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1860
1859
1861
26 janvier 1860
Présents : M. Caristie, président, MM. du Sommerard, Questel, Vaudoyer, Duban, Labrouste, de Longpérier, Courmont.
Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Le secrétaire, M. Courmont, propose d'allouer la somme de 7 275 Francs demandée par M. Révoil pour continuer les travaux de soutènement et de fouilles du Théâtre antique d'Arles, savoir : 4 000 Francs pour fouilles sur l'emplacement que devait occuper la façade, travail qui déterminera la place exacte où devra être placée la grille d'enceinte destinée à protéger le monument, et 3 275 Francs pour le rétablissement des quatre piliers découverts dans les déblais de 1859 et les murs de refonds indiquant la division des soutènements des gradins.

Si le rapporteur ne demande pas que la Ville participe à ces travaux, c'est que la contribution est d'une autre nature. La Ville poursuit l'acquisition commencée des maisons nécessaires au dégagement de l'édifice.

Ces conclusions sont adoptées.

Maison de Diane de Poitiers à Orléans (Loiret)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission est d'avis de proposer au ministre une allocation de 5 000 Francs pour la restauration de la façade de la Maison de Diane de Poitiers à Orléans, monument célèbre de l'architecture du XVIe siècle attribué à Androuet du Cerceau, et dont la Ville d'Orléans vient de faire l'acquisition pour y établir le Musée de la Société archéologique de l'Orléanais.

Maisons en bois à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Courmont, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une correspondance échangée entre l'administration des Monuments historiques et la préfecture de la Seine-Inférieure dans le but d'assumer la conservation de deux maisons sculptées en bois, qu'un projet d'ouverture d'une rue au travers de la ville de Rouen, reliant le chemin de fer avec les quais, menace de destruction. Le préfet, dans sa 80/15/009/115 dernière lettre, dit qu'il a pris des mesures pour que les maisons, que le percement projeté doit renverser, soient soustraites au commerce des démolisseurs, pour être reconstruites dans un autre emplacement.

La Commission, après cet exposé, propose d'inviter le préfet à faire prendre toutes les mesures nécessaires pour que ces maisons soient démontées avec le plus grand soin s'il n'est aucun moyen de les conserver en place.

Projet de verrières de l'église de Toul (Meurthe)

M. Courmont, rapporteur, met sous les yeux de la Commission le projet d'ensemble et les détails d'une portion d'une verrière projetée pour la grande fenêtre du transept de l'église de Toul récemment restaurée. Il appelle l'attention de la Commission sur ce travail préparé par M. Balthazar, que la Fabrique de Toul transmet au ministre pour avoir l'opinion de la Commission sur le projet de l'artiste.

La Commission est d'avis que l'ensemble du projet est satisfaisant. Seulement, elle pense que le peintre devra s'efforcer de ne pas tomber autant dans le noir que son projet l'indique. Elle croit nécessaire en outre de faire connaître à M. Balthazar que la grande figure laisse à désirer sous le rapport du caractère et qu'il tâche de rester plutôt dans les données du style du petit sujet dont il a fourni les études. Enfin, elle le prie d'observer que, dans son travail d'ensemble, tout le bas rappelle le XVIe siècle, ainsi que les deux figures du côté du haut du vitrail.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Questel donne lecture à la Commission du rapport qu'il a préparé au sujet du projet de restauration de l'église d'Ainay. Il résulte de ce rapport que les travaux d'achèvement de la réparation doivent donner lieu à une dépense de 122 000 Francs. Ils ont pour objet l'achèvement de la restauration de la façade, la restauration des murs latéraux nord et sud, la restauration complète des couvertures des nefs. A ces travaux de restauration, il convient d'ajouter ceux, non moins urgents, soit au point de vue des besoins du Culte, soit en vue de compléter l'ensemble du monument, de la reconstruction de la chapelle de la Vierge et de la restauration de la chapelle sainte Blandine.

Le rapporteur, M. Courmont, fait observer que cette restauration entreprise depuis longtemps avec le concours de l'État, ne peut être achevée par la Fabrique sans un nouvel encouragement en reconnaissance des sacrifices considérables qu'elle s'est imposés jusqu'ici.

Sur les observations du secrétaire, la Commission est d'avis de mettre à la charge de l'État les dépenses de pure restauration, et d'allouer à cet effet sur le crédit des Monuments historiques une somme de 40 000 Francs, qui 80/15/009/116 sera affectée, savoir : 25 000 Francs aux restaurations des murs latéraux, nord et sud, et à la réparation complète des couvertures, et les quinze autres mille francs à la restauration de la chapelle de Sainte-Blandine. Quant à l'achèvement du travail de la façade estimé par M. Questel à 12 000 Francs, la Fabrique a encore en caisse les ressources nécessaires à leur exécution sur les allocations antérieures non entièrement absorbées.

Église Notre-Dame de Mantes (Seine-et-Oise)

Dans un rapport qu'il vient d'adresser au ministre, M. Durand, architecte de l'église de Mantes, expose que le pavé du sanctuaire est élevé aujourd'hui de 0, 70 au-dessus du sol des bas-côtés, tandis qu'au XIIIe siècle cette hauteur était seulement de 0, 26 M. Il résulte de cette disposition que les six petites colonnes de l'abside, dont la proportion est si remarquable, sont masquées dans toute leur partie inférieure sur une hauteur de 0, 90 c, en tenant compte de la lourde balustrade qui les réunit.

M. Durand propose de remettre le dallage actuel au niveau du dallage primitif, de remplacer le carreau noir et blanc, par un carrelage en terre cuite vernissée de mosellon, et de substituer à la balustrade du temps de Louis XVI sept travées de grilles en fer forgé. L'ensemble de ce travail donnerait lieu à une dépense de 10 314 Francs que la Fabrique de Mantes prendrait à sa charge.

Le rapporteur, M. Courmont, ne voit aucun inconvénient à adopter le projet de M. Durand, si la Commission reconnaît que ses propositions ont pour but de reproduire l'état original de cette partie de l'édifice. Il regrette seulement que la Fabrique affecte les fonds dont elle dispose à des dépenses dont l'ajournement n'entraînerait aucun inconvénient, quand des travaux de première urgence exécutés à cette église ne sont pas encore intégralement payés. Il pense que, tout en autorisant la dépense, le ministre doit exprimer à la Fabrique l'effet désagréable que lui a produit cette manière d'administrer ses fonds.

