècles. La Commission se prononce en faveur de l'acceptation.

4e M. Darcel met sous les yeux de la Commission deux portraits sur émail de Léonard Limosin appartenant à l'Hospice Sainte-Croix de Joinville (Haute-Marne) qui a été autorisé à aliéner. Ces portraits représentent Claude de Lorraine, duc de Guise, et sa femme, Antoinette de Bourbon, fondateurs de l'Hospice. L'aliénation a été autorisée moyennant 50 000 Francs.

M. Dreyfus croit que l'acquisition pourra se réaliser à 45 000 Francs.

La Commission vote en principe l'acquisition qui sera négociée de manière à ne pas dépasser cette somme dont le paiement serait échelonné sur 3 exercices.

Église de Cour-sur-Loire (Loir-et-Cher)

M. Lisch donne lecture de son rapport. Un devis de 30 186 Francs 90 a été dressé par M. de Baudot en vue de la restauration de cet édifice dont le principal intérêt réside dans les verrières qui sont comprises dans la dépense pour 10 686 Francs 17.

M. Lisch propose d'allouer cette dernière somme sur le crédit des Monuments historiques et de laisser la Commune se procurer les ressources nécessaires pour exécuter les autres travaux en s'adressant à l'administration des Cultes.

M. de Baudot fait observer que la charpente est dans un état qui nécessite des réparations absolument urgentes et telles qu'il faut les faire passer avant même la restauration des vitraux. Il propose en conséquence de porter à 15 000 Francs l'allocation des Monuments historiques.

M. Lisch se range à cette opinion qui est adoptée par la Commission.

Église de Saint-Junien (Haute-Vienne)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître le mauvais état de cet édifice et propose de confier à M. Werthi, architecte, déjà chargé de travaux dans la région, la rédaction d'un devis des réparations qu'il jugerait nécessaires et le soin de s'informer auprès des autorités locales des ressources dont elles pourraient disposer. Cette proposition est adoptée 80/15/012/136

Église d'Airvault (Deux-Sèvres)

M. Loué, architecte, présente un devis de 8 910 Francs 42 pour l'achèvement de la restauration de l'église d'Airvault. Les ressources réunies jusqu'à ce jour par la Commune s'élevant à 2 900 Francs, M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques une somme de 2 000 Francs à peu près égale à la moitié de la dépense prévue pour les travaux de restauration proprement dits et de laisser à la Municipalité le soin de se procurer le complément des ressources en s'adressant à l'administration des Cultes.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Javarzay (Deux-Sèvres)

Conformément aux conclusions du rapport de M. Lisch, la Commission est d'avis d'allouer 1 000 Francs pour la restauration de cet édifice dont la dépense est évaluée par l'architecte à 2 471 Francs, à la charge par la Commune, qui a déjà réuni 500 Francs, de combler le déficit.

Église du Grand-Brassac (Dordogne)

M. Lisch, rapporteur, propose le classement de cette église à coupoles, l'une des plus intéressantes et des mieux conservées du Périgord.

La Commission adopte cette proposition et désigne M. Rapine, architecte, pour rédiger un devis des réparations qu'il jugerait nécessaire de faire exécuter pour assurer la conservation de cet édifice.

Église Notre-Dame à Cléry (Loiret)

Cet édifice est dans un état de dégradation qui nécessite des réparations très urgentes pour lesquelles M. Dussère, architecte, a dressé un devis de 49 993 Francs 76. La Commune et la Fabrique ont réuni pour cette entreprise 10 000 Francs et le Conseil général en a voté 15 000 Francs. Il reste, en conséquence, à pourvoir à une dépense de 24 993 Francs.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer 10 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources, et d'autoriser en raison de l'urgence l'emploi des 25 000 Francs disponibles.

Ces propositions sont adoptées. 80/15/012/137

Église de Saint-Avit-Sénieur (Dordogne)

M. l'architecte Rapine chargé d'étudier un projet de restauration de cet édifice a dressé un devis qui s'élève à 152 243 Francs. La situation du crédit des Monuments historiques ne permettant pas de se lancer dans une entreprise aussi importante, M. Lisch est d'avis de n'autoriser que les travaux d'extrême urgence qui font l'objet du 1er chapitre et dont la dépense est évaluée à 13 069 Francs 45.

La Fabrique et la Commune ayant réuni 1 200 Francs pour cette entreprise, M. le rapporteur propose d'allouer les 11 869 Francs 45 nécessaires pour couvrir la dépense, et d'autoriser l'exécution immédiate des travaux.

Adopté.

Église de Bussière-Badil (Dordogne)

M. Lisch donne communication, au nom de M. de Lasteyrie, d'une lettre de M. Verneilh relative à cet édifice, qui vient d'être dégagé par suite de la démolition d'une halle. La lettre a pour objet d'obtenir le maintien de ce dégagement en provoquant un voeu de la Commission dans ce sens.

La Commission exprime ce voeu.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Lisch donne lecture d'une lettre du ministre des Travaux publics qui fait connaître que des dégradations auraient été commises aux remparts du Mont-Saint-Michel et exprime la supposition que la malveillance ne serait pas étrangère au fait signalé, lequel aurait été accompli dans le but de faire considérer la digue comme la cause des dégradations qu'éprouve le monument.

M. Lisch donne ensuite lecture du procès-verbal du gardien constatant qu'une pierre a été détachée des remparts ; il demande s'il n'y a pas lieu de protester contre l'imputation que semble renfermer la lettre.

M. Bruyerre sollicite l'autorisation de procéder à une contre-enquête.

La Commission ne pense pas qu'il y ait lieu de relever les expressions contenues dans la lettre qui ont dû échapper à l'attention du ministre, mais est d'avis de laisser M. Bruyerre rechercher a qui peut-être imputé le fait dont il s'agit. 80/15/012/138

Église Saint-Maclou à Pontoise (Seine-et-Oise)

M. Simil, architecte, présente un devis de 53 985 Francs 12 en vue de la restauration de cet édifice. La Fabrique, qui dispose de 27 000 Francs pour cette entreprise, sollicite le concours de l'administration des Beaux-arts.

M. Bruyerre, rapporteur, propose d'approuver le devis et d'allouer 10 000 Francs, à la charge par la Fabrique de combler le déficit en s'adressant à l'administration des Cultes.

La Commission ne se juge pas suffisamment éclairée par les documents graphiques qui accompagnent le projet et demande qu'une étude plus détaillée lui soit présentée par l'architecte pour lui permettre de se prononcer sur cette affaire.

Église de Rampillon (Seine-et-Marne)

L'état de conservation de cette église est déplorable et le préfet transmet un devis de travaux urgents dressé par un architecte de Nangis.

M. Bruyerre, rapporteur, a constaté l'insuffisance de ce devis et propose de charger M. Paul Boeswillwald d'étudier un projet de restauration de cet intéressant édifice. Il signale en même temps la nécessité d'aviser au moyen de préserver le portail principal des mutilations dont il est l'objet de la part des enfants.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Conches (Eure)

M. Darcy présente un devis de travaux à exécuter pour l'achèvement de la restauration de cet édifice. La dépense est évaluée à 23 650 Francs. La Fabrique a voté 5 000 Francs, mais le département refuse de concourir aux frais de l'entreprise.

M. Bruyerre propose d'allouer 8 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune se procurera le complément des ressources en s'adressant de nouveau au Conseil général et en sollicitant un secours du ministère des Cultes.

La Commission adopte en principe le devis mais propose d'attendre le vote du Conseil général pour accorder ou non une subvention. 80/15/012/139

Église de Gallardon (Eure-et-Loir)

La Commune sollicite un secours pour la réparation de son église dont la situation nécessite des travaux très urgents. Ces travaux sont évalués par l'architecte auteur du devis à 3 836 Francs, mais M. le rapporteur estime que, si l'on veut assurer la conservation de l'édifice, on devra les faire suivre d'autres travaux considérables, l'église de Gallardon étant dans un état de délabrement tel qu'il y aurait lieu de la reconstruire en partie. Bien que le classement ait déjà été mis en question, il propose toutefois de la maintenir à la Liste des Monuments historiques mais sans concourir à la dépense projetée.

M. de Baudot considère également l'édifice comme gravement compromis et qu'il serait prudent de le déclasser pour éviter toute responsabilité. Il est d'avis de charger un architecte du service de dresser pour les archives de la Commission un relevé des parties du monument qui présentent encore de l'intérêt.

La Commission, avant de se prononcer sur la question du déclassement, adopte la proposition de faire un relevé et désigne M. Petitgrand à cet effet. En ce qui concerne les travaux projetés par la Commune, M. [Émile] Boeswillwald croit que l'architecte M. Mouton, inspecteur des travaux de la cathédrale de Chartres qui a dressé le devis, est capable de les exécuter.

Église de Rosay-en-Brie (Seine-et-Marne)

La Fabrique sollicite l'autorisation d'employer un legs de 10 000 Francs fait en sa faveur à garnir de vitraux les fenêtres de cet édifice. Pour placer ces vitraux il y aurait quelques reprises à faire aux jambages et aux arcs et ces travaux entraîneraient une dépense supplémentaire de 3 254 Francs 48 pour laquelle la Fabrique demande le secours de l'administration des Beaux-arts.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis que la Commission n'a pas à concourir à cette dépense à moins que la Fabrique et la Commune ne participent elles mêmes aux dépenses plus nécessaires de la restauration du monument pour laquelle il propose de reprendre le devis présenté en 1879 par M. Paul Boeswillwald.

M. Paul Boeswillwald exprime l'opinion qu'il y aurait 80/15/012/140 intérêt à encourager la Commune en lui accordant les 3 254 Francs qui lui sont nécessaires en ce moment.

