École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de la Roche » Chartularium Abbatiæ Beatæ Mariæ de Roscha » De usuario in foresta Aquilina.

De usuario in foresta Aquilina.

  • B Bib. nat. de Fr., ms. lat. 10996, cartulaire.
  • a Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche, éd. Auguste Moutié, Paris, 1862.
D'après a.

Noverint universi presentes litteras inspecturi, quod nos Almaricus, Dei providencia dux Narbone, comes Tholose, Bitterensis et Carcassone vicecomes, et dominus Montisfortis1, dedimus et concessimus Deo et ecclesie Beate Marie de Roscha et fratribus ibidem commorantibus usuarium suum in plana foresta Aquiline, nostris tamen defensis exceptis, scilicet nemus vivum ad domos suas proprias edificandas, et mortuum ad comburendum, a nobis et heredibus nostris imperpetuum possidendum, libere, pacifice ac quiete2. Quod ut ratum permaneat litteras istas sigilli nostri munimine duximus roborari. Actum apud Altam Brueriam3 .


1 Amaury VI, fils de Simon IV de Montfort et d'Alix de Montmorency, succéda, en 1218, à son père dans ses possessions du Languedoc et dans la seigneurie de Montfort.
2 Depuis l'an 1204 qu'ils en étaient devenus propriétaires par suite de l'échange fait entre Philippe-Auguste et Amicie de Beaumont, comtesse de Leicester, les seigneurs et comtes de Montfort, depuis Simon IV jusqu'à Robert IV, comte de Dreux, firent souvent de pareilles concessions dans leur forêt Yveline, ou eurent à confirmer celles, plus nombreuses encore, qui avaient été faites par les rois de France leurs prédécesseurs. Nous en avons trouvé de fréquents exemples dans les chartes originales conservées aux archives d'Eure-et-Loir et de Seine-et-Oise, des abbayes de Clairefontaine, de Saint-Remi des Landes, de Grandchamp, des prieurés de Saint-Thomas d'Épernon et de Saint-Martin de Bretheucourt ; nous en avons même publié plusieurs dans notre Recueil de chartes relatives au prieuré de Notre-Dame des Moulineaux et dans le Cartul. de l'abbaye de Notre-Dame des Vaux de Cernay.
3 Nous avons publié dans notre Recueil de chartes du prieuré des Moulineaux, p. 12, un accord entre Amaury de Montfort et les religieux de ce lieu, daté du mois de mai 1222, et dans le Cartul. des Vaux de Cernay, t. I, p. 225, la confirmation par ce même seigneur de la concession faite à cette abbaye par la comtesse Amicie, son aïeule, datée, comme la charte qui nous occupe, du prieuré de Haute-Bruyère et du 29 octobre 1222. Ce sont les trois plus anciens actes d'Amaury VI que nous connaissions, donnés dans sa seigneurie de Montfort. Ces dates de l'année et du lieu nous semblent également remarquables, et nous croyons pouvoir y trouver deux documents importants pour l'histoire de ce personnage célèbre. En effet, depuis la mort de Simon de Montfort, son père, Amaury avait successivement perdu toutes les conquêtes que celui-ci avait faites dans le Languedoc, et faisait de vains efforts pour les recouvrer. Après la prise de Moissac par le jeune Raymond, comte de Toulouse, vers la fin de mars 1222, le cardinal Conrad, légat du pape, était inutilement venu en France supplier Philippe-Auguste de secourir Amaury. Celui-ci se voyant réduit à la dernière extrémité, sans argent, presque sans troupes, et désespérant de pouvoir jamais rétablir ses affaires, envoya les évêques de Nîmes et de Béziers offrir au roi de lui céder tout le pays que son père avait conquis. (Dom Vaissette, Hist. génér. du Languedoc.) Or les trois chartes en question constatant bien la présence d'Amaury dans sa seigneurie de Montfort du mois de mai à la fin d'octobre 1222, nous permettent de supposer qu'il accompagna ou suivit de près ses ambassadeurs et qu'il vint lui-même implorer l'aide du roi de France. En second lieu, sa présence à Haute-Bruyère permet de supposer que ce fut à cette époque si critique qu'il rapporta dans l'église des dames de ce prieuré, lieu de la sépulture de sa famille, le corps de son père, qui avait été provisoirement inhumé dans l'une des églises de Carcassonne.