La Commission approuve cette partie du rapport du secrétaire, et ne croit devoir faire d'observation qu'au sujet de l'emploi des terres cuites émaillées qui ne lui paraît pas convenable. M. Durand consulte encore la Commission sur une autre question qui intéresse également l'église de Mantes. Il s'agit des grands contreforts rampants qui viennent épauler sur trois faces le second étage de la tour sud. D'après les observations présentées par l'architecte, le rapporteur doute qu'il y ait un grand intérêt à demander la reproduction de ces contreforts. 80/15/009/117

La Commission partage l'avis du rapporteur et demande qu'il soit conservé dans les galeries de l'église un de ces contreforts comme souvenir de ce motif singulier de construction.

Église Saint-Trophime d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Révoil, architecte, propose d'exécuter à l'église de Saint-Trophime divers travaux qui tous méritent d'être pris en considération. La façade de ce monument offre un tel intérêt que le gouvernement ne peut la laisser dans l'état où elle se trouve par suite de dégradations ou de mauvaises restaurations déjà anciennes. Ainsi, un clocheton de mauvais goût la surmonte. Les fenêtres sont bouchées, une grande inscription datant de la première révolution produit le plus mauvais effet, enfin une porte Louis XV détruit l'harmonie de cette magnifique façade. Le montant du devis de M. Révoil est de 5 036 Francs 70.

Le rapporteur, M. Courmont, propose de mettre cette dépense à la charge de l'État, sans exiger la coopération de la ville, en considération du soin avec lequel la Ville d'Arles entretient le cloître attenant à l'église.

Conclusions adoptées.

Église Saint-Honorat des Aliscamps à Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Courmont, rapporteur.

La Ville d'Arles a toujours mis un zèle particulier à seconder les vues de l'administration pour la restauration des monuments précieux qu'elle possède. Le soin qu'elle apporte à l'entretien du curieux ensemble des Aliscamps empêche qu'on lui impose de nouveaux sacrifices pour cet édifice, aussi le rapporteur n'hésite-t-il pas à proposer d'allouer les 2 208 Francs 66 nécessaires à la restauration. Conclusions adoptées. 80/15/009/121

9 février 1860
Présents : MM. Caristie, Paul Lacroix, Questel, de Montalembert, du Sommerard, de Longpérier, Courmont.
Église de Nemours (Seine-et-Marne)

Le secrétaire, M. Courmont, expose la situation dans laquelle l'administration centrale se trouve à l'égard de la Ville de Nemours en instance pour obtenir la restauration de son église. Le ministre dit à la Ville qu'il ne prendra de décision sur le projet qui lui est soumis que lorsque la Ville aura fait connaître à l'administration quelle part elle peut prendre aux travaux. La Ville répond, avec une espèce de raison, que comme le monument est classé, il faut que la nature des dépenses proposées ait reçu l'approbation de la Commission, pour qu'elle puisse prendre une décision utile.

Il faut donc examiner la nature des dépenses proposées. Voici en quoi elles consistent : couverture et charpente 21 000 Francs, rejointoiement 15 750 Francs, renouvellement de vitraux 3 430 Francs, réparation de non-apparent 8 000 Francs, total 48 000 Francs.

Le rapporteur pense que le monument n'offre pas un intérêt assez grand pour que l'État prenne à sa charge les dépenses projetées, et qu'on doit laisser à la Commune de Nemours la charge d'exécuter les travaux pour lesquels elle sollicite un secours dans le but de s'exempter pour un temps assez long de l'entretien de son église, dépense qui lui incombe.

Ces conclusions sont approuvées.

Église Saint-Anatoile de Salins (Jura)

Le secrétaire, M. Courmont, ne croit pas qu'il y ait lieu d'avoir plus d'égards à la demande de la Fabrique de Saint-Anatoile de Salins. Les travaux de consolidation de ce monument s'élevant à 39 000 Francs ont été exécutés avec une subvention de l'État s'élevant à 12 000 Francs, dans le cours des années 1847, 1848 et 1849. Aujourd'hui il ne s'agit que de travaux ayant pour but une restauration discutable au point de vue de l'art et inutile 80/15/009/122 dans tous les cas, dont la dépense s'élèvera à 89 750 Francs. La Commune n'y contribue pas et la Fabrique a réuni 30 000 Francs de souscriptions et fournit 2 000 Francs de ses deniers.

Le rapporteur pense que dans cette circonstance le seul devoir de la Commission est d'examiner si les modifications proposées doivent être autorisées.

- le premier article du devis comprend une restauration de la façade qui en altère complètement la disposition actuelle 25 500 Francs.

- le deuxième pour construction d'une chapelle latérale qui n'a pour but que d'établir un pendant à la chapelle existant de l'autre côté de l'abside, une somme de 25 400 Francs.

- enfin, le troisième pour construction d'autres chapelles, une somme de 22 350 Francs c'est donc une dépense de 73 250 Francs qu'on peut ajourner sans inconvénients ; les 32 000 Francs de la Fabrique suffisant donc et au-delà pour exécuter les travaux qui peuvent être approuvés.

La Commission approuve ces conclusions du rapport.

Église de Faverney (Haute-Saône)

Le secrétaire, M. Courmont, expose que, s'il croit devoir proposer un secours pour l'église de Faverney, ce n'est que parce que M. l'Inspecteur général des monuments lui a paru accorder à cet édifice un certain mérite, et qu'un rapport de M. [Émile] Boeswillwald de 1844 indique certaines traces curieuses qui ont déjà valu à ce monument 15 000 Francs d'allocations. Aujourd'hui, on présente un devis de 14 000 Francs sur lesquels la Commune ferait 6 000 Francs. Ce serait donc 8 000 Francs que l'État aurait à fournir pour parfaire la dépense.

La Commission n'approuve pas les conclusions du rapport. Elle pense que le monument est trop altéré pour mériter l'intérêt du gouvernement. Une énorme dépense pourrait seule lui rendre son ancien caractère, et le gouvernement ne serait pas probablement en disposition de la faire. Comme la consolidation de l'édifice est assurée, la Commission pense que l'État doit se borner aux sacrifices déjà faits.

Église de Mont-devant-Sassey (Meuse)

La description de l'église de Mont, transmise par le préfet, bien mieux encore que les dessins joints à la lettre, donne une idée très avantageuse de cet édifice. La notice fait même regretter qu'une étude bien faite du monument ne soit pas jointe au dossier. Comme le préfet se contente de demander 80/15/009/123 le classement de l'édifice et que les renseignements envoyés suffisent pour en établir l'intérêt, le rapporteur propose d'accéder à cette demande en chargeant un des architectes de la Commission de visiter l'édifice.

