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1860, 16 novembre. Conseil de fabrique. [Restauration et reculement de l’orgue]

Séance de la fin d’année 1860. Extrait.

  • Arch. hist. diocèse de Paris, 1E registre 2 nos 20 à 23

[…] M. Baltard, architecte de l’église, assiste à la séance, à laquelle il a bien voulu se rendre sur l’invitation de M. le Président. […]

M. le Curé demande la parole et expose ce qui suit :

L’achèvement prochain des peintures et travaux de l’église rend urgent de s’occuper de ce qu’il convient que la fabrique fasse pour mettre les objets servant au culte en harmonie avec ces peintures dont l’importance et la beauté font de l’église de Saint-Germain-des-Prés une des plus remarquables de Paris ; parmi les dépenses considérables qui seront à faire, on signale d’abord la restauration du grand orgue qui est dans le plus mauvais état, l’établissement d’un nouveau système d’éclairage et le renouvellement des chaises.

Quant à l’orgue, un expert a été appelé pour examiner cet instrument et donner son avis d’abord sur les causes qui ont pu produire la détérioration qui s’est fait remarquer plus sensiblement depuis qu’on travaille à l’église, puis sur la question de savoir si cet orgue pourrait être réparé utilement, et enfin pour donner un devis de la dépense à faire.

L’expert a reconnu que si la vétusté avait contribué à la détérioration, les travaux exécutés dans l’église y avaient aussi une grande part, en encombrant les tuyaux de poussière ; que le seul nettoyage indispensable à la suite des travaux, serait déjà, en raison de la grandeur et de la complication de l’instrument, une dépense considérable, qu’avec les réparations que le nettoyage entraînerait forcément, la dépense pourrait s’élever à vingt mille francs environ.

Mais que, pour donner à l’orgue actuel tous les perfectionnements possibles et en faire un instrument tout à fait complet et parfait dans tous les rapports, il faudrait compter sur une dépense de trente-cinq mille francs.

À la question de la restauration de l’orgue se rattache celle de savoir s’il ne serait pas possible de le reculer et de supprimer tout l’avant-corps qui s’avance dans la nef, supporté par huit colonnes en bois, encombre et assombrit l’entrée de l’église, et nuit aussi à l’aspect des riches peintures qui s’exécutent pour la décoration du monument.

C’est pour donner son avis sur ce point que M. Baltard a été invité à assister à la séance.

Après cet exposé, M. le Président donne la parole à M. Baltard. Celui-ci confirme ce que vient de dire M. le Curé touchant la convenance, ou plutôt la nécessité, de reculer l’orgue et supprimer les colonnes. Tel est aussi l’avis de M. Flandrin et du peintre ornemaniste ; tous les trois pensent que l’état actuel ne peut subsister et, en vue du changement à faire, M. Baltard soumet au Conseil divers dessins, desquels il fait résulter que le reculement est facile à opérer et que la dépense à faire n’atteindrait pas le chiffre de douze mille francs.

Le Conseil se trouvant suffisamment éclairé, M. Baltard se retire après que M. le Président l’a remercié de son obligeance.

Les questions à l’ordre du jour sont mises en discussion, et après en avoir mûrement délibéré, en ce qui concerne :

1° L’ORGUE

Considérant qu’il est dans un état déplorable, tant par vétusté que par le fait des travaux exécutés dans l’église, lesquels ont rempli les tuyaux de poussière, qu’il est donc urgent de le faire mettre en état le plus tôt possible,

Quant à la question de savoir si la fabrique doit se borner à un simple nettoyage des tuyaux et aux seules réparations à faire aux anciens tuyaux, ou bien s’il n’est pas préférable d’ajouter quinze mille francs à la dépense pour donner à l’orgue toutes les perfections possibles,

Considérant que le nettoyage et la simple réparation ne produiraient qu’un orgue fort incomplet, peu digne de l’église dans son état actuel,

Décide qu’il est alloué jusqu’à concurrence d’une somme de trente-cinq mille francs pour la restauration complète de l’orgue, en telle sorte que la qualité de cet instrument ne laisse rien à désirer et ce sous la réserve des droits de la fabrique à obtenir de la Ville une indemnité en raison des dommages causés par les travaux que celle-ci a fait exécuter dans l’église.

2° LE RECULEMENT DE L’ORGUE

Considérant que le reculement convenable dans tous les cas, puisqu’il aura pour effet de rendre le bas de l’église moins sombre, est devenu indispensable depuis le nouvel état de l’église, la galerie et les colonnes en bois qui soutiennent l’orgue n’étant nullement en harmonie avec les riches décorations qui s’exécutent en nuisant à leur effet,

Mais considérant qu’il s’agit d’un arrangement à faire dans l’église, lequel dépend de l’autorité, et non du Conseil de fabrique,

Le Conseil ne peut qu’exprimer un vœu, et il exprime celui-ci : que M. le Préfet veuille bien faire examiner cette question et prendre une décision de laquelle peut dépendre le système d’après lequel l’orgue sera restauré, ce qui rend cette décision très urgente.

Et pour transmettre à M. le Préfet l’expression de ce vœu et solliciter sa bienveillance, le concours de la Ville pour la restauration de l’orgue, le Conseil autorise M. le Président, M. le Curé et le Secrétaire à agir conjointement en son nom.

M. le Curé fait remarquer que les deux autres questions, celles du choix d’un nouveau système d’éclairage et de la forme des chaises, sont à l’examen de M. Baltard afin que tout soit en harmonie ; il propose donc son ajournement.

M. le Curé ajoute que le petit orgue de l’orgue de chœur est en place et complètement terminé ; il explique que le facteur, dans l’exécution de ce travail, ayant trouvé moyen de placer dans le buffet trois jeux de plus que ce qu’il avait annoncé, s’est décidé de son chef, sans prendre avis ni autorisation de personne, à ajouter les trois jeux, et que, par suite, il réclame en sus du prix de cinq mille francs une note supplémentaire s’élevant à douze cents francs.

Que le Conseil est appelé à procéder à la réception dudit orgue et à décider si le supplément de prix réclamé par le facteur doit lui être alloué ; à cet effet, il propose au Conseil de se réunir jeudi prochain à trois heures et demie dans le chœur pour entendre l’orgue qui sera touché tant par les mains de Chapelle que par d’autres artistes.

Le Conseil adoptant les propositions, ajourne en conséquence ce qui concerne l’éclairage et les chaises à tel jour qui sera ultérieurement fixé, et à jeudi prochain pour procéder à la réception du petit orgue et à statuer sur la réclamation supplémentaire du facteur. […]

Encore sur le rapport de M. le trésorier du conseil, le conseil autorise les paiements suivants :

[…] 2° trois cent cinq francs 79 centimes pour honoraires de M. Baltard à l’occasion de ces travaux ;

3° le mémoire de serrurerie de 1859 sans règlement ; […]

Rien n’étant plus à l’ordre du jour, M. le Président déclare la séance levée.

Ci ont les membres présents signé après lecture.

Moreau

Comte, curé

Dosseur

Taillandier

Féburier

Poullain de Ladrene

de Maindreville

Champagny

Bouhier de L’Écluse