École des chartes » ELEC » Le formulaire d'Odart de Morchesne » Passages et sauf conduiz » Seurté pour marchans
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Seurté pour marchans

Charles etc., a tous connestables, mareschaulx, admiral, visadmiral, seneschaulx, baillifz, prevostz, vicontes, viguiers, chastellains, cappitaines, gouverneurs, bourgoiz et habitans de bonnes villes, citez, chasteaulx, forteresses, pons, pors, passages, travers, peages et destroiz, capitaines et meneurs de gens d'armes, archiers, arbalestriers, tant de ce royaume quea estrangiers estans en nostre service, et a tous noz autres justiciers, officiers et subjez, amis, alliez et bienvueillans de nous et de nostre royaume ausquelz ces presentes seront monstrees, salut et dilection. De la partie de noz amez Telz et Telz, bourgois et marchansb de nostre ville et cité de Bourges, nous a esté exposé que pour entretenir le fait de leur marchandise et mesmement pour fournir nous et nostre tres chiere et tres amee compaigne la royne1 de pluseurs vivres, denrees et marchandises pour la despense de nous et de noz serviteurs, ainsi qu'ilz ont entrepris, leur convient necessairement aler et envoyer en pluseurs et diverses parties de ce royaume et dehors, tant par mer que par terre, mais pour la diversité du temps et les dangiers et perilz qui sont sur les chemins a l'occasion des guerres et divisions qui sont en nostredit royaume ilz doubtent que aucun arrest ou empeschement fust fait ou donné a eulx ou a leurs agensc et varlez, se ilz n'avoient noz lettres de seurté et passage, ainsi qu'ilz dient, requerans icelles. Pour quoy nous, acertenez de la loyaulté desdiz Telz, mandons et expressement enjoingnons a vous, noz justiciers, officiers, serviteurs et subgez, prions et requerons vous, amiz, alliez et bienvueillans, que lesdiz Telz et chascun d'eulx et leurs gens ou facteurs, portans ces presentes ou vidimus d'icelles avecques certifficacion sur ce, vous souffrez et laissez, chascun de vous endroit soy, passer, rapasser et sejourner par lesdictes bonnes villes, citez, chasteaulx et forteresses, pons, pors et passages paisiblement et plainement, par mer et par terre, ensembled les denrees, marchandises et autres biens quelzconques qu'ilz meneront ou conduiront, sanz faire ou donner ne souffrir estre fait ou donné a eulx ne a ceulx qui meneront ou conduiront leursdictes denrees, marchandises ou autres biens aucun arrest, desplaisir ou empeschement en quelque maniere que ce soit ; ainçoiz, se miz ou donné leur estoit, ostez le et faites mettre a plaine delivrance tantost [fol. 82] et sanz delay. Car ainsi nous plaist il et voulons estre fait. Non obstans quelzconques ordonnances, mandemens ou defenses a ce contraires. Pourveu toutesvoyes que lesdiz Telz ou leursdiz gens et facteurs paient les peages, travers et autres reddevances es lieux et en la maniere acoustumez. Ces presentes aprés un an prouchain venant non vallables. Donné a Bourges le […]e jour de […]f, l'an de grace mil CCCC XXIIII etc.

[10.4.a]  ¶ Nota que le roy ne use pas de ce mot mandons, fors a ceulz qui sont ses subgetz ; et a ceulz qui sont amis, aliez et bienvueillans il use de ces mots prions et requerons ; ne aussi ne use pas contre eulx de punicion en cas de desobeïssance ou de negligence d'obtemperer a ses lettres de passage, comme il fait a ses subgetz.

[10.4.b]  ¶ Item nota que lettres de passage se donnent communement a temps ; et aussi souventes foiz on y adjouste ou restraint des clauses ou des motz selon la qualité des personnes et selon la diversité du temps.


a que écrit en interligne, au-dessus de comme, que le scribe a omis de rayer.
b précédé de l'amorce du mot habitans (arrêté au premier jambage du n), rayée.
c précédé de varlez ou, rayé.
d en fin de mot, un jambage superflu rayé d'un trait fin.
e Le ms laisse en blanc un espace d'environ trois lettres.
f Le ms laisse en blanc un espace en fin de ligne, laissant disponible l'équivalent de six à dix lettres environ.
1 Marie d'Anjou fut fiancée au dauphin Charles, le 18 décembre 1413, mais leur mariage ne fut célébré qu'au mois d'avril 1422, à Bourges. L'année suivante, le 3 juillet, Charles VII annonça dans cette même ville la naissance du dauphin Louis. La reine-mère, Yolande d'Aragon, vint à ce moment s'installer à Bourges où, exception faite de quelques déplacements à Angers, elle résida jusqu'en juin 1427 (Du Fresne, t. II, p. 184-185).