La Commission est d'avis d'adopter les conclusions du rapporteur, M. Courmont, et de charger M. [Émile] Boeswillwald de relever les dessins de l'édifice lorsqu'il aura occasion de se rendre dans la Meuse.

Église de Mézières-en-Brenne (Indre)

M. Courmont, rapporteur.

M. le préfet de l'Indre transmet au ministre un projet de restauration de l'église de Mézières s'élevant à la somme de 46 525 Francs, composé 1° d'un devis de 36 175 Francs rédigé par M. Mérindol en 1846 et d'un autre devis supplémentaire rédigé par M. Billon en 1857 s'élevant à 7 350 Francs.

Le travail de M. Mérindol donne lieu a bien des observations. D'abord le monument, dont il s'agit, présente-t-il assez d'intérêt pour que le gouvernement se croie obligé d'intervenir dans sa restauration ? La nature des travaux qu'il comprend rentre-t-elle parmi les réparations que subventionne d'ordinaire le ministre d'État ?

Le rapporteur ne le croit pas. Dans le département de l'Indre, l'église de Mézières vient à peine au deuxième rang des édifices intéressants. D'une autre part, il ne semble pas que la création d'une sacristie et d'une chapelle, la réparation ou plutôt la réfection complète des sculptures d'un porche d'un ordre secondaire et enfin la reconstruction d'un clocher soient des travaux bien nécessaires à la conservation du monument.

Le devis présenté par M. Billon est compris d'une manière plus conforme aux idées de la Commission. Dans ce travail il ne s'agit que de la réparation des deux premières assises extérieures de l'église, de la réparation des pièces brisées d'une chapelle et de la réparation totale de la couverture de l'église. Ces travaux ont une importance plus réelle et intéressent plus directement le monument.

Aussi, le rapporteur serait-il d'avis d'en approuver l'exécution. Cependant il ne demandera pas à la Commission de proposer au ministre d'y concourir, car ces dépenses ont pour but des travaux d'entretien qui rentrent tout à fait dans ceux qui sont à la charge des Communes. La Commune et la Fabrique ont d'ailleurs réalisé 9 000 Francs qui permettent d'y faire face.

Église de Meillers (Allier)

M. Courmont, rapporteur.

L'église de Meillers pour laquelle on demande un secours est loin d'être un des monuments les plus précieux du département de l'Allier. Le clocher et l'abside présentent seuls quelque intérêt, si même on en peut juger exactement par l'examen des dessins envoyés à l'appui de la demande. Le clocher a été réparé en 1844 au moyen d'un secours accordé par l'État. Une autre allocation accordée en 1847 a permis de faire quelques reprises utiles au 80/15/009/124 monument. Aujourd'hui le préfet envoie un devis s'élevant à 3 541 Francs ayant pour but de reconstruire entièrement l'abside. Sans doute ce travail est utile, mais des monuments plus importants que l'église de Meillers situés comme elle dans le département de l'Allier réclament encore des secours.

Le rapporteur est donc d'avis de renvoyer cette affaire au préfet en lui conseillant de s'adresser à l'administration des Cultes que ce travail regarde plus spécialement.

Conclusions approuvées.

Église de Saint-Amant-de-Boixe (Charente)

M. Courmont, rapporteur.

Sur l'avis du secrétaire, la Commission croit qu'il y a lieu de charger M. Abadie de visiter l'église de Saint-Amant-de-Boixe pour décider s'il y a lieu de rouvrir une porte de l'église, murée il y a quelques années.

Église d'Harbonnières (Somme)

M. Courmont, rapporteur.

Le préfet de la Somme, l'évêque d'Amiens et M. Dusevel, correspondant, demandent à l'envi que l'église d'Harbonnières soit rétablie sur la liste des Monuments historiques. Ils prétendent que la radiation de ce monument de cette liste entraîne pour lui le refus de tout secours de la part du département.

Le rapporteur croit qu'il n'y aurait pas un grand inconvénient à replacer cet édifice sur la liste.

La Commission ne partage pas l'avis du rapporteur. Elle pense qu'elle ne peut pas, suivant le désir des autorités locales, classer et déclasser un monument. C'est en connaissance de cause qu'elle a rayé l'église d'Harbonnières de la liste des monuments. Les nouveaux dessins produits ne sont pas faits pour lui prouver qu'elle a commis une erreur en prenant cette décision. Ce serait d'ailleurs un précédent qui pourrait entraîner des conséquences assez graves.

Église Saint-Théodorit d'Uzès (Gard) : Le Campanile

M. Courmont, rapporteur.

Le secrétaire rappelant son rapport du 9 avril 1859 est d'avis d'allouer pour les travaux de restauration de campanile de l'église Saint-Théodorit à Uzès, une somme de 4 140 Francs montant du devis rédigé par M. Laval, mais seulement à la condition expresse que la Ville d'Uzès fera l'acquisition des maisons qui engagent la base du campanile.

La Commune d'Uzès a déjà voté 2 000 Francs pour la dépense dont il s'agit. Comme la maison, propriété du curé, est évaluée 6 000 Francs, c'est donc encore une contribution de 4 000 Francs qu'il faut demander à la Ville d'Uzès.

La Commission approuve les conclusions du rapport. 80/15/009/125

Église Saint-Cerneuf de Billon (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur.

L'église Saint-Cerneuf de Billon est une de celles qui viennent en première ligne parmi les églises de l'Auvergne. L'importance de sa crypte, aussi intéressante que celle de Notre-Dame-du-Port, est encore revêtue de peintures dont quelques-unes de ses parties ont fait un Monument historique. La Commune dans l'intérêt de l'édifice, et aussi, il faut bien le dire, dans le but d'embellir la place principale de la ville, a déplacé les prisons qui s'appuyaient contre l'église. Il en est résulté la nécessité de réparer cette façade ou pour mieux parler, de la reconstruire presque en entier et de rétablir les fenêtres qui existaient de ce côté. Il serait bon de profiter de l'occasion de ces travaux pour rétablir la communication entre l'église et la crypte qui depuis longtemps a été transformée en ossuaire. Tous ces travaux demandent une dépense de 29 883 Francs 27, sur laquelle la Fabrique consent à prendre 7 000 Francs à sa charge. Il serait bon que la Commune prît également part à ces travaux, car certains d'entre eux rentrent dans les réparations qui sont à sa charge.

Le rapporteur propose donc de demander au ministre d'accorder une somme de 12 880 Francs pour cette réparation, à la condition que la Commune prendra à sa charge une somme de 10 000 Francs qui complètera les ressources nécessaires.

Conclusions approuvées.

Château de Bayard à Pontcharra (Isère)

M. Courmont, rapporteur.

Sur la proposition du secrétaire, la Commission est d'avis d'ajourner la demande relative au Château de Bayard jusqu'à ce qu'elle se présente dans des conditions qui permettent au gouvernement d'intervenir. Tant que les terres dépendant du domaine resteront attachées aux ruines, le ministère d'État ne pourra pas proposer au ministre d'en faire l'acquisition.

Église de Montbron (Charente)

M. Courmont, rapporteur.Sur le rapport du secrétaire, la Commission est d'avis d'allouer une somme de 3 000 Francs à la Commune de Montbron comme dernière subvention pour l'entreprise en cours d'exécution. 80/15/009/126

26 mars 1860
Présents : MM. Caristie, vice-président, Mérimée, Paul Lacroix, du Sommerard, de Laborde, de Montalembert, Vaudoyer, Duban, Questel, Courmont.
Église de Boulogne (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, soumet à la commission les dessins de M. Millet comprenant les deux projets de restauration de l'église de Boulogne. Il expose à la Commission quelles observations ont été faites sur ces projets : d'une part par la commission d'architecture de la Seine qui les a renfermés dans un rapport en date du 1er mars 1859, transmis à M. le ministre d'État le 17 novembre 1859 ; d'autre part par une commission prise dans le sein du Conseil municipal de Boulogne, ces dernières annexées à une délibération du conseil de cette Commune du 7 février 1860, approuvées en partie par la commission des architectes du service des travaux de la Ville de Paris, le 6 mars 1860, et envoyées au ministre d'État le 15 mars.

Le rapporteur appelle d'une manière toute spéciale l'attention de la Commission sur les trois dispositions du projet de M. Millet qui ont porté le plus à la critique des deux commissions saisies de l'examen de cette affaire

La première est le remplacement proposé par l'architecte des chapelles actuelles des transepts par deux transepts véritables

La 2e la substitution d'un porche dans le style du XIVe siècle et offrant moins de saillie au porche latéral du XVIe, enfin la disposition des sacristies.

Après un examen attentif des deux projets et aussi après avoir entendu la lecture des deux rapports relatifs aux diverses propositions de l'architecte, la Commission, par les considérations qui suivent, a été d'avis de proposer au ministre l'adoption des dispositions qui vont être développées.

Ce qui frappe d'abord toute personne qui étudie l'église de Boulogne, c'est la forme inusitée des transepts qui sont à pans. Cette disposition est très rare surtout en France. Mais ici est-elle originale ? Sont-ce bien des transepts que l'on a voulu faire ? Il est permis d'en douter. En effet, on peut y voir également deux chapelles basses ouvrant sur une grande nef. Si l'on examine les harpes laissées dans les murs au-dessus des chapelles, les moulures qui partent des murs, enfin l'amorce des 80/15/009/127 nervures obliques des gros piliers du centre de la nef qui dans l'état actuel n'ont plus de raison d'être, on est porté à croire que les chapelles et les transepts actuels sont postérieurs à la nef et bâtis sur un autre plan que le plan primitif. On peut conjecturer que, les ressources ayant fait défaut, on n'a pu élever des transepts à la hauteur de la nef et que l'on a bâti deux petites chapelles pour en tenir lieu et reproduire en plan la forme de la croix. On en trouverait encore une preuve dans le fait que les murs obliques de ces petites constructions sont très lézardés, tandis que les murs perpendiculaires à la nef sont en bon état. Il est donc très probable que les transepts ont été fondés sur un plan rectangulaire et que les chapelles ont été bâties à la hâte sur des fondations mal faites.

Toutefois, il est bon de remarquer que, dans maints ouvrages, l'église de Boulogne est citée pour ses transepts polygonaux et on ne manque pas de le mentionner après Noyon, Soissons et certaines églises rhénanes. C'est à tort bien probablement que l'on prend une disposition commandée par la nécessité pour une singularité méditée, une sorte d'accident pour une invention d'artiste.

Cependant l'opinion de la Commission n'est après tout qu'une hypothèse, quelque vraisemblable qu'elle soit ; il y aurait beaucoup de témérité à vouloir décider ce problème archéologique et surtout à faire disparaître les éléments de la discussion en rebâtissant ces transepts sur un plan rectangulaire.

La Commission hésite donc à trancher la question ainsi que le propose l'architecte qui nous a paru surtout préoccupé de la demande de la Fabrique d'augmenter le nombre de places dans l'église. Cette considération ayant perdu sa valeur depuis qu'il a été décidé qu'une seconde église serait construite à Boulogne ; il n'y a pas lieu de s'y arrêter.

La commission du Conseil municipal de Boulogne ainsi que la commission des architectes de la Seine, qui, à ce sujet, s'est réunie la première, ont demandé qu'il fût fait à cette partie de l'église une modification importante, à savoir qu'on élevât les chapelles actuelles à la hauteur des nefs.

La Commission ne peut partager cet avis. En construisant des transepts carrés, on a de fortes présomptions pour croire qu'on rétablit le plan original ; en surélevant les transepts polygonaux on fait assurément une innovation d'abord au plan original puis au plan postérieur. Si on les surélève, il faudra à vrai dire les construire entièrement, modifier les ouvertures des fenêtres, en un mot inventer au lieu de restaurer. Enfin la dépense serait très considérable, le résultat incertain, et on aura fait disparaître une disposition curieuse non moins complètement que dans l'élévation des transepts rectangulaires. La Commission propose donc au ministre le maintien pur et simple des transepts actuels. 80/15/009/128

La commission d'architecture du département de la Seine s'est élevée avec beaucoup de force contre le projet de remplacer le petit porche de la Renaissance au sud de l'église par une construction nouvelle dans le style du XIVe siècle. Pourquoi détruire ce qui existe, dit-elle, pourquoi effacer le souvenir d'une époque ? Sacrifier un style à un autre ?

Ces scrupules sont certainement fort louables. Seulement la question n'est pas aussi simple qu'elle paraît, quand on ne considère que le style d'architecture. Ce porche est tellement ruiné qu'il ne s'agit pas de le restaurer mais de le reconstruire. En second lieu, il sert de logement à un sacristain, et ce logement est un voisinage fâcheux et dangereux même pour l'église. Enfin, il masque le transept et ne laisse qu'un passage très étroit pour parvenir à l'escalier disposé à l'angle de ce transept, si étroit qu'il a fallu entailler un des contreforts obliques.

Certainement cette petite construction est gracieuse, mais elle est fort mal placée. Si elle était en bon état, si elle pouvait être réparée à peu de frais, la Commission aurait été la première à en réclamer la conservation. Mais doit-on dépenser beaucoup d'argent pour la reconstruire ?

Au XVIe siècle lorsqu'on a élevé ce porche, on avait un goût très prononcé pour un certain style d'architecture et on ne se préoccupait nullement du style d'architecture qui l'avait précédé. Aujourd'hui, point de goût décidé, point de conviction bien exclusive. On comprend seulement que lorsqu'on répare un édifice, il n'y faut point porter de disparates. Refaire ce porche c'est reproduire de gaieté de coeur une erreur très excusable au XVIe siècle, mais qui au XIXe siècle ressemblerait à une espèce d'idolâtrie ridicule pour le passé.

Par ces considérations, la Commission, ne croyant pas pouvoir autoriser la reconstruction du porche actuel, propose d'ajourner la restauration de cette partie de l'édifice jusqu'à ce que les réparations des autres parties de l'église soient terminées, alors on verra beaucoup mieux quel parti on devra adopter.

Pour la question des sacristies, la Commission ne croit pas avoir à l'étudier dans ses détails. Elle regrette qu'on leur donne trop d'extension. Aujourd'hui l'édifice est masqué par des constructions parasites assurément fort laides. On en propose d'autres en harmonie avec l'église, mais qu'elles ont encore l'inconvénient de cacher. Pourquoi deux sacristies, comme dans une cathédrale ? Pourquoi des cours, des salles de catéchisme ?

Il y a beaucoup d'églises, même à Paris, où l'on enseigne le catéchisme dans une chapelle ou même dans la nef. Sur ce 80/15/009/129 point, la Commission pense n'avoir à exprimer qu'un voeu général c'est de demander qu'au moment où des élargissements de voies publiques et même de percements nouveaux viennent démontrer l'impérieuse nécessité de dégager l'église de Boulogne, on ne vienne pas par des constructions accessoires trop importantes la masquer de nouveau.

Elle croit donc devoir insister pour qu'on ne sacrifie pas l'église à ses dépendances et qu'on réduise les proportions de ses bâtiments de service au juste nécessaire.

La Commission est tellement frappée de la nécessité de mettre en vue le monument que malgré le désir qu'elle aurait de conserver les parties anciennes, elle croit devoir demander la démolition de la salle du XIVe siècle dans laquelle est la sacristie actuelle, qui engage le chevet d'une manière fâcheuse. Elle propose donc de reculer l'entrée de la sacristie d'une travée et de la reporter à la petite travée suivante. Elle pense en conséquence que la meilleure combinaison pour cette partie de l'édifice serait celle dans laquelle l'architecte propose d'accéder à une sacristie parallèle au choeur de l'église par un couloir ouvrant sur cette petite travée et supprimant toutefois tout le premier étage dont l'architecte avait cru devoir surélever ce bâtiment.

La Commission approuve toutes les autres dispositions du projet de l'architecte.

La Commission a la certitude que la conservation des transepts, la suppression de la reconstruction du petit porche, la sobriété dans la construction des services de l'église produiront une diminution assez importante dans le devis pour que les sommes votées par la Commune suffisent à couvrir les travaux vraiment utiles et nécessaires. Elle demande en conséquence au ministre de donner son approbation aux diverses propositions auxquelles elle a cru devoir s'arrêter. 80/15/009/130

16 avril 1860
Présents : MM. Mérimée, du Sommerard, de Longpérier, Paul Lacroix, Caristie, de Laborde, Courmont.
Église Notre-Dame-du-Rouet à Marseille (Bouches-du-Rhône)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. Méry, correspondant du ministère d'État, au sujet d'une église Notre-Dame du Rouet à Marseille qui, par suite de projet de percements nouveaux, serait sur le point d'être détruite.

La Commission est d'avis que le rapport indique un monument assez intéressant pour qu'on doive faire des tentatives pour le sauver. En conséquence, elle pense qu'il y aurait lieu de demander au préfet des renseignements sur les projets qui menacent le monument.

Fouilles de Mandeure (Doubs)

M. Mérimée, rapporteur, fait l'analyse d'un rapport intéressant adressé par la Société d'émulation de Montbéliard sur les fouilles exécutées à Mandeure et sur l'intérêt que pourraient présenter de nouvelles recherches. Le rapporteur est d'avis qu'il faut remercier la Société de l'envoi de son travail, mais il croit que dans l'état des fonds des Monuments historiques tous les travaux de fouilles doivent être ajournés.

Conclusions adoptées.

Travaux de sculpture des églises de Bois-Sainte-Marie, de Châteauneuf et de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle à la Commission que, dans les travaux de restauration des églises de Bois-Sainte-Marie, de Châteauneuf et de Paray-le-Monial, on a laissé de côté les travaux de sculpture faute d'artistes dans le pays et pour éviter des frais de voyage assez importants de la part du sculpteur résidant à Paris, les seuls qui pourraient être chargés de la façon de ces travaux [sic]. Les chiffres de ces ouvrages étant assez faibles pour chacun des édifices, il était avantageux de les réunir dans une seule entreprise.

M. Millet vient de rédiger le devis de cette opération ; pour Châteauneuf, il s'élève à 4 539 Francs 15, pour Bois-Sainte-Marie à 2691 Francs 15 et pour Paray-le-Monial à 3 997 Francs.

M. Mérimée est d'avis de proposer au ministre d'allouer sur le crédit de 1860 la somme de 10 627 Francs 30 nécessaire à l'exécution de cette triple entreprise qui complète la restauration de trois édifices également intéressants, faite presque entièrement au moyen des allocations accordées sur le fonds des Monuments historiques.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/009/131

Église de Berthaucourt-les-Dames (Somme)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'il y a lieu d'envoyer M. Verdier, architecte, à Berthaucourt-les-Dames pour y rédiger un rapport et un devis des travaux que peut réclamer la restauration de cet édifice.

Église de Baume-les-Messieurs (Jura)

M. Mérimée, rapporteur, expose la situation de l'église de Baume-les-Messieurs. L'église est intéressante, mais la Commune n'a pas grande ressource. Sur un devis de 24 000 Francs environ, elle offre de donner 4 800 Francs.

Le rapporteur pense qu'il serait possible d'obtenir quelque chose du département et du ministère des Cultes. Il pense qu'il y aurait lieu de faire offre d'une allocation conditionnelle de 10 000 Francs et que le reste de la dépense devra être payée par le département et le ministère des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Hennebont (Morbihan)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le nouveau devis produit par l'architecte de l'église d'Hennebont d'après l'ordre que lui en a donné le ministre, s'élève à 72 628 Francs 90 savoir :

Pour les travaux urgents 38 282 Francs 77

et pour la 2° partie à 34 347 Francs 13.

Avant d'accorder cette somme, le rapporteur croit qu'il est nécessaire de faire un nouvel effort auprès de la Commune pour l'obliger à contribuer à la dépense selon ses ressources, en lui offrant par exemple une allocation conditionnelle de 25 000 Francs.

La Commission partage cet avis.

Cloîtres de l'église de Condom (Gers)

M. Courmont, rapporteur.

Sur le rapport de M. le secrétaire, M. Courmont la Commission rejette la demande adressée par M. le préfet du Gers dans l'intérêt des cloîtres de l'église de Condom, cette affaire intéressant beaucoup plus la Commune que l'État, doit être laissée entièrement à la charge de la Ville de Condom.

Église de Marmoutier (Bas-Rhin)

M. Courmont, rapporteur, expose qu'en 1857 une somme de 1 600 Francs a été accordée à la Commune de Marmoutier pour acquérir trois maisons qui obstruaient les abords de l'église. Des difficultés se sont présentées lors de l'acquisition ; les estimations remontant à 1847 se sont trouvées trop faibles au moment de traiter, les maisons ayant changé de mains dans l'intervalle. On en a demandé 2 440 Francs. Le préfet s'étant engagé à les payer, les maisons ont été évacuées par leurs propriétaires qui ont dû se pourvoir d'autres habitations qu'il n'ont pu payer, n'ayant 80/15/009/132 pas été complètement indemnisés eux-mêmes. Par ces motifs, le préfet demande une augmentation de subvention de 860 Francs.

Le rapporteur est d'avis d'accorder la somme demandée.

La Commission partage cette opinion.

Église de Veauce (Allier)

Une demande de classement est adressée au ministre d'État en faveur de l'église de Veauce.

Le rapporteur, M. Courmont, ne croit pas que cette demande rencontre de l'opposition, car le monument est intéressant et c'est à tort qu'il n'a pas été compris dans la liste des Monuments de l'Allier. Sur la demande de subvention qui est jointe à la première, elle n'est pas aussi facile à justifier. Les travaux qu'elle a pour objet sont plutôt des dépenses d'entretien que de véritable restauration. La somme est d'ailleurs minime et n'est pas au-dessus des ressources d'une Commune qui a, par administration, une personne en état de l'aider puissamment.

La demande de classement est adoptée et il n'est proposé aucune allocation par la Commission.

Tombeau de Lanuéjols (Lozère)

Il résulte d'un rapport de M Révoil qu'il serait nécessaire pour assurer la conservation du tombeau de Lanuéjols de transporter au bord du torrent, dont les eaux menacent sans cesse le monument romain, les 1 600 mètres environ de terre qui entourent l'édifice et les placer en quelque sorte au fond d'une cavité, de cette façon on pourrait découvrir à distance le monument entier ; on construirait ensuite un mur au bord du torrent pour maintenir les terres transportées. Le monument n'aurait besoin que de quelques réparations. L'ensemble de la dépense est évaluée par M. Révoil à 2 500 Francs.

Le rapporteur, M. Courmont, est d'avis de proposer au ministre l'allocation de cette somme.

Église de Bazouges-sur-le-Loir (Sarthe)

L'église de Bazouges comporte une voûte en bardeaux décorée de peintures. Quelques parties de ces peintures menacent de disparaître par suite de la vétusté des bois. M. de la Bouillerie, maire de Bazouges, appelle l'attention du ministre sur ce monument.

Le rapporteur, M. Courmont, est d'avis de charger M. Lambert de visiter cet édifice et de faire un devis de la dépense nécessaire. M. Lambert a fait en Bretagne une opération semblable à celle que réclame l'église de Bazouges. 80/15/009/133

Ces conclusions sont adoptées.

Collection Forgeais au Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. M. du Sommerard, rapporteur, donne lecture de son rapport sur la collection proposée au ministre par M. Forgeais. Cette collection qui comprend 3 300 pièces se rattachant aux confréries religieuses, aux méreaux des églises, aux corporations, à l'imagerie populaire, est d'un haut intérêt. Mais le prix qu'en demande M. Forgeais est fort exagéré. L'opinion de plusieurs personnes compétentes qui l'ont visitée est que cette collection ne vaut pas plus que 6 000 Francs et M. Forgeais en demande 25 000 Francs.

La Commission est d'avis d'écrire à M. Forgeais pour lui faire savoir que le prix qu'il a indiqué à M. du Sommerard a semblé à la Commission supérieur à la valeur des objets réunis, et l'inviter à instruire le ministre du prix auquel il consentirait en dernier lieu à céder sa collection. 80/15/009/134

26 juin 1860
Présents : MM. Labrouste, Caristie, Mérimée, Questel, de Longpérier, du Sommerard, Courmont.
Église de Kermaria à Plouha (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission des découvertes de peinture du XVe siècle faites récemment dans l'église de Kermaria. Il met sous ses yeux les copies que M. Denuelle vient de préparer d'après la Danse des morts, retrouvée sous le badigeon, et fait remarquer tout l'intérêt que présente cette décoration.

M. Mérimée soumet ensuite à la Commission une demande adressée par M. Geslin de Bourgogne, appuyée d'un devis, pour obtenir du gouvernement une subvention de 8 629 Francs 17 qui permette de mettre l'église en bonne situation, de façon à pouvoir assurer la conservation des peintures.

Le rapporteur fait observer que ce devis n'est pas signé, ne semble pas avoir été rédigé par un architecte, et demande qu'un des architectes attachés au service de la Commission soit chargé de refaire ce travail.

La Commission partage cette opinion et est d'avis de charger M. Lambert de cette mission.

Porte de la Citadelle ou tour de l'Horloge à Parthenay (Deux-Sèvres)

La Société des antiquaires de l'Ouest fait connaître au ministre d'État un projet qui tendrait à faire disparaître un monument historique auquel la Ville de Parthenay paraît attacher un grand prix, c'est la tour de l'Horloge ou Porte de l'ancienne cathédrale de cette ville. M. Segrétain, architecte attaché au service des Monuments historiques, écrit également au ministre pour lui faire connaître les mêmes projets et donne sur le monument menacé de destruction des renseignements qui établissent tout le mérite qui le distingue.

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis d'écrire au préfet des Deux-Sèvres, pour savoir au juste quels projets menacent la tour de l'Horloge, et pour l'engager à s'opposer à sa destruction si la Ville voulait la démolir.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire)

Le préfet d'Indre-et-Loire transmet au ministre d'État un devis de restauration de l'église de Beaulieu, en faisant connaître que la Commune comme la Fabrique se trouvant dans l'impossibilité de pourvoir à la dépense ou même d'y contribuer, il ne peut que recommander vivement ce monument à la bienveillance de l'administration. Le devis est de 16 050 Francs et il est impossible d'exonérer la Commune de l'obligation qu'elle a de réparer son église.

Le rapporteur, M. Mérimée, rappelle à la Commission qu'une seule partie de l'église de Beaulieu mérite l'attention du service des Monuments historiques : c'est la tour romane qui y est jointe, quant à la partie de l'église ou, pour mieux parler, l'église elle-même, pour laquelle on demande des réparations, elle n'a que fort peu d'intérêt, et il est impossible d'accorder une subvention à cet édifice lorsque l'administration est obligée faute de fonds de refuser des demandes bien mieux justifiées au point de vue de l'art.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/009/135

Église de Murbach (Haut-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un travail que M. [Émile] Boeswillwald a préparé pour la restauration de l'église de l'abbaye de Murbach.

Le rapporteur fait remarquer quel intérêt s'attache à la conservation de cet édifice, reste d'une des plus belles abbayes romanes que possédait l'Alsace. Le devis s'élève à 30 965 Francs 22 et la Commune, qui est loin d'être sans ressources, n'offre qu'une somme de 6 000 Francs pour la part contributive à la dépense.

Le rapporteur est d'avis de demander au ministre de vouloir bien accorder une somme de 15 500 Francs à la condition que la Commune fournira une somme égale.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Tracy-le-Val (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission un travail de M. Verdier sur la restauration de l'église de Tracy-le-Val. Le monument présente un très grand intérêt. La Commune fournit 6 700 Francs sur un devis de 20 930 Francs.

Le rapporteur propose d'allouer 10 000 Francs en laissant le reste de la dépense à la charge de la Commune.

Ces conclusions sont approuvées.

Peintures de l'église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne)

Sous prétexte de restaurer les peintures de la voûte de l'église de Notre-Dame de Poitiers, la Fabrique avait l'intention de faire calquer ces peintures, puis, reportant ce calque sur un nouvel enduit, de faire revivre (c'est ainsi qu'elle s'exprimait) cette décoration.

Le rapporteur a dissuadé le curé de ce projet et l'a invité à voir M. Denuelle qui, comme lui, a été d'avis de faire sur ces peintures un essai du procédé employé au Puy. Le curé, craignant, s'il faisait de sa propre autorité usage de cet expédient, de se trouver en désaccord avec sa Fabrique et les membres de la Société des antiquaires de l'Ouest, demande que l'on soumette ses propositions à la Commission.

Le rapporteur, M. Courmont, espère que la Commission partagera son opinion et qu'elle n'autorisera pas la Fabrique de Notre-Dame à détruire la seule partie ancienne des décorations de cette église pour y substituer au pastiche plus ou moins dans le sentiment des peintures anciennes.

Église de Châteauneuf-sur-Charente (Charente)

M. Courmont rapporteur.

En 1847, M. Mérimée pensait que la Commission devait se borner à la restauration du portail de l'église de Châteauneuf, le reste de l'église lui paraissant n'offrir qu'un intérêt secondaire et regarder plus spécialement le ministère des Cultes. Aussi le premier crédit de 9 000 Francs accordé sur 1848 et 1849 n'avait-il que cette restauration en vue. Celui de 2 235 Francs, accordé en 1850, avait le même but. Malgré le refus exprimé par M. le ministre de prendre part à la restauration du restant de l'édifice, la Commune fit en 1856 de nouvelles instances, produisant un devis de 30 348 Francs. L'administration ayant pu s'assurer que ce devis avait pour objet la restauration des murs latéraux et de la couverture de la nef, partie intéressante de l'église, le ministre consentit à accorder 15 000 Francs 80/15/009/136 prenant en considération les sacrifices faits par la Commune qui contribuait à la dépense pour 15 000 Francs. La Ville de Châteauneuf, habituée par la facilité qu'a montrée l'administration à compter sur son appui, fait encore appel à la bienveillance en adressant au ministre un devis de 26 555 Francs. Comme les travaux projetés ne concernent que le choeur et les transepts, parties qui n'offrent aucun intérêt, et surtout la couverture de ces parties, dont la mauvaise situation tient au défaut d'entretien, le rapporteur propose de laisser cette dépense à la charge de la Commune que le gouvernement a suffisamment aidée en lui donnant 26 235 Francs pour la partie qui le méritait au point de vue de l'art.

Église Saint-Victor de Marseille (Bouches-du-Rhône)

La dépense de restauration de l'église Saint-Victor de Marseille est de 112 980 Francs. L'année dernière la Ville de Marseille offrait pour son concours 35 000 Francs et demandait au gouvernement de fournir le reste de la somme nécessaire. Aujourd'hui le maire de Marseille offre de donner 46 490 Francs et de faire donner par la Fabrique 20 000 Francs, ce qui fait un concours de 66 490 Francs c'est-à-dire 10 000 Francs de plus que la ½.

Le rapporteur, M. Courmont, serait d'avis, vu le sacrifice que consent à s'imposer la Ville de Marseille, de proposer au ministre d'accorder en deux exercices la somme de 46 490 Francs nécessaire pour compléter le montant de la dépense.

La Commission ne partage pas l'avis du rapporteur. Le ministre a demandé à la Ville de Marseille de fournir les 2/3 de la somme nécessaire soit 75 320 Francs. Il y a lieu de tenir à ces propositions et d'inviter la Ville à voter les 8 830 Francs qui manquent encore au chiffre de son concours.

Cloître de Buisson-de-Cadouin (Dordogne)

M. Courmont, rapporteur.

Le travail que M. Abadie propose d'exécuter à la galerie ouest du cloître de Cadouin est plutôt une reconstruction qu'une restauration.

On ne comprend pas bien par quel motif M. Abadie a modifié si complètement sa manière de voir sur Cadouin, car, en 1850, il disait dans son premier rapport sur cet édifice, ce qu'il faut faire à ce monument, c'est le conserver et le préserver de la ruine, pour cela il faudra relever les 4 piliers des angles et refaire la couverture en mauvais état, l'une de ces causes premières de tout le dommage qu'il a subi. Ce que M. Abadie recommandait alors, et ce pourquoi il avait fourni un devis de 4 900 Francs, a été fait.

Comment, aujourd'hui, faut-il reconstruire une travée entière comme cette travée ouest qui date de la Renaissance et la moins précieuse de toutes, puisqu'elle est dépourvue d'ornements et d'une architecture très médiocre pour cette époque, ainsi que le mentionne M. Catoire dans son premier rapport sur cet édifice ? Le rapporteur croit que c'est le cas de laisser au département le soin de pourvoir à cette dépense, d'autant mieux que c'est sa propriété.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Église Notre-Dame d'Avesnières à Laval (Mayenne)

Le secrétaire, M. Courmont, fait connaître qu'en août 1859 il a visité l'église d'Avesnières. Au moment où il s'y trouvait un, M. Renoux, architecte, commissionné par le maire, faisait exécuter avec des fonds, provenant de dons, des travaux tout à fait blâmables. Ainsi on détruisait une très belle clôture du choeur du temps et aux chiffres de Henri II. On peignait les voûtes du choeur en bleu de roi. Au-dessus de l'archivolte du fonds du choeur on plaçait un monument en plâtre affectant la forme d'amas de nuages au milieu desquels devait être placée une statue de la Vierge, enfin de toutes parts on s'appliquait à mutiler le monument dont M. Lambert avait fait une consolidation très bien entendue. La Commune qui, dans son oeuvre de soi-disant restauration, a été plus loin que ses ressources, voudrait faire payer à l'État une partie de ses méfaits.

Le rapporteur croit que ce serait l'occasion de lui transmettre l'expression du mécontentement du ministre :

1° de ce qu'on a substitué à un architecte ayant la confiance de l'administration, un artiste qu'elle ne connaît pas,

2° de ce qu'on a détruit une balustrade qu'on eût dû à tout prix conserver, parce qu'elle était l'expression d'un souvenir historique. En résumé de ce que sans consulter la Commission on a fait dans l'église des décorations blâmables à tous les titres.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Salvy d'Albi (Tarn)

M. Courmont, rapporteur.

En 1846, sur l'avis de la Commission, le ministre de l'Intérieur s'était engagé à contribuer à l'isolement de l'église Saint-Salvy pour une somme de 40 000 Francs à la condition que l'opération commencerait par le dégagement de la face occidentale et en outre que la Ville ferait à ses frais tout le reste du dégagement de l'édifice.

En 1847 au moyen de fonds affectés aux Ateliers de charité et aussi de ressources provenant d'un emprunt contracté par la Commune, la Ville d'Albi travailla à l'isolement sur les faces nord et est et aucunement du côté dont le ministre de l'Intérieur avait demandé le dégagement, dans le but évident de rectifier et d'élargir la rue Mariès, beaucoup plus que de dégager véritablement l'édifice.

Aussi la Commission, invitée à statuer sur la nouvelle demande qui lui était faite de donner les 40 000 Francs promis conditionnellement, répondait qu'elle maintenait sa première décision, en ce qui concernait la destination à donner aux 40 000 Francs ; que, quant à l'isolement des autres faces de l'église, il était utile ; mais qu'elle ne croyait pas qu'il y eût lieu d'y contribuer par une subvention prise sur le fonds des Monuments historiques.

En 1858, le préfet, rappelant la promesse des 40 000 Francs, annonce que la Ville d'Albi a dépensé 18 000 Francs pour l'isolement de l'église et qu'il reste encore à acheter pour 8 345 Francs de maisons pour dégager la sacristie. A cette demande le ministre répondait en rappelant les conditions mises à l'allocation des 40 000 Francs conditions auxquelles la Ville n'a jamais voulu se soumettre.

La demande actuelle fait connaître des faits nouveaux et donne la preuve que la Commission ne s'était pas trompée quand elle disait que les efforts de la Ville d'Albi n'avaient eu pour objet que la rectification de la rue Mariès.

En effet que fait connaître la demande de la Fabrique ? Que l'autorisation a été concédée à des entrepreneurs d'établir et d'adosser des magasins le long de l'église, du clocher et de la sacristie ; ce n'est donc pas un dégagement, mais une spéculation que la Ville d'Albi a faite ; elle a bien dégagé d'abord, 80/15/009/138 mais pour concéder les terrains à des constructeurs.

Et aujourd'hui, on réclame avec instance une part des 40 000 Francs promis pour racheter les constructions dont la Ville a consenti l'élévation. On ne comprend pas comment la préfecture du Tarn peut défendre et appuyer une semblable demande et le rapporteur croit qu'on ne peut répondre à cette proposition que par un blâme, de la manière dont la Ville d'Albi s'est appliquée depuis le commencement de ses instances à ne tenir aucun compte des avis donnés par l'administration centrale et de l'opération fâcheuse qu'elle vient de poursuivre en dernier lieu. En prévenant le préfet que, tant que la Ville d'Albi ne répondra pas mieux aux désirs de l'administration, elle ne pourra espérer aucun concours pour la restauration de l'église Saint-Salvy.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Magny-les-Hameaux (Seine-et-Oise)

Le devis transmis à l'appui de la demande de relèvement des tombes de Port-Royal, dans l'église de Magny-les-Hameaux, paraît fort exagéré. Il comprend des dépenses dont on ne voit pas la nécessité.

Le rapporteur, M. Courmont, croit l'opération bonne à faire, mais il voudrait qu'on l'exécutât à moins de frais, il propose de charger M. Lambert de visiter le monument et de faire un devis.

Ces conclusions sont approuvées.