La Commission adopte cette opinion.

Moulin de Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise)

M. le préfet de Seine-et-Oise a appelé l'attention de la Commission sur l'état de délabrement du moulin de Maisons-Laffitte qui menacerait de s'écrouler dans le petit bras de la Seine. Ce moulin appartient à la Compagnie Générale des Eaux qui est sur le point de le démolir.

M. Bruyerre a demandé au directeur de la Compagnie à quelles conditions il consentirait à le conserver. Le directeur serait disposé à le vendre ou même à le conserver si l'État voulait prendre à sa charge la moitié de la dépense pour le remettre en état. Il s'engagerait dans ce cas à ne jamais changer la forme extérieure de l'édifice.

La Commission autorise M. Bruyerre à négocier l'affaire dans le sens indiqué.

Château de Chambéry (Savoie)

L'affaire est ajournée jusqu'à la prochaine visite que M. [Émile] Boeswillwald se propose de faire à cet édifice.

Église de Dormans (Marne)

M. Selmersheim soumet à l'approbation de la Commission un devis de travaux à exécuter pour la consolidation du transept, du choeur et des piliers qui portent le clocher de l'église de Dormans. La dépense évaluée à 19 651 Francs est entièrement supportée par la Fabrique.

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver le devis et d'autoriser les travaux.

La Commission s'ajourne au 5 juin. La séance est levée à 11 h 30. 80/15/012/141

29 mai 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. les directeurs des Beaux-arts, des Bâtiments civils et des Cultes, MM. [Émile] Boeswillwald, Darcel, Darcy, Geoffroy-Dechaume, Laisné, de Lasteyrie, Lisch, Liouville.
[Décès de M. Steinheil]

M. le président rappelle la perte que vient de faire la Commission dans la personne de M. Steinheil, l'un de ses membres les plus anciens, les plus actifs et les plus dévoués, que ses connaissances et ses aptitudes toutes spéciales permettront difficilement de remplacer. Il croit qu'on pourrait demander pour les placer au Trocadéro dans la salle de la bibliothèque quelques uns des cartons pour vitraux exécutés par M. Steinheil.

Cette proposition est adoptée.

[Hommage à Victor Hugo]

M. le président donne lecture d'une délibération par laquelle il propose, de concert avec M. le sous-secrétaire d'État,

1er d'envoyer une couronne aux obsèques de Victor Hugo qui a été membre de la Commission des Monuments historiques

2e de placer son buste dans la salle de la bibliothèque au Trocadéro.

3e de classer la maison dans laquelle il est mort. Les deux premières propositions sont adoptées. La troisième fait naître quelques objections.

M. le directeur des Beaux-arts se demande s'il appartient à la Commission de classer un édifice en se plaçant à un point de vue autre que le caractère artistique du monument. M. le président pense qu'il est de l'intérêt de la Commission de prendre l'initiative de cette mesure qui facilitera la présentation à la Chambre d'une demande de crédit pour la conservation de cette maison, plutôt que de se laisser devancer dans cette initiative par la Ville de Paris. Il ne s'agirait d'ailleurs que d'émettre un voeu dans ce sens.

M. de Lasteyrie exprime la crainte que cette mesure ne crée un précédent embarrassant, en raison des questions d'actualité qui peuvent se présenter. M. [Émile] Boeswillwald estime que le système des inscriptions adopté par la Ville de Paris pourrait suffire. 80/15/012/142

M. Lisch croit que, si on adoptait la mesure du classement pour la maison de Victor Hugo, il y aurait lieu de l'étendre à beaucoup d'autres maisons illustrées par des grands hommes. C'est une nouvelle catégorie d'édifices à classer. La Commission n'étant pas en nombre pour délibérer, la délibération est ajournée.

Le vote de la délibération en ce qui concerne la couronne est toutefois maintenu, dans la pensée qu'il ne soulèvera aucune objection de la part des membres absents.

M. de Lasteyrie fait observer à ce sujet que les services rendus par M. Steinheil à la Commission justifieraient au moins autant la présence de son buste au Trocadéro.

[Spécialisation des crédits des Monuments historiques]

M. le président fait connaître que la Commission du Budget demande la spécialisation des crédits notamment pour les monuments de l'Algérie et les Musées de Cluny et du Trocadéro.

M. de Lasteyrie démontre que la spécialisation peut avoir de graves inconvénients pour les musées.

[Monuments de Paris ; représentant de la Ville à la Commission]

M. le président annonce que la Société des amis des monuments parisiens a demandé un crédit et regrette que l'influence de la Commission ne soit pas plus grande en ce qui concerne les monuments de Paris.

M. Lisch explique comment la Commission en est venue à ne pas s'occuper davantage de ces édifices. C'est que la Ville a toujours refusé d'écouter les avis de la Commission.

M. Poulin donne l'assurance que pour sa part il est toujours prêt à consulter la Commission et à mettre son service d'accord avec celui des Monuments historiques.

M. le président serait d'avis de prier le préfet de la Seine d'assister aux séances de la Commission ou de déléguer un des membres des Commission municipales.

M. Lisch considère M. Alphand ou M. Bartet comme étant les personnes les plus désignées pour représenter à la Commission les intérêts de la Ville.

M. le président rappelle qu'il y aura lieu dans la séance de vendredi de faire les propositions pour le remplacement de M. Steinheil.

[Vente du tombeau de Philippe Pot à Dijon (Côte-d'Or)]

M. Lisch informe la Commission que le tombeau de Philippe Pot est à vendre et il fait ressortir l'intérêt 80/15/012/143 qu'il y aurait à ne pas le laisser échapper et peut-être passer à l'étranger.

La Commission le charge ainsi que M. Darcel de prendre des renseignements sur cette affaire.

[Tombe à Saint-Junien (Vienne)]

M. de Lasteyrie signale une tombe en cuivre à Saint-Junien qui serait menacée.

La Commission désigne M. Werlé, architecte, de faire le nécessaire pour la conserver.

La séance est levée. 80/15/012/144

5 juin 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Cultes, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Lameire, de Lasteyrie, Liouville, Lisch, Tétreau.

Les procès-verbaux des séances du 1er mai et 29 mai sont adoptés sous la réserve d'une observation de M. le président établissant dans quels termes il avait fait remarquer que la Ville de Paris et la Commission des Monuments historiques délibérant chacune de leur côté, il y aurait lieu de tâcher de s'entendre et qu'il serait désirable à cet effet, que le préfet de la Seine ou à son défaut un de ses représentants assistât toujours à la séance.

M. le président exprime le regret que la Commission n'ait pas été convoquée aux funérailles de Victor Hugo.

Il l'entretient également de la désignation des membres de la sous-commission pour examiner les titres des candidats à la place laissée vacante par la mort de M. Steinheil.

La Commission désigne à cet effet M. le directeur des Beaux-arts, MM. les Inspecteurs généraux, MM. Poulin, de Baudot, Courajod, de Lasteyrie.

Maison à Figeac (Lot)

M. le président donne communication d'une lettre relative à la maison de Figeac que M. Lisch avait indiquée comme pouvant faire l'objet d'une acquisition par la Ville. Les conditions faites à la Municipalité ont été connues et le propriétaire a émis des prétentions exorbitantes La Municipalité demande à la Commission de venir à son aide ou tout au moins de l'autoriser à démolir sa mairie et à transporter les fragments intéressants à conserver dans le jardin qui est attenant, en attendant que le Musée soit autorisé pour les recevoir.

La Commission est d'avis que cette autorisation pourrait être accordée à la condition que le maire s'engagerait 80/15/012/145 à poursuivre l'acquisition de la dite maison.

Église de Savigny-sur-Loire (Loir-et-Cher)

M. le président transmet une demande de classement de l'église de Savigny-sur-Loire par les députés de Loir-et-Cher. Cette demande est renvoyée à la sous-commission de classement.

[Destruction de dolmens en Charente]

La destruction de dolmens dans la Charente est signalée par M. le député. Cette communication sera renvoyée à la Commission des monuments mégalithiques.

[Vente du tombeau de Philippe Pot à Dijon (Côte-d'Or)]

M. Lisch fait connaître les renseignements qu'il a reçus au sujet du tombeau de Philippe Pot. Le propriétaire serait décidé à ne pas vendre à l'État.

M. Courajod fait ressortir l'intérêt de premier ordre que présente ce monument au point de vue de l'histoire de l'art.

La Commission est d'avis que M. Darcel se mette en rapport avec un marchand pour faire l'acquisition.

L'ordre du jour appelle l'examen de l'affaire de l' :

Église de Valcabrère (Haute-Garonne)

La dépense prévue pour la restauration de cet intéressant édifice s'élève à 24 725 Francs mais les modifications du projet demandées par M. [Émile] Boeswillwald entraîneraient une modification du chiffre de la dépense. M. le rapporteur propose que ce chiffre soit établi avant de traiter la question d'allocation. M. le président fait observer que le Conseil général se désintéresse de ces monuments.

M. [Émile] Boeswillwald souhaite vivement qu'on obtienne le concours de cette assemblée mais il déclare qu'il s'agit dans l'espèce de travaux essentiels de consolidation présentant une grande urgence.

La Commission adopte les conclusions du rapport, l'architecte serait invité à s'entendre avec M. l'Inspecteur général pour les détails d'exécution, et le préfet serait prié de demander le concours du Conseil général dans la session d'août.

