École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de la Roche » Chartularium Abbatiæ Beatæ Mariæ de Roscha » De quadam carrucata terre a mareschallo data.

De quadam carrucata terre a mareschallo2 data.

  • B Bib. nat. de Fr., ms. lat. 10996, cartulaire.
  • a Gallia christiana, 1ere édition, t. IV, p. 791, et 2e édition, t. VII, Instrum., cap. XCVII, col. 77.
  • b Dubois, Hist. eccl. Paris., t. II, p. 386.
  • c Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche, éd. Auguste Moutié, Paris, 1862.
D'après c.

In nomine Domini, amen. Ego Mauricius, Dei gracia Parisiensis episcopus, universitati presencium ac futurorum hujus pagine attestatione notificare curamus quod dominus Guido de Levies, pia et honesta consideratione ductus, ad edificandam quandam novellam plantationem, amore Dei et remedio anime sue et animarum parentum predecessorum suorum (sic), fratribus ibi Deo servituris in perpetuam elemosinam donavit unam carrucam de terra quam emit des Fers Dasnois3, et de decima duas partes quas ab hiisdem emit, et unam partem nemoris quantum semita dividit versus terram datam ; hanc elemosinam in manu nostra resignatam benigne tribuit. Sciendum autem quod de hac elemosina investivimus Guidonem, quondam presbiterum de Meencort4 , pro se et pro aliis ibi Deo se reddituris. Actum apud Sanctum Victorem, astantibus Petro, precentore Parisiensi ; Nicholao, presbitero ; Philippo, canonico ; Haimerico, capellano nostro ; Enardo, presbitero de Balneolis5 ; fratre Stephano de Monte-Fermeolo6 ; incarnationis dominice .


1 Cette charte a été imprimée dans la première et dans la deuxième édition du Gallia christiana, t. IV, p. 791, et t. VII, Instrum., cap. xcvii, col. 77 ; et par Dubois, Hist. eccl. Paris., t. II, p. 386.
2 C'est par anticipation que l'auteur du Cartulaire donne ici le titre de maréchal à Gui de Lévis, premier du nom, qui ne fut nommé qu'en 1208 maréchal de l'armée de Simon de Montfort, lors des premières expéditions contre les Albigeois. Ce fut de là que le titre de maréchal d'Albigeois ou de maréchal de la foi se perpétua dans la famille de Lévis. — Voir plus loin, dans nos Notes historiques sur la famille et les seigneurs de Lévis, l'article de Gui Ier.
3 Au lieu de ces mots quam emit des Fers d'Asnois, on lit dans les deux éditions du Gallia christiana et dans l'Hist. eccl. Paris, de Dubois : Quam emit dominus Ferricus de Alveio, leçon que l'abbé Lebœuf a copiée (Hist. du dioc. de Paris, t. VIII, p. 40) en proposant de lire Alneio à la place d'Alveio, et en accusant d'ailleurs ce passage de manquer de sens. La phrase qui suit dans le manuscrit et dans les imprimés, et qui est ainsi conçue : et de decima duas partes quas ab hiisdem emit, indique en effet qu'il y avait plusieurs vendeurs et non pas un seul, lequel se serait appelé Ferricus. M. Guérard, auquel nous empruntons ces lignes, dit : « Il convient donc de conserver la leçon du manuscrit dans laquelle les mots des fers d'Asnois doivent sans doute s'entendre des frères ou religieux du prieuré de Saint-Paul-les-Aunois, fondé au plus tard au douzième siècle dans la paroisse de Saint-Remi, près Chevreuse, non loin du lieu où fut bâtie dans la suite l'abbaye de la Roche. « — Une charte originale, donnée à Paris en 1159 dans la cour et en présence du roi et de ses ministres, charte conservée aux archives de Seine-et-Oise et imprimée dans notre Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame des Vaux de Cernay, t. I, p. 22, est heureusement venue dissiper cette prétendue obscurité et confirmer, en cet endroit du moins, la pureté du texte du manuscrit. On y voit, en effet, que Garinus Ferrum Asini, du consentement d'Aalice, sa femme, de ses fils et de ses filles, approuve et confirme, comme seigneur féodal, la donation que Thomas Gorchardus vient de faire à l'abbaye des Vaux de Cernay de sa terre de Campo-Roberto. Au nombre des témoins de la donation figurent ce même Garinus Ferrum Asini et son frère Evanus. Il y avait donc parmi les seigneurs de la contrée, au douzième siècle, toute une famille portant le nom de Ferrum-Asini, dont les mots Fers d'Asnois ne sont que la traduction en langue vulgaire, et ce serait de cette famille que Gui de Lévis aurait acquis les propriétés dont il fait ici la donation.

