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[fol. 193]

Creacion de nouvelle forge de monnoye1

Charles, filz du roy de France, regent le royaume, daulphin de Viennoys etc. Savoir faisons a tous presens et a venir que, considerans les tres grans charges que avons a supporter pour la defense et recouvrement de la seigneurie de mon seigneur et de nous, la neccessité qui est d'avoir pour ce finance et d'augmenter et accroistre les revenues et emolumens de mondit seigneur et de nous, et aussi considerans la grant loyauté, bonne et vraye obeïssance en quoy ont tousjours esté et seront au plaisir de Nostre Seigneur envers mondit seigneur et nous noz subgetz les manans et habitans de nostre ville de Bourges, voulans en recongnoissance desa plaisirs et services que lesdiz manans et habitans ont fait et font chascun jour a mondit seigneur et a nous augmenter et accroistre en biens et prouffiz nostredicte ville en toutes les manieres que pourrons, nous par grant et meure deliberation de gens du grant conseil de mondit seigneur et de nous avons voulu et ordonné, voulons et ordonnons que en nostredicte ville de Bourges soient faictes les monnoyes d'or et d'argent et noire de tel cours, poix et aloy que l'en les fait de present de par mondit seigneur es autres bonnes villes de ce royaume et en icelle ville les avons creez et creons de nouvel estre ainsi faictes par ces presentes tant qu'il plaira a mondit seigneur et a nous. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes de par mondit seigneur et de par nous a noz amez et feaulx conseillers les commissaires par nous ordonnez sur le fait et gouvernement de toutes finances tant en Languedoïl comme en Languedoc et generaulx maistres desdictes monnoyes que lesdictes monnoyes ilz mettent suz en nostredicte ville de Bourges en lieu et hostel convenable et y facent faire les fournaises, habitacions et edifices adce necessaires et icelles baillent a ferme [fol. 193v] ainsi qu'il est acoustumé et qu'ilz verront estre a faire pour le proufit de mondit seigneur et de nous ; et y facent venir des monnoyers et ouvriers et y mettent et ordonnent autres gens et officiers adce neccessaires ; et aussi y facent apporter billon d'or et d'argent et tout autre matiere neccessaire a faire monnoye de tous marchans, changeurs et autres demourans plus pres de nostredicte ville de Bourges que d'autres lieux ou l'en fait les autres monnoyes de mondit seigneur, en les contraingnant a ce par toutes les voyes et manieres deues et raisonnables et telement que ladicte monnoye soit fournie competemment ; et nostre presente ordonnance facent publier et signifier partout ou il appartendra, en tele maniere que aucun n'en pretende ignorance. Car ainsi nous plaist il estre fait. Non obstant que d'ancienneté l'en n'ait pas acoustumé a faire monnoye en ladicte ville de Bourges et quelzconques ordonnances, mandemens ou defenses et restrinctions faictes sur les autres monnoyes de mondit seigneur a ce contraires. Et afin etc. Donné etc.


a les ms.
1 Le dauphin s'était retiré à Bourges en juin 1418 après la prise de Paris par les Bourguignons en mai 1418. Compte tenu de la titulature de Charles, la lettre peut être datée entre le 30 décembre 1418, date à laquelle il s'intitule officiellement regent, et le 12 octobre 1419, date d'une ordonnance qui atteste de l'existence d'un atelier monétaire à Bourges (O.R.F., t. XI, p. 25). Jean Lafaurie signale un demi-guénar frappé à Bourges et émis en septembre 1419 (Les monnaies des rois de France, Paris, Bâle, 1951, n° 433), ce qui constituerait le terminus ad quem de la lettre reprise par la présente formule.