Église de Montsaunès (Haute-Garonne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose l'approbation d'un devis complémentaire de 5 425 Francs pour la restauration de cette église, l'allocation de cette somme sur le crédit des Monuments historiques et propose également d'accepter un projet d'horloge dont le campanile serait élevé sur un terrain voisin de l'édifice ainsi qu'un projet de sacristie nouvelle 80/15/012/146 devant permettre de démolir l'ancienne et de dégager l'édifice. Ces deux dernières propositions entraîneraient une dépense de 9 225 Francs à laquelle M. le rapporteur serait d'avis de ne contribuer que pour une faible part, soit 1 225 Francs et de laisser à la Commune le soin de se procurer les ressources nécessaires.

La Commission estime que ces différentes propositions ne présentent pas de caractère d'urgence, et qu'en l'état du crédit, il y a lieu dans tous les cas de refuser toute allocation. Elle repousse, d'autre part, l'établissement d'un cadran sur la façade et ne trouve pas acceptable le projet de campanile présenté par l'architecte.

Église d'Arégno (Corse)

L'architecte ayant présenté un devis supplémentaire de 6 000 Francs pour terminer la restauration de cet édifice, M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, pense qu'il y a lieu d'approuver les propositions dont il s'agit comme étant nécessitées par l'état du monument et d'allouer sur le crédit des Monuments historiques les 6 000 Francs demandés que la Commune ne peut espérer de réunir elle-même ni d'obtenir de l'administration des Cultes, l'église d'Orégno n'étant ni paroisse, ni succursale.

Ces conclusions sont adoptées.

Ancienne cathédrale de Dax (Landes)

M. [Émile] Boeswillwald place sous les yeux de la Commission le projet de déplacement du porche de cet édifice, dressé par M. Charpentier, architecte à Paris, et donne lecture d'une lettre par laquelle le curé sollicite l'assurance que la décision du classement devra être interprétée en ce sens que le portail sera conservé, mais aussi transféré contre le mur de la vieille sacristie.

La Commission ayant considéré le projet comme insuffisant, M. [Émile] Boeswillwald propose d'examiner l'affaire sur place. M. le président et M. de Baudot posent la question de savoir si le portail ne pourrait pas être maintenu dans la place qu'il occupe aujourd'hui et si les plans de la nouvelle église ne se prêteraient pas à une modification dans ce sens. 80/15/012/147

M. [Émile] Boeswillwald croit le déplacement nécessaire et fait connaître que d'ailleurs les travaux sont commencés.

La solution de l'affaire est ajournée jusqu'à la visite de M. [Émile] Boeswillwald.

Église de Sainte-Christine à Valle-di-Campoloro (Corse)

Le maire de cette Commune sollicite un secours de 400 Francs pour pourvoir à des réparations très urgentes et M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis non seulement d'accorder cette somme en considération de l'intérêt exceptionnel de l'édifice, mais de demander à M. Albert Ballu, architecte, un devis complet des travaux de consolidation.

Conclusions adoptées.

Tour Saint-Éloi à Dunkerque (Nord)

L'administration municipale a demandé l'avis de la Commission au sujet d'un projet d'observatoire de télégraphe optique que le Génie militaire sollicite l'autorisation d'établir au sommet de la tour.

Conformément à l'avis de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission considérant que cet observatoire devant être construit en planches à une grande élévation ne présentera aucun inconvénient tant au point de vue pittoresque, qu'au point de vue de la conservation du monument, émet l'avis que l'autorisation peut-être accordée.

Église de Corneilla-de-Conflent (Pyrénées-Orientales)

M. [Jean-Camille] Formigé, architecte, présente un devis de 2 909 Francs 07 pour réparer quelques désordres déterminés dans la voûte et le mur de l'abside par le développement des racines d'un figuier qui s'y est implanté depuis de longues années. La Fabrique et la Commune devant fournir environ 600 Francs, M. [Émile] Boeswillwald propose d'accorder sur le crédit des Monuments historiques la moitié des 2 309 Francs restant à fournir et de laisser l'autre moitié à la charge de la Commune qui les demanderait à l'administration des Cultes.

Adopté.

Église de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher)

La restauration de cet édifice est en cours d'exécution depuis plusieurs années et il reste à entreprendre la consolidation du clocher et la réfection de la flèche. L'ensemble de ces travaux nécessitera une dépense de 62 707 Francs 88. 80/15/012/148

Pour y subvenir la Fabrique et la Commune ont voté 30 000 Francs qu'elles désirent affecter à la reconstruction de la flèche. Il reste donc à pourvoir à la dépense des travaux de consolidation de la tour qui, d'après le devis s'élèverait à 32 000 Francs environ. M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer la moitié de cette somme sur le crédit des Monuments historiques à la charge par la Ville de parfaire le devis en s'adressant à l'administration des Cultes.

M. le directeur des Cultes souhaiterait que les fonds dont dispose la Commune fussent appliqués à des travaux de consolidation.

M. de Lasteyrie pose la question de savoir s'il est opportun de restaurer la Tour et de refaire la flèche.

M. de Baudot estime qu'il y a lieu de tenir compte des 70 000 Francs dépensés par la Commune pour la restauration de son église et rappelle que le devis d'ensemble des travaux a été approuvé.

M. Lisch fait observer que les fonds demandés à la Commission seraient employés à des travaux de restauration et que la Commune et la Fabrique ont spécialement affecté leur souscription à la réfection de la flèche.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Chapelle de Champdé à Châteaudun (Eure-et-Loir)

M. l'architecte Devrez a dressé un devis de 10 987 Francs 12 pour la consolidation du portail de l'ancienne chapelle incendiée, et, la Commune qui avait reçu 14 000 Francs de la compagnie d'assurances ayant employé 4 000 Francs à la construction d'un nouveau dépôt de morts indigents destiné à remplacer la chapelle qui servait à cet usage, sollicite de l'administration des Beaux-arts un secours complémentaire de 987 Francs pour parfaire le devis.

Conformément à l'avis de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis qu'il n'y a pas lieu de donner satisfaction à la Commune laquelle a eu le tort de disposer de l'indemnité qu'elle avait reçue avant d'avoir assuré les fonds nécessaires à la consolidation de l'ancienne chapelle.

Église de Dol (Ille-et-Vilaine)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que s'étant rendu dans cette localité afin de demander des explications 80/15/012/149 au curé au sujet des travaux exécutés dans l'église sans l'autorisation ministérielle, il a dû se retirer devant l'attitude de ce ministre des Cultes.

M. le rapporteur estime qu'il y aurait lieu dans cette circonstance de rappeler M. le curé de Dol au respect des règlements et des convenances administratives.

La Commission partage l'opinion de son rapporteur.

Église de Mareuil (Vendée)

Le préfet de la Vendée informe le ministre que le Conseil général a voté 2 000 Francs pour les travaux de restauration de cet édifice évalués à 14 932 Francs.

M. l'Inspecteur général Lisch propose de reconnaître cet effort de la part du département en allouant sur le crédit des Monuments historiques 6 932 Francs à la charge par la Commune de se procurer les 6 000 Francs complémentaires en s'adressant à l'administration des Cultes.

Adopté.

Hôtel de ville de Beaugency (Loiret)

Le Conseil municipal sollicite le concours de l'État pour la restauration de cet édifice, qui est l'un des plus beaux exemples de l'architecture civile du XVIe siècle.

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission désigne M. Dussère pour dresser un rapport sur les travaux urgents à exécuter à l'Hôtel de Ville de Beaugency avec une estimation de la dépense.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, la Commission consultée à ce sujet émet l'avis qu'il y a intérêt pour le service des Monuments historiques à donner jouissance du Temple Saint-Jean à la Ville de Poitiers, à la condition qu'elle se chargera des travaux d'entretien et qu'elle n'affectera cet édifice qu'à l'usage de musée et dépôt de collections, s'engageant à ne rien appliquer sur les murs et à protéger les restes de peintures qui les décorent.

La Commission est en outre d'avis que rien ne s'oppose à ce que les Domaines procèdent tant à la régularisation de l'emprise faite par la Ville sur l'ancienne maison Desvaux qu'à l'aliénation ou à l'emploi de la partie non occupée de cet immeuble, mais elle pense qu'il y a lieu de profiter 80/15/012/150 de la circonstance pour demander à la Ville de Poitiers de modifier le dégagement du temple suivant le tracé indiqué par M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé.

Église de Jazeneuil (Vienne)

Le devis des réparations à exécuter à cet édifice s'élève à 31 398 Francs. Les travaux urgents sont compris dans ce total pour 26 530 Francs et comprennent la restitution des couvertures et la consolidation des soubassements.

L'architecte, M. [Jean-Camille] Formigé, ayant proposé un système de couvertures tout nouveau consistant en pierres taillées avec nervures reposant sur des murettes et isolées des voûtes au moyen de chape en ciment, M. Lisch, rapporteur, estimant que ce système a le tort d'être extrêmement coûteux et de ne rappeler en rien les dispositions primitives, propose de l'écarter et d'adopter celui de couvertures en tuiles isolées des voûtes et reposant sur une charpente en bois très légère.

La Commission approuve cette modification.

Donjon de l'ancienne abbaye de Charlieu (Loire)

La Commune a demandé le classement de cette tour voisine des restes de l'ancienne abbaye et qui a fait partie de son enceinte. M. Selmersheim chargé de rechercher la destination que l'on pourrait donner à ces divers bâtiments a dressé un devis des réparations à faire à la tour. Ce devis s'élève à 1 612 Francs 50.

M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis de prononcer le classement et d'accorder 600 Francs sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission se prononce en faveur du classement, sans allocation, au moins quant à présent.

Collections du Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. Darcel fait une communication au sujet d'un bas-relief du XVe siècle que le maire de Fontenay-lès-Louvres propose de vendre au Musée de Cluny.

La Commission invite M. Lisch à visiter ce bas-relief.