4 L'auteur des Antiquités de Saint-Victor de Paris, liv. IV, chap. xxxviii, sect. 1re, traduit ces mots par Guyon de Maincourt, prêtre, tandis que l'abbé Lebœuf (Hist. du dioc. de Paris, t. VIII, p. 53) les traduit par Guy, curé de Maincourt, et en conclut que cette charte est le plus ancien document constatant l'existence d'une paroisse à Maincourt. Le pouillé parisien du treizième siècle et les suivants indiquent la cure de ce lieu comme appartenant de plein droit à la collation de l'évêque diocésain ; mais le pouillé qui fut rédigé vers 1450 ne fait mention que d'un chapelain à Maincourt. La chapelle était sous le titre de saint Georges : une collation en fut faite par l'évêque le 10 mai 1480, et vers la fin de la même année il y eut également une collation de la cure. Un autre pouillé du seizième siècle marque en un seul article la cure et la chapelle à la collation de l'évêque, ce que celui qui fut imprimé en 1626 marque en deux articles. Le pouillé de 1648 porte qu'il n'y avait qu'une simple chapelle sans cure, et dit à l'article des Chapelles du doyenné de Châteaufort, que celle de Maincourt a été érigée en cure. En face de toutes ces contradictions, l'abbé Lebœuf persiste à soutenir l'antiquité de la paroisse de Maincourt, et permet seulement de conclure du silence ou des différentes expressions des pouillés, que la cure peut en avoir été souvent réunie à une autre, vu la modicité de son revenu. (Hist. du dioc. de Paris, t. VIII, p. 54, 55.)

En 1204, Gui, seigneur de Chevreuse, du consentement d'Aveline, sa femme, fonda une mère église, matricem ecclesiam, dans son village des Layes, et, par le même acte, institua à Maincourt, village qui lui appartenait également, une chapelle, en dota le chapelain et s'en réserva la présentation durant sa vie et celle de sa femme. (B. Guérard, Cartul. de Notre-Dame de Paris, t. I, p. 121.) Telle fut probablement l'origine de la paroisse de Maincourt.

5 Ce curé est appelé Erard par l'abbé Lebœuf (t. VII, p. 409), qui cite l'abbé Dubois. (Hist. eccl. Paris., t. II, p. 390.)
6 Lebœuf (t. VI, p. 126) nous apprend que c'était l'un des religieux alors établis à l'ermitage du Val-Adam, dans le vallon de Montfermeil.
7 La dernière édition du Gallia christiana date cette charte de l'an mcxcvi de Jésus-Christ, trente-sixième du pontificat de Maurice, dont l'avénement à l'épiscopat eut lieu en effet l'an 1160 ; mais tous les autres imprimés, de même que notre manuscrit, la datent de l'an 1190, trente-sixième du même pontificat. La discordance qui existe entre ces deux dates et l'impossibilité de reconnaître quelle est la fausse, nous ont engagé à laisser, comme le fait M. Guérard, la date de cette pièce incertaine entre 1190 et 1196. Nous nous bornerons ici à cette simple observation, à laquelle nous donnerons quelques développements dès le début de notre Histoire de Notre-Dame de la Roche.