1897, 5 août. Préfecture du département de la Seine. Rapport de l’architecte de la 5e section. [Chaire.]
Église Saint-Germain-des-Prés. Chaire à prêcher.
- Arch. hist. diocèse de Paris, Z chemise 1 nos 42 à 44
La lettre retournée ci-jointe de M. le président du Bureau des marguilliers de la paroisse Saint-Germain-des-Prés, en date du 10 mai dernier, indique que son attention a été appelée sur le mauvais état de la chaire à prêcher de cette église et que, « soit à la suite d’un affaissement du sol, soit par toute autre cause, la partie supérieure soutenant l’abat-voix, présente une déviation dangereuse ». La fabrique fait connaître ensuite que son architecte, M. Charpentier, pense qu’il est indispensable de recourir à une réédification complète, et qu’en attendant la décision à prendre, un étaiement a été fait en vue d’écarter toute possibilité d’accident. Dans une première visite faite immédiatement sur place, le soussigné a constaté que les précautions prises étaient suffisantes pour empêcher un accident immédiat.
Une seconde visite a été faite avec M. Charpentier, architecte de la fabrique.
Dans l’état actuel, on reconnaît que les revêtements en marbre dans toute la partie inférieure se disjoignent, que le dossier de la chaire, composé comme support de l’abat-voix de deux figures d’anges en bronze, coupées par une gaine en marbre, présente une courbure prononcée dans son ensemble. L’intervalle entre les figures est rempli par un motif de draperie en plâtre peint en imitation de marbre, reparaissant aussi entre les encadrements de marbre sur la face postérieure, où il forme une masse destinée à faire contrepoids à l’abat-voix. L’abat-voix lui-même très lourd, au moins en apparence, est aussi en plâtre peint.
Rien n’indique précisément que le mouvement dans la construction de la chaire soit motivé par un affaissement du sol. Il semble que c’est simplement à la longue la charge de l’abat-voix qui a causé la flexion du dossier de la chaire, particulièrement sensible au point de réunion des bronzes et du marbre (voir figure ci-jointe) et par suite les disjonctions dans les revêtements de marbre de la cuve et du soubassement.
Quoi qu’il en soit, il est certainement utile de procéder à une réparation et un accident aurait probablement été à craindre sans la précaution prise par la fabrique d’étayer la partie supérieure de la chaire.
Le travail à faire maintenant doit consister à redresser le dossier de la chaire, à compléter si elle existe déjà, ou à établir si elle n’existe pas, une solide armature de l’abat-voix de façon à le relier sérieusement à la partie inférieure de la chaire. L’armature serait dissimulée à l’aide de tranchées faites dans les draperies en plâtre. Pour cela, on peut disposer un échafaudage assez léger sur lequel on calera l’abat-voix de manière à lui faire reprendre sa position normale (croquis ci-joint). D’autre part, il serait probablement possible d’alléger l’abat-voix d’une partie de la matière qui le compose et peut-être d’en remplacer même la partie antérieure par un moulage en staff. Une réparation du soubassement se ferait ensuite facilement.
La chaire de Saint-Germain-des-Prés a un mérite relatif d’exécution, sa composition est plutôt bizarre et n’a certainement aucun rapport de style avec l’édifice (voir croquis ci-joint). Elle a été faite vers 1829, à la fin des travaux de restauration pendant lesquels on avait abattu les deux clochers du transept et construit une nouvelle chapelle absidiale de la Vierge, que l’on voit encore aujourd’hui. On trouve en effet, à cette époque, la commande par la Ville au sculpteur Georges Jacquot, des deux figures de la Loi ancienne et de la Loi nouvelle et du bas-relief « Sermon sur la montagne » pour le prix total de 17 200 F et de deux anges dont le prix n’est pas mentionné.
Le devis présenté par la fabrique s’élève à 5 000 F. Les travaux prévus paraissent de nature à remédier à la situation signalée, mais il semble qu’il pourrait être apporté quelques réductions dans les évaluations.
Le repolissage complet des marbres évalué à 500 F n’est pas une conséquence absolument nécessaire du travail de consolidation à faire actuellement. Le devis de l’entrepreneur comprenait déjà une somme de 250 F pour « les ragréments et retouches de polissage après la pose ». D’autre part, il n’est pas probable qu’il y ait à faire des reprises de maçonnerie dans la fondation et l’évaluation de 200 F pour cet objet pourrait être supprimée ; mais, d’autre part, l’armature en fer à consolider ou à établir ne figure pas sur le devis.
Il semble donc qu’il conviendrait de ne réduire les prévisions que de 500 F.
Paris, le 5 août 1897,
Charles
Duprez