M. Darcel fait également part à la Commission des projets de Mlle Grandjean, propriétaire d'un hôtel à Paris, rue de Courcelle, qui lui a annoncé son intention de léguer au Musée de Cluny cet hôtel qui en serait une annexe, la collection qu'il contient et une rente de 12 000 Francs à la charge 80/15/012/151 de le conserver dans l'état où il se trouve.

La séance est levée. 80/15/012/152

3 juillet 1885
Présidence de M. Poulin, directeur des Bâtiments civils. Sont présents : M. le directeur des Cultes, MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Geoffroy-Dechaume, Laisné, de Lasteyrie, Liouville, Lisch, de Mortillet, Ruprich-Robert, Tétreau. M. Antonin Proust s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance.
Le procès-verbal de la séance du 6 juin est lu et adopté.
Nouveau membre de la commission

M. Le président expose que la sous-commission désignée pour examiner les titres des candidats à la place laissée vacante par la mort de M. Steinheil s'est réunie le samedi 27 juin, mais il demande si, en l'absence de son président et de M. le directeur des Beaux-arts, la Commission ne jugerait pas à propos de remettre l'élection à la prochaine séance. M. de Baudot combat l'ajournement.

MM. Dreyfus et Tétreau font observer que l'élection n'a pas été inscrite à l'ordre du jour, et appuient la proposition de M. le président.

L'ajournement mis aux voix est prononcé. La Commission décide qu'elle se réunira pour procéder à l'élection le vendredi 10 juillet.

L'ordre du jour appelle l'examen de l'affaire de l'

Église de Chambon-sur-Voueize (Creuse)

Le Conseil général demande que la restauration de cet édifice soit continuée, et sollicite l'exécution d'un nouveau devis de 80 675 Francs 58, dans lequel une somme de 7 060 Francs est comprise pour solder un excédent de dépense auquel a donné lieu l'exécution de travaux jugés indispensables au cours de la première entreprise.

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis de n'accorder que la somme de 7 000 Francs et de renvoyer à une époque ultérieure la continuation de la restauration.

Château de Loches (Indre-et-Loire)

M. l'architecte Bruneau a dressé, en vue de la continuation des travaux abandonnés depuis plusieurs années, un devis 80/15/012/153 qui s'élève à 58 876 Francs 47, et comprend la restauration du corps de bâtiment construit sous Charles VII, dont les toitures, les chéneaux et les tourelles sont dans un état de délabrement qui réclame un prompt remède. Le préfet a obtenu du département le vote d'un tiers environ de la dépense, soit 18 000 Francs en trois annuités, et il demande à l'État d'y participer comme précédemment, pour les deux autres tiers soit pour 40 000 Francs.

En raison de l'urgence des travaux, M. Lisch propose d'allouer cette somme en deux exercices à dater de 1887.

M. de Baudot estime que l'architecte entre dans une voie de restauration exagérée et contestable, il critique en particulier l'établissement du crénelage et pense que les toitures des tourelles pourraient être réparées en ardoises et non refaites en pierre.

M. Lisch fait observer que le couronnement en pierre de ces tourelles se retrouve sous l'ardoise qui a été ajoutée après coup, comme moyen de préservation ; et il estime que, leur réparation étant devenue indispensable, il convient de rétablir l'état primitif, plutôt que de reproduire une disposition postérieure.

M. de Baudot pense qu'on pourrait se borner au maintien de l'état actuel, de manière à n'engager en rien une restauration, qui pourrait avoir lieu ultérieurement dans des circonstances plus favorables pour le crédit des Monuments historiques.

M. de Lasteyrie appuye la proposition de M. de Baudot et insiste sur le désir souvent émis par les archéologues de limiter les restaurations aux réparations indispensables.

M. Lisch maintient les conclusions de son rapport qui sont mises aux voix et adoptées.

Église d'Esnandes (Charente-Inférieure)

La restauration extérieure de cette église fortifiée venant d'être terminée, il ne s'agirait plus aujourd'hui pour compléter l'oeuvre commencée que de reprises intérieures aux voûtes et aux piliers dont l'architecte M. Albert Ballu évalue la dépense à 18 060 Francs.

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'accorder un nouveau crédit de 8 000 Francs et de 80/15/012/154 laisser à la Commune le soin de pourvoir au déficit en s'adressant à la direction des Cultes.

Église de Levroux (Indre)

Le conseil de Fabrique demande l'autorisation d'installer une cloche de 1860 kilogrammes sur la tour sud-est de son église. A cet effet l'architecte départemental soumet un projet pour la surélévation du beffroi actuel dont la hauteur est insuffisante. Ce projet qui consisterait à relier par de simples boulons le nouveau beffroi au premier, est jugé inacceptable. Il sera en conséquence retourné à son auteur qui devra étudier le moyen de relier l'un à l'autre par des [blanc] de manière à souder plus étroitement le sommet de la charpente à sa base et à prévenir ainsi des dislocations autrement inévitables.

Église de Saint-Gildas de Rhuys (Morbihan)

L'exécution de divers travaux complémentaires est encore nécessaire pour permettre de rendre cet édifice au culte. M. l'architecte Gout a dressé dans ce but un devis de 23 870 Francs 16, mais M. Lisch, rapporteur, est d'avis de réduire la dépense à 15 807 Francs 66 en n'autorisant que les travaux vraiment urgents, à savoir le déblai du sanctuaire, la réfection du dallage et l'établissement de gouttières et tuyaux de descente.

La Commission très pauvre, ne pouvant contribuer à ces travaux que pour une somme de 1 000 Francs, M. le rapporteur propose d'allouer un crédit supplémentaire de 7 807 Francs 66 et d'inviter la Commune à solliciter le complément soit 7 000 Francs de l'administration des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Varen (Tarn-et-Garonne)

Cet édifice du XIIe siècle a conservé ses couvertures primitives de dalles de pierre, qui se sont, faute d'entretien, recouvertes de végétation parmi lesquelles a poussé un figuier ; les racines ont soulevé les dalles et laissé passage aux eaux pluviales qui inondent l'église.

Pour remédier à ces dégâts, M. Gout présente un devis de 19 948 Francs ne comprenant que les travaux de charpente et de couverture. 80/15/012/155

Cette estimation lui paraissant exagérée, M. Lisch, rapporteur, propose de renvoyer le devis à l'architecte et de le modifier en y joignant un tracé des travaux projetés. D'autre part la Commune et la Fabrique, qui ne peuvent se servir de leur église, ont réuni une somme de 1 000 Francs avec laquelle elles espèrent se mettre à l'abri des inondations.

En raison de l'urgence, la Commission est d'avis d'autoriser la Fabrique à faire emploi de cette somme en attendant la production du devis de M. Gout.

Église Saint-Pierre à Lisieux (Calvados)

M. l'architecte Louzier présente un nouveau devis de 61 275 Francs comprenant la restauration des parties basses du clocher sud de la façade occidentale qui sont dans un état inquiétant.

M. Bruyerre, rapporteur, insiste sur l'intérêt qu'il y a à ne pas abandonner un chantier depuis longtemps ouvert, et propose de réserver sur le crédit des Monuments historiques une somme de 20 000 Francs pour l'exécution du devis en question qui, par suite de diverses modifications, pourrait être réduit au chiffre de 58 000 Francs.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Plailly (Oise)

Un devis de 56 628 Francs 20 divisé en deux chapitres est présenté par M. l'architecte Werlé, qui demande l'approbation du 1er comprenant la réfection des deux pignons nord et sud, de la charpente et de la couverture du choeur et du chevet. Le 2e chapitre, dont l'exécution serait ajournée, comprend la restauration du chevet et du choeur, et des murs gouttereaux sud et nord.

M. Bruyerre, rapporteur, pense que cette division n'est pas entièrement justifiée et est d'avis de faire passer du second chapitre dans le premier divers travaux urgents qui porteraient la dépense de ce 1er chapitre à 30 000 Francs environ.

Sur la proposition du rapporteur, la Commission réserve pour ces travaux, une somme de 8 000 Francs laissant à la Commune qui a déjà réuni 3 000 Francs le soin de se procurer le surplus.

Église Saint-Maclou à Pontoise (Oise)

Un habitant de la ville s'est engagé à faire don à l'église Saint-Maclou de verrières pour les fenêtres hautes de l'abside 80/15/012/156

Trois peintres verriers appelés à concourir par le donateur ont exécuté des maquettes entre lesquelles l'architecte demande à la Commission de faire choix.

La Commission considérant que le choix du verrier appartient à l'architecte auquel est confiée la restauration estime qu'il ne lui convient pas de se prononcer. L'architecte sera invité en conséquence à désigner lui-même le peintre verrier, qui devra soumettre à l'examen de la Commission une maquette avec la coloration et exécutée à une échelle plus grande.

d'autre part l'architecte soumet un projet modifié pour la couverture de l'abside de la même église.

La Commission fait de nouvelles critiques à ce projet qui ne lui semble pas suffisamment étudié. Il sera en conséquence retourné à l'architecte auquel M. Bruyerre, rapporteur, est prié de faire connaître les observations de la Commission. L'architecte sera en outre invité à se borner à la restauration des couvertures seules et à ne pas se préoccuper quant à présent du rétablissement du triforium.

Église de Poissy (Seine-et-Oise)

La restauration de cet édifice entreprise par Viollet-le-Duc est restée inachevée. Les parties qui ont eu le plus à souffrir du manque d'entretien sont actuellement les couvertures qui laissent en maints endroits pénétrer l'eau en abondance.

Pour y remédier, M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé présente, d'après le plan d'ensemble donné par Viollet-le-Duc, un devis s'élevant à 91 652 Francs 95 et comprenant la restauration du clocher central et la réfection des couvertures de l'abside et de la nef.

