1822, 22 mars. À M. le ministre secrétaire d’État de l’Intérieur. [Demande de décoration pour Godde]
. Paris
- Arch. nat., F 13-1134 nos 1 et 2
Monseigneur,
L’église Saint-Germain-des-Prés, l’un des plus anciens monuments de la capitale, était menacée d’une ruine prochaine. Plusieurs des piliers qui soutiennent tout le poids de la nef furent reconnus dans un tel état de dégradation que la commission d’architectes, consultée par M. votre prédécesseur, pensa que le sort de tout l’édifice était gravement compromis et qu’il valait mieux le démolir pour le relever que de tenter une infructueuse restauration.
Cependant sur quelques observations que me suggérèrent mes premières études dans les arts, cette restauration fut autorisée. Je la confiai immédiatement, de concert avec M. le directeur des Travaux de Paris, à M. Godde, Architecte Inspecteur en chef, dont l’expérience et le talent en construction m’étaient connus depuis longtemps. J’ai maintenant la satisfaction d’informer son Excellence que ce travail, aussi hardi que difficile, est entièrement terminé et que le succès a pleinement justifié mon attente. La capitale conserve pour une dépense d’environ 220 000 F un édifice qu’elle n’aurait pas fait reconstruire pour un million. J’aurai bientôt l’honneur de vous transmettre un rapport spécial sur cette importante restauration qui doit être consignée dans les annales de l’architecture.
Mon but aujourd’hui, Monseigneur, est d’appeler votre attention sur le service que M. Godde a rendu et l’habileté avec laquelle il a rempli une tâche aussi difficile que dangereuse. Je me fais en même temps un devoir de solliciter pour lui une marque de cette bienveillance que les services et les talents sont toujours sûrs d’obtenir du Gouvernement. La décoration de la Légion d’honneur me semblerait être le témoignage de satisfaction le plus convenable pour un architecte qui compte d’anciens et utiles services dans la direction des Travaux de la préfecture de la Seine.
Je prie donc instamment son Excellence de vouloir bien solliciter cette faveur des bontés de sa Majesté.
Je suis etc.