École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de Chartres » Tome premier » 1048, 17 avril

« Henrici, regis Francorum, de Uno-Gradu. »

  • A Original en parchemin. Arch. dép. Eure-et-Loir, RES 9 (ancienne cote : fonds du Chapitre, carton XXXIII ter, 2).
  • B Copie sur papier. Arch. nat., 13/K, 177.
  • C Bibl. nat. de France., carton 28, p. 35; et carton 28 bis, fol. 14v°.
  • a Gallia christ., tome VIII, Instr., col. 300.
  • b Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, Chartres, 1862.
D'après b.

« In nomine sancte et individuę Trinitatis, Patris videlicet, et Filii et Spiritus Sancti, ego Heinricus, Francorum rex, Dei gratia. Si erga cultum Sanctorum et utilitatem ecclesiarum antiquorum institutio nos voluit esse devotos, quanto magis erga singularem memoriam nostrę Salvationis, videlicet Dei genitricis, quam post Deum credimus et confidimus non solum nostrę salutis amminisculum, sed etiam plenum effectum. Unde, pro adquisitione æternę felicitatis admodum sollicitus, circumspexi si circa me aliquid haberem quod ejus famulatui et promerendę gratię impendere possem. Et hoc mihi aliquantisper cogitanti, ad memoriam rediit canonicorum Carnotensis ecclesię, quam sepius inculcaverant, petitio, per quam, a diversis exhibitionibus et exactione illa quę vulgari nomine vicaria vocatur, illum fiscum cui Uni-Gradus vocabulum est liberum et quietum deinceps esse concederem1. Ego vero petitionis ipsorum exaggerando cumulum, universa concedo quęcumque quelibet terra prefati fisci mihi meisque hactenus persolvere consueverat, quatenus in eo habitantes tutius vivere, et idcirco quęcumque ab eis usibus canonicorum debentur plenius valeant reddere, exceptis quatuor sextariis vini de unoquoque arpenno, quos michi advocationis gratia retinui, quatinus si in posterum quis ei fisco injuriam inferre temptaverit, rege auxiliante superno, me advocatum sibi sentiat esse infestum. Et ut nostrę liberalitatis munificentia omnibus sancte matris ecclesię fidelibus et nostris esset nota, summo studio et diligentia precipimus exarari et sigilli nostri impressione signari, quatinus quod manu propria signo crucis impresso statuimus esse ratum, per curricula succedentium temporum maneat inconvulsum. Et si quis hujus conventionis esse temptaverit violator, quod absit, iram Dei incurrat, atque nostra nostrorumque auctoritate convictus abscedat, et pro illicita presumptione auri libras centum regali fisco persolvat.

Actum publice Parisius, .

Signum Teoderici, Carnotensis episcopi3. Signum Isenbardi, Aurelianensis episcopi4. Signum Vualterii, Meldensis episcopi5. Signum Frotlandi, Silvanectensis episcopi6. Signum Vuiscelini, capellani. Signum Richardi, diaconi et capellani. Signum Gausfridi, Sancti-Aniani subdecani. Signum Adelardi Laudunensis. Signum Burchardi, clerici. Signum Tetboldi, palacii comitis7. Signum Ivonis, comitis8. Signum Ingelranni, comitis. Signum Rodulfi, comitis9. Signum Ragenaldi, camerarii10. Signum Gilduini, vicecomitis11. Signum Hugonis Bardulfi12. Signum Evrardi, filii Gelduini13. Signum Bernardi, sinescalci14. Signum Vualterii, constabularii15. Signum Nivelonis16. Signum Gauslini Casati Carnotensis. Signum Rotberti de Sancto-Leodegario. Signum Vualterii de Friasia17. Signum Vuarini, militis Carnotensis. Signum Gaufridi, militis Carnotensis. Signum Hugonis, militis. Signum Arnulfi, Carnotensis precentoris. Signum Ageverti, Carnotensis succentoris18. Signum Hugonis, prepositi. Signum Huberti, presbiteri. Signum Vualterii, prepositi. Signum Odonis, canonici. Signum Gencelmi, presbiteri et canonici.

(Hic est locus monogrammatis et crucis).

Ego Balduinus, cancellarius regis, subscripsi. »