M. [Émile] Boeswillwald expose que la Commune ne demande pas une restauration complète, mais simplement des réparations qui empêchent l'eau de pénétrer dans son église, et il estime que les travaux doivent se borner à la remise en état des couvertures seules.

La Commission demande en conséquence que l'architecte soit invité à présenter un nouveau devis ne comprenant que les réparations absolument indispensables. 80/15/012/157

Château d'Oudon (Loire-inférieure)

La restauration des parties supérieures du donjon étant terminée, les entrepreneurs ont enlevé les échafauds provisoires qui permettaient d'y accéder, en sorte que l'entrée s'en trouve aujourd'hui interdite. Il s'agirait donc d'établir une passerelle et un escalier en bois donnant accès à l'escalier en pierre subsistant au 1er étage du donjon.

L'exécution de ces travaux indispensables nécessiterait une dépense de 2 156 Francs que la Commission, conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis d'inscrire sur le budget des Monuments historiques.

Église de La Ferté-Alais (Seine-et-Oise)

Les charpentes de cet édifice ont été établies selon des dispositions extrêmement vicieuses et les bois en sont en outre en partie pourris. Il serait indispensable de les refaire entièrement, ainsi que les couvertures qui sont également dans le plus mauvais état. La dépense prévue pour cette réfection s'élève à 23 899 Francs 85.

Sur l'avis de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission, en raison de l'urgence du travail, propose de réserver pour son exécution une somme de 10 000 Francs et de laisser à la Commune qui a déjà réuni 4 500 Francs le soin de s'adresser pour le surplus à l'administration des Cultes.

Hôtel de Ville de Noyon (Oise)

Un premier projet de 393 979 Francs dressé pour la restauration complète de l'édifice a été abandonné. Le devis présenté aujourd'hui est réduit à 151 666 Francs et comprend la restauration de la façade, la restauration intérieure (maçonnerie et charpente), celle de la façade sur la cour, de la tourelle et du petit bâtiment en retour, enfin la réparation de la toiture. La Ville serait disposée à participer à la dépense pour une moitié et demande l'allocation de l'autre, soit 75 000 Francs que M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis d'accorder en plusieurs annuités.

M. [Émile] Boeswillwald combat la proposition et critique le devis présenté. La partie seule intéressante au point de vue de l'art est la façade, et c'est d'elle seule que la Commission doit se préoccuper. Quant à l'intérieur, il n'a rien conservé de ses dispositions anciennes et les dépenses de son aménagement doivent incomber à la Ville. Il pense que le devis devrait être 80/15/012/158 réduit et que la façade et les couvertures sont dans un état qui n'a rien d'inquiétant. M. le rapporteur pense qu'il convient de décider si cette restauration doit avoir lieu, et dans le cas de l'affirmative, il ne pense que le devis présenté puisse être de beaucoup diminué.

M. de Baudot estime d'autre part qu'il faut tenir compte du vote de 75 000 Francs de la Commune et ne pas la décourager par un refus.

La Commission est d'avis d'envoyer une délégation étudier sur place la question, et désigne à cet effet MM. les Inspecteurs généraux, MM. de Baudot, de Lasteyrie, Darcy et Laisné.

Hôtel-Dieu de Tonnerre (Yonne)

En 1878 la Commission administrative de cet établissement a sollicité la restauration de la grande salle à laquelle elle semblait porter grand intérêt. Aujourd'hui, appelée à concourir à la dépense, elle déclare que le classement l'empêchant de tirer un parti avantageux de l'emplacement qu'elle occupe, le préjudice que lui cause ce classement est largement compensé par l'intérêt qu'elle peut avoir à la conservation du monument et enfin qu'elle ne peut, non plus que la Ville, participer à la dépense.

M. [Victor] Ruprich-Robert pense que, dans ces conditions, la restauration ne saurait être entreprise à la charge exclusive des Monuments historiques.

La Commission le prie de faire avec l'architecte une démarche auprès du maire pour le faire revenir sur ses dispositions actuelles.

La Haute-Borne (Haute-Marne)

Une clôture ayant été jugée nécessaire pour protéger les abords de ce monolithe, un architecte du département a dressé un projet de grille que M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis de simplifier. M. de Mortillet propose de remplacer la grille par une haie vive dont la dépense serait bien inférieure et qui conviendrait mieux au genre de monument dont il s'agit.

Cette proposition est adoptée. 80/15/012/159

Église Sainte-Anne à Arles (Bouches-du-Rhône)

Les voûtes de cet édifice, affecté aujourd'hui à un Musée lapidaire, sont recouvertes d'un dallage en pierre de mince épaisseur qui laisse pénétrer les eaux pluviales. La construction d'une toiture indépendante de ces voûtes est devenue indispensable pour la conservation du monument. Un devis de 23 000 Francs dressé en 1883 par M. Révoil a été ajourné jusqu'à ce jour ; aujourd'hui la Ville est sur le point de faire exécuter pour 2 048 Francs une partie du 1er chapitre comprenant des travaux de rejointoiement et de consolidation.

Sur l'avis de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission laisse à la Ville l'exécution totale de ce 1er chapitre et propose d'allouer pour l'exécution du 2e, c'est-à-dire pour la réfection des couvertures, une somme de 6 516 Francs 57.

Monuments antiques de l'Algérie

En réponse à une lettre ministérielle interdisant l'emploi de matériaux provenant des ruines antiques pour des constructions nouvelles, le Gouverneur général de l'Algérie communique plusieurs lettres de l'Ingénieur en chef du département de Constantine demandant que ces ruines soient par un accord entre les Monuments historiques et les Ponts-et-Chaussées réparties suivant leur intérêt en deux catégories, de manière à permettre aux ingénieurs de faire emploi des matériaux qui n'auraient pas de caractère artistique.

A la suite de diverses observations de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'ajourner cette affaire jusqu'au vote de la loi sur la conservation des Monuments historiques.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

M. le président entretient la Commission de la visite faite le jeudi 2 juillet à la Porte Saint-Denis. Il a été constaté que les grandes figures et les quatre lions sont en très mauvais état, tandis que la sculpture décorative est encore dans un état relativement satisfaisant.

La sous-commission est tombée d'accord pour que les restaurations fussent d'abord exécutées en terre sur place, que les parties restaurées fussent ensuite moulées, et enfin 80/15/012/160 exécutées en pierre d'après ces moulages.

M. Dreyfus demande qu'il soit employé le moins de pierre possible, et pense que diverses parties pourraient être réparées en ciment.

M. Lisch combat cette dernière opinion et estime que l'emploi du ciment ne peut donner que de mauvais résultats.

La Commission approuve la manière de procéder exposée par M. le président, mais insiste pour que la plus grande réserve soit apportée dans la restauration.

La séance est levée. 80/15/012/161

10 juillet 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Beaux-arts, le directeur des Bâtiments civils, le directeur des Cultes ; MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Courajod, Darcy, Darcel, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Laisné, Lameire, de Mortillet, Tétreau.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le président entretient la Commission d'une entrevue qu'il a eue avec le ministre des Travaux publics relativement à la question du Mont-Saint-Michel. Le ministre s'est montré disposé à participer à la restauration des remparts, mais il a demandé, avant de prendre une décision sur le montant de la subvention de son département, à être éclairé sur la nature des travaux qu'il y aurait lieu d'exécuter et sur l'évaluation de la dépense qu'ils entraîneraient. Il propose que, dans ce but, une délégation de la Commission des Monuments historiques se rende sur les lieux, afin d'examiner de concert avec M. de La Tournerie, ingénieur en chef, et le service des Ponts-et-Chaussées, l'état des constructions, la gravité des dégâts et les moyens d'y porter remède.

M. Bruyerre rappelle qu'un devis s'élevant à 169 000 Francs a été rédigé par M. Corroyer pour les réparations des remparts, et que la moitié de la dépense, soit 80 000 Francs semblerait devoir être mise à la charge des Travaux publics.

M. le président ne pense pas que ce devis puisse servir de base dans une entente avec les Ponts-et-Chaussées. Il ne convient plus aujourd'hui de renouveler les griefs du service des Beaux-arts relatifs à l'établissement de la digue, et de susciter un nouveau débat ; il s'agit d'arriver à un accord, et le moyen proposé par le ministre des Travaux publics lui semble devoir être accueilli.

Une sous-commission composée des Inspecteurs généraux et de MM. de Baudot et de Lasteyrie est en conséquence désignée pour se rendre au Mont-Saint-Michel et se concerter avec le service des Ponts-et-Chaussées. 80/15/012/162

Nouveau membre de la Commission

L'ordre du jour appelle l'élection d'un membre à la place laissée vacante par le décès de M. Steinheil.

M. [Émile] Boeswillwald expose que la sous-commission chargée d'examiner les titres des candidats a arrêté comme il suit la liste de présentation : MM. Selmersheim, Müntz et de Laurière.

La Commission procède au vote qui donne le résultat suivant : sur 18 membres présents, MM. Selmersheim et Müntz obtiennent chacun 9 voix.

Ces messieurs seront en conséquence présentés au choix du ministre, ex aequo en première ligne et M. de Laurière en seconde ligne.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

M. le directeur des Bâtiments civils demande quel a été le résultat de la visite faite à la Porte Saint-Denis, par MM. [Émile] Boeswillwald, de Baudot, Darcel, et de Lasteyrie, accompagnés de M. Ancelet, architecte du monument.

