École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de Chartres » Tome deuxième » 1252, avril

De hominio-ligio erga Carnotensem episcopum per Vice-dominum Carnotensem.

  • B Bibl. mun. de Chartres, 5/c 34: Livre rouge, p. 13.
  • C Bibl. mun. de Chartres, 5/c 35: Livre blanc, fol. 8 r°.
  • a Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, Chartres, 1862.
D'après a.

« Omnibus presentes litteras inspecturis, Matheus1, vicedominus Carnotensis, miles, salutem in Domino. Noverint universi quod cum ego pluries requisissem reverendum patrem M[atheum], Dei gratia, episcopum Carnotensem, ut me de omni hereditate que ad me, ex morte mee karissime matris, devenerat et poterat devenisse, et movebat de feodo domini episcopi, seisiret et in hominem ligium reciperet, tandem idem dominus episcopus, habita super hoc diligenti deliberatione, me de tota dicta hereditate seisivit et de ea me in suum hominem ligium recepit, salvo omni jure ejus et ejus successorum, salvo etiam jure nobilis viri Guillelmi, fratris mei primogeniti, militis2, si vivat, et salvo etiam omni alieno jure. Et ego, antequam dominus episcopus, me reciperet in hominem suum, tactis sacrosanctis euvangeliis, juravi coram ipso episcopo quod ego dicto fratri meo, si contingeret redire de partibus transmarinis, fructus et proventus quos contingerit me, medio tempore, percipere et levare de dicta hereditate pro parte dicti fratris mei, restituam dicto fratri meo, deductis tamen legitimis expensis pro dicta hereditate custodienda et debitis que contigerit me solvere pro dicto Guillelmo, que probare potero me solvisse. De quibus omnibus et singulis a me tenendis et observandis Adam, dominus de Galardone3, Johannes de Leugis4, Guillelmus de Foilleto5, Guido de Ruppeforti6, Philippus de Vova, Hemericus, dictus Chenart7, Johannes de Bellovillari, Petrus dictus Dyoviller, Johannes de Augerivillari, Symon de Houvilla et Hemericus de Mesleio, milites, et Philippus, frater meus, armiger, se fide sua fidejussores, pro me, ad meam requisitionem, erga dominum episcopum constituerunt ; ita scilicet quod si contigerit me venire seu attemptare venire per me vel per alium contra premissa vel aliquid de premissis, dicti fidejussores, per se vel per unum militem, unusquisque eorum tenebunt infra quindecim dies, postquam super hoc a domino episcopo vel ejus mandato seu ejus successore fuerint requisiti, prisionem Carnotensem donec contigerit me premissa adimplere, prout superius sunt expressa. Quos fidejussores ego per fidem meam promitto liberare a dicta fidejussione, et eos quantum ad hoc pertinet servare indempnes. In cujus rei testimonium et munimen, ego dedi dicto domino episcopo presentes litteras sigillo meo8 sigillatas. Datum . »


1 Le nom du vidame Mathieu se rencontre dans plusieurs actes du temps, et entre autres dans plusieurs pièces relatives à des contestations avec le Chapitre pour la fermeture du cloître. Il fit élection de sépulture dans le couvent de Saint-Jean-en-Vallée, aux termes de son testament daté du jeudi après la Saint-Jean 1263 (Arch. dep. d'Eure-et-Loir, fonds de l'abbaye de Saint-Jean).

2 Guillaume et Mathieu, fils de Geoffroy de Meslay, étaient devenus vidames de Chartres du fait de leur mère Hélissende de Tachainville. Guillaume, l'aîné de ces deux frères, a acquis une certaine célébrité par ses Saluts d'amour, attribués faussement à Guillaume de Ferrières, par MM. P. Paris et L. Lacour. (France littéraire, t. XXIII. — Chansons et Saluts d'amour de Guillaume de Ferrières). Il ne périt point dans la croisade qu'il avait faite à la suite de saint Louis, mais il revint à Chartres, où il passa un accord avec son frère pour le partage du vidamé et où il composa sa jolie chanson :

Combien que j'aie demouré,

Et maint grant travail enduré

En terre maleurée,

Pour ce n'ai-je pas oublié

Le doux mal qui si m'agrée,

Dont jà n'en quier avoir santé,

S'en France ne m'est trouvée.

Voir l'opuscule publié par nous sur ce sujet et intitulé : Guillaume de Meslay, auteur des Chansons et Saluts d'amour, connus sous le nom du Vidame de Chartres. Chartres, Garnier, 1858.

3 Adam de Gallardon, fils d'Hervé IV et d'Alix de Châteaudun. Consulter, sur ce seigneur, l'étude de M. L. Merlet insérée dans le t. II des Mémoires de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir, p. 297 et suiv.
4 Jean de Lèves, fils aîné de Thomas de Bruyères, seigneur de Lèves. (Arch. dep. d'Eure-et-Loir, Titre de Josaphat de 1248).
5 Guillaume de Feuillet, chevalier, figure dans un titre de l'abbaye de Saint-Cheron, de 1226 (Arch. dep. d'Eure-et-Loir).
6 Le nom de ce chevalier se trouve dans deux titres de l'abbaye des Vaux-de-Cernay, l'un de mars 1260, l'autre d'août 1275 (Cart. des Vaux-de-Cernay, t. I, p. 560 et 729).
7 Aimery Chenard ou Canard, de la famille des seigneurs de Louville, dont plusieurs portèrent le même prénom. Cette famille, puissante au XIIe siècle, fit de nombreuses libéralités aux abbayes de Saint-Père et de Saint-Jean. Eudes Chenard, frère d'Aimery, Ier du nom, fut abbé de Saint-Père, de 1130 à 1150.
8 Le sceau de Mathieu de Meslay, tel qu'il existe aux Archives d'Eure-et-Loir joint à une charte de 1291, était : de... à deux bandes de... à l'orle de huit merlettes, et portait pour légende : + s. m............ noten. militis. Un des manuscrits anciens des Chansons d'amour du vidame de Chartres porte à son frontispice un écu d'or, à la bordure de sable, à l'orle de huit merlettes de même, qui sont certainement les armes de Guillaume de Meslay.