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Littere abbatis et conventus Beati Dyonisii de terra de Bele Penne.

  • B Bib. nat. de Fr., ms. lat. 10996, cartulaire.
  • a Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche, éd. Auguste Moutié, Paris, 1862.
D'après a.

Odo, divina permissione ecclesie Beati Dyonisii minister indignus et ejusdem loci conventus, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Notum facimus quod venerabilibus viris et amicis karissimis abbati et conventui de Roscha sexaginta aripennos terre juxta Roscham, quos emerunt a domino Guidone de Caprosia et Herveo, fratre ejus, militibus, de quibus sexaginta aripennis dictus Guido nobis annuatim reddebat apud Bellum-Ramum1 quinque solidos capitalis census2, tenendos concessimus imperpetuum et habendos ; ita quod exinde nobis singulis annis reddent apostoli apud Bellum-Ramum, triginta solidos Parisienses censuales3. Eisdem quoque perpetuo tenendam concessimus quamdam peciam terre, sitam juxta stannum suum4 ad sex denarios censuales5 in domo nostra apud Bellum-Ramum annuatim solvendos ; ita quod dictum stannum non poterunt extendere in terra Beati Dyonisii, vel augere sine permissione nostra atque licencia. Quod si predictum censum triginta solidorum et sex denariorum ad predictum diem non solverint, ad usum patrie emendabunt ; et omnimoda justicia in predictis sexaginta arpennis et in parte stanni que erit in terra Beati Dyonisii salva nobis et decima ; nec poterunt facere masuras in dictis sexaginta arpentis et in parte stanni que erit in terra Beati Dyonisii ; et si fecerint masuras vel hospites in terra non movente a nobis, scilicet in Bellapenna quam emerunt a predictis domino Guidone et Herveo, fratre ejus, hospita terre illius qui sunt aut futuri sunt, vel ipsi, scilicet abbas et conventus de Roscha, nullum usuarium in nostris nemoribus6 poterunt reclamare. In cujus rei testimonium paginam hanc inde conscriptam sigillorum nostrorum munimine roboravimus. Actum .


1 Voir les deux actes précédents.
2 Au mois de mars 1225, Gui III, seigneur de Chevreuse, passa un compromis des différends qu'il avait avec l'abbaye de Saint-Denis, au sujet de la seigneurie de Beaurain, entre les mains de Baudouin de Corbeil, d'Amaury, comte de Montfort, etc. (Cartul. I de Saint-Denis, p. 547.) Au mois de mai 1226, du consentement d'Aveline, sa mère, d'Hélisende, sa femme, d'Hervé, son frère, d'Aveline et de Cécile, ses sœurs, il reçut de la même abbaye, par les mains d'Amaury de Montfort et de Barthélemy de Roye, une somme de trois cents livres parisis pour la cession qu'il lui fit de l'avouerie et de la justice qu'il avait sur les terres au-dessus de Beaurain. (Cartul. blanc de Saint-Denis, p. 548.) L'abbé Lebœuf, qui cite ce fait d'après le P. Anselme (t. VIII, p. 198), en conclut que Beaurain appartenait aux seigneurs de Chevreuse ; mais il se trompe évidemment. Par suite de la donation qui lui avait été faite en 768 par le roi Pépin d'une vaste portion de la forêt Yveline, l'abbaye de Saint-Denis possédait dans cette contrée un grand domaine dont le Mesnil-Saint-Denis était le village principal ; Beaurain était le siége de la seigneurie avec titre de châtellenie : notre charte même prouve assez que c'était le lieu où l'abbaye se faisait payer ses revenus. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une ferme, située à un kilomètre environ à l'est de l'abbaye de la Roche et du château actuel du Mesnil-Saint-Denis. Des chartes du treizième siècle nomment ce lieu Firmitas Belli-Rani, ou la Ferté-Beaurain, ce qui prouve qu'il a été fortifié. L'abbé Lebœuf, qui l'avait déjà confondu avec Bellepanne, le confond aussi (t. VIII, p. 464) avec la Ferté, où les seigneurs de Chevreuse avaient fondé une chapelle ; mais la Ferté est près de Choisel, à plus de huit kilomètres de Beaurain.
3 Capitalis census. « Le chef-cens ou menu cens, dit M. Guérard (Cartul. de Saint-Père de Chartres, p. clii, nº 432), était moins une rente qu'une espèce de symbole, une reconnaissance par laquelle le vassal déclarait que la propriété du fonds appartenait au seigneur. »
4 « Le cens proprement dit, census, dit encore M. Guérard (loc. cit.), était une rente seigneuriale imposée au vassal et calculée sur le produit de l'immeuble accensé. « — Ce cens était toujours plus fort que le chef-cens ; ici il est de six deniers parisis par arpent, tandis que l'autre n'était que d'un denier.
5 M. Guérard s'est trompé en supposant que cet étang pouvait être celui du Mesnil-Saint-Denis, qui ne fut établi que vers la fin du dix-septième siècle, avec ceux de Trappes, de Saclé et autres, pour amener, à l'aide de rigoles, les eaux dans le parc de Versailles. Il est du reste bien établi par le sens de la charte qui nous occupe, et surtout par celles nos XXV et XXVIII, que l'étang dont il s'agit ici appartenait à la Roche et qu'il était situé dans la vallée entre Bellepanne et l'abbaye. Celle-ci d'ailleurs, comme nous l'apprend une note du dix-huitième siècle, possédait deux étangs, le Grand et le Petit, avec prés y attenant, contenant environ onze arpents, lesquels ont été, en 1586 et 1587, vendus aux seigneurs de Lévis : ils étaient situés, dit la note, près la ferme du Pommeret, très-voisine de celle de Bellepanne. L'un de ces étangs a été de nos jours converti en prairie ; l'autre n'existe plus depuis longtemps.
6 En supposant que cette pièce de terre fût accensée au même taux que les soixante arpents vendus, elle ne devait contenir qu'un arpent.
7 Ces bois étaient contigus aux terres de Bellepanne et de l'abbaye de la Roche, la charte XXVIII nous en fournit la preuve. — Ils existent encore aujourd'hui au nord-ouest de l'abbaye, tout près de l'ancien étang dont il vient d'être question.
8 Il y a évidemment ici erreur du copiste, qui a écrit quarto au lieu de quinto. Cette charte, en effet, ne peut être antérieure aux actes de vente et de confirmation nos III et IV, qui sont de l'an 1235.