M. [Émile] Boeswillwald expose que la Commission a constaté tout d'abord l'état satisfaisant des constructions et la solidité du monument qui ne laisse rien à désirer. La sculpture seule a eu beaucoup à souffrir, et particulièrement les deux grandes figures qui regardent le boulevard. Celle du Rhin devra être refaite presque en totalité ; le torse de la figure de la Hollande pourra peut-être être conservé ; les trophées qui les surmontent sont en meilleur état et pourront se contenter en général d'un nettoyage à la brosse. Les lions qui supportent les pyramides du côté du faubourg ont été fort endommagés par le dégât des eaux pluviales qui tombent de la corniche et rongent la pierre. Il est à craindre qu'il ne faille également les refaire en grande partie, mais un nettoyage préalable sera nécessaire pour se rendre bien compte de leur état.

Pour toutes les réparations la sous-commission estime que la pierre seule devra être employée, à l'exclusion du ciment qui ne saurait donner de bons résultats. Après avoir réparé le mal, il conviendrait d'en prévenir le retour.

M. de Baudot expose que la majeure partie des dégâts constatés provient de l'accumulation dans les parties saillantes de la sculpture des poussières et des pluies qui se congèlent et font éclater la pierre, et surtout du mauvais écoulement des eaux que reçoit 80/15/012/163 la corniche du monument. Toutes les eaux sont en effet rejetées au dehors par la pente de la corniche et tombent goutte à goutte sur les sculptures. Il existait autrefois un chéneau qui recueillait les eaux pluviales et les déversaient par des gargouilles sur différents points. Il y a une quarantaine d'années, ce chéneau fut recouvert par des feuilles de plomb, auxquelles on donna une inclinaison vers l'extérieur : c'est de là que vient une partie du mal ; il suffirait, pour y remédier, de renverser la pente du larmier de l'extérieur à l'intérieur, de recueillir les pluies par un chéneau, et de le faire communiquer avec le tuyau de descente qui conduit intérieurement les eaux que reçoit la cuvette circonscrite par les quatre murs formant attique au sommet du monument. Pour éviter à l'avenir l'accumulation des poussières, des brossages renouvelés tous les 5 ou 6 ans pourraient suffire.

La Commission approuve ces nouvelles propositions, comme complément aux observations énoncées dans la séance précédente.

M. le directeur des Bâtiments civils lui promet qu'il sera tenu compte des unes et des autres.

Chapelle de Verrières à Saint-Germain-Laval (Loire)

M. Bruyerre donne lecture d'un rapport sur une demande de classement présentée par la Société de La Diana, en faveur de la chapelle de Verrières.

La Commission estime que cet édifice ne présente pas assez d'intérêt pour être inscrit sur la Liste de classement.

La séance est levée. 80/15/012/164

7 août 1885
Présidée par M. Antonin Proust. Sont présents : MM. le directeur des Cultes, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Castagnary, Courajod, Darcy, Laisné, Lisch, de Mortillet, Selmersheim.
Le procès-verbal de la séance du 10 juillet précédent est lu et adopté.
Mont-Saint-Michel (Manche)

A l'occasion de cette lecture M. Lisch expose que, conformément à l'invitation qu'il en a reçue, il est allé voir M. de La Tournerie, Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, pour se concerter avec lui au sujet de la visite que le service des Ponts-et-Chaussées et celui des Monuments historiques devaient faire au Mont-Saint-Michel. M. de La Tournerie a déclaré n'avoir aucune connaissance de l'affaire dont il s'agissait, qu'il ne s'était occupé précédemment de la question du Mont-Saint-Michel qu'en raison d'une mission spéciale de son ministre, et enfin que n'étant pas Inspecteur de la région de l'ouest, il n'avait aucune qualité pour entrer de nouveau en rapport avec les Monuments historiques, sans une délégation nouvelle.

M. Lisch propose en conséquence d'écrire au ministre des Travaux publics pour l'inviter à désigner un représentant de son département.

M. le président craint que la voie administrative ne puisse aboutir à un heureux résultat, car une entente lui paraît difficile à obtenir entre les deux services intéressés ; comme d'autre part il importe de profiter des dispositions favorables du ministre des Travaux publics, M. le président propose de déléguer MM. les Inspecteurs généraux pour dresser avec l'architecte un état des lieux et rédiger un devis des travaux jugés nécessaires. Ces pièces, une fois établies, seront soumises au ministre des Travaux publics qui sera invité à fixer la part contributive de son département.

M. le président fait une communication au sujet des :

Remparts de Brouage (Charente-Inférieure)

Ces fortifications qui étaient affectées au service du Génie viennent d'être abandonnées par le ministère de la 80/15/012/165 Guerre et remises aux Domaines qui doivent procéder prochainement à leur adjudication sur une mise à prix de 4 500 Francs. La Ville et les sociétés savantes du département protestent énergiquement contre ce projet. Cette enceinte du XVIIe siècle présente par son ensemble un intérêt particulier et il serait très regrettable de la voir livrée à la spéculation et probablement démolie.

M. le président s'est entretenu avec MM. les ministres des Beaux-arts, des Finances et de la Guerre qui sont disposés à la conservation. Ne conviendrait-il pas à la Commission de proposer le classement de ces remparts afin de pouvoir intervenir plus efficacement ?

M. Lisch craint que le classement n'entraîne la Commission dans des dépenses peut-être considérables, car il est à présumer que les Domaines, une fois le classement prononcé, voudront faire la remise des remparts aux Beaux-arts, qui en auront ainsi la charge et l'entretien. D'autre part, il ne lui semble pas que ces remparts présentent, à l'exception de quelques écussons sculptés aux armes de Richelieu, de caractère artistique suffisant pour justifier le classement de la totalité de l'enceinte.

M. Castagnary se demande si le classement entraîne nécessairement la remise par les Domaines, et si cette remise implique l'obligation d'entretenir. Il insiste sur l'intérêt que le pays attache à la conservation des remparts de Brouage.

La Commission ne se considère pas comme suffisamment éclairée sur la valeur des constructions dont il s'agit, et prie M. Lisch de lui adresser un rapport à leur sujet. D'autre part, afin de prévenir une démolition imminente, le ministre des Finances sera invité à surseoir à la mise en adjudication, jusqu'au jour où la Commission aura pu prendre une décision définitive sur la production de nouveaux renseignements.

L'ordre du jour appelle la

Tour Solidor à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine)

Le ministre de la Marine fait connaître à son collègue des Beaux-arts que cette tour vient d'être reconnue inutile au service maritime et que par suite il est disposé, avec l'assentiment du ministre des Finances, 80/15/012/166 à en faire la remise aux Beaux-arts. Il ajoute que le jardin qui l'entoure, et dont la remise sera également faite, pourra conserver comme actuellement sa destination de promenade publique, à la charge pour la ville de Saint-Servan de pourvoir à son entretien.

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'accepter les offres du ministre de la Marine, et de demander au ministre des Finances de provoquer un décret d'affectation de la tour dont il s'agit au service des Monuments historiques. M. A. Ballu sera invité à dresser un devis des réparations qui lui paraîtront nécessaires.

Chapelle Saint-Antoine à Saint-Frion (Creuse)

Ce petit édifice, propriété communale, qui sert aujourd'hui de grange se trouve dans un fort mauvais état, aussi la Commune sollicite-t-elle du préfet l'autorisation de l'aliéner. Celui-ci, avant de prendre une décision, demande au ministre de l'éclairer sur la valeur de cette chapelle qui lui paraît mériter d'être classée parmi les Monuments historiques.

La Commission, conformément aux conclusions de M. Lisch, rapporteur, et sur l'examen des relevés qui lui sont présentés, estime que l'intérêt très secondaire de la chapelle est insuffisant pour justifier son classement. Le préfet sera en conséquence invité à prendre telle décision qu'il jugera convenable au sujet de l'aliénation.

Porte Saint-Jacques à Parthenay (Deux-Sèvres)

Le président de la Société des antiquaires de l'Ouest informe le ministre que la Ville de Parthenay vient de faire démolir un escalier extérieur conduisant à une chambre voûtée située au dessus de cette porte, et que, de ce fait, la solidité de l'édifice se trouve compromise ; il demande en conséquence, le rétablissement de l'état ancien

M. Lisch, rapporteur, fait observer que la porte n'est pas classée, contrairement à ce que semble croire le correspondant, mais il pense qu'elle mériterait de l'être.

Sur sa proposition, la Commission est d'avis de prononcer le classement de la Porte de Parthenay et de charger M. Devérin d'en faire le relevé et de s'entendre avec la Municipalité 80/15/012/167 pour le rétablissement de l'escalier détruit.

Église de Pierrefonds (Oise)

M. le directeur des Cultes communique à son collègue des Beaux-arts un dossier relatif à la restauration des voûtes de cette église, en le priant de fixer le montant de sa contribution à la dépense.

Sur la remarque de M. Lisch, rapporteur, la Commission estime que l'église de Pierrefonds a été portée à tort sur la Liste des Monuments historiques comme classée dans sa totalité, et elle est d'avis de ne maintenir le classement que pour le clocher seul.

Les Monuments historiques se trouvant par suite désintéressés de la restauration des voûtes, le dossier de l'affaire sera retourné à la direction des Cultes.

Église de Montbron (Charente)

M. l'architecte Warin présente un devis de 29 400 Francs pour la restauration de l'étage supérieur du clocher, la réfection de la flèche et la reprise des piliers supportant ce clocher.

M. Lisch, rapporteur, estime que l'architecte a donné une importance trop considérable à la flèche en pierre, qu'il propose de substituer à la toiture en charpente actuellement existante, et, sur sa proposition, la Commission est d'avis d'inviter M. Warin à étudier un projet de flèche plus simple et à se borner, quant à présent, à la consolidation des piliers. La dépense se trouvera de la sorte réduite à 13 650 Francs.

La Commune ayant réuni 5 177 Francs, la Commission pense qu'une somme de 5 000 Francs pourra être accordée sur le crédit des Monuments historiques et que le complément, soit 3 473 Francs, devra être demandé à l'administration des Cultes.

