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[fol. 140v]

Autre pension a vie

Charles etc., a tous etc. Savoir faisons que nous, considerans les tres grans et honnorables services que N., du païs d'Escoce, a fais par long temps a feu nostre tres chier seigneur et pere, cui Dieu pardoint, et a nous ou fait des guerres a tout certain nombre de gens d'armes et de trait dudit païs d'Escoce, et mesmement en la derreniere bataille et victoire que Telz et Telz, desquelz il est parent, et noz gens ont eue a Baugé en Valee a l'encontre des Angloiz noz anciens ennemis et adversaires1, et esperons que plus encora face ou temps a venir, icelui N., en recongnoissance de ce et aussi que tantost aprés ladicte bataille feusmes par nosdiz cousins requis de pourveoir icelui Thomas de l'office de nostre seneschal de Berry ou lieu de feu N. qui mourut a ladicte journee2, duquel office nous pour certaines consideracions disposasmes en autre maniere en octroyans des lors audit N. de le autrement recompenser, ce que encores n'avons fait jusques a present, avons ordonné et ordonnons par ces presentes de grace especial, pour lui aidier a avoir et maintenir plus honnorablement son estat et a ce que de plus en plus il soit curieux et abstraint de bien servir, la somme de tant a prendre et avoir par chascun an sa vie durant par maniere de pension des deniers desdictes finances. Si donnons en mandement, en enjoingnant expressement, a noz amez et feaulx les generaulx etc. que par nostre amé et feal G., receveur general desdictes finances3, ou par autre qui pour le temps a venir s'entremettra du gouvernement de ladicte recepte ilz facent d'ores en avant paier et bailler audit N. ou a son certain commandement ladicte somme de tant de pension par [fol. 141] an sa vie durant, comme dit est. Et par rapportant ces presentes ou vidimus d'icelles et recongnoissance souffisant sur ce seulement, nous voulons que tout ce qui paié et baillié lui en aura esté soit alloué es comptes etc. par noz amez et feaulx gens etc.  ; ausquelz etc. Non obstans quelzconques ordonnances etc. En tesmoing etc. Donné etc.


a sic, tilde sans doute omis.
1 Mention de la bataille de Baugé (Maine-et-Loire, ch.-l. cant.), où le duc de Clarence fut battu par une armée franco-écossaise, commandée par Jean Stuart, comte de Buchan, et tué. La date de la bataille, 22 mars 1421, donne le terminus a quo de l'acte-source.
2 La lettre par laquelle les comtes de Douglas et de Buchan annoncèrent la victoire remportée la veille à Baugé est publiée par Du Fresne, t. I, p. 220-221. Dans cette même lettre, les comtes écossais demandaient au dauphin Charles d'octroyer à Thomas Serton l'office de sénéchal de Berry qu'avait détenu jusqu'alors Charles Le Bouteiller, mort durant la bataille. Comme il ressort de l'acte qui inspira Morchesne, Charles, entre-temps devenu roi, n'accorda pas cette faveur à Thomas Serton, mais gratifia celui-ci d'une pension à vie. Thomas Serton (ailleurs Setton, Ston) était depuis longtemps au service des rois de France. En 1418, il fut nommé par le dauphin Charles parmi ses vingt-quatre écuyers d'écurie (Du Fresne, t. I, p. 351, n. 2). En juin 1419, il était capitaine de vingt-deux hommes d'armes et de quatre-vingt-douze archers à cheval employés tant pour accompaignier monseigneur le regent, pour la seurté de sa personne, que pour servir le roi et le régent contre les Anglais. Les comptes de l'écurie de la même année le désignent parmi ceux qui chevauchent aprés monseigneur le regent (ibid., p. 430).
3 Il ne peut s'agir que de Guillaume Charrier, en fonction depuis la fin de 1418 ou le début de 1419 (voir ci-dessus, formule [8.10]).