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École des chartes » ELEC » Correspondance et états de situation » 1822 » 1822, 15 mars. Préfecture du département de la Seine. Direction des Travaux de Paris. À M. le comte Chabrol, préfet de la Seine. [Bilan des travaux de restauration.]

1822, 15 mars. Préfecture du département de la Seine. Direction des Travaux de Paris. À M. le comte Chabrol, préfet de la Seine. [Bilan des travaux de restauration.]

. Paris

Église Saint-Germain-des-Prés.

  • Arch. nat., F 13-882 nos 36 à 39

Monsieur le Comte,

Les travaux autorisés par votre arrêté du 21 juillet 1821, pour la restauration de la nef et des bas-côtés de l’église Saint-Germain-des-Prés sont terminés, et dans quelques jours, rien ne s’opposera plus à ce que l’exercice du culte ait lieu dans cette partie de l’église.

Les résultats de cette importante et difficile entreprise sont, Monsieur le Comte, à tous égards, très satisfaisants. Tous les ouvrages ont été généralement bien exécutés et les reprises en sous-œuvre ont complètement réussi. On peut même dire que leur exécution a surpassé les espérances, puisque, malgré l’état de péril où se trouvaient les parties basses de l’édifice, il ne s’est pas manifesté une seule gerçure dans les parties supérieures.

Un tel succès prouve jusqu’où peuvent s’étendre les ressources de l’art, et honore également le talent et le zèle de l’artiste qui n’a pu parvenir que par des études continuelles et des soins extrêmes à obtenir une application aussi heureuse des procédés qu’il avait indiqués.

Vous saurez, Monsieur le Comte, apprécier le service rendu par M. Godde. Je ne doute pas qu’il ne vous paraisse mériter l’attention et les encouragements de l’administration.
La dépense faite s’élève suivant les états de situation, non compris 11 556 F de frais d’agence, à la somme de 207 524,00 F
Celle autorisée était de 160 579,00 F
Différence 46 945,00 F

Les augmentations ne portent pas sur les travaux prévus au devis. Il y a eu, au contraire, sur les travaux une diminution d’environ 9 000 F. Elles proviennent de nouveaux ouvrages dont la nécessité n’a pu être reconnue que pendant le cours de l’exécution et qui figurent dans les états de situation pour une somme de 55 000 F.

Si, dans la restauration des bâtiments ordinaires, on ne peut se rendre un compte exact de l’étendue des ouvrages, c’était à plus forte raison une chose impossible dans un édifice de ce genre, dont les murs latéraux étaient ainsi que les points d’appui intermédiaires, dans un état absolu de décomposition, et où il a fallu de toutes parts réparer ou reconstruire.

Les ouvrages exécutés en dehors du devis consistent :

1° Dans le ravalement des voûtes, des bas-côtés et des murs latéraux de la nef, ainsi que des colonnes et de chapiteaux qui supportent les grandes voûtes ;

2° Le bouchement des baies dans un mur des bras de la croix à gauche ;

3° La reprise en sous-œuvre de toutes les colonnes qui se lient avec le mur du bas-côté à gauche, depuis la base jusqu’à hauteur de 2,50 m ;

4° La démolition et reconstruction du mur des fonts baptismaux. Ce mur s’était ouvert et serait tombé sur les ouvriers si l’architecte ne s’était aperçu à temps de son état de ruine ;

5° La démolition et reconstruction d’une partie du bâtiment derrière la tour adossée à la chapelle des fonts baptismaux ; cette démolition a été la suite de celle du mur des fonts baptismaux auquel ce bâtiment, qui avait d’ailleurs été dégradé par le sieur Courtillier, était appuyé : elle a donné le moyen de disposer sur ce point, une sacristie pour le service de la chapelle des mariages située en face ;

6° La réparation d’une partie du mur de la tour d’entrée au-dessus de la chapelle des fonts et de la sacristie dont il vient d’être parlé ;

7° La ferrure et la vitrerie de toutes les croisées qui ont été agrandies et produisent un bien meilleur effet que les anciennes ;

8° Les incrustations en moellon et le rejointoiement aux deux murs latéraux de la nef à partir du dessus des voûtes des bas-côtés, jusqu’à la corniche du grand comble  ;

9° Le renouvellement entier de la charpente des combles en appentis au-dessus des voûtes des bas-côtés, où l’on avait compté ajouter seulement des fermes pour remplacer les murs en moellons qui pesaient sur les reins des voûtes :

10° Enfin la construction d’un chéneau en plomb au grand comble de la nef pour renvoyer les eaux dans des tuyaux de descente, communiquant à des gargouilles au-dessous des voûtes des bas-côtés, pour éviter que la chute des eaux de ce comble ne dégrade le mur latéral de la nef.

Au moyen de ces nouveaux ouvrages, la restauration de la nef et des bas-côtés est complète. Cette partie de l’église a été non seulement parfaitement consolidée, mais améliorée sous plusieurs rapports.

Il reste, Monsieur le Comte, pour consommer l’entreprise et mettre toutes les parties de l’édifice dans un état également rassurant, à exécuter les travaux ci-après :

1° La reprise en sous-œuvre des deux murs qui supportent les tours à droite et à gauche du chœur ;

2° La restauration de la tour à droite et la démolition et reconstruction de la tour à gauche ;

3° La reconstruction des 6 contreforts et arcs-boutants du chœur ;

4° La reprise en sous-œuvre de quelques parties peu considérables des murs des chapelles au pourtour du chœur ;

M. Godde évalue la dépense de ces travaux à 150 000 F et l’expérience qu’il vient de faire dans la première partie permet de regarder cette estimation comme n’étant pas au-dessous de la vérité.

Les travaux indiqués aux articles 1, 3 et 4 n’étant que la continuation des reprises en sous-œuvre reconnues comme indispensables et étant, ainsi que la démolition de la tour à gauche proposée dans l’art. 2, d’une extrême urgence, j’ai autorisé l’architecte à en poursuivre l’exécution.

Le surplus pouvant sans inconvénient être différé, j’attendrai que vous m’ayez fait connaître vos intentions.

En définitive, Monsieur le Comte, avec une dépense de 360 à 380 000 F, on aura assuré la conservation d’une très belle église, intéressante par son ancienneté et les souvenirs qui s’y rattachent, et que l’on n’eût pu reconstruire à moins de deux ou trois millions.

On aura en outre prévenu les suites fâcheuses de l’état précaire où se fût trouvé pendant un long intervalle de temps, le service d’une paroisse très populeuse.

Vous penserez sans doute comme moi que ce sacrifice, quoique considérable, est très avantageusement compensé et que l’administration n’a qu’à se féliciter du parti qu’elle a adopté.

J’ai l’honneur de vous prier, M. le Comte, de vouloir bien faire ouvrir les crédits nécessaires pour le paiement, tant des 58 501 F dépensés y compris les frais d’agence, en sus des 160 579 F alloués par votre arrêté du 21 juillet, que des travaux qui restent encore à faire pour terminer la restauration de l’église Saint-Germain-des-Prés.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Le directeur des Travaux de Paris :

Signé Hély d’Oissel.

Pour copie conforme :

Le maître des requêtes, secrétaire général de la Préfecture,
Walckenaer