Église de Moëze (Charente-Inférieure)

En 1884, la Commission tout en refusant de participer à la dépense d'ouvrages et appropriation intérieure projetés par la Fabrique, déclare que ces travaux devaient être dirigés par un architecte agréé de l'administration. En conséquence, le maire de Moëze propose de confier cette direction à M. Senné, ingénieur civil à Marennes.

La Commission estime que cet ingénieur ne présente pas des garanties suffisantes et est d'avis, sur la proposition 80/15/012/168 de M. Lisch, rapporteur, de désigner à la Commune M. Rullier, architecte à Saintes, déjà attaché au service des Monuments historiques.

Ancienne cathédrale de Tréguier (Côtes-du-Nord)

Un tombeau élevé au XVe siècle dans cet édifice à la mémoire de Saint-Yves, ayant été détruit pendant la Révolution, une souscription a été formée pour rétablir les choses dans leur état primitif, et a produit une somme de 50 000 Francs.

M. l'architecte Devrez soumet en conséquence le projet d'un nouveau tombeau dressé d'après les rares documents qu'il a pu réunir.

La Commission estime que le projet peut-être approuvé dans son ensemble, mais elle demande que le tombeau soit surélevé de deux ou trois marches et que l'architecte soit invité à produire des détails d'exécution.

Église de Cruas (Ardèche)

M. l'architecte Révoil présente un devis complémentaire de 16 469 Francs 21 pour terminer la restauration de ce monument, par la reprise de la façade et du clocher, la réparation des soubassements des fenêtres des absides, et le rétablissement de l'escalier conduisant à la crypte.

La Commune étant dépourvue de ressources, la Commission sur le rapport de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis d'accorder pour l'entreprise projetée une nouvelle subvention de 10 000 Francs à la charge pour la Commune de se procurer le complément nécessaire en s'adressant à l'administration des Cultes.

Église de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme)

Un devis de 11 486 Francs 64 a été dressé en 1883 pour la restauration de cet édifice. Le 23 février 1884, le Conseil municipal décida d'affecter à cette entreprise, 1° une somme de 2 000 Francs sur les fonds de la Commune et 2° une seconde somme de 4 000 Francs disponible dans la caisse municipale, et montant d'une subvention non encore employée allouée en 1863 par les Monuments historiques pour la restauration du portail. Mais par une seconde délibération du 8 février 1885, le Conseil, revenant sur son vote précédent, déclara 80/15/012/169 que la subvention de 4 000 Francs devait conserver sa destination première, à savoir la restauration du portail, et que, par suite, l'allocation qu'il y avait lieu de demander à l'État se trouvait portée à 9 486 Francs 64. La Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis de n'accorder aucune allocation tant que la Commune n'aura pas ratifié son premier vote.

Église Saint-Maclou à Pontoise (Seine-et-Oise)

M. l'architecte Simil produit un nouveau projet modifié dans le sens indiqué précédemment par la Commission, pour la couverture de l'abside de cet édifice. Ce projet semble pouvoir être accepté et le devis qui l'accompagne se trouvant réduit à 28 000 Francs par suite de l'ajournement de la restauration du triforium, la Commission est d'avis d'accorder pour son exécution une somme de 8 000 Francs, à la charge pour la Commune de pourvoir au déficit subsistant.

Église Notre-Dame de Beaune (Côte-d'Or)

L'état de cet édifice dont la restauration a été commencée par Viollet-le-Duc nécessiterait certains travaux urgents, et la Fabrique qui possède des ressources évaluées à 30 000 Francs environ demande qu'un architecte soit désigné pour en diriger l'emploi.

Sur la proposition de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis de désigner M. Selmersheim qui sera invité à dresser un devis des travaux qui seront jugés indispensables, en se rapportant au plan général de restauration laissé par Viollet-le-Duc.

Hôpital de Beaune (Côte-d'Or)

L'administration de cet établissement désirerait apporter dans la distribution intérieure du bâtiment qui entoure la cour, certaines modifications pouvant entraîner la suppression d'anciennes baies et l'ouverture de baies nouvelles. Elle est également dans l'intention d'établir un système de paratonnerres pour la protection de l'hôpital.

Ces divers travaux devant être exécutés sous la direction d'un architecte de l'administration, la Commission, sur la proposition de M. Bruyerre, rapporteur, désigne M. Selmersheim 80/15/012/170 pour remplir la place laissée vacante par le décès de M. Ouradou.

Ancien beffroi de Beaune (Côte-d'Or)

La Commission propose également de prononcer le classement de l'ancien beffroi de la même ville et de charger le même architecte d'en faire un relevé qui devra être accompagné, s'il y a lieu, d'un projet de réparation.

Ancienne cathédrale de Senlis (Oise)

La Fabrique soumet à l'approbation ministérielle un projet de calorifère et un marché passé avec un entrepreneur pour l'exécution de ce travail.

M. Bruyerre, rapporteur, fait remarquer que la canalisation de l'air chaud ou froid nécessitera dans la majeure partie des bas-côtés des fouilles de plus de 6 mètres de profondeur sur 5 m 75 de largeur, la construction d'un escalier de descente et enfin l'établissement d'une cheminée.

La Commission exprime la crainte que ces travaux ne soient de nature à compromettre la solidité de l'édifice et pense que l'autorisation demandée pour leur exécution doit être refusée.

Église Saint-Étienne-de-la-Cité à Périgueux (Dordogne)

Cet édifice possède encore les restes de trois coupoles différentes qui fournissent de précieux renseignements sur les transformations du style périgourdin. Ces coupoles sont actuellement dans un état de détérioration fort grave, et divers fragments s'en sont détachés. Pour les soustraire à la destruction, il conviendrait de construire un échafaudage, d'arracher les végétations et d'établir une chape protectrice sur tous les éléments saillants des pendentifs, de pratiquer quelques scellements et de refaire quelques joints. La dépense de ces travaux pourrait s'élever à une somme de 1 500 Francs qui suffirait encore pour déblayer les voûtes des débris qui les chargent.

La Commission est d'avis d'autoriser les premiers de ces travaux, mais elle estime que le déblaiement des voûtes doit rester exclusivement à la charge de la Fabrique.

Porte de Lille à Valenciennes (Nord)

M. le président demande quelle solution a été donnée à la question de la Porte de Lille. Il semblerait résulter d'un devis, dressé récemment par un ingénieur des Ponts-et-Chaussées, que la somme de 18 000 Francs estimée précédemment suffisante pour permettre la conservation de la 80/15/012/171 Porte par la modification de la voûte projetée serait aujourd'hui reconnue insuffisante et se trouverait portée à 70 000 Francs. Sur la demande du ministre de la Guerre, les divers projets d'élargissement de la Porte Tournaisienne seront soumis à une conférence mixte ouverte entre les services de la Guerre, des Ponts-et-Chaussées et des Beaux-arts. M. [Émile] Boeswillwald sera prié de se rendre à Valenciennes pour représenter dans cette conférence les Monuments historiques.

La séance est levée. 80/15/012/172

11 décembre 1885
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Bruyerre, Bousquet, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Laisné, Lameire, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Ruprich-Robert, Selmersheim, Tétreau.
Le procès-verbal de la séance du 7 avril est lu et adopté.

M. le président demande l'avis de la Commission au sujet de la fixation du jour de l'inauguration des nouvelles salles du Trocadéro. Il s'est entretenu à cet égard avec le ministre qui accepte le jour de la Commission.

La Commission propose le mercredi 16 ; elle sera convoquée dès que le ministre aura fait connaître son heure.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. [Victor] Ruprich-Robert sur l' :

Église Saint-Julien-le-Pauvre à Paris (Seine)

M. [Victor] Ruprich-Robert expose la situation de cet édifice qui appartient à l'Assistance publique et dont cette administration, par lettre du 17 mars 1884, a proposé à l'État de se rendre acquéreur dès à présent sans attendre l'exécution du projet d'ensemble formé par lui pour l'acquisition des terrains occupés par l'ancien Hôtel-Dieu en vue de l'établissement de l'école des Arts décoratifs.

M. le rapporteur estime qu'il y a tout intérêt à poursuivre l'exécution du projet d'ensemble, l'État ne pouvant guère acquérir l'église isolément sans savoir quelle destination lui donner. L'église, dans le plan général, devient au contraire le musée des Arts décoratifs se rattachant tout naturellement à l'école. La Commission en prenant les intérêts de l'école prendrait donc ceux du monument lui-même.

M. [Victor] Ruprich-Robert conclut, en conséquence, à ce que la Commission appuie le projet d'acquisition pris dans son ensemble et émette un voeu en faveur de sa prompte réalisation.

M. le président fait l'historique de la question devant le Parlement. Le projet repoussé en 1884 en raison de la situation des Finances, aurait peu de chances d'être adopté 80/15/012/173 en 1886. Il fait en outre observer qu'en appuyant un projet déterminé, la Commission sortirait de ses attributions et il estime qu'il suffirait qu'elle prît une délibération par laquelle elle se déclarerait favorable à tout projet qui garantirait la conservation de l'édifice.

Cette proposition est adoptée.

Statue de la cathédrale de Reims (Marne)

M. de Lasteyrie donne communication de la photographie d'une statue appartenant à la cathédrale de Reims qui, d'après l'abbé Serph, serait celle de Saint-Louis. Quoi qu'il en soit de l'authenticité du portrait, M. de Lasteyrie constate que l'oeuvre est belle et propose de la faire mouler pour le Musée du Trocadéro.

La Commission invite M. de Lasteyrie et M. Ruprich-Robert, architecte de la cathédrale de Reims, à donner leur avis sur la statue en question et les autres statues qui décorent l'édifice, après examen sur place.

