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1883, 4 décembre. Préfecture du département de la Seine. Rapport de l’architecte de la 5e section. [Badigeon du porche.]

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Église Saint-Germain-des-Prés, porche. Lettre du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts.

  • Arch. de Paris, V19M32-1 nos 211 et 212

Par une lettre du 18 août 1883, M. le directeur des Bâtiments civils informe l’administration municipale que le portail de l’église Saint-Germain-des-Prés a été, contrairement aux circulaires, revêtu d’un badigeon et demande l’enlèvement des traces de cette opération. L’architecte de la 5e section soussigné a l’honneur de faire connaître que, lors du nettoyage de la façade du presbytère et du portail, travail se faisant par les soins de la fabrique, il avait, en effet, recommandé que le badigeonnage de n’étendît point aux vestiges subsistant encore de l’ancien porche de l’église Saint-Germain-des-Prés.

Il ne s’agissait pas bien entendu du portail, relativement moderne ajouté vers 1630 devant la tour de l’abbé Morard, portail qui n’offre aucun intérêt et qui, dans tous les projets élaborés pour la restauration de l’église Saint-Germain-des-Prés, est appelé à disparaître avec le presbytère. Dans son rapport du 27 février 1869, accompagnant un projet, approuvé à cette époque et qui allait recevoir un commencement d’exécution en 1870, le soussigné avait proposé de rétablir le porche dans son état ancien. Les restaurations qui lui ont été infligées aussi bien que les mutilations qu'il a subies, en ont détruit les parties les plus intéressantes. Les huit statues, dans lesquelles les bénédictins, historiens de l’abbaye, voyaient les uns, les représentations de saint Germain, de Clovis, de sainte Clotilde et de Clodomir, de Childebert, de Chilpéric, d’Ultrogothe et de Clotaire, tandis que d’autres pensaient que ces derniers avaient été remplacés par Pépin, Bertrade, Charlemagne et Carloman ; ces huit statues n’existent plus, on leur a substitué des colonnettes en pierre. La voussure qui était probablement en plein-cintre surhaussé, surtout si, comme le croyait Dom Mabillon, la porte était restée celle construite en 990, ou même était encore plus ancienne et remontait à la fondation de la basilique, a été remplacée par une série d’arcatures ogivales formées de moulures en plâtre. Il reste donc d’ancien, le soubassement en pierre, les chapiteaux plus ou moins retaillés et un fragment de bas-relief replacé dans le tympan ainsi refait.

Le badigeonnage devait respecter ces parties anciennes et c’est par suite d’une erreur que cette opération y a été commencée. Erreur rectifiée aussitôt et sans avoir attendu l’invitation formulée par le Ministère. Le nettoyage opéré immédiatement a fait voir que d’anciens badigeonnages avaient été antérieurement appliqués, c’est à eux et à l’état de vétusté de la pierre qu’il faut attribuer l’empâtement des formes que l’on remarque dans les chapiteaux. Le nouveau badigeonnage commencé ayant été enlevé aussitôt, son application ne laissera aucune trace, lorsque dans peu de temps l’ensemble aura repris une teinte uniforme et que les raccords en plâtre ou en ciment anciennement exécutés, découverts par le nettoyage se confondront de nouveau avec la pierre. La mise complètement à nu de celle-ci, dans l’état imparfait de conservation où elle se trouve, serait peut-être une opération difficile et pouvant occasionner des dégradations ; elle devrait en tout cas être entreprise avec le plus grand soin et nécessiterait l'allocation d’un certain crédit.

Paris, le 4 décembre 1883,

L’architecte de la 5e section,
L. Ginain