2 Voir nº VH.
3 L'année 1048 a bien le chiffre I pour indiction ; mais Henri Ier, n'étant monté sur le trône que le 20 juillet 1031, le 17 avril de la dix-huitième année de son règne ne correspondrait qu'au 17 avril 1049. Malgré cette contradiction, nous avons conservé la date 1048, supposant, ou qu'il y avait erreur dans l'indication de l'année du règne, ou que le chancelier faisait partir les années d'Henri d'une époque qui nous est aujourd'hui inconnue.
4 Suivant le Gallia christiana, Thierry, évêque de Chartres, serait mort le 16 avril 1048. On voit qu'il y a erreur de la part des savants Bénédictins, au moins quant à la date du mois.
5 Isembard de Broyes, évêque d'Orléans, de 1033 à 1063. D'après Doyen (Histoire de Chartres, t. II, p. 284), c'est à ce prélat que la ville de Nogent-le-Roi aurait dû son surnom d'Erambert ou le Rambert par corruption. Nous croyons plutôt que ce surnom lui vint d'une famille Erembert qui l'habitait au XIIe siècle. (Voir Hist. de l'abb. de Coulombs, par M. Luc. Merlet, Chartres, Garnier, 1861.)
6 Gautier Savoir, évêque de Meaux, de 1045 environ à 1082.
7 Frolland I, évêque de Senlis, de 1043 à 1053 environ.
8 Thibault III, comte de Chartres-Blois et de Champagne, second fils du comte Eudes II (1037-1089).
9 Yves Ier, comte de Beaumont-sur-Oise, mari de Gisèle, sœur de Miles de Chevreuse (1022-1050). Ce seigneur avait été mêlé à plusieurs affaires intéressant le comte de Chartres et le pays Chartrain. (Guérard, Cart. de N.-D. de Paris, t. I, p. 325. — Du Chesne, Hist. de la maison de Montmorency, pr., p. 15. — P. Anselme, Hist. généal. de la maison de France, t. VIII, p. 396. — Douet-d'Arcq, Recherches hist. et crit. sur les anciens comtes de Beaumont-sur-Oise, p. lxiv.)
10 Raoul II de Crépy, un des plus puissants seigneurs de son temps, qui devint comte de Vexin, de Valois, de Mantes, de Crépy, d'Amiens, de Péronne, de Montdidier, etc., et mourut en 1074. Adèle, fille de ce seigneur, avait épousé Thibault III, comte de Chartres.
11 La séance du chambrier Renaud, que Mabillon et du Cange fixent à 1052 ou même à 1060, remonte, comme on le voit, à 1048.
12 Gilduin, vicomte de Chartres (vers 1020-1050), figure dans la donation du bourg Muret faite à l'abbaye de Saint-Jean par le comte Eudes, vers 1036 (Arch. dep. d'Eure-et-Loir, fonds de l'abb. de Saint-Jean). Il comparaît comme donateur, avec sa femme Emeline, son fils aîné Hardouin, et Elisabeth, femme de ce dernier, dans un titre de Saint-Père, du 26 avril 1046 (Cart. de Saint-Père, p. 161). S'étant fait moine sur ses vieux jours, il donna à Notre-Dame la terre de Sigogne, Ciconiolas, et son obit est inscrit au Nécrologe sous la date du 15 des calendes de janvier.
13 Hugues Bardulphe, seigneur de Nogent-le-Roi, de Broyes et de Pithiviers, est célèbre par le siége qu'il soutint pendant deux ans, contre Henri Ier, dans son château de Pithiviers, à la suite de la révolte du prince Eudes, frère du roi, et de Thibault III, comte de Chartres et de Blois, dont Hugues avait épousé la fille Elisabeth, Hugues Bardulphe, vaincu, fut privé de tous ses honneurs et banni du royaume vers 1044 ; il est probable qu'il rentra en grâce, en même temps que son beau-père, Thibault, en 1048. Il mourut vers la fin de 1059. (Hist. mss. des seigneurs de Nogent-le-Roi, par l'abbé d'Espagnac.)
14 Evrard I, fils de Gilduin, et son successeur dans la vicomté de Chartres (1050-1060).
15 Bernard ne figure pas dans la liste des sénéchaux donnée par le P. Anselme, Moréri, Mabillon, Du Cange et M. de Wailly. D'après ces auteurs, le plus ancien des successeurs des comtes d'Anjou dans cette dignité, serait Guillaume de la Ferté, sénéchal en 1060.
16 Le connétable Gauthier n'est pas non plus porté dans les listes données par les auteurs. D'après eux, le plus ancien connétable connu serait Albéric, qui vivait en 1060.
17 Nivelon de Fréteval, époux d'Ermentrude et fils de Foucher, l'un des fidèles du comte Eudes (v. 1020-1050). Ce seigneur tenait de son père, qui l'avait reçu en bénéfice du comte, le petit monastère de Saint-Lubin-des-Vignes : sollicité par sa femme de donner ce bénéfice à l'abbaye de Saint-Père, il résista jusqu'à la fin de sa vie ; mais, dans ses derniers jours, il prit l'habit de moine et prescrivit, avant de mourir, à ses enfants, de remplir les intentions de leur mère, ce qui fut exécuté par son fils Foucher II, vers 1060 (Cart. de Saint-Père, p. 25 et 96).
18 Gauthier de Friaize est le chef d'une famille illustre du pays chartrain, dont plusieurs membres figurèrent dans les croisades, et qui s'allia au XIIIe siècle avec la maison des vidames de Chartres.
19 Agobert, depuis évêque de Chartres (1049-1060).