Église de Courcôme (Charente)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que la Commune est dans l'impossibilité de se procurer les 18 197 Francs qui lui étaient nécessaires pour parfaire le devis des travaux à exécuter à son église. Elle n'a pu voter qu'un emprunt de 2 000 Francs et s'est vu refuser le concours de l'administration des Cultes.

Le Comité des Travaux diocésains ayant émis l'avis que le projet de l'architecte était trop dispendieux pour en encourager l'exécution, M. le rapporteur propose, en conséquence, de déduire du devis le 2e chapitre comprenant les travaux de dégagement de l'édifice évalués à 4 005 Francs. Il propose en outre d'inviter l'architecte à produire un devis modifié en vue de la réduction de la dépense dans le sens des observations présentées à la Commission dans la séance du 29 février 1884.

Ces propositions sont adoptées.

Porte de Lille à Valenciennes (Nord)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, rend compte de la visite qu'il a faite de l'édifice et dans laquelle il a constaté qu'il ne restait plus de l'ancienne Porte que le rez-de-chaussée composé de la porte déjà transformée, flanquée par deux salles carrées communiquant avec les petites salles des tours circulaires. Ces salles par suite du relèvement successif du sol de la ville sont remblayées jusqu'à une hauteur de 0 m 60 de la 80/15/012/174 naissance des voûtes et l'on n'y pénètre qu'en rampant. D'autre part, l'humidité y est entretenue par l'eau stagnante des fossés. Au point de vue de l'art, ces restes ne présentent qu'un médiocre intérêt.

M. [Émile] Boeswillwald estime que la Commission, mieux éclairée, n'eût pas proposé le classement et rappelle que d'ailleurs elle ne l'a proposé qu'à la condition qu'il n'entraînerait aucune allocation sur le crédit des Monuments historiques. Il conclut à ce que cette mesure soit rapportée, étant données surtout les conséquences qu'elle peut avoir pour l'administration qui se trouverait engagée à contribuer à la dépense des travaux d'élargissement de la porte projetés par la Ville, puisque le maintien de la porte aurait pour effet d'augmenter considérablement cette dépense.

M. de Lasteyrie combat l'opinion de M. [Émile] Boeswillwald et, tout en reconnaissant que la porte n'a qu'un intérêt médiocre au point de vue de l'art, fait valoir l'intérêt relatif qu'elle présente dans une région qui ne possède presque plus de monuments militaires de l'époque du Moyen Âge.

La Commission consultée se prononce pour le déclassement.

Ancienne cathédrale de Dax (Landes)

M. [Émile] Boeswillwald s'est rendu sur place afin d'examiner la convenance des dispositions proposées par la Fabrique de l'église de Dax pour le déplacement de l'ancien portail de cet édifice. Il est d'avis qu'il serait possible soit de le remonter en avant des travées d'agrandissement, soit de le placer à l'est le long de la petite sacristie. L'opération étant de nature délicate devrait être confiée à un architecte suffisamment expérimenté, tel, par exemple que M. Ferron, inspecteur des travaux de M. [Émile] Boeswillwald à Bayonne.

M. le président demande s'il y a impossibilité absolue de laisser le portail à la place qu'il occupe actuellement.

M. [Émile] Boeswillwald regarde le déplacement comme inévitable, à cause de la différence des niveaux entre le sol de l'ancienne église et celui de la nouvelle, mais il propose de s'en rendre compte en demandant une coupe de l'entre deux des portails.

La solution de l'affaire est ajournée jusqu'à production de cette coupe. 80/15/012/175

Oratoire de Murato (Corse)

Ce petit édifice du XIIe siècle a besoin de réparations urgentes que M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime pouvoir s'élever à 7 ou 800 Francs.

Conformément aux conclusions de M. l'Inspecteur général, la Commission est d'avis, avant de prendre une décision dans cette affaire, de demander à la Commune quelles ressources elle entendrait consacrer à l'entreprise.

Donjon du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne)

M. de Baudot fait connaître que le Conseil municipal de Toulouse a décidé la démolition de l'escalier Renaissance qui conduit au donjon du Capitole avec l'intention, toutefois, de le reconstruire dans une partie des nouveaux bâtiments de l'Hôtel de ville.

M. le rapporteur fait observer à ce sujet que la cage nouvelle destinée à recevoir cet escalier ne se prête ni par sa dimension, ni par ses dispositions à la reconstitution de cette composition si intéressante dans son ensemble aussi bien que dans ses détails. Elle n'offre pas même les garanties de solidité nécessaires. Invité par M. le maire de Toulouse à se charger de l'opération projetée, M. de Baudot n'a pas cru devoir accepter cette mission ni s'associer à une opération qu'il considère comme désastreuse. Il demande à la Commission de s'opposer de toutes ses forces à la démolition de l'escalier qui, d'ailleurs, devrait être l'objet d'une restauration immédiate dans la dépense de laquelle l'État pourrait intervenir.

La Commission est unanime à demander la conservation de l'escalier du donjon du Capitole de Toulouse.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Bruyerre expose la situation du clocher de l'église dans lequel se sont déclarés des désordres qu'il importe d'arrêter immédiatement au moyen d'un cintrage. M. le rapporteur est d'avis de demander en même temps à l'architecte un devis des travaux qu'il jugerait nécessaire d'exécuter pour la consolidation du clocher.

Au sujet de l'enceinte, M. Bruyerre fait connaître que cinq devis ont été présentés par M. Corroyer : cet architecte considère que la plupart des dégâts proviennent de l'établissement de la digue.

M. l'Inspecteur général ne partage pas cette manière de voir 80/15/012/176 et pense qu'il y aurait lieu de s'entendre avec M. Corroyer pour déterminer les responsabilités. M. [Émile] Boeswillwald estime qu'en effet il y a lieu de distinguer un état ancien dont les Travaux publics ne sont pas responsables.

M. Lisch expose comment la mer ayant pénétré dans l'intérieur des murailles en a délayé les matériaux inférieurs et a provoqué de la sorte le tassement général : les dégradations du soubassement et même celles de la moitié du mur dans sa hauteur devraient être, suivant son opinion, laissés à la charge des Travaux publics.

M. l'Inspecteur général Bruyerre partage cet avis, et demande l'ajournement de l'affaire afin de s'entendre avec l'architecte.

L'affaire est ajournée.

Église Sainte-Catherine à Honfleur (Calvados)

M. Bruyerre, rapporteur, propose à la Commission l'approbation de cinq maquettes dessinées par M. Perrodin pour les cinq verrières restant à exécuter dans le choeur de cet édifice. Le carton de l'un des sujets est joint aux maquettes.

La Commission adopte la proposition de M. Bruyerre sous la réserve d'observations archéologiques relatives au détail de l'exécution.

Église de Moulineaux (Seine-Inférieure)

Conformément aux conclusions de M. Bruyerre, rapporteur, la Commission est d'avis d'apporter au nouveau projet de sacristie présenté par la Commune les modifications suivantes : la sacristie serait éloignée de l'église d'environ 1 mètre vers le nord et lui serait reliée par une petite galerie. Ces espaces situés entre les angles de la sacristie et les contreforts de l'église seraient remplis par des murs de clôture ; enfin, la couverture, au lieu de former un comble à quatre égouts, serait établie sur deux pignons en maçonnerie.

Les travaux s'appliquant à une construction neuve, la Commune et la Fabrique seraient invités à s'adresser au Conseil général et à l'administration des Cultes pour compléter les ressources nécessaires à la dépense.

Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)

M. Bruyerre, rapporteur, place sous les yeux de la Commission le nouveau projet de flèche dressé par M. Lafollye pour la 80/15/012/177 chapelle du château.

Bien que l'architecte ait modifié son projet primitif en adoptant le style de décoration du XIIIe siècle, la Commission est d'avis qu'il y a lieu de le modifier encore en se rapprochant davantage du projet de Millet et en rentrant autant que possible dans le caractère de sa composition. M. Lafollye devrait être en conséquence invité à présenter une nouvelle étude avec détails à l'appui.

Église d'Huriel (Allier)

M. Darcy a dressé en vue de la restauration de cet édifice un devis divisé en 2 chapitres s'élevant le 1er à 34 318 Francs, le 2e à 20 705 Francs. Le second chapitre relatif à l'achèvement du clocher pouvant être ajourné sans inconvénient, M. Bruyerre, rapporteur, propose d'adopter le 1er chapitre seulement, sous la réserve que l'architecte, après avoir vérifié les traces du comble primitif de la nef en soumettra une étude nouvelle à la Commission, et d'allouer 10 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune et le fabricant combleront le déficit et dégageront l'édifice.

Ces conclusions sont adoptées, et sur les observations de M. de Lasteyrie qui proteste contre le projet de couvertures des absidiales de Volvic en dalles, comme n'appartenant pas à la région, la Commission est d'avis de demander à l'architecte l'étude d'un système dont l'apparence se rapprochera le plus possible de la couverture en dalles brutes.

Donjon d'Huriel (Allier)

M. Bruyerre fait connaître que, dans la Commune d'Huriel, il existe un donjon du XIIe siècle situé au milieu d'une enceinte rectangulaire flanquée de tours et que ces restes intéressants, qui ne sont point classés parmi les Monuments historiques, sont en ce moment menacés d'une démolition partielle.

Sur la proposition de M. le rapporteur, la Commission est d'avis de classer le donjon et son enceinte et de charger M. Darcy d'en faire un relevé et de s'entendre avec la Municipalité, qui projette d'établir une mairie dans le donjon, pour assurer la conservation des restes dont il s'agit.

La séance est levée à midi